Des amis, d'accord, mais silencieux ! - Le billet de Daniel Morin - Vidéo Dailymotion

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Daniel Morin adore être seul. Il rêve d'amis qui ne parlent pas ! -   Le billet de Daniel Morin dans le 5/7 (6h55 - date) Retrouvez tous les billets de Daniel Morin sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-daniel-morin

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00:00Vous le savez les amis, j'ai une vie simple, j'ai des joies simples, les meilleurs moments

00:05que je passe, c'est quand je suis seul, j'adore ma compagnie, je me trouve hyper sympa, passer

00:09du temps avec les gens, je veux bien, mais à une condition, qu'ils se taisent, mais

00:12ils le font jamais.

00:13Un ami qui passe te voir, sans rien dire, sans pipe et mots, ce serait tellement délicieux,

00:18on sonne à la porte, tu ouvres, la bise, pas un mot, on passe dans le salon, on boit

00:25un verre sans échanger une parole, on est dans l'instant, on se regarde, zéro commentaire,

00:29de l'autre c'est déjà beaucoup, l'autre a un moment de faiblesse, il est sur le point

00:32de parler, de briser la magie du vide, de rompre le vertige, j'interviens, il a compris,

00:38il sourit, il plisse les yeux, comme pour me dire, t'as raison, quel con je suis, j'ai

00:41failli tout gâcher.

00:42On enchaîne avec le dîner, il a encore pour quoi parler, on est là ensemble, on est bien,

00:46on marche, petite liqueur silencieuse dans le salon pour finir, après, c'est pas tout

00:50ça, mais faut dormir, l'invité s'en va, pas de au revoir, on ferme la porte, quelle

00:54belle soirée.

00:55Les gens parlent trop souvent pour ne rien dire, et j'en ai eu la preuve éclatante hier

01:00en regardant un Dimanche à la campagne, l'émission de Frédéric Lopez en France 2, nom de Dieu,

01:06ça tchatche pour rien sans arrêt.

01:08Les invités étaient trois artistes qui individuellement, dans leur domaine respectif, j'aime bien,

01:13Éric Emmanuel Schmitt, l'écrivain, Arnaud Ducrel, comédien, et Santa, la chanteuse

01:17vendeuse de popcorn.

01:18Alors, le Frédéric Lopez, il n'arrête pas de leur parler de sensations, de souvenirs

01:22et de leur enfance, de leurs parents, mais quelle tannée, quel lavement ! Oh, puis c'est

01:27à la campagne, ils portent tous des pulls en laine qui grattent, faut refaire en tant

01:30qu'tique.

01:31On notera également que dans ce programme, les gens passent leur temps à bouffer, à

01:35becqueter, et bien sûr, à chaque fois, c'est les produits frais qui viennent de chez des

01:39voisins, les œufs de ginette, le saucisson de Fernand, les tomates à Thérèse, mais

01:44quelle horreur ! A tout moment, j'avais l'intrigue que débarquent trois cafés gourmands pour

01:47chanter une saloperie bio, et dans chaque pièce de la maison, c'est un prétexte pour

01:51évoquer un moment de leur vie.

01:53Et le grenier ? Le grenier, c'est les souvenirs, c'est l'enfance.

01:56Alors, quand tu les écoutes, l'enfance a toujours été plutôt pauvre, mais tellement

02:00heureuse, le syndrome de la misère joyeuse, je déteste ! Genre, petit, j'étais super

02:05heureux, on n'avait pas beaucoup d'argent, papa avait quitté maman qui avait trois boulots

02:08pour nous élever, moi et mes quatre sœurs, mais quelle nausée ! J'aurais aimé tellement

02:14qu'un invité se lâche ! Jean-Claude, comme beaucoup d'artistes, est-ce que votre joie

02:18de vivre est une réaction de survie à une enfance qu'on imagine difficile, où les

02:21moyens étaient limités, c'est peut-être aussi comme ça qu'on apprend la valeur des

02:25choses, non ? Ah mais pas du tout ! Moi, je viens d'une famille blindée d'oseilles,

02:30zéro valeur, petit, j'étais capricieux, mais j'avais tout ce que je voulais, j'étais

02:32très heureux.

02:33J'avais pas d'amis, mais j'avais pas à relouer des enfants pauvres pour que je joue

02:36avec.

02:37Alors oui, oui, le malheur était présent dans la maison, mais c'était les domestiques

02:39qui souffraient, pas moi.

02:40Vous ne pensez pas qu'une enfance difficile pousse à se réaliser, à s'épanouir artistiquement ?

02:45Mais que dalle, Fred, que dalle, le fric et le luxe, c'est ça qui rend heureux, et j'en

02:51ai pas manqué, croyez-moi ! Non, définitivement, le silence et les rencontres, sans parole,

02:58y'a pas mieux.

02:59Demandez-lui, à notre voisin prestigieux, celui qui met l'espace francophone en délire

03:03entre ses deux bouts, il serait tellement heureux si mon intervention était muette,

03:07mais tellement heureux ! Je crois que pour une fois, on est d'accord.

03:10Nicolas Demorand, c'est parti pour le délire, bonjour Nicolas Demorand, bonjour Mathilde

03:18Munoz, France Inter, 7h.

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