La bande de “Julie jusqu’à minuit” évoque les propos du député de la Somme dénonçant des campagnes "au faciès" lorsqu'il était membre de la France insoumise
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00:00On commence par vous Stéphane Simon, avec ses propos de François Ruffin, ce matin sur BFM TV.
00:05Il dit regretter que la France insoumise abandonne une partie de la population,
00:09et il va même plus loin, il exprime sa honte après avoir mené une campagne électorale au faciès dans certains quartiers.
00:15On écoute François Ruffin.
00:17Vous dites, nous avons mené une campagne au faciès.
00:21Dans les immeubles d'Amiens Nord, quand je tombais sur un Noir ou un Arabe,
00:24je sortais la tête de Mélenchon en bien gros sur les tracts.
00:28Alors ça, c'est la campagne d'il y a deux ans.
00:30Et c'est un souci, je l'éprouvais comme une honte quand je venais à faire ça.
00:35Et malheureusement, je me confiais à mes camarades qui me disaient, mais on fait la même chose.
00:40Il critique une gauche qui a renoncé, a fait le choix de l'abandon d'une partie de la population.
00:43Oui, alors moi ce que je veux dire, c'est à la fois un coup de chapeau au courage de François Ruffin,
00:48parce qu'en politique, c'est jamais payant de dire toute la vérité, rien que la vérité,
00:53et d'accepter de lever, comme il l'a fait, le voile sur les pratiques électoralistes de la France insoumise.
01:00Et il nous explique très bien que ça n'a pas commencé hier ni le 7 octobre dernier avec les événements à Gaza.
01:05Non, ça a commencé bien avant, puisqu'on parle de la campagne de 2022.
01:10Et je trouve que c'est assez remarquable, parce que ce garçon parle.
01:14Il parle à la fois de vouloir réconcilier les clochers, les quartiers, les bourgs et les tours.
01:20Et c'est exactement ce qu'une gauche raisonnable et raisonnante se doit de faire,
01:25au contraire, et c'est là mon coup de gueule, de cette politique électoraliste qui consiste à cliver les Français,
01:31à les classer, je dirais, en fonction de la couleur de peau,
01:35et finalement à s'adresser et tracter, d'une certaine manière, quand on a en face de soi des Noirs et des Arabes,
01:40comme dit François Ruffin, ou des Blancs.
01:42Et évidemment, ça c'est exactement, je dirais, la pire des politiques,
01:48c'est-à-dire celles qui s'adressent simplement à une catégorie d'individus,
01:52une espèce d'apartheid à l'envers, si vous voulez.
01:55Et ça, je trouve donc méritoire chez François Ruffin de nous avoir dit ça, de nous avoir éclairé,
02:02et c'est extrêmement condamnable du côté de la France insoumise.
02:05Alors que Jean-Luc Mélenchon continue à tenir ce discours,
02:08c'était le week-end dernier, en marge des manifestations contre le gouvernement,
02:13il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers.
02:15Là se trouve la masse des gens qui ont un intérêt à une politique de gauche.
02:19Tout le reste, laissez tomber.
02:21« Laissez tomber, c'est une perte de temps » dit-il.
02:24Le côté « laissez tomber », je suis d'accord pour dire qu'il faut vraiment s'adresser à toute personne
02:27qui est potentiellement intéressée par les questions de justice sociale.
02:30En revanche, le fait de dire à des personnes qui sont potentiellement victimes de discrimination raciale
02:35« on a quelque chose pour vous », ça ne me choque pas.
02:37Si vous avez un programme qui permet, par exemple, aux personnes transgenres
02:42de vivre une inclusion dans la société française,
02:44et qu'on va les voir en leur disant « on vous propose quelque chose », ça ne me choque pas.
02:48Mais là, lui, il dit « on va se concentrer que là-dessus ».
02:50Ce qui me choque, effectivement, c'est de se concentrer sur une partie de la population,
02:53mais je pense que le ciblage de certains besoins n'est pas choquant
02:56à partir du moment où on inclut tous les besoins des personnes
02:59qui sont victimes d'injustices sociales, économiques, etc.
03:03Christophe Barbier ?
