• il y a 2 mois
Israël a mené de nouvelles frappes sur "des dizaines de cibles du Hezbollah" dans la nuit de lundi à mardi. Le mouvement islamiste avait visé l'État hébreu avec une vingtaine de roquettes. La veille, les intenses frappes israéliennes contre le Hezbollah ont fait 492 morts au Liban, dont 35 enfants, selon les autorités locales. 

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00:008h13, retour sur le plateau de première édition, le 7 minutes pour comprendre jusqu'où Israël peut aller dans le pilonnage des positions du Hezbollah au sud et à l'est du Liban.
00:14Avec nous Patrick Soss, éditorialiste international à BFM TV. Bonjour Patrick, merci d'être là.
00:18Et Jérémy Normand avec Juan Palencia, les envoyés spéciaux de BFM TV à Beyrouth.
00:24Merci d'être avec nous Jérémy, alors que l'armée israélienne indique ce matin avoir continué de frapper cette nuit des cibles du Hezbollah au Liban,
00:33au lendemain de cette journée qui a fait près de 500 morts, donc 35 enfants, près de 2000 blessés également pour ces frappes qui étaient censées viser
00:44au moins 1600 positions ou cibles du Hezbollah dans le sud Liban et à l'est dans la plaine de Beka.
00:50Voici d'abord comment le porte-parole de l'armée israélienne a justifié il y a quelques heures ces frappes.
00:56S'agissant du nombre de victimes élevées, chaque personne tuée est une tragédie au Liban.
01:03Parmi les personnes tuées, on compte un grand nombre de terroristes du Hezbollah qui se trouvaient à proximité des armes que nous avons ciblées.
01:11Israël est confronté à des menaces sur tous les fronts et continue d'agir contre elles pour défendre le peuple d'Israël.
01:20On va essayer de comprendre évidemment l'engrenage.
01:22Grand nombre de terroristes, dit le porte-parole de l'armée israélienne, et je vais commencer avec vous Jérémie Normand à Beyrouth,
01:27quand Israël dit que ce sont des bombardements ciblés et que 35 enfants sont tués ainsi que des dizaines de femmes.
01:34Est-ce que l'on peut encore croire cette notion de bombardement ciblé ?
01:41Alors il faut se rendre à l'évidence, 1600 cibles du Hezbollah, cela représente une frappe par minute pendant 24 heures.
01:48Hier, c'est tout le territoire du Liban qui a été tapissé de bombes par l'armée israélienne.
01:54Des bombardements bien plus en profondeur dans le territoire libanais que lors des raids menés précédemment dans les derniers mois.
02:00C'est essentiellement la zone sud du Liban qui a été visée, là où sont concentrées justement les positions du Hezbollah,
02:06de là où partent les roquettes du Hezbollah en direction d'Israël.
02:10Mais ces frappes ont également visé le territoire de l'est du Liban, la vallée de la Beka,
02:14où se trouvent de nombreux foyers de population, des populations qui ont dû évidemment fuir ces bombardements.
02:20On a vu arriver des milliers de familles, de femmes, d'enfants et d'hommes à Beyrouth hier en fin de journée,
02:26après de longues heures passées dans les embouteillages.
02:29Donc ces raids menés hier sur Israël, eh bien on crée un traumatisme, pardon excusez-moi, sur le Liban,
02:34on crée un traumatisme parmi la population qui fait titrer ce matin à l'Orient le jour, qui est l'un des principaux quotidiens du Liban,
02:40eh bien que le cauchemar est arrivé, que le cauchemar devient réalité.
02:47Voilà aujourd'hui le sentiment qui règne à Beyrouth.
02:49Patrick, 1600 cibles du Hezbollah, mais de quoi parle-t-on quand on dit cibles ?
02:53On parle d'agents, de membres du Hezbollah comme avec les Bippers la semaine dernière, on parle de cash ?
02:58En fait, l'armée israélienne attendait les questions, voilà pourquoi il y a également une nuée de vidéos
03:06qui sont publiées par notamment le porte-parole en arabe, en langue arabe de l'armée israélienne,
03:11et qui montrent des maisons qui ont l'air tout à fait normales.
03:15Et ensuite, il y a soit par des images satellites, soit par une vision en trois dimensions,
03:21on voit que dans le garage, il y a d'immenses missiles, la rampe, le missile,
03:26et au premier étage, vous avez une famille qui vit, et donc Israël, et Tzahal notamment,
03:30expliquent que la population fait office de bouclier humain.
03:33Pour ce qui est des morts, notamment civiles, ça rejoint un peu ce que faisait l'armée israélienne
03:39avant le 7 octobre, lorsqu'il y avait de grands moments de tension dans la bande de Gaza,
03:43c'est-à-dire que la population recevait des messages, des textos ou des appels disant
03:48« il faut partir, si vous ne partez pas, vous faites partie du Hezbollah ».
