(film France, Comédie)
De Sacha Guitry | Par Sacha Guitry
Avec Michel Serrault, Jean Poiret, Magali Noël
Sujet du Film :
Philippe d'Artois, confortablement installé dans son appartement, songe au suicide. Quand ses réflexions sont interrompues par l'arrivée d'un voleur, Albert Lacagneux. Surpris, le voleur tente de s'enfuir mais Philippe le retient et lui demande contre une forte somme de devenir son assassin. Pour le persuader, il commence le récit de son extraordinaire existence.
De Sacha Guitry | Par Sacha Guitry
Avec Michel Serrault, Jean Poiret, Magali Noël
Sujet du Film :
Philippe d'Artois, confortablement installé dans son appartement, songe au suicide. Quand ses réflexions sont interrompues par l'arrivée d'un voleur, Albert Lacagneux. Surpris, le voleur tente de s'enfuir mais Philippe le retient et lui demande contre une forte somme de devenir son assassin. Pour le persuader, il commence le récit de son extraordinaire existence.
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Court métrageTranscription
00:03:01Ma femme dort dans la chambre voisine et il ne faut pas la réveiller.
00:03:04Venez.
00:03:05Mais je...
00:03:06Venez vous asseoir là.
00:03:08Vous arrivez très bien.
00:03:09Je ne dirai pas que je vous attendais, mais presque.
00:03:11C'est moi?
00:03:12Oui.
00:03:13Vous ou un autre qui aurait été de la même espèce que vous.
00:03:15Vous allez me comprendre.
00:03:16Mais...
00:03:17Non, non.
00:03:18N'ayez pas peur, il ne vit que moi.
00:03:19Je vais me suicider dans cinq ou dix minutes.
00:03:22Extraordinaire coïncidence.
00:03:25Cette décision de m'en aller, je l'ai prise il y a quelques heures,
00:03:28mais ce n'est pas sans une certaine répugnance que j'allais mettre ce projet à exécution.
00:03:33Votre miraculeuse visite va simplifier toute chose.
00:03:36Vous êtes un assassin, n'est-ce pas?
00:03:38Oui.
00:03:39Enfin, il ne faut rien exagérer, je suis plutôt voleur.
00:03:41Seulement, il faut bien le dire, c'est une profession qui vous met quelquefois dans l'obligation de...
00:03:45De vous défendre.
00:03:46Madame, c'est qu'on peut se trouver tout à coup...
00:03:49En face de gens brutaux qui ne sont pas disposés à se laisser voler sans opposer tout de même une certaine résistance.
00:03:53Vous avez dit le mot.
00:03:54Car si les gens se laissaient baïonner, ou même s'ils restaient tout simplement tranquilles,
00:03:57on ne leur ferait aucun mal.
00:03:59S'ils nous considéraient comme des polyvalents et non comme des voleurs,
00:04:02les choses ne s'enlimeraient jamais.
00:04:04Nous n'en voulons qu'à leur argent.
00:04:06Et ils y tiennent, bien sûr, autant que vous y tenez vous-même.
00:04:08Voilà.
00:04:09Vous êtes-vous souvent trouvés dans la nécessité de tuer?
00:04:12Deux ou trois fois.
00:04:13Enfin, je n'ai vraiment tué qu'une fois.
00:04:15Vous le regrettez?
00:04:16De n'avoir tué qu'une fois?
00:04:17Non, d'avoir tué une fois.
00:04:18Non, non, ça pas du tout.
00:04:20Car il se passe une chose qui est vraiment curieuse,
00:04:23nous en parlons très souvent entre nous cambrioleurs,
00:04:25la plupart des gens que nous nous sommes trouvés dans la nécessité,
00:04:28comme vous dites, de supprimer,
00:04:30nous nous apercevons après que ce n'était pas des gens très bien.
00:04:33Ni très honnêtes, ni très propres.
00:04:35C'était justement le cas du bonhomme que j'ai descendu.
00:04:37Un fort bon, c'est bien simple.
00:04:39Et personne ne le savait.
00:04:40Donc, sa mort ayant mis un terme à ses escroqueries,
00:04:43c'est à moi qu'on le doit.
00:04:45Je vous ai coupé la parole.
00:04:46Revenons à votre suicide, car je me demande à quoi vous voulez revenir.
00:04:49A ceci.
00:04:50Puisque me voilà nez à nez avec un homme dont c'est un peu la profession,
00:04:54je vais vous demander de bien vouloir me suicider vous-même.
00:04:59Froidement, comme ça?
00:05:00Ça vous ennuie?
00:05:01Je ne sais pas que ça m'ennuie, mais ça me gêne un peu,
00:05:04parce que ça va manquer de légitime défense.
00:05:07Le consentement de la victime est une chose rare, vous savez.
00:05:10Ce n'est pas un consentement, c'est un service que je vous demande.
00:05:12D'ailleurs, dites-moi la somme que vous voulez,
00:05:15je ne la discuterai pas si vous êtes raisonnable.
00:05:18C'est vos chers.
00:05:19Pas tellement.
00:05:20Voyons, vous ne courrez aucun risque.
00:05:22Mais non.
00:05:23Tout de même, si.
00:05:24Puisqu'il y aura mon testament dans lequel je déclare que je vais me suicider,
00:05:28vous êtes donc ouvert.
00:05:29Dans le corps improbable, vous seriez inquiété,
00:05:31mais vous ne le serez pas si vous suivez mes directives.
00:05:34Vous tirez de tout près, comme si c'était moi qui tenais le revolver.
00:05:38Aussitôt, le coup parti.
00:05:40Vous le posez à terre, la crosse tournée de mon côté,
00:05:44tout comme s'il était tombé de ma main droite.
00:05:46Vous repartez par la fenêtre en fermant les volets,
00:05:48mais il faut le faire très vite, avant que ma femme n'arrive.
00:05:50Vous reprenez votre échelle,
00:05:52et vous allez la remettre là où vous l'avez prise.
00:05:54Ah oui.
00:05:55Oui, c'est ingénieux, évidemment.
00:05:57Et d'autre part, le testament doit écarter tous les soupçons, comme vous le disiez.
00:06:00Voilà pourquoi je vais vous demander de me faire grâce pendant environ 20 minutes
00:06:04le temps de l'écrire, ce testament que je commençais précisément lorsque vous êtes entré.
00:06:08Et vous voyez que je ne vous mens pas.
00:06:09Pardon.
00:06:10Ceci est mon second testament,
00:06:13et je le rédige en possession de toutes mes facultés.
00:06:17C'est pourtant vrai.
00:06:19Et vous en êtes bien sûr ?
00:06:20De quoi ?
00:06:21D'être en possession de toutes vos facultés.
00:06:22Comment, si j'en suis sûr ? Pourquoi me demandez-vous ça ?
00:06:24Parce que se donner volontairement la mort
00:06:27représente plutôt à mes yeux une sorte de déséquilibre mental.
00:06:30Pas quand l'acte est justifié.
00:06:31Ah, peut-être.
00:06:33Excusez-moi.
00:06:35Cognac ?
00:06:36Cognac.
00:06:39Voilà.
00:06:43Voilà, merci.
00:06:45Et si nous nous mettions tout de suite d'accord sur la somme ?
00:06:49Dites un chiffre.
00:06:54400 000.
00:06:56C'est trop cher.
00:06:57300 000.
00:06:59C'est bien parce que c'est vous, mais pas de chèque.
00:07:01Au porteur.
00:07:02Ah non, non, non.
00:07:03Alors 200 000 francs liquide, je n'ai rien d'autre ici.
00:07:05Comment, dans vos tiroirs ou dans un petit coffre, vous n'avez pas plus d'argent que ça ?
00:07:08Non, non, parole, c'est trop risqué.
00:07:09Qu'est-ce que vous craignez donc ?
00:07:11La visite d'un cambrioleur ?
00:07:13Oui.
00:07:14Bon, alors va pour les 200 000 francs liquide. Où sont-ils ?
00:07:16Ils sont là, dans la poche de ma robe de chambre.
00:07:18Ah.
00:07:19Vous les prendrez vous-même avant de vous en aller.
00:07:20Entendu.
00:07:23Ce second testament...
00:07:26ne vient pas annuler...
00:07:30celui que j'ai déposé...
00:07:33il y a deux ans...
00:07:35entre les mains...
00:07:37de mon notaire...
00:07:39maître Louvain.
00:07:42Et le premier...
00:07:43de la chancerie.
00:07:44Tiens.
00:07:45Vous connaissez ?
00:07:46Lui, non, mais enfin ses tiroirs et son coffre.
00:07:48Ah oui ?
00:07:49C'est un des premiers cambriolages que j'ai fait.
00:07:51Fructueux ?
00:07:52Oh, 600 000.
00:07:53C'est pas mal.
00:07:54Je commençais.
00:07:55Je vous ai coupé la parole, je vous en prie.
00:07:57Mon premier testament...
00:08:00stipule...
00:08:03le partage...
00:08:05de mes biens...
00:08:07et...
00:08:09tous les noms...
00:08:12de ceux...
00:08:14qui en sont les bénéficiaires.
00:08:16Tandis que...
00:08:19celui-ci...
00:08:21est une confession.
00:08:26Il révèle...
00:08:29les circonstances...
00:08:32dans lesquelles...
00:08:37j'ai commis un crime.
00:08:38Oh, non !
00:08:40Mais si.
00:08:43Un crime...
00:08:46qui fut le tourment perpétuel de ma vie.
00:08:48Oh !
00:08:51J'avais 30 ans...
00:08:52et j'étais à Deauville...
00:08:54sur la plage...
00:08:55en quête d'une aventure, je ne vous le cacherai pas...
00:08:58lorsque la créature la plus aguichante...
00:09:01que j'ai vue...
00:09:02de ma vie...
00:09:04me passa brusquement sous le nez.
00:09:09Comme elle sentait bon.
00:09:13Or...
00:09:15un instant plus tard...
00:09:17je la vis qui se jetait à la mer...
00:09:18comme on se jette à l'eau...
00:09:19en désespoir de cause.
00:09:21Comme elle nageait bien.
00:09:24Et comme elle allait vite.
00:09:27Mais comme elle allait loin.
00:09:30Tellement loin que d'ailleurs...
00:09:31je m'en suis inquiété.
00:09:36Est-ce que cette jeune femme...
00:09:37ne commet pas une imprudence en ce moment ?
00:09:38Oui, si, monsieur, bien sûr.
00:09:40Elles sont toutes les mêmes.
00:09:42Et comment voulez-vous...
00:09:43leur faire entendre en raison ?
00:09:45Dès qu'elles se voient en maillot le bain...
00:09:47elles deviennent folles.
00:09:49Si encore elles faisaient ça...
00:09:50pour leur plaisir.
00:09:51Mais n'allez pas le croire...
00:09:52elles le font uniquement...
00:09:54pour épater ceux qui les regardent.
00:09:58Enfin, ça vous est agréable à vous...
00:10:00de la voir aller si loin ?
00:10:01J'aimerais bien mieux la voir de près.
00:10:03Hein ? Ah oui !
00:10:05Ça va s'en dire.
00:10:06Remarquez bien qu'elle n'est pas en danger de mort.
00:10:08Mais si elle avait un malaise...
00:10:09elle risquerait d'avoir un bon coup.
00:10:11Avant que j'aie pu la rejoindre...
00:10:13ce matin encore...
00:10:14j'en ai repêché une de bonne heure.
00:10:16Qui était allée trop loin aussi ?
00:10:17Non, non...
00:10:188 mètres du bord.
00:10:19Dès qu'elle a perdu pied...
00:10:20Elle a perdu la tête ?
00:10:21Elle a...
00:10:22elle a perdu la tête, oui.
00:10:23Ah oui, oui.
00:10:24J'ai rattrapé le corps.
00:10:25Si elle n'a pas crié ?
00:10:26Laquelle ?
00:10:27La mienne.
00:10:28Enfin, celle-là.
00:10:29Ah, je ne crois pas l'entendre.
00:10:31Oui, elle cherche ma place.
00:10:32Non, non.
