Insécurité au Sahel : hausse de la cadence des attaques
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00:00Bonjour Wassim Nasser, on fait appel à vous et à vos informations pour nous éclairer.
00:04Le 24 août dernier, le Burkina Faso a connu l'une des attaques les plus sanglantes de
00:09son histoire, près de 200 morts à Barçalogo, c'est dans le centre, la plupart des victimes
00:14étaient des civils qui étaient en train d'ériger des barrages autour de leur village
00:18pour se protéger.
00:19C'est le JNIM affilié à Al-Qaïda qui a revendiqué cette attaque.
00:22Donc effectivement, le JNIM a revendiqué l'attaque, puis après on a eu des images
00:28qu'on pourrait voir, on va voir quelques secondes, on voit effectivement que les morts
00:32sont des hommes habillés en civils et autour d'eux il n'y a pas d'armes, on voit que
00:39des pelles et des chaussures.
00:41Et on ne va pas tout montrer évidemment, mais là on voit ce qu'on a appelé des tranchées.
00:46Donc vous voyez bien que ce ne sont pas des tranchées comme des militaires creuseraient
00:50des tranchées.
00:51Donc, questions posées, renseignements recueillis, on a compris que c'était suivant une politique
00:58décidée à Ouagadougou de pousser les civils à creuser des tranchées, les inciter ou de
01:02les forcer.
01:03Donc ces gens sont des civils de Barçalogo qui ont été réquisitionnés par l'armée,
01:08envoyés au-delà de trois kilomètres, donc zone de danger connue et reconnue, pour creuser
01:13des tranchées sans protection.
01:15Le JNIM, quand il a fait son attaque, on va dire qu'il ne l'a pas fait dans la dentelle,
01:19civil ou pas civil, il a considéré que ce sont des miliciens.
01:22Donc, questions posées, aussi on se dit non, ce sont des gens incorporés, même si on sait
01:27aujourd'hui que ce sont des civils qui ont été forcés à creuser ces tranchées.
01:30Donc ça remet en question toute la politique décidée par le capitaine Traoré et de l'impliquer
01:35les civils dans ce combat contre les djihadistes sans qu'ils ne soient armés pour, sachant
01:40que l'attaque a duré de 9h à 16h et qu'on n'est pas loin d'une base importante à Kayar
01:45de l'armée qui n'a pas intervenu.
01:47Donc, les locaux sont très remontés de par cette inaction et on voit sur cette carte-là
01:53les dernières attaques, on ne peut pas tout mettre, sur le mois d'août aux Burkina Faso,
01:58les plus importantes et non toutes, dont une, bataille entre l'Etat islamique et Al-Qaïda
02:03à Saïtanga.
02:04Donc, ils ont aussi le loisir de se faire la guerre entre eux.
02:07Il y a aussi l'attaque d'Auréma qu'on voit sur la carte, au nord de l'aéroport de Waïgouya,
02:12donc très important.
02:13Puis l'attaque de Nassougou, on a une vidéo de l'attaque de Nassougou, les images sont
02:18assez impressionnantes.
02:19Donc, c'est un convoi qui devait ravitailler une mine d'or et deux villages, qui a entrepris
02:25ce chemin, qui était abandonné quand même depuis 2019, suivant une décision des militaires
02:29qui accompagnaient des civils aussi dans ce convoi.
02:31On parle de plus de 140 morts et là, ce qu'on voit à l'image, ce sont les djihadistes
02:35donc du JNIM, d'Al-Qaïda, qui ont arrêté et décimé ce convoi.
02:39On voit par ailleurs un des blindés, un des six blindés offerts par l'Egypte aux Burkina
02:43Faso, il y a quelques années.
02:45On va voir maintenant un graphique où on voit le nombre de morts violentes au Burkina,
02:51donc causées par les djihadistes, par les militaires, militaires morts, djihadistes
02:55morts, le nombre de morts en général.
02:56Et on voit sur ce graphique comment ça commence à monter avec les coups d'État et les pics
03:03qu'on connaît aujourd'hui.
03:04Donc le graphe parle tout seul.
03:06Quel est l'état dans les autres voisins du Burkina Faso, au Mali, au Niger, on est
03:12toujours dans ce schéma mortifère ?
03:14Paradoxalement, il y a moins d'attaques au Mali et au Niger, parce qu'au Mali, les
03:19djihadistes sont installés, donc ils sont dans une phase de consolidation et pas de
03:23conquête.
03:24Là, on voit l'attaque, par exemple, de Gossi du 28 août, donc c'est un des checkpoints
03:29aux portes de Gossi qui a été pris.
03:31On a aussi une vidéo à Nyoro du 27 août, donc une vidéo filmée de nuit.
03:36Donc Nyoro, quand même une localité importante où les djihadistes contrôlent aussi une
03:41entrée à la ville, donc c'est la région de Kayess, à la frontière avec la Mauritanie.
03:46Puis, on voit l'attaque du 11 août de Yélimani, et encore une fois, on ne mentionne pas tout,
03:50on mentionne les attaques les plus importantes.
03:52Et là, on voit à Yélimani, comment les djihadistes d'Al-Qaïda encore ont investi
03:56une caserne, deux jours, et comment ils bougent dans la ville sans être inquiétés ou sans
04:02craindre en tout cas les représailles de l'armée.
04:05A noter aussi, donc Yélimani, aussi à Kayess, à la frontière mauritanienne et non loin de
04:09la frontière sénégalaise.
