• il y a 4 mois
Portrait de Laurent CADOT, extrait de l'émission
"A toute épreuve" - Ils ont vécu l'enfer, connaîtront-ils la victoire aux J.O. ?
Réalisé par : Adélie Floch
Maison de production : 17 juin Media / France Télévisions

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🥇
Sport
Transcription
00:00Je m'appelle Laurent Cadot, je suis sportif de haut niveau en non-diaviron.
00:14Ce que j'aime c'est la glisse, c'est le contact avec la nature, c'est d'être à l'extérieur,
00:27en osmose avec son bateau.
00:28Je souffre d'un handicap invisible, on me voit, deux bras, deux jambes, pas de fauteuil
00:56roulant à côté, on se demande ce qu'il y a comme handicap.
00:58J'arrive à pousser de moins en moins fort sur ma jambe, j'ai mal au dos, je porte un
01:05corset, on ne sait pas encore pour combien de temps, mais ça fait plus d'un an et demi
01:08que je le porte, c'est un peu dégénératif, donc c'est pas en train de s'arranger quoi.
01:11En fait c'est difficile pour moi d'accepter le handicap parce que je suis encore dans
01:20cette peur du regard des autres, je n'ai pas envie que les autres me voient comme ça
01:24et je préfère qu'ils me voient comme l'homme que j'étais avant, comme plutôt quelqu'un
01:28de vaillant et d'ambitieux peut-être aussi.
01:32En Vallée j'ai fait deux fois les Jeux, Athènes, donc c'était mes premiers, j'avais 21 ans,
01:52j'étais encore un gamin.
01:54Et tout était magique, j'ai trouvé ça énorme.
02:03Faire une finale olympique c'était la plus belle chose que j'ai vécue jusqu'à aujourd'hui.
02:10Après il y a eu Pékin, donc les deuxièmes Jeux, un peu plus compliqués.
02:15On va pas se trouver d'excuses mais il y a eu beaucoup de climatisation et donc on est
02:20tombé malade.
02:21Et après Pékin, comme j'étais déçu de mon résultat, je m'étais projeté automatiquement
02:25sur Londres pour performer.
02:27Ces années-là c'est sûr que je vivais que pour l'avion.
02:35Je pouvais tourner autour de la performance, j'avais aucune limite, tous les feux étaient
02:41au vert, c'est pour ça que j'étais persuadé d'aller aux Jeux en 2012, ce qui n'a pas
02:45été du tout le cas.
02:46J'avais une hernie discale, donc on a fait le point avec la fédération et vu que les
02:57Jeux arrivaient six mois après, on a décidé de faire enlever cette hernie.
03:01Donc j'ai trouvé un chirurgien qui faisait de la microchirurgie.
03:04Je l'ai eu au téléphone, il m'a dit « c'est tout simple, on fait une petite incision,
03:08on enlève l'hernie, on met un diams, on referme et après ne t'inquiète pas, tu pourras rapidement
03:15reprendre l'eau au niveau ».
03:16Quand on me vend ça, on me vend de l'or en bar.
03:25J'ai pris le train, je suis allé à Paris, je l'ai rencontré, le soir je me fais hospitaliser
03:28et le lendemain matin je me fais opérer.
03:32Le lendemain je sors, debout, tout va bien.
03:35Je me dis « voilà, c'est derrière moi, maintenant c'est parti pour les Jeux ».
03:39Déjà le lendemain, je sens des douleurs quand même un petit peu bizarres dans le dos, je
03:43commençais à avoir du mal à marcher, je commençais à avoir chaud, j'avais l'impression
03:47d'avoir des bouts de verre partout dans le dos et je suis resté allongé une journée
03:51entière sans bouger.
03:53À un moment, j'ai dit à ma femme qu'on ne pouvait plus et qu'il fallait qu'elle appelle
03:57les pompiers.
03:58Il me dit « je supporte la douleur, je sais serrer les dents, je dis bien sûr ».
04:03Il me dit « là, je ne peux plus bouger ». C'est quelque chose de paralysé, il ne pouvait
04:09plus bouger du lit.
