Chaque jour, l'actualité se fait l'écho de nouveaux cas de violences conjugales commis en France. Le nombre de plaintes traitées par les services de police et de gendarmerie est en constante augmentation tout comme les affaires jugées par les Tribunaux. La problématique des violences conjugales en France demeure une préoccupation croissante avec une tendance à la hausse particulièrement importante en 2023 et qui se poursuit en 2024.
« Justice en France » a posé ses caméras au tribunal judiciaire de Poitiers. Cette audience correctionnelle dédiée aux violences intra familiales illustre parfaitement la difficulté que peuvent avoir les juges à faire la part du vrai et du faux dans la parole de la victime et de l'agresseur. Une audience sur la complexité du témoignage et la violence du quotidien.
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« Justice en France » a posé ses caméras au tribunal judiciaire de Poitiers. Cette audience correctionnelle dédiée aux violences intra familiales illustre parfaitement la difficulté que peuvent avoir les juges à faire la part du vrai et du faux dans la parole de la victime et de l'agresseur. Une audience sur la complexité du témoignage et la violence du quotidien.
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NewsTranscription
00:00Monsieur, vous pouvez vous asseoir ?
00:03Si vous souhaitez ajouter quelque chose…
00:05Qu'est-ce que vous attendez de ce procès ?
00:07Bien, merci maître.
00:09Monsieur l'avocat général ?
00:10Madame la secrétaire de la Cour.
00:12Bienvenue dans Justice en France.
00:14Ce sont trois affaires de violences intrafamiliales
00:17que nous vous invitons à suivre aujourd'hui.
00:19Elles illustrent parfaitement la difficulté que peuvent avoir les juges
00:23à faire la part du vrai et du faux dans la parole de la victime et de l'agresseur.
00:28Violences d'une femme de 75 ans à l'égard de sa sœur
00:31avec laquelle, visiblement, elle ne s'est jamais entendue.
00:34Violences et menaces de mort d'un homme sur son ex-conjointe
00:37et qui demande la clémence de la justice
00:40alors qu'il a déjà été condamné pour des faits similaires.
00:43Et pour débuter, l'histoire d'un couple.
00:45Le mari a été condamné en première instance,
00:48mais en appelle son épouse qui, après avoir porté plainte
00:51et dénoncé des faits graves, vient prendre sa défense.
00:54Nous nous retrouvons après avec nos deux invités
00:56pour décrypter cette audience de justice en France.
01:00...
01:24Bonjour monsieur.
01:26Madame, vous êtes là ?
01:28Alors approchez madame, mettez-vous au premier rang.
01:32Reconnu coupable de violences conjugales lors d'un premier procès,
01:36le prévenu a été condamné à six mois d'emprisonnement avec sursis.
01:40Il a fait appel, ceci est son second procès
01:44et il est rejugé sur l'ensemble des faits qui lui sont reprochés.
01:50Quels sont les motifs de votre appel ?
01:53Vous contestez quoi ? La culpabilité ? La peine ?
01:56Non mais j'ai fait un appel tout simplement
01:58parce que je n'en ai pas frappé à ma faute.
02:00Vous n'avez pas frappé ? D'accord, donc vous contestez tout.
02:04Oui.
02:05Alors, votre épouse transmettait un SMS au 114
02:11dans lequel elle appelait au secours.
02:14Des clichés photographiques étaient pris,
02:16des lésions constatées sur la victime.
02:20Et selon certificat médical établi le même jour,
02:23le médecin constatait les lésions suivantes.
02:26D'une part, un oedème douloureux du mollet gauche
02:29et du coude gauche et de l'épaule gauche.
02:32Une échymose du poignet gauche, de la pommette droite
02:35et des contusions des deux genoux en regard de la rotule.
02:39Il relevait que Madame paraissait triste,
02:43qu'elle paraissait avoir peur et être en colère.
02:47Au moment de votre interpellation,
02:48les gendarmes procédaient à une perquisition du domicile.
02:52Ils trouvaient effectivement au niveau de la tête de lit
02:55une arme à feu type fusil de marque Remington
02:57calibre 22 long-griffe,
02:59posée sur la crosse, canon vers le plafond,
03:02prête à être utilisée,
03:04une cartouche étant engagée dans le canon
03:06et onze autres cartouches étaient stockées dans le chargeur.
03:10Votre épouse était entendue.
03:13Elle expliquait qu'elle ne travaillait pas,
03:15souffrant d'une maladie handicapante,
03:17la dystonie cervicale.
03:21S'agissant des faits ayant justifié son appel au secours,
03:23elle déclarait qu'elle s'était disputée avec vous
03:26au motif que vous aviez oublié un rendez-vous médical
03:30qu'elle vous avait rappelé qui avait été difficile à obtenir
03:33et qu'elle était donc contrariée que vous ayez oublié ce rendez-vous médical.
03:38Elle expliquait qu'elle avait fait la tête,
03:39que vous vous étiez disputée
03:41et que dans la nuit, alors qu'elle vous refusait un rapport sexuel,
03:45c'est là que les choses avaient dégénéré.
03:47Elle soutenait que vous la provoquiez
03:49et admettait qu'elle vous avait mis des coups
03:52pour vous faire sortir du lit
03:55et que vous aviez commencé à ce moment-là
03:57à lui donner des coups de poing dans le ventre et dans le dos.
04:00Elle déclarait que vous l'aviez projetée à terre,
04:02que vous lui aviez porté des coups de poing et des coups de pied,
04:06puis que vous l'aviez traînée jusqu'au lit en lui intimant de ne pas bouger.
04:10Comme elle se débattait, elle explique
04:12qu'en la maintenant sur le lit, vous aviez essayé de l'étrangler
04:15et que vous aviez placé un coussin sur son visage
04:18en déclarant finalement et en relâchant votre geste
04:22« je ne vais pas faire dix ans de tol pour toi ».
04:25Vous avez été placée en garde à vue et vous avez été entendue, monsieur.
04:29Les enquêteurs ont acté que durant votre transport,
04:32vous aviez déclaré « si elle ne va pas en prison, je la tue ».
04:39Vous avez ensuite expliqué dans le cadre de vos auditions
04:41que votre épouse prenait un traitement
04:43qui avait pour effet de faire fluctuer son caractère
04:45et de la rendre violente.
04:47Sur les allers-retours à l'association SOS Femmes,
04:50vous avez répliqué que votre femme s'y rendait
04:53chaque fois que vous lui proposiez une séparation
04:56parce que vous ne supportiez plus son caractère changeant.
04:58Voilà.
05:02Bien, monsieur,
05:05comment vous expliquez d'une part les constatations médico-légales,
05:10c'est-à-dire les traces qui ont été objectivées
05:13par le certificat médical sur votre épouse ?
05:17Comment vous expliquez ces déclarations ?
05:21Qu'est-ce qui se passe ?
05:22Elle était partie se coucher.
05:24Vers 23 heures, je suis partie dans le lit.
05:28Et puis elle avait l'habitude de dormir sur mon bras.
05:31J'ai mis mon bras sous sa tête.
05:35Elle s'est réveillée.
05:36Et puis elle a commencé à m'envoyer des coups.
05:39Et puis j'ai attrapé les poignets pour que ça s'arrête.
05:42Je lui ai dit « Arrête-toi, qu'est-ce que tu fais ? »
05:44Ce genre de choses.
05:46Et puis elle sautait sur moi, elle mettait des coups de genoux, tout ça.
05:50Donc c'est elle qui vous agresse ?
05:53Madame, moi à la base, je ne savais pas que ça venait des médicaments.
05:57Je savais qu'elle avait un problème santé de naissance.
06:00Par contre, je ne savais pas que c'était l'effet des médicaments.
06:03Je me suis dit qu'elle devait avoir des problèmes psychologiques,
06:06de s'énerver toute seule, sans aucune raison, etc.
06:12Et puis avec le temps, je me suis rendu compte qu'il y avait un problème.
06:16Pour être clair, le problème que vous évoquez, c'est quoi ?
06:18C'est qu'elle raconte n'importe quoi ?
06:20Mais c'est pas... Madame, comment je vais vous expliquer ?
06:23Admettons, elle est bloquée.
06:26Elle porte quelque chose d'eux, elle est bloquée.
06:29Elle prend des médicaments.
06:31Et ces médicaments, ça fait l'effet du secondaire.
06:34Je vais dire « Viens, on va aux courses. »
06:37Elle va me sortir « Ouais, tu veux terminer dans un arbre pour me tuer ? »
06:42Ce genre de choses, je me disais « Comment est-il possible de penser ça ? »
06:46Je n'ai jamais fait mal à personne dans ma vie.
06:50Qu'est-ce que tu veux que je fasse à ma femme ?
06:55Et quand vous êtes dans le véhicule de police,
07:01vous déclarez « Si elle ne va pas en prison, je la tue. »
07:04De façon de dire, oui, ils ont pris dans ce sens-là.
07:07Je voulais leur dire, mais c'est ce que j'avais dit d'ailleurs.
07:11J'ai dit « Je suis victime de l'histoire.
07:13Si vous voulez enfermer quelqu'un, allez la chercher.
07:16Et dans une heure, vous le verrez.
07:19Qui c'est qui est en tort ? »
07:20De cette façon-là, je voulais tuer, gâcher sa vie
07:23comme elle vient de me gâcher la vie.
07:25De cette manière-là que j'avais dit, madame.
07:29Ce qui interroge aussi, c'est ce fusil chargé,
07:32c'est-à-dire prêt à être utilisé, posé à côté du lit.
07:37Je reviens à ça, madame.
07:38C'était au mois d'août qu'on a déménagé.
07:40Et dans le nouvel appartement,
07:41je n'avais pas trouvé un endroit pour l'emplacer.
07:44Et pour ne pas que les gens qui viennent à la maison
07:46les invitent ou autre, qu'ils jouent avec,
07:49je l'avais mis dans ma chambre.
07:51Pourquoi il est chargé ?
07:55Pendant le déménagement, pour ne pas perdre les balles,
07:57je pense que ça s'est passé comme ça.
07:59Parce que moi aussi, je ne sais pas comment ils étaient chargés.
08:04Je n'ai pas d'ennemis, je ne fais rien de mal.
08:07Votre épouse, elle disait que vous l'aviez menacée avec votre fusil.
08:11Pas du tout, madame. Vraiment pas du tout.
