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Emission rare et inédite en France sur La Grande Vadrouille, durant laquelle l'équipe du film composée de Gérard Oury, Marcel Julian, Michel Modo et Marie Dubois évoquent le tournage et des anecdotes. Une scène inédite est même révélée.

La vidéo est en 4:3 pour respecter le format d'origine de l'époque.

#louisdefunes
#bourvil
#LaGrandeVadrouille

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Amusant
Transcription
00:00Depuis le studio 3 de l'avenue Ariane, c'est bon pour une fois, bonsoir à tous.
00:06Deux comédiens de génie, un scénario en béton, un réalisateur au-dessus de tout
00:20soupçon, un réalisateur de génie et c'est véritablement la recette pour un film à
00:24succès Gérard Rouilly, non ? Je ne sais pas s'il y a des recettes, je crois qu'on
00:28ne sait pas d'avance, je crois qu'aucun de nous, à l'écriture, au tournage, nous
00:33nous sommes rendus compte qu'il y aurait ce nombre gigantesque de millions et de millions
00:37de gens qui viendraient voir ce film.
00:39D'ailleurs si on pensait ça, on ne ferait pas un bon film.
00:41Alors pour quelles raisons ce film qui est sorti en 1966 reconquiert chaque fois qu'il
00:46passe un nouveau public ? Michel Modot votre avis ?
00:48C'est un très bon film avec un très bon scénario et de très bons comédiens.
00:52Il y en a, il y a d'autres films qui n'ont pas réussi mais là, il y a un tel concours
00:59de talent et de qualité que c'est automatique, pour moi, ça ne me pose pas de questions.
01:04Et ça me gêne que vous me l'ayez posé.
01:06Et vous Marie-Louise ? Je pense la même chose et puis en plus c'est
01:11un film où les gens rient mais sans avoir honte de rire, c'est-à-dire qu'à aucun
01:16moment il n'y a aucune vulgarité.
01:19Le rire est pur.
01:20Le rire est pur.
01:21Alors je pense que ça c'est très très important.
01:22Et puis on a été, et puis il y avait une telle chaleur sur le plateau, on s'est tellement
01:25amusés entre nous et encore moi j'ai eu la malchance de ne pas pouvoir partir en Bourgogne.
01:30J'ai eu des échos, j'ai eu des échos.
01:33Marcel, Julien, votre avis, pourquoi ce film reconquiert sans cesse le public ?
01:36Je me demande aussi quand je vois ça et puis quand on en reparle avec le temps, s'il n'y
01:40a pas une deuxième libération, c'est qu'on a été libéré des mauvais souvenirs de
01:44la guerre et que peut-être tout ça avait le sérieux d'une période épouvantable
01:48et à côté de ça la libération de la haine, la libération de tout ça, qu'on
01:51était de plein pied et c'est une ou la première fois qu'on l'osait et quand on a commencé
01:56à travailler, on se posait la question de savoir si c'était possible de rire pendant
02:00cette période.
02:01Or quand on l'a traversée, on s'est bien rendu compte que si on n'a pas ri tout le
02:04temps, on a eu aussi des moments de joie, de bonheur et de rire comme tous les êtres
02:09humains.
02:10Marcel Julien, 20 ans après la guerre, c'était un des premiers films qui ridiculisaient un
02:12petit peu la guerre.
02:13Il y a eu un film avec Dauphine Assegabane à traverser de Paris qui a été un peu merveilleux
02:19et qui a eu aussi un grand retransissement et ça s'explique.
02:22Mais là, c'était plus débraillé, plus libre et puis en même temps, il y avait un
02:26côté d'héroïsme parce qu'ils arrivaient à faire ce qu'ils avaient à faire.
02:29C'était à la fois fanfant les tulipes et cette dérision.
02:33Je crois que c'est ce cocktail qu'on n'a pas cherché mais qui s'y trouvait, qui explique
02:37peut-être en partie.
02:38Vadrouille autour d'une grande vadrouille pendant 50 minutes.
02:42Vous ne savez pas, c'est un ver de terre qui prend son virage.
02:58Nous allons retrouver tout de suite dans le public Madame Anna Leux.
03:02Où êtes-vous, madame?
03:03Levez la main.
03:04Vous êtes là.
03:05Vous avez un micro qui va vous arriver, madame.