00:10:33C'est elle, j'en suis sûr.
00:10:34Et elle agite maintenant les bras.
00:10:35Oh, la garce.
00:10:36Allons-y.
00:10:37Allez, Antonin, grouille-toi, Emile.
00:10:38Au canot.
00:10:39Ces femmes-là, voyez-vous...
00:10:40Elles risqueraient leur vie...
00:10:41pour qu'on s'occupe d'elles.
00:10:42Il nous a fallu...
00:10:43cinq grandes minutes...
00:10:45pour nous porter à son secours.
00:10:47Par bonheur...
00:10:49à aucun moment...
00:10:50nous n'avions perdu de vue...
00:10:51son petit bonnet blanc.
00:10:53La voilà maintenant...
00:10:56qui revenait vers nous.
00:10:58Alors...
00:10:59immédiatement...
00:11:01je me suis jeté à l'eau.
00:11:03Ce n'était pas nécessaire.
00:11:04Et d'autant moins d'ailleurs...
00:11:05que je ne sais pas très bien nager.
00:11:06Mais...
00:11:07je comptais sur elle...
00:11:08pour me tirer d'affaire...
00:11:09alors que je feignais...
00:11:10de lui sauver la vie.
00:11:12Exceptionnelle occasion...
00:11:13d'ailleurs la seule...
00:11:14où vous pouvez serrer...
00:11:15très fort entre vos bras...
00:11:17une inconnue quasiment nue...
00:11:18sans lui en demander la permission.
00:11:20Cette pensée me troublait...
00:11:21plus que je ne saurais le dire.
00:11:23Je lui avais crié...
00:11:24car il fallait crier...
00:11:25pour couvrir le bruit...
00:11:26que faisaient les vagues.
00:11:27Je lui avais crié...
00:11:28montez-moi sur le dos...
00:11:29prenez-moi par le cou...
00:11:30écartez bien les jambes.
00:11:31Et il m'apparaissait...
00:11:32que ses ordres formels...
00:11:33ne l'avaient pas contrarié.
00:11:36Trois jours plus tard...
00:11:38nous étions tous les deux...
00:11:39assis dans le canot.
00:11:41Vous m'avez fait une mort en peur vous.
00:11:42Tant mieux.
00:11:43Pourquoi tant mieux ?
00:11:44Parce qu'il me semble...
00:11:45que c'est platard.
00:11:46Est-ce que vous n'étiez pas...
00:11:47vous-même en état de panique ?
00:11:48Quand ça ?
00:11:49Quand vous avez crié.
00:11:50Je n'ai pas crié.
00:11:51Vous n'avez pas appelé au secours ?
00:11:52Mais jamais de la vie.
00:11:53Vous avez bien gesticulé pourtant.
00:11:55Oui.
00:11:56J'ai fait comme ça...
00:11:57avec la main pour dire bonjour.
00:11:58A qui ?
00:11:59A personne.
00:12:00Vous êtes jaloux.
00:12:01Donnez-moi le droit...
00:12:02et vous verrez.
00:12:03Mais quand vous êtes revenu...
00:12:04j'allais dire sur vos pas.
00:12:06J'en avais assez.
00:12:07Seulement quand je vous ai vu...
00:12:08vous jeter à l'eau...
00:12:09alors j'ai vu celle qui se noyait.
00:12:10Pourquoi ?
00:12:11Par politesse d'abord.
00:12:14Puis ça m'amusait.
00:12:15Qu'est-ce qui vous amusait ?
00:12:16La pensée d'être brutalisé un peu...
00:12:18par quelqu'un que je ne connaissais pas.
00:12:20Ça n'a pas manqué.
00:12:21Montez-moi sur le dos...
00:12:22prenez-moi par le cou...
00:12:24écartez bien les jambes.
00:12:26C'est rare...
00:12:27quelqu'un qu'on voit pour la première fois...
00:12:28qui vous demande des choses pareilles.
00:12:30Je vous scandalise en ce moment.
00:12:31Pas du tout.
00:12:32Alors vous me comprenez ?
00:12:34C'en est inquiétant.
00:12:35Vous inquiétez pas.
00:12:37Le comble évidemment...
00:12:38ce serait que vous...
00:12:39de votre côté...
00:12:40vous n'ayez pas cru un instant...
00:12:41que je me noyais.
00:12:43Enfin, ne demandons pas trop.
00:12:45Alors ça vous amusait...
00:12:46d'être brutalisé par quelqu'un...
00:12:47que vous ne connaissiez pas ?
00:12:49Vous êtes donc brutalisé...
00:12:50par quelqu'un que vous connaissez ?
00:12:55Un bleu...
00:12:56deux bleus...
00:12:57trois bleus ?
00:12:59Vous aimez peut-être ça ?
00:13:01Vous n'avez pas froid ?
00:13:03Vous n'allez pas me mettre...
00:13:04votre maillot de bain sur les épaules ?
00:13:05Non, mais sans plaisanter...
00:13:06vous devriez retirer le vôtre...
00:13:07pour que le soleil vous réchauffe.
00:13:09Chiche !
00:13:10Nous serions seuls...
00:13:11vous le feriez ?
00:13:12Sûrement pas.
00:13:13Je vais le prendre tout de suite.
00:13:15Qui êtes-vous ?
00:13:16Vous le verrez bien.
00:13:18Quoi, je vous reverrai ?
00:13:19Pourquoi non pas ?
00:13:20Vous êtes actrice ?
00:13:21Oh, pas du tout.
00:13:22Mais...
00:13:23comédienne ?
00:13:24Evidemment.
00:13:25Moi, qu'est-ce que je suis ?
00:13:30Poisson.
00:13:31Comment, poisson ?
00:13:32Dames, je vous ai rencontrées dans l'eau.
00:13:34D'ailleurs, à nos âges...
00:13:35on n'est ni filles, ni ça.
00:13:36On a 20 ans...
00:13:37ou 25 ans.
00:13:39C'est une espèce de profession.
00:13:40Et en tout cas...
00:13:41c'est tout un art.
00:13:43Nous approchons.
00:13:45Où habitez-vous ?
00:13:47Cherchez.
00:14:01Nous arrivons.
00:14:02Déjà ?
00:14:04Je n'étais pas allée assez loin.
00:14:07Vous ne voulez pas me dire...
00:14:08à quel hôtel vous êtes descendue ?
00:14:09Ah, non, ce serait trop facile.
00:14:11J'attache de l'importance...
00:14:12à notre seconde rencontre.
00:14:14J'aimerais que nous n'y soyons pour rien.
00:14:16Ni vous, ni moi.
00:14:20C'est la dernière fois que je vous parle.
00:14:22Je ne sais pas...
00:14:23si je peux vous dire quelque chose.
00:14:25Je ne sais pas...
00:14:26si je peux vous dire quelque chose.
00:14:28Je ne sais pas...
00:14:29si je peux vous dire quelque chose.
00:14:31Oui, en somme...
00:14:32on s'amusait à se faire croire...
00:14:33qu'on était devenus amoureux...
00:14:34fous l'un de l'autre.
00:14:36Jeu délicieux...
00:14:37qui peut vous mener loin...
00:14:38quand les circonstances s'en mêlent.
00:14:41Je trouvais l'idée ravissante...
00:14:42de confier au destin...
00:14:43le sort de nos amours.
00:14:45Mais n'empêche...
00:14:46qu'une demi-heure plus tard...
00:14:47rentrée à mon hôtel...
00:14:48je plaçais mes batteries...
00:14:49et je tirais des plans...
00:14:50pour remettre la main...
00:14:51sur ma jolie baigneuse...
00:14:52avant la fin du jour.
00:14:54Sans forcer le destin...
00:14:55nous pouvons lui faciliter la tâche...
00:14:56tout de même.
00:15:00Allô ?
00:15:02Voulez-vous demander...
00:15:03je vous prie...
00:15:04au chef de réception...
00:15:05de bien vouloir venir...
00:15:06à ma chambre un instant ?
00:15:08Merci mademoiselle.
00:15:12J'avais dressé la liste...
00:15:13de tous les hôtels de Deauville...
00:15:14du palace le plus luxueux...
00:15:15à la plus modeste pension de famille.
00:15:18Mais ce système...
00:15:19en soi n'avait rien d'infaillible...
00:15:20car si cette jeune personne...
00:15:21était de condition modeste...
00:15:22elle pouvait se trouver justement...
00:15:24dans le plus luxueux des palaces...
00:15:26en qualité...
00:15:27de dactylo...
00:15:28ou d'employé au téléphone.
00:15:33Entrez.
00:15:36Je vous remercie...
00:15:37de vous être dérangé monsieur.
00:15:38J'ai une question à vous poser.
00:15:39Je vous en prie monsieur.
00:15:40Avez-vous entendu parler...
00:15:41d'une dame...
00:15:42qui a failli se noyer ce matin...
00:15:44et qu'un baigneur a sauvé ?
00:15:46Oui.
00:15:47Non ?
00:15:48Si.
00:15:49On me l'a touché du mou.
00:15:50Attendez donc...
00:15:51j'en reviens tout de suite.
00:15:53Ça serait trop beau alors.
00:15:55Gustave...
00:15:56appelez-moi dans le berline.
00:15:57Oui monsieur.
00:15:58Albertine !
00:15:59Qu'est-ce qu'il y a ?
00:16:00On vous demande.
00:16:01Elle vient tout de suite.
00:16:05Monsieur.
00:16:06Est-ce que c'est vous...
00:16:07qui avez failli se noyer ce matin ?
00:16:08Oui monsieur.
00:16:09Venez avec moi.
00:16:12Elle est là.
00:16:13Qui ?
00:16:14Votre baigneuse.
00:16:15Oh non.
00:16:16Si, elle vient me le dire.
00:16:17Elle peut entrer.
00:16:18Bon, je pense bien.
00:16:23Ah non.
00:16:24Non.
00:16:26Non, ce n'est pas ça.
00:16:27Elle a pourtant failli se noyer.
00:16:29Je ne vous dis pas le contraire...
00:16:30mais ce n'est pas ma noyée à moi.
00:16:32Excusez-moi mademoiselle.
00:16:33Mais monsieur, je vous en prie.
00:16:41Si vous aviez vu l'autre...
00:16:43elle était mieux encore.
00:16:45Est-ce que c'est une dame seule la vôtre ?
00:16:47C'est l'impression qu'elle m'a faite, je dois dire.
00:16:49Alors en tout cas...
00:16:50elle n'est pas dans l'hôtel.
00:16:51Car je constatais justement hier au soir...
00:16:53qu'en dehors de vous...
00:16:54nous n'avions en ce moment uniquement des couples.
00:16:56D'ailleurs, nous ne sommes pas un hôtel pour femmes seules.
00:16:59Alors, cherchons ailleurs.
00:17:01Je crois que ça vaudrait mieux, monsieur.
00:17:03Monsieur.
00:17:08De 11h30 à 1h15...
00:17:10j'ai sillonné Deauville dans toutes les directions.
00:17:20Je suis passé devant toutes les terrasses de cafés...
00:17:23et j'ai eu l'impression...
00:17:25qu'il y avait quelqu'un qui m'attendait.
00:17:27Je me suis dit...
00:17:28qu'il y avait quelqu'un qui m'attendait.
00:17:30Je me suis dit...
00:17:31qu'il y avait quelqu'un qui m'attendait.
00:17:33Je me suis dit...
00:17:34qu'il y avait quelqu'un qui m'attendait.
00:17:36Je me suis dit...
00:17:37qu'il y avait quelqu'un qui m'attendait.
00:17:39Je me suis dit...
00:17:40qu'il y avait quelqu'un qui m'attendait.
00:17:42Je me suis dit...
00:17:43qu'il y avait quelqu'un qui m'attendait.
00:17:45Je me suis dit...
00:17:46qu'il y avait quelqu'un qui m'attendait.
00:17:48Je me suis passé devant toutes les terrasses de cafés...
00:17:57devant tous les hôtels.
00:18:18Je suis entré dans tous les bars.
00:18:48...
00:19:16Personne...
00:19:17ou plus exactement...