08:14C'est comme elle me disait...
08:15Ça aussi, ce sont ses médicaments.
08:18Les médicaments qu'il y a...
08:20Autrement, madame, comment on peut accuser tout ça d'une personne
08:26et de vivre avec ?
08:28Mais justement...
08:32Justement, on va demander à madame, puisqu'elle est présente,
08:34je vais vous demander de vous asseoir.
08:36Madame...
08:37Approchez, madame.
08:40Vous avez entendu les explications de votre mari
08:43par rapport aux déclarations que vous avez faites,
08:46par rapport aux révélations que vous avez faites.
08:49Qu'est-ce qui s'est passé, madame, ce jour-là ?
08:54C'est bien que ce jour-là, j'ai été extrêmement contrarié.
08:59Parce que moi, je fais des choses pour lui,
09:00et lui, il oublie, il s'en fout.
09:04Et ça, j'ai horreur de ça, en fait.
09:07Et comme j'étais hyper contrarié,
09:11et je suis de personnalité très sensible, impulsive,
09:17et comment dire...
09:21J'interprète les événements différemment
09:26quand je suis très contrarié.
09:28Et j'ai toujours été comme ça.
09:31J'ai toujours été comme ça, dans le sens où
09:33j'ai toujours eu cette pathologie qui me fatiguait.
09:38Mais est-ce que cette pathologie, elle vous fait dire n'importe quoi ?
09:43Parce que c'est de ça dont il s'agit.
09:45En gros, ce que nous explique monsieur,
09:48c'est que votre pathologie, mais surtout les médicaments
09:51que vous prenez pour cette pathologie,
09:53vous font raconter n'importe quoi.
09:55Tout à fait.
09:56Parce que depuis que je suis arrêté,
09:57ça va beaucoup mieux dans notre couple.
10:00Déjà, je me sens beaucoup mieux,
10:01beaucoup mieux dans ma peau.
10:05Entre guillemets, j'ai repris mes esprits.
10:08Je me sens beaucoup moi-même.
10:11Et voilà, je l'ai mal interprété le jour où il est arrivé au lit
10:18et puis qu'il a voulu me prendre dans les bras.
10:20Moi, j'ai cru vraiment qu'il me réveillait exprès
10:26pour m'emmerder.
10:27Donc du coup, vous avez surréagi ?
10:30Tout à fait.
10:32Jusque-là, je dirais, on peut comprendre.
10:35Là où, effectivement, on a un peu de mal à comprendre,
10:38c'est qu'après, vous appeliez les services de police
10:41en disant au secours.
10:47Quand je suis contrarié
10:49et que la personne en face n'accepte pas
10:53d'aller dans mon sens,
10:55ça m'énerve.
10:56Je veux me venger.
10:59C'est pour ça que je suis parti à plusieurs reprises.
11:03Et qu'est-ce que vous leur racontez à l'association SOS Femmes ?
11:07Quand vous allez et que vous leur demandez leur aide ?
11:10Psychologique, mentale et physique.
11:13Donc vous dénoncez des violences.
11:15Chaque fois, vous dénoncez des violences
11:17et aujourd'hui, vous nous dites ces violences
11:19que j'ai dénoncées plusieurs fois, cette association
11:21qui m'a hébergée.
11:23C'est pas que j'étais en train de leur mentir
11:25pour qu'ils m'hébergent.
11:29Ça ne m'amusait absolument pas d'être là-bas,
11:31de tuer de toute façon.
11:33Mais c'est parce que vraiment, je me sentais offensé, attaqué.
11:38Bien. Donc aujourd'hui, ce que vous nous dites,
11:40c'est qu'en fait, toute cette histoire de violence
11:42et toutes ces violences que vous avez révélées
11:46sur une période plus longue,
11:50c'est pure invention dans le cadre d'un énervement
11:54provoqué parce que d'abord, c'est votre naturel
11:57et exacerbé à cause de votre traitement, c'est ça ?
12:00C'est ça, c'est ça.
12:02Et comment dire ?
12:04J'ai une personnalité où personne
12:06peut me forcer à faire quoi que ce soit.
12:09J'ai la capacité de partir si je le veux.
12:12Si je me sens pas bien dans mon couple,
12:15si je me sens vraiment agressé, offensé, je le ferai.
12:19D'accord.
12:21Oui, madame, parce que votre médicament,
12:24vous nous dites à la fois, si je comprends bien,
12:27vous fait avoir un comportement violent, agressif.
12:30Impossible.
12:31Premier effet du médicament.
12:33Deuxième effet du médicament,
12:35il vous fait raconter n'importe quoi.
12:37Exagérer.
12:38Exagérer les choses, d'accord.
12:40Mais est-ce que votre médicament,
12:42il vous provoque des oedèmes, des échymoses,
12:46c'est-à-dire des choses médicales
12:48qui ont pu être constatées par un médecin
12:50sur différentes parties de votre corps ?
12:53Comment vous expliquez toutes ces constatations médicales
12:56qui ont été faites ?
12:57Bien sûr que non.
13:00Sauf que...
13:03À chaque fois, en fait, ça se passe comme ça,
13:05c'est que je deviens incontrôlable
13:09et je tombe, je me fais mal,
13:12ou je me prends un mur, une porte.
13:16D'accord.
13:17Et vous étiez en colère, si j'ai bien compris,
13:19vous étiez en colère à ce moment-là.
13:21Très en colère.
13:22Mais alors, comment est-ce que vous expliquez
13:23que le médecin qui vous a examiné,
13:26il a noté que vous aviez un sentiment de peur.
13:29Comment vous expliquez ça ?
13:33Peur dans le sens où...
13:37Là, j'arrive à m'exprimer facilement
13:39dans le sens où je pense que je suis à l'aise d'aujourd'hui.
13:43Mais au moment des faits,
13:45oui, j'avais peur.
13:46J'avais peur dans le sens où
13:49j'ai peur de me faire passer pour une folle.
13:51J'ai pas forcément envie de l'avouer, quoi.
13:54Voilà.
13:55Monsieur l'avocat général, des questions à madame ?
13:58Vous avez utilisé un mot qui me pose question, madame.
14:02Peut-être à trois reprises.
14:05Vous dites, j'ai exagéré.
14:09Exagéré.
14:11Si je reprends un exemple de ce qui s'est passé le 12 octobre,
14:14vous indiquez, mon mari m'a jeté au sol,
14:16puis traîné, m'a porté des coups de poing
14:18dans le bas du ventre et le dos,
14:19m'a jeté contre le mur avant de me porter des coups de pied au genou,
14:22sur les fesses et dans les épaules.
14:25Ça s'est passé ou c'est exagéré ?
14:27Ou ça s'est pas du tout passé ?
14:29Ça s'est pas du tout passé.
14:30Donc c'est pas de l'exagération, là ?
14:32Non.
14:33C'est de l'invention.
14:34Non, mais je vous parle en général, en fait,
14:37des violences qui arrivent en général.
14:39Mais sur ce jour-là, des coups au ventre, non.
14:43J'entends, madame, mais vous avez utilisé un mot où j'ai exagéré.
14:46Donc je veux vraiment que ce soit clair
14:48et je veux savoir ce qui est vrai et ce qui est faux.
14:51Il est ici pour des violences commises sur vous, madame.
14:55Je sais pas si vous vous rendez compte.
14:57Bien sûr.
14:58C'est un délit de dénoncer des faits qui n'ont pas existé, madame.
15:01Non, mais j'en suis pas consciente.
15:04C'est quand, là, j'entends, en fait,
15:07que je me dis, mais j'ai vraiment dit ça, en fait.
15:10Mais en fait, ça s'est pas passé comme ça,
15:12mais comment j'ai pu dire ça ?
15:14J'ai été choqué tout à l'heure quand j'ai réentendu
15:17mon audience.
15:19Alors, ce qui est décrit par le médecin urgentiste,
15:22oedème douloureux du mollet gauche, du cou de gauche,
15:24de l'épaule gauche, échymose du poignet gauche,
15:26de la pommette droite, contusion des deux genoux,
15:28douleur abdominale, diffusée dorsale, tristesse, pleurs et colères,
15:31tout ça n'est pas dû à des violences de votre mari.
15:34Non, j'ai déjà mal de ventre.
15:36C'est quoi ? Je suis hyper stressé.
15:38Mais est-ce qu'il y a des éléments dans ce que je viens de décrire
15:41qui résultent de violences commises par votre mari ?
15:44Non.
15:46Je n'ai pas d'autres questions.
15:48La cour vous remercie, madame, vous pouvez aller vous asseoir.
15:51Monsieur l'avocat général, la cour va vous entendre
15:54aux réquisitions.
15:56Madame la présidente, madame, monsieur,
15:58il y a des réquisitions qui vont être adaptées aux péripéties
16:01de cette audience, évidemment, dans la mesure où je ne soutiens pas
16:05l'accusation concernant les violences commises
16:08par conjoint ou concubin.
16:10Il n'y a pas suffisamment d'éléments qui subsistent.
16:12Il y a des points d'incertitude, des points d'ombre.
16:16Maintenant, si elle vous dit et si elle me dit qu'il n'y a jamais eu
16:19de fait de violence et que tout cela était non pas exagéré
16:22mais mensonger, il n'y a pas d'infractions qui tiennent.
16:26En tout cas, moi, je ne les trouve plus.
16:29On peut expliquer la plupart des constatations du médecin urgentiste
16:33par le fait que son mari aurait voulu la maîtriser aussi,
16:36sans forcément l'abattre.
16:40Donc, relax de ce chef-là.
16:42La culpabilité pour le fusil à pompe Remington 22 longs rifles
16:46au pied du lit, concernant cette acquisition, détention
16:51d'armes de catégorie B, confiscation, et à titre de peine complémentaire,
16:55telle que ça a été décidé par les premiers juges, interdiction
16:58de détenir ou porter une arme soumise à l'autorisation
17:01pendant la durée qui avait été fixée, c'est-à-dire 5 ans.
17:04Merci, monsieur l'avocat général.
17:07Je prends acte et je remercie monsieur l'avocat général
17:10concernant le point principal de ne pas être condamné
17:13pour avoir frappé sa femme, ce qu'il a toujours dit ne pas avoir été le cas.
17:17Je reprends acte, je remercie.