03:04Au soir du deuxième tour des législatives,
03:06quand Jean-Luc Mélenchon prend le micro très vite pour dire « nous appliquerons le programme,
03:09rien que le programme, tout le programme »,
03:11il ajoute « je remercie la France nouvelle pour cette victoire,
03:14et la France classique, la France… »
03:17La France nouvelle, c'est ça la France nouvelle,
03:19c'est cette partie de la population qu'il a segmentée
03:22et dont il pense qu'elle lui permettra d'être au second tour
03:24lors de la présidentielle de 2027.
03:26Il est allé la chercher cette population avec Rima Hassan,
03:29il est allé la chercher avec toute une dérive,
03:31il va la chercher avec d'autres arguments,
03:32c'est sa stratégie, elle est cynique, elle est populiste profondément,
03:36et elle l'oblige, évidemment, quand il est confronté à des gens
03:39qui pensent différemment dans son parti,
03:40à les purger.
03:41Et ce qui est arrivé à François Ruffin,
03:43qui a imposé le terme de front populaire dans cette campagne,
03:46c'est lui qui l'a réinventé,
03:47c'est une purge.
03:48Ce qu'il a imposé à Raquel Garrido, à Clémentine Notando,
03:50c'est une purge.
03:51Donc vous avez là toute la mécanique d'un mouvement
03:54qui est à la fois une secte et qui est à la fois un mouvement populiste.
03:57Sans faire de la psychanalyse,
03:58je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans la petite enfance de Jean-Luc Mélenchon quand même
04:02pour qu'il ait autant en détestation ce qu'il est
04:05et ce qu'il représente.
04:07C'est assez troublant quand même.
04:10C'est très intéressant de lire les textes de Jean-Luc Mélenchon sur son enfance,
04:15son arrivée depuis le Maroc,
04:18et le déracinement qu'il a vécu.
04:20C'est quelque chose de très intéressant sur sa personnalité.
04:23Il dit « j'ai vécu au milieu des Arabes heureux au Maroc,
04:25et je suis arrivé en Normandie, j'étais le Bougnol. »
04:27C'est un choc pour lui, c'est du stress.
04:28Et surtout il dit « j'ai détesté la campagne, j'ai détesté… »
04:30Mais au-delà de la psychologie d'un individu,
04:34il y a une question profondément politique.
04:37S'adresser à différentes personnes pour leur dire
04:40« on a une politique pour vous parce qu'on a compris
04:42que vous étiez discriminé, que vous étiez maltraité »,
04:47c'est une chose.
04:48Monter les uns contre les autres,
04:51dire à une catégorie de la population
04:54« vous devez vous affirmer contre les autres »,
04:56ce n'est pas du tout la même chose.
04:59« Nous sommes le peuple, les autres non. »
05:01Et la Nouvelle-France, le concept même de Nouvelle-France,
05:03en effet, je voulais justement moi aussi le citer
05:06parce qu'il est révélateur et qu'il signifie quelque chose,
05:10un message envoyé à ceux qui n'en font pas partie.
05:14Et c'est ça qui est profondément dangereux
05:16avec le discours de Jean-Luc Mélenchon,
05:19c'est qu'il n'est absolument pas universaliste
05:23et surtout c'est cynique.
05:25Il a fait un calcul très simple, Jean-Luc Mélenchon.
05:27En 2017, 600 000 voix lui manquent,
05:30il le sait, il ne le digère pas.
05:32Et juste après ça, il s'aperçoit
05:34que les députés qu'il a à ce moment-là,
05:36qui à ce moment-là en 2017 ne sont pas très nombreux,
05:39sont quasiment tous élus dans les banlieues
05:42et que l'électorat qui lui manque, il est là,
05:45qui peut faire la différence.
05:46Ces 600 000 voix qui vont lui permettre d'arriver au second tour,
05:49où là, il fait un autre calcul cynique.
05:51Second tour contre qui ? Contre Marine Le Pen.
05:55Et là, évidemment, il y a le fascisme en face.
