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La présidente du groupe Communiste Républicain Citoyen et Ecologiste - Kanaky répond au Premier ministre Michel Barnier après sa déclaration de politique générale devant le Sénat. 

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Transcription
00:00Monsieur le Président, Monsieur le Premier ministre, mes chers collègues, et vous m'autoriserez
00:07à changer de ton, loin des numéros clownesques, et de rappeler que nous sommes ici au Sénat.
00:14Les mois qui se sont écoulés depuis la brutale décision prise par Emmanuel Macron de dissoudre
00:20l'Assemblée nationale ont été marqués par une violence institutionnelle, une violence
00:25démocratique dont votre nomination à Matignon est que vous l'acceptiez ou non le symbole.
00:31Faisons simple, les perdants des élections législatives ont fait fi du suffrage universel
00:38et se sont alliés pour préserver coûte que coûte la politique libérale dévastatrice
00:43que subit notre pays depuis 7 ans. Seul le front républicain a permis à la Macronie
00:51d'éviter la déroute totale, et à votre parti, Monsieur le Premier ministre, de préserver
00:57souvent, grâce aux voix de gauche, 47 députés malgré vos 5,4% du premier tour.
01:04Le 10 juillet dernier, celui qui est devenu votre ministre de l'Intérieur indiquait ici-même
01:12ne pas croire à une grande coalition, au mariage des contraires. C'est la parousie
01:18du « en même temps ». Il me semble en effet que c'est dans la clarté que nous devons
01:23travailler pour la France. Et pourtant, vous avez donc rejoint Emmanuel Macron en acceptant
01:31de vous asseoir sur le vote des électeurs, et pire, en vous plaçant, de fait, sous la
01:37surveillance du Rassemblement national. Et par un tour de passe-passe institutionnel,
01:42le président de la République a dissous l'Assemblée nationale et reversé le Sénat.
01:48Vous m'accorderez à vous dire qu'il y a de quoi être quelque peu désenchanté de
01:53la vie politique. Monsieur le Premier ministre, on ne joue pas avec la démocratie. Vous avez
02:00reçu le mandat pour gouverner de la part d'Emmanuel Macron, et c'est incontestable.
02:04Mais vous ne l'avez pas reçu du peuple. De quelle majorité êtes-vous donc aujourd'hui
02:10le chef ? Vous n'avez pas engagé d'ailleurs hier votre responsabilité. Madame Le Pen n'a
02:14donc pas eu à se prononcer sur votre programme, se contentant de repousser la censure à venir,
02:19au nom d'une respectabilité républicaine soudainement affichée de sa part.
02:23Monsieur le Premier ministre, avec mon groupe, je conteste avec la plus grande force le choix
02:29qui a été fait par Emmanuel Macron d'écarter le nouveau Front populaire, coalition arrivée
02:35en tête en nombre de députés à l'Assemblée nationale le 7 juillet dernier. Et ce n'est pas
02:40la gauche qui a refusé toute coalition, c'est bien le Président de la République qui l'a refusée.
02:46Nous connaissons tous le ciment de votre alliance, le libéralisme, la défense acharnée du monde de
02:54l'argent, des intérêts privés contre l'intérêt général. Et pourtant, par trois fois, le rejet
03:00qui s'est exprimé puise sa source dans les dégâts occasionnés par ce libéralisme qui
03:05s'attaque aux fondements sociaux de notre République. Le bilan d'Emmanuel Macron est
03:11terrible. 1000 milliards de dettes supplémentaires accumulées depuis 2017. Ce bilan terrible, c'est
03:18la casse du service public, comme celui de la santé ou de l'école, pour satisfaire le dogme
03:23de la réduction de la dépense publique. C'est l'échec total en termes de politique de logement.
03:28Ce bilan terrible, c'est l'annonce d'un déficit public pouvant dépasser les 6% du PIB. Un bilan
03:35terrible, illustré par la progression de la pauvreté, la précarisation de l'emploi et le
03:40recul flagrant du pouvoir d'achat. Ce bilan terrible, ce sont ces zones de non-droits sociaux,
03:46ces campagnes et quartiers délaissés, dévastés par la désindustrialisation. Ce sont ces zones
03:52rurales qui assistent, impuissantes, à leur perte de sens et ses frais dès l'endemain incertains.