04:10Il y a eu aussi une attaque à Tabango, là c'était le 30 juillet, c'est le village
04:14du premier ministre Shogel Maïga, on a deux photos, voilà une première, il y a une deuxième
04:19aussi, et on va remarquer que sur la deuxième, donc le 4-4 qui a été utilisé, si on la
04:25voit, ça fait partie des 4-4 qui ont été offerts à l'armée malienne par les forces
04:28spéciales françaises, malheureusement on ne le voit pas.
04:31Donc l'attaque de Tabango, 20 morts parmi les militaires maliens.
04:35Au Niger, la dernière attaque d'importance pour le JNIM, c'était l'attaque de Samira
04:39à la frontière avec le Burkina Faso, le 26 août, pour l'État islamique, après
04:43le casse de la prison de Kutukallé, dont on a parlé le 11 juillet, voilà le véhicule
04:47dont je parlais, et l'attaque de Dongourou, le 20, il y a eu une attaque, là c'était
04:52l'État islamique Afrique de l'Ouest, donc qui est plutôt au Nigeria, à Mainé-Soroa,
04:56mi-août, à la frontière avec le Nigeria, où les djihadistes se sont attaqués à des
05:01employés d'une ONG internationale, on ne va pas leur nommer, ils ont fait 8 morts.
05:05On parle quand même beaucoup plus du JNIM qui est affilié à l'Al-Qaïda, vous diriez
05:08qu'il a pris une dimension régionale ? Il a pris une dimension régionale, on va voir
05:12aussi un graphique qui démontre en tout cas l'expansion du JNIM dans les pays du Sahel,
05:18tout ce qui est jaune c'est le JNIM, donc c'est Al-Qaïda, tout ce qui est vert c'est
05:22l'État islamique, c'est une carte qu'on a déjà montrée, et on voit même aussi les
05:25zones de conflit entre les deux groupes djihadistes.
05:28Donc, là c'est la démonstration que le JNIM prend une dimension régionale, au-delà
05:34même du Sahel, vers les pays du Golfe de Guinée et vers le Nigeria même où il se
05:39réimplante.
05:40Certaines sources évoquent des trêves et des négociations en cours avec les djihadistes.
05:45Ça, ça serait nouveau alors ?
05:46Ça, ça serait nouveau, mais, via des intermédiaires locaux, mais les faits comme l'assassinat
05:50d'un supposé espion il y a quelques jours à Manaka au Mali, l'attaque de Samira qu'on
05:54a mentionnée au Niger, donc là pour le coup par le JNIM, démontre que même si ces négociations
05:58ont eu lieu, ou ces tentatives ont eu lieu, elles n'ont pas été fructueuses, du moins
06:02on va dire pour les jeunes, et ce qui est assez cocasse dans tout ça, c'est que le
06:05chemin de ces négociations se fait à travers un Niamey, quand on sait que la jeune qui
06:09a pris le pouvoir reprochait au président Basoum d'avoir essayé d'entreprendre des
06:13négociations.
06:14Aujourd'hui les djihadistes sont en position de force, beaucoup plus qu'à une certaine
06:18époque passée.
06:19La personne qu'on voit ici, et c'est important à l'écran, c'est Sidane Ag Ita, c'est un
06:24personnage du JNIM, numéro 2 du JNIM, bras droit d'Yad Ag Ghali, c'est la première fois
06:29qu'il prend la parole dans un audio, c'est la première fois qu'on a une photo de lui,
06:33même s'il est ancien, il a un peu vieilli maintenant, mais ce qui est intéressant c'est
06:37que tout son discours s'articule contre les jeunes, contre la Russie et contre la Turquie
06:42qu'il nomme plus de trois fois quand même.
06:44La Turquie est citée nommément comme soutien aux jeunes à travers l'usage des drones de
06:49fabrication turque, mais il mentionne Wagner, mais aussi sa date, donc le groupe de mercenaires
06:53turcs.
06:54Cette prise de parole est importante parce qu'il appelle à la mobilisation et à l'unité,
06:58et c'est lui ici qu'on voit en bleu, Sidane Ag Ita, pendant la bataille de Tizouaten qui
07:03a été beaucoup couverte, donc ça c'était au Mali le 27 juillet, c'est le dernier jour
07:07de la bataille, c'était le 25, 26, 27 juillet, ça c'est le dernier jour de la bataille.
07:11Donc intéressant qu'il ne mentionne pas la dernière attaque au Togo et les attaques
07:15au Bénin, là où le JNIM aussi démontre qu'il a pu faire évoluer des chefs et des
07:18commandants locaux, donc Jafar Diko ou Burkina Faso, fait profiter de ses connaissances, maintenant
07:24un de ses bras droits, ou de ses disciples, on va dire, au Burkina Faso, qui est le chef
07:30albani, qui aujourd'hui aussi fait fructifier, on va dire, le JNIM au Bénin.
07:36Triste réalité dans la région, vous nous avez démontré en début de chronique un
07:41graphique sur le nombre de morts au Burkina Faso, voici au Sahel central le nombre de
07:48victimes des conflits depuis 2018, ce sont des victimes de différents conflits de la
07:53France, soit djihadistes ou même de l'armée, on en parle aussi ici souvent à France 24,
07:57vous vouliez dire un mot peut-être ? Encore une fois, le graph parle tout seul, les chiffres
08:02parlent tout seuls, on voit que le nombre de morts est exponentiel par rapport à il
08:06y a quelques années.
08:07Merci infiniment Wassim, on aura l'occasion de vous retrouver tout au long de la saison
08:11dans Autour du Monde.