03:06Alors, je vous ai demandé d'intervenir en premier parce que vous avez un souvenir tout
03:09à fait original lié à la grande vadrouille.
03:11Racontez-nous.
03:12Oui, oui.
03:13Nous étions…
03:14Parlez bien près du micro, madame.
03:16Oui.
03:17Nous étions près de Montpellier et on nous avait dit qu'on tournait une séquence d'un
03:23film au Vieux Montpellier en 1966, je crois que c'était.
03:28Et nous sommes allés, mon mari et moi, et comme il est policier, il parlait avec les
03:34policiers français.
03:36Et moi, je me suis profilée dans les buissons et j'ai vu M. Bourville et de Funes qui revenaient.
03:43Je me suis dépêchée à prendre la photo.
03:46Ils allaient prendre un rafraîchissement et nous ont offert un rafraîchissement très
03:52gentil, très sympa.
03:54Quel souvenir pour vous, ça!
03:55Oh oui!
03:56C'est super.
03:57D'accord.
03:58Vous nous avez amené quelques photos d'ailleurs, celle que vous avez faite.
03:59Oui.
04:00On retrouve Bourville.
04:01C'est vous, là, madame?
04:03Oui.
04:04Carrément.
04:05C'est moi.
04:06Montpellier, c'était le Vieux Montpellier, je crois.
04:09Le Vieux Montpellier.
04:10Non, c'est pas le Vieux Montpellier, c'est Montpellier le Vieux.
04:13Montpellier le Vieux.
04:14On parle à l'envers, une fois, nous.
04:16Montpellier le Vieux, c'est un endroit qui est tout à fait prodigieux, où il y a des
04:21grottes, qui est dans le sud-ouest de la France.
04:24Il y a de belles grottes.
04:25C'est près de Montpellier, précisément.
04:27Vous avez eu combien de tournages, là, dans ce Montpellier?
04:31On a eu, sur l'ensemble du film, ça a été un film très long, très difficile à faire,
04:36puisqu'il y a eu 19 semaines de tournage à deux équipes.
04:40Une qui faisait des passages de voitures, etc.
04:42Donc, ça fait vraiment un grand temps de tournage.
04:45Donc, un film extrêmement difficile et, par conséquent, coûteux.
04:48Et quand les films sont coûteux, comme l'a fait de Margot aujourd'hui, bien qu'il n'ait
04:53pas le même propos, ce sont des films qui sont condamnés au succès.
04:58Parce que si ce n'est pas le succès, tout le monde, le producteur, les distributeurs,
05:03tout le monde perd de l'argent.
05:04Et puis, quand on perd de l'argent au cinéma, on ne vous donne plus de sous pour faire d'autres films.
05:08Alors, c'est ça tout le problème.
05:10Parce que le cinéma, c'est l'argent des autres.
05:12Alors, je suis désolé de parler d'argent.
05:14Non, non, mais parce que, je répète, on est responsable, tout d'un coup, de ce que
05:19les gens peuvent vous donner pour faire confiance.
05:21Alors, il faut répondre à la confiance par le succès.
05:24Ce n'est pas toujours facile.
05:25Mais à l'époque, moi, je me souviens, j'avais une série de télévision qui se tournait,
05:29qui s'appelait La Gardère, avec Jean Pien, qui se tournait à côté à l'Odève.
05:33Et je crois que les six heures que nous avons dû faire, devaient coûter à peu près
05:38le pré-générique de La Grande Badrouille.
05:41Non, mais vous vous rendez compte, l'Opéra de Paris, la grande séquence de l'Opéra de Paris,
05:45on peut en parler, parce qu'il y avait quand même 800 figurants là-dedans,
05:48qu'il avait fallu faire les uniformes de la Wehrmacht et des SS.
05:52Aussi étrange qu'ils apparaissent, c'est à Londres qu'on les trouve.
05:57Ce sont des uniformes d'époque, ou alors on les a refaits ?
06:00C'est des uniformes d'époque, des uniformes refaits.
06:03Et il en fallait quand même 800 dans le film, énormément.
06:06Et puis, il y avait l'autorisation de tourner dans l'Opéra de Paris.
06:11On a souvent tourné dans le vestibule, le grand escalier, mais jamais dans la salle.
06:15J'ai été trouver André Malraux et Biazzini, qui étaient directeurs généraux des théâtres,
06:20pour obtenir...
