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00:00De retour dans votre émission Angle de vue pour la troisième et dernière partie avec notre invité Marie-José Ali et bien sûr on va finir un peu plus en douceur en parlant musique.
00:16Et oui bien sûr Marie-José Ali, on ne peut pas dissocier la musique de votre carrière, de votre personne.
00:22Je vous propose qu'on écoute un titre de votre discographie, c'est notre titre coup de cœur.
00:27Marie-José Ali
00:57Marie-José Ali
01:27Je suis en haut
01:32Ouais
01:33Et va
01:37Et oui c'est déjà fini malheureusement
01:40C'est juste en étant bourrante qu'on arrête
01:43Bah oui parce que malheureusement ce n'était qu'un extrait
01:46Mais du coup le public va bien évidemment se précipiter pour découvrir la suite du clip.
01:50Nous ce matin à la rédaction on l'a écouté à plusieurs reprises et ça a fait l'unanimité
01:55Ce qui est intéressant là-dedans c'est que c'est un traditionnel antillais en fait, plutôt Guadupéen d'ailleurs que Martiniquais
02:00et que l'introduction au piano est toute là.
02:04J'ai réalisé qu'il y a une étude de bac qui a exactement la même grille musicale que ce morceau Eva.
02:12Comme je n'ai jamais retrouvé le texte, j'ai fabriqué un texte sur cette musique-là
02:17et c'est vrai que c'est ce qui dit le mieux ce que je suis en musique en fait.
02:24Parce qu'il y a un côté jazz, il y a un côté classique, j'ai fait 15 ans de classique de ma vie
02:28et puis il y a ce côté des tambours, j'en ai besoin et tout ça.
02:31Et je regrette qu'on n'ait pas...
02:32Peut-on mettre un petit coup de l'étang ?
02:33Non, je plaisante.
02:35Qu'est-ce que vous écoutiez à la maison sur le gramophone ?
02:38Sur le gramophone il y avait beaucoup de musique classique
02:41parce que ma mère travaillait sur ces trucs-là et puis un jour mon père
02:44il écoutait Dino Rossi, c'était l'horreur, mon père ne supportait pas
02:50et un jour il est arrivé avec des disques de compas et tout
02:53et ça on a écouté en boucle, on n'arrêtait plus d'écouter.
02:55Mais c'était une époque où on avait la radio, on avait le droit de donner à l'idée, les yéyés, etc.
03:03C'était une époque où on n'avait pas du tout la musique de chez nous.
03:06Il y a quelques personnes qui osaient proposer peut-être des émissions
03:11où il y avait un peu plus, mais il y avait beaucoup de musique haïtienne déjà.
03:16On était en manque de nous-mêmes.
03:20Donc moi il y a un moment où le piano, j'ai arrêté de jouer aussi belle soit-elle
03:27et merveilleuse et somptueuse, et je le dis sans la musique des autres,
03:32c'est-à-dire Mozart, Bach, Tchaïkovski, des grands messieurs qui ont fait des choses,
03:37d'ailleurs peu de femmes, qui ont écrit des choses qui se sont frappées d'éternité
03:42pour faire des choses qui sortaient de moi.
03:46Et je pense que tous les compositeurs, les auteurs de ce pays-là,
03:51savent exactement de quoi je parle.
03:53On sort des choses qui sortent de nous.
03:55Et quand ça sort de toi-même, tu y intègres toutes les parties du monde
04:01qui te composent d'une certaine façon.
04:03Quel a été le déclic pour vous justement ?
04:05À quel moment vous vous êtes dit je veux sortir ça de ce moment-là ?
04:08Dès la première note.
04:09Cinq ans, on m'a mise assise sur un piano et très vite je tapais sur une note
04:13et puis j'essayais de voir comment je pouvais faire tac, tac, tac, tac, tac, tac,
04:17sur le piano pour faire rentrer cette réalité,
04:24qui était une réalité plus qu'une réalité artistique, culturelle, tout ce qu'on veut.
04:28Mais je ne me suis pas nourrie d'une musique qui venait de chez moi.
04:33Le tambour était quasiment interdit, c'était ça la réalité.
04:37Il y avait des tambouillers qui descendaient du diamant, qui descendaient des mornes
04:40et puis qui se mettaient devant l'église du diamant et qui battaient le tambour.
04:43Mais ça me fascinait quand je me suis retrouvée la première fois.
