• il y a 3 mois
Notre mémoire se travaille quotidiennement et les types de mémoire ne sont pas les mêmes. Le court terme, la mémoire du travail ou celle à long terme, celle du langage des gestes etc.

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Transcription
00:00On parle ce matin d'un outil exceptionnel qui se trouve quelque part là, c'est la mémoire.
00:05Comment ça marche ? Mais d'abord, est-ce qu'on peut dire que c'est un organe la mémoire ?
00:10Alors non, pas vraiment. C'est un système assez complexe, c'est pas un muscle, c'est pas vraiment une zone en particulier.
00:16C'est une fonction qui nous permet d'encoder, de stocker et de restituer pour interagir avec notre environnement.
00:23Et on pense spontanément quand on dit mémoire au souvenir, mais ça contient aussi les savoir-faire et les connaissances.
00:29En fait, on dit souvent mémoire visuelle ou auditive. Je pensais ça naïvement avant de préparer cette chronique.
00:34C'est pas faux, mais c'est plus complexe que ça. On a chacun nos trucs pour stimuler nos systèmes de mémoire,
00:41où on est plus sensible et on doit apprendre chacun notre manière d'apprendre.
00:45Mais la mémoire, c'est, vous le voyez, une mémoire d'abord à court terme, une mémoire de travail,
00:49celle qui me sert à me souvenir du début de ma phrase avant de la finir, celle qui me sert à faire cette chronique également.
00:54Et après de cette information, soit je vais l'oublier, soit je vais la stocker comme un disque dur.
00:59Pour une plus longue chaîne chronique.
01:01Exactement, pourquoi pas. Avec plusieurs systèmes, la mémoire sémantique qui est celle du langage, des connaissances,
01:07celle du sens des mots, etc. La mémoire épisodique avec tous les moments qu'on a personnellement vécu.
01:11En général, ça se crée entre l'âge de 3 et 5 ans. La mémoire procédurale, c'est tous les automatismes
01:16qui nous permettent de conduire, de faire du vélo, de marcher.
01:21La mémoire percative qui va s'appuyer sur nos sens, qui me permet de reconnaître vos visages et de savoir qui vous êtes.
01:27C'est un ensemble de systèmes qui cohabitent et qui sont extrêmement complémentaires.
01:32Est-ce qu'on sait combien de mots, de chiffres chacun d'entre nous peut retenir ?
01:36C'est très variable, mais en moyenne, on dit 7 à la suite dans l'ordre.
01:41Mais la technique, c'est d'aller plus loin en les regroupant.
01:44C'est d'ailleurs ce qu'on fait spontanément pour les numéros de téléphone.
01:48Exactement, de trouver des moyens mémotechniques pour allonger cette liste.
01:527, ce n'est pas beaucoup. Je pensais que tu serais davantage.
01:55Si je vous dis un numéro de sécu, si tu dois le retenir tout de suite...
01:59Si c'est le mien, je vais le retenir.
02:01Mais est-ce que c'est normal, parce que ça fait partie des inquiétudes qu'on peut avoir, d'oublier un nom, un prénom ?
02:07Comment il s'appelle ?
02:09Ou qu'est-ce que j'ai fait hier soir ? C'est dingue, je ne m'en souviens plus.
02:12C'est tout à fait normal. C'est Francis Eustache, un neuropsychologue que j'ai interrogé,
02:16qui est un grand spécialiste de la mémoire, qui me dit qu'on est peut-être trop exigeants parfois avec nous.
02:20Et c'est tout à fait normal de ne pas savoir où on a mis ses clés.
02:23Parce que l'oubli, ça fait partie d'un processus de la mémoire, et c'est même assez sain.
02:28C'est quoi ? C'est du nettoyage ?
02:30Exactement, ça évite de saturer nos circuits neuronaux.
02:33Et quand on n'oublie pas, ce n'est pas possible.
02:35On doit faire le tri entre ce qui doit être mémorisé et ce qui ne l'est pas.
02:38En fait, l'inquiétude, si on se souvient qu'on oublie, ça va encore, c'est ce que j'ai retenu.
02:43En revanche, si dans l'entourage, on se rend compte qu'une personne nous a demandé quatre fois la même question en 30 minutes,
02:48et que c'est quelqu'un d'extérieur, en gros, un vrai amnésique ne sait pas qu'il oublie.
02:52Nous, si on a conscience de nos propres oublis, ça va encore.
02:55Ça se travaille, la mémoire ?
02:56Ça se travaille, mais il faut en prendre soin.
02:59Parce qu'on dit toujours qu'on n'utilise qu'une très très très petite partie de notre cerveau.
03:02Oui, on désestime notre mémoire.
03:04Mais la mémoire, elle a besoin de quiétude et de sérénité.
03:08Et on ne lui offre pas vraiment ça avec notre hyperconnexion, etc.
03:11Et Francis Eustache m'expliquait justement qu'avant tout, la mémoire, pour en prendre soin, c'est l'hygiène de vie, le sommeil.