05:58« Si vous ne votez pas pour moi, vous soutenez le fascisme. »
06:01« C'est un calcul d'un cynisme. »
06:03« Les personnes non-blanches en France n'ont pas besoin de Jean-Luc Mélenchon
06:08pour savoir que Marine Le Pen est un danger pour eux. »
06:09« Et là, les personnes non-blanches... »
06:12« C'est quand même bizarre de parler comme ça maintenant. »
06:14« C'est bizarre de parler de personnes non-blanches,
06:16les personnes qui subissent le racisme historique, c'est bizarre. »
06:18« On a quand même drôlement changé. »
06:21« Autrefois, on parlait des uns et des autres
06:23sans les qualifier sur leurs couleurs ou beaux. »
06:25« Comment vous faites pour savoir qu'une personne est discriminée ? Vous la définissez ? »
06:27« Je suis désolé, je pense que la compétence,
06:31je pense que les qualités individuelles ne sont pas liées à la couleur de peau. »
06:34« Ça me gêne d'entendre parler de racisé. »
06:36« Ça me met mal à l'aise tout ça. »
06:39« La racialité, tout ça, cette ethnos... »
06:41« Est-ce que les discriminations existent ? »
06:43« Mais je ne mis pas qu'ils puissent exister. »
06:45« Elles sont fondées sur des critères. »
06:46« Qu'il puisse exister des racistes, qu'il puisse exister des problèmes. »
06:49« Il y a des gens qui sont discriminés parce qu'ils ne sont pas blancs. »
06:51« Pour autant, faire des amalgames, des généralisations sur les couleurs de peau, c'est très en détail. »
06:56« Il y a plein de facteurs de discrimination. »
06:58« Par exemple, le genre, le fait d'être une femme, le fait d'être une personne LGBTQIA, le fait d'être handicapé. »
07:02« Le fait d'être non-blanc, noir, arabe, asiatique, perçu comme tel. »
07:06« Ce sont des critères de discrimination. »
07:08« Et on ne peut pas adresser ces discriminations si on ne dit pas qu'une telle personne est une femme, est handicapée... »
07:12« Mais Rokhaya, aujourd'hui vous êtes, comme on dit, un mâle blanc de plus de 50 ans. »
07:16« Vous n'avez aucune chance dans toute une série de recrutements. »
07:18« Parce que vous ne représentez pas la diversité. »
07:20« Vous souffrez beaucoup de vos traditions, Christophe Barbier. »
07:22« C'est une réalité. »
07:24« Non, c'est une blague. »
07:26« Ce n'est pas une discrimination. »
07:28« C'est pour que l'on puisse comparer. »
07:30« Soyez sérieux. »
07:32« Ce n'est évidemment pas une discrimination majeure. »
07:34« J'ai même pas envie de vous écouter. »
07:36« Ce n'est évidemment pas une discrimination majeure. »
07:38« Le phénomène de société n'est pas là. »
07:40« Mais nous sommes entrés dans une société où chacun se définit comme victime. »
07:44« Et le reste de ces victimes... »
07:46« Est-ce que la comparaison tient vraiment à Christophe Barbier par rapport à d'autres discriminations ? »
07:50« Historiquement, évidemment non. »
07:52« Mais dans le ressenti des gens, vous avez des gens qui vous disent ça et qui en tirent un comportement électoral. »
07:56« C'est là où nous avons construit une France depuis dix ans. »
07:58« Où ce débat de société est en train de dresser les actes. »
08:00« Un dernier mot. »
08:02« On avance parce qu'on prend du retard. »
08:04« Ce qui me gêne, moi, c'est qu'on aille expliquer à un ouvrier, en effet, de plus de 50 ans, qui a été mis au chômage par la désindustrialisation, qu'il fait partie des dominants. »
08:18« Et qu'il fait partie de cette discrimination systémique qui frapperait les autres. »
08:26« C'est ça qui me gêne. »
08:28« Les événements actuels nous montrent par exemple que même quand on est ouvrier, on peut participer à des agressions sexuelles contre une femme parce qu'on est un homme. »
08:34« Donc je pense que ce n'est pas parce qu'on est ouvrier et qu'on souffre économiquement qu'on n'est pas dans certaines situations. »
08:38« On peut participer à des agressions, quel que soit le genre. »
08:42« Les viols, c'est quand même statistiquement plutôt les hommes. »
08:46« D'accord, Rokhaya, mais il y a autant de perversité chez les uns et chez les autres. C'est hélas unanimement partagé. »
08:54« Ce n'est pas tout ce que j'ai dit. J'ai parlé juste de la condition ouvrière et du fait que ça n'enlevait pas la domination patriarcale. »