• il y a 2 mois

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcription
00:00Avec nous en plateau, Pierre Bourgois, bonjour et merci d'être sur France 24, vous êtes maître de conférence en sciences politiques à l'Université Catholique de l'Ouest.
00:07Votre dernier livre, le néoconservatisme américain, la démocratie pour étendard, paru aux presses universitaires de France.
00:14Tim Walz, inconnu du grand public il y a encore quelques semaines, qui se frotte là au gratin démocrate et au grand public, a-t-il réussi son entrée ?
00:22Il a réussi son entrée, on l'avait déjà observé il y a quelques jours lorsqu'il a été officiellement investi comme colistier.
00:28Moi, je trouve qu'il est très bon. Il est très bon. Il arrive à parler à une Amérique qui peut-être avait du mal à écouter Kamala Harris.
00:34Il arrive à, même avec son sens de l'humour, il arrive à capter peut-être aussi davantage les jeunes.
00:39Et je pense que Kamala Harris a fait un très bon choix en le choisissant parce que sur un plan électorat, il arrive à capter un électorat peut-être un peu plus important.
00:48Et sur le plan de la forme, on voit que c'est un showman. J'en parlais, il a un sens de l'humour assez particulier.
00:54Il arrive avec sa gestuelle, avec sa capacité oratoire à capter la foule.
00:59On l'a vu lors de son intervention lors de la convention démocrate.
01:04Mais depuis plusieurs jours déjà, il est très actif. Il se met en avant.
01:07Vous l'avez dit, il était plutôt inconnu il y a encore quelques semaines.
01:11Et il va directement attaquer le colistier J.D. Evans de Donald Trump.
01:15Il propose des débats. Il est très actif. Donc, clairement, on peut dire que c'est un atout pour Kamala Harris.
01:19Mais il incarne quoi, finalement ? Parce qu'il a beaucoup rappelé ses racines.
01:23Il vient du Minnesota, plutôt d'une famille pauvre et aimante.
01:28Bien sûr, c'est la formule consacrée. C'est ce qu'il incarne aussi, ce qu'il veut montrer au grand public américain.
01:33Il y a tout un storytelling, évidemment, autour de lui. Coach, vous l'avez dit.
01:38Je pense que oui, il va chercher une Amérique rurale, blanche.
01:42Et c'est vrai qu'il met en avant que c'est un ancien chasseur. Mais d'un côté, il y a toute la vitrine.
01:47Et il y a aussi ce qu'il pense. Et ce qu'il pense, par contre, c'est un progressiste assumé.
01:51Plus que Kamala Harris. Voilà, c'est ce que j'allais dire.
01:53On peut même dire qu'il va aller chercher plus loin sur l'aile gauche de Kamala Harris.
01:57Et Kamala Harris en avait besoin. Elle avait besoin de ça parce qu'elle était relativement marquée bilan Biden.
02:03Et c'est vrai qu'avec ce colistier, on a quelqu'un qui symboliquement incarne cette Amérique un peu oubliée.
02:09Donc l'Amérique rurale blanche. Mais sur le plan idéologique, intellectuel, en tout cas,
02:15il va clairement sur un terrain qui arrange Kamala Harris, le terrain de la gauche progressiste et assumée.
02:20Donc c'est un grand écart.
02:21C'est un grand écart. En effet, je le redis, je pense que c'est un très bon choix de colistier.
02:26On en parlera peut-être en comparaison avec celui de Donald Trump.
02:29Ça fait plus ou moins un mois que Biden a jeté l'éponge et que Kamala Harris a émergé sur le devant de la scène.
02:37Ce qui est étonnant dans cette convention, c'est à quel point les démocrates se sont tous rangés derrière Kamala Harris.
02:43Par effet de magie ou parce que c'est les Américains et que ça se passe comme ça là-bas?
02:47Je pense que là, on est tous impressionnés, en tout cas, qu'on critique ou qu'on adoube.
02:52On est tous impressionnés par la capacité en effet d'union de la gauche américaine.
