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00:00A l'approche de ce que l'on appelle Octobre Rose ici en France, ce mois dédié à la sensibilisation et à la mobilisation du grand public contre le cancer du sein,
00:07il nous paraît essentiel de nous arrêter un instant sur l'avancée des soins proposés aux patients.
00:11Une étude vient de paraître, elle pourrait révolutionner la vie de toutes ces femmes engagées dans le combat contre la maladie.
00:18Bonjour à vous, Sofia Rivera, docteur. Sofia Rivera, vous êtes oncologue, radiothérapeute à l'Institut Gustave Roussy.
00:24Cette étude, vous l'avez présentée justement à Barcelone, vous rentrez d'un congrès auquel vous avez participé devant 25 000 confrères, il me semble.
00:33Une étude qui pourrait, je le disais, changer la donne de dizaines de milliers de femmes, de patientes atteintes du cancer du sein.
00:39Avant d'aller dans le détail sur cette étude révolutionnaire, en tout cas vous le promettez, on va d'abord, si vous le voulez bien,
00:46commencer par expliquer, poser certains chiffres, un constat. On sait qu'en France, aujourd'hui, 60 000 femmes sont diagnostiquées.
00:54Les femmes diagnostiquées, pas forcément le nombre de cancers du sein, mais 60 000. Ce chiffre nous paraît à nous trop important.
01:00Comment est-ce que vous l'expliquez ?
01:02Alors, il s'explique de différentes façons et on ne connaît pas toutes les explications.
01:06Ça fait l'objet encore de beaucoup de recherches. Il y a bien sûr des explications qui sont mises en avant sur le mode de vie, la pollution,
01:14Ce qu'on appelle les perturbateurs endocriniens, on en entend souvent parler.
01:19Possiblement, les facteurs alimentaires. Mais alors tout ça est encore vraiment analysé finement parce que c'est difficile de comprendre quelle est la part des choses.
01:28Il y a probablement des éléments, qu'on dit multifactoriels, donc des différents facteurs qui s'associent pour favoriser l'apparition des cellules cancéreuses.
01:37Il y a également des facteurs qui sont liés aux anomalies de vieillissement des cellules.
01:42Avec des cellules qui ne sont plus capables d'éliminer des anomalies qui se produisent tous les jours dans notre organisme.
01:48Mais que normalement, on devrait être capable d'éliminer grâce à nos compétences immunitaires, grâce à nos défenses.
01:53Et qu'on n'est plus capable d'éliminer un jour ou l'autre avec des accumulations d'anomalies qui engendrent une cellule qui échappe à tout contrôle.
02:01Et qui se met à proliférer et qui forme cette tumeur qui représente le cancer.
02:05Et il y a aussi le facteur héréditaire ?
02:07Alors il y a le facteur héréditaire bien sûr. Il faut savoir que les cancers du sein qu'on dit héréditaires représentent moins de 5% de tous les cancers.
02:14Donc c'est des formes qui peuvent être graves et surtout qui peuvent être évitables.
02:18Puisque quand on arrive à identifier les mutations qui prédisposent à ces cancers, on peut proposer une surveillance spécifique.
02:25Voire même des traitements en amont pour éviter la survenue de ces cancers.
02:28C'est pour ça que c'est vraiment important de connaître ces formes génétiques.
02:31Et on a l'impression aussi docteur, on a je crois tous quelqu'un dans notre entourage, moi, ceux qui nous regardent aussi, des personnes atteintes de plus en plus jeunes.
02:40Est-ce que ça c'est quelque chose que vous constatez avec le temps ? Des patientes de plus en plus jeunes atteintes d'un cancer du sein ?
02:46Alors ce qu'on sait c'est qu'aujourd'hui, non pas le cancer du sein mais les cancers du sein, parce qu'il y a des formes très variables, touche environ une femme sur huit.
02:53Donc on est toutes concernées de près ou de loin. Je veux dire on prend le bus, le métro, il y a forcément quelqu'un autour de nous si ce n'est pas nous.
