• il y a 3 mois

Category

🗞
News
Transcription
00:00Il est 7h45, vous avez la parole, donc allez-y appelez-nous, on parle ce matin des jeunes,
00:05des moins jeunes qui se protègent moins des MST-TOH.
00:07Oui, les maladies sexuellement transmissibles font peut-être moins peur, on en parle en
00:12tout cas depuis longtemps, elle en parle depuis 40 ans, l'association Aide qui fête ses 40
00:17ans aujourd'hui.
00:18Bonjour Jonathan Karkalia, merci d'être en direct ce matin sur France Bleu Isère,
00:23vous êtes volontaire, isérois et vice-président régional de Aide, on le disait qu'il y a
00:2840 ans, en 40 ans, beaucoup de choses ont évolué, d'abord il y a des traitements
00:33aujourd'hui contre le VIH, aujourd'hui on vit presque normalement quand on est séropositif.
00:38Oui bien sûr, ça n'a plus rien à voir, les gens gardent en image les films comme Philadelphia,
00:44le début qui a été traumatisant pour toute la population avec des personnes qui mourraient
00:50tous les jours, les enterrements tous les jours, c'était traumatisant, moi je suis
00:53né en 89 donc j'ai eu la chance de ne pas connaître ces années-là, parce que tous
01:00ceux qui sont encore là nous disent que c'est un réel traumatisme, aujourd'hui depuis 2008
01:05on sait qu'une personne séropositif sous traitement a quasi la même espérance de
01:09vie que n'importe qui, et en fait surtout un message qui est le plus important c'est
01:15qu'une personne séropositif sous traitement efficace ne contamine plus, et du coup aujourd'hui
01:22les traitements ce n'est plus comme il y avait au début, ce n'est plus des centaines
01:26de comprimés par jour, enfin il n'y avait pas une centaine mais il y avait une dizaine
01:28de comprimés le matin, le midi et le soir, aujourd'hui il y a l'allègement thérapeutique,
01:34il y a un arsenal déjà thérapeutique qui est très vaste, il y a plein de molécules
01:38qui existent, la recherche a beaucoup avancé depuis 40 ans, et la plupart des gens qui
01:44sont dans mon entourage prennent un seul comprimé par jour, c'est suffisant, voire ils n'en
01:48prennent que 4 jours par semaine, ce qui est largement suffisant aussi, et maintenant
01:54il y a aussi les traitements injectables qui sont arrivés, c'est-à-dire 2 injections
01:58tous les 2 mois, et c'est suffisant pour vivre comme n'importe qui.
02:04On parlait de la persistance de ces images, des traitements lourds etc, c'est l'image
02:09qui est encore véhiculée, qui compte sans doute en tête beaucoup de personnes, il y
02:12a encore des discriminations aujourd'hui envers les personnes qui sont séropositives.
02:15Bien sûr la sérophobie c'est notre combat depuis 40 ans, et c'est quelque chose qui
02:21n'a jamais cessé, les gens gardent des images qui sont très datées, et le cheval de bataille
02:30c'est vraiment l'information, parce que plus les gens sont informés, moins ils auront
02:34peur de ce qu'ils ne connaissent pas tout simplement, c'est le mécanisme classique
02:38dans les discriminations, dans le racisme, dans l'homophobie, dans la transphobie, si
02:41les gens s'informent correctement, s'ils ont les bonnes informations, ça leur permettra
02:45de comprendre et de ne plus avoir peur sans raison.
02:48S'informer aussi pour se protéger, parce que les chiffres ne sont pas très optimistes,
02:53selon l'OMS l'utilisation du préservatif a baissé chez les ados européens avec des
02:58proportions de rapports non protégés, inquiétant c'est ce que dit l'OMS, 6 jeunes sur 10
03:03environ ont utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel, comment on explique
03:08cette baisse ? Je pense que principalement c'est peut-être
03:12un défaut de l'éducation nationale, sans leur jeter la pierre, parce qu'ils ont énormément
03:17de choses à faire, mais c'est plus le gouvernement qui doit mettre des moyens pour lutter efficacement.
03:24Pour tous les jeunes c'est le rôle de l'éducation nationale, donc s'il n'y a pas de moyens,
03:29les jeunes n'auront pas d'informations, et donc s'ils n'ont pas d'informations
03:32correctes, ils ne peuvent pas se protéger correctement.
03:34Aujourd'hui, il n'y a plus, comme il y avait quand j'étais jeune, des campagnes
03:38à la télé qui parlent de VIH, de préservatifs, de protection.