06:22Et puis, il y a une très belle anecdote à propos du tournage de l'Opéra de Paris.
06:25C'est que donc, notre ami De Funès, qui était un merveilleux pianiste,
06:30mais qui n'était pas chef d'orchestre,
06:33diriger l'ouverture de la dernière Nation de Faust, ce n'était pas évident.
06:36Alors, il a pris des leçons avec un chef d'orchestre pendant...
06:39De direction d'orchestre.
06:40De direction d'orchestre.
06:41Et puis, un beau matin, avant le tournage, avant la perruque blanche,
06:44avant la grande scène qu'on a vue dans le film,
06:47nous sommes allés tous les deux à 11h du matin, on tournait à midi,
06:50on est allés à 11h du matin à l'Opéra,
06:52il y avait tout de même 120 musiciens, tous premier prix du Conservatoire.
06:56Et notre Louis était blanc comme un linge, il n'était pas blanc comme sa perruque,
07:00mais c'était une émotion formidable, tout d'un coup.
07:02Il est entré avec un grand trac, il s'est mis au pupitre,
07:05il a pris la baguette et...
07:09Il y a quelque chose de tellement beau qui est sorti de cet homme,
07:13de tellement inspiré, qu'à la fin, quand il s'est arrêté,
07:16bouleversé, la gorge serrée, on ne tournait pas à ça.
07:20C'était une répétition, tout l'orchestre a applaudi sur les instruments.
07:24Et là, il est ressorti, il m'a dit, tu m'as donné une des grandes joies de ma vie.
07:29Comment diras-vous, Louis, qu'il y ait Bourvil et De Funès ?
07:33Parce que dans le corneau, ils avaient déjà travaillé ensemble,
07:35mais ils étaient séparés, je pense.
07:37Il n'y avait pas d'accent commun.
07:38Non, là, ils s'entendaient...
07:39Donc c'est la première fois véritablement où ils étaient ensemble.
07:41Ils s'entendaient très bien, ils étaient devenus très amis.
07:44Ils allaient dans des petits coins, ils répétaient,
07:47puis ils venaient me trouver, ils me disaient,
07:49dis-donc, si on faisait ça, ce serait peut-être pas mal.
07:52Alors, quelquefois, je disais, j'achète ou j'achète pas.
07:55Selon que c'était dans le contexte général de l'histoire qu'on racontait
07:58ou quelquefois hors l'action.
08:00Mais très souvent, je disais, j'achète, je suis très content,
08:02c'est une bonne idée, puis on le tournait.
08:04Quels sont les gars qui vous ont amenés ?
08:06À Montpellier-le-Vieux, il y a un endroit où ils franchissent une muraille
08:09et il y a un lapin qui passe,
08:11ce qui fait que le chien policier passe,
08:13veut passer dans le trou à cause du lapin,
08:15et puis ils sont coincés tous les deux.
08:17Alors il y en a un qui dit attendez une seconde,
08:19qui jette son fusil de l'autre côté,
08:21l'autre passe et puis...
08:23C'était pas prévu qu'il lui... qu'il redescendait,
08:25que Bourville redescendait sur les épaules.
08:27C'est pas écrit ça.
08:29Il est retombé sur les...
08:31en franchissant le mur sur les épaules de Bourville
08:33qui était très costaud.
08:34Je dis, bon, c'est parfait, restez comme ça.
08:36Mais ce qu'il y a de... vous racontiez tout à l'heure,
08:38il y a un chien qui a mordu les fesses de Funès.
08:40C'est dans le film.
08:42C'est-à-dire que quand les chiens
08:44entraînent de Funès au milieu de la patrouille allemande,
08:46parce qu'il veut rejoindre ses collègues chiens
08:48et que la patrouille allemande a des chiens,
08:50à ce moment-là il est arrivé,
08:52et puis j'ai vu, parce qu'il a un mouvement
08:54qui est très bref, qu'on perçoit à peine dans le film,
08:56il y a un chien qui a mordu la culotte.
08:58Et il lui a enlevé un morceau de fesse.
09:00Ah !
09:02Il n'était pas content, mais il a continué.
09:04Vous savez, les acteurs sont très souvent des gens héroïques.
09:06C'est vrai, quand ils sont au cours d'un tournage
09:08et qu'il y a un accident qui arrive,
09:10ils continuent.
09:12Il faut avoir un grand respect pour ça.