17:19Je sais aussi qu'il faut peut-être complémenter les éléments
17:22qui vous ont été donnés, parce que vous pourriez prendre une décision différente.
17:25Alors, vous avez, me semble-t-il, dans ce dossier,
17:27les déclarations de madame aujourd'hui, déclarations qui servent
17:31pour être des déclarations liées à un état d'emprise.
17:34Vous avez pu l'interroger totalement librement.
17:37Vous avez très clairement pu voir que vous n'aviez pas quelqu'un
17:40qui était devant vous, qui était quelqu'un de soumis et qui obéissait.
17:43Alors, oui, je vous dis, quand on a la démonstration
17:46qu'il y a un traitement qui a été changé,
17:49un traitement qui peut entraîner les effets que décrit madame,
17:53quand vous avez une personne, monsieur, qui est décrite par 20 personnes,
17:57par ses voisins, comme quelqu'un de gentil, sans aucun problème,
18:01je pense qu'on peut effectivement considérer
18:04que ces violences intrafamiliales n'ont pas existé.
18:07Je vous demande, bien évidemment, de faire droit aux réquisitions
18:10de monsieur l'avocat général sur les éléments de fond
18:13qui, me semble, font que vous prononcerez, bien évidemment,
18:17la relâche de monsieur...
18:19Merci.
18:20Merci, maître.
18:21Monsieur, revenez à la barre, s'il vous plaît.
18:26La loi vous donne la parole en dernier, monsieur.
18:28Est-ce que vous voulez ajouter quelque chose ?
18:32Non ?
18:33Non, personnellement, non.
18:35J'aime ma femme, je vais être papa d'en pas longtemps, je suis content.
18:39Malgré ce que j'ai subi, ça m'a ramené le bonheur.
18:43Grâce à ça, ma femme m'a changé ses médicaments,
18:46qu'elle a imputé de moi dans le ventre, ma pote.
18:50Bien.
18:52Voilà, c'est terminé.
18:53Merci, madame.
18:54Vous pouvez y aller.
18:57Le prévenu est à nouveau condamné à six mois d'emprisonnement avec sursis
19:01et à exécuter un stage contre les violences conjugales.
19:04La Cour a par ailleurs ordonné la confiscation des armes et munitions saisies au domicile.
19:20L'audience est ouverte, veuillez vous asseoir.
19:23Dans les affaires moins complexes,
19:25la loi prévoit que les prévenus peuvent être jugés par un seul magistrat
19:29en formation juge unique, comme dans cette audience.
19:35Est-ce que madame peut approcher ?
19:46Il vous est reproché au terme d'une ordonnance de renvoi d'un juge d'instruction
19:53d'avoir exercé volontairement des violences
19:56en l'espèce en poussant violemment la plaignante à hauteur du thorax
19:59ayant entraîné une incapacité de travail de plus de huit jours.
20:04Vous avez été déclaré coupable par le tribunal.
20:07Vous avez été condamné à une peine d'amende de 1000 euros à sortie du sursis.
20:11Dans un premier temps, je vais faire ce que l'on appelle mon rapport,
20:14c'est-à-dire un résumé des faits.
20:16Et puis ensuite, je vous laisserai la parole et je vous interrogerai
20:20avant d'entendre également la partie civile juste ensuite.
20:24Votre sœur a indiqué que vous étiez rendu à son domicile
20:28et que suite à un désaccord, elle vous avait demandé de partir.
20:31Avant de prendre congé, elle indique que vous l'avez poussée
20:36contre une voûte en pierre, ce qui a provoqué sa chute sur le côté droit.
20:40Elle indique que vous avez également menacé de brûler sa maison
20:44si elle continuait à pratiquer ce que vous appeliez, d'après ses dires, la magie noire.
20:48Il y a eu deux expertises médicales au dossier.
20:51Dans une première expertise, l'expert a évalué cette période d'incapacité de travail à cinq jours.
20:56Il y a une seconde expertise qui a été ordonnée.
20:59Cette fois-ci, l'expert a évalué l'incapacité totale de travail il y a deux mois.
21:02Donc lui, il établissait un lien direct entre la chute dont votre sœur disait
21:09que vous étiez responsable et les blessures qu'elle présentait.
21:12Vous avez reconnu que vous étiez effectivement rendu au domicile de votre sœur,
21:15mais vous avez dit que vous n'aviez jamais connu d'acte de violence
21:18ou aucune menace à son encontre.
21:21Voilà pour cette affaire.
21:23Alors, est-ce que vous pouvez nous expliquer, Madame, ce qui, selon vous, s'est passé ?
21:27Donc, on va remonter presque huit ans en arrière.
21:30Donc, vous expliquez qu'à ce moment-là, vous étiez en froid, vous ne vous parliez plus.
21:33Disons que oui. Ma sœur, quelques fois, me parle, des fois, ne me parle pas.
21:39C'est pas souvent six mois, un an, trois mois, on ne sait pas trop.
21:44Donc, c'est un petit peu bizarre quand même.
21:47Et donc, je me suis dit...
21:49Bon, ça fait des années quand même que ça dure.
21:51Depuis l'enfance, de toute façon, on ne s'est jamais très bien entendu.
21:54Et donc, je me suis dit qu'il fallait quand même qu'elle mette une explication
21:58pourquoi elle se conduit comme ça avec moi.
22:00D'accord. Donc, vous êtes allé chez elle.
22:02Avant d'aller chez elle, vous lui avez téléphoné pour lui dire que je viens de voir
22:04ou vous êtes allé comme ça à l'improvisation ?
22:06Non, je suis allé comme ça, tranquille. Elle m'a ouvert la porte.
22:09Elle était en robe de chambre. Elle m'a dit, écoute, je vais aller me biller.
22:12Elle s'est habillée. On s'est assis à la table,
22:14chacune en face de l'autre, chez elle, assis à toi.
22:17Tu veux un café ? J'ai dit non, je ne veux pas de café.
22:19J'ai dit, je veux simplement qu'on discute toutes les deux
22:21pour voir ce que tu me reproches, qu'est-ce qui se passe.
22:24Elle m'a dit, il n'y a rien. Je dis, je ne comprends pas
22:26parce que des fois, tu me parles, des fois, tu ne me parles pas.
22:29Avec ma sœur, elles se disent des choses un petit peu toutes les deux contre moi.
22:34Alors que moi, je suis en dehors de tout ça.
22:37Je voulais savoir ce qu'elle me reprochait.
22:39Eh bien, je ne sais toujours pas.
22:41Et donc, on s'en a discuté.
22:43Et puis bon, après, on est venus parler de son père,
22:45enfin de tout ça. Le père, ce n'était pas son père, mais bref.
22:48Et donc, après, elle m'a dit, écoute, sors de chez moi.
22:52Eh bien, je suis sorti, c'est tout ce que j'ai fait.
22:54D'accord. Et pourquoi elle vous dit, sors de chez moi ?
22:57Parce que...
22:58Donc, c'est que c'est à un moment donné qu'il y a eu un peu une tension, quand même.
23:00Je me souviens plus très bien.
23:02Mais alors, de quoi vous vous souvenez ?
23:03Elle m'a dit, oui, mon père, que ce n'était pas son père.
23:05Enfin, bref, on est venus voir des histoires de famille
23:08avec des non-dits qui ont été dans la famille.
23:10Et du fait de ce...
23:12Eh bien, je ne sais pas.
23:13Donc, après, je suis parti.
23:14De toute façon, je n'ai pas de réponse.
23:16Ce qui ressort d'une expertise qui a été faite,
23:20c'est qu'il y a bien eu...
23:21Votre sœur a présenté des blessures.
23:24Comment vous expliquez ça ?
23:26Eh bien, ça, je ne sais pas ce qu'elle a fait après quand je suis parti.
23:28De toute façon...
23:29Oui.
23:30Parce que déjà, dès que je l'ai poussé au thorax,
23:32quand on pousse quelqu'un par le thorax,
23:33on ne tombe pas à l'arrière, on ne tombe pas sur le côté.
23:36Enfin, tout dépend de l'angle dans lequel s'exerce la pression.
23:40Tous les cas de figure sont possibles.
23:42Je ne suis pas expérimentateur.
23:43Vous vous dites, moi, je n'ai rien fait, en tout cas.
23:45Non, je n'ai pas poussé.
23:46Donc, les blessures, je ne comprends pas.
23:48Si elle a été blessée, en tout cas, ce n'est pas de mon fait.
23:50Parce qu'elle s'est faite, je ne sais pas.
23:52Il n'y a pas de témoin, je ne sais pas ce qu'elle a fait après.
23:54Il n'y a pas de témoin, c'est une parole contre une parole, de toute façon.
23:57Alors, il y a une parole contre une parole,
23:59mais il y a quand même deux éléments objectifs.
24:02Ce premier élément objectif,
24:03c'est quand même ces blessures qui ont été constatées.
24:05Et puis, le deuxième élément objectif,
24:07ce sont les déclarations qu'a faites également une autre de vos sœurs.
24:11Elle a dit que la plaignante l'a appelée,
24:13qu'elle pleurait beaucoup, qu'elle avait du mal à parler
24:16et qu'elle avait été agressée par vous.
24:18Donc, pourquoi est-ce que votre sœur lui aurait dit ça,
24:20si ce n'était rien passé ?
24:21Je ne sais pas.
24:22Il y a quelqu'un qui peut répondre.
24:26Vos deux sœurs se seraient mises d'accord contre vous.
24:28Vous étiez en conflit aussi avec votre sœur.
24:30Pas du tout.
24:31Pas du tout.
24:32Je n'ai pas compris que vous étiez en conflit avec elle.
24:34Non, justement, nous étions très proches.
24:36Quand elle a eu son grave accident, c'est moi qui me suis occupé d'elle.
24:39Donc, pendant longtemps.
24:41Et j'ai toujours été là pour elle.
24:43Elle a été là pour moi aussi.
24:45Et je ne sais pas ce qui s'est passé ces dernières années.
24:48Je pense que c'est à la mort de mes parents qu'il y a eu...
24:51Je ne sais pas.
24:53Donc, vous ne pensez pas...
24:54C'est la question que je vous pose.
24:55Est-ce que si votre sœur a dit ça,
24:57ce n'est pas tout simplement parce qu'elle a dit que c'était la vérité ?
25:00Non, ma sœur était quand même un petit peu spéciale.
25:05Elle a eu son grave accident, elle a eu de gros problèmes personnels.