03:42Il y en a moins aujourd'hui ? Oui, j'ai le souvenir quand j'étais jeune,
03:48tous les jours j'en voyais à la télé, et là forcément c'est une maladie qui n'est
03:53plus dans l'urgence, parce qu'il n'y a plus les morts comme il y avait avant, les
03:57gens vivent correctement, et en fait on en croise des personnes qui vivent avec le VIH
04:01tous les jours sans le savoir, du coup les gens ont moins ce problème en tête, et du
04:07coup c'est un problème qui est très secondaire, alors qu'aujourd'hui on sait comment arrêter
04:11l'épidémie, et s'il n'y a pas les moyens qui suivent, il va continuer, il y aura tous
04:15les ans 5000 personnes en France qui vont se contaminer au VIH, et c'est dommage parce
04:21qu'on n'a pas besoin aujourd'hui de vaccins pour arrêter l'épidémie, on sait qu'il
04:27faut dépister et dépister de manière ciblée les personnes qui se contaminent le plus,
04:32qu'il faut traiter de manière efficace, et on sait qu'en traitant les personnes qui
04:36se sont contaminées, elles ne transmettent plus ce virus, donc en fait on sait comment
04:39arrêter l'épidémie, mais il n'y a pas les moyens derrière, et ça c'est le gouvernement.
04:43On va revenir sur les moyens d'action, effectivement, nous en tout cas on en parle, pour informer
04:47ce matin sur France Bleu Isère, on a des réactions au standard de France Bleu.
04:50Tout à fait, avant d'écouter et de lire vos réactions sur nos réseaux sociaux, Sandrine
04:54nous appelle de Chuillet, on parlait justement des moyens peut-être de limiter tout ça,
04:57bonjour Sandrine ! Oui bonjour Mathieu, bonjour Sandrine.
05:01Vous êtes maman vous Sandrine, parce qu'on parlait justement de comment les parents,
05:06les grands-parents peuvent parler de tout ça avec leurs enfants, est-ce que vous c'est
05:10quelque chose qui a été compliqué à évoquer avec vos enfants, ou ça n'a pas posé de
05:14soucis ? Pour moi ça n'a pas posé le moindre souci,
05:17parce que justement, mon cocon familial, j'ai 53 ans, mon cocon familial à moi, on n'abordait
05:25pas forcément l'IMST, mais on abordait le problème de grossesse, etc, tous ces soucis-là.
05:30C'est pas un tabou, et je ne voulais surtout pas que ce soit un tabou pour mes enfants,
05:34je voulais qu'ils abordent tout ça vraiment de façon, on va dire pas positive, parce
05:38que c'est pas forcément positif, mais qu'ils comprennent l'importance du VIH, de tout en
05:45fait.
05:46Moi je suis la génération où le VIH est vraiment sorti en avant, c'est vrai que ça
05:51fait peur.
05:52Moi ça m'a fait très peur, et je voulais que mes enfants y sachent.
05:55Vous avez commencé à leur en parler à quel âge Sandrine ?
05:57Je dirais que ma grande elle devait même pas avoir 12 ans, quoi.
06:02Et comme ils se suivent, j'ai fait entre guillemets leur éducation bien dans la foulée.
06:09Quand je disais à la grande, à ma grande fille, je disais aux deux autres qui suivent
06:13derrière, surtout que j'ai un garçon au milieu, et surtout, je reviens sur, parce
06:20que j'étais en voiture, mais là je suis arrivée, je rebondis sur le fait qu'il faut
06:25surtout leur apprendre, et les parents ont leur rôle, mais l'éducation nationale aussi,
06:30à utiliser un préservatif correctement.
06:32Moi je leur ai fait un cours, sans leur père, parce que je passe les détails, mais je leur
06:37ai fait un cours avec un objet du quotidien et un préservatif, pour qu'ils comprennent
06:42qu'il y a un réservoir et comment on l'utilise.
06:45Parce que c'est bien le préservatif, mais s'il n'est pas mis correctement, si on a
06:50des ongles un peu acérés ou quoi que ce soit, on bousille tout, en fait on enlève
06:53toute la partie utile, et quand il est bien mis, c'est que tout va bien, c'est bien mis
07:00avec la bonne technique et la bonne douceur, il n'y a pas de problème, ça se passe très
07:06très bien.
07:07Et c'est ce que j'ai voulu leur enseigner, et c'est pour ça que j'ai témoigné.
07:10Merci beaucoup Sandrine, de cet appel, et de ces conseils aussi, bon courage pour le
07:16travail, merci beaucoup de nous avoir appelés.
07:18Bonne journée, merci beaucoup, au revoir.
