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Service Volée x Eurosport revient cette semaine sur l'élimination hallucinante d'Alcaraz au 2ème tour de l'US Open, jeudi. Le prodige créatif espagnol, de l'étoffe des légendes du jeu, devrait évoluer toute sa carrière autour d'une forme d'instabilité inhérente à son style de jeu. Un profil néanmoins précieux, destiné à marquer l'histoire. | Service Volée est à retrouver sur YouTube. Les chaines Eurosport sont disponibles au sein des offres Canal+, Prime Video, Bouygues Telecom et Free avec TV by Canal

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Sport
Transcription
00:00C'est la beauté de la vie. Elle n'est pas linéaire. Il y a les joies, les doutes, les peines, les angoisses, les épiphanies.
00:06A 21 ans et 4 grands-je t'aime dans la besace, Carlos Alcaraz est déjà une légende du jeu,
00:10mais paradoxalement, il est aussi toujours un joueur en construction.
00:14On l'avait vu pleurer après une défaite brutale en finale des Jeux Olympiques contre le roi Djokovic,
00:18on l'avait vu s'énerver contre mon fils à Cincinnati, mentalement pas du tout remis de ses émotions estivales.
00:23Hier, contre Botic, 22 ans de choupe, on a vu un Alcaraz frustré, perpétuellement agacé, impuissant.
00:29Avec un taux de réussite de 28 sur 35 au filet, le néerlandais a asphyxié le prodige espagnol
00:35et ne lui a laissé aucun répit, comme en atteste un bien faible 60% derrière sa première balle.
00:40En bref, Botic a matraqué, Botic a pilonné, et Botic a développé ce fameux plan de jeu qu'Alcaraz redoute.
00:46Privé de temps et mentalement peu disponible pour le combat, Alcaraz a sombré dans des proportions étonnantes sur ce match.
00:52Car c'est bien son attitude à partir de la deuxième manche qui a interrogé.
00:56Souvent tourné vers Juan Carlos Ferreiro, agacé, pointant régulièrement sa tête comme pour y enfoncer les idées noires qui lui gangrenaient le cerveau,
01:03Alcaraz s'est effiloché à mesure que VDZ continuait de le pilonner à base de missiles sol-sol.
01:09« Aujourd'hui, je jouais contre mon adversaire autant que contre moi-même, dit-il. Il y avait beaucoup d'émotions que je ne pouvais pas contrôler.
01:15Je ne comprends pas pourquoi, j'ai réalisé un été spectaculaire à Roland-Garros et Wimbledon,
01:19et j'en suis sorti en pensant que j'avais fait un pas en avant.
01:22Et puis, je participe à cette tournée américaine et j'ai l'impression d'avoir fait un pas en arrière,
01:26d'être mentalement peu robuste et de ne pas savoir comment réagir aux problèmes. »
01:30Le tennis, c'est un sport de temps long, c'est un miroir parfois cruel qui expose les limites d'un joueur à un instant T,
01:37mais en même temps, cette défaite de Carlos Alcaraz, elle a presque un côté rassurant.
01:40Car Alcaraz n'est pas le cyborg qu'on nous vend à longueur de journée.
01:44Son titre à Roland-Garros passe déjà sur un fil entre Siner SVRF et son Wimbledon aurait pu franchement très mal tourner face à un Tiafo en lévitation.
01:52Mentalement et physiquement, on l'a vu cette saison, il y a un manque de continuité et son jeu ultra spectaculaire, flamboyant, en fait, c'est une demi-illusion.
01:59Car ses grands succès initiaux ont peut-être trop nuancé l'idée qu'un profil aussi créatif que lui ne devrait pas pouvoir autant gagner si jeune.
02:07Sa flamboyance ponctuelle cette saison en fait un objet fascinant et difficile à lire, mais Alcaraz est en réalité profondément humain.
02:14Tout gagner n'est pas normal, ce qu'on a vu avec le Big 4 entre 2008 et 2015 n'avait absolument rien de normal,
02:20et on ne peut pas non plus normaliser les quelques chefs-d'oeuvre qui ont déjà émaillé la carrière d'Alcaraz.
02:24Gommer la fragilité, gagner en jouant moche, parvenir à faire dérailler le rythme parfait de ses adversaires,
02:29les axes d'amélioration d'Alcaraz semblent nombreux, mais en fait à quoi bon ?
02:33Il se peut aussi que son génie ne soit jamais canalisé, et c'est très bien comme ça.
02:37Alcaraz est humain après tout, et même s'il sera peut-être difficile pour lui de rallumer la flamme d'ici la fin de la saison, il doit chérir cette fragilité, ce doute.
02:45Car sans la douleur, sans la solitude, sans la peine ni l'impuissance, les grands succès n'ont qu'une saveur éphémère.
02:52Et Carlos Alcaraz, lui, semble destiné à marquer l'histoire.