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Transcription
00:00On revient comme promis sur la journée internationale des disparitions forcées
00:04instaurée par les Nations Unies. Elle est célébrée les 30 août de chaque année.
00:08À travers le monde, le phénomène touche des centaines de milliers de personnes.
00:12Rien qu'au Mexique, quelques 115 000 personnes restent introuvables.
00:16En France, des collectifs d'associations d'ONG se mobilisent dans le cadre d'une
00:20série d'activités autour de la question des disparitions forcées. Nous recevons
00:26pour l'occasion la directrice et porte-parole du CFDA, le collectif des familles de disparus
00:32en Algérie. Bonjour Nassera Dutour. Bonjour. Merci beaucoup d'être avec nous sur France 24.
00:40Déjà pour commencer, pour qu'on puisse faire preuve de pédagogie, qu'est-ce qu'on appelle
00:45une disparition forcée ? Quel est le statut juridique et légal de la personne victime
00:51de cette situation ? Une disparition forcée telle qu'elle est définie par les Nations Unies,
00:59c'est l'arrestation d'une personne et la privation de liberté, c'est la détention arbitraire,
01:07c'est le sort de la personne qui reste inconnue. C'est une personne qui a été arrêtée légalement
01:17ou arbitrairement, puisqu'il n'y a rien de légal dans l'arrestation, puisqu'on n'a pas le motif de
01:24l'arrestation, on n'a pas l'endroit où la personne a été emmenée. Parfois on ne connaît pas
01:31l'auteur de la disparition, enfin on ne connaît pas nommément, on ne connaît pas. Donc on sait
01:37de quel corps il vient, les personnes viennent pour arrêter, mais on ne sait pas de quelle
01:42institution, il dépend soit de commissariat, soit de sécurité militaire, comme en Algérie par
01:48exemple, c'est souvent les membres de la sécurité militaire qui ont arrêté les personnes.
01:53On va parler de l'Algérie dans quelques instants si vous le voulez bien, mais pour rester encore
01:59toujours dans la pédagogie, la disparition forcée peut-être constitutive de crimes contre l'humanité
02:03au terme de cette convention internationale pour la protection des personnes disparues selon les
02:08Nations Unies. En général, Nassera Dutour, les disparitions forcées sont le fait d'États ou de
02:14gouvernements, mais ils ne sont pas les seules en cause, on pense aussi au rôle d'organisations
02:18criminelles, de mafias par exemple. Exactement, exactement. Les groupes armés ont copié sur les
02:26États, à l'origine c'était surtout les États qui faisaient disparaître. La disparition forcée,
02:30vous savez qu'elle a été instituée par Hitler pendant la seconde guerre mondiale,
02:37par ce qu'ils ont appelé le décret nuit et brouillard. La disparition forcée existait avant,
02:44elle a existé en Espagne, sous Franco, il y a 130 000 disparus sous Franco en Espagne. Et puis
02:49après, c'est propagé pendant la deuxième guerre mondiale et il y a le décret nuit et brouillard
02:55qui dit textuellement que les personnes doivent être arrêtées de nuit comme de jour, à n'importe
03:05quel moment et elles doivent disparaître. Cela fait bientôt 14 ans que cette journée
03:10internationale dédiée aux personnes disparues existe, Nassera Dutour, quel en est le bilan ?
03:16Malheureusement le bilan est lourd, le bilan est très lourd puisque la disparition continue
03:23d'être propagée partout dans le monde. On entend aujourd'hui les disparutions en Ukraine,
03:27en Palestine, on a entendu malheureusement, ça a dépassé l'entendement, la disparition en Syrie,
03:33on s'est arrêté à 200 000 personnes en Syrie. Et comme vous dites, c'est vrai que le gouvernement
03:39de Bashar Assad a fait disparaître, mais aussi Daesh qui a fait disparaître. Vous venez de parler
03:44de groupes armés, effectivement les groupes armés en Irak, en Syrie et ailleurs dans le monde font
03:50disparaître. Le gouvernement mexicain dit que ce sont les groupes affieux, et eux disent
04:03c'est les autorités qui font disparaître. Ils relancent la barre. Mais effectivement il y a des
04:07disparus du gouvernement aujourd'hui, ça a commencé pendant la décennie noire en Algérie.
