Quelle Époque! : Arthur revient sur les moments douloureux de sa carrière mais également sur la sérénité qu'il a trouvé aujourd'hui
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00:00Vous dites que pour être animateur de télé, il faut un égo démesuré, c'est vrai ?
00:04Oui, je le pense, parce que s'adresser à cet objet sans voir qui est derrière,
00:12il faut déjà être psychologiquement un peu...
00:15Bah vous le savez !
00:18Avoir un égo, ça veut dire être mytho ou mégalo, ça veut dire...
00:21Voilà, moi je regarde une caméra, j'assume qu'il y a des gens derrière,
00:24je peux parler dix minutes sans m'arrêter, voilà, il y a ce truc-là.
00:27Maintenant, au début de carrière, on va dire, en vieillissant, ça passe.
00:33Ah oui, ça passe, oui, et c'est très bien comme ça.
00:36Moi je pense qu'il faut avoir effectivement de l'égo,
00:38je pense que l'antenne peut nous donner un égo qu'on n'a pas forcément dans la vie.
00:42Oh, moi je l'avais moi !
00:44Peut-être, mais c'est vrai que moi je sais que ça m'a donné une confiance
00:47que je n'avais pas forcément dans la vie plus quotidienne ou plus ordinaire.
00:52Mais vous, le gamin de Massy qui grandissait dans son HLM,
00:55quel était le moteur chez vous ? C'était quoi ?
00:57C'était être célèbre ? C'était l'argent ? C'était les filles ?
01:01Non plus, non moins.
01:02Au début, j'ai rien eu de tout ça.
01:03Je me suis rattrapé, mais j'ai rien eu de tout ça au début.
01:05Moi, j'habitais à 15 kilomètres de Paris et c'était un monde.
01:11Et pour moi, le seul objectif que j'avais, c'était d'aller à Paris vivre.
01:15C'était ça, mon moteur.
01:16C'était de quitter la banlieue et d'aller à Paris.
01:18Et le seul moyen que j'ai trouvé, c'est par la radio,
01:21où j'ai commencé à Massy Palaiseau,
01:23et après, je suis non pas allé à Paris, je suis allé à la Défense,
01:26mais j'étais déjà proche de Paris, jusqu'au jour où j'ai démarré ma vie à Paris.
01:29C'était ça, mon moteur.
01:30Et puis après, j'ai pris goût, les années 80,
01:33les années où Mitterrand a légalisé la bande FM.
01:36À un moment, c'était extraordinaire.
01:38N'oubliez pas, c'était une époque, je ne dis pas que c'était mieux avant,
01:40mais c'était une époque, il n'y avait pas les réseaux sociaux,
01:41il n'y avait pas YouTube, il n'y avait rien.
01:43Il y avait la radio, la télé et les journaux.
01:45Et vous étiez l'animateur le plus con de la bande FM.
01:48Oui, je dois reconnaître qu'à ce jour, je n'ai pas été déprimé.
01:51Ce n'est pas moi qui dis ça.
01:53C'est vous qui vous étiez, vous vous autant proclamé.
01:55Elle restait jusqu'à une décennie plus tard, c'est dingue.
01:57Je pense que sans cette affiche, je ne serais pas devant vous ce soir.
02:01Pourquoi ?
02:02Parce que c'est ce qui a fait décoller ma carrière.
02:04Elle a une histoire, cette affiche.
02:05Le directeur de la radio était en vacances et un jour, on nous dit,
02:08on a des panneaux d'affichage dans tout Paris qui se libèrent,
02:11vous avez deux heures pour trouver une affiche.
02:13C'était un vendredi, je n'oublierai jamais.
02:15On fabrique ça, à l'époque, avec deux bouts de ficelle.
02:18On balance tout et le gars revient de vacances.
02:20Il est sur le périph' et il voit ça.
02:22Grâce à cette affiche, il y a une dame qui s'appelle Dominique Cancien
02:26qui m'a appelé et qui s'est dit,
02:28mais qui est le mec qui est fou pour faire ça ?
02:30J'ai démarré à la télévision.
02:32Je vous le dois beaucoup.
02:34Moi aussi.
02:36Dominique Cancien aussi.
02:38C'est une grande dame de la télévision.
02:41Vous dites, des échecs, j'en ai eu, beaucoup.
02:44Je m'en suis pris plein la gueule.
02:46Vous avez eu le sentiment de vous en être vraiment pris plein la gueule ?
02:49Qu'est-ce qui vous a le plus blessé dans ces 30 ans de carrière ?
02:55J'avais un grand complexe quand j'ai démarré dans ce métier.
02:58J'étais pas cultivé dans le sens que j'avais pas fait d'études.
03:01Ça m'a bouleversé pendant des années.
03:03Quand j'étais reçu dans une émission de télé,
03:05j'étais terrorisé à l'idée qu'on puisse me poser une question
03:08en rapport avec un auteur classique.
03:11J'ai eu la bêtise de faire part de ce complexe.
03:14Pendant des années, on me l'a mis dans la gueule.
03:17Quand j'étais invité chez Ardisson, je me faisais bâcher.
03:20Ça m'a fait beaucoup de peine.
03:22C'est remonté jusqu'au guignol à l'époque.
03:24Ça a été les années les plus dures pour moi.
03:26Aujourd'hui, je n'ai rien à faire.
03:28Ça me dérange pas.
03:30J'ai appris à lire entre-temps.
03:32On vous sent libéré.
03:34Est-ce que j'ai tort de dire qu'il y a un moment où
03:37vous vous lâchez un peu comme vous, Julien Arnaud ?
03:40Il y a un moment où vous sortez du truc
03:42et vous dites ce que vous pensez.
03:44Vous n'en avez plus rien à foutre.
03:46Ça plaît, ça ne plaît pas.
03:48Est-ce que je me trompe ?
03:50– Au bout de 30 ans, c'est comme Christophe.
03:52On est arrivé à un niveau où on n'a plus rien à prouver
03:54dans notre métier et dans notre industrie.
03:56En tant qu'animateur, en tant que producteur.
03:58Je ne dis pas que je n'ai jamais été moi-même.
04:00J'ai toujours été moi-même.
04:02Mais là, je m'amuse.
04:04Je vois ces images où je suis en short avec des perruques.
04:06J'ai envie de m'amuser.
04:08J'ai grandi devant Ardisson.
04:10J'ai grandi devant les nuls.
04:12Je voulais être comme eux.
04:14Je voulais avoir cette petite insolence.
04:16Puis je me suis aperçu que ce n'était pas mon truc.
04:18Que j'étais plutôt un mec bienveillant.
04:20Et je crois que j'ai compris très vite que j'étais là
04:22pour m'amuser et m'entourer de gens rigolos.
04:24En fait, moi, quand je fais une émission de télé,
04:26vous avez remarqué, depuis 15 ans maintenant,
04:28je ne suis jamais seul.
04:30Il y a toujours des gens marrants autour de moi.
04:32Et en fait, je suis spectateur de mes propres émissions.
04:34Alors c'est vrai qu'aujourd'hui, j'ai un certain âge,
04:36j'ai envie de m'amuser.
04:38Et j'ai l'impression que ça plaît au public aujourd'hui.