00:19:18elle, nulle part.
00:19:37Puis je revins à mon hôtel.
00:19:39Là m'attendait une surprise désagréable.
00:19:42Avez-vous trouvé la personne que vous cherchiez?
00:19:44Non, malheureusement.
00:19:45Cette dame était blonde.
00:19:47Elle avait un bonnet de bain.
00:20:02C'était dans l'ascenseur...
00:20:03que cette surprise désagréable m'attendait.
00:20:06Non.
00:20:07Toi?
00:20:09Par exemple.
00:20:10Quelle surprise!
00:20:11C'est justement ce que je me disais.
00:20:13Mais il y a des années qu'on s'était vus.
00:20:15Au moins cinq ans.
00:20:17Alors, ça va la vie?
00:20:18Ça va pas mal.
00:20:20J'ai lu dans le journal que ton père était mort.
00:20:22Oui, ça va faire un an.
00:20:23Oui?
00:20:24Mais non, t'as pas du t'endetter.
00:20:26T'as des frères, des sœurs?
00:20:27Non.
00:20:29Alors, t'es marié?
00:20:30Pas encore.
00:20:31Fiancé?
00:20:33Peut-être, depuis ce matin.
00:20:35Alors, méfie-toi du mariage.
00:20:36Ou fais comme moi.
00:20:37Interdis-toi d'être jaloux.
00:20:38Et ne prends pas ta femme trop au sérieux.
00:20:41Faut avouer qu'elles sont interchangeables.
00:20:44C'est toujours agréable d'entendre ces choses-là.
00:20:46Non, madame, nous parlons des femmes.
00:20:48Nous avons des taffes.
00:20:50A quel état sommes-nous?
00:20:51Au cinquième.
00:20:52Nous sommes montés beaucoup trop.
00:20:53En tout cas, j'habite le deuxième.
00:20:54Et toi?
00:20:55Moi, le premier.
00:20:56Si ce monsieur le désire, je l'ai.
00:20:57Non, je n'aime pas descendre l'ascenseur.
00:20:59Et moi, je n'aimais pas cette rencontre.
00:21:01Parce que j'ai toujours détesté ce garçon.
00:21:04Nous étions ensemble au collège
00:21:05et son unique plaisir, alors, était de me terroriser.
00:21:07Et je dois ajouter, d'ailleurs, qu'il me terrorisait.
00:21:10La vie, heureusement, nous avait séparés.
00:21:12Tu sais, tu n'as pas changé.
00:21:14Ni toi non plus.
00:21:16Tu te rappelles quand, brusquement, je te faisais...
00:21:19Oui, oui.
00:21:21Maintenant, tu n'as plus peur.
00:21:23Et je venais encore d'avoir peur.
00:21:26Si je te menaçais constamment,
00:21:27avoue que je ne t'ai jamais frappé.
00:21:30Non.
00:21:31Non, c'est vrai.
00:21:32Jamais.
00:21:34Mais j'imagine qu'une gifle encaissée autrefois
00:21:36s'oublie plus facilement que la menace d'un coup de poing
00:21:38qu'on n'a jamais reçue.
00:21:43Oui, c'est moi.
00:21:44Au revoir, Alder.
00:21:45Ah, non, non, non.
00:21:46Rentre avec moi.
00:21:47Pourquoi?
00:21:48Je vais te présenter à ma femme.
00:21:49Je lui ai souvent parlé de toi.
00:21:50Ça va amuser de te connaître.
00:21:51C'est possible, mais on m'attend.
00:21:52Oh, tu t'en donneras une minute de plus.
00:21:54On est en vie bourrée.
00:21:57C'est joli.
00:21:58C'est une histoire.
00:21:59Oui.
00:22:01Non, excuse-moi.
00:22:03Retignole, viens une seconde, petit.
00:22:06Ah, je te préviens que tu vas voir une petite bourgeoise
00:22:09que je n'arrive pas à décourtir,
00:22:11qui est la droite pure personnifiée,
00:22:13mais qui, en prenant le mariage, continue à me dire vous
00:22:15pour se persuader qu'elle est une femme du monde.
00:22:18Non, merdeuse, quoi.
00:22:20Enfin, à peu près le contraire de ce qu'il m'aurait fallu.
00:22:22Mais ça, ça, je m'en suis aperçu un an après le mariage.
00:22:26Tu m'permets?
00:22:29Allô?
00:22:30Apportez-nous trois whisky au 83.
00:22:32Chéri, je te présente mon ami, Philippe Dartois,
00:22:35ce camarade de collège dont j'ai souvent parlé,
00:22:37qui était mon souffre-douleur, que je terrifiais.
00:22:40Comme vous me terrifiez moi-même.
00:22:42Oh.
00:22:43Comme vous terrifiez tout le monde, d'ailleurs.
00:22:45Vos fournisseurs, vos domestiques, vos amis.
00:22:49Oh.
00:22:51Bien, d'accord.
00:22:53Qu'est-ce que vous avez?
00:22:54J'ai peur, monsieur.
00:22:55Peur de qui?
00:22:56De vous, monsieur.
00:22:57Quand vous me sonnez, déjà mes mains se mettent à trembler.
00:23:00C'est pas une vie, ça.
00:23:01Et je lui ai demandé qu'on me change d'étage.
00:23:03Ils en ont un au quatrième qui ferait tout à fait l'affaire.
00:23:05C'est un ancien catcheur.
00:23:08C'est incroyable.
00:23:10Ah.
00:23:12Une cigarette?
00:23:14Pendant toute cette scène, et au moment de la présentation surtout,
00:23:17nous avons été admirables, elle et moi.
00:23:19Rien ne pouvait laisser supposer que trois heures auparavant,
00:23:22je l'avais tenu dans mes bras en lui sauvant la vie.
00:23:34Allô, oui?
00:23:35Le fait de ne nous être trahis ni l'un ni l'autre
00:23:37était d'une importance extrême pour l'avenir.
00:23:41Je vous écoute, je vous écoute.
00:23:42Car dès l'instant que nous nous étions trouvés face à face...
00:23:45Jamais de la vie.
00:23:46Nous nous étions mis d'accord sur ce point essentiel,
00:23:49la baignade de ce matin n'avait pas eu lieu.
00:23:51Nous ne nous étions jamais vus encore.
00:23:54Lisez-moi sa lettre.
00:23:55Notre aventure à trois venait de commencer par un mensonge à deux,
00:23:58et voilà un homme qui, sans être cocu encore, était déjà trompé.
00:24:02C'est presque une lettre de chantage.
00:24:03Un tel accord tacite, une telle hypocrisie me paraissait de bonne augure.
00:24:09Vous êtes pour longtemps à Deauville, monsieur?
00:24:11Je suis aux ordres du destin, madame.
00:24:14Je pars d'ici demain matin.
00:24:15Je vous attendrai donc demain soir à Paris vers 11 heures chez moi.
00:24:1817, avenue Jean Cocteau.
00:24:20Et tandis que je la revoyais dans son maillot de bain,
00:24:23elle s'amusait à me retirer un à un mes vêtements.
00:24:27Puisque je vous dis que c'est entendu.
00:24:29Comptez sur moi.
00:24:32Ah! Est-ce que tu as toujours peur des souris?
00:24:35Ah! Il faut vous dire, madame,
00:24:37que l'une des distractions favorites de votre mari quand nous étions au collège
00:24:41consistait à me mettre des souris dans mon lit.
00:24:43Il fallait t'entendre les cris qu'il poussait quand il lui filait dans les pattes.
00:24:47J'ai jamais vu un type plus froussard que toi.
00:24:49Je pense qu'on peut très bien avoir peur d'une souris
00:24:51et être parfaitement capable d'un acte de courage.
00:24:55Qu'est-ce qui te fait dire ça?
00:24:57Rien ne me le fait dire.
00:24:59Je le pense.
00:25:01Elle venait d'être mal à droite et tout de suite j'ai pris congé.
00:25:08Au revoir, mon vieux.
00:25:10Content de t'avoir vue.
00:25:12Et bonne chance.
00:25:14Tu sais pourquoi je lui dis bonne chance?
00:25:16Parce que je me suis fiancé, figure-toi.
00:25:19Parfaitement.
00:25:21Au revoir.
00:25:28Jaloux, tiens, tiens.
00:25:31Le châtiment commence.
00:25:36Dis, c'est vrai que toi tu ignores que je terrorise?
00:25:38Il y a des raisons pour ça.
00:25:40Tu sais qu'il y a deux robes du soir qu'il ne m'est pas possible de mettre en ce moment
00:25:43à cause des blocs que tu m'as fait.
00:25:45Deux au bras gauche et un au bras droit.
00:25:48J'en suis bavré, mon petit chéri.
00:25:50Non, ça y est, encore un.
00:25:54Non!
00:25:56Convaincu que Madeleine n'aimait pas son mari,
00:25:58je m'étais persuadé qu'elle serait ma maîtresse à la première occasion.
00:26:01Cette occasion s'est présentée le lendemain
00:26:03puisque Jean était parti le matin même pour Paris.
00:26:13Je vous l'ai dit hier quand vous m'avez appelé à Deauville.
00:26:16Et je n'ai pas deux paroles, mon vieux, vous le savez.
00:26:20Une heure.
00:26:21Un peu tard pour lui téléphoner.
00:26:23Elle s'endormira.
00:26:25Comme on peut t'aimer vite.
00:26:28Oui, quand ça doit durer longtemps.
00:26:31Ou quand ça doit finir tout de suite.
00:26:33Est-ce que vous retournez encore samedi à Deauville?
00:26:36Oui, pour la dernière fois.
00:26:38Et d'aujourd'hui en huit, nous rentrerons définitivement.
00:26:42Allô?
00:26:44Allô?
00:26:45Le Normandie à Deauville?
00:26:46Allô, oui.
00:26:47Passez-moi l'appartement 83, s'il vous plaît.
00:26:49Tout de suite, monsieur.
00:26:54Tu ne t'es pas trompé.
00:26:55Mais non, je sais ce que je fais.
00:26:58La dame du 43 est de 88
00:27:00et la jeune femme de 117 est descendue passer la nuit en 68.
00:27:03Pourquoi m'a-t-elle dit ça?
00:27:04Faut que tu en prennes note.
00:27:06Parce qu'à partir du 1er septembre,
00:27:08ces messieurs ne viennent plus ici que du samedi au lundi.
00:27:10Ce qui fait que pendant la semaine,
00:27:12il y a certaines de ces dames qui voyagent dans l'hôtel.
00:27:14Pour simplifier les choses,
00:27:15vaut mieux leur passer les communications à l'endroit où elles sont.
00:27:19La dame du 83, elle est une femme sérieuse.
00:27:22Elle m'a dit qu'elle passerait la nuit au 22.
00:27:24Voilà pourquoi j'ai sonné le 22.
00:27:26Quand on t'a demandé le 83,
00:27:28tu as enfin compris.
00:27:30Mais bien sûr que vous m'avez...
00:27:32Vous auriez vraiment pu m'appeler avant minuit.
00:27:34Non, je...
00:27:35Je voulais simplement vous dire bonsoir.
00:27:37Vous êtes bien gracieux et je vous en remercie.
00:27:40A demain.
00:27:44Ah, ce que ça fait d'être un bon noir pur, c'est fou.
00:27:47C'était pas comme ça avant mon mariage.
00:27:49C'est lui qui m'a rendu menteuse.
00:27:53Laissez-moi d'abord la remercier.
00:28:00Merci, mademoiselle.
00:28:09Allô?
00:28:10Allô, oui, nous avons été coupés avec Deauville.
00:28:14Oui, redonnez-moi le Normandie, merci.
00:28:17Tout de suite, monsieur, tout de suite.
00:28:20Oh, crotte.
00:28:23Non, non, ne réponds pas.
00:28:24C'est peut-être lui qui me redemande.
00:28:26Oui, mais si il me demande moi
00:28:27et si c'est toi qui lui réponds, catastrophe.
00:28:28Laisse-moi faire.
00:28:33Allô?
00:28:37C'est toi, Philippe?