03:17On sait que la privation de sommeil à long terme, ça entraîne des troubles de l'apprentissage et de la mémoire.
03:23L'alimentation, les activités sociales essentielles, les interactions sociales, tout ça, ça va la stimuler.
03:29Et après aussi, on peut la stimuler en sachant chacun quel est notre meilleur moyen d'apprendre.
03:36C'est pour ça qu'il y a certains enfants, vous leur lisez une fois une poésie, ils sont capables de la dire quasiment et d'autres pas.
03:43Parce qu'eux, ils ont compris la mémorisation sans effort.
03:46Ils ont mis en place, sans qu'on sache pourquoi, la meilleure stratégie d'apprendre pour eux.
03:50Et certains, on doit plus les aider.
03:52Il ne faut pas hésiter à trouver sa propre stratégie.
03:55Pour certains, ça va être de lire à voix haute, de mettre des tons, de chanter.
04:00Mais comment les enfants peuvent découvrir ?
04:02Parce qu'il y a ceux qui, de façon innée, ont su comment retenir une leçon et il y a ceux qui cherchent encore.
04:07C'est à nous de les aider et de voir ce qui marche mieux.
04:09Est-ce que c'est quand on leur lit ? Est-ce que c'est quand on surligne des couleurs ?
04:13Est-ce que c'est quand on leur demande, on leur lit la leçon avec même le corbeau et le renard ?
04:18On va le lire avec plein de tonalités différentes.
04:20Il faut stimuler.
04:22Un truc très intéressant aussi, les étudiants, il ne faut pas, on l'a tous fait, les révisions de dernière minute, c'est contre-productif.
04:29Parce que l'idéal, c'est de laisser huit jours entre le premier apprentissage et la deuxième lecture.
04:34Il faut en général faire une matière pendant une heure et après changer et y revenir.
04:38C'est le faire en plusieurs fois, la répétition qui permet d'ancrer, de laisser une trace dans notre cerveau.
04:43C'est pour partager une expérience personnelle, mais j'étais à la réunion de parent-élève de mon fils qui est en CM1.
04:47La maîtresse expliquait que pour mémoriser, il fallait associer parfois une histoire, un lieu, un chiffre.
04:53Une histoire positive pour parler de l'histoire notamment.
04:56Elle fait une histoire à son bureau, qu'elle associe à un chiffre, qu'elle associe à quelque chose de très positif.
05:01Les enfants retiennent, elle dit en quelques minutes.
05:04Donc il y a des trucs et que ça se cultive la mémoire.
05:06Ça se cultive. Il y a d'ailleurs des championnats de mémoire qui sont organisés depuis 2008 en France.
05:10Une association des sports de mémoire à l'initiative des trois champions de France.
05:13D'ailleurs, c'est ce qui m'a donné l'idée de cette chronique.
05:15C'est ce livre d'un vice-champion de mémoire 2022 avec qui j'ai pu échanger.
05:20Son livre est très complet. Il y a plein d'exercices.
05:22Il explique comment on peut arriver à des records hallucinants.
05:25Devinez le nombre de chiffres qu'un candidat français a pu retenir en cinq minutes, en l'ordre.
05:30En cinq minutes ?
05:32Il a lu une série de chiffres et il les a retenus.
05:34Plusieurs centaines.
05:35468 et record du monde.
05:37Il semble qu'il y ait de la logique entre les différents chiffres.
05:411467 pour le record du monde.
05:43Il y a des épreuves avec des cartes à jouer où on doit retenir plusieurs chiffres.
05:47C'est hallucinant.
05:48Et comment ils s'entraînent ?
05:49En mettant en place des techniques comme celle que tu as dite, Lorraine.
05:52Ou un autre système que j'ai appris qui s'appelle la table de rappel.
05:55En fait, les chiffres et les lettres, c'est abstrait.
05:58On a besoin de concrets pour retenir.
06:00Donc, ils vont remplacer les chiffres par exemple par des images.
06:03Je vous donne un exemple.
06:05Quand on doit retenir 9, 2, 67, 75.
06:08On pense à un œuf parce que ça ressemble phonétiquement.
06:12Le 2, on va penser à un signe.
06:14Le 67 a une casquette parce que ça ressemble phonétiquement.
06:17Et le 75, pourquoi pas Paris a une tour Eiffel.
06:19Et donc, ils vont se faire une phrase.
06:21L'œuf du signe est caché sous la tour Eiffel dans la casquette.
06:25Ça, c'était l'exemple de la maîtresse.
06:27Le 3, une glace au chocolat.
06:29Donc, c'était associé à quelque chose de positif et une image.
06:33Exactement ce que tu disais.
06:34Et ça, ça leur permet la table de rappel pour nous.
06:36C'est quand même très barbare.
06:39Mais pour eux, ça leur permet d'apprendre des centaines et des centaines de données.

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