EXCLU - Pascal Praud et vous - Le père de Kamilya témoigne : «On a eu plus de soutien des Français que de la justice»

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Transcript
00:00Nous sommes avec Slim, qui est le père de Camilia.
00:04Bonjour Slim.
00:06Bonjour.
00:07Et merci d'être avec nous parce que j'imagine ce qu'il faut de courage et de tempérance
00:13pour venir parler aujourd'hui à ce micro.
00:17Dans quel état d'esprit aujourd'hui êtes-vous
00:22après ce drame qui a touché votre famille Slim ?
00:27Dans quel état d'esprit ?
00:31Je ne sais même pas s'il y a un état d'esprit en ce moment.
00:33Vu le comportement de la justice, je ne comprends pas.
00:38J'ai juste une question à poser.
00:40Imaginons que demain, je me balade à Antibes
00:43ou dans des endroits où je vais le croiser,
00:47que par malheur il y a un accident.
00:51On ne va pas dire que je l'ai fait exprès, que je me suis vengé pour ma fille ?
00:56Est-ce que la justice prend ce point-là en considération ou pas ?
01:01Qu'ils mettent ma vie et la vie de ma famille en danger.
01:06Quand ton fils te demande le matin, il te dit
01:08« Papa, comment ça se fait qu'il n'est pas en présent ? »
01:11Qu'est-ce que vous lui répondez ?
01:14Qu'est-ce qu'on doit répondre à ça ?
01:16Et c'est quoi le message qu'ils sont en train de passer à la justice à cette jeunesse ?
01:22On a des policiers qui se cassent le cul pour mettre l'ordre sur la voie publique
01:27et on a d'un autre côté la justice qui emmerde tout le monde.
01:32Elle n'en a rien à foutre en fait.
01:37J'entends évidemment ce que vous dites.
01:44Camilia repose en Tunisie.
01:50Elle repose à côté de tes arrière-gants parents.
01:53C'est un bel endroit en fait, pour une gamine de 7 ans.
01:57Et effectivement, et c'est ce que je disais tout à l'heure,
02:00combien c'est difficile de vous poser des questions slimes pour cette raison
02:06parce que le drame que vous vivez, personne ne peut ressentir ce que vous ressentez.
02:12Et je vous remercie une nouvelle fois d'ailleurs de prendre la parole.
02:15Vous êtes revenu depuis de Tunisie et vous êtes aujourd'hui en France et de nouveau à Vallauris ?
02:22Oui, on est revenu le lendemain. J'ai dû revenir le lendemain pour m'occuper de mon fils.
02:27Parce qu'on voulait, on fait tout pour qu'il continue sa vie en fait.
02:30Qu'il ne soit pas impacté, pour qu'il ne devienne pas un délinquant à notre jour de plus sur la route en fait.
02:37Et cette décision qui a été prise ce matin, vous avez appris cette décision peut-être par votre avocat ?
02:47Oui.
02:48Et qu'est-ce que vous a dit votre avocat Slim ? Qu'est-ce qu'il vous conseille de dire ou de faire ?
02:55Honnêtement, il n'y a personne qui me conseille en fait.
03:00Il n'y a personne qui me conseille parce que je fais ce qu'il me semble de bien faire.
03:05Mais mon avocat, il m'a averti déjà. Il m'a averti concernant la justice.
03:12Dès le départ, il m'a dit ne t'attends pas à des miracles. C'est ce qu'il m'a dit en fait.
03:19Apparemment, prendre la bonne décision de la part de la justice, c'est devenu un miracle maintenant en fait.
03:26Protéger les citoyens français, c'est un miracle.
03:29On s'inquiète plus pour les délinquants et pour les fautifs que les victimes en fait.
03:35C'est ce qu'on est en train de vivre en ce moment en France.
03:38Slim, j'imagine que vous recevez beaucoup de témoignages actuellement.
03:42Beaucoup de témoignages d'ailleurs d'affection, de sympathie, de gens qui viennent vers vous.
03:47Que vous disent ces gens ?
03:50Il suffit d'aller sur ma page et lire les commentaires. Vous allez voir.
03:56On vit dans deux mondes différents entre la justice et le peuple.
04:01On n'est pas dans le même monde apparemment.
04:05On est plus préoccupé par ce qui se passe en dehors de la France que par le bien-être du peuple français en fait.