00:28:38Oui, c'est moi.
00:28:40Qui me demande?
00:28:46Et c'est inouï de penser
00:28:48qu'un bel homme comme lui,
00:28:50grand, fort,
00:28:51et mis au monde pour être l'amant des femmes,
00:28:54devient soudainement une espèce de cocu
00:28:57parce qu'une petite garce le trompe.
00:29:00Le mot garce m'a échappé
00:29:02et j'en demande pardon à toutes les femmes infidèles.
00:29:05Alors, monsieur, ce contrat,
00:29:07on le signe ou on le signe pas?
00:29:09On le signe.
00:29:14Tenez, là.
00:29:18Et là.
00:29:24Et là.
00:29:30Voilà.
00:29:32Vous savez, Macky,
00:29:34vous êtes en train de faire
00:29:35la plus belle affaire de votre vie.
00:29:39Oui, parce que c'est une affaire propre
00:29:42et sans traquenard aucun.
00:29:49Walter.
00:29:50Oui?
00:29:51Est-ce que je peux vous demander quelque chose?
00:29:53S'il vous plaît.
00:29:55Qu'est-ce que vous avez écrit
00:29:56sur la chemise dans laquelle vous avez glissé notre contrat?
00:29:59Qu'est-ce que ça peut bien vous faire?
00:30:01Ça m'amuse.
00:30:04Et qu'est-ce que j'ai bien pu écrire?
00:30:07Affaire Macky?
00:30:08Non.
00:30:09Contrat Macky?
00:30:11Non.
00:30:12Qu'est-ce que j'ai bien pu écrire?
00:30:15Affaire Macky?
00:30:16Non.
00:30:17C'est une précaution que j'ai prise.
00:30:22Prends ça, Macky.
00:30:25C'est toujours à craindre.
00:30:28Eh bien, figurez-vous qu'à dater de ce jour
00:30:30et rentrer à Paris,
00:30:32non content de trahir la confiance de cet homme,
00:30:35nous avons pris goût à toutes les difficultés,
00:30:37à toutes les complications,
00:30:38à tous les dangers dont un tel comportement s'accompagne.
00:30:42Nous en inventions même
00:30:43comme pour mieux nous venger de cette peur qu'il nous faisait.
00:30:47Tous les salons particuliers de tous les restaurants de Paris
00:30:50nous ont vu faire l'amour.
00:31:02J'aurais dû commander deux caillis sur canapé.
00:31:05Et ne parlons pas des hôtels
00:31:06où l'on veut bien se contenter d'un passeport pour deux.
00:31:09Nous avions tellement l'air de ne venir que pour ça.
00:31:12Et ma voiture étant voyante,
00:31:14nous avions fini par connaître
00:31:15la plupart des chauffeurs de taxi de la capitale.
00:31:18Non, pas aujourd'hui, merci.
00:31:21Pour moi, ce nouveau vélo
00:31:22ne devait pas nous pousser à la vente.
00:31:25Je suis un homme qui est un homme.
00:31:27Et je suis un homme qui est un homme.
00:31:34André Lambert.
00:31:37Directeur-directeur de la résidence.
00:31:39Un documentaire intitulé
00:31:40Non, pas aujourd'hui, merci.
00:31:46Oh non, merci, pas aujourd'hui.
00:31:53Non, pas aujourd'hui, merci.
00:31:56Je dois vous dire qu'entre-temps nous étions devenus intimes, Jean, Madeleine et moi.
00:32:00Et Jean semblait s'accommoder fort bien de ce ménage à trois.
00:32:03Ce qui ne laissait pas que de me surprendre, donc de m'inquiéter.
00:32:06Oui, car enfin, est-ce que ce n'était pas un piège qu'il nous tendait ?
00:32:10Quant à Madeleine, depuis que Jean était cocu, elle avait renoncé à le vouvoyer.
00:32:14Elle avait peur de se tromper.
00:32:20Donc, nous ne nous cachions pas seulement pour notre plaisir, nous le faisions aussi par précaution.
00:32:25À cet égard, il m'arrivait d'avoir des idées que nous trouvions originales.
00:32:28Et nous nous sommes fait enfermer, un soir où Jean était parti pour Chartres, chez un grand fabricant de lits.
00:32:35Nous en avions 32 à notre disposition.
00:32:40J'eus même un jour une idée insensée.
00:32:42J'avais soudoyé un employé de la STRMBCLMCKLG,
00:32:47qui voulut bien nous autoriser à passer deux heures dans un wagon-sleeping qui se trouvait sur une voie de garage.
00:33:06Folie qu'il ne manquait pas d'ailleurs d'un certain charme auquel elle fut sensible.
00:33:10Sleeping, ça voulait dire voyage, voyage, ça évoquait tout de suite l'Italie, Florence, Rome, Naples, Palerme.
00:33:18Plaisanterie cependant qui faillit mal tourner car au milieu de nos ébats,
00:33:22des gens sont venus chercher le wagon parce qu'il en manquait un au rapide de Belgrade.
00:33:26Puis, du jour au lendemain, l'attitude de Jean changea.
00:33:31Du jour au lendemain, l'attitude de Jean changea.
00:33:35Peux-tu que nous fassions une bonne note tous les trois?
00:33:37Non, non, non, je te remercie bien.
00:33:40Avait-il appris quelque chose ou bien devinait-il qu'entre Madeleine et moi...
00:33:46Et si nous allions prendre un verre au Columbia?
00:33:49Non, je préfère ne pas me coucher trop tard.
00:33:54Vous voyez venir le drame?
00:33:56Oui, oui, oui, je le vois venir et cela m'intéresse.
00:33:58Je dirais même plus, ça m'amuse.
00:34:00Il n'y a qu'en littérature ou au théâtre ou sur l'écran que les drames sont émouvants.
00:34:03C'est-à-dire aussitôt qu'ils sont inventés.
00:34:05Mais les drames réels ne font jamais pleurer personne que les intéressés et encore pas toujours.
00:34:10On ne voit jamais quelqu'un qui pleure en lisant les journaux qui sont pourtant remplis de crimes.
00:34:14Mais dans une salle de cinéma, ils chialent tous pour plus que Jean Gabin tue Daniel Delorme.
00:34:18Alors qu'il n'en est rien.
00:34:20Heureusement d'ailleurs.
00:34:21Mais vous disiez pardon.
00:34:23Je vous disais que vint enfin le jour fatal.
00:34:26L'idée venait de Madeleine.
00:34:28Nous avions décidé de nous rencontrer chez elle.
00:34:31Dans leur maison particulière.
00:34:33Tu ne veux pas être gentil, range-moi mon autre cravate, s'il te plaît.
00:34:40Je veux regarder l'heure.
00:34:42Il est dix heures, il faut que je file.
00:34:44Je te préviens que je ne serai pas rentrée avant une heure.
00:34:46Tiens.
00:34:47Alors sois gentil, ne me réveille pas.
00:34:49J'ai l'intention de prendre quelque chose pour dormir.
00:34:51Si tu me réveilles, ma nuit est fichue.
00:34:52Je te promets d'y faire attention.
00:34:54Et je te dis à demain, mon chéri.
00:34:55A demain. Amuse-toi bien.
00:34:58Amuser, c'est peu probable.
00:34:59Mais enfin, il y a des choses qu'on est obligé de faire.
00:35:07Pourquoi tu me regardes comme ça ?
00:35:11Pour rien.
00:35:12A demain.
00:35:27A demain.
00:35:57A demain.
00:35:58A demain.
00:36:28Madame Assenay ?
00:36:29Oui. Bonsoir Evelyne, à demain.
00:36:31Madame n'a plus besoin de rien.
00:36:32Bon, merci.
00:36:58Dix minutes plus tard, j'étais sous ses fenêtres
00:37:00et je faisais le signal qu'on venait entre elle et moi.
00:37:27Bonsoir.
00:37:58Je t'adore.
00:38:00Oh, mais tu as des gants !
00:38:01Dieu me pardonne, pourquoi as-tu mis des gants ?
00:38:04J'en fais une question d'empreinte digitale, tu vois ?
00:38:06D'empreinte digitale ?
00:38:07Oui. Je me méfie de Jean ce soir.
00:38:09Je l'observe depuis quelques jours et...
00:38:11j'ai l'impression qu'il nous prépare un mauvais coup.
00:38:13Oh, tu plaisantes.
00:38:14Oh, je ne plaisante pas du tout.
00:38:15Tiens.
00:38:16La preuve.
00:38:17Oh.
00:38:18Mon chéri, si tu es sérieux, tu aurais dû m'en parler.
00:38:20Dans ces conditions, il vaut peut-être mieux que tu t'en ailles.
00:38:22Non, pas en question !
00:38:23Je sais que je ne veux pas être privé de toi.
00:38:24Non, non, non.
00:38:25Mais tu ne peux pourtant pas faire l'amour avec des gants.
00:38:27Avec le gauche, en tout cas.
00:38:28Non, mais avec l'autre aussi.
00:38:29Je préfère dans le cas où j'aurai à me servir de mon...
00:38:32Tu vois ?
00:38:36Oh, mon Dieu, l'auto de Jean !
00:38:37L'auto de Jean ?
00:38:38Oui, l'auto de Jean !
00:38:40Sous toi, par la fenêtre, vite !
00:38:43Heureusement que tu as vite repensé.
00:38:49Non, je vais faire mieux que ça.
00:38:55Non, non, non !
00:39:08Eh, Philippe d'Artois, c'est lui ?
00:39:10C'est lui !
00:39:11Salaud !
00:39:12Salaud !
00:39:14Il ne paye rien pour attendre !
00:39:18Quant à toi, petite saloperie.
00:39:20Non !
00:39:21Tu ne l'attendras pas.
00:39:22Non, c'est pas vrai !
00:39:23Salaud !
00:39:24Je crois qu'il y a quelqu'un qui m'a attiré.
00:39:26Non !
00:39:37Prends les mains !
00:39:40Tu ne retournes pas ou tu es morte !
00:39:51Prends les mains !
00:39:52Oh, merde !
00:39:54Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
00:39:55Je n'en sais rien.
00:39:56Vous n'en savez rien ?
00:39:57Ben non, parole, j'étais dans la pièce à côté en train de cambrioler bien gentiment.
00:40:00Bien gentiment ?
00:40:01Enfin, je veux dire, sans mauvaise pensée.
00:40:02Vous étiez armé tout de même ?
00:40:03Non, monsieur, ce revolver n'est pas à moi.
00:40:05Et qui est-il ?
00:40:06Je n'en sais rien.
00:40:07Vous m'êtes tout de même de vous en servir.
00:40:08Non, monsieur, c'est quelqu'un qui était derrière moi qui s'en est servi, qui a glissé le revolver dans ma poche et qui a sauté par la fenêtre.
00:40:13Ah, vous foutez du monde, en plus !
00:40:14Mais non, monsieur, il n'a pas...
00:40:15Oui, allez, ça va, ça va.
00:40:16Enfin, écoutez, laissez-moi vous expliquer, monsieur.
00:40:18Ben, elle est où, celle-là ?
00:40:20Tire pas, elle m'arrive pas.
00:40:22On voudrait rester ici.
00:40:24Ne toucher surtout à rien et ne laisser entrer personne.
00:40:27Les constatations auront lieu plus tard.
00:40:29Tiens, tiens, tiens, tiens.
00:40:31Quoi donc ?
00:40:32Non, non, rien, rien, rien.
00:40:34Ça m'intéresse.
00:40:36Continuez, continuez.
00:40:38Qu'étais-je devenu pendant ce temps-là ?
00:40:40Eh bien, tandis que j'escaladais la fenêtre et que j'enfermais les volets,
00:40:43je n'ai vu personne et, par bonheur, personne ne m'a vu.
00:40:46Alors, j'ai couru, j'ai sauté au volant de ma voiture
00:40:48et je suis parti droit devant moi, brûlant tous les feux rouges à une vitesse folle.
00:40:52Et finalement, je suis sorti de Paris par la porte d'Italie.
00:40:55À 18 km de Fontainebleau, pris d'un remord soudain, j'ai voulu faire demi-tour.
