Julie Morand, responsable du service prévention à la Caisse primaire d'Assurance maladie de la Savoie : "Le taux de dépistage du cancer du sein est encore bien insuffisant".

  • il y a 5 jours

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00:00Et c'est un message que vous allez entendre en ce mois d'octobre rose, faites-vous dépister ce matin avec notre invitée Anne, on parle donc du cancer du sein.
00:08Oui, on est avec Julie Morand, bonjour.
00:10Bonjour.
00:11Vous êtes responsable du service prévention à la Caisse primaire d'assurance maladie de la Savoie et on va commencer par écouter le témoignage d'Annabelle.
00:19Cette haute Savoyarde a été atteinte d'un cancer du sein et voilà ce qu'elle a constaté.
00:23Tant que ça ne nous arrive pas et que ça n'arrive pas dans notre vie, on a toujours l'impression que ça va toucher que les autres.
00:29Moi je sais quand j'ai été diagnostiquée, la plupart de mes copines me disent je vais aller faire mon frottis, je vais aller vérifier les seins, je vais aller vérifier la peau mais c'est des choses qui ne leur venaient pas à l'idée.
00:38Alors Julie Morand, c'est ce que nous dit Annabelle finalement, ça reflète bien les chiffres puisque aujourd'hui le taux de dépistage du cancer du sein en Haute-Savoie est de 54% et en Savoie 56%, c'est loin d'être suffisant.
00:52Effectivement, c'est loin d'être suffisant, c'est une femme sur deux qui ne réalise pas sa mammographie.
00:57Et l'objectif ça serait d'arriver à quoi ? Parce que bon 100% c'est que ça va être compliqué mais du coup l'objectif ça serait quoi ?
01:03L'objectif européen il est fixé à 70% de taux de dépistage.
01:07Et alors pourquoi finalement il y a encore des freins ? Parce qu'on ne peut pas dire qu'on ne sait pas qu'on doit être dépisté puisque quand on a entre 50 et 74 ans, l'ACPM envoie un courrier, donc qu'est-ce qui fait que des femmes ne se font pas dépister ?
01:23Alors en premier je dirais que c'est la négligence, les femmes ne prennent pas le temps, elles ont autre chose à gérer.
01:31En deuxième on a bien sûr la peur du diagnostic puisque découvrir quelque chose ça veut dire être malade alors qu'on ne trouve quelque chose que dans 8% des cas et seulement dans 0,7% il s'avère que c'est un cancer.
01:46Et plus c'est pris tôt, on le rappelle ça toujours ?
01:49Bien sûr. Dans 90% des cas, en stade précoce, le cancer découvert est guéri.
01:55Alors vous allez même plus loin maintenant à l'ACPM de la Savoie parce qu'on a parlé de ces courriers, mais pour les femmes qui finalement ne prennent toujours pas rendez-vous, là vous leur téléphonez, expliquez-nous.
02:05Tout à fait. Comme les chiffres ne sont pas très bons sur notre département, c'est quand même un constat qui est national, les 56% se retrouvent aussi en France entière, on a décidé de faire des appels.
02:17C'est-à-dire qu'on va cibler un territoire savoyard sur lequel on a des possibilités d'avoir des rendez-vous MAMO assez rapidement et des prises de rendez-vous en ligne et donc on va appeler les femmes pour leur proposer des créneaux.
02:31Et grâce à un petit entretien motivationnel, essayer de les amener à réaliser leur mammographie.
02:36Et finalement vous faites tout ?
02:38On essaye de les accompagner au mieux pour qu'elles prennent soin de leur santé.
02:42Mais il peut rester quand même un petit blocage psychologique ?
02:46Tout à fait. Après notre métier c'est aussi de leur faire prendre conscience de la chance qu'on a d'avoir cet examen qui est pris en charge à 100% par la surveillance maladie.
02:57Et qu'il est important de prendre soin de sa santé, même sans symptômes, tout le monde est concerné.
03:02J'imagine qu'il y a quelques femmes qui doivent être surprises quand même à ce coup de téléphone ?
03:06C'est vrai, surprise, mais globalement très heureuse de voir cet accompagnement personnalisé et individuel.
03:13Et donc ça fonctionne bien, vous avez déjà des retours finalement ? Il y a un pourcentage de femmes qui acceptent, qui