Les avocats des deux policiers dénoncent le décalage entre l’emballement médiatique et la réalité des faits.
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00:00Mon client est persuadé d'avoir sauvé des vies le jour où il l'a tiré.
00:02Il est persuadé que si cette voiture était repartie,
00:05elle aurait causé des drames, elle aurait fait un massacre.
00:09Je suis Laurent-Franck Lianard, je suis avocat au barreau de Paris.
00:12Je suis Pauline Rago, je suis avocate au barreau de Paris.
00:15Et j'assiste le policier qui a ouvert le feu
00:18sur ce conducteur de véhicule Mercedes, monsieur Merzouk.
00:21Et je défends le collègue du policier qui a ouvert le feu
00:25sur le conducteur le 27 juin 2023.
00:27Initialement, on était parti sur une vidéo de quelques secondes.
00:31Et en un an d'instruction, on est allé au bout des choses.
00:35Les magistrats ont fait les actes nécessaires,
00:38c'est-à-dire des auditions, une confrontation, une reconstitution,
00:43de manière à expliquer ces quelques secondes,
00:47expliquer ce tir terrible que mon client a dû pratiquer
00:51et qui a conduit à la mort de ce jeune homme.
00:53Les magistrats, ils ont fait un travail complet.
00:55Et aujourd'hui, avec l'ensemble des éléments d'informations qu'ils ont,
00:59ils doivent prendre la décision de savoir si ce tir était légitime ou non,
01:02s'il existe des charges suffisantes pour faire juger ce policier
01:06par une cour d'assises ou une cour criminelle,
01:08ou s'il n'y a pas lieu à le poursuivre
01:10parce qu'il était dans le respect du droit.
01:12Alors évidemment, à notre sens, ce policier était dans le cadre légal
01:16de l'usage des armes.
01:16La loi autorise les policiers à faire usage de la force
01:19et notamment de la force armée
01:20quand ils ne peuvent arrêter autrement un véhicule
01:23qui risque dans sa fuite de causer des atteintes graves,
01:27voire mortelles à des personnes innocentes.
01:29C'était le cas, mon client est persuadé d'avoir sauvé des vies
01:31le jour où il a tiré.
01:32Il est persuadé que si cette voiture était repartie,
01:35elle aurait causé des drames, elle aurait fait un massacre.
01:37Bien involontairement bien sûr,
01:38il ne pense pas que ce conducteur aurait volontairement foncé sur les gens.
01:42Mais étant donné qu'il avait manqué d'en écraser deux quelques secondes avant,
01:45pour mon client, il ne fait pas de doute qu'il ne fallait pas le laisser partir.
01:48Et le seul moyen qu'il avait, hélas, pour arrêter cette voiture,
01:51c'était d'appliquer un tir sur ce conducteur, ce qu'il a fait.
01:55Et devant cette contrainte à laquelle il a été opposé,
01:58il devait tirer, il l'a fait et il ne doit pas en répondre pénalement.
02:02Durant cette année d'investigation qui ont été faites par les deux magistrats instructeurs,
02:06vous avez de nombreux actes qui ont été effectués
02:09et qui viennent, s'agissant de mon client,
02:11corroborer l'intégralité des déclarations qu'il a pu faire depuis le début,
02:15à la fois sur son ressenti du danger grave et imminent qu'il a perçu à ce moment-là
02:20et également sur un certain nombre de choses dont il a pu être accusé par certaines parties
02:26et dont il s'est toujours défendu.
02:27Je pense par exemple au fait qu'on lui a imputé d'avoir asséné des coups
02:31au conducteur du véhicule Mercedes,
02:33au fait qu'on a pu aussi indiquer qu'il avait proféré des menaces de mort
02:37à l'encontre de ce conducteur.
02:39À cet égard, les investigations techniques sont venues corroborer tout ce qu'a dit mon client.
02:44Et notamment, il a été clairement établi à l'issue de l'instruction
02:47qu'aucun coup n'avait été porté sur le conducteur du véhicule Mercedes.
02:51Donc de ce point de vue-là, ce n'est plus du tout la même histoire
02:54qu'au début de cette affaire qu'on a appelée très vite l'affaire Nahel.
02:57Et en fait, on s'est rendu compte au fil de l'instruction
03:00que les policiers disaient vrai, contrairement à certains propos qu'ont pu tenir les parties civiles.
03:04Ça a fait l'objet d'ailleurs d'une confrontation,
03:06dont l'occurrence a été rendue publique dans ce dossier,
03:08et où chacun est resté, mais comme souvent lors des confrontations, sur ses positions.
03:12Et donc à un moment, un magistrat, pour départager entre les déclarations de l'un et de l'autre,
03:17il se réfère à des éléments extérieurs, le plus objectif possible.
03:21Et en l'occurrence, on parle des expertises par exemple du médecin légiste,
03:24des expertises en accidentologie.
03:26Tous ces éléments sont venus corroborer davantage la parole des policiers,
03:30en tout cas de mon client, puisque je parle de mon client de ce point de vue-là.
03:34Donc c'est assez net.
03:36Après, ce qu'il faut aussi rappeler, c'est qu'une partie,
03:39que ce soit dans le cadre de sa défense,
03:41ou même lorsqu'elle est partie civile, vous savez, a le droit de mentir.
03:43Un avocat a le droit de dire ce qu'il croit devoir ou pouvoir être dit pour défendre son client.
03:49Voilà, ça c'est quand même un principe de base.
03:51Je pense que l'enjeu politique et l'enjeu judiciaire, il est très élevé évidemment.
