«Ni chaînes ni maîtres» de Simon Moutaïrou : le film recommandé par Olivier Benkemoun
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NewsTranscript
00:00Allez, on va parler cinéma maintenant avec la sortie d'un grand film cette semaine,
00:05Ni chêne, ni maître, Olivier Benkhemoun, vous l'avez vu ?
00:08Oui, le film coup de fouet de la semaine si on veut,
00:10puisque c'est un film sur la déshumanisation, sur la colonisation violente et barbare,
00:13sur l'esclavage comme on l'a pratiqué sur les îles.
00:16Avec Benoît Magimel et Camille Cotin, nous sommes en 1757 sur l'île de France,
00:21comme on appelait à l'époque l'île Maurice, dans une plantation de canne à sutres.
00:25Un maître joué par Benoît Magimel pratique une violence pragmatique et codifiée
00:29sur ses esclaves qui sont Peul, Malgache ou Olof.
00:32À sa première fuite, le marron sera marqué de la fleur de lys.
00:37S'il récidive, il se fera couper les oreilles et les jarrets.
00:43Il s'est rondi dans la troisième règle.
00:46Voilà, et la troisième règle, c'est la mort.
00:49On appelait cela le code du marronnage,
00:51et le réalisateur ne cache rien de cette violence, de ces oreilles que l'on coupe,
00:54de ces coups de fouet qui déchirent la peau,
00:57ou de ce masque de fer que l'on plaçait sur le visage de ceux qui osaient répondre.
01:01On va suivre le destin de Masamba, qui est allaitré,
01:04qui apprend en cachette à lire à sa fille.
01:06Masamba qui a un statut particulier parce qu'il joue l'intermédiaire
01:09entre le maître et les autres esclaves.
01:11Mais le jour où sa fille s'enfuit, ce Masamba d'abord va être déchu,
01:14humilié, frappé, évidemment, et par la suite, en fuite,
01:17il va devenir à son tour un marron.
01:19Et démarre la deuxième partie de l'histoire, la traque,
01:22où intervient Camille Cotin, dont le personnage est une pisteuse terrible,
01:26une pisteuse de marrons.
01:27Elle est accompagnée de ses deux fils, qui sont d'une cruauté sans nom.
01:31Et la traque dans la forêt est filmée brute, sans fioriture,
01:34avec ses chiens qui ne laissent aucune chance à personne.
01:36C'est assez terrible.
01:37Aucun être sur cette terre ne mérite de telles horreurs.
01:40J'obéis à mon roi, à la loi et au ciel.
01:45Une dimension évidemment religieuse très, très importante.
01:48Et la comparaison entre l'homme noir et l'homme blanc,
01:52son statut, sa place, et évidemment, au cœur de cette histoire,
01:55c'est très manichéen parfois, mais je trouve que le film est très réussi
01:58parce qu'il provoque des émotions, des émotions de peur, de dégoût.
02:01C'est filmé comme un thriller.
02:02C'est absolument passionnant, sans doute très proche de la réalité
02:05qu'on n'a pas envie de regarder dans les yeux.
02:06C'est vrai, c'est un film mémoriel.
02:07Je trouve que c'est un film nécessaire.
02:09Et j'ajoute que c'est un premier film signé de Simon Moutahirou.
02:12C'est un garçon qui a du métier dans le cinéma,
02:15dans l'écriture de scénarios, parce qu'il a notamment écrit
02:17Le Vilain pour Albert Dupontel, dans un autre genre.
02:20L'Assaut pour Julien Leclerc et Boîte Noire,
02:23vous vous souvenez de l'exposé Yohann Gosselin.
02:36Michel Nimetre, donc, de Simon Moutahirou, en salle cette semaine.
02:41Vous accrochez très fort visiblement.
02:42Ce n'est pas la grande rigolade.
02:44On n'y va pas forcément avec les enfants.
02:46Non, on n'y va pas forcément, mais c'est important de regarder les choses en face.
02:50Michel Nimetre, merci beaucoup, cher Olivier Benquemout.