00:41:00Je bloquais les freins et, faisant un tête-à-queue complet,
00:41:03je m'écrasais contre un platan.
00:41:08À partir de ce moment, je ne me souviens plus que de ce qui m'a été raconté par la suite.
00:41:13Je suis revenu à moi dans une clinique à Fontainebleau.
00:41:18J'étais blessé au front et la commotion avait été si forte que j'étais tombé dans le coma.
00:41:24Sorti de ce coma, je me remémorais le drame que je venais de vivre.
00:41:28Mais c'est avec une extrême prudence que je répondais aux questions qui m'étaient posées.
00:41:32Ainsi, la position qu'occupait ma voiture me permit de déclarer que je venais de Fontainebleau.
00:41:37Mais quand on me demanda de quel endroit je venais,
00:41:41je répondis que je sortais de chez Albertine
00:41:44et tombais par hasard sur une maison publique que l'on appelle ainsi.
00:41:47Cela fit très bon effet.
00:41:49Je veux dire par là que cela cloua le bec à tous mes questionneurs.
00:42:07Mademoiselle, si vous avez besoin de moi, je suis à côté.
00:42:32Bonjour.
00:42:33Bonjour.
00:42:34Bonjour.
00:42:35Bonjour.
00:42:39On vous la porte tout de suite.
00:42:40Merci.
00:42:42Après une nuit de tourments, de cauchemars et d'angoisse,
00:42:46on voulait bien me donner un journal du matin.
00:42:48Voilà, monsieur.
00:42:50Merci.
00:42:54Il relatait en détail le crime de la veille.
00:42:58Double assassinat dans le 16e arrondissement.
00:43:00Un immonde individu, cambrioleur de profession,
00:43:03a été pris sur le fait, l'arme à la main,
00:43:06alors qu'il venait d'étrangler Madame Walter Ferrand
00:43:09après avoir tué son mari d'un coup de revolver.
00:43:16À cette minute même,
00:43:18je tombais dans un second coma
00:43:20provoqué par une hémorragie méningée.
00:43:30J'ai dû subir une intervention immédiate
00:43:33et c'est à mon réveil que commença mon drame personnel.
00:43:56Le voilà déjà qui s'éveille.
00:44:00C'est lui.
00:44:19Je...
00:44:21Je voudrais une glace.
00:44:23À la vanille ?
00:44:25Non.
00:44:26À miroir.
00:44:31Non.
00:44:37J'étais moi-même encore
00:44:39et déjà quelqu'un d'autre,
00:44:41quelqu'un dont j'entendais la respiration.
00:44:44Vous voulez quelque chose ?
00:44:47Oui.
00:44:48Une glace.
00:44:50Non.
00:44:52À la vanille.
00:45:01Je me sentais devenir bizarre
00:45:02et ça allait s'aggraver par la suite.
00:45:07On le comprit si bien autour de moi
00:45:08qu'à peine rétabli,
00:45:10on m'envoyait dans une maison de repos en Suisse
00:45:12où je passais quatre longs mois.
00:45:14Maison de repos, c'est bien vite dit
00:45:16car c'était une maison de piquets, ni plus ni moins.
00:45:20Pauvre petite Madeleine.
00:45:22Je m'appliquais à l'oublier
00:45:25et à force de volonté d'ailleurs, j'y parvenais.
00:45:27Entrez.
00:45:29Je reçus un matin la visite du directeur.
00:45:38Pourquoi ne prenez-vous pas vos repas
00:45:40dans la salle à manger avec les autres pensionnaires ?
00:45:43Vous savez que ce sont des gens très doux,
00:45:45très bien élevés, très aimables.
00:45:46Et cela vous distrairait, croyez-vous.
00:45:48Bon, j'en suis sûr.
00:45:50Songez à la monotonie.
00:45:51Des gens normaux et raisonnables
00:45:53comparés à la diversité des louvetailles.
00:45:57Il n'y en a pas deux pareilles.
00:45:59Venez.
00:46:00Essayez de vous réunir
00:46:02pour gens normaux.
00:46:03Au bout de huit jours, il deviendrait fou.
00:46:27Je vous en prie.
00:46:51Docteur,
00:46:53il m'apparaît que
00:46:54la dame qui est en face de moi
00:46:56s'appelait Deleuil.
00:46:58Oui.
00:46:59Et dans un instant, ce sera votre tour.
00:47:01Car cette charmante personne est atteinte
00:47:03de lubricité.
00:47:05Et vous pensez pouvoir la guérir ?
00:47:07Je suis persuadé.
00:47:08Mais de quelle façon ?
00:47:09En la satisfaisant.
00:47:10Ah, oui.
00:47:11Il y a dans ce but un homme
00:47:13spécialement attaché à l'établissement.
00:47:15Le voici, d'ailleurs.
00:47:16Au fond.
00:47:17Oh, là.
00:47:18Ah, oui.
00:47:22Que fait-il...
00:47:23celui-là
00:47:24qui dérange constamment ses couverts ?
00:47:26C'est un homme qui s'est ruiné aux échecs,
00:47:28qui ne s'en est jamais remis
00:47:29et qui continue l'assemblement
00:47:31en une partie qu'il imagine
00:47:32et dans laquelle
00:47:33tous les objets
00:47:34qui lui tombent sous la main
00:47:35jouent un rôle.
00:47:36Le carafe de vin, c'est la reine.
00:47:38Le son vert, c'est le roi.
00:47:40Le sel et le poivre,
00:47:41ce sont les deux tours.
00:47:42Et les pions
00:47:43sont figurés par des morceaux de sucre.
00:47:47Et vous parvenez
00:47:48à les guérir de leur manie,
00:47:49tous ces gens-là ?
00:47:50Oui, nous y parviendrions
00:47:52avec beaucoup de patience,
00:47:53mais nous n'y tenons pas toujours.
00:47:55Ah, ah.
00:47:56Ben, non.
00:47:57Car leur manie,
00:47:58lorsqu'elle reste inoffensive,
00:48:00ne sont-elles pas
00:48:01le plus claires de leurs joints
00:48:02en ce monde ?
00:48:03Non, non.
00:48:06La grande belle-femme
00:48:07qui est près du barbu.
00:48:10Ah, ça, c'est...
00:48:11c'est la princesse Doischenko.
00:48:13Domestique.
00:48:14Madame.
00:48:15Pourquoi suis-je traitée
00:48:16avec tant de mépris ?
00:48:17Pourquoi n'ai-je pas de couverts
00:48:18à ma place
00:48:19ainsi que tous les autres piqués ?
00:48:21Pardon, princesse.
00:48:23Qu'est-ce qu'elle raconte ?
00:48:24Il y a un instant,
00:48:25je l'ai vu qui tripotait son couteau,
00:48:26sa fourchette et sa cuillère.
00:48:27C'est une menteuse ?
00:48:28Ah, non.
00:48:29C'est une kleptomane.
00:48:32Elle va les faire disparaître
00:48:33dans son sac, vous allez voir.
00:48:35Et voilà.
00:48:36Et ce soir,
00:48:37nous récupérons le tout
00:48:38quand elle sera couchée.
00:48:47Le couple.
00:48:49C'est un couple amusant.
00:48:51Elle croit que son mari est fou
00:48:53et lui croit que sa femme est folle.
00:48:55Et à la vérité ?
00:48:56Ils sont fous tous les deux.
00:48:58Et ceux-là sont incurables.
00:48:59Heureusement, mon dieu,
00:49:00car que deviendrait leur vie
00:49:01si l'un d'eux guérissait ?
00:49:07Et ma voisine ?
00:49:10Une refoulée.
00:49:15La pensée
00:49:16qu'un homme pourrait seulement
00:49:17imaginer lui fait horreur.
00:49:19Je vais vous présenter.
00:49:21Tendez-lui simplement la main,
00:49:22vous allez voir.
00:49:23Madame, je vous présente
00:49:24Monsieur Philippe d'Artois.
00:49:47M. Philippe d'Artois
00:50:06Passez-donc à votre place.
00:50:08Mais c'est que justement
00:50:09j'aurais voulu me rendre.
00:50:10Qu'est-ce que c'est que celui-là ?
00:50:12C'est un imaginatif
00:50:13qu'il ne faut pas trop contrarier.
00:50:14Si vous disiez un jour
00:50:15qu'il est Napoléon,
00:50:16vous lui répondriez
00:50:17que vous êtes...
00:50:18Charlemagne.
00:50:19Voilà, comme ça vous sauriez...
00:50:21M. le directeur.
00:50:22Bonne amie.
00:50:23Vous n'êtes pas sans savoir
00:50:24ce que c'est qu'une femme.
00:50:25Mais s'y souvenez-vous,
00:50:26c'est gentil, c'est charmant,
00:50:27c'est attentionné,
00:50:28c'est méchant, c'est hargneux,
00:50:30ça vous donne des fleurs
00:50:31le jour de votre fête,
00:50:32le lendemain,
00:50:33ça vous casse une soupière
00:50:34sur la gueule,
00:50:35mais pour faire ce que je pense,
00:50:37il faut tout de même avouer
00:50:38que c'est ce qu'on a trouvé de mieux.
00:50:40C'est ce que je me disais
00:50:41précisément cette nuit,
00:50:42car j'ai été violé, monsieur.
00:50:45Oui, vers une heure du matin,
00:50:47dans l'obscurité totale,
00:50:48par une des pensionnaires
00:50:49de votre maison de repos.
00:50:50Enfin, de repos.
00:50:53Et je veux savoir laquelle.
00:50:54Mais si d'abord,
00:50:55pour la remercier...
00:50:56Ne parlez-en pas si fort.
00:50:57Mais si je veux l'épouser,
00:50:58cette femme,
00:50:59si j'en veux faire ma moitié,
00:51:00car...
00:51:01Ecoutez, M. le directeur,
00:51:02ne me demandez pas des détails
00:51:03sur les trésors cachés
00:51:04de son commerce intime,
00:51:06mais j'ose dire
00:51:07que c'est quelqu'un
00:51:08d'exceptionnel.
00:51:09Exceptionnel.
00:51:11Alors, je veux savoir
00:51:12laquelle c'est d'entre vous, mesdames.
00:51:14Ce n'est pas une infirmière.
00:51:15Non, elle sentait
00:51:16tout le phénol ou l'éther.
00:51:17Je l'aurais remarqué.
00:51:19Et la vôtre, elle sentait ?
00:51:20Le savon.
00:51:24Voyons, il y a celle-là.
00:51:26Alors.
00:51:27Impossible.
00:51:28On l'enferme la nuit.
00:51:31Alors, alors.
00:51:33La vieille dame,
00:51:34on la saute.
00:51:35Je m'en pardonne.
00:51:36On la passe.
00:51:40Ah, ah.
00:51:42Je dois reconnaître
00:51:43que celle-ci ferait mon affaire.
00:51:45Oui, seulement,
00:51:46elle est allée passer la nuit à Lausanne.
00:51:47Quel dommage.
00:51:53Mais...
00:51:55Mais alors...
00:51:58Mais...
00:51:59Ah, ça, mais...
00:52:01Il ne reste plus que celle-là.
00:52:02Ah, non.
00:52:03Non, alors là, vous vous égarez.
00:52:04Madame est une refoulée
00:52:05à qui cette pensée seule
00:52:06doit faire horreur.
00:52:07Vous voilà une fois
00:52:08plus victime de votre imagination.
00:52:11Oh, oh.
00:52:15Non.
00:52:18Oui.
00:52:27Il y en a un qui est bien drôle, docteur.
00:52:28C'est votre barbu, là-bas, au fond.
00:52:38Oh.
00:52:45Oh, voilà un
00:52:46qui me paraît très gravement atteint.
00:52:47Non, c'est l'aumônier de la clinique
00:52:49qui vous croit fou, tout simplement.
00:52:57Ce premier contact
00:52:58avec les pensionnaires de la maison
00:52:59eut sur moi la plus mauvaise influence
00:53:01et je me jurais bien
00:53:02d'éviter désormais
00:53:03de rencontrer ces gens.