03:00Et donc c'est vraiment quelque chose qui est extrêmement fréquent.
03:03Donc cette augmentation de fréquence, elle s'est faite en partie effectivement chez les femmes jeunes.
03:08Alors il y a plusieurs biais possibles là-dedans.
03:11C'est qu'aujourd'hui les femmes jeunes sont peut-être un petit peu plus sensibilisées.
03:15Ceux pas peut-être un petit peu plus sont peut-être un petit peu plus suivis et ont accès au dépistage individuel.
03:21C'est vrai que le dépistage de masse c'est de 50 à 74 ans, tous les deux ans, avec quand même...
03:2650 à 74 ans, est-ce qu'il ne faudrait pas le proposer beaucoup plus tôt ça docteur ?
03:32Alors c'est la question qu'on a posée notamment dans un programme de recherche à Gustave Roussy dont on attend les résultats.
03:38Qui est un programme pour lequel en fait 80 000 femmes ont participé non seulement en France mais dans six autres pays.
03:44Et qui permettait chez des patientes possiblement à risque et plus jeunes, donc à partir de 40 ans, de tester deux stratégies.
03:53Une stratégie de surveillance standard et une stratégie de dépistage personnalisé avec un prélèvement salivaire
04:00qui permettait de faire une analyse génomique pour identifier des facteurs de prédisposition
04:04ou des facteurs de moins bonne réparation de l'ADN et donc de risque de cancer.
04:09Et à ce moment-là, en fonction du niveau de risque, on ciblait la technique de dépistage avec un dépistage plus rapproché
04:15ou en utilisant parfois de l'IRM quand il y avait besoin en plus de la mammographie et de l'échographie.
04:20Et donc on attend ces résultats-là qui devraient venir d'ici 2-3 ans.
04:24Et effectivement c'est une question cruciale parce qu'à la fois le dépistage plus précoce ça a un coût
04:29et puis parce que de faire un dépistage chez des gens qui n'en auraient pas besoin,
04:32et bien ce serait aussi une source d'angoisse, ça pourrait être aussi une source de détection de lésions
04:39qui ne sont pas forcément des lésions sujettes à devenir cancéreuses.
04:42Donc ce n'est pas si trivial que ça, c'est vraiment important d'aller évaluer pas à pas chez les patientes plus jeunes
04:47s'il est utile de faire un dépistage de masse ou s'il faut faire un dépistage plus ciblé, plus personnalisé.
04:52Et puis on peut apprendre aussi à s'auto-palper, c'est ce que nous disent souvent nos médecins,
04:56le faire sous la douche, tenter de regarder ce qui peut être vu comme quelque chose de bizarre ou qui cloche.
05:03On va en venir à ce traitement que vous proposez, une radiothérapie sur 3 semaines seulement au lieu de 5 semaines.
05:09Expliquez-nous.
05:10Alors historiquement, quel que soit le type de cancer du sein, la radiothérapie se faisait sur 5 semaines,
05:15plus ou moins ce qu'on appelle le boost, la surimpression, un complément d'irradiation à l'endroit où se trouvait la tumeur au départ.
05:20On la cible bien, on ne touche pas le reste.
05:22Exactement, donc au départ on traite l'ensemble du sein et puis ensuite un petit complément bien ciblé sur la région sur laquelle se trouvait la lésion.
05:28Et puis on a des études qui ont démontré que quand on irradie que le sein, donc pas les ergans glionnaires autour,
05:34eh bien on peut faire un traitement plus court.
05:36Ces études, elles ont commencé en Angleterre et au Canada.
05:40Et elles ont démontré, alors c'était 2010-2013, qu'on pouvait faire un traitement plus court quand on irradie uniquement le sein.
05:46Et puis après en 2020, on a même eu des études qui ont montré qu'on pouvait raccourcir encore plus ce traitement.