03:52C'est exactement ce qui s'est passé ces dernières 24 heures, les gens ont reçu des SMS,
03:56ils ont dû partir, Jérémy l'a montré, et Tzahal a estimé que ceux qui ne partaient pas,
04:01eh bien c'étaient des membres du Hezbollah.
04:03Mais Patrick, ce que vous dites traduit deux choses.
04:04Premièrement, c'est que le renseignement israélien fonctionne à la perfection,
04:06parce que 1 600 sites visés, il faut savoir évidemment où les caches ou les leaders du Hezbollah se trouvent.
04:16Ça traduit aussi l'implantation du Hezbollah, considéré évidemment comme un groupe terroriste.
04:22L'est-il considéré comme un groupe terroriste au Liban ?
04:25Alors, c'est là qu'on plonge dans l'histoire extrêmement complexe du Liban.
04:28Vous parlez du Hezbollah, il y a deux branches.
04:30La branche militaire du Hezbollah est considérée comme un mouvement terroriste par notamment l'Union Européenne,
04:36les pays de l'Union, mais aussi tous les pays occidentaux.
04:39Et vous avez le parti politique, la branche politique du Hezbollah qui, de fait,
04:44fait partie de l'histoire et du système politique.
04:47Vous allez au Liban, tout est Hezbollah.
04:51C'est-à-dire ?
04:52Je vais vous dire très concrètement, vous arrivez à l'aéroport,
04:54vous savez que les douanes sont tenues par le Hezbollah.
04:56Vous allez sur le port, je vais vous dire même encore plus concrètement,
05:00certaines compagnies aériennes, le numéro 2 du chef d'escale est un membre du Hezbollah.
05:05Ce n'est pas voulu par la compagnie aérienne, c'est le Hezbollah qui s'impose.
05:08Le port, on est à peu près certain que les composants chimiques qui ont explosé sur le port de Beyrouth,
05:14c'était du stockage du Hezbollah.
05:16Ils sont partout, ils sont implantés, mais dans la vie politique.
05:19Et puis, vous avez cette armée.
05:21Moi, on m'a toujours dit des sources militaires, des sources diplomatiques.
05:24Le Hezbollah, sa branche armée, c'est le groupe militaire non étatique le plus important du monde.
05:29Est-ce qu'ils ont en relation la branche politique et la branche armée ?
05:31Bien sûr, ils sont totalement impliqués et imbriqués.
05:35Cette imbrication explique donc les victimes dites collatérales.
05:39Collatérales avec l'idée que si vous ne quittez pas le Hezbollah et la zone d'influence du Hezbollah,
05:44la vallée de l'Abeka, les villages du sud, c'est que vous en faites partie.
05:47C'est très manichéen comme façon de penser.
05:49Jérémy Normand, ce rôle, je parle sous votre contrôle social, du Hezbollah, on le ressent à Beyrouth ?
05:56Tout à fait, on s'en rend vraiment compte depuis qu'on est arrivés il y a quelques jours avec Juan Palencia.
06:02Vous l'avez dit, le Hezbollah, il y a sa branche militaire considérée comme une organisation terroriste par l'Union Européenne,
06:07sa branche politique avec des élus.
06:08Mais le Hezbollah, c'est surtout un mouvement pour la vie quotidienne des habitants.
06:12Pour vous donner déjà une idée, 40% de la population libanaise est chiite.
06:16Le Hezbollah est un mouvement chiite sous obédience iranienne.
06:20Ici, dans le quartier de la banlieue sud de Beyrouth où sont concentrés les populations chiites,
06:24le Hezbollah administre et régit toute la vie quotidienne.
06:26Les hôpitaux, les écoles, certains commerces, les clubs de sport sont Hezbollah.
06:31Le Hezbollah est partout, ses drapeaux sont partout dans les rues.
06:34Le visage d'Assad Nasrallah, son leader, est affiché partout dans les rues.
06:38Donc c'est vraiment le Hezbollah qui administre la vie quotidienne.
06:41Un exemple très simple, lorsqu'il y a eu, il y a quelques jours, une frappe israélienne
06:44ciblée dans le quartier de la banlieue sud de Beyrouth.
06:47Lorsque nous, journalistes, voulions atteindre ce lieu, il y avait l'armée d'un côté, passives,
06:52et les membres du Hezbollah, actifs, qui décidaient réellement de qui entrait ou pas
06:57dans le périmètre de sécurité.
06:58Et on voyait bien qu'ils travaillaient ensemble, main dans la main si je puis dire,
07:01mais que c'était le Hezbollah qui était à la manœuvre.