09:14Alors le mélange de Funès et Bourvil,
09:16ça ne devait pas être évident,
09:18parce qu'il y en a un, Bourvil, c'est l'eau,
09:20et puis le Funès, c'est vraiment le feu.
09:22Vous étiez au tournage, vous, Marcel ?
09:24Pas moi, je crois pas.
09:26Je devais être plus ou moins en train de...
09:28de m'occuper de...
09:30L'adaptation, est-ce que vous pensiez
09:32véritablement à ce moment-là, vous, très fort,
09:34avec les deux acteurs principaux ?
09:36Totalement, je veux dire, dès le début du corneau,
09:38et d'autant plus dans La Grande Vadrouille,
09:40l'agrément dans tout ce que j'ai fait avec Gérard,
09:42c'est qu'on a toujours su, même dans la question
09:44que vous ne me poserez peut-être pas,
09:46et à laquelle je ne répondrai pas même si vous me la posiez,
09:48qui était le personnage
09:50pour lequel nous travaillions.
09:52Vous êtes en train de faire un film avec Gérard,
09:54alors je voudrais connaître
09:56le nom de l'acteur et le thème.
09:58Le nom de l'acteur et le thème, c'est bien ça.
10:00Il n'y a pas de malentendu.
10:02Non, dans La Grande Vadrouille.
10:04Dans La Grande Vadrouille,
10:06comme dans Le Corneau, on savait.
10:08Donc, c'était à façon, et je verrai toujours
10:10dans La Grande Vadrouille, le jour où,
10:12on ne peut pas dire que Louis, pas plus qu'André,
10:14venait beaucoup au moment de l'écriture.
10:16Et un jour, il est venu,
10:18il m'a dit, on va lui lire,
10:20et j'ai commencé à lire la scène du garage,
10:22dans Le Corneau,
10:24de la scène du garage,
10:26où ensuite,
10:28de funès,
10:30il a briqué la voiture,
10:32il a distribué les billets,
10:34le travail qu'il avait commandé
10:36à l'autre.
10:38Donc, il est arrivé, il t'a demandé
10:40si tu avais de la musique, tu as mis un disque,
10:42et il nous a fait la scène, d'instinct,
10:44comme ça,
10:46et il a dit après, gentiment,
10:48alors si on mêle un peu votre dialogue
10:50à ce que je viens de vous faire, est-ce que ça va ?
10:52On lui a dit, je ne vois pas ce que viendrait faire le dialogue.
10:54Notre dialogue a été tué
10:56dans l'instant par quelqu'un qui avait eu
10:58un moment de génie,
11:00tout seul, immédiatement, etc.
11:02Toi, tu en avais peut-être plus
11:04de moments, mais moi, je n'ai que celui-là
11:06dans ma tête.
11:08Il était très obsédé, en fait, Michel Maudeau s'en souvient,
11:10toi aussi peut-être,
11:12très obsédé par le cinéma muet.
11:14Il avait envie de supprimer le maximum
11:16de dialogue possible.
11:18D'ailleurs, son rêve était de tourner un film entièrement muet.
11:20Il me l'a souvent dit.
11:22Est-ce que ça ne les gênait pas, Bourvil
11:24et de Funès, de prendre la guerre
11:26un peu à la légère, non ? Est-ce qu'ils n'ont pas eu des problèmes
11:28de conscience au moment du tournage ?
11:30Pas du tout, parce que, bon,
11:32dans les choses les plus dramatiques dans la vie, nous le savons,
11:34dans les choses tristes, dans les enterrements,
11:36il y a toujours un élément drôle qui se mêlait.
11:38Là, on avait vraiment décidé
11:40que ce film serait
11:42une espèce de chevauché
11:44à travers la France, pour tout vous dire.
11:46Si vous voulez savoir exactement où est l'origine
11:48de La Grande Vatrouille...
11:50Les jumelles !
11:52Oui, ça avait été écrit au départ par Jean-Charles Taquelin
11:54et moi, ça s'appelait
11:56Au Petit Jésus, et c'est l'histoire de deux filles,
11:58de deux sœurs jumelles,
12:00des aviateurs anglais tombaient
12:02en parachute dans la vie de l'une et de l'autre,
12:04et elles allaient cornaquer ces types
12:06jusqu'à la zone libre. Et alors,
12:08ce qu'il y avait, c'est que
12:10dans les deux sœurs, il y en avait une
12:12qui était l'épouse d'un marchand
12:14de bondieuserie de la place Saint-Sulpice,
12:16donc qui était toujours avec les curés,
12:18et puis la seconde qui était,
12:20disons, un peu pute.