04:13La France maintenant, le système français s'inquiète plus pour les étrangers et pour les autres pays que pour son peuple.
04:24Je pense qu'aujourd'hui, il y avait le policier, le gendarme.
04:28Il y avait après ma fille.
04:30Après, il y a eu le cycliste.
04:33Après, il y a eu l'agent qui s'est fait tirer dessus.
04:39Hier, il y a eu un jeune encore mort par une voiture.
04:42En fait, on est quoi ?
04:44On est en France ou on est sur GTA en fait ?
04:47Qu'est-ce qui se passe en fait ?
04:49Et tout ça, tout à fait normal. Pourquoi ?
04:51Parce qu'il n'y a aucune loi qui est stricte et ferme.
04:56Parce que tout le monde fait n'importe quoi parce qu'on sait qu'on ne risque rien.
05:02J'ai l'impression que c'est plus dangereux en ce moment en France.
05:06On a plus peur de ne pas payer un stationnement que de rouler comme un fou sur la route ou griller un feu.
05:14Parce que là, si on oublie de payer les 50 centimes ou 1 euro de stationnement, on est majoré x 17.
05:21Là, on a mis les lois pour récupérer l'argent.
05:26Slim, le père de Camilia est avec nous à 12h31.
05:31Vous êtes sur l'antenne d'Europe 1.
05:33C'est un témoignage évidemment bouleversant que vous apportez.
05:38Là encore, et j'espère que ma question ne va pas vous choquer,
05:45est-ce que la famille de ce jeune homme a voulu entrer en contact avec vous ?
05:52Oui. Oui. Et j'aurais dû en fait.
05:55Parce que si j'aurais été... Je ne veux pas dire des grands mots parce que tout le monde l'entend.
06:00Mais si j'aurais pensé à mon bien, ce jour-là j'aurais accepté l'enveloppe qu'ils m'ont donné, qu'ils m'ont envoyé avec un X.
06:09Et j'aurais porté plainte contre eux.
06:12J'aurais préféré leur rendre l'enveloppe et leur demander de ne plus rentrer en contact.
06:16Mais apparemment, tout ce qui les intéresse, tout ce qu'ils ont montré en fait,
06:20ils n'avaient pas de la peine pour ma fille, ils s'inquiétaient pour leur fils.
06:23Ils avaient juste peur que leur enfant parte en prison.
06:26C'est tout à fait logique en fait.
06:30Et quoi d'autre ? Qu'est-ce qu'on va dire d'autre ? Que la moto elle se conduise toute seule ?
06:36C'est-à-dire que ce que vous nous dites, et que j'ai compris,
06:41la famille de Mathéo vous a proposé de l'argent pour peut-être que vous ne parliez pas ?
06:50Non, je ne crois pas, je ne sais pas pourquoi, mais voilà, il pensait bien faire en fait.
06:55D'accord, c'était...
06:57J'ai rien contre les parents.
07:00C'est bien que vous le disiez comme ça.
07:02C'était une manière maladroite, évidemment, et inconvenante, et même déplacée
07:10de vouloir entrer en contact avec vous que de vous proposer de l'argent.
07:17Mais ces gens-là, vous les avez rencontrés ? Vous avez échangé au téléphone avec eux ?
07:22Oui, et le soir même, ils étaient à côté de moi à l'hôpital.
07:26Bon, je croyais qu'ils étaient inquiets pour l'état de ma fille,
07:28mais à l'impression que je vois maintenant avec les réactions,
07:32et on est plus inquiets pour qu'il ne fasse pas de la prison,
07:35qu'il n'assume pas ses responsabilités, que ma fille qui est morte à 7 ans en fait.
07:42Voilà, je ne sais pas, on appelle ça...
07:45Il y en a qui disent que c'est une bêtise ou que c'est un accident de la route.
07:49Non, pour moi, non, ce n'est pas un accident de la route.
07:51Un accident de la route, c'est au moment...
07:53Si on respecte le code de la route, de A à Z, que là il arrive un accident de la route,
07:58oui, c'est un accident de la route.
08:01Mais du moment où on s'en fout du code de la route, d'accord ?
08:06Alors pourquoi en fait, pourquoi on passe des permis ?
08:09Pourquoi on paie autant cher le permis pour derrière faire ce qu'on veut sur la route
08:13et on n'est pas puni en fait ?
08:17Slim, il y aura un procès.