04:11La douleur était tellement forte que je perdais presque connaissance.
04:14Les pompiers sont arrivés assez rapidement et puis voilà, après ils m'ont emmené
04:19à l'hôpital.
04:20Je réalise que finalement son pansement était sale, il commençait à couler, qu'il avait
04:28de la fièvre sous paracétamol et là je me disais « c'est ça ». Il se passe quelque
04:34chose et à ce moment-là, il fait un choc sceptique devant nous dans la chambre.
04:38Il est en train de faire une infection.
04:40Il perd connaissance, il convulse, c'est impressionnant.
04:45Il part devant moi où je me dis « mais il va mourir quoi ».
04:59J'ai eu une infection de zoonocomiale qui a été contractée à la clinique où j'ai
05:02été opéré.
05:04Quand je suis sorti du coma, je me rends compte de la gravité de la situation quand même.
05:10Ils me disent « ça y est, ces jours ne sont plus en danger, mais ça va être compliqué,
05:15très compliqué ».
05:16Je me suis rendu compte que je n'arrivais pas à me lever, alors là j'ai commencé
05:20un petit peu à paniquer.
05:21Il n'y a plus de connexion.
05:22Je ne pouvais plus lever ma jambe, je ne pouvais plus bouger mon pied, donc les tests étaient
05:25clairs.
05:26Ça ne marchait pas.
05:27Moi, je rêvais toujours des jeux.
05:30J'ai demandé aux médecins anglais que je pourrais re-ramer et on ne m'a pas tout
05:34dit tout de suite.
05:35Ils m'ont quand même pas mal protégé.
05:41Quand on perd le contrôle sur son corps, on sait que là, sa place va être remise en
05:45question.
05:46Si on n'est pas performant, on n'a plus de place dans ce monde-là.
05:51C'est ça qui fait qu'on peut être terrorisé par le fait qu'un corps dysfonctionne.
05:58Parce qu'en soi, ce n'est pas la douleur qui va leur faire peur, ou ce n'est pas de
06:01se soigner.
06:02C'est le fait que ça remet en question ce qu'ils sont.
06:13Avant les jeux de 2012, j'avais une hernie discale et cette opération anodine s'est
06:20transformée en calvaire.
06:21La vraie problématique, c'est l'infection qui a quand même abîmé une grande partie
06:30de mes nerfs.
06:31En rééducation, ils ont posé le cadre en disant que le peu de personnes qu'on a eues
06:37avec l'infection que vous avez eues sont plus âgées que vous, mais ils n'ont pas
06:41remarché.
06:42On leur a dit que si vous, vous arrivez à remarcher, ce sera déjà bien.
06:44Mais par contre, ne pensez pas au sport, ne pensez pas à ramer.
06:51Ce n'était pas possible, c'était ma vie, c'était m'enlever ma colonne vertébrale.
07:00Donc quand on m'a dit ça, ça a été l'élément déclencheur pour me dire « Ok, vous pensez
07:07vraiment que je ne pourrais pas faire de sport ? Je vais vous montrer le contraire.
07:09»
07:10En un an, j'ai réussi à remarcher, à courir et à re-ramer.
07:19À cette époque, Laurent fait tout pour camoufler les séquelles de l'infection.
07:25Je sais que je pousse moins fort, moi je le sens, je suis diminué physiquement.
07:32Mon corps n'est pas en super bon état, mais ça ne me gêne pas pour le charger pour revenir
07:36à haut niveau.
07:37Moins d'un an et demi après son opération, il décroche une médaille de bronze au championnat
07:43du monde parmi les athlètes valides.
07:45J'ai tout caché sur le handicap pendant presque dix ans.
07:52Il laisse penser qu'il vit normalement aux autres et il y a cette image qu'il préserve.
07:58Il nous préserve, il préserve les autres, il se préserve de cet handicap et à un moment
08:03donné, ça le rattrape.
08:042016, ça devient très compliqué.
08:06Je suis réhospitalisé pendant un mois.
08:10Je ne suis plus assez fort physiquement.
08:12Je n'ai plus de force, je n'ai plus assez de force et je n'arrive plus à compenser.