02:55C'est assez impressionnant. Pendant ces derniers jours, lors de la convention démocrate,
03:00il y avait tout l'establishment démocrate d'Hillary Clinton à Bill Clinton en passant par Nancy Pelosi.
03:07On a même eu des célébrités. Oprah Winfrey, on l'a vu dans le documentaire.
03:11C'est assez impressionnant. Je dois dire que sur le plan de la forme, c'est un événement très réussi.
03:16Sur le plan du fond, on peut en débattre parce que finalement, sur l'ensemble des interventions, il y a très peu de fond.
03:23Ce sont des attaques personnelles. Toutes les interventions se ressemblent sur le fait qu'on dénonce Donald Trump,
03:28un homme qui est une menace pour la démocratie, qui est une menace pour les Américains, qui n'écoute pas les Américains.
03:33Et on est quand même dans des discours relativement superficiels. Faire à nouveau rire l'Amérique...
03:39Oui, une forme de légèreté. On le disait tout à l'heure avec Kevin Gorgetany qui était à votre place.
03:43C'est vrai qu'on est loin de la gravité de Joe Biden qui parlait de la défense de la démocratie.
03:48Là, il y a quand même un peu plus de légèreté qui se dégage de cette convention.
03:52Mais c'est un parti pris volontaire parce qu'en fait, il y a une volonté chez Kamala Harris de montrer cette nouvelle dynamique
03:58qui est autour d'elle et donc d'apporter de la joie. Elle le met souvent en avant. Joy, joy.
04:02Cette idée de... On peut à nouveau, malgré nos différends, on peut à nouveau retrouver le sourire dans une Amérique qui,
04:07c'est vrai, il faut le dire, sur le plan intérieur, est soumise à une inflation assez importante,
04:13une division très importante du peuple américain.
04:16Alors, en parler, oui, mais je trouve que là, ça fait vraiment preuve de superficialité quand même.
04:20Après, c'est peut-être le propre aussi des conventions démocrates.
04:24C'est une grande publicité, finalement, sans dissidence, sans critique.
04:28Après le discours de ce soir, Kamala Harris va devoir affronter la presse américaine.
04:34Là, ça va être très différent pour elle puisque de la forme, il va falloir parler du fond.
04:39C'est ça, c'est un vrai test, cette fois qui commence pour Kamala Harris.
04:42On l'attend en tournant, vraiment. J'en parlais jusqu'à présent.
04:45Pour l'instant, elle a dévoilé un petit peu son programme économique, mais on a très, très peu de vision sur, clairement,
04:50la vision de Kamala Harris, à part dénoncer Donald Trump.
04:55Mais je pense que dans le camp Trump, c'est ce qu'on attend aussi parce que Trump se positionne maintenant très clairement.
05:00Il commence à l'attaquer sur le plan économique, sur le plan de la politique étrangère.
05:04Peut-être que naturellement, les choses vont se faire.
05:06On va commencer à parler de fond. Jusqu'à présent, en tout cas, cette convention démocrate,
05:08vous l'avez dit, c'est peut-être le rôle de cette convention, mais les débats de fond sont quasi absents.
05:15C'est quoi son principal obstacle, vous diriez, Kamala Harris, à part Donald Trump ?
05:18C'est peut-être elle-même, sa capacité à faire passer un message autre que l'opposition à Donald Trump,
05:24être montré qu'elle parle à tout le monde à la gauche.
05:27C'est-à-dire qu'on a vu, là, que pendant cette convention démocrate,
05:31on a fait venir des parents d'otages en Israël. Enfin, d'otages, pardon, du Hamas.
05:38Et maintenant, il va falloir aussi qu'elle parle à...
05:41On a vu qu'il y avait des manifestants pro-palestiniens qui ont tenté d'interrompre la cérémonie.
05:47Il va falloir qu'elle parle à cette gauche qui est aussi divisée sur ces questions-là.
05:50Donc, son obstacle, à elle, c'est finalement être capable d'élargir, en fait, sa base.
05:56Restez avec nous, Pierre Bourgoin. On va aller dans le camp d'en face,
05:59puisque Donald Trump a repris du service.