04:12Et à l'image tout à l'heure en fond d'écran derrière vous, on avait quelques photos de
04:19personnes disparues en Algérie, puisque vous faites partie vous de ce collectif de familles
04:25de disparus en Algérie. Quelle est la situation de l'Algérie par rapport à cette question
04:32de la disparition forcée ? Voyez-vous l'Algérie pensant pouvoir se débarrasser de nous,
04:40enfin du projet à dire du problème, mais de nous-mêmes des mères de disparus. Boutfléra
04:46à l'époque avait fait voter par référendum une chaire qu'on appelle la réconciliation nationale.
04:53Donc il y a eu des taxes d'application qui sont entrées en vigueur en 2006, et ces taxes
04:59d'application nous interdit par l'article 45 de déposer plainte contre les agents de l'État
05:03qui ont dignement sauvé la nation. Et l'article 46 nous menace de trois à cinq ans de prison
05:09si quiconque instrumentalise la tragédie nationale. Donc voilà comment il a pensé régler le problème.
05:18Et une proposition d'indemnisation a été faite aux familles par ce décret, et qui dit sous
05:26condition que les familles aillent elles-mêmes au tribunal demander un jugement de décès. Ça veut
05:33dire que moi je suis mère de disparus, mon fils a disparu en 1997, et c'est pour ça que je suis
05:39en train de me battre depuis ces années-là, et je n'arrêterai pas tant que je n'aurai pas eu la
05:44vérité sur les disparus en Algérie et ailleurs. Il y a aussi l'affaire fédération euro-méditerranéenne
05:50contre une disparition forcée, c'est une fédération qui regroupe 26 associations, et je n'arrêterai pas.
05:56Mais moi, en tant que mère de disparus, voilà, la loi ne m'ordonne pas, mais me propose d'aller
06:04au tribunal demander un jugement de décès pour mon fils, et je ne sais pas si mon fils est mort ou pas.
06:08Ce n'est pas du tout. Cette journée du 30 août, journée internationale dédiée aux disparus,
06:15est consacrée cette année à la lutte contre l'impunité. L'impunité, justement, qu'est-ce
06:21que vous pouvez nous en dire au moment où nous parlons ? Vous parliez de l'Algérie tout à l'heure,
06:26mais il n'y a pas que le cadre de l'Algérie, bien entendu, il y a tous ces autres états ou
06:29organisations dont on a parlé. Exactement, donc voyez-vous, hier, par exemple, hier soir,
06:36dans les locaux d'Amnesty, Amnesty International, nous avons organisé une conférence où nous avions
06:41invité des personnes éminentes, d'autres personnalités, comme Emmanuelle Decaux,
06:48William Bourdon, et nous avons invité M. Obeidab Debar, qui a tenté un procès pour le meurtre de
06:54son frère et de son fils en Syrie. Et le procès a eu lieu en France, vous avez entendu, bien sûr,
07:01en France le mois dernier, il a duré plusieurs jours, et malheureusement, les auteurs de ces
07:06crimes n'étaient pas sur le territoire français, donc ils ont été jugés, condamnés par CONTIMAS,
07:10ce qui est très dommage. Mais quand même, c'est un procès historique, heureusement qu'il y a
07:17aussi ces mécanismes-là, qu'il y a le droit international, qu'il y a la CPI, qu'il y a la
07:22Cour pénale internationale. D'ailleurs, vous l'avez dit tout à l'heure, le crime contre
07:26l'humanité, c'est le statut de Rome, l'article 5 du statut de Rome, qui définit le crime de
07:31disparition forcée comme un crime contre l'humanité lorsqu'il est systématique et généralisé.
07:37Merci beaucoup, Nassira Dutour, pour votre témoignage. Merci d'avoir été avec nous sur
07:42France 24, directrice et porte-parole du CFDA, le collectif des familles disparues en Algérie.
07:48Voilà ce qu'on pouvait dire avec vous de cette journée internationale des disparitions forcées,
07:52célébrée chaque année le 30 août.

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