08:16Je suis handicapé, ça n'a pas été simple pour lui de le dire aux autres et de se l'avouer
08:27à lui-même aussi.
08:28C'est une maladie qu'il aura toute sa vie et qui sera dégénérative.
08:34Je ne vous présente pas, Laurent.
08:41Salut Cléo, ça va ?
08:43Salut Laurent.
08:44Bonjour Michel.
08:45Et on va à la radiologie là ?
08:46Oui, on va à la radiologie.
08:47Toujours ?
08:48Oui.
08:49Ça vous va très bien, Laurent.
08:58Alors, qu'est-ce que vous voyez sur cette scénario ?
09:03Alors là, c'est l'IRM du Rachid Lambert de Laurent qui est dans la machine.
09:07On voit que son dos est assez abîmé, c'est des séquelles des opérations qu'il a pu
09:11avoir, notamment aux deux derniers étages, donc entre ces vertèbres-là et ces vertèbres-là.
09:15Ici, on voit qu'il y a des écrasements.
09:18L'étage gris, c'est de l'inflammation et là, on voit que cette vertèbre est très
09:22déformée.
09:23Exactement.
09:24On voit, en comparant par rapport aux vertèbres saines qui sont plus hauts, qu'il y a des
09:27remaniements des plateaux vertébraux qui sont responsables de ces douleurs.
09:31Ces lésions expliquent la souffrance physique de Laurent, mais aussi sa perte de mobilité.
09:40Là, c'est le gymnase.
09:45C'est la salle de rééducation.
09:46C'est là où les gens viennent souffrir.
09:48On a parfois du mal à comprendre le rapport entre ce qu'il peut y avoir dans le dos et
09:56puis les problèmes qu'il y a de paralysie et puis de douleur.
10:00C'est finalement le trajet du fameux nerf sciatique qui descend jusqu'au bout des orteils,
10:05qui va véhiculer l'information motrice, la contraction ou la paralysie, et puis les
10:09informations sensitives.
10:11C'est toutes ces douleurs que Laurent peut décrire, fourmillement, gourdissement.
10:14Parfois, il peut même ressentir le trajet du nerf.
10:17C'est des douleurs que dans le dos ou aussi dans la jambe ?
10:19Dans le dos et dans la jambe.
10:20Et la jambe, c'est quoi ?
10:21C'est des brûlures.
10:22Ici, tout derrière, il y a des sensations de fourmillement dans le pied.
10:26Alors, il y a cette… c'est quoi ? C'est une orthèse, on appelle ça ?
10:30C'est une orthèse de surmesure en carbone.
10:32Qui sert à quoi ?
10:33Qui permet à Laurent de marcher en limitant son handicap au niveau du pied.
10:36Donc, ça stabilise la cheville et puis ça lui permet de remonter un petit peu la pointe.
10:39Parce qu'il est paralysé ?
10:40Parce qu'il est complètement paralysé.
10:41Alors, c'est vrai que quand on le voit marcher comme ça, on a l'impression que tout va bien.
10:43Et c'est grâce à ce releveur.
10:45En fait, Laurent ne peut pas remonter la pointe du pied, il ne peut pas non plus pousser.
10:50Ce qui fait qu'en fait, il marche avec le pied qui frotte sur le côté, comme ça.
10:56Hop, voilà le système.
11:04Laurent, il a les vertèbres très abîmées, il pousse uniquement sur une jambe, il a mal
11:20au dos.
11:21Est-ce que finalement, le fait qu'il soit obligé de s'entraîner pour les Jeux Paralympiques,
11:24c'est compatible avec son état de santé ?
11:26À l'équilibre, il est difficile à trouver.
11:27Mais le pire, ce serait de tout arrêter.
11:29Il va perdre beaucoup de nouveaux musculaires, la posture va s'aggraver et là, il risque
11:32effectivement d'avoir d'autres complications.
11:33Là, c'est arrivé il n'y a pas longtemps, il commence à avoir une paralysie de l'autre
11:37côté.
11:38Donc ça, c'est un risque qui peut se passer, qu'il se retrouve paraplégique sur une dégradation.