12:22Ça, dans le fond, Michel Maudeau, vous qui connaissez bien le film,
12:24comment il s'appelle ?
12:26Oh là là, ça c'est la question piège !
12:28Comment il s'appelle Bourvil dans le film ?
12:30Ah bon, très bien !
12:32Mais alors, c'est une question totalement piège !
12:34Vous vous en souvenez ?
12:36Nous voilà !
12:38Leopold Saroyan,
12:40c'est lui, de finesse !
12:42Non, ça c'est le corneau !
12:44Ah oui, c'est ça !
12:46Samislas Lefort !
12:48Lefort !
12:50C'est de finesse, ça !
12:52Augustin !
12:54Augustin !
12:58Vous allez nous aider à commenter ces images,
13:00vous allez commenter vous-même !
13:02Le tournage du film, un incendie !
13:04Regardez !
13:06Vous vous souvenez ?
13:08Ah oui, c'est un morceau !
13:10Ah oui !
13:12J'y étais, là !
13:14Ah oui !
13:16Donc incendie du décor, qu'est-ce qu'il s'était passé, là ?
13:18Non, c'est ça !
13:20Ander à Parisie, qui s'en va avec le...
13:22C'est la commandante Tours !
13:24C'est la commandante Tours de Meursault, qui était à la mairie de Meursault.
13:26On a foutu le feu dans la carte !
13:28Ah d'accord, ouais !
13:30Et ça, c'est Bourvil !
13:32Voilà !
13:34Ah, là, il boit un coup !
13:36Il y a eu des dégâts ? Il y a eu des blessés ?
13:38Non, non !
13:40C'est dans la cour de Meursault !
13:42De la mairie de Meursault !
13:44C'est là qu'il y a le petit badge
13:46que notre ami Modo porte.
13:48Souvenir de Meursault.
13:50C'est Meursault qui a édité ce badge à l'André Drouille.
13:52Ce pins !
13:54Donc, nous sommes dans la cour, là !
13:56Voilà, Thierry Thomas !
13:58Thierry Thomas, qui n'est plus de ce monde, non ?
14:00Non !
14:02C'est fou, lui !
14:04Oui !
14:06Et là ?
14:08Là, c'est de Funès, je crois que j'ai dit.
14:10Voilà !
14:12Vous étiez, vous, à ce moment-là ?
14:14Oui, on était à ce moment-là.
14:16C'est là où il y avait la scène des tonneaux.
14:18Il était le responsable
14:20de l'horrible interversion qu'il y avait
14:22avec les tonneaux.
14:24J'ai une petite anecdote, c'est que cette scène des tonneaux,
14:26j'étais beaucoup en gros plan,
14:28et c'est très fatiguant de loucher avec les lumières,
14:30et donc, pendant, on a tourné quoi ?
14:32Deux, trois jours !
14:34Oui, j'ai louché pendant deux, trois jours,
14:36et je suis rentré à Paris
14:38entre les tournages,
14:40et je suis rentré épuisé.
14:42Et j'ai eu la tête de Gérard,
14:44qui m'a dit, ils ont tout foiré au laboratoire,
14:46il faut tout refaire, tu te souviens ?
14:48Ça a été incroyable, parce que
14:50de Funès aimait beaucoup Modoy aussi,
14:52son copain grosso,
14:54et ils tournaient souvent ensemble,
14:56ils tournaient souvent ensemble,
14:58et tout d'un coup, après des recherches pendant des semaines,
15:00parce que vous ne trouvez pas un type qui fait ça ?
15:02Tu ne peux pas nous le refaire ?
15:04C'est les refaites, vous êtes sur la lune.
15:06Vous êtes sur la lune, ça c'est plaisir.
15:08Attendez, on va faire un autre plan, ne vous fatiguez pas.
15:10Bon, si tu pars trop vite quand, je te dirai, vas-y.
15:12Alors, attention, vas-y.
15:14Encore ?
15:16Non, non.
15:18Non, mais c'est quand même, c'est les cours, ça.
15:20Applaudissements.
15:22Applaudissements.
15:24Applaudissements.
15:26Des années d'entraînement.
