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00:00La crise politique en France, c'est aujourd'hui la fin de l'université d'été du PS, le Parti Socialiste à Blois.
00:06Un parti divisé sur la stratégie à suivre face au président Emmanuel Macron.
00:10Les courants minoritaires reprochent à Olivier Faure, le patron du parti,
00:13d'avoir refusé de participer aux nouvelles consultations du chef de l'État à l'Élysée
00:18après son refus de nommer à Matignon Lucie Castel, la candidate du NFP, le nouveau front populaire.
00:24À la mi-journée, Olivier Faure a prononcé un discours.
00:27Il a lancé un appel à l'unité, au maintien du nouveau front populaire et sa candidate Lucie Castel,
00:33tout en reconnaissant que les déclarations de Jean-Luc Mélenchon posaient problème.
00:37On écoute Olivier Faure.
00:39Il y a quelque chose qui devrait nous unir toutes et tous.
00:43Relâner une place centrale au Parti Socialiste.
00:47Et pour cela, personne ne saura jamais m'expliquer que c'est diviser que nous faisons preuve de force.
00:56Ce serait une erreur de penser que c'est Jean-Luc Mélenchon qui, systématiquement, fait le jeu.
01:03Plutôt que de chercher en permanence à revenir sur ce débat avec les insoumis,
01:10qui de nous ou d'eux, prenons tout simplement notre place.
01:13Faisons en sorte d'être celles et ceux qui propulsent la gauche en avant.
01:18Et on en parle avec Pierre-Emmanuel Guigaud, historien et politologue, président de l'association Michel Rocard.
01:24Votre dernier ouvrage, Pierre Moreau, le dernier socialiste, doit paraître au mois d'octobre.
01:30Bonjour.
01:31L'EPS termine aujourd'hui son université d'été.
01:34Olivier Faure en sort-il conforté ?
01:38Conforté ou pas conforté, en tout cas, il a réussi à tenir le Parti Socialiste.
01:43C'est lui dont la voix a été la plus clairement entendue.
01:47Même si, effectivement, la minorité s'est aussi fait entendre.
01:51Il faut quand même rappeler que cette minorité n'est pas si minoritaire que ça,
01:55puisqu'au dernier congrès, Olivier Faure, sur sa ligne d'alliance avec Jean-Luc Mélenchon,
02:01n'a réussi à garder la majorité qu'à 51% contre 49%.
02:04Et encore, les résultats ont été extrêmement contestés à l'époque.
02:08Donc, il doit garder un parti qui est extrêmement divisé autour de cette alliance avec Jean-Luc Mélenchon
02:14et avec la France insoumise.
02:16Et ça n'a rien de confortable ni de facile, puisqu'on sent qu'il y a une tendance très forte
02:21qui avoisine les 50% du parti et qui, elle, serait plutôt favorable à une alliance avec les centres,
02:28pour le moment c'est compliqué à dire, mais en tout cas,
02:30à un recentrage de la ligne d'UPS sur quelque chose de plus social-démocrate,
02:34et en tout cas qui ne soit pas complètement lié à LFI.
02:37Oui, il demande une convention, mais est-ce que les opposants à Olivier Faure,
02:40vous dites que pour l'instant ce n'est pas le moment,
02:42mais pourraient rompre le Front Populaire pour rejoindre une grande coalition du centre ?
02:46Vu que c'est Olivier Faure qui a la direction du parti, ça serait difficile.
02:50Et ceux qui ont voulu partir l'ont déjà fait à l'heure actuelle.
02:54Certains vers Emmanuel Macron, certains en autonomie, comme Bernard Cazeneuve.
02:59On se souvient qu'il avait démissionné au lendemain de la signature de l'accord avec Jean-Luc Mélenchon.
03:04Donc, c'est peu probable qu'ils partent dans les prochains jours,
03:07surtout qu'il n'y a pas d'enjeu réel.
03:10L'enjeu pour eux, ça va être de peser à l'intérieur du parti
03:13pour essayer de faire basculer le PS vers une alliance possible,
03:17plus vers le centre-gauche et en soutenant la candidature,
03:20si jamais il est nommé Premier ministre, d'un Bernard Cazeneuve.
03:24Mais tant qu'il n'y a pas de Premier ministre qui est nommé,
03:26cette rupture n'a pas lieu d'être.