08:21Je ne sais pas quand aura lieu ce procès.
08:23Entre temps, il continue de vivre sa vie.
08:26Le procès peut durer même deux ans en fait.
08:31Entre temps, nous on a assumé à supporter ça en fait.
08:37C'est vrai qu'on est maltraités dans la garde à vue,
08:40on est maltraités en présent, logés, nourris et blanchis avec l'argent du peuple en fait.
08:45Et quoi d'autre ?
08:47Slim, je disais tout à l'heure, je vous demandais si les parents étaient entrés en contact avec vous.
08:53Est-ce que la justice, d'une certaine manière, soit par le procureur, soit par un juge,
08:59est entrée en contact avec vous pour essayer de vous expliquer le pourquoi, du comment de cette décision ?
09:08Non, non, ils n'en ont rien à foutre.
09:13Ils sont plus préoccupés par l'état d'esprit de Matteo.
09:16C'est vrai que le pauvre il ne mange pas apparemment, c'est ça.
09:20Parce que nous on se tape des bouteilles de vin et des caviars tous les soirs sur la plage.
09:29Et l'explication juridique qui était donnée, et c'est ça la très grande difficulté de ce sujet,
09:36c'est-à-dire que les magistrats vont se retrancher derrière la loi
09:41et ils diront à partir du moment où l'ordre public, le trouble à l'ordre public,
09:46n'est plus un des critères qui permet la détention provisoire,
09:50les magistrats vont évidemment se retrancher vers le droit pur, vers la loi pure.
09:55Et ça, c'est insupportable pour vous, Slim ?
10:00Comme je vous le disais au départ, est-ce que la loi, ça va me protéger cette loi ?
10:04Si par malheur, si elle lui arrive un accident, que demain moi je fais un accident, d'accord ?
10:08Est-ce qu'on ne va pas me reprocher et on ne va pas me dire que je l'ai fait exprès ?
10:13Ça a été ma fille. Il a écrit ça à ma fille, non ?
10:16C'était un hasard. Mais si le hasard se répète que ça soit lui devant ma voiture,
10:21on ne va pas me dire, on ne va pas me mettre en cause ?
10:24On ne va pas dire que je me suis vengé ?
10:27Est-ce que la loi, elle a pris ça en compte, en fait ?
10:30Parce que là, en fait, ce qu'ils sont en train de faire, c'est un risque que je le prends, en fait.
10:37Est-ce que je dois éviter de vivre ?
10:39Parce que moi, je ne suis pas interdit de me balader à Antibes ou à Cannes ou à tout ce qu'il fait.
10:43Parce que je travaille, je suis obligé de...
10:45Même par rapport au procès, par rapport à tout ce qui se passe, je suis obligé de me déplacer.
10:49Est-ce que moi aussi, je vais être obligé d'être torturé chez moi ?
10:56Votre petit garçon a repris l'école, le chemin de l'école, Slim ?
11:01Oui.
11:02Et comment, j'allais dire, comment va-t-il ?
11:05Comment peut-on aller lorsqu'on était le témoin, le présent avec sa petite sœur
11:12et cette difficulté avec laquelle il va vivre aujourd'hui ?
11:18C'est la question, comment ça se fait ?
11:20Tout ce qu'il nous pose comme question, comment ça se fait qu'il n'est pas en présent ?
11:24Quand je lui ai dit, moi, ça ne va pas changer la vie, tout ça,
11:27il me dit, papa, mais comment, quand on fait un truc comme ça, on n'est pas en présent ?
11:31Je n'ai pas de réponse à donner.
11:34Il a 11 ans, votre petit garçon.
11:36Il a 11 ans, oui.
11:41On s'interroge toujours, aujourd'hui, il y a parfois des professionnels qui suivent,
11:47dans ces cas-là, les enfants, les parents, est-ce que c'est le cas ?
11:50Est-ce qu'aujourd'hui vous êtes accompagné ?
11:52C'est obligatoire, c'est obligatoire.
11:55Si vous laissez un enfant comme ça, que vous banalisez la chose,
11:58que vous le laissez avec un traumatisme comme ça, même s'il arrive,
12:01et on arrive à l'occuper, parce que tant qu'il est occupé, il ne pense pas.
12:05Dès qu'il y a un vide, il revient sur ce qui s'est passé.
12:09Ce qu'il nous dit, c'est que les images, elles se répètent dans sa tête.