15:28Marie Dubois, est-ce que vous avez des souvenirs
15:30de tendresse avec Bourville ?
15:32Ils ont fait un autre film aussi.
15:34J'avais fait Les Grandes Gueules,
15:36et on s'était beaucoup rencontrés
15:38dans Les Grandes Gueules,
15:40parce que comme on tournait dans les Vosges,
15:42qu'il pleuvait beaucoup,
15:44alors on passait des heures dans la voiture d'André,
15:46et il nous racontait des souvenirs,
15:48c'était un merveilleux conteur,
15:50d'une grande tendresse,
15:52si bien que quand je suis arrivée
15:54sur le tournage de La Grande Badrouille,
15:56c'est difficile quand vous arrivez au milieu
15:58d'un film,
16:00où il y a eu toute la bourgogne,
16:02tous les vins, etc.
16:04Vous arrivez, vous êtes un peu fatigué,
16:06alors j'avais un peu le trac devant lui,
16:08et Bourville est venu me voir,
16:10et il m'a dit, vous savez Marie,
16:12il est très gentil,
16:14c'est quelqu'un,
16:16et puis il y avait une telle complicité,
16:18on s'amusait tellement,
16:20une scène que j'adore dans le film,
16:22c'est la scène où on simule
16:24la scène de ménage, et où on casse les assiettes,
16:26et la jouissance que je pouvais avoir,
16:28tout ce que je n'osais pas faire à la maison,
16:30je pouvais les casser, les casser !
16:32Est-ce qu'il arrive des moments,
16:34comme dans l'histoire du bain turc,
16:36est-ce qu'il y a des crises de fourrure entre les acteurs ?
16:38Est-ce qu'on a recommencé les scènes à cause de ça ?
16:40Écoutez, des fourrures entre les acteurs,
16:42sûrement, des fourrures de ma part,
16:44non. Ils viennent après,
16:46ou ils viennent le soir, parce que je suis tellement angoissé
16:48à l'idée de réussir.
16:50Vous savez, vous parlez de l'histoire du bain de vapeur,
16:52la scène a été loupée.
16:54C'est-à-dire qu'elle n'a pas été,
16:56je l'ai mal tournée.
16:58Et là, c'est là où Robert Dorfman,
17:00pour lui rendre hommage, quand on a vu la scène,
17:02je lui ai dit, écoute, c'est raté.
17:04Robert Dorfman est le producteur du film.
17:06Il y avait eu quatre jours de tournage,
17:08c'est très coûteux, et il m'a dit, tu recommences.
17:10Bon, j'ai tout recommencé,
17:12là, c'est ce qu'il y a dans le film.
17:14Donc, on peut dire que
17:16les acteurs,
17:18pendant ce temps-là, Bourvil de Funès,
17:20ils étaient dans leur loge, ils s'amusaient,
17:22ils disaient des conneries ensemble,
17:24ils s'amusaient énormément, tous les deux.
17:26Mais moi, j'étais dans un état d'angoisse.
17:28Alors, je peux pas dire... Bon, je ris en projection,
17:30et puis, alors, quelquefois,
17:32quand quelque chose qui n'a pas... me surprend,
17:34par exemple, quand il y a la scène
17:36entre de Funès et l'officier allemand
17:38avec le gâteau,
17:40le général en pâte d'amande,
17:42là, il m'a eu complètement de Funès
17:44puisqu'on était là, donc, au studio,
17:46d'ailleurs, s'asseoir, en train de tourner,
17:48et puis, tout d'un coup, quand il y avait
17:50la scène avec l'allemand qui était venu chercher de la bouffe
17:52dans la cuisine, et qu'il sort ce gâteau,
17:54il y a de Funès qui s'est emparé
17:56de la petite truc en pâte d'amande,
17:58et il a commencé à décortiquer
18:00le général allemand en mangeant
18:02les bras comme des asperges,
18:04la tête, etc., et là, j'étais là,
18:06il m'avait pas prévenu qu'il allait faire ça,
18:08il l'a inventé sur place, d'ailleurs, c'est pas prévu,
18:10je suis sorti à quatre pattes
18:12du studio,
18:14je n'ai vu le... tellement je rigolais.
