Melha Bedia revient dans "Miskina, la pauvre", saison 2 et se confie sur sa vie

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Elle est de retour et elle a de nouvelles lunettes. Melha Bedia, la sympathique créatrice de « Miskina, la pauvre », revient pour une deuxième saison. Avec un sens de l’équilibre rare dans les comédies françaises, la comédienne et réalisatrice poursuit son récit intimiste sur la destinée de Fara, son double, et de sa famille dysfonctionnelle. A cette occasion, nous sommes allés la rencontrer chez elle au sommet d’un immeuble où pour entrer il faut sonner à l’interphone « Beyoncé ». Nous avons parlé des choses importantes de la vie, le cinéma, la politique et les sandwichs, on a écouté du raï et mangé un délicieux flan de chez Yann Couvreur. Ce ne sont pas les stars américaines qui reçoivent comme ça.

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Transcription
00:00A chaque fois que j'avais rien caché, j'ai acheté un scooter.
00:01Et j'en ai eu 11, mais parce qu'on me le volait tout le temps dans Paris.
00:04Vous savez ce que c'est le vrai problème de cette famille ?
00:06Tout le monde ment.
00:07Majette, si on leur disait la vérité.
00:09Ça complique tout la vérité.
00:11Tic-tac, y a zéro conclu, ça va être exceptionnel.
00:14Et donc, c'est quoi ton plan maintenant ?
00:15Vendre pour 104 000 euros de sandwich sur un emplacement illégal ?
00:18Bonjour messieurs.
00:19Bonjour.
00:19Je te dis de te garder pas là.
00:22C'est un truc de l'ordre, de la revanche un peu sociale.
00:25Moi, je l'avais vécu doublement parce que j'ai d'abord eu mon frère
00:28qui nous a sortis d'un truc où on était dans un pur HLM
00:31qui était la cité du lutte à Gennevilliers.
00:33On n'avait pas du tout prévu d'être connu, comédien, humoriste et que ça cartonne.
00:37Il nous a sortis de là, on a habité à l'Anière juste en face
00:39parce que ma grand-mère et ma mère voulaient pas quitter les copines et le marché le dimanche.
00:42Donc, j'ai vécu une première ascension un peu sociale grâce et à cause de mon frère.
00:47Et après, moi, quand j'ai commencé à un petit peu marcher
00:50et avoir même des sous, payer beaucoup d'impôts et tout,
00:52ça y est, je suis dedans là.
00:53Ça y est, je suis dans la tranche où, je sais pas,
00:55je crois que je construis des hôpitaux ou des squares, il faudra me dire,
00:57mais j'ai envie de savoir.
00:58En tout cas, donner un nom, un petit square, une gare, quelque chose,
01:01je crois que je mérite, un dodane même.
01:03Mais ouais, il y a un truc de revanche, qu'on est un peu fier,
01:05car on peut acheter le coca en bouteille en verre.
01:07Ça, je suis contente.
01:08Sans faire du misérabilisme où, genre, on ne buvait pas de coca à Gennevilliers,
01:12mais on était une famille modeste, mais on ne manquait de rien, quoi.
01:14Donc, c'était cool, mais là, de gagner ses propres sous
01:16parce que juste à une idée et ça a touché des gens, c'est un petit kiff.
01:19Je ne vais pas mentir, ça me fait du bien quand je vais chez le psy.
01:22Tu peux me donner 1000 euros ou un million d'euros.
01:24J'ai l'impression que l'argent, il ne faut pas qu'il reste sur le compte.
01:26J'ai un problème, je suis extrêmement dépensière.
01:29Je crois que je suis un peu généreuse aussi,
01:30donc l'un dans l'autre, il ne me reste jamais.
01:31Ouais, le premier cachet, tu te fais des kiffs.
01:33À chaque fois que j'ai eu un cachet, j'ai acheté un scooter.
01:35Je n'ai acheté que des Vespa et j'en ai eu 11,
01:37mais parce qu'on me le volait tout le temps dans Paris
01:39et je ne l'attachais pas tout le temps.
01:41Mais j'en suis à mon onzième Vespa dans Paris qu'on me vole.
01:44Quelles couleurs ? Je les ai toutes vues, les couleurs.
01:45J'ai commencé avec un marron qui était trop beau, avec la selle un peu en cuir.
01:49Je dois avoir une ancienne vie où j'étais italienne en mode Dalcevita.
01:52Après, deuxième, j'ai pris un jaune, je me suis dit, personne ne va me le voler.
01:54Celui-là, on dirait que je bosse pour La Poste.
01:56On me l'a volé.
01:56J'ai eu un bleu, on me l'a volé.
01:57J'ai eu un blanc, on me l'a volé.
01:59J'ai eu un bronze, couleur rare.
02:01Bon, celui-là, je peux te dire...
02:02Bon, j'ai laissé les clés dessus, celui-là, on me l'a volé.
02:03Non, je les ai tous vus.
02:04Genre, vraiment, vous allez voir la clinique du scooter dans le sixième arrondissement,
02:08il vous sort les onze factures.
02:09En fait, là, en grandissant, je me suis rendu compte que quand on est jeune, on est un peu bête.
02:13Par exemple, moi, j'ai eu la chance de grandir avec mes grands-parents et ma maman.