06:01Il a renoué avec ses meetings à l'extérieur, à peu près un mois après cette tentative d'assassinat.
06:08Il était protégé par des vitres par balles hier soir dans l'état-clé de Caroline du Nord.
06:13Nathalia Audicharya nous en dit plus.
06:16Une vitre par balle le sépare de la foule.
06:19Donald Trump a donné un discours sous haute surveillance mercredi en Caroline du Nord.
06:24Sniper sur les toits, garde du corps et police,
06:28une occasion pour le candidat républicain à la présidentielle de novembre prochain
06:32de tacler sa nouvelle rivale démocrate qu'il qualifie de communiste.
06:38Nous sommes au bord du gouffre.
06:40C'est pourquoi en novembre prochain, les Américains vont dire à Kamala Harris,
06:44Kamala, nous en avons assez, nous n'en pouvons plus, vous faites un travail terrible.
06:51Kamala Harris, vous êtes virée, dégagée, vous êtes virée, vous n'êtes pas bonne.
06:58Le candidat républicain a dû changer son fusil d'épaule depuis le retrait de Joe Biden
07:03dans une élection qui s'annonce très serrée.
07:05Celui qui a beaucoup critiqué l'état de santé du président américain actuel
07:09peine à trouver des arguments face à une Kamala Harris
07:12qui le davance pour le moment légèrement dans les sondages.
07:15Mais il faut effectivement que ces équipes de campagne trouvent quelque chose
07:19et pour l'instant, on est encore dans le flou de ce côté-là.
07:23Il n'y a pas vraiment de dynamique qui émerge.
07:27On a le sentiment qu'ils étaient un petit peu trop à l'aise
07:30avec l'idée qu'ils feraient une campagne facile et sans douleur face à Joe Biden.
07:36Selon les médias américains, ils tenteraient même de rallier le candidat indépendant Robert Kennedy
07:41qui devrait lui se retirer de la campagne et apporter son soutien à Trump
07:45en échange d'un portefeuille au sein de son administration en cas de victoire.
07:50Voilà le ralliement annoncé de Robert Kennedy
07:53qui pourrait à la marge peut-être pas changer la donne mais aider Trump.
07:58Oui, je pense que Trump en tout cas va l'utiliser tel quel
08:01mais l'électorat de Robert Kennedy est assez difficilement cernable en fait.
08:05Même Kennedy lui-même, le personnage Kennedy est assez difficilement identifiable.
08:09On verra, on verra mais c'est annoncé pour vendredi en Arizona.
08:12En tout cas les deux hommes et surtout Donald Trump va essayer de relancer,
08:15c'est ce qui est dit dans le documentaire,
08:17il va essayer de relancer une campagne qui pour l'instant est un peu peine à exister
08:21parce que finalement on voit qu'à part attaquer le camp démocrate,
08:26là aussi il y a une difficulté chez Trump de mettre en avant des éléments de fond.
08:29Pourtant il a des éléments de fond, il peut attaquer directement le bilan de Biden
08:32notamment au niveau économique et il a du mal à le faire.
08:34Mais sur l'immigration aussi.
08:35Et sur l'immigration aussi, sur la sécurité intérieure, sur la politique étrangère également.
08:40C'est ce que je disais tout à l'heure en fait, on a une campagne qui est un peu paralysée,
08:43c'est comme si les deux candidats étaient sur la défensive.
08:45Les deux ont peur de faire une erreur qui pourrait leur coûter cher sur le point symbolique.
08:49Et premier face à face, premier débat le 10 septembre,
08:52ce sera peut-être un moment de vérité pour Kamala Harris et pour Donald Trump.
08:55Oui et là il faudra que Kamala Harris sauve le naufrage Biden du dernier débat.
09:00Ce ne sera pas difficile.
09:01Merci Pierre Bourgois, on vous retrouvera si vous le voulez bien sur France 24.
09:05A cette occasion, je rappelle le titre de votre ouvrage,
09:08le néoconservatisme américain, la démocratie pour étendard.
09:11Merci encore.

Recommandations