00:53:08Oh, pardon.
00:53:09Oh, je vous en prie
00:53:10pourvu que vous m'en laissiez un peu.
00:53:16J'étais assez bal en poing
00:53:17quand, quelques jours plus tard,
00:53:19j'eus connaissance
00:53:20du compte-rendu sténographié
00:53:22de l'inconcevable procès
00:53:23de mon cambrioleur.
00:53:25Ah.
00:53:26Quoi, alors?
00:53:27Rien, rien, rien.
00:53:28Allez, allez.
00:53:33Oh.
00:53:34Oh.
00:53:40Accusez, levez-vous.
00:53:47Vos noms, prénoms et professions?
00:53:49Lecagne, Albert-Antoine,
00:53:50Étienne, Henri, Victor, Emile,
00:53:52Jean-Pierre, Théodule.
00:53:53Vous avez tous ces prénoms-là?
00:53:55Je les ai eus tous, monsieur,
00:53:56selon les circonstances.
00:53:57Et nous disons, sans profession?
00:53:59Si vous voulez.
00:54:00En fait, c'en est une quand même,
00:54:01mais pas tellement facile
00:54:02à exercer, d'ailleurs.
00:54:03Dites-nous de vos paradoxes
00:54:05et racontez les faits
00:54:06tels qu'ils se sont passés.
00:54:07Eh bien, voilà.
00:54:09Je suis entré dans la maison
00:54:10de monsieur Walter Ferrand
00:54:12par la fenêtre d'un petit salon
00:54:13qui se trouvait au rez-de-chaussée
00:54:14et dans lequel je savais
00:54:15qu'il y avait un coffre-fort.
00:54:17Mais j'avais vu sortir
00:54:18monsieur Walter Ferrand
00:54:19cinq minutes auparavant.
00:54:20D'autre part,
00:54:21je savais que madame était couchée.
00:54:23Et convaincu que j'allais pouvoir
00:54:24travailler bien tranquille,
00:54:25je me suis mis tout de suite
00:54:26à l'ouvrage.
00:54:27Mais ce que je ne savais pas,
00:54:28c'est que la chambre
00:54:29de madame Walter Ferrand
00:54:31était le...
00:54:32Continue.
00:54:33Tiens.
00:54:34Voilà le mot.
00:54:35Merci.
00:54:36Continuez.
00:54:37Je continue.
00:54:38Voilà que tout à coup,
00:54:39j'entends comme qui dirait du bruit.
00:54:40C'en était justement.
00:54:41C'était monsieur Walter Ferrand
00:54:42qui somme toute
00:54:43n'avait fait qu'une fausse sortie.
00:54:44Mais en revanche,
00:54:45il faisait une véritable entrée,
00:54:46un pétard du tonnerre de Dieu.
00:54:48Je ramasse mes instruments de travail
00:54:49et déjà je m'apprête
00:54:50à sauter par la fenêtre
00:54:52quand la dame pousse un cri.
00:54:54Un de ces cris déchirants
00:54:55qui vous glace le coeur.
00:54:57Pour moi, il n'y avait pas de doute,
00:54:58un homme était en train
00:54:59d'étrangler une femme.
00:55:01Je ne sais pas si vous êtes comme moi,
00:55:02monsieur le président,
00:55:03mais je ne peux pas entendre
00:55:04une femme qu'on étrangle
00:55:05sans porter instinctivement
00:55:06à son secours.
00:55:07Alors, qu'est-ce que je fais ?
00:55:09J'entrouve la porte
00:55:10qui séparait mon petit salon
00:55:11de la chambre voisine.
00:55:13Et qu'est-ce que je vois ?
00:55:15Un homme qui paraissait avoir
00:55:16au moins deux mètres
00:55:17et qui serre le kiki
00:55:19d'une jeune femme ravissante.
00:55:22Au péril de ma vie,
00:55:23j'allais me jeter sur lui
00:55:24quand un coup de revolver
00:55:25tiré dans mon dos
00:55:26le frappa juste là.
00:55:28Là, en dessous de l'aisselle gauche.
00:55:30Et en même temps,
00:55:31j'entendis ces mots prononcés
00:55:32derrière moi.
00:55:34Où les mains ?
00:55:35Et ce que vous auriez fait
00:55:36vous-même, monsieur le président ?
00:55:38J'ai levé mes deux bras.
00:55:40A la même seconde.
00:55:41Car tout cela n'a duré
00:55:42que deux ou trois secondes.
00:55:43A la même seconde.
00:55:44Je sens qu'on fait tomber
00:55:45quelque chose de lourd
00:55:46dans la poche...
00:55:48La poche qui était comment ?
00:55:49Béante.
00:55:50Voilà le mot.
00:55:51Béante.
00:55:52Enfin, je n'en demandais pas tant.
00:55:54Disons ouverte, si vous voulez.
00:55:56Cependant, si béante,
00:55:57ça fait mieux, oui.
00:55:58Béante.
00:55:59Je sens quelque chose de lourd
00:56:00qui tombe dans la poche béante
00:56:01de mon veston.
00:56:02Et en même temps,
00:56:03j'entends ces mots.
00:56:04Ne te retourne pas
00:56:05ou tu es mort.
00:56:06C'est alors que je me suis rendu compte
00:56:07que la personne
00:56:08qui venait de me parler
00:56:09avait en même temps
00:56:10sauté par la fenêtre.
00:56:11Alors, j'ai tout de suite
00:56:12fouillé dans ma poche
00:56:13et j'y ai trouvé un revolver.
00:56:14Et c'est juste à ce moment
00:56:15que la police secours est rentrée
00:56:16en criant où les mains.
00:56:17Voilà.
00:56:18Eh bien,
00:56:19et les empreintes digitales ?
00:56:20Quelles empreintes digitales ?
00:56:21Enfin, celles qu'on a relevées
00:56:22sur le revolver.
00:56:23C'était les vôtres.
00:56:24Pas uniquement les vôtres.
00:56:25Mais...
00:56:26Non.
00:56:27Votre système de défense
00:56:28est absurde.
00:56:29Et je vous préviens
00:56:30qu'il ne fait qu'aggraver
00:56:31votre cas.
00:56:32Enfin, je ne peux cependant pas,
00:56:33M. le Président...
00:56:34Non, taisez-vous, je vous prie.
00:56:35Et asseyez-vous.
00:56:39Faites entrer
00:56:41le témoin
00:56:42Jules-Henri Lordenois.
00:56:44Le témoin ?
00:56:45Oui.
00:56:55Le témoin Jules-Henri Lordenois.
00:56:57S'il y avait un témoin,
00:56:58si c'était l'homme
00:56:59qui m'a glissé son revolver
00:57:00dans ma poche,
00:57:01on va bien écouter
00:57:02ce qu'il va dire.
00:57:03Prenez des notes.
00:57:04Bien entendu.
00:57:11C'est inouï
00:57:12le nombre de gens
00:57:13que je peux ignorer.
00:57:14C'est incroyable.
00:57:15C'est incroyable.
00:57:16C'est incroyable.
00:57:17C'est incroyable.
00:57:18C'est incroyable.
00:57:19C'est incroyable.
00:57:20C'est incroyable.
00:57:21C'est incroyable.
00:57:22C'est incroyable.
00:57:23C'est incroyable.
00:57:25Je ne connais pas tout.
00:57:27Cette pièce fait de l'argent.
00:57:28Comment ?
00:57:29Cette pièce fait de l'argent.
00:57:30Mais qu'est-ce qu'il fait là-bas ?
00:57:32Il vient, M. le Président.
00:57:33Ça vient, ça vient.
00:57:34Ça vient, ça vient.
00:57:36Ça vient.
00:57:38Oh, vous êtes bon courage.
00:57:42Vous jurez de dire la vérité.
00:57:43Tout est vérité.
00:57:44Rien que la vérité.
00:57:45Levez la main droite,
00:57:46je le jure.
00:57:47Ça y est.
00:57:48C'était fatal.
00:57:50Qu'est-ce que vous dites ?
00:57:51Je dis où qu'on...
00:57:52Faudra réparer ça. C'est pas possible ça. Je dis qu'où qu'on aille, on est traité de la même façon.
00:57:57T'es fou, vous prenez le métro, vous avez votre ticket.
00:57:59Vous voyez, la suspicion. Comme si on était un homme à prendre le métro sans avoir de ticket.
00:58:04Vous descendez d'un train, est-ce que vous n'avez rien à déclarer ?
00:58:07La suspicion, toujours. Vous vous demandez la main d'une jeune fille.
00:58:12Alors, vous vous demandez sa main, vous faites un contrat, tout est en règle. Parfait.
00:58:15Quelle est la première question qu'on vous pose ? Consentez-vous à prendre pour épouse ?
00:58:20C'est la suspicion, toujours.
00:58:22Comme si on était un homme à avoir fait tous ses frais sans être virtuellement consentant.
00:58:28Dites, vous n'entendez pas bien vous.
00:58:33Et enfin, ici, un tribunal, où c'est l'occasion jamais de dire la vérité.
00:58:38On vous demande de jurer si vous allez la dire.
00:58:40Vous savez que c'est affreux d'être tout le monde traité comme ça, comme un faussaire ou un menteur.
00:58:44Est-ce que vous allez vous taire à la fin ?
00:58:46Oui, monsieur, non sans avis progrès.
00:58:48Je jure de dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité.
00:58:52Vous voilà satisfaits, j'espère ? Bon, là-dessus, je m'en vais.
00:58:55Comment, comment vous vous en allez ? Vous n'avez rien dit.
00:58:58Oui, bien parlez, maintenant.
00:58:59Comment, est-ce que...
00:59:00Dites brièvement ce que vous avez dit.
00:59:02C'est vous qui m'avez dit de me taire, monsieur, il n'y a pas...
00:59:05Enfin, je vais dire, tout de même, il faudra réparer ça, ce n'est pas possible, n'est-ce pas ?
00:59:10Bon, écoutez, je ne vais pas conséquemment parler, je ne suis pas de ces gens qui se lent dans des phrases
00:59:14sans avoir seulement prévu comme ils les finiraient.
00:59:17Vous savez, quand je commence une phrase, je pense à ma phrase, et alors, j'entends pas la fin.
00:59:21Alors, dès le départ, une fois que j'entends la fin, hop, je bondis, on va se casser la figure.
00:59:25Là, je bondis, comme je bondis, et là, il n'en faut, vous dites, vous entendez toujours.
00:59:31Oui, c'est pas grave, c'est pas grave.
00:59:33Alors, je vais, par conséquent, vous jeter des pétards de clarté.
00:59:38Des pétards de clarté, qui l'a dit pétard, qui l'a dit pétard, une anglaise charmante, d'ailleurs.
00:59:45Pardon, je n'ai pas, vous ne comprenez pas, vous ne pouvez pas, même pas de l'autre.
00:59:49Alors, je vais m'en faire, mais enfin, revenons à cette petite fille.
00:59:52J'étais tout auprès d'elle de la fouitière, quand elle l'accusa, et moi, Jules-Henri Lardonnois,
00:59:59fils d'une mère bretonne et d'un père alsacien, ce qui tout de même n'est pas de la petite bière,
01:00:06car ce n'est pas de la petite bière, ce n'est pas de la petite bière, je ne touche plus à ça,
01:00:09parce que je vais me faire mal, ce n'est pas de la petite bière.
01:00:11Eh bien, je jure que je n'ai pas vu cette charmante enfant prendre le moindre fouet à la devanture de cette fouitière,
01:00:17dont je ne dirai rien, car je ne sais rien sur elle, mais qui, tout de même, elle a une drôle de vie,
01:00:23elle a une drôle de vie, vous savez, elle est un petit peu fou, mais alors, au lieu d'être fou,
01:00:29c'est tout à fait de l'autre côté, c'est de l'autre côté.
01:00:31Vous êtes plus drôle, vous. Moi, je vous trouve beaucoup plus drôle.
01:00:35Eh bien, je vous dirai une chose, c'est que, eh, vous toujours, il faut se couer, même,
01:00:40il y avait des fruits, il y avait des pommes, j'ai compté, il y avait 237 pommes, des pépins, beaucoup plus.