07:04Dans ces conditions, Patrick, est-ce qu'il n'y a pas eu un risque que les bombardements israéliens,
07:08qui sont sans doute légitimes compte tenu des complicités entre le Hezbollah et le Hamas,
07:13que ces bombardements soient contre-productifs
07:16et que la population libanaise, à un moment, se retourne dans sa globalité contre Israël ?
07:22C'est vraiment compliqué. Le Liban est dans un état de désespoir absolu.
07:26Est-ce que vous avez entendu des réactions, j'irais, offensives du pouvoir libanais ?
07:31Non. Les seules réactions, elles viennent du ministère de la Santé libanais.
07:34Vraiment, le Liban, pas le Hezbollah, on n'est pas dans la bande de Gaza
07:36avec le ministère de la Santé du Hamas, qui donne des bilans.
07:39Vous savez que le mot qui est le mot sacré au Liban pour le pouvoir,
07:43pour ceux qui s'accrochent au puits de boire, c'est « souveraineté ».
07:46Il y a un côté, vraiment, ne touchez pas à nos affaires.
07:48Mais vous avez entendu, Jérémy, à l'instant, lorsqu'il donne un exemple
07:51avec le Hezbollah actif et l'armée totalement passive.
07:54C'est pareil pour le pouvoir.
07:55Vous avez un président du Parlement par intérim.
07:59Depuis 1992, il n'y a pas d'Assemblée nationale.
08:02Depuis 30 ans, ce sont les mêmes.
08:03Vous cherchez les mots.
08:04Vous allez dans la guerre du Liban, les années 80.
08:06Vous trouvez les mêmes noms, les mêmes personnes qu'aujourd'hui,
08:09qui s'accrochent à leur poste.
08:10Patrick Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais,
08:14a promis une réponse terrible.
08:16Pour l'instant, on s'en tient au mot.
08:18Elle ne vient pas, cette riposte.
08:19C'est parce que le Hezbollah n'a pas les moyens
08:22ou parce que l'Iran, qui contrôle le Hezbollah,
08:26sait qu'une riposte pourrait avoir des conséquences dramatiques.
08:30Les deux, mon général, il n'a pas les moyens, seul le Hezbollah.
08:33Le Hezbollah, encore une fois, il y a une vraie armée conventionnelle.
08:37Je dis bien conventionnelle.
08:38Ils n'ont pas les uniformes, mais ils s'entraînent très fortement.
08:40Ils sont mieux formés que l'armée libanaise.
08:43Ils ont des chars, des vieux chars, des transports de troupes.
08:45Ils ont des milliers de roquettes également,
08:48et seuls, ils ne peuvent pas rivaliser avec Israël.
08:52Évidemment, il y a l'Iran.
08:54Il y a aussi, attention, l'Irak.
08:55Il y a des roquettes qui arrivent d'Irak en ce moment.
08:58Mais évidemment, l'Iran sait qu'un embrasement régional
09:01conduirait à la perte de tout le monde,
09:03l'ennemi israélien, mais aussi les Iraniens,
09:05parce que qui dit Israël dit évidemment les États-Unis.
09:08Bon, impuissance de la communauté internationale.
09:11Il y a l'Assemblée générale des Nations unies qui se tient à New York.
09:14On a entendu le chef de la diplomatie européenne dire
09:16qu'on est au bord d'une guerre totale.
09:18Que peuvent faire, par exemple, les Américains ?
09:20C'est très compliqué.
09:21Alors, s'ils pourraient totalement couper le robinet des munitions,
09:25mais on n'est pas du tout dans la même thématique que la bande de Gaza.
09:28En tout cas, pour l'instant, il y a...
09:31Je vais être très cynique, mais la diplomatie, c'est parfois très cynique.
09:33Il y a un chiffre acceptable de pertes.
09:36Il y a, dans la bande de Gaza, à un moment,
09:38les Américains se sont dit, là, ça devient trop, là, ça devient trop.
09:41Mais ils ont attendu plusieurs milliers de morts.
09:43Pour l'instant, on n'y est pas au Liban, mais encore une fois,
09:45je le rappelle, c'est très cynique, la diplomatie.
09:47Il y a un côté guerre juste aussi, parce que derrière le Hezbollah,
09:50c'est l'Iran qui est aussi l'ennemi des États-Unis.
09:52Premier acte, notre nouveau ministre des Affaires étrangères,
09:55Jean-Noël Barraud, il demande une réunion d'urgence du Conseil de sécurité.
09:59Voilà, c'est une sorte de marronnier de la diplomatie.
10:01Dès qu'il se passe, évidemment, un gros événement,
10:03on demande une réunion d'urgence du Conseil de sécurité,
10:05sans que ça ait, évidemment, de conséquences.
10:07Non, parce que les intérêts sont toujours contraires,
10:09vu comment est fait l'ONU et notamment le Conseil de sécurité.
10:12C'est toujours cette question, à quoi sert encore l'ONU ?

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