03:59Ce bilan terrible, ce sont ces agriculteurs qui s'épuisent face à une mondialisation qui les
04:05éreint. Allez-vous, Monsieur le Premier ministre, inscrire à l'Assemblée nationale le texte qui
04:11met un terme au CETA ? Face aux aspirations de justice sociale et fiscale, à une sécurisation
04:18globale de l'existence, la ficelle est bien connue pour détourner le peuple du combat pour le
04:25progrès. Le diviser, jeter en pâture des boucs émissaires, agiter les peurs. Ainsi, depuis votre
04:32nomination, pas une journée, pas une heure ne passe sans une saillie contre l'immigration. Alors
04:40oui, je le dis ici, il faut assurer la sécurité de la population. Qu'attendez-vous donc pour relancer
04:47la police de proximité ? Oui, il faut accueillir les étrangers dans des conditions qui permettent
04:53une bonne et nécessaire intégration. Mais nous savons tous que celle-ci ne se fera pas sans une
05:00harmonisation globale de notre société, faite de justice et de redistribution des richesses. C'est
05:07pour cette autre politique que 80% des Français souhaitent taxer les riches. Avec mon groupe,
05:13nous défendrons donc une autre voie, crédible et sincère, pour une France progressiste,
05:19celle qui priorise toujours l'intérêt général, en commençant par une reconstruction des services
05:26publics. L'État doit assumer ses responsabilités et cesser de se défausser sur les collectivités
05:31territoriales. L'hémorragie financière doit être stoppée et les propos honteux de messieurs
05:37Le Maire et Cazeneuve faisant porter sur elles l'accroissement de la dette alors qu'elles
05:41assument les leurs et portent l'investissement doivent être condamnés. Et oui, nous serons de
05:46ceux qui accompagneront sur les réformes, sur le ZAN, sur le maintien de la compétence haut et
05:50assainissement, sur la mise en place d'un statut de l'élu. Mais cela ne suffira pas à redonner son
05:56sens et à l'engagement aux élus locaux dans les communes cellules de base de notre République.
06:01Une nouvelle fiscalité, une relance du pouvoir d'achat doit permettre de trouver les ressources
06:07financières pour faire redémarrer la France. Nous ne sommes pas dupes. Monsieur le Premier
06:11ministre, derrière une taxation à minima des entreprises et des plus riches, c'est une
06:15punition collective que vous préparez par des coupes budgétaires massives, faute de recettes
06:21suffisantes. L'urgence économique et sociale exige d'en finir avec la confiscation des richesses par
06:28l'optimisation fiscale, l'évasion fiscale et d'un droit des successions source de privilèges insensés.
06:33Nous sommes de ceux, oui, qui voulons répondre à l'urgence sociale, abroger la réforme des
06:39retraites, bloquer les prix sur les produits de première nécessité et augmenter les salaires.
06:43Et votre non-annonce sur le SMIC n'est pas à la hauteur de ces attentes. L'urgence sociale,
06:50c'est aussi bien évidemment répondre à la situation explosive dans nos Outre-mer. Le dialogue,
06:57le respect doivent être de retour en Nouvelle-Calédonie-Kanaki. Vous avez décidé enfin
07:04de renoncer à la convocation du Congrès sur le dégel électoral. Trop de morts, trop de destructions
07:11auraient pu être évitées si Emmanuel Macron avait entendu au printemps la voix de la raison.
07:17Je vous alerte, Monsieur le Premier ministre, sur tout report hâtif des élections sans
07:24consultation de l'ensemble des acteurs politiques locaux. Avant de conclure, comment ne pas évoquer
07:30notre angoisse et celle de tous face à la guerre et à la violence dans le monde. Si l'agresseur
07:35russe doit être repoussé, il faut trouver le chemin de la paix en Ukraine, où les morts
07:40s'accumulent dans une folle spirale. À quelques jours du terrible anniversaire des attentats
07:46terroristes du 7 octobre, comment ne pas espérer le retour de la paix sur ces terres d'un prochain
07:54orient, maculé de sang, encore cette nuit ? La violence de l'action de Benjamin Netanyahou et de
08:01son gouvernement est insupportable. Des dizaines de milliers de morts à Gaza, un Liban agrassé
08:10sans relâche, les attaques iraniennes en réaction installent dans cette région du monde un avenir
08:17bien sombre. Oui, la France doit agir pour que la paix et la sécurité au Proche-Orient soient
08:23assurées pour tous les peuples. Elle doit retrouver sa place essentielle et se faire
08:28entendre dans le concert des nations. Monsieur le Premier ministre, je vous ai écouté hier,
08:33je vous ai écouté aujourd'hui. Votre programme est à mes yeux celui d'un ancien monde, sans surprise
08:40celui de monsieur Macron et de ses amis les riches. Monsieur le Premier ministre, une chose est
08:44certaine, nous mettrons ici, avec mon groupe, toute notre énergie à faire triompher les
08:50aspirations profondes de notre peuple au bonheur et à la paix. Je vous remercie.

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