• il y a 2 mois
Alzheimer, acquis ou inné ? Probablement un peu des deux. Mais agir sur le coté acquis est primordial pour faire reculer l’arrivée de la maladie. Selon le Dr Olivier de Ladoucette, plus de 70 facteurs de risque ont été recensés : alors comment lutter contre ? C’est ce qu’explique son dernier livre « Alzheimer n’est pas une fatalité ».

Si cette pathologie est d’origine neurologique, elle a également beaucoup de retentissements psychiatriques. Et c’est là où commence le rôle du psychiatre, accompagner les malades et leurs aidants dans la maladie. Le Dr de Ladoucette en a fait une mission, autant sur le plan clinique que sur le plan de la recherche. Avancées, prévention, exercice clinique, ce médecin, qui a eu la chance de porter la flamme olympique, nous explique tout.

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Transcription
00:00J'aime me définir comme un psychiatre gérontophile.
00:02En réalité, la maladie d'Alzheimer,
00:05c'est une maladie mentale d'origine neurologique.
00:08C'est-à-dire que le substratum est organique, certes,
00:11mais finalement, la plupart des symptômes
00:13sont des symptômes qui relèvent de la psychiatrie.
00:23Les études montrent que si on a un comportement adapté,
00:27on peut diminuer de 40%, voire même 45%,
00:32le risque d'avoir cette pathologie,
00:34ou au moins repousser cette pathologie de plusieurs années.
00:37Le livre parle de ça.
00:43C'est un peu les deux.
00:44On sait qu'il y a des formes génétiques
00:46autosomiques dominantes, qui sont heureusement rarissimes.
00:49La grande majorité des cas qui commencent vers 70 ans
00:53sont des formes dites sporadiques,
00:54où les facteurs génétiques interviennent,
00:56mais sont plus, au fond, des facteurs dits de prédisposition.
01:00Mais on en a identifié quand même 74.
01:06Aujourd'hui, ce que nous savons,
01:08c'est qu'Alzheimer est un processus qui va se développer
01:12sans signe clinique pendant 10, 15, peut-être même 20 ans.
01:16Et donc, tout ce qui aide le cerveau à compenser,
01:20à réparer, à éviter que les signes cliniques n'apparaissent,
01:24est un facteur protecteur.
01:25Tout ce qui empêche le cerveau, justement, de compenser
01:29est un facteur de risque.
01:33Le premier des facteurs de risque, c'est l'âge.
01:35Ensuite, il y a d'autres facteurs de risque.
01:37Le sexe.
01:38À 80 ans, vous avez à peu près deux femmes pour un homme.
01:41Le tabagisme, l'hypercholestérolémie, le diabète,
01:45la sédentarité, l'obésité.
01:48Ensuite, on connaît des facteurs de risque qui sont liés au sens.
01:53La perte d'audition, les troubles de la vision.
01:55Ensuite, il y a la réserve cognitive.
01:58Elle s'entretient tout au long de la vie en stimulant son cerveau.
02:02Il faut parallèlement aussi avoir une vie sociale importante,
02:06mais aussi entretenir l'humeur.
02:09La dépression et le stress sont des facteurs de risque.
02:11Il reste ensuite le sommeil.
02:13On évite de boire, évidemment.
02:15L'alcool est aussi un facteur de risque.
02:17Il y a peut-être aussi un petit peu la nutrition qui joue un rôle.
02:23Depuis, je dirais, deux ou trois ans,
02:25il y a quelque chose qui apparaît.
02:27On a des médicaments qui sont apparus aux États-Unis
02:30qui agissent vraiment sur la maladie.
02:33En Europe, on hésite encore un peu parce qu'il y a quelques facteurs de risque.
02:36Et on a évidemment le diagnostic précoce.
02:39On a des biomarqueurs qui nous permettent comme ça
02:42d'identifier les personnes à risque par rapport à la maladie d'Alzheimer
02:46sans qu'il y ait forcément de signes cognitifs d'un déclin.
02:51Dans un avenir à 5-10 ans,
02:54on pourra donc continuer à vivre avec une maladie d'Alzheimer
02:59qui sera présente, mais bloquée.
03:04J'aime me définir comme un psychiatre gérontophile.
03:07En réalité, la maladie d'Alzheimer,
03:10c'est une maladie mentale d'origine neurologique.
03:13C'est-à-dire que le substratum est organique, certes,
03:15mais finalement, la plupart des symptômes sont des symptômes qui relèvent de la psychiatrie.
03:19C'est l'anxiété, la dépression, l'insomnie,
03:22les troubles des conduites alimentaires, éventuellement l'agressivité, etc.
03:27Plus tous les problèmes systémiques que ça pose,
03:30puisque ce n'est pas simplement la maladie d'un individu,
03:32c'est la maladie d'une famille.
03:34Et donc, une fois que le diagnostic est posé dans les hôpitaux,
03:38il faut assurer le service après-vente.
03:39Et c'est le psychiatre qui est le mieux placé pour ça.
03:45On ne s'intéresse pas du tout à la santé mentale des personnes âgées.
03:48On s'en fout complètement.
03:50Il y a à peu près, en France, plus de, je dirais, 20% des états dépressifs des seniors
03:57qui sont dépistés et soignés correctement.
04:00On a d'énormes progrès à faire dans ce domaine.
04:06Je suis également président fondateur de la Fondation Recherche Alzheimer,
04:10qui est aujourd'hui le premier financier privé de la recherche
04:13sur la maladie d'Alzheimer en France.
04:15On est dans un moment assez paradoxal où il y a un nombre croissant de malades.
04:21Il va à peu près tripler d'ici 25-30 ans.
04:25Et pourtant, l'opinion publique et même les pouvoirs publics
04:29ne se donnent absolument pas les moyens pour développer la recherche
04:34de manière à trouver des traitements efficaces.
04:35Je vous rappelle qu'aujourd'hui, il y a 1,2 million de personnes
04:40avec des maladies de type Alzheimer en France.
04:43Et on n'a zéro traitement efficace pour les prendre en charge.
04:51J'ai des problèmes de mémoire de temps en temps.
04:53Je regarde ça avec intérêt et parfois même un peu d'agacement.
04:58Mais j'ai 65 ans, j'ai une mémoire de travail qui est moins efficace
05:01et puis j'ai surtout des troubles du rappel.
05:04Je suis moi-même très attentif à essayer d'appliquer ce que je lis dans mon bouquin,
05:12d'autant plus que dans ma famille, ma propre mère a la maladie d'Alzheimer.
05:16Donc, je suis probablement un petit peu plus à risque.
05:21D'abord, aimer la vie.
05:23On ne vit pas longtemps si on n'aime pas la vie.
05:24Deuxièmement, rester curieux.
05:26Et troisièmement, essayer de faire du sport.
05:33J'ai été sélectionné pour porter la flamme le 14 juillet en prime à la télé.
05:39On m'a demandé de la porter au Louvre.
05:41J'ai traversé un très long couloir avec de magnifiques statues gréco-romaines
05:46et ensuite, j'ai monté un escalier monumental jusqu'à la victoire de Samothrace.
05:52Je trouvais que c'était un symbole magnifique.
05:58Il faut se battre pour mettre Alzheimer K.O.
06:11Sous-titrage Société Radio-Canada

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