05:51Et donc on est passé de 5 semaines à 3 semaines, voire une semaine dans certains cas.
05:55Mais ça c'est quand on irradie uniquement le sein.
05:57Le souci c'est que dans près de 30% des cas, le cancer est diagnostiqué à un stade un peu plus avancé avec une atteinte des ganglions.
06:04Et à ce moment-là, il y a besoin de traiter aussi les régions ganglionnaires,
06:07ce qui fait des volumes beaucoup plus importants autour du sein à traiter en plus du sein.
06:11Et ce qui veut dire qu'il y a des tissus normaux en dessous, le cœur, le poumon, qui peuvent être exposés aux radiations.
06:17Et donc la crainte c'était qu'en traitant des volumes plus larges et en faisant ces traitements condensés,
06:21il y ait un risque de surtoxicité, d'effets secondaires supplémentaires,
06:25parce qu'il y avait plus de tissus normaux irradiés à des doses un peu plus fortes par séance pour faire moins de séances au total.
06:31Et en fait, ce qu'on a démontré avec cette étude Hypo-G01, c'est qu'il n'y a pas plus de toxicité,
06:36qu'il n'y a pas plus d'effets secondaires, qu'on est tout aussi efficace,
06:39mais avec un traitement plus court, moins lourd, moins fatigant pour les patientes,
06:42et avec même un certain nombre d'effets secondaires en moins.
06:45Et ouvert à toutes.
06:46Et ouvert à toutes, puisque du coup, ce n'est plus seulement les patientes qui ont besoin d'une irradiation du sein,
06:50c'est aussi celles qui ont besoin d'une irradiation des ganglions.
06:53Donc aujourd'hui, pour toutes les patientes, on va pouvoir raccourcir le traitement de radiothérapie.
06:57Et ça, c'est essentiel, bien sûr, pour les patientes traitées pour un cancer du sein,
07:00mais il faut réfléchir aussi plus largement dans notre système de santé qui est extrêmement contraint,
07:05où parfois, il y a des listes d'attentes pour pouvoir être dans les délais,
07:09pour être traité correctement en radiothérapie.
07:11Le fait de raccourcir le traitement de ces patientes-là,
07:14ça permet aussi à d'autres patients d'être traités plus tôt et donc d'être mieux pris en charge.
07:19Et donc, c'est porteur d'espoir. Rappelez-nous le nom de cette étude.
07:23Cette étude, elle s'appelle Hypo-G01.
07:25Il faut savoir que c'est une étude purement académique,
07:27financée par l'INCA, donc l'Institut National du Cancer, avec vos impôts et les miens.
07:31Donc, on est capable de faire des études qui changent les pratiques,
07:34qui sont des études purement académiques.
07:36Et qui vont sauver des vies, on l'espère.
07:38Il nous reste quelques secondes. Quel est le message que vous souhaiteriez adresser à toutes les femmes qui nous regardent ?
07:43Alors, je pense qu'il y a un message essentiel qui est celui du dépistage.
07:46C'est vrai qu'on a entendu beaucoup de critiques autour du dépistage.
07:49Il est essentiel de se faire dépister.
07:52Encore une fois, le dépistage systématique, c'est de 50 à 74 ans, tous les deux ans, avec une mammoécographie.
07:57Mais avant ça et après ça, bien évidemment, il faut s'autopalper,
08:01se faire examiner tous les ans par son gynécologue ou son médecin généraliste.
08:05Parce que tout nodule dans le sein, ou sous les bras, ou tout écoulement au niveau des aisselles,
08:10ou des écoulements au niveau des mamelons, ça, ça doit faire consulter.
08:14Ce n'est pas forcément un cancer, mais ça doit faire consulter.
08:16Parce que plus on le détecte tôt, plus on a de chances de le guérir et moins lourds seront les traitements.
08:20Donc soyez toutes à l'écoute de votre corps, c'est ça le message.
08:23Merci beaucoup Docteur Sofia Rivera.
08:24Merci à vous.