11:40Il va falloir qu'on arrive à caler jusqu'au jeu, finalement, un programme qui va s'adapter
11:45au jour le jour.
11:46Laurent, est-ce qu'on pense à l'après ou ce n'est pas possible ?
11:50Avec l'âge et les problèmes de santé qui vont s'accumuler, penser à l'après me donne
11:54le vertige.
11:55Je ne préfère pas y penser et profiter de chaque moment de ma vie actuelle.
11:58Vous serez sur le plan d'eau, qui est magnifique pour les Jeux Olympiques.
12:04Évidemment !
12:25Il n'y a rien à voir, je vais te montrer la caverne d'Alibaba.
12:42C'est les souvenirs de papa, c'est tous les sacs que j'ai eus en Égypte.
12:55C'est mon équipe de France.
12:56Celui-là, c'est le pire que j'ai trouvé, le collecteur du collecteur.
13:01J'ai été champion du monde avec celui-là, en 2001, je le portais et il me donnait des
13:07ailes.
13:08Elle était prête.
13:09Quand j'ai vu la première fois marqué France derrière, bleu, blanc, rouge, je me suis
13:17dit, ça ne rigole pas.
13:18C'est un de mes meilleurs souvenirs, c'est quand je suis champion du monde en 2004, juste
13:29après les Jeux, que avec un bateau de copains.
13:32C'était fort en émotion et c'était ma première médaille en Coupe du Monde, donc
13:372004.
13:38Et après, il y a un retour au même endroit, 2022, où je bats le record du monde et donc
13:43je suis aujourd'hui encore détenteur du record du monde.
13:45C'était un beau retour en handisport.
13:47Moi, je suis fier qu'il ait une carrière invalide avec toutes les médailles comme ça
14:01et aussi une carrière en handisport avec aussi des médailles.
14:05Moi, ça me rend très fier.
14:11Aujourd'hui, j'ai beaucoup de nostalgie et de tristesse par rapport à ça, parce que
14:15je me vois comme j'étais avant et aujourd'hui, je sais que je ne suis plus comme ça.
14:19J'avais un bel avenir et puis cet incident-là est arrivé et ça m'a gâché.
14:29Ça me gâche encore aujourd'hui, ça me gâchera toute ma vie de toute façon aujourd'hui.
14:32Je pense qu'au début, il y a eu beaucoup de colère.
14:36Aujourd'hui, ce n'est plus de la colère, c'est de la tristesse.
14:41Il y a tellement de freins dans ma vie aujourd'hui que j'ai du mal à me projeter et à vivre.
15:01Il y a le sport de haut niveau, on sait que c'est une parenthèse courte.
15:06Mais mes problèmes de santé, ils sont là et les douleurs, elles sont là et elles resteront
15:11à jamais.
15:12Et c'est ça qui est dur pour moi à vivre au quotidien.
15:18Il y a quelque chose de propre, quelque chose d'abouti, très simplement, des choses que
15:34tu sais faire au quotidien.
15:35Souffle bien, souffle bien.
15:36Bon allez, à toute.
15:37Avec plaisir.
15:38Allez, amuse-toi Loulou, amuse-toi.
15:39Le sport m'aide à accepter mon corps comme il est aujourd'hui.
15:53Mon handicap, je ne pense pas que je l'ai accepté encore, mais voilà, je pense que
15:56je suis sur le bon chemin.
15:57Au championnat de France, Laurent doit gagner sa course pour se qualifier pour les jeux
16:11olympiques.
16:12Regarde ça, waouh, incroyable.
16:25Allez, papa, vas-y, c'est bien, continue comme ça, allez papa, vas-y, c'est bien,
16:43continue.
16:44Et voilà la victoire pour Laurent Cadeau, voilà, un grand champion, toujours.
16:50Et dans nous, Laurent Cadeau.
16:57Pouvoir aller aux Jeux de Paris, refaire les Jeux, revivre ses émotions, ce sera une
17:04des plus belles choses en tout cas qui sera arrivée ces dernières années.
17:07Enorme.
17:08Papa, t'as vu cette vidéo ?
17:19C'est incroyable.
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