18:16Je me suis dit, je vais gâcher le son,
18:18je me suis sorti à quatre pattes, j'ai entendu
18:20couper, c'est pas moi qui l'ai dit, tout le monde a hurlé de rire,
18:22et je l'ai vu le lendemain soir,
18:24et c'est dans le film, c'est formidablement drôle.
18:26C'est un moment où il faut être le premier spectateur.
18:28D'ailleurs, ce que De Funès disait toujours,
18:30il disait qu'il aimait bien tourner avec moi
18:32parce que je rigolais. Je rigolais quand il me surprenait.
18:34Alors, surprenez-moi, disait Coco.
18:36Madame De Funès, bonsoir,
18:38vous êtes avec nous depuis Paris, depuis votre domicile parisien.
18:40Oui. Vous allez bien, madame ?
18:42Mais très bien, je vous remercie, Hervé.
18:44Je suis bien heureux de vous accueillir,
18:46je suis entouré de Marcel Juliand,
18:48de Michel Maudeau, de Marie Dubois,
18:50et de votre amie Gerard Roury.
18:52Asplendide. On t'embrasse tous,
18:54Hervé. Très fort.
18:56Ah, mais moi aussi, je vous embrasse.
18:58Et je suis très heureuse que vous soyez
19:00chez nos amis belges, là-bas,
19:02parce que Louis était très heureux en Belgique.
19:04Il a eu un gros, gros succès en Belgique.
19:06Madame De Funès, Louis,
19:08votre époux a souvent dit
19:10c'est grâce à ma femme que je suis devenu ce que je suis.
19:12Ah, tout de même. Faut pas exagérer.
19:14Il était très aimable de dire ça,
19:16mais tout de même, le génie,
19:18c'était lui, c'était pas moi.
19:20Mais il avait, madame, une confiance absolue en vous, tout de même.
19:22Ah, oui. Oui, oui, oui.
19:24On s'entendait très bien, oui.
19:26On parle de La Grande Vadrouille,
19:28madame De Funès. Est-ce qu'il a cru,
19:30dans l'intimité, dans votre famille,
19:32est-ce qu'il croyait au succès de ce film, Louis De Funès ?
19:34Ah, ben, je comprends.
19:36Ah, ben, je pense bien.
19:38Il a été très heureux en le tournant.
19:40C'était vraiment un tournage merveilleux.
19:42Et il a été très, très heureux
19:44en tournant ce film. Alors, vous savez, du moment
19:46qu'il était heureux en tournant, il était sûr du succès.
19:48Forcément.
19:50Et il vous parlait, en rentrant le soir
19:52du film, il vous racontait ?
19:54Est-ce que c'était son habitude, à Louis De Funès,
19:56de vous raconter ce qui se passait ?
19:58Oh là là, c'était bien.
20:00Pendant des heures.
20:02Parce qu'il était toujours un petit peu inquiet
20:04en se disant, est-ce que c'était bien ?
20:06Vraiment, Gérard m'a dit que c'était bien,
20:08mais tu penses que c'était bien, oui ?
20:10Toujours inquiet.
20:12Votre mari n'avait pas la grosse tête.
20:14Ah non, oh là, pas du tout.
20:16On dit souvent de votre mari, madame De Funès,
20:18est-ce que vous pensez que c'est la meilleure définition
20:20de lui au cinéma ?
20:22Ah oui, il faisait toujours le méchant,
20:24le tortionnaire,
20:26alors que lui-même,
20:28il était loin d'être tout ça.
20:30Il était comment dans la vie privée ?
20:32Est-ce qu'il était comique ou pas ?
20:34De temps en temps,
20:36il était un petit peu comme tout le monde,
20:38mais quand il voulait l'être,
20:40il l'était.
20:42Mais tous ces tics de paroles et ces énervements,
20:44c'était pas du tout lui à la vie, ça ?
20:46Il était quand même un monsieur assez nerveux,
20:48assez près du bonheur, quand même.
20:50Oui, malgré tout.
20:52Chère madame De Funès,
20:54est-ce que vous recevez encore
20:56des marques de sympathie du public
20:58vis-à-vis de Louis ?
21:00Ah monsieur, à mon grand étonnement,
21:02alors là, je vous assure,
21:04de nombreuses lettres
21:06qui me sont adressées de partout
21:08et le maire
21:10du Cellier-en-Reçois
21:12qui me retransmet
21:14et un petit peu de tous les côtés,
21:16je reçois des lettres toujours adorables
21:18disant qu'ils ont perdu
21:20comme si c'était leur père
21:22ou leur frère ou quelqu'un de leur famille.
