Arnaud Fabre : «Il faut un rattrapage salarial massif pour attirer les meilleurs enseignants»
L'écrivain et professeur agrégé de lettres classiques dans l'enseignement public, Arnaud Fabre, réagit au nombre de démission de professeurs des écoles : «Il faut un rattrapage salarial massif pour attirer les meilleurs enseignants».
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00:00Nous sommes face à une crise de recrutement qui nécessite des mesures d'urgence.
00:05Il faut un investissement massif dans l'éducation, ce n'est pas un constat nouveau.
00:10Vous le faisiez pour le coup remarquer, à l'instant, 56% des établissements scolaires actuellement
00:17manquent d'au moins un professeur au 5 septembre.
00:21C'est rappeler qu'au moins 2800 postes de professeurs n'ont pas été pourvus
00:27par les concours d'enseignement de 2024.
00:30Donc on ne peut plus à un moment distraire l'opinion publique avec des mesurettes
00:35ou des choses un petit peu artificielles, comme en l'occurrence l'uniforme qui coûte extrêmement cher.
00:43Il faut absolument recruter à nouveau des professeurs, des professeurs de qualité,
00:48des professeurs investis, des professeurs surtout qui ont un vrai niveau.
00:54Pour cela, il faut attirer les meilleurs.
00:57Justement, pourquoi nous avons tant de mal aujourd'hui en France à recruter les meilleurs ?
01:02Pourquoi il y a cette crise de vocation selon vous ?
01:06La première des raisons, on le sait, c'est la question du pouvoir d'achat
01:11qui est totalement grignotée par l'inflation année après année
01:15et aussi par l'inaction des politiques publiques menées ces 30 dernières années.
01:20Même des simples promotions ne permettent pas de rattraper cette baisse
01:25qui fait de nous les professeurs quasiment les plus mal payés de l'OCDE.
01:29C'est pourquoi il faut un rattrapage salarial massif.
01:33Nous, avec mon coauteur Nicolas Glière, nous proposons 1000 euros par mois en plus.
01:40C'est ça qui sera nécessaire pour éviter que le ministère ne fasse fuir
01:45et que le management toxique parfois des inspecteurs, de certains chefs d'établissement
01:50fasse fuir des vocations, des professeurs investis qui démissionnent.
01:56On n'a jamais vu autant de démissions.
01:59D'ailleurs, les services du ministère le savent puisque, par exemple,
02:02la direction de la perspective et de la performance, qui n'est pas une officine gauchiste,
02:07qui est en l'occurrence un service du ministère de l'Éducation,
02:10le dit année après année, elle travaille, elle produit, elle démontre la fragilisation de nos métiers.
02:16Et puis, la dernière chose qui compte, c'est que les conditions de travail,
02:22et donc aussi, il faut le dire, certains élèves extrêmement perturbateurs,
02:28sont dans une forme d'impunité.
02:31Et ça, ça dégrade profondément nos conditions de travail, l'exercice de notre métier,
02:37la sérénité à faire ce métier, à faire le choix de ces métiers.
02:42Et donc, ils sont finalement dévorés, ces choix, ils sont finalement tués dans l'œuf
02:48par l'abandon de l'école depuis des années.