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00:00La fin de la tragi-comédie qui a précédé votre nomination aura été, nous devons l'admettre, un modeste soulagement.
00:06Soulagement que s'achève cette pantalonnade présidentielle qui fatiguait jusqu'au plateau de télévision et qui désolait les Français de ne pas se savoir gouverner.
00:13Soulagement de ne pas avoir une extrême-gauche sectaire et radicale atteindre le pouvoir après une prise d'otage électorale à laquelle la droite sénatoriale a parfois donné des gages.
00:22Et soulagement encore que cette même extrême-gauche ne puisse temporairement répandre ses méfaits et son idéologie à la tête de l'État.
00:28Soulagement enfin que la solution née cette fois-ci était un gadget politique issu d'un nouveau monde factice ou d'une société civile de plateau télé.
00:36Nous vous reconnaissons d'incarner une politique peut-être ancienne qui, si nous la combattions parce qu'elle nous paraissait incapable de se remettre en cause, a encore pour elle la dignité.
00:45Néanmoins, vous avez servi à quart d'heure toutes les institutions et toutes les politiques qui ont amené à la situation du pays, ce qui amène à notre inévitable perplexité.
00:53Une simple question se pose dès lors, comment régler les errements du présent quand on n'a pris part aux turpitudes du passé ?
00:59Vous seules avez cette réponse et nous aimerions pouvoir vous accorder le bénéfice du doute.
01:03Mais avec tout le respect que nous vous devons, chers collègues de la majorité, voici qu'un parti désavoué depuis 12 ans à chaque présidentiel depuis l'échec du sarcosisme,
01:11ayant recueilli à peine 5% des voix aux élections législatives, se retrouve à diriger un gouvernement.
01:16Vous savez comme moi que cette situation n'est pas normale, qu'elle est une facétie de l'histoire politique et qu'elle n'est pas vouée à durer.
01:22Devant un budget impossible, véritable faillite économique et sociale, on vous avait été plus que les témoins.
01:27Ce doux moment du retour dans les ors des ministères s'effondrera devant le mur des réalités financières.
01:32Monsieur le Premier ministre, comme nous vous l'avons dit, la bienveillance n'exclut pas la surveillance, mais pas uniquement celle des parlementaires du RN et de ses alliés.
01:40Vous êtes sous surveillance d'un président de la République dont l'hubris et l'égo briseront bientôt vos bonnes volontés.
01:45Vous êtes sous la surveillance d'un Parlement qui passera de la méfiance du moment à la défiance du budget.
01:50Vous êtes sous surveillance d'un système européen dont vous avez été un serviteur, mais qui n'hésitera pas à contraindre vos décisions et avec elles contraindre notre souveraineté.
01:58Enfin, vous êtes sous la surveillance du peuple français, selon vos propres mots, qui vous submergera bientôt d'une juste impatience face à la situation dramatique qu'il traverse à tout point de vue et contre laquelle nous craignons votre timidité.
02:10Et puisque nous sommes au Sénat, vous vous savez sur la surveillance des élus locaux qui craignent encore une fois d'être accusés de tous les maux et d'être la cible d'un défouloir austéritaire.
02:20Eux, mieux que quiconque, savent ce que c'est de devoir faire plus avec moins.
02:25J'aurais tout de même un mot pour le nouveau ministre de l'Intérieur en sa qualité de président sortant du groupe majoritaire de notre Assemblée.
02:31Nous aimerions que vos premiers pas médiatiques préfigurent ce que vous ferez réellement en matière d'immigration et d'insécurité.
02:37Mais nous n'oublions pas qu'alors que vous conceviez sans difficulté le dialogue avec la gauche, ce qui est parfaitement normal dans nos murs,
02:43il semblait que consignés t'étaient donnés de ne jamais voter le moindre amendement du Rassemblement national.
02:48Ce simple fait nous amène à craindre beaucoup de postures mais peu de résultats.
02:51Monsieur le Premier ministre, nous préférerions votre réussite, car l'intérêt de la France et des Français importe bien plus que les querelles partisanes.
02:58Mais nous n'y croyons guère, car le problème du sarrail politique français n'est jamais tant la compétence que le conformisme.
03:03Les Français ne veulent pas de la radicalité mais au moins de la rupture.
03:06Pour l'heure, nous n'espérons donc que le respect dû à nos 11 millions d'électeurs
03:10et surtout l'alternance que permettra l'arrivée au pouvoir de Marine Le Pen et de Jordane Bardella en 2027.
03:16Bonne chance et bon courage malgré tout. Je vous remercie.