David Sombé est vice-champion du monde du relais 4x400m. Pour neo, il explique ce qui se passe dans sa tête avant d’entrer en piste. ♂️
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00:00Et là, au championnat du monde, j'étais à zéro.
00:01Une heure avant la course, on a fini l'échauffement.
00:03Je me dis « David, tu n'as toujours pas de pression, mais tu vas souffrir. »
00:06Chambre d'appel, pareil.
00:07En fait, non. Zéro pression, que du kiff.
00:08Salut Néo, je suis David Sombé, vice-champion du monde du relais 4x400m.
00:12Je vais t'expliquer ce qui se passe dans ma tête avant d'entrer en piste.
00:18Alors, quand j'arrive, du coup, je me coche pour dire que je suis bien là.
00:21Je pars dans les tribunes regarder les copains pendant 45 minutes, une heure.
00:24Je vois des gens qui font des belles PR, des personnes qui battent leur record et tout.
00:27Donc, en fait, je m'inspire de tout ça, on va dire, pour dire « Vas-y, dans deux heures, c'est moi sur la piste. Il faut que je fasse la même chose. »
00:31Après les 45 minutes dans les tribunes, je lâche le coach.
00:34Je vais faire le footing, mes gammes, accélérations spécifiques.
00:37Donc là, je commence vraiment à me chauffer, à me mettre en conditions réelles.
00:39Je n'aime pas la routine. Je n'aime pas qu'on m'impose quelque chose.
00:41C'est-à-dire que mon échauffement, il peut durer 40 minutes.
00:43Si en 40 minutes, j'arrive à être top, c'est bien.
00:45Mais des fois, il peut durer une heure dix.
00:46Par exemple, tu vois, tu as des personnes, elles ont besoin de se mettre dans une bulle de compétition.
00:49Moi, franchement, je n'en ai rien à faire. Je peux rigoler avec toi.
00:51Deux minutes avant la course, quand j'arrive sur la piste, là, par contre, je change de mood.
00:55Et je me dis « Ok, j'ai travaillé toute l'année pour ce moment-là. Maintenant, on m'a en pratique et on arrête de faire le clone. »
00:59Alors mes routines, bien sûr, comme tout le monde, je vais faire talons-fesses, montées de genoux, jambes tendues.
01:03Après, je vais faire des trucs un peu plus spécifiques, un peu plus énergiques, on va dire.
01:06Et après, sinon, ça évolue soit en fonction de mes envies ou en fonction des douleurs.
01:09Donc là, il y a Tom, mon kiné, qui me donne des fois des étirements ou qui me dit des manipulations à faire.
01:13Et là, dans ce cas-là, la routine, elle évolue.
01:15Quand l'échauffement est terminé, la plupart du temps, j'ai une chambre d'appel.
01:18Il y a tous les concurrents qui arrivent.
01:19Tu as un horaire pour arriver, un horaire de début, un horaire de fin.
01:21Moi, en général, je suis plutôt début. Je suis un gars plutôt relax.
01:24Je n'aime pas jouer avec le chrono au dernier moment.
01:26Quand je rentre sur la piste, je me mets dans les starts. Du coup, je suis comme ça.
01:28Tu vois, là, le bracelet, il ne tombe pas. Il m'énerve.
01:30Du coup, à chaque fois, je fais ça. Je fais tourner mes créoles. Je mets ma chaîne dans le maillot.
01:33Tu vois, donc en vrai, j'ai quand même des tocs, en réalité.
01:35On va dire que la pression, une fois que je suis sur la piste, ça y est, elle est partie.
01:37C'est vraiment chambre d'appel où ça peut monter un petit peu avant quand tu t'échauffes
01:41parce que tu as toujours tendance à peut-être un peu trop écouter ton corps.
01:45Et en fait, ton corps, il joue avec toi.
01:46Comment ça te dira ? Tu as une petite douleur là, tu as une petite douleur là.
01:48Alors qu'en vrai de vrai, tu n'as rien du tout. Ce n'est rien.
01:51La répartition de la pression, elle n'est jamais égale pour ma part.
01:53C'est-à-dire que, par exemple, des fois, dès la veille, je vais me dire,
01:55ouais, là, mon ventre, il est bizarre, tu vois. Ma tête, je commence à avoir mal et tout.
01:58Je vais pouvoir dormir, ça ne va me poser aucun problème.
02:00Le lendemain, à 8h, je me dirais, en fait, ça va.
02:02À midi, pareil. Et quand je cours à 16h, genre, ça se trouve, à 14h,
02:05il va y avoir un pic de pression où tout va arriver d'un coup.
02:07Et quand ça arrive au dernier moment, c'est là, en général, où c'est le plus fort.
02:10Et là, au championnat du monde, j'étais à zéro.
02:12Une heure avant la course, on a fini l'échauffement.
02:14Je me dis, David, tu n'as toujours pas de pression, mais tu vas souffrir.
02:16Chambre d'appel, pareil. Et en fait, non, zéro pression, que du kiff.
02:19Franchement, on savait qu'on était là avec les gars.
02:20On savait qu'on pouvait faire quelque chose de bien.
02:22Il y avait une osmose, c'était fou.
02:24Et par rapport à ça, en fait, j'ai été porté.
02:25En fait, les choses auxquelles je pense, c'est...
02:27Là, je pense surtout, du coup, aux personnes qui ne sont plus là.
02:30Ce ne sont pas des choses qui me font sourire.
02:31Donc, j'imagine que le regard, il n'est pas...
02:33J'imagine qu'il n'est pas beau, à ce moment-là.
02:34Position en starting box, je ne suis pas du tout à l'aise.
02:36C'est une position que je n'aime pas du tout.
02:37Je préfère partir debout, mais on ne peut pas.
02:40On t'a dit 400, c'est en start, donc il faut faire en start.
02:42Donc, oui, c'est le moment où tu as le temps de réfléchir.
02:44Pareil, tu vois, tu as des starters qui sont plus ou moins longs.
02:46Il y en a des fois, tu comptes entre le moment où ils disent avant-marque
02:48et le moment où ils donnent le départ.
02:49Tu as 1 minute 20, 1 minute 30.
02:51Des fois, en 40 secondes, c'est plié, tu vois.
02:53Ça fait mal au pouce quand tu es comme ça, tu n'es pas bien, tu es en déséquilibre.
02:56Il faut que tu tiennes, tu vois.
02:57Si jamais tu lâches, c'est faux départ.
02:58Donc, non, c'est assez particulier.
03:00Moi, je n'aime pas du tout cette position.
03:01Il y a trop de choses qui passent dans ma tête à ce moment-là.
03:03Alors, moi, je suis quelqu'un qui n'ai pas confiance en moi
03:05au point de dire que je vais gagner cette course.
03:06Tu vois, il y en a, par exemple, qui font un peu de trash talk et tout,
03:08qui disent, ouais, là, je vais gagner, je vais gagner ça.
03:10Moi, je ne parle jamais.
03:11Mais par contre, je peux dire que je vais tout donner pour manger les gars
03:13et je vais tout donner pour avaler le meilleur chrono.
03:15Ça, c'est sûr.