25:08Elle était quand même un peu perturbée, elle, quand même.
25:11Ce n'est pas moi qui suis perturbé, je pense.
25:13Justement, c'est ce qu'on disait.
25:15Vos sœurs disaient que des fois, elles avaient des idées un peu bizarres.
25:18Parlons de vous.
25:19Parfois, vous avez des idées un peu bizarres, un peu perturbées,
25:21comme cette espèce d'obsession pour la magie noire.
25:24Non.
25:27Vous pouvez vous asseoir, madame.
25:29Vous allez revenir dans quelques instants,
25:31mais je voudrais d'abord que madame *** vienne à la barre.
25:40Est-ce que vous pouvez, madame, nous expliquer ce qui s'est passé ?
25:43Ce jour-là, ma sœur a frappé.
25:46Je lui ai ouvert.
25:47Après, je suis partie m'habiller.
25:50Je suis revenue, je lui ai demandé si elle voulait un café.
25:52C'est vrai.
25:53Elle m'a dit non.
25:55Elle s'est assise en face de moi.
25:57Jusque-là, votre horessie est conforme.
25:59Voilà.
26:00Ensuite ?
26:01Ensuite, elle m'a dit de toute façon,
26:03je viens te voir parce que je n'ai que des emmerdes,
26:05et c'est parce que tu me fais de la magie noire.
26:07Donc là, j'ai dit, ça ne va pas.
26:09C'est là qu'elle a commencé à me dire que mon père n'était pas mon père,
26:12que c'était quelque chose d'épouvantable.
26:15Je lui ai demandé de se lever et de partir.
26:17Et là, elle a tapé un grand coup sur la table.
26:19Elle m'a dit non, je ne partirai pas.
26:21Et là, je me suis levée.
26:25Elle a pris son sac.
26:26Elle m'a poussé.
26:27Donc, je suis partie.
26:28Elle vous a poussé sur quelle partie de votre corps ?
26:30Elle m'a poussé comme ça.
26:31Et je suis partie en vrille.
26:33Je ne m'attendais pas.
26:36Je suis partie en vrille.
26:37Et mon épaule droite a touché la pierre.
26:40Et la pierre m'a...
26:42Et après, je me suis laissé glisser.
26:44Et donc, c'est ce qui a fait que je me suis fait...
26:47Je me suis rattrapé sur mon poignet.
26:49J'ai eu mon torse.
26:50Et j'avais des égratignures jusque-là.
26:52Et à la porte, elle m'a dit,
26:53si tu recommences à faire de la magie noire,
26:55je vais t'emmener à ta maison.
26:56Elle est partie.
26:58J'ai appelé ma soeur.
27:00Et puis...
27:01Donc, elle m'a dit, écoute, va à l'hôpital.
27:03Et puis, à ce moment-là, après, tu vas...
27:05À ce moment-là, tu vas...
27:06Tu vas déposer plainte.
27:08Qu'est-ce que vous avez eu comme séquel
27:10concrètement dans votre vie de tous les jours ?
27:12Dans la vie de tous les jours,
27:13c'est que je ne pouvais pas lever le bras.
27:15Ni tendre.
27:16Vous avez eu des douleurs physiques ?
27:18Ah oui, des douleurs continues.
27:19Jour et nuit, quoi.
27:20C'est-à-dire que je dormais trois heures par nuit
27:22parce que je ne pouvais pas dormir sur mon épaule.
27:24Et puis, j'avais...
27:25C'était une douleur...
27:26Comme je l'ai expliqué, c'était une douleur ensinant,
27:28tout le temps, tout le temps, tout le temps.
27:30Alors, dans cette affaire,
27:31vous aviez déposé plainte le jour des faits.
27:33Puis, finalement, deux ans et demi après,
27:35le procureur classe l'affaire sans suite.
27:37Et finalement, vous déposez plainte
27:39avec le conseillement de partie civile.
27:40Pourquoi est-ce que vous avez tenu,
27:42quatre ans après,
27:43à faire que la justice soit saisie ?
27:46Et c'est une reconnaissance.
27:48Une reconnaissance de la violence
27:49qu'on n'a pas à faire chez moi.
27:51D'accord.
27:53C'est tout.
27:54J'ai ouvert ma porte.
27:56Je n'ai pas compris.
27:58Le matin, je me levais.
27:59Je pleurais.
28:00Et je ne dormais pas.
28:01Non, non, non.
28:03J'ai dit non.
28:04Si j'avais été plus près de la porte,
28:07j'avais un truc qui était un peu dur sur un meuble,
28:11je ne sais pas ce qui aurait pu se passer.
28:13Vous avez été choqué de ce qui s'est passé ?
28:14Oui, oui.
28:15Vous vous êtes dit,
28:16ça aurait pu être encore même plus grave.
28:18Plus grave, oui.
28:19Donc, il est hors de question.
28:20Parce que je pense qu'il y a déjà eu de la violence,
28:22déjà, par le passé, dans sa famille.
28:25D'accord.
28:26Donc, voilà.
28:27C'est tout.
28:28Et il est hors de question
28:29qu'on laisse passer de la violence.
28:31Moi, je suis contre la violence.
28:33Il y a des problèmes, on en parle.
28:36Et bien là, quand il y a des problèmes,
28:37moi, j'ai eu des problèmes.
28:38Mon mari a eu des graves problèmes de santé.
28:40On a tout survécu.
28:41Elle ne m'a pas demandé si j'allais bien.
28:43Jamais.
28:44Elle n'a jamais pris de vos nouvelles ?
28:45Jamais.
28:46Depuis cet épisode,
28:48qui remonte à huit ans maintenant,
28:49est-ce qu'il y a eu des contacts avec votre sœur ?
28:52Est-ce qu'elle a tenté de...
28:53Non.
28:54Donc, elle ne s'est plus du tout manifestée auprès de vous ?
28:55Oui, non, non, non.
28:56D'accord.
28:57Très bien.
28:58Merci, madame.
28:59Vous pouvez vous asseoir.
29:00Donc, la parole est à la participe.
29:02Je vous remercie, monsieur le Président.
29:04Donc, madame, comme elle vous l'a indiqué aujourd'hui,
29:06elle souhaite être reconnue en sa qualité de victime.
29:10Il est dur de se dire que c'est partie
29:13d'une simple visite de sa propre sœur à son domicile.
29:17À son domicile où elle se sentait en sécurité,
29:20comme elle vous l'a dit,
29:21avec forte émotion à l'instant.
29:24Durant un temps,
29:26les soins d'hygiène et d'habillage ont été très difficiles.
29:29Elle a dû faire appel à des tiers.
29:31Elle nageait beaucoup.
29:33Elle jouait à la pétanque.
29:35Elle ne peut plus faire ça.
29:37Il est impossible pour elle également de cuisiner longtemps,
29:42sur la durée,
29:43faire du ménage longtemps,
29:44faire du jardinage,
29:46comme elle aimait bien faire.
29:47Aujourd'hui, elle comptabilise pas loin de 400 séances de kiné.
29:53Et d'autres sont évidemment à venir,
29:54puisqu'elle vient de se faire opérer.
29:56Elle est partie pour encore, au minimum,
29:58un an et demi de séance de kiné.
30:00Tout cela pour vous montrer le préjudice
30:02qui est la conséquence, finalement, de cette agression.
30:04Merci.
30:05Madame l'Avocat Générale,
30:06vous avez la parole pour vos réquisitions.
30:08Merci, monsieur le Président.
30:09Alors, sur la culpabilité de madame ***,
30:12dans les faits de violences
30:14ayant entraîné une incapacité supérieure à 8 jours
30:17envers sa sœur,
30:18son récit de l'altercation et de la chute
30:21suite aux violences qu'elle décrit
30:24et commises par sa sœur,
30:26est le même, depuis la plainte,
30:29au cours de l'instruction,
30:30devant le tribunal correctionnel,
30:31devant votre cours,
30:32donc, qui est saisi aujourd'hui.
30:34Et surtout, j'ai envie de dire,
30:36on comprendrait mal
30:39pourquoi madame aurait fomenté
30:42un complot destiné à nuire à sa sœur,
30:45alors même qu'elle n'est pas à l'origine
30:47de la visite de celle-ci à son domicile
30:50et qu'elle subit les conséquences
30:53de cette visite
30:54par ses soucis de santé postérieurs
30:57qui sont, de facto, dus à un acte commun.
31:01Alors, je vais vous demander de confirmer
31:03la décision de première instance
31:05s'agissant de la culpabilité
31:06sur la peine prononcée
31:07par le tribunal correctionnel,
31:08elle m'apparaît, en tout état de cause,
31:10proportionnée à l'acte commis,
31:12aux faits commis,
31:13également à la personnalité de la prévenue
31:16qui n'a jamais été condamnée
31:18et eu égard aussi à l'âge de madame
31:20qui est née en 1947,
31:22sauf erreur de ma part.
31:24Merci, madame la députée générale.
31:26Vous avez la parole pour la défense, maître.
31:28Ce dossier n'est pas aussi limpide,
31:32n'est pas aussi clair
31:33que ce que la partie civile
31:35vous l'a indiqué par l'intermédiaire
31:37de son conseil aujourd'hui.
31:39Nous sommes sur une scène
31:41qui, quoi qu'on puisse en dire,
31:43s'est passée en huis clos.
31:45Il n'y a pas de témoin direct
31:48de cette discussion.
31:51L'autre élément sur lequel
31:54on pourrait, en tout cas,
31:55la culpabilité de ma cliente serait justifiée,
31:58ça concerne les éléments médicaux.
32:00On a effectivement ce certificat médical
32:02qui a été établi à peu près
32:04une heure et demie, deux heures après la visite.
32:06On a dans ce certificat médical
32:08des constatations qui sont compatibles
32:10avec une chute.
32:12Une chute, monsieur le président.
32:14Donc évidemment, ces conclusions,
32:16elles ne plaisent pas à madame.
32:18Parce qu'elle veut qu'il y ait
32:19ce lien de causalité
32:21entre les troubles qu'elle subit
32:23et un geste qui aurait été commis par sa soeur.
32:25Donc, nouvelle désignation d'expert.
32:28Le professeur conclut
32:30qu'elle ne peut pas se prononcer
32:33sur la surveillance des faits.