07:21On a rapidement d'autres réactions aussi écrites, alors je ne sais pas s'il y a des
07:24gens qui nous disent exactement leur pédagogie, comme Sandrine.
07:26Elles ne nous expliquent pas forcément comment mettre un préservatif, mais effectivement
07:30elles nous disent qu'il faut en parler, on a Eliane aussi qui nous dit qu'il fallait
07:33en parler aux plus jeunes, et puis je vous ai parlé de Corine tout à l'heure, qui elle
07:37a donné des préservatifs à ses enfants.
07:40Une réaction peut-être, Jonathan Cardecabia, vice-président régional de AIDES, ce que
07:46fait Sandrine, il faudrait que tous les parents le fassent, c'est un exemple à suivre ?
07:49Oui bien sûr, après j'ai conscience que parler de sexualité avec ses enfants, ce
07:52n'est pas forcément facile pour tout le monde, c'est pour ça qu'en fait l'éducation
07:55nationale, elle doit parler de sexualité aux jeunes.
07:58Après, c'est important qu'ils fassent ce travail général de prévention, et ensuite
08:04il faut que nous, les associations, on soit sur le terrain, et les pouvoirs gouvernementaux
08:09aussi pour mettre les moyens là où l'épidémie court, parce qu'en France on sait que l'âge
08:14de contamination médian est de 36 ans, donc il va falloir aussi cibler toutes ces populations
08:21qui sont les plus vulnérables.
08:22Pas tant les ados, mais peut-être un peu plus âgés ?
08:24Pour les ados, il faut qu'ils aient un message général dans ce cas, et ensuite il y a des
08:28populations comme les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes.
08:31Vous disiez se concentrer sur les populations ciblées, c'est-à-dire aujourd'hui l'épidémie
08:36elle se propage chez qui, et chez qui il faut particulièrement sensibiliser ?
08:39C'est ça, on sait qu'il y a toujours les hommes qui ont des relations sexuelles avec
08:46d'autres hommes, donc les gays, les bi, les hétéro curieux, qui sont touchés pour un
08:52tiers de la population, sachant que ça représente une petite partie de la population dans l'épidémie,
08:56c'est quand même une surreprésentation.
08:58Et après les personnes migrantes, on sait que d'origine d'Afrique subsaharienne, et
09:04notamment les femmes qui sont les plus vulnérables, parce qu'elles ont moins accès à l'information,
09:08elles ont moins accès au dépistage, elles ont moins accès au traitement du coup par
09:13conséquence.
09:14Et donc c'est vers ces populations-là, les travailleurs et travailleuses du sexe qu'il
09:18faut aller voir aussi.
09:20Et les usagers de drogue, ça fait partie de la population qui s'est le mieux saisie
09:26des outils de prévention, alors qu'au début de l'épidémie on disait qu'ils étaient
09:29incapables d'utiliser des soirées propres, incapables de saisir de ces messages de prévention,
09:34alors que c'est la population qui s'est le mieux saisie des outils et qui a le plus
09:37réduit la proportion de virus dans leur communauté.
09:41On a parlé du rôle de l'éducation, du rôle des parents, du rôle des associations,
09:45peut-être encore un acteur, c'est les institutions publiques, les villes notamment, Grenoble
09:49a été honoré en décembre dernier du label « ville engagée contre le sida », objectif
09:54zéro nouvelles contaminations, zéro nouveau cas de sida, zéro discrimination.
09:58Ça c'est un exemple à suivre et ça consiste en quoi ces actions ?
10:02C'est tout à fait louable et on a la chance d'être bien aidé par la mairie de Grenoble
10:08parce qu'ils sont sensibles à un message de santé publique efficace et du coup ils
10:14mettent autour de la table tous les acteurs, que ce soit du médical, de l'associatif,
10:21qui luttent contre le sida sur la ville et pour qu'ensemble on puisse joindre nos efforts
10:26pour arriver à déjà battre les discriminations, parce que ce sont les discriminations qui
10:33font que les personnes sont loin du soin et qu'elles ne peuvent pas éviter le VIH correctement
10:42et ensuite qu'on puisse dépister, traiter et arrêter cette épidémie finalement.
10:47Vous avez dit c'est possible, on le touche du doigt au fond.
10:50Merci beaucoup Jonathan Carte-Cabia d'avoir été notre invité ce matin, on espère que
10:55cette séquence permettra en tout cas d'avancer dans ce débat.
10:58Je rappelle que vous êtes vice-président régional de AIDE en Auvergne-en-Alpe, AIDE
11:02qui fête ses 40 ans aujourd'hui.
11:04Merci, belle journée.

Recommandations