03:29Pour l'instant, ils ne sont pas prêts à assumer une scission du Parti Socialiste ?
03:33C'est très peu probable dans les jours qui viennent.
03:36Après, si demain il y a une nomination d'un Bernard Cazeneuve, par exemple,
03:39et qu'il y a une partie importante du Parti Socialiste
03:42qui souhaite le soutenir et qui souhaite accéder à des fonctions gouvernementales,
03:45pour un parti qui n'a quand même plus été au pouvoir depuis maintenant longtemps,
03:49depuis plus de sept ans, alors que ça fait partie de son identité aussi,
03:53depuis François Mitterrand, d'être au pouvoir et de gouverner le pays,
03:56eh bien là, il se pourrait qu'il y ait des divisions qui soient plus importantes.
04:00Et vous pensez qu'une nomination de Bernard Cazeneuve,
04:02qui n'est plus membre du Parti Socialiste,
04:05pourrait être soutenue par l'opposition à Olivier Faure,
04:08mais ne pas être censurée par la direction du Parti Socialiste ?
04:11Alors ça, ça va être un des gros défis et sans doute un des moyens de jeu,
04:15justement, d'Emmanuel Macron.
04:17Parce qu'effectivement, que va faire le reste du Parti Socialiste
04:20et notamment la direction d'Olivier Faure ?
04:22Est-ce qu'ils vont aller jusqu'à la censure d'un gouvernement ?
04:25Ce qui, d'un côté, leur permettrait de montrer leur ancrage très fort à gauche
04:29et le soutien à Lustig-Castex et leur lien très fort avec le reste du NFP.
04:35Ou est-ce qu'au contraire, ils vont choisir un soutien sans participation
04:40ou en tout cas une sorte d'attente ?
04:43Et dans ce cas, effectivement, ça permettrait de préserver cette union du PS.
04:47Mais ça va être effectivement un des vrais enjeux de tension
04:50et c'est difficile de donner une réponse claire pour le moment.
04:52Et dans ce débat qui est à la fois tactique et stratégique,
04:54comment se positionne l'ancien président François Hollande ?
04:57Alors on sent que François Hollande, il a déjà dit qu'il n'était pas forcément favorable
05:02à un gouvernement, justement, qui serait mené seul par Bernard Cazeneuve
05:07et sans le soutien d'intégralité du PS.
05:09Ce qui n'est pas forcément pour la rupture du NFP.
05:11Donc on sent que d'un côté, il n'est pas forcément là où on l'attendait
05:15et est-ce que lui-même peut-être se prépare justement à Matignon
05:19en essayant d'élargir une coalition plus large,
05:22peut-être plus ancrée à gauche que celle que pourrait offrir Bernard Cazeneuve ?
05:26En tout cas, il y a de toute façon beaucoup de pistes
05:28qui vont être explorées dans les jours qui viennent.
05:30Oui, parce qu'on voit mal par ailleurs comment un gouvernement de Bernard Cazeneuve
05:34pourrait durer un an sans subir la censure.
05:38De toute façon, quel que soit le gouvernement, des censures sont très probables,
05:43voire même des censures multiples, c'est-à-dire avec des gouvernements qui se succèdent.
05:48C'est sans doute l'hypothèse la plus probable à l'heure actuelle.
05:51Donc quel que soit le Premier ministre qui sera nommé, il va de toute façon,
05:55sauf à faire vraiment une politique extrêmement consensuelle
05:58et qui ne fasse pas de vagues, c'est-à-dire en gros une politique d'affaires courantes,
06:02il va de toute façon assez rapidement éveiller les critiques
06:06et que ce soit un Premier ministre de gauche, ça sera des censures qui viendront de la droite
06:12ou si c'est un Premier ministre de centre ou de centre droit,
06:15très rapidement potentiellement une censure venant de la gauche.
06:18De toute façon, l'hypothèse va être très compliquée
06:22et le plus probable, c'est une succession de gouvernements
06:25jusqu'à une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale d'ici un peu moins d'un an.
06:30Et pour en revenir à cette opposition à Olivier Faure,
06:33quel est son poids réel actuellement ? Est-ce qu'elle est vraiment unifiée ?