04:46J'ai senti dans mon corps de petite fille se passer des choses extravagantes
04:50parce que le tambour me faisait résonner des trucs chez moi
04:53et j'ai toujours une admiration profonde pour les tambouillers
04:56et pour ce qu'ils arrivent à dire avec leurs mains sur les pots.
05:00Et donc, je ne sais pas à quel moment c'est venu.
05:05La première fois que j'ai fait vraiment composer une chanson,
05:09c'était « Caressez-moi » parce que j'étais en Bourgogne à moins 16 degrés
05:13avec mes deux filles qui étaient toutes petites et que cette caresse,
05:16c'était pour elles, c'était pour moi.
05:18Ce n'était pas du tout le côté sexuel, sensuel qui est venu
05:21parce que les gens lui ont mis.
05:23Mais c'est bien, c'est comme l'auberge espagnole, on amène.
05:26Qu'est-ce qui vous a inspiré ce titre, ce tube en fait ?
05:28Ce qui vous a permis d'être connue du grand public ?
05:30D'avoir tellement froid d'être dans un endroit que je ne connais pas
05:33et de dire que même quel que soit l'endroit où on est,
05:36quelle que soit la personne qu'on est, même quand on est un peu psychopathe et tout,
05:40on a besoin de caresse.
05:42L'eau a beaucoup boulé sous les ponts depuis « Caressez-moi ».
05:45Est-ce que ça vous agace parfois qu'on résume votre musique à « Caressez-moi » ?
05:49Vous n'avez plus pu l'écouter, limite ?
05:51Ça m'énerve.
05:52Mais alors, ce qui est très curieux, c'est que franchement, ça m'agace.
05:56Et puis, chaque fois que je chante, je fais la chanson
05:58parce que je ne la refais plus jamais comme elle a été enregistrée.
06:01Je la fais plutôt comme je l'avais faite avec ma guitare.
06:04Et puis, les musiciens qui se mettent dessus, un peu jazzy, ça dépend de l'humeur.
06:07On fait ce qu'on veut.
06:08Chaque fois, je rentre dedans et je la chante avec mes filles.
06:12Je la chante et je prends plaisir à la chanter.
06:14Donc, je me dis qu'il doit y avoir un truc qui est au-dessus.
06:17C'est ça, l'inspiration.
06:18C'est quelque chose qui est beaucoup plus…
06:20Et qu'est-ce que vous écoutez maintenant ?
06:22Je écoute de tout.
06:23Ça dépend.
06:24Le matin, je vais marcher.
06:25Densol Kalash, par exemple ?
06:26Absolument, tout à fait.
06:28Le matin, ça dépend de mon humeur.
06:30Quand j'ai besoin d'un peu d'énergie, j'écoute Kalash.
06:32Beaucoup d'énergie.
06:33Tous les matins, je fais mon footing.
06:35Parfois, il m'arrive d'écouter simplement de la musique classique
06:37parce que j'ai envie de ne penser à rien.
06:39C'est la seule musique qui me permet de ne penser à rien,
06:42qui me vide la tête.
06:43J'écoute Kalash.
06:44J'écoute la musique latine.
06:46J'écoute les vieux standards de nous-mêmes.
06:51Et puis, j'écoute ce sur quoi je dois travailler pour moi.
06:54J'écoute la musique de mes filles.
06:55Il y a tellement de musique sur Terre.
06:57C'est exactement comme la littérature.
07:00Il y a tellement de choses à dire à travers la musique,
07:04à travers la littérature.
07:06On en a parlé longtemps.
07:08Ça a bouffé beaucoup de temps.
07:10Mais ce qui est important dans ce livre,
07:12c'est que c'est juste un petit espace qui s'ouvre,
07:15qui n'a pas du tout la volonté de régler aucun problème,
07:20mais qui nous donne une consistance, une dignité
07:24et une posture qui correspondent à notre humanité.
07:26Je nous aime comme nous sommes.
07:28Digne, grand, fort et plein d'humour.
07:30Et c'est pareil pour la musique.
07:32Et ce sera le mot de la fin, Marie-Joséalie.
07:34Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation
07:36pour cette première de notre émission Angle de vue.
07:39Merci aussi à vous, téléspectateurs et auditeurs,
07:42d'avoir partagé ce moment avec nous.
07:44Nous nous retrouverons, bien évidemment,
07:46la semaine prochaine aux côtés d'un nouvel invité
07:48pour un nouveau portrait.
07:49N'hésitez pas à retrouver cette émission en ligne
07:52sur nos trois médias,
07:53via atv.mq, rci.fm et françonti.fr.
07:57À très bientôt.