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00:00Direction la Tunisie, à présent, dans votre édition, avec ce cri de colère. Plus d'un millier de Tunisiens ont manifesté ce vendredi
00:06pour dénoncer une fois de plus la dérive autoritaire de Kay Saïed. Moins d'un mois avant l'élection présidentielle,
00:13le président tunisien avait rouillé le scrutin. Ou presque. Seuls 3 candidats ont été autorisés à se présenter.
00:19Et de nombreux opposants ont prisonné depuis plusieurs mois. On va faire le point avec notre correspondante en Tunisie,
00:26justement, Lilia Blaise. Bonjour, Lilia. Lilia, comment s'annonce cette campagne électorale ?
00:35— Alors cette campagne s'annonce assez atypique, déjà parce que l'un des candidats, Aya Chizamel, un ingénieur et ancien député,
00:42est actuellement en prison. Il est poursuivi dans plus de 25 affaires pour soupçons de falsification de parrainage.
00:49Et donc depuis plus d'une semaine, il alterne entre plusieurs audiences et reste en détention.
00:55Alors c'est un scénario qui avait déjà existé en Tunisie en 2019, lorsque l'homme d'affaires Nabil Karoui, le rival à l'époque de Kay Saïed
01:03au second tour, avait passé une grande partie aussi de la campagne électorale en détention pour soupçons de blanchiment d'argent.
01:10On a aussi Kay Saïed qui brigue un nouveau mandat.
01:17— Hmm.
01:21— Ils étaient 26 postulants au poste. Alors pour ces candidats, en fait, pour la plupart des candidats qui ont voulu se présenter,
01:29il y a eu beaucoup de difficultés dès le dépôt des candidatures. Et puis surtout un rebondissement assez inédit. Début septembre,
01:363 candidats qui avaient été réintroduits dans la course par décision juridique, leur candidature n'a pas été validée par l'instance électorale,
01:46ce qui a mené à un bras de fer et un vrai précédent en Tunisie entre cette instance et le tribunal administratif.
01:53Et puis il y a aussi beaucoup de critiques de politologues sur la transparence du processus électoral, puisque des observateurs nationaux,
02:02historiques comme les ONG, Mouraki-Boune et Iwatch n'ont pas reçu leur accréditation pour observer les élections, alors que ça avait été
02:09toujours le cas avant. Enfin, on ne sait pas non plus s'il y aura un débat télévisé entre les candidats, puisque le président
02:17Kays Saïed ne s'exprime pratiquement pas dans les médias. Seulement à l'occasion de sorties, lorsqu'il fait des visites, il répond à l'improviste
02:25à certaines questions. Mais il n'a pas donné de conférence de presse depuis qu'il est en poste. Et il ne s'exprime pas dans des interviews
02:32à la radio, par exemple, ou à la télévision. Donc une campagne, comme je vous le disais, assez atypique, qui commence aujourd'hui et qui devrait
02:40s'achever le 4 octobre.
02:43Voilà donc pour les enjeux de cette campagne. Lilia, qu'en est-il de l'opposition tunisienne ?
02:51Alors l'opposition tunisienne a été complètement muselée, puisqu'une grande partie des opposants politiques sont en prison depuis plus d'un an.
02:59Des journalistes considérés comme trop critiques du pouvoir ont également été emprisonnés. Et puis il y a aussi beaucoup d'opposants qui finalement
03:08ne s'expriment plus aujourd'hui ou ne veulent plus faire partie de la vie politique à cause justement de la peur d'être emprisonnés.
03:15On peut voir par contre qu'il y a une résistance qui s'organise dans la rue. Alors c'est surtout la société civile, des militants des droits de l'homme
03:23qui sont descendus vendredi soir pour manifester, pour contester contre ce qu'ils considèrent être une dérive autoritaire du régime, selon leurs mots.
03:31C'était un rassemblement de grande ampleur, beaucoup plus de manifestants par rapport à d'autres manifestations qui ont eu lieu ces derniers mois.
03:39Et puis on a pu entendre dans les slogans un vrai ras-le-bol, c'est-à-dire beaucoup de manifestants qui disaient « on ne veut plus se taire par rapport à ce qu'il se passe ».
03:47Alors il faut noter que cette manifestation est restée circonscrite au Grand Tunis, avec un gros déploiement sécuritaire également,
03:55et que le président Kays Saïed bénéficie quand même d'un capital confiance dans beaucoup de régions de la Tunisie.
04:01Donc c'est une résistance pour l'instant qui est, comme je vous le disais, dans la capitale. Mais en tout cas, on peut voir quand même qu'il y a une forme de contestation.
04:10— Merci beaucoup, Lilia, pour toutes vos explications. Lilia Blaise, la correspondante de France 24 en Tunisie.