12:14Et vous habitez, évidemment, à quelques mètres de là.
12:18En face de l'accident.
12:19Voilà, de là où...
12:20Vous ne savez pas, quand on dit, ma fille et mon fils,
12:25ce trajet, depuis un petit moment, c'est un trajet de 300 mètres aller-retour,
12:30avec un seul passage piéton à traverser.
12:33Parce que parfois les gens se demandent, mais pourquoi ils étaient seuls ?
12:36Ils avaient 300 mètres aller-retour.
12:39Vous comprenez ce que ça veut dire 300 mètres ?
12:40Ce n'est même pas un tour sur un terrain de foot.
12:45En France, on n'est même pas capable de faire 300 mètres à pied en étant en sécurité.
12:54Et vous imaginez peut-être ne pas rester précisément à cet endroit,
12:58qui est un endroit pour vous, dramatique ?
13:07Est-ce que vous préférez, si jamais, je ne vous le souhaite pas,
13:10mais que vous perdez un proche en dessous de votre fenêtre ?
13:14Vous préférez rester ?
13:18C'est pourquoi j'imagine que vous ayez envie de ne pas rester précisément dans cette...
13:25Non, on ne le souhaite plus.
13:28Il n'y a rien qui change.
13:31Souvent, j'ai envie de dire parfois la question la plus simple du monde
13:36à ceux qui peuvent traverser un drame.
13:39Qu'est-ce qu'on peut faire pour vous ?
13:40Comment on peut vous aider, Slim ?
13:46Honnêtement, il n'y a rien qui peut nous aider dans ce cas-là.
13:50Surtout que quand tu vois que la justice,
13:53elle n'est même pas capable de faire son travail correctement,
13:56et les lois ne sont pas faites pour nous protéger.
14:01Comment vous...
14:02Quand vous recevez des commentaires, il faut se faire des justices soi-même,
14:06que vous leur dites non, ce n'est pas la solution,
14:08mais en fait, quand vous avez une justice comme ça,
14:10qu'est-ce que vous allez voir comme commentaire maintenant ?
14:12Ah, on vous a dit, mais il n'y a plus de justice,
14:15c'est plus la France, c'est comme ça, il faut se faire justice soi-même.
14:20Mais non, ce n'est pas la solution.
14:22La loi...
14:24Quand il n'y a pas d'intérêt derrière la loi financière,
14:26j'ai l'impression qu'elle peut traîner des années, on ne la changera pas.
14:31Parce qu'on était capable de changer les lois pour la retraite,
14:34on était capable de taxer plus, on était capable de faire tout ça.
14:37Ça a été fait.
14:40Contre la volonté de tout le monde.
14:42Mais ça a été fait, parce qu'il y a un intérêt d'argent.
14:45Mais là, quand il s'agit de vie humaine,
14:47qu'est-ce qu'on en a à foutre ?
14:48Ça ne change rien du tout.
14:49Je vous remercie.
14:50Je vous remercie d'être venu au micro d'Europe 1, témoigné.
14:55Je vous remercie et je redis ce que je disais tout à l'heure,
15:01c'est impossible de se mettre à votre place.
15:03Absolument impossible.
15:06Vous savez, on a eu plus de soutien et plus d'aide des Français
15:11qu'au côté de la justice, qu'au côté de la politique.
15:14On a eu plus de soutien par des sociétés, par des assurances, par ci, par ça,
15:19qui n'arrêtent pas de nous demander comment on peut vous aider.
15:26Cet élan de solidarité, d'ailleurs, est intéressant.
15:31Cet élan de solidarité.
15:32Mais c'est vrai que je regrette et on regrette dans ces cas-là
15:35que la justice n'est pas auprès de ceux qui souffrent,
15:40qui ont du mal à, évidemment, comprendre une décision,
15:45qu'il n'y ait pas dans la justice française
15:50des personnes qui puissent venir vers vous
15:54et en tout cas avoir un échange avec vous.
15:57Et ça, je le regrette et c'est ce que vous nous dites à ce micro.
16:01Merci beaucoup Slim et je ne peux que vous souhaiter tous les courages possibles.
16:07Les mots sont inutiles, bien sûr.
16:10Les mots sont inutiles devant votre souffrance.
16:14Mais on ne peut que vous assurer, évidemment, de nos pensées affectueuses.
16:19Et je vous remercie grandement d'être venu à ce micro.

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