01:00:47On ne peut pas, ce qu'il vous laisse penser, le nombre de pépins...
01:00:49Oui, oui, mais qu'est-ce que c'est, cette histoire-là ?
01:00:52C'est une affaire correctionnelle qui doit se plaider dans la journée.
01:00:56Alors, vous n'avez rien à faire ici.
01:00:57Pourquoi vous trouvez-vous aux Asies ?
01:00:59Je... j'étais fatigué. Alors, je... c'est venu.
01:01:02Ah, non, non, allez, allez, allez, enlevez-nous, cet homme-là.
01:01:05Je... bon, je vais vous dire... je m'enlève et je vais vous dire un petit bonsoir.
01:01:09Un petit bonsoir, parce que je... dites-moi, je...
01:01:13Vous devriez mettre de l'huile bouillante, là.
01:01:15Ça, c'est... ça bouge, ça. Ça dé... hein ?
01:01:18Ça... et... au revoir, petit bonhomme.
01:01:22Bon.
01:01:24Ça, c'est comme un deuxième service, hein ? Grand gamin.
01:01:27À bientôt.
01:01:30Que... que personne ne se dérange.
01:01:32Surtout que vous n'ayez pas... à l'appel.
01:01:36Je ne connais pas.
01:01:38Chaud... chaude, bien chaude, l'huile, hein ?
01:01:40Au revoir. Au revoir.
01:01:47Je pensais une chose, et si je mentais ?
01:01:50Tout dépend du mensonge.
01:01:52Ah, je... je tiens debout.
01:01:56Lecagne, vous persistez dans votre version.
01:01:59Non, M. le Président, non, je préfère dire la vérité.
01:02:01Ah...
01:02:02Allez-y.
01:02:03Eh bien, la vérité, la voilà donc, M. les juges.
01:02:05Attiré par l'écrit que poussait cette pauvre petite,
01:02:07je suis entré et j'ai vu cette espèce de monstre qui lui serrait le titi.
01:02:10Alors, je n'ai fait ni une, ni deux,
01:02:12j'ai pris mon pétard et je l'ai supprimé.
01:02:14Ah, ben, c'est mieux, ça.
01:02:17Vous avez bien fait de dire la vérité,
01:02:18car elle ne peut qu'attirer sur vous l'indulgence des jures.
01:02:21Oui, mais on vous a dit...
01:02:22Je suis content que ça vous plaise.
01:02:23Ah oui, parce qu'au moins comme ça, vous êtes un assassin.
01:02:26Ah oui, mais avec quelles circonstances atténuantes ?
01:02:28Jamais.
01:02:29Oui, car en somme, mon client a volé au secours d'une femme en danger.
01:02:32Il s'en est fallu d'une seconde qu'il ne lui sauve à la vie.
01:02:35Donc, il n'est plus question d'un homme dans votre dos,
01:02:39tirant sur le mari et laissant tomber dans votre poche...
01:02:42Véhante.
01:02:43Son propre révolver.
01:02:44Non, on n'en parle plus.
01:02:45Il n'y a donc plus que trois personnages, une pauvre petite aiguillée,
01:02:47un ignoble assassin, le mari, et un héros, votre serviteur.
01:02:52Oui, survant, j'ai bien fait, parce que la vérité,
01:02:54bien moins, ils n'ont pas l'habitude.
01:02:59Malheureusement, ils ne l'ont pas acquitté.
01:03:02Vu ses antécédents, ils lui ont collé dix ans.
01:03:04Dix années de prison.
01:03:06Dix ans perdus pour lui.
01:03:08Dix ans pendant lesquels, et par ma faute en somme,
01:03:12il lui sera impossible d'exercer sa coupable industrie.
01:03:15Je me sentais devenir fou,
01:03:18mais d'une drôle de folie.
01:03:21Et je perdais tout sens moral,
01:03:22car je me tenais le raisonnement suivant.
01:03:25Puisque cet homme a pris ma place à la prison,
01:03:28est-ce que je ne devrais pas, logiquement,
01:03:29prendre la sienne dans la vie?
01:03:31Or, à cette minute précisément,
01:03:34quelqu'un frappa à ma porte, qui allait m'en fournir l'occasion.
01:03:41Entrez.
01:03:42C'était la cleptomane.
01:03:45Je vous dérange?
01:03:47Du tout, madame, je regrette d'être touchée.
01:03:49Oh, j'en ai vu d'autres, un peu haut.
01:03:51Combien en est-il, mon dieu?
01:03:54Je n'en sais rien, madame.
01:03:55Moi non plus.
01:03:59J'ai une question à vous poser.
01:04:01Voulez-vous que nous fassions ensemble une affaire?
01:04:04Une affaire?
01:04:05Énorme.
01:04:06Mais quel genre d'affaire?
01:04:07Que réprouve la morale et qu'interdise la loi.
01:04:12Vous n'êtes peut-être pas voleur?
01:04:15Non.
01:04:15Mais vous pouvez le devenir.
01:04:17Et dire qu'elle me posait cette question
01:04:20à la minute même où je me le demandais.
01:04:24Il y aurait un gros bénéfice pour vous.
01:04:27Ah, il y aurait pour lui.
01:04:28Pour lui?
01:04:29Enfin, oui, je veux dire pour moi.
01:04:31Bien, naturellement.
01:04:32Et dès maintenant, exercez-vous.
01:04:34Peut-être pour commencer de petites expériences.
01:04:36Baisez-moi la main.
01:04:38Oh, vous avez là un bien joli porte-cigarette.
01:04:41Dix minutes plus tard, elle m'avait fauché mon porte-cigarette
01:04:43et mon briquet en or,
01:04:45tandis que je lui avais subtilisé deux bagues.
01:04:48Nous nous sommes rendus nos larcins réciproques
01:04:50et nous avons pris ce jour-là la décision de nous associer.
01:04:59Embrassez-moi sur les lèvres.
01:05:06Bravo.
01:05:08Encore.
01:05:14J'aime mieux le premier.
01:05:17Merci.
01:05:22Revenu à Paris, nous avons mis à exécution
01:05:24un plan machiavélique conçu d'ailleurs par elle.
01:05:26Est-ce que vous avez bien compris ce que vous devez faire?
01:05:29Parfaitement compris.
01:05:30Je me sens devenir professionnel.
01:05:48Monsieur.
01:05:50J'aimerais voir quelques bracelets-montres.
01:05:52Tout de suite, monsieur.
01:05:54La première partie de ma mission consistait à plaquer sous la table
01:05:58une certaine quantité de pâtes à modeler.
01:06:00Je m'en acquittais aussitôt.
01:06:02Ils sont ravissants.
01:06:03Quel est le prix de celui qui est tout en or, là?
01:06:05200 000 francs.
01:06:06Aïe, c'est bien cher.
01:06:10Et c'est dommage que c'est le seul qui m'aurait plu.
01:06:12Enfin, n'en parlons plus.
01:06:13Pardonnez-moi de vous avoir dérangé.
01:06:16Alors, c'est fait?
01:06:17C'est fait.
01:06:18A quelle table?
01:06:19A ce qu'on a gauche en entrant.
01:06:21Parfait.
01:06:22Glottissez-vous dans le taxi.
01:06:46Messieurs, je vous salue et vous souhaite à tous bonheur et santé.
01:06:49Madame.
01:06:50Cette table est libre?
01:06:51Certainement, madame.
01:06:52Merci.
01:06:53Voilà.
01:06:54Je voudrais voir de gros diamants, mais je ne veux pas qu'ils soient teintés.
01:06:57Je reviens tout de suite, madame.
01:06:59Je ne peux pas tolérer qu'un brillant ait un reflet jonky.
01:07:02Je supporterais plus facilement la présence d'un craquot à l'intérieur de la pierre.
01:07:06Merci, madame.
01:07:07Merci.
01:07:08Madame.
01:07:10Eh bien, écoutez.
01:07:11Franchement, aucun ne me plaît.
01:07:13Ils sont volumineux, mais ils sont teints.
01:07:15Ce sont de diamants pour femmes enrichies.
01:07:17Veuillez me parler.
01:07:18Madame.
01:07:19Madame.
01:07:20Madame.
01:07:21Madame.
01:07:22Madame.
01:07:23Madame.
01:07:24Madame.
01:07:25Madame.
01:07:26Madame.
01:07:27Madame.
01:07:28Madame.
01:07:29Madame.
01:07:30Madame.
01:07:31Madame.
01:07:32Madame.
01:07:33Madame.
01:07:34Madame.
01:07:35Madame.
01:07:36Madame.
01:07:37Madame.
01:07:38Madame.
01:07:39Madame.
01:07:40Madame.
01:07:41Madame.
01:07:42Madame.
01:07:43Madame.
01:07:44Madame.
01:07:45Madame.
01:07:46Madame.
01:07:47Madame.
01:07:48Madame.
01:07:49Madame.
01:07:50Madame.
01:07:51Madame.
01:07:52Madame.
01:07:53Madame.
01:07:54Madame.
01:07:55Madame.
01:07:56Madame.
01:07:57Madame.
01:07:58Madame.
01:07:59Madame.
01:08:00Madame.
01:08:01Madame.
01:08:02Madame.
01:08:03Madame.
01:08:04Madame.
01:08:05Madame.
01:08:06Madame.
01:08:07Qu'est-ce que c'est que cette façon-là ?
01:08:09Je suis la princesse Gorochenko, n'oubliez pas ça.
01:08:12Et d'ailleurs, qui me prouve qu'il y en avait si diamant ?
01:08:14Qui me prouve à moi qu'il n'en a vu que cinq ?
01:08:16Je suis au Ritz, appartement 180.
01:08:19Vous pouvez me faire arrêter si cela vous plaît.
01:08:25Vous pourriez au moins vous excuser, espèce de malade.
01:08:34Je voudrais revoir ce bracelet-montre.
01:08:36Je vais vous le chercher, monsieur.
01:08:48200 000 francs, vous disiez ?
01:08:50Oui, monsieur.
01:08:51Accepteriez-vous 50 000 francs tout de suite,
01:08:53puis 50 autres dans un mois ?
01:08:55Non, monsieur.
01:08:57Notre maison ne fait pas d'affaires de cette espèce.
01:09:00Tant pis pour moi.
01:09:02Merci, monsieur.
01:09:06J'aurais voulu faire plaisir à quelqu'un, mais n'en parlons plus.
01:09:09Au revoir, monsieur.
01:09:18Or, en dépit de la promesse qu'elle m'avait faite
01:09:21de me donner ma large part de ce magnifique larcin,
01:09:24elle me versa en tout et pour tout 30 000 francs.
01:09:2730 000 francs ?
01:09:28Oui.
01:09:29Cette cleptomane était une voleuse,
01:09:31mais elle avait fait mon éducation.
01:09:32Quelques jours plus tard,
01:09:34je me présentais le bras droit en écharpe
01:09:36chez un grand antiquaire de l'avenue Friedland.
01:09:39Bonjour, monsieur.
01:09:40Bonjour, monsieur.
01:09:41Je viens jeter un coup d'œil sur toutes ces merveilles
01:09:43que j'ai admirées 20 fois en passant devant chez vous.
01:09:47Tenez, voilà.
01:09:48Un petit dessin de Corot
01:09:50qui ferait vraiment bien chez moi.
01:09:53Et même, j'ajouterais qu'il ne ferait mal nulle part.
01:09:57Puis-je vous demander le prix ?
01:09:59250 000 francs.
01:10:00Je ne sais pas.
01:10:02Je vais vous les donner tout de suite.
01:10:09Aïe, aïe, aïe !
01:10:10J'ai oublié mon portefeuille et mon carnet de chèques.
01:10:13Et ça, c'est bête, hein ?
01:10:15Malheureusement, monsieur,
01:10:16n'ayant pas l'honneur de vous connaître,
01:10:18il m'est difficile de vous faire crédit.
01:10:20Mais je ne vous le demande pas, monsieur.
01:10:22Voulez-vous me donner, je vous prie,
01:10:24une feuille de papier à lèvres et un stylo ?