32:35La seule chose qu'elle peut dire,
32:37c'est que ces constatations médico-légales
32:39sont compatibles avec une chute.
32:41Elle peut être occasionnée
32:43par une chute accidentelle
32:45ou provoquée par le fait
32:47d'avoir été poussée.
32:49On a les constats, oui,
32:51de lésions provoquées par une chute.
32:53Mais qui est à l'origine de la chute ?
32:55C'est ça la question
32:56qui vous est posée, monsieur le président.
32:58Vous avez face à vous une dame
33:00qui est aujourd'hui âgée de 75 ans.
33:03Qui n'a jamais été condamnée.
33:06Et à qui, aujourd'hui,
33:08on veut faire porter
33:10ce chapeau d'agresseur.
33:13Il y a un doute dans ce dossier.
33:15Les éléments ne sont pas assez forts,
33:17ne sont pas assez importants.
33:19Et en matière pénale, monsieur le président,
33:21vous savez que le doute doit profiter
33:23à la personne qui est poursuivie.
33:25Et je vous demande, effectivement,
33:26de faire application de ce principe
33:29et donc de ne pas prononcer
33:31cette affirmation à l'encontre de ma cliente.
33:33Très bien, merci.
33:34Madame, est-ce que vous pouvez approcher, s'il vous plaît ?
33:42Donc, madame, nous vous écoutons.
33:44Est-ce que vous souhaitez ajouter quelque chose
33:45à ce que vient de dire votre avocat ?
33:47Non, sinon, je n'ai rien fait.
33:49Je ne vois pas ce que je fais ici.
33:53J'étais très surpris d'être mis en examen
33:55et de me retrouver en correctionnel
33:56au bout d'huit ans.
33:57Voilà, c'est tout ce que j'ai à dire.
33:59Très bien.
34:06La prévenue est à nouveau reconnue coupable
34:08et condamnée à payer une provision de 5 000 euros
34:11pour la réparation du préjudice corporel.
34:15Donc, nous allons examiner maintenant
34:17le dossier concernant monsieur ***,
34:19si vous voulez bien l'approcher, monsieur.
34:22Alors, les faits qui vous sont reprochés, monsieur,
34:24sont les suivants.
34:25C'est d'avoir menacé de mort votre ancienne concubine
34:29de manière réitérée en lui disant
34:31« Je vais te tuer, je vais te crever,
34:33je vais t'égorger. »
34:34Et deuxièmement, d'avoir commis un outrage
34:37donc à personne dépositaire de volonté publique
34:39dans l'exercice ou à l'occasion
34:40de l'exercice de ses fonctions
34:42en l'espèce, en lui disant
34:43« Il me casse les couilles, fils de pute,
34:45il me casse les couilles, fils de pute,
34:47il me casse les couilles, fils de pute,
34:49il me casse les couilles, fils de pute,
34:51enculé de fils de merde. »
34:53Alors, vous avez été déclaré coupable
34:55de ces deux délits, vous avez été condamné
34:57à une peine de 4 mois d'emprisonnement
35:00avec sursis.
35:02Le prévenu a fait appel du jugement
35:04mais sur une partie seulement.
35:06Il reconnaît sa culpabilité pour les faits
35:08de violences et les outrages.
35:09Le jugement est définitif.
35:11Mais il conteste la peine complémentaire
35:14d'interdiction de paraître au domicile
35:16de son ancienne concubine
35:18comme la loi le permet,
35:19il se défend seul, sans avocat.
35:25Donc les gendarmes ont été sollicités
35:27par votre ancienne concubine,
35:28elle a expliqué qu'elle s'était disputée
35:30avec vous parce que vous la soupçonniez
35:32d'avoir une relation avec un autre homme.
35:34Elle a dit que vous alliez la tuer,
35:36que vous alliez l'enterrer au fond du jardin,
35:38qu'elle n'allait pas s'en tirer comme ça
35:40et que vous alliez la crever.
35:41Donc les gendarmes se sont déplacés
35:43et vous avez dû être placés en dégrisement
35:45finalement, avant d'être entendus
35:47par les faits, c'est-à-dire en dégrisement,
35:48c'est-à-dire que vous étiez
35:49dans tel état d'ivresse
35:50qu'on ne pouvait pas vous entendre
35:51et vous placer en gardé.
35:52Lors de son dépôt de plainte,
35:54madame a réitéré cette déclaration,
35:56elle a dénoncé par ailleurs
35:57des menaces de mort récurrentes
35:59de votre part,
36:00lorsque vous êtes alcoolisé,
36:01elle dit que ce n'était pas
36:02la première fois que ça se passait,
36:03y compris en présence des enfants.
36:05C'est ce qu'elle indique.
36:06Et puis, vous avez-vous reconnu ces insultes ?
36:09Pour les menaces de mort, vous avez dit
36:10que c'est peut-être,
36:11alors vous aviez eu cette formule
36:12un peu particulière,
36:13peut-être que ma bouche l'a dit,
36:14mais ce n'est pas mes pensées.
36:17Oui, je l'ai dit.
36:18Voilà, bon.
36:20Actuellement, quelle est
36:22votre situation professionnelle ?
36:23Je suis sans emploi.
36:24Sans emploi.
36:25Qu'est-ce que vous avez comme revenu ?
36:26J'ai 950 euros de chômage.
36:29D'accord.
36:30Où est-ce que vous en êtes
36:31par rapport à vos problèmes
36:32de consommation d'alcool,
36:33qui étaient des problèmes
36:34quand même importants ?
36:36Oui, lourd.
36:37J'ai vu, j'ai fait beaucoup de
36:39rendez-vous avec les addictologues,
36:42groupe de parole,
36:44et donc je ne bois plus.
36:46Mais je suis encore sous traitement.
36:48D'accord.
36:49Je ne bois plus d'alcool
36:50et j'ai arrêté le cannabis aussi
36:51parce que je fumais aussi beaucoup.
36:53Et j'essaye de m'en sortir.
36:57D'accord.
36:58Vous n'avez pas apporté
36:59d'éléments de prise de soin,
37:00de choses comme ça ?
37:01Oui, j'ai les attestations de...
37:05Montrez.
37:07Certificat de prison.
37:08En septembre, octobre,
37:10oui, d'accord.
37:11Il y a le résultat
37:12de prise de soin aussi.
37:13En addictologie,
37:14il y a des consultations,
37:16septembre, oui, d'accord.
37:22Madame, je me permets
37:23de vous donner ces pièces.
37:28Alors, monsieur,
37:29pourquoi vous avez souhaité
37:31faire appel de cette peine ?
37:33En fait, c'est pour pouvoir
37:34voir mes enfants
37:35et que mes enfants puissent
37:36me voir aussi.
37:37Oui.
37:38Parce que vous savez,
37:39pour savoir s'il y avait
37:40des violences faites
37:41sur les enfants,
37:42il n'y en a pas.
37:43Et habitant très loin,
37:44pour voir mes enfants,
37:45il faut que je fasse
37:46les kilomètres,
37:47que je loue quelque chose
37:48pendant une semaine
37:49ou un week-end.
37:50Oui.
37:51C'est hyper compliqué.
37:52Et quand j'ai mes enfants
37:53au téléphone,
37:54ils me réclament
37:55est-ce que tu seras là
37:56pour mon anniversaire ?
37:57Oui.
37:58Mais vous comprenez
37:59que la difficulté, monsieur,
38:00en l'état,
38:01le but de la décision criminelle
38:02n'est pas de vous priver
38:03de voir vos enfants,
38:04mais c'est aussi
38:05une mesure de protection pour...
38:08Pour madame.
38:09Pour votre ancienne compagne.
38:11Donc, il y a peut-être
38:13des solutions
38:14pour guoyer vos enfants
38:15sans vous rendre
38:16à son domicile.
38:17C'est ce qu'on fait.
38:18Ils ont passé 15 jours
38:19avec moi en avril.
38:20Oui.
38:21Ça m'a coûté 3 000 euros
38:22et maintenant,
38:23je suis fauché.
38:24Oui.
38:25Oui.
38:26Et alors, vous voudriez quoi ?
38:27Aller chez votre épouse
38:29pour rester un week-end
38:30avec vos enfants ?
38:31Chez elles ?
38:32Par exemple,
38:33pour leur anniversaire.
38:34Mais ça vous paraît
38:35compatible avec le fait
38:36que vous avez été condamné
38:37pour des violences
38:38ou des menaces de mort sur aide ?
38:39C'est ce que je ne bois plus.
38:40Je ne me drogue plus,
38:41je ne bois plus d'alcool.
38:42Mon comportement a changé.
38:43On est souvent en contact,
38:44je vous dis,
38:45avec la mère des enfants
38:46et les enfants.
38:47Et ils me réclament,
38:48donc je ne sais pas.
38:49Qu'est-ce qui peut faire penser
38:50que les violences
38:51pour lesquelles
38:52vous avez été condamné,
38:53il y a quand même...
38:54On parle d'une condamnation
38:55au mois de janvier 2023.
38:56On parle d'une condamnation
38:57il n'y a même pas 5 mois.
38:58Vous avez été condamné
38:59pour des faits
39:00qui ne sont pas
39:01de votre faute.
39:02Vous avez été condamné
39:03il n'y a même pas 5 mois.
39:04Vous avez été condamné
39:05pour des faits
39:06de violences sur elle.
39:07Et là, vous nous dites,
39:08oui, mais en fait,
39:09je voudrais aller faire
39:10le droit d'hébergement
39:11et le tournoi de week-end,
39:12aller habiter chez elle.
39:13Enfin, voyez le caractère
39:14un peu...
39:15Oui, oui, j'entends bien.
39:16Un peu...
39:17Je ne sais pas comment dire,
39:18un peu choquant quand même
39:19de votre demande.
39:20Non, parce que même
39:21l'éducatrice spécialisée,
39:22enfin, tout le monde
39:23a bien compris,
39:24c'est quand on reste
39:25trop longtemps ensemble
39:26et que je m'alcoolise
39:27que les problèmes surviennent.
39:28Parce que là,
39:29vous vous faites soigner
39:30pour l'alcool, monsieur,
39:31ce qui est très bien.
39:32On ne peut que
39:33vous encourager à ça.
39:34Mais enfin, tout ça
39:35est quand même récent.
39:36Oui, mais c'est...
39:37C'est encore un peu fragile.
39:38Certainement, mais je fais...