06:40Alors le NFP ou le Parti Socialiste ?
06:42Le Parti Socialiste.
06:43Alors le Parti Socialiste, comme je le disais tout à l'heure, il est plutôt désuni.
06:47On l'a vu il y a un peu plus d'un an avec le dernier congrès
06:50où Olivier Faure finalement n'a réussi à maintenir sa majorité
06:53que d'un seul cheveu, ça a été extrêmement dur
06:56et finalement il y a eu une union des autres minorités au second tour
07:00derrière la candidature du maire de Rouen et qui a failli l'emporter.
07:03Donc au contraire, ce parti est très divisé.
07:05Mais en soi, ce n'est pas nouveau.
07:06On retrouve là finalement des lignes de partage
07:09qui étaient presque là déjà il y a plus d'un siècle
07:12dans le débat entre Jean Jaurès et Jules Gued.
07:14Jean Jaurès qui disait à une participation au gouvernement
07:17pourquoi pas si ça permet de transformer la vie des ouvriers
07:21y compris avec des gouvernements entre guillemets bourgeois,
07:23comme on disait à l'époque.
07:24Aujourd'hui, on pourrait traduire des gouvernements plus centristes.
07:27Et d'un autre côté, un Jules Gued qui disait non,
07:30il faut rester sur une ligne dure, sur une ligne socialiste, révolutionnaire.
07:34Alors ce n'est pas forcément le mot utilisé aujourd'hui,
07:36mais en tout cas sur une ligne très à gauche
07:38et contre toute participation qui dévoirait, selon lui,
07:42les valeurs du Parti Socialiste.
07:44Et on voyait à l'instant Carole Delga à l'image.
07:46Les leaders de cette opposition à Olivier Faure,
07:48ils ont quand même bénéficié pendant l'élection
07:50de l'étiquette du Nouveau Front Populaire
07:52hormis quelques exceptions comme Jérôme Guedge par exemple.
07:57Alors oui, pour certains.
07:58Alors Carole Delga, non, puisqu'elle, elle est présidente de région
08:01et qu'elle a été élue sur une autre majorité.
08:03Mais effectivement, pas mal de députés qui s'inscrivent dans ce courant-là,
08:07dont François Hollande lui-même, ont bénéficié de cette étiquette NFP.
08:11Parfois même avec des grincements de dents du côté de l'ILFI.
08:15Donc c'est pour ça qu'effectivement, pour certains d'entre eux,
08:18ça va être compliqué.
08:19Le fait est que ce n'est quand même pas le cas des principaux leaders.
08:21Vous avez cité Carole Delga, on peut citer le maire de Rouen,
08:25qui eux ont été élus sur de toute autre majorité
08:30et sans forcément l'appui de l'ILFI.
08:32Alors vous parliez d'une éventuelle prochaine dissolution d'ici un an.
08:36En attendant, le chef de l'État Emmanuel Macron,
08:38il a fermé la porte à un gouvernement de gauche.
08:40La droite républicaine, qui a été également reçue à l'Élysée,
08:43refuse de participer à un gouvernement.
08:45Aucune majorité parlementaire ne semble actuellement possible.
08:50Est-ce que la seule solution pour le président Emmanuel Macron,
08:53ce n'est pas un gouvernement de droite actuellement
08:55qui ne serait pas censuré par l'ERN ?
08:59Le problème étant que la droite est assez fragile,
09:02elle a peu de députés et ce gouvernement de droite
09:05qui serait donc uni avec le mouvement d'Emmanuel Macron,
09:08aura une toute petite base qui n'est même pas une majorité
09:12et surtout, il risque fortement d'être censuré par la gauche
09:16et peut-être même qu'une partie du parti d'Emmanuel Macron
09:19pourrait rallier une censure
09:21si jamais la politique menée ne lui convenait pas.
09:23Donc c'est aussi une hypothèse qui est assez difficile
09:26et de toute façon, ce gouvernement,
09:28même si jamais il arrivait à éviter la censure,
09:31n'aura pas véritablement de majorité pour élaborer des réformes.
09:35Donc ça va être de toute façon un gouvernement d'affaires courantes.
09:39Merci beaucoup Pierre-Emmanuel Guigaud pour votre analyse sur France 24.
09:42Merci d'avoir été avec nous.

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