02:15Et quand on est jeune, on se dit, c'est chiant, on ne voit que le côté un peu relou.
02:18Maintenant qu'ils sont partis et maintenant que je grandis,
02:20je me dis, je n'ai pas assez parlé avec eux.
02:22J'ai hérité de beaucoup de recettes de cuisine.
02:23Je pense que le plus gros héritage pour les familles méditerranéennes,
02:26c'est beaucoup les recettes.
02:26On se dit rarement, je t'aime à table.
02:28Mais quand on te donne une recette ou qu'on te fait à manger,
02:30ça veut dire, je t'aime de ouf.
02:32Et ça, je ne m'en rendais pas trop compte quand j'étais jeune ou ado.
02:34Et là, en grandissant, je me dis, waouh, c'est dommage,
02:36j'aurais dû poser plus de questions sur, je ne sais pas, la guerre d'Algérie.
02:39Tu sais, maintenant qu'on grandit, tu as envie de t'intéresser à d'où tu viens.
02:41Je ne voyais pas ça comme une richesse quand j'étais jeune.
02:43Je voyais ça comme un peu une tare d'ailleurs, d'être issu de l'immigration.
02:45On ne pourra pas se mentir, c'est quand même très compliqué d'être issu de l'immigration,
02:48encore aujourd'hui.
02:48Mais à mon époque, j'avais honte quand mes grands-parents venaient me chercher devant l'école.
02:51Genre, parce que ma grand-mère, elle avait le voile.
02:52Mon grand-père, c'était un chauffeur de taxi.
02:54Et maintenant, en en reparlant, en remémorant tous ces souvenirs,
02:58j'ai un peu honte d'avoir eu honte.
02:59C'est fou, aujourd'hui, c'est trop stylé.
03:01Il y a plein de trucs que j'ai envie de savoir.
03:03Pourquoi ? Pourquoi il y a eu des traumas ?
03:04Pourquoi ils sont comme ça ?
03:06Et ouais, en grandissant, tu te dis, putain, j'ai été con.
03:08C'est une richesse de ouf, en fait, l'héritage, je trouve.
03:11Donc là, dans la saison 2, il y a des dettes, mais il n'y a pas que des dettes, en fait.
03:14Bah ouais, de toute façon, je ne me suis jamais caché
03:16d'avoir mis beaucoup de moi, de ma famille, de mes traumas dans cette série.
03:20Ce qui est cool, c'est que je n'ai pas mis que mes traumas,
03:22j'ai aussi les traumas des autres mecs qui ont écrit avec moi.
03:25Donc ça, ce n'est pas plus mal.
03:26Xavier Lacaille, on s'est rendu compte qu'on avait eu la même enfance,
03:28alors que sur le papier, on ne pensait pas.
03:30Que ce soit sur le deuil, la perte de la grand-mère,
03:32c'est un truc qui nous a tous marqué.
03:34On était six à écrire et on avait une manière différente d'avoir vécu le deuil.
03:37Moi, par exemple, quand j'ai perdu ma grand-mère,
03:38je suis allé au karaoké le soir à Châtelet, tellement j'étais dans un déni.
03:41Ma sœur était en larmes.
03:42Mon frère était en mode chef de famille.
03:44Ma mère, elle ne voulait pas y croire non plus.
03:46Là, on parle de thématiques qui sont propres à la saison 2.
03:48Donc, par exemple, le deuil, c'est vrai que c'est des thématiques
03:49qu'on a envie d'aborder et je pense que c'est des thématiques
03:51qui sont rarement abordées dans les séries humoristiques françaises.
03:55J'ai grandi dans un collège privé catholique.
03:58On ne faisait pas trop de vagues.
04:00C'était trop bien.
04:00On allait au catéchisme le matin.
04:01On mangeait pain au chocolat de Frère Emile et Frère Khan.
04:03Et ensuite, j'ai été au lycée qui était public.
04:05Et là, j'ai découvert ce qu'était de s'engager un petit peu.
04:07Et surtout, j'étais en littéraire.
04:09Donc, forcément, les littéraires, c'était les joueurs de bolasses et les gens engagés.
04:11Donc, mon premier engagement politique, je pense, ça a été de bloquer.
04:15C'est la réforme Fillon.
04:16On avait fait le blocus et on chantait Fillon, si tu savais ta réforme,
04:20Et je me rends compte que là, 15 ans plus tard,
04:22ça y est, j'ai 33 ans, je paye des impôts, je deviens adulte.
04:25C'est la même chanson.
04:26On change juste le nom du ministre qui nous fait chier.
04:28Et je me dis, waouh, on n'est pas du tout en train d'avancer.
04:30Et là, récemment, oui, on a tous été votés.
04:33On a eu un espèce d'éveil collectif national.
04:36Et tu te rends compte que je crois qu'on n'est pas écouté.
04:37Donc, je crois que c'est le sentiment de beaucoup de Français.
04:40C'est d'avoir été voté, d'avoir eu peur, d'avoir été rassuré
04:42pour ensuite avoir été trahi.
04:44Et je me dis, c'est dommage.
04:46J'aimerais bien un jour m'intéresser et peut-être écrire quelque chose.
04:48Je sais que je suis très fan de Rachida Dati pour le parcours
04:51et que je m'identifie à ses brushings, donc forcément.
04:53Mais il y a un truc, j'aimerais bien parler d'une femme en politique, moi, un jour.
04:56Ça m'intéresserait, parce que je crois qu'il y a plein de trucs qu'on sait pas.

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