39:39Enfin, comme on dit,
39:40on ne combat pas l'obscurité
39:41par l'obscurité.
39:42On importe la lumière.
39:43J'ai besoin d'avoir
39:44un peu de lumière.
39:45La question qu'on peut
39:46se poser, monsieur,
39:47c'est derrière tout ça...
39:48Faire tous les efforts, mais...
39:49D'accord.
39:50Vous nous parlez, monsieur,
39:51de vos enfants,
39:52mais est-ce qu'en fait,
39:53derrière tout ça,
39:54ce n'est pas le fait
39:55que vous avez envie
39:56de renouer
39:57avec votre ex-compagne ?
39:58Ben, elle aussi,
39:59si vous voulez.
40:00Donc, c'est bien ça, en fait.
40:01Ben, non,
40:02c'est voir mes enfants.
40:03Oui.
40:04Pour l'avenir, peut-être,
40:05reconstruire un couple sérieux.
40:06Bien.
40:07Madame l'avocat-journaliste,
40:08si vous n'avez pas
40:09de questions particulières,
40:10si vous en avez,
40:11donc allez-y,
40:12je vous en prie.
40:13Merci, monsieur le Président.
40:14Monsieur,
40:15j'ai regardé attentivement
40:16toutes vos pièces.
40:17Le fait qu'il y ait
40:18des questions particulières,
40:19c'est-à-dire
40:20qu'il n'y a pas de questions
40:21particulières,
40:23j'ai regardé attentivement
40:24toutes vos pièces.
40:25Le fait est,
40:26c'est que je ne vois
40:27aucun justificatif de soins
40:28depuis octobre 2022.
40:30Oui.
40:31Nous sommes en juin 2023.
40:32Oui.
40:33C'est par contact téléphonique,
40:34en fait.
40:37Par contact téléphonique
40:39pour des soins
40:40en addictologie ?
40:41C'est un simple suivi
40:43parce que je fais
40:44beaucoup d'efforts.
40:45Et j'appelle mon addictologue
40:47quand j'ai des moments
40:48de faiblesse
40:49ou des questions,
40:50des doutes.
40:51Quand je ne vais pas bien,
40:52je l'appelle
40:53et on discute par téléphone.
40:56C'est vrai que depuis octobre,
40:58je n'ai pas eu
40:59d'entretien physique
41:01avec les médecins
41:03et tout ça.
41:04Pourquoi ?
41:05Je me sens mieux.
41:06D'accord.
41:07Je me sens mieux.
41:08Même si ça peut vous paraître
41:10très court comme délai,
41:11j'ai arrêté aussi l'héroïne.
41:12Septembre-octobre.
41:13On a deux mois,
41:14deux stages.
41:15Enfin, deux stages,
41:16deux suivis.
41:17J'ai arrêté l'héroïne
41:18en trois mois,
41:19en fait.
41:21Ce qui est,
41:22je vous l'accorde,
41:23totalement inhabituel.
41:26Le tribunal,
41:27en janvier 2023,
41:29pour de nombreux faits de violence,
41:31il n'y avait pas
41:32qu'un seul fait de violence
41:33commis sur Madame...
41:34Oui, il y a eu
41:35plusieurs événements.
41:36On a des violences commises
41:37entre le 1er mars 2021
41:39et le 31 mars 2021 ?
41:41Pendant le confinement, oui.
41:42On a des violences
41:43le 24 juillet 2021 ?
41:46On a des violences commises
41:47entre le 24 juillet
41:49et le 31 août 2021 ?
41:51Des violences
41:52du 1er janvier 2022
41:53au 31 janvier 2022 ?
41:55Des violences
41:56du 1er juin 2022
41:57au 22 juin 2022 ?
41:59Oui, c'est ça.
42:01Bon.
42:02Confinement...
42:04Pendant aussi longtemps ?
42:05Non, enfin...
42:06Quand même, quoi.
42:08C'est pendant le confinement
42:09que je me suis mis à boire beaucoup.
42:11Et les faits de violence
42:12sont arrivés essentiellement
42:13pendant...
42:14D'ailleurs, je m'étais rendu compte
42:15de la situation
42:16et j'avais déposé une plainte.
42:17En fait,
42:18j'étais allé voir des psychologues...
42:19Une plainte contre qui ?
42:20Contre mon oncle
42:21qui m'a tiré dessus à balles réelles
42:22quand j'avais 3 ans.
42:23Et les psychologues
42:24me conseillaient
42:25de porter plainte
42:26pour avoir des réponses
42:27pour ma reconstruction.
42:28Plainte laissée sans suite,
42:30parce que les faits sont prescrits.
42:31C'était juste une tentative
42:32de meurtre
42:33quand j'avais 3 ans,
42:34mais je n'ai pas eu de réponse
42:35par rapport à ça
42:36et ça ne m'a pas aidé
42:37à me reconstruire,
42:38pour tout vous dire.
42:39D'accord.
42:40Je ne sais pas...
42:41Ça n'excuse rien
42:42ce que j'ai fait à ma femme,
42:43les violences qu'elle a subies,
42:44les insultes qu'elle a subies.
42:45Vous aviez d'autres questions ?
42:46Oui, madame.
42:47Je vois dans le jugement
42:48qu'on vous a retiré
42:49l'exercice de l'autorité parentale
42:50sur vos 4 enfants.
42:51Oui, alors que l'enquête de Cavi
42:53m'a bien dit
42:54qu'il n'y avait aucune violence
42:55et que mes enfants m'aimaient
42:56et que j'étais un bon parent.
42:57Il y a pareil
42:58une contradiction énorme
42:59entre me dire
43:00que je suis un bon parent
43:01et on me retire
43:02l'autorité parentale.
43:03Je ne sais pas
43:04si vous comprenez.
43:05Oui, on comprend ce que vous dites,
43:06mais est-ce qu'à votre avis,
43:07quand vous commettez des violences
43:08sur la mère de vos enfants,
43:09ça n'affecte pas vos enfants ?
43:10Évidemment que si.
43:11C'est traumatisant pour eux.
43:12Ils ont assisté
43:13à des scènes de violence.
43:14Comme moi,
43:15j'ai assisté petit.
43:16Je sais que ça peut détruire.
43:17Votre père était violent
43:18avec votre mère ?
43:19Pas qu'avec ma mère.
43:20Moi, c'était quotidien.
43:21Avec vous aussi ?
43:22J'ai eu des cicatrices
43:23et ils me poussaient
43:24contre les murs et tout.
43:25Et vous dites vous-même
43:26et on peut le comprendre
43:27et aussi de voir
43:28votre père violent
43:29avec votre mère.
43:30Oui, c'est vrai.
43:31C'est vrai.
43:32C'est vrai.
43:33C'est vrai.
43:34C'est vrai.
43:35C'est vrai.
43:36C'est vrai.
43:37Et aussi de voir
43:38votre père violent
43:39avec votre mère.
43:40C'est des choses
43:41qui sont choquantes.
43:42Des images que vous gardez
43:43encore en vous aujourd'hui,
43:44je pense.
43:45Vous imaginez
43:46ce que ça peut être
43:47pour vos enfants ?
43:48Oui.
43:49J'en ai conscience.
43:50Voilà.
43:51J'ai juste
43:52une dernière question, monsieur.
43:54Votre volonté
43:58de voir examiner
43:59cette interdiction
44:00de paraître
44:01aux abords du domicile
44:02de madame
44:03pour soi-disant,
44:04ce que j'ai compris,
44:05pour notamment
44:06vous occuper
44:07de vos enfants
44:08puisque vous dites
44:09que vous êtes
44:10un bon père
44:11et notamment
44:12que vous avez été présent
44:13et que vous organisez
44:14des choses
44:15pour leur anniversaire.
44:16Mais je constate quand même
44:17que les faits
44:18que vous avez commis
44:19à l'encontre de madame,
44:20c'est à quelques jours,
44:21voire le jour
44:22de l'anniversaire
44:23des enfants.
44:24Oui.
44:25Non ?
44:26Ça ne vous questionne pas ?
44:27Oui, mais ce n'était pas
44:28forcément devant les enfants.
44:29Mais oui,
44:30je comprends
44:31ce que vous voulez dire.
44:32Vous avez la parole
44:33pour vos équipes.
44:34Merci, monsieur le Président.
44:35J'entends
44:36l'histoire de vie
44:37particulièrement difficile
44:38de monsieur.
44:39J'entends aussi
44:40son besoin
44:41de reconstruction.
44:42Par contre,
44:43je n'entends pas
44:44de remise en question
44:46réelle
44:47de son comportement
44:48vis-à-vis
44:49de sa compagne,
44:50son ex-compagne
44:51qui a eu
44:52nécessairement
44:53des répercussions
44:54sur les enfants,
44:55qui a conduit
44:56le tribunal correctionnel
44:57en janvier 2023
44:58à prononcer le retrait
44:59de l'exercice
45:00de l'autorité parentale.
45:01Et aujourd'hui,
45:02on n'a pas
45:03de réflexion
45:04de monsieur
45:05sur les conséquences
45:07traumatiques
45:08des violences commises
45:09sur madame,
45:10sur ses propres enfants.
45:12Ce qui est problématique
45:13puisque, justement,
45:14on a cette histoire de vie.
45:15Parce que, justement,
45:16il va parler
45:17de sa propre souffrance
45:18vis-à-vis du fait
45:19qu'il l'a été victime
45:20dans son enfance.
45:21Mais par contre,
45:22la sphère
45:23de ses enfants
45:24et des conséquences
45:25traumatiques
45:26des violences commises
45:27sur madame,
45:28elles sont
45:29totalement annihilées.
45:30Elles sont totalement
45:31annihilées
45:33et on n'a
45:34aucune démarche
45:35de soin,
45:37ne serait-ce
45:38qu'en addicto.
45:40Mais pas qu'en addictologie.
45:42Il y a un réel
45:43suivi psychologique
45:45à mettre en place
45:46pour les violences
45:47qu'il a commises
45:49et sur lesquelles
45:50il doit travailler.
45:51Il doit travailler
45:52parce que
45:53c'est
45:54l'essence même
45:55de l'absence
45:56de récidive.
45:57C'est de travailler
45:58sur sa propre violence.
45:59Ce n'est pas
46:00de se considérer
46:01vraiment comme victime.