21:24Et moi, je reçois pas mal de lettres
21:26que quelquefois je les transmets à mes jeunes
21:28où des jeunes
21:30ne savent pas qu'il n'est plus là
21:32et qu'ils me demandent ton adresse
21:34pour écrire à Louis, ils croient qu'il est toujours vivant.
21:36C'est quand même une des grandes vertus
21:38des films à la télévision, ça, c'est que les acteurs
21:40et grands comédiens demeurent très vivants.
21:42Madame, vous vivez toujours
21:44dans la mémoire de votre mari ?
21:46Ah, je comprends, il vit avec moi
21:48complètement, monsieur.
21:50Il est au quotidien près de vous ?
21:52Et alors, quand j'ai
21:54le moindre ennui, je l'appelle au secours,
21:56il vient à mon secours toujours.
21:58Vous vous êtes mariée même de funès
22:00pendant la guerre, je crois, avec Louis ?
22:02Oui, en 1942,
22:04vous voyez, c'est pas hier.
22:06Est-ce que ça vous a pas fait drôle
22:08que Louis triomphe aussi
22:10devant Vandade-Rouy, qui était justement
22:12à la même époque que votre amour ?
22:14Mais oui, justement,
22:16on retrouvait là
22:18des scènes qui avaient été
22:20prises presque sur le vif.
22:22C'est certain.
22:24Merci en tout cas de votre simplicité,
22:26merci d'aimer toujours Louis comme nous l'aimons aussi.
22:28Madame de Funès, on vous applaudit. A bientôt, madame.
22:30Au revoir.
22:36J'y pense.
22:38C'est indiscret, mais ça fait rien.
22:40Avec vos pinceaux, votre carriole...
22:42J'ai pas de carriole.
22:44Votre voiture à bras.
22:46Vous gagnez combien ?
22:48Je joins les deux bouts.
22:50C'est bien. Pour vous, c'est très bien.
22:52Vous croyez ?
22:54Et vous, avec votre musique,
22:56vous faites combien ?
22:58Moi, je gagne beaucoup plus que vous, évidemment.
23:00Ce que je gagne, c'est énorme.
23:02C'est énorme.
23:04Vous devez être heureux.
23:06Non, mais vous, vous êtes un homme heureux.
23:08Pourquoi ?
23:10Parce que vous n'avez pas mes soucis.
23:12Moi, j'ai des charges, j'ai les impôts, j'ai le personnel.
23:14J'ai le gros personnel et le petit personnel.
23:16Chez moi, il y avait partout du petit personnel.
23:18Sapristi.
23:20J'ai trois voitures, dont deux qui ne me servent à rien
23:22parce que je ne peux pas monter dans les lois en même temps.
23:24Sapristi, Sapristi.
23:26À Cannes, j'ai une énorme propriété,
23:28et une moins grande à Deauville.
23:30Je ne peux pas y aller dans les deux en même temps,
23:32alors ça veut dire que je n'y vais jamais.
23:34Vous allez répéter Sapristi, Sapristi comme ça toute la soirée.
23:36Il faut bien que je dise quelque chose.
23:38Dites autre chose. Vous avez Bigres, vous avez Sacrebleu,
23:40vous avez Diantre, vous avez...
23:44Mais dites-moi, Dolfo,
23:46moi qui possède beaucoup,
23:48on peut tout me prendre.
23:50Mais vous, qui n'avez rien,
23:52on ne peut rien vous prendre.
23:54Vous n'avez rien.
23:56Vous êtes un homme heureux.
23:58Ah oui.
24:00Vous avez peut-être raison.
24:02Je pense,
24:04ce soir,
24:06à l'heure qu'il est, après tout ce que nous avons fait,
24:08les Allemands vous ont tout pris, vous savez.
24:10C'est pas possible.
24:12Diantre.
24:14Vous n'avez plus rien.
24:16Rien.
24:18Donc, vous êtes comme moi.
24:20Vous êtes un homme heureux.
24:24Allez, là-dessus, dormez bien.
24:28Ah oui, c'est vrai, j'ai oublié de vous dire.
24:30Je ronfle.
24:32Mais c'est vrai, vous n'aurez qu'à siffler.
24:34Je m'arrêterai.
24:36Je sifflerai toute la nuit.

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