03:56Je n'ai pas peur de nouvelles émeutes.
03:57Je pense qu'aujourd'hui, on est plus serein dans l'appréciation de ce dossier.
04:02Mais à l'évidence, la décision qui sera prise, elle sera importante.
04:06Parce que si on ne poursuit pas le policier,
04:09c'est un message que l'on donne aux policiers,
04:11que dans ce type de situation, leur sécurité juridique peut être assurée.
04:16Et si le policier était condamné,
04:18ça limiterait énormément l'effectivité de la loi de 2017.
04:21Donc les enjeux sont majeurs.
04:23Et la décision qui sera prise par ces magistrats,
04:26elle sera évidemment lourde de conséquences,
04:28que ce soit dans un sens ou dans l'autre.
04:31Et moi, ce que j'ai constaté, c'est quand même un glissement
04:34qui consiste à mettre en place, dès le départ, une stratégie
04:38où l'on vient, dès les premières minutes après les faits,
04:41crier aux violences illégitimes des forces de l'ordre,
04:43au racisme des policiers, crier aux policiers qui tuent,
04:47alors même qu'on n'a pas eu encore le résultat des investigations techniques,
04:50exploitation des vidéos, etc.
04:52Tout ça a dessin.
04:53Et le dessin, il est, si vous voulez, d'introduire un débat politique,
04:57de l'idéologie, dans un débat judiciaire, pour l'aveugler.
05:01Ça, c'est une stratégie.
05:02On veut, avant même que l'enquête se fasse,
05:04la condamnation d'un policier ou d'un gendarme, coûte que coûte.
05:08C'est-à-dire au mépris de la réalité du dossier,
05:11quitte à travestir les éléments objectifs qui seront révélés par la suite.
05:14On l'a retrouvé, par exemple, très clairement dans une autre affaire célèbre
05:17qu'on a appelée l'affaire Adamat-Raoré, où, là encore,
05:20alors que les gendarmes, aujourd'hui, ont été définitivement blanchis,
05:23c'est-à-dire mis hors de cause par l'institution judiciaire,
05:25continuer à crier à l'injustice,
05:28continuer à crier aux gendarmes assassins, au nom de la cause.
05:31Et la cause, c'est la cause anti-police.
05:32Vous avez un homme qui a tout donné pour la France.
05:35Il a commencé en étant militaire, il a été déployé en Afghanistan,
05:40il a ensuite été policier.
05:42Toute sa vie a été consacrée à la défense des gens,
05:45à la défense des institutions et à la préservation de la sécurité,
05:48la préservation de la loi.
05:49De père de famille, un matin, il s'est levé, il a mis son uniforme
05:52et puis il est allé travailler, comme tous les matins,
05:54à assurer la sécurité des gens.
05:56Et deux jours après, il était entre quatre murs, à l'isolement, en prison.
06:00On le traitait d'assassin.
06:02Et il a passé quatre mois et demi sans parler à personne,
06:05puisqu'il était totalement à l'isolement, menacé de mort,
06:09menacé de mort à l'intérieur même de la prison.
06:12C'est une effraction psychologique extrême.
06:16Il ne s'en remettra jamais.
06:17Donc aujourd'hui, il va porter le poids de cette effraction-là.
06:21Il a une succession d'effractions psychologiques.
06:24Il a tué quelqu'un alors que toute sa vie,
06:26il avait refusé de faire acte de violence.
06:29Il n'a jamais tapé sur quelqu'un.
06:31Et ce jour-là, il a tué quelqu'un.
06:32Donc pour lui, c'est déjà dévastateur.
06:36Ensuite, il a été traité comme un assassin.
06:38Et aujourd'hui encore, ce tsunami a des répercussions
06:43tout au quotidien dans sa vie.
06:45Donc évidemment, il ne va pas bien.
06:47Il va beaucoup moins bien qu'il n'allait avant.
06:49Ça, c'est une évidence.
06:51Il mettra très, très longtemps à se remettre de ça.
06:54Et je doute même qu'il puisse véritablement s'en remettre.
06:58Il y avait sa vie avant, il l'a perdu.
07:00Il a beaucoup, beaucoup perdu ce jour-là.
07:01Sa vie, elle lui aussi, elle a basculé ce 27 juin 2023.
07:05Il faut quand même rappeler que d'ailleurs,
07:06tout comme son collègue, il n'a jamais voulu la mort d'un homme.
07:08Donc c'est quelque chose qui vous marque.
07:10Après, oui, il a ressenti une forme de soulagement
07:13à l'issue des moments forts de cette enquête,
07:15que sont la reconstitution, les confrontations,
07:17parce qu'à ce moment-là, il a été révélé
07:20que tout ce qu'il avait pu indiquer se vérifiait
07:23dans le cadre des investigations techniques qui ont été réalisées.
07:26Et ça, c'est une source de soulagement pour lui.
07:28Après, nous ne sommes pas encore à la fin de l'instruction.
07:31Il faut rester très prudent.
07:32Mais oui, il y a cette forme de soulagement.
07:34Et surtout, il y a quelque chose qui est assez admirable chez mon client.
07:37C'est que malgré tout ça, malgré les menaces dont lui aussi a fait l'objet,
07:41eh bien, vous voyez, sa volonté de servir son pays, notre pays, elle est intacte.
07:45Et ça, c'est assez admirable.
07:46Et il a toujours cette force et cette envie chevillée au corps.
07:49Il a le bleu dans les veines.
07:50Et c'est aussi quelque chose qui est assez moteur
07:52et qui lui a permis de tenir pendant cette instruction d'un an.
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