46:02Monsieur,
46:03vous avez été déclaré
46:04coupable
46:05à plusieurs reprises
46:06de faits commis
46:07sur madame.
46:08Et aujourd'hui,
46:09on n'entend pas
46:10cette culpabilité.
46:11Donc évidemment,
46:12je vais vous demander
46:13de confirmer
46:14cette peine
46:15au vu des réflexions
46:16proches du néant
46:17de monsieur
46:18sur sa propre responsabilité.
46:19J'entends bien.
46:20Et
46:21l'alcool
46:22n'est pas
46:23une circonstance
46:24atténuante
46:25des violences.
46:26C'est une circonstance
46:27aggravante.
46:32Vous avez la parole,
46:33monsieur,
46:34en dernier.
46:35Donc,
46:36qu'est-ce que vous souhaitez
46:37nous dire ?
46:38Bien sûr que je me sens
46:39responsable.
46:40Je...
46:43Je me réveille la nuit
46:44en y repensant
46:45tous les jours
46:46et vous me dites
46:47que je ne me sens pas responsable.
46:48Je trouve ça très injuste.
46:49Et
46:50j'espère que
46:51vous me laisserez voir
46:52mes enfants de temps en temps.
46:53Je ne sais pas
46:54quoi vous dire d'autre.
46:55D'accord.
46:56Moi, je suis anéanti.
46:57Ma vie,
46:58c'est la vie
46:59d'un intersidéral maintenant.
47:00Si je ne vois pas
47:01mes enfants,
47:02je ne sais pas
47:03ce que je ferai.
47:04J'ai demandé
47:05les pardons
47:06à mes enfants,
47:07à ma femme,
47:08à tout le monde,
47:09mais moi,
47:10je ne me pardonnerai pas.
47:11Vous me croyez ou pas,
47:12c'est...
47:13Là, j'ai rien à vous dire.
47:14Très bien, monsieur.
47:15Je pense qu'on a
47:16bien compris
47:17ce que vous vouliez
47:18nous dire.
47:19Voilà.
47:20Au revoir, monsieur.
47:21Au revoir.
47:23Voilà.
47:24Donc, il nous reste
47:25deux dossiers.
47:26Au revoir.
47:27Au revoir.
47:38Alors que la lutte
47:39contre les violences conjugales
47:40et intrafamiliales
47:41est considérée
47:42comme une cause nationale,
47:43les juges disposent
47:44de nombreux moyens
47:45pour les sanctionner
47:46à leur juste valeur.
47:47C'est ce que nous allons voir
47:48avec nos deux invités.
47:49Maître Isabelle Steyer,
47:50vous êtes avocat pénaliste
47:51au barreau de Paris
47:52et spécialisée
47:53dans le droit
47:54des femmes
47:55et des enfants victimes
47:56de violences.
47:57Et Elisabeth Philipponnet,
47:58vous avez été
47:59juge d'instruction.
48:00Vous êtes aujourd'hui
48:01présidente de chambre
48:02d'appel correctionnel
48:03à la Cour d'appel
48:04de Besançon.
48:05Alors,
48:06dans la dernière affaire,
48:07nous sommes face
48:08à un homme
48:09qui est condamné
48:10à quatre mois
48:11de prison avec sursis,
48:12c'est-à-dire
48:13en suspens au-dessus
48:14de sa tête,
48:15alors qu'il avait
48:16des antécédents
48:17de violences conjugales
48:19Comment on peut
48:20interpréter
48:21cette décision ?
48:22C'est une décision
48:23qui l'amène à,
48:24évidemment,
48:25continuer sa vie.
48:26Et ce qui m'intéresse,
48:27c'est l'interdiction
48:28qu'il a
48:29de voir son épouse
48:30ou sa compagne,
48:31parce que cette interdiction
48:32l'invite à réfléchir
48:34sa relation
48:35avec cette femme
48:36et avec ses enfants.
48:37Et ce dont il fait appel,
48:38c'est justement
48:39de cette interdiction
48:40d'entrer
48:41au domicile conjugal.
48:42Or,
48:43ce qu'il souhaite,
48:44c'est voir ses enfants.
48:45Oui, alors,
48:46Monsieur,
48:47il veut voir ses enfants,
48:48mais en fait,
48:49Monsieur,
48:50il veut voir Madame.
48:51Il veut voir Madame.
48:52Nous sommes bien d'accord.
48:53Et en fait,
48:54à travers ses enfants,
48:55il essaie,
48:56parce que ses arguments
48:57peuvent être balayés
48:58d'un revers de manche.
48:59Je n'arrive pas
49:00à voir mes enfants
49:01parce que je ne peux
49:02rien mettre en place.
49:03On peut très bien
49:04voir ses enfants
49:05dans des endroits
49:06médiatisés.
49:07Alors,
49:08on l'a vu,
49:09l'avocate générale
49:10a souligné
49:11le suivi médical
49:12du prévenu.
49:13Il a duré deux mois.
49:14Il a dit
49:15qu'il a arrêté
49:16l'héroïne en trois mois.
49:17Je me sens mieux,
49:18dit-il.
49:19Mais il n'y a aucun travail
49:20sur les violences conjugales.
49:21Et là,
49:22on le croit sur parole ?
49:23Bien sûr que non.
49:24Déjà,
49:25on ne le croit pas sur parole
49:26parce qu'un suivi médical
49:27téléphonique,
49:28c'est déjà
49:29extrêmement lacunaire,
49:30je trouve.
49:31Ça existe
49:32ou ça n'existe pas ?
49:33Mais non,
49:34bien sûr que non,
49:35ça n'existe pas.
49:36Il ne peut pas y avoir
49:37un investissement
49:38avec un thérapeute.
49:39Pendant le Covid,
49:40il y avait peut-être
49:41la visioconférence,
49:42mais c'est tout.
49:43Au-delà de ça,
49:45il n'y a pas de travail,
49:46effectivement,
49:47sur lui-même.
49:48Il se pose en victime.
49:49Et en tant que lui,
49:50comme victime,
49:51il sait très bien
49:52parler de lui,
49:53mais il ne fait pas le lien
49:54entre lui victime
49:55et ses enfants victimes.
49:56D'ailleurs,
49:57il se dit,
49:58je suis un très bon père.
49:59Et il ne s'imagine pas
50:00comme étant
50:01un père
50:02qui induise de la violence
50:03auprès de ses enfants
50:04et qui va venir répéter
50:06cette violence intergénérationnelle.
50:08Mais en même temps,
50:09il y a des prévenus
50:10qui sont,
50:11quand ils comparaissent
50:12une ou deux fois,
50:13pas encore en état
50:15d'être en adhésion
50:16avec un processus de soins.
50:17Et ça,
50:18on le voit très bien.
50:19C'est-à-dire,
50:20c'est des coups d'épée dans l'eau.
50:21Après,
50:22on peut avoir
50:23la satisfaction intellectuelle
50:24en tant que magistrat
50:25de plaquer
50:26telle ou telle injonction.
50:27Encore faut-il
50:28qu'il y ait une demande.
50:29Sinon,
50:30c'est voué à l'échec.
50:31L'adhésion aux soins,
50:32elle est fondamentale.
50:33Alors,
50:34vous voulez rajouter
50:35quelque chose ?
50:36Le groupe de parole
50:37peut permettre justement
50:38de rencontrer d'autres hommes
50:39auteurs de violences.
50:40Et donc,
50:41par conséquent,
50:42de pouvoir partager
50:43ces moments-là
50:44et partager
50:45ce que l'on a compris,
50:46subi.
50:47Je suis tout à fait d'accord.
50:48C'est extrêmement intéressant.
50:49Ça va être un déclic
50:50intéressant.
50:51Mais dans les groupes de parole...
50:52Et ces stages de sensibilisation,
50:53elles ont montré
50:54leur efficacité ?
50:55Oui,
50:56bien sûr.
50:57Dans d'autres pays
50:58comme le Canada,
50:59on sait que ces stages
51:00peuvent être efficaces,
51:01oui.
51:02Alors,
51:03revenons à la première affaire.
51:04On a un mari
51:05qui est condamné à six mois
51:06avec sursis.
51:07Et en appel,
51:08on a l'avocat général
51:09qui requiert la relax
51:10sur la violence.
51:11On regarde juste
51:12la possession du fusil
51:13qui a été chargé.
51:14Comment on peut expliquer
51:15ce revirement
51:16de l'accusation ?
51:17Je suppose qu'en première instance,
51:19il avait requis une peine.
51:21Elle avait été donnée
51:22par le tribunal.
51:23Et là,
51:24machine arrière
51:25parce que la femme dit
51:26bah non,
51:27en fait,
51:28j'ai raconté une histoire,
51:29ça s'est pas passé comme ça,
51:30c'est mes médicaments.
51:31Alors là,
51:32c'est un petit peu
51:33une inversion
51:34de ce qu'on voit d'habitude.
51:35C'est-à-dire que d'habitude,
51:36les juges se demandent
51:37s'ils doivent croire le prévenu.
51:38Et là,
51:39pour une fois,
51:40il y a un jugement
51:41ou qui a menti.
51:42Parce qu'elle a dit des choses
51:43au départ.
51:44Oui, mais elle a menti quand ?
51:45Elle a menti la première fois
51:46ou elle ment maintenant ?
51:47Alors,
51:48il y a des éléments
51:49dans le dossier
51:50qui sont mis au juge.
51:51Le juge,
51:52il ne fait pas sa religion
51:53comme ça sur des impressions.
51:54Alors,
51:55je le rappelle,
51:56l'avocat général
51:57avait requis la relax,
51:58mais la cour d'appel
51:59ne l'a pas subie.
52:00Condamnation,
52:01normal ?
52:02Oui,
52:03je suis rassurée
52:04de cette condamnation
52:05dans la mesure où
52:06elle me montre
52:07à quel point tout le monde,
52:08enfin les magistrats,
52:09ont compris
52:10ce qu'était l'emprise.
52:11Et on a eu,
52:12à cette audience,
52:13une vraie démonstration
52:14de ce qu'était l'emprise.
52:15Et donc,
52:16un bon signal a été donné
52:17à la victime,
52:18pour moi,
52:19parce qu'elle a été entendue,
52:20et un bon signal a été donné
52:21à l'agresseur
52:22parce qu'on n'a pas cru
52:23son bidouillage
52:24qu'il avait préparé
52:25à la faveur
52:26de cette audience.
52:27Il faut savoir
52:28que maintenant,
52:29des médecins
52:30peuvent signaler
52:31une femme victime
52:32de violence
52:33quand ils ressentent
52:34qu'elle est dans l'incapacité
52:35d'aller déposer
52:36de l'argent
52:37ou d'envoyer
52:38d'aller déposer plainte
52:39et qu'elle est en danger.
52:40Donc,
52:41c'est une très bonne décision.
52:43Oui, je pense que
52:44la Cour a sagement fait...
52:48Elle n'est pas obligée
52:49de suivre l'avocat général.
52:50Du tout.
52:51L'avocat général propose
52:52et puis,
52:53les juges disposent.
52:54Je reprends un peu...
52:55Je dévoue un peu l'expression.
52:57En fait,
52:58il y a cette volte-face
52:59qui est...
53:00Alors,
53:01pour des professionnels,
53:02chaque affaire est différente,
53:04mais qui est aussi
53:05symptomatique
53:07du phénomène d'emprise,
53:09de la peur,
53:11de représailles
53:12ou tout simplement,
53:13aussi,
53:14de l'erreur
53:15que commettent ces femmes
53:17quand elles croient
53:18que la violence
53:19tue le mari à genoux
53:20le lendemain
53:21qui demande pardon.
53:22C'est le quotidien
53:23de beaucoup d'autres,
53:24c'est-à-dire
53:25qu'une incapacité
53:26à se rendre compte
53:27que ce qu'elles vivent
53:28n'est pas normal.
53:29Il y a un enfermement.
53:30Et ce n'est pas
53:31pour dire tout ça
53:32à cette femme
53:33qui n'a pas tout compris,
53:34forcément,
53:35mais c'est pour dire
53:36à cette femme
53:37la loi est passée
53:38et pour dire à ce monsieur
53:39quand même,
53:40c'est un avertissement
53:41sans frais
53:42et quoi que cette femme
53:43en retire,
53:44je pense
53:45que cela fera
53:46peut-être date.
53:47C'est-à-dire que
53:48quoi qu'elle fasse,
53:49quels que soient
53:50les mensonges
53:51qu'elle ait pu élaborer,
53:52eh bien,
53:53la justice
53:54peut passer
53:55quand même.
53:56Alors,
53:57venons-en
53:58au troisième dossier
53:59de ces deux sœurs
54:00qui...
54:01se bagarrent
54:02un peu,
54:03pardon,
54:04mais comme dans
54:05l'intrafamiliale,
54:06on a des faits
54:07qui remontent
54:08à huit ans.
54:09Comment,
54:10sur un dossier
54:11assez simple,
54:12on en arrive
54:13à huit ans
54:14de procédure ?
54:15Alors,
54:16il y a une petite
54:17explication procédurale,
54:18je ne veux pas faire
54:19de déclin.
54:20C'est-à-dire que
54:21le parquet avait classé
54:22en pensant,
54:23comme vous le disiez,
54:24que c'était quelque chose
54:25qui était de l'ordre
54:26de l'intrafamiliale
54:27mais mineur,
54:28une dispute
54:29qu'on peut très bien
54:30gérer par de la médiation
54:31ou des alternatives.
54:32Or,
54:33pour l'une d'entre elles
54:34c'est une question
54:35de principe,
54:36même si les cons...
54:37Elle ne lâche pas.
54:38Elle ne lâche pas.
54:39Elle va utiliser
54:40une voie
54:41qui est médiane
54:42pour contrecarrer
54:43le pouvoir
54:44de classement du parquet
54:45qui est la constitution
54:46de participe
54:47devant un juge
54:48d'instruction.
54:49C'est fini.
54:50Point final,
54:51on arrête,
54:52on ne va pas plus loin.
54:53Ce qui signifie
54:54la plainte
54:55avec constitution
54:56de participe,
54:57cela signifie
54:58que la victime
54:59doit consigner
55:00une somme d'argent
55:01auprès d'un juge d'instruction
55:02C'est un engagement
55:03pour construire
55:04un dossier d'aide juridictionnelle
55:05ce qui demande énormément
55:06de paprasserie.
55:07Mais c'est à l'aune
55:08de sa détermination.
55:09C'est à l'aune
55:10de sa détermination.
55:11Et attendre,
55:12et on le voit
55:13dans le dossier,
55:14il y a une expertise,
55:15une contre-expertise.
55:16Parce que le dossier
55:17va à un juge d'instruction.
55:18Le dossier
55:19est donné
55:20à un juge d'instruction
55:21et il va y avoir
55:22une expertise
55:23sur son état de santé
55:24inévitablement
55:25pour déterminer
55:26l'incapacité de travail.
55:27Et donc,
55:28on arrive comme cela
55:29dans une première
55:30à une première
55:31juridiction de jugement
55:32et une décision
55:33de condamnation
55:34qui est une décision
55:35on va dire modérée.
55:36Bien sûr.
55:37Une amende avec sursis.
55:38Une amende avec sursis.
55:39On est sur une amende
55:40avec sursis.
55:41Avec sursis.
55:42Qui tient lieu du lien
55:43qu'il y a
55:44entre ces deux femmes.
55:45Très bienveillante.
55:46Exactement.
55:47Elles ont 70, 75 ans.
55:48Et cela dit aussi
55:49de nos histoires familiales,
55:50de nos haines aussi
55:51qu'il y a
55:52entre frères et sœurs
55:53ou les violences
55:54intrafamiliales
55:55comme vous le disiez.
55:56La famille,
55:57c'est le lieu
55:58de toutes les violences.
55:59C'est là où on viole,
56:00c'est là où on tue,
56:01c'est là
56:02où il y a
56:03des violences conjugales
56:04et on est dans
56:05des chiffres extrêmement élevés
56:06de violences intrafamiliales.
56:07Il ne faut pas l'oublier.
56:08Et ce dossier-là
56:09est aussi révélateur.
56:10On sait qu'en matière
56:11de succession,
56:12on a des successions
56:13qui durent
56:14des années et des années
56:15et je me demande d'ailleurs
56:16ce que serait une succession
56:17entre ces deux femmes.
56:18Donc cela n'en finit pas
56:19jusqu'à la génération
56:20d'après
56:21qui aura ou pas
56:22récupéré
56:23ce fardeau,
56:24cette histoire.
56:25Mais encore une fois,
56:26les magistrats,
56:27ils n'ont pas grand-chose
56:28pour trancher
56:29Ils ont la parole
56:30de l'une
56:31contre la parole de l'autre.
56:32Ils ont des certificats médicaux
56:33mais un moment,
56:34l'interruption,
56:35l'ITT,
56:36elle est de cinq jours
56:37et après on passe
56:38à deux mois.
56:39Alors,
56:40l'ITT,
56:41elle est à l'aune
56:42de la fragilité
56:43de cette femme
56:44qui, à mon avis,
56:45n'entretient pas
56:46sa douleur,
56:47loin de là.
56:48Il y a une douleur
56:49mais cette femme,
56:50elle est dans la douleur
56:51mais aussi psychologique.
56:52Donc je pense que ça peut
56:53majorer largement
56:54le tableau clinique.
56:55Alors non,
56:56les magistrats
56:57ne font pas
56:58plaisir à cette femme.
56:59Ils partent du principe
57:00que c'est au-delà
57:01du règlement
57:02de compte familial
57:03mais qu'il y a eu,
57:04ce soir-là,
57:05quand même,
57:06un échange
57:07et un échange houleux.
57:08Ce qui est contesté
57:09ni d'un côté
57:10ni de l'autre
57:11parce que,
57:12bon,
57:13il y a une mésentente.
57:14Je pense que c'est
57:15le contexte ancien
57:16de discorde
57:17qui laisse entrevoir
57:18que la parole
57:19de la victime
57:20peut être entendue
57:21et il y a
57:22un certificat médical.
57:23Sans le certificat médical,
57:24je pense qu'une simple
57:25bousculade
57:26est d'ailleurs
57:28c'est ce que le parquet
57:29avait pensé au départ.
57:30Peut-être en lavant
57:31un peu les mains
57:32et en se disant
57:33que les choses s'arrangeraient.
57:34Elles ne se sont pas arrangées,
57:35la preuve.
57:36Voilà.
57:37Et après l'addition de justice,
57:38on peut considérer
57:39que ça s'est arrangé ou pas ?
57:40Pas forcément.
57:41Je pense que ça ne s'arrange pas.
57:42Il y aura un autre biais.
57:43Il y aura un autre biais.
57:44Il y aura quelque chose d'autre.
57:45Il n'y aura peut-être
57:46pas de violence.
57:47L'histoire n'a pas se terminer
57:48à 75 ans
57:49alors même que l'on évoque
57:50une question de paternité
57:52et de questionnement
57:54vraiment sur l'origine
57:56de qui est qui
57:57dans cette famille.
57:58Sur de la magie.
58:02La seule chose.
58:03Il y a un contexte
58:04qui est très particulier.
58:05Il n'y a pas ton père,
58:06il y a de la magie noire.
58:07Voilà.
58:08C'est quand même matiné
58:09d'une histoire de violence
58:11très sombre
58:12entre les deux sœurs
58:13et certainement de rivalité
58:14avec une troisième sœur
58:15qui doit aussi y aller
58:16entre les deux.
58:17Donc effectivement,
58:18une histoire familiale
58:19très complexe.
58:20Et on se rend compte
58:21que souvent,
58:22le lien judiciaire
58:23cache un autre lien
58:24qui est souvent le lien
58:25de demander de l'amour,
58:27une reconnaissance
58:31et une place pour chacune,
58:32manifestement.
58:34Merci à toutes les deux.
58:35On rappelle qu'il existe
58:36un numéro d'écoute et d'aide
58:37pour les femmes victimes
58:38de violences.
58:39C'est le 3919.
58:41Merci donc à toutes les deux
58:42pour vos éléments d'information
58:44et qui nous ont permis
58:45de mieux comprendre
58:46cette audience.
58:47Merci évidemment aussi
58:49aux magistrats,
58:50aux greffiers,
58:51aux avocats
58:52et aux fonctionnaires de justice
58:53pour leur concours
58:54pour cette émission.
58:55Merci à vous
58:56de nous avoir suivis.
58:57Je vous donne rendez-vous
58:58très prochainement
58:59pour un autre Justice en France.