01:10:26Tenez, voici les cartes de la maison.
01:10:28Merci.
01:10:30Maison fondée en 1638.
01:10:33Je ne m'étonne plus que vos mots soient anciens.
01:10:36Je suis assez distrait, mon Dieu.
01:10:38Mon malheureux bras m'empêche d'écrire.
01:10:40Voulez-vous le faire pour moi, s'il vous plaît ?
01:10:42Mais certainement, monsieur.
01:10:45Ma chérie.
01:10:48Remets 250 000 francs au porteur de ce mot.
01:10:52Merci.
01:10:54Je t'embrasse.
01:10:57Voilà.
01:10:59Merci, monsieur.
01:11:00Allez.
01:11:01Allez.
01:11:04Allez, vite à la maison, remettez ce mot à madame
01:11:07et rapidement, rapportez-moi ce que madame vous remettra.
01:11:10Bien, monsieur.
01:11:17C'est merveilleux, tout ça.
01:11:22Qu'est-ce que c'est que ça ?
01:11:24Un compas.
01:11:25Oui, un compas.
01:11:27Vingt minutes plus tard,
01:11:29mon mécanicien me remettait les 250 000 francs que j'attendais
01:11:32et que, à mon tour, je donnais à l'antiquaire.
01:11:36Voilà, monsieur.
01:11:37Voilà.
01:11:38Merci, monsieur.
01:11:39Fondée.
01:11:48Merci, monsieur.
01:11:50Et voici, maître Corot,
01:11:53que j'emporte avec joie.
01:11:54Merci beaucoup.
01:11:56Au revoir, monsieur.
01:11:57Au revoir, monsieur.
01:11:59Tout allait donc le mieux du monde.
01:12:03Mais les choses se sont gâtées quand, deux heures plus tard,
01:12:06l'antiquaire rentra chez lui.
01:12:10Bonsoir, chérie.
01:12:12Dis donc,
01:12:13qu'est-ce que c'est que cette histoire de 250 000 francs
01:12:15que tu m'as fait demander tantôt ?
01:12:17Quoi ?
01:12:18Dame,
01:12:19cette lettre est bien de toi, c'est bien ton écriture.
01:12:22Oh, crainons de Dieu, crainons de Dieu, crainons de Dieu.
01:12:27Je m'étais donc mis à voler.
01:12:29Et alors,
01:12:30chose à peine croyable,
01:12:32j'y prenais un plaisir extrême.
01:12:34Vous ne pouvez pas vous rendre compte.
01:12:35Comment je ne peux pas me rendre compte ?
01:12:37Ah, si, c'est pas le problème.
01:12:38Vous pouvez donc vous rendre compte mieux que personne
01:12:40des joies qui furent miennes.
01:12:42D'autant plus grande que mon physique et ma position sociale
01:12:44me mettaient à l'abri de tout soupçon.
01:12:46Avant de la faire glisser subrepticement dans ma poche,
01:12:49je pouvais retourner dans tous les sens
01:12:51la minaudière d'une dame avec laquelle je causais
01:12:53et dont elle allait être privée dorénavant.
01:12:56Regardez-moi comme c'est joli.
01:12:58Ah, je n'avais pas remarqué.
01:13:01Et il n'y a pas de petit profit dans un métier comme celui-là,
01:13:04car voler 1 000 francs est aussi amusant
01:13:06et présente les mêmes dangers que d'en voler 100 000.
01:13:13Au revoir.
01:13:14Je ne ferai pas l'apologie du vol, non.
01:13:16Ce serait immoral, mais enfin, tout de même, n'est-ce pas ?
01:13:18Ben, voyons.
01:13:19Car pour être prohibé,
01:13:20voilà une profession qui, par certains côtés,
01:13:22ne rappelle pas moins la chasse.
01:13:23Et les risques que nous courons sont aussi grands parfois que ce...
01:13:26Auquel les tueurs de lions s'exposent.
01:13:28C'est ce qui fait l'originalité, je dirais presque la...
01:13:31la noblesse de notre profession.
01:13:33C'est son indépendance.
01:13:35Nous n'avons pas de patron.
01:13:36Nous n'obéissons à personne.
01:13:37C'est vrai, nous sommes nos maîtres.
01:13:38Nous sommes des hommes libres.
01:13:39A moins, bien entendu, que nous ne soyons en taule.
01:13:41Mais étant libres,
01:13:42si un jour, nous n'avons pas envie de voler,
01:13:44eh bien, nous ne volons pas.
01:13:45Et cela ne fait de tort à personne.
01:13:47Je vous ai coupé la parole.
01:13:48Pardon.
01:13:49Vous disiez ?
01:13:50Non, j'allais vous parler d'une idée ingénieuse
01:13:51qui m'est venue un jour
01:13:52et je me permets de vous l'indiquer.
01:13:54J'écoute, j'écoute, j'écoute.
01:13:55Mes renseignements étaient pris.
01:13:56Je savais que le propriétaire de cet appartement
01:13:58ne serait pas là de la journée, ni sa femme non plus.
01:14:00Et en outre, je savais qu'une petite femme de chambre
01:14:03pas très fûtée gardait seul l'appartement.
01:14:05Mes oncles, Clark et Farimon,
01:14:07il paraît que vous avez des crevasses.
01:14:09Moi ?
01:14:10Non, pas vous, personnellement, mais l'appartement.
01:14:12Les crevasses ?
01:14:13Dans les murs.
01:14:14Dans les murs ?
01:14:15Eh, sans doute,
01:14:16puisque le propriétaire m'envoie pour les repérer.
01:14:18Il ne faut pas qu'il vous arrive
01:14:19ce qui est arrivé la semaine dernière au Royal.
01:14:21Qu'est-ce qui est arrivé au Royal ?
01:14:23La maison s'est effondrée.
01:14:25Il y a eu deux morts.
01:14:26Oh là là !
01:14:27Heureusement, ils étaient malades.
01:14:28Mais enfin, tout de même,
01:14:29au travail, vous allez m'aider.
01:14:30Conduisez-moi au salon
01:14:31et venez me rejoindre avec un marteau.
01:14:33Avec un marteau ?
01:14:34Oui, oui, avec un marteau.
01:14:36Oui, marteau, vous-même.
01:14:45Mon Dieu, que ça peut être laid chez les autres.
01:14:48Dès que les gens ont de l'argent,
01:14:50ils achètent du cuit.
01:14:53Et leurs fauteuils directoires
01:14:54finissent par devenir anciens
01:14:55parce qu'ils sont loués Philippe.
01:15:00C'est le maître de la maison, ça ?
01:15:02Oui, c'est monsieur.
01:15:05Et dire qu'il est peut-être fier
01:15:06que son fils lui ressemble.
01:15:11Allez vous mettre dans le couloir.
01:15:13Dans le couloir.
01:15:14Derrière cette cloison.
01:15:15Derrière la cloison.
01:15:16Et frappez au mur
01:15:17jusqu'à ce que je vous dise de vous arrêter.
01:15:19M'arrêter.
01:15:20Montrez-moi comment vous allez faire.
01:15:23Très bien.
01:15:24Très bien.
01:15:25En plus fort que ça.
01:15:26Et ne frappez pas aux mêmes endroits
01:15:28afin que mon oreille collée au mur
01:15:29je puisse déceler où sont les crevasses.
01:15:31Allons-y.
01:15:33Commençons.
01:15:35Quand j'ai eu raflé
01:15:36tous les objets précieux du salon,
01:15:38je me suis fait conduire par cette créature
01:15:40dans la chambre de monsieur,
01:15:41dans la chambre de madame
01:15:42et dans le boudoir, enfin,
01:15:44où l'arrière-plan est.
01:15:46Je me suis fait conduire
01:15:47par cette créature
01:15:48dans la chambre de monsieur,
01:15:49dans la chambre de madame
01:15:50et dans le boudoir, enfin,
01:15:52où la récolte fut extrêmement fructueuse,
01:15:54constamment tenue au courant
01:15:56de l'endroit où se trouvait
01:15:57cette malheureuse idiote.
01:16:07Continuez.
01:16:08Continuez en vous éloignant.
01:16:22Et quand je suis parti sur la pointe des pieds, j'entendis cette pauvre petite gourde qui
01:16:44continuait de frapper les murs à coups de marteaux.
01:16:46Mais maintenant, fini de rire, mon journal de ce matin m'apporte une nouvelle terrifiante
01:16:52et qui justifie à mes yeux l'acte que je vais commettre.
01:16:54Mon cambrioleur, ma malheureuse victime, est sorti de prison ce matin.
01:17:00Or, qui sait si cet homme ne va pas faire tout au monde pour me retrouver.
01:17:05Bien plus malin que la police et sachant qu'il y avait quelqu'un dans son dos qui a tué
01:17:09le mari, ne va-t-il pas faire son enquête personnelle ? Ne va-t-il pas apprendre que
01:17:13Madeleine trompait Jean ? Enfin, par recoupement, ne va-t-il pas mettre la main sur moi ? Et
01:17:18d'ailleurs, qu'il le fasse ou non, ma vie est désormais empoisonnée par cette idée.
01:17:21Depuis ce matin, je ne vis plus.
01:17:23Voilà pourquoi je veux mourir.
01:17:25Allons, allons, c'est trop tard maintenant.
01:17:27Puis vous n'allez pas vous tuer pour une vacherie que vous avez faite il y a dix ans.
01:17:30Vous ne parleriez pas ainsi si vous étiez cet homme-là.
01:17:33Qu'est-ce qui vous fait rire ? Je suis cet homme-là.
01:17:42Oui, l'homme que vous avez envoyé en prison à votre place.
01:17:48C'était moi.
01:17:49Mon Dieu, je le redoutais depuis quelques minutes.
01:17:55Vous avez eu certains sourires qui m'ont mis la puce à l'oreille.
01:17:59Mais alors, si c'était vous, vous me recherchiez donc pour vous venger de moi ?
01:18:06Pas le moins du monde.
01:18:08C'est une de ces coïncidences inouïes sans lesquelles on ne pourrait faire ni romans,
01:18:11ni pièces de théâtre, ni films.
01:18:13Je ne vous recherchais pas, je reprenais mon métier.
01:18:17C'est moi alors.
01:18:18Deux cent mille francs ? Pas assez.
01:18:19Il va falloir que ça se liquide par une très, très grosse somme, car je vous tiens, moi,
01:18:24maintenant.
01:18:25Oui.
01:18:26Et moi, je préfère en finir, plus que jamais d'ailleurs.
01:18:35Et maintenant que je connais votre nom, rien ne m'empêche d'ajouter à mon testament
01:18:41que je reconnais de voir à Albert Lecailleux la somme de...
01:18:48Cinq millions.
01:18:49Oh là là !
01:18:50C'est ce que ça vaut exactement.
01:18:52La somme de cinq millions.
01:18:57Ah, et puis pendant que j'y pense, c'est à vous, ça.
01:19:02C'est à quoi ?
01:19:03Cette valise, elle est à vous.
01:19:04J'ai mis dedans tout ce que j'ai volé en votre nom, si j'ose dire.
01:19:08Vous trouverez là quarante et un briquets, neuf minots d'hier, trente-deux bagues, cent
01:19:14autres choses, le ravissant petit corot, et une douzaine de bracelets d'une très grande
01:19:18valeur.
01:19:19Je vous en remercie beaucoup.
01:19:20N'oubliez pas de l'emporter en vous en allant.
01:19:22Vous pensez.
01:19:23Bon, et à présent, signez, s'il vous plaît.
01:19:24Et je signe.
01:19:25Là.
01:19:26Voilà.
01:19:27Et maintenant, grouillons-nous.
01:19:28Vous ne regrettez rien ? Rien du tout.
01:19:33Et alors, récapitulons, et soyons bien d'accord, vous prenez mon revolver.
01:19:38Celui-ci.
01:19:39Vous m'appliquez le canon juste à l'endroit du coeur, et puis, hop, vous tirez.
01:19:52Cet homme-là, il m'aurait emmerdé toute ma vie.
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