• il y a 2 mois

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Transcription
00:00Comme chaque jour, on découvre un métier dans « C'est mon boulot », avec vous, Émilie Mendoza.
00:04Bonjour Émilie.
00:04Bonjour.
00:05Et votre invité ce matin est prof d'histoire, ça tombe bien, c'est bientôt la rentrée.
00:08Exactement. Bonjour Stéphane Jeunet.
00:10Bonjour.
00:11Alors, prof d'histoire au lycée Choiseul à Tours. Demain, c'est la pré-rentrée pour vous les profs.
00:17Alors, allons-y, pas de langue de bois à France Bleu Touraine. Les vacances, ça a vraiment duré deux mois pour vous ?
00:21Ah non, moi j'ai fini très tard, j'étais d'examen, donc j'étais même secrétaire de jury de bac.
00:27Donc déjà, j'ai fini réellement le 11 juillet et ensuite, les vacances de profs, il faut casser le mythe,
00:34les profs travaillent pendant leurs vacances, notamment parce qu'ils préparent des cours et ils se prennent de l'avance.
00:40Et donc, elles sont toujours un petit peu studieuses. Un petit peu, pas complètement, mais un petit peu.
00:44Pourtant, l'histoire, ça ne bouge pas, c'est la manière de l'enseigner, c'est les directives ministérielles qui changent d'une année sur l'autre.
00:50Les programmes bougent beaucoup.
00:53Surtout en ce moment.
00:55Absolument. La façon de l'enseigner, les cours, en fait, on ne sort pas le même cours sur la feuille jeunie par les ans, d'une année sur l'autre.
01:04On est obligé de réécrire les choses, on modernise, on change les images qu'on utilise, on change les approches.
01:11Moi, c'est rare que je fasse deux fois le même cours d'une année sur l'autre, donc forcément, je rajoute des choses.
01:15Et en plus, l'histoire Géo, on est un petit peu exposé avec l'actualité parce que forcément, on doit s'adapter.
01:19C'était obligé le combo histoire et Géo ?
01:22On est un des rares pays au monde, si ce n'est le seul pays au monde à le faire.
01:26Et l'histoire, ce n'est pas n'importe quelle matière.
01:28Depuis l'assassinat de Samuel Paty, est-ce que c'est devenu un métier à risque d'être prof d'histoire ?
01:33Est-ce qu'on prend plus de pincettes sur certains sujets avec les élèves ?
01:36On est un peu les professeurs d'actualité.
01:40C'est-à-dire que dès qu'il arrive un événement, généralement, c'est au professeur d'histoire Géo qu'on va demander d'expliquer l'événement, de le décrypter avec les élèves.
01:47Et très souvent, c'est vrai que ça soit les équipes de direction ou les collègues, ils nous demandent à nous d'expliquer les choses.
01:53Les valeurs aussi, même si la laïcité, c'est une valeur commune partagée par l'ensemble des enseignants,
01:58c'est vrai que c'est souvent les professeurs d'histoire Géo qui vont en parler.
02:02Et clairement, c'est plus sensible depuis quelques années ?
02:04Ça l'a toujours été.
02:07Je pense que c'est le contexte général qui rend les choses plus sensibles.
02:09Mais moi, j'ai des souvenirs de cours il y a quelques années sur la guerre d'Algérie qui étaient sensibles.
02:15Donc il y a des sujets qui, de toute façon, restent clivants, finalement, même face à des ados,
02:20même plus encore face à des ados que face à des adultes ?
02:23Oui, absolument.
02:24Bon, alors après, en terminale, par exemple, on a un peu un combo, parce qu'on fait les mémoires de la Shoah,
02:30on fait la guerre d'Algérie, on peut évoquer parfois le génocide des Arméniens.
02:36Ah oui, donc c'est la terminale pour vous, c'est le cours de tous les dangers.
02:39Absolument. Et le conflit sera hélo-palestinien.
02:41Génial ! Vous êtes encore vivant, ça va ?
02:44On a la totale. Non, mais il suffit de faire les choses progressivement, en appliquant nos méthodes historiques,
02:50et ça passe généralement bien, enfin, pas trop mal, disons.
02:55Une dernière question. On évoquait les réformes des programmes et autres changements de ministre nombreux cette année.
03:01Qu'est-ce qui fait que vous aimez encore être prof d'histoire aujourd'hui, en 2024, après une vingtaine d'années d'exercice ?
03:07La passion de la matière. Je suis un passionné d'histoire et j'aime l'histoire et j'aime en parler.
03:14J'aime transmettre cette matière. La géographie aussi, parce que je trouve que ça apprend beaucoup de choses dans le monde, la géopolitique.
03:21Et cette relation d'enseignement, en fait. Et c'est celle qui prime au-dessus de tout.
03:26C'est celle qui permet de faire passer les réformes, qui permet de faire passer le ministère,
03:30qui permet de faire passer tout ce qui est autour, qui est un peu plus plombant.
03:34Et qu'est-ce que vous dites à celles et ceux qui nous écoutent, qui aimeraient devenir profs d'histoire,
03:37mais qui se disent que les comportements des enfants, enfin des adolescents, parfois sont un peu plus...
03:42Il y a plus d'incivilité aujourd'hui qu'il y a 10, 20, 30 ans. Les parents aussi qui sont parfois un petit peu plus fatigants.
03:47Qu'est-ce que vous leur dites pour les convaincre ?
03:49Il faut aimer vraiment votre matière, que ce soit l'histoire, d'ailleurs, ou une autre discipline.
03:55Si on veut devenir professeur, il faut vraiment avoir la passion, la vocation, parce que c'est ça qui fait tenir réellement.
04:01Ensuite, il y a des choses qui s'apprennent. Tenir une classe, ça s'apprend. Créer un cours, ça s'apprend.
04:09Les relations avec les parents aussi, il y a des choses, il y a des techniques, il y a des choses à savoir, maintenir la distance.
04:17Donc il y a toujours des choses qui s'apprennent. Mais si on n'a pas à la base, je dirais un peu, la fibre et la passion, ça va être difficile.
04:24Merci beaucoup.
04:25Le mot est lancé. Très bonne rentrée à vous Stéphane et à tous vos collègues du secondaire.
04:29Quelle que soit la matière d'ailleurs, on n'est pas sectaires. On souhaite bonne rentrée à tout le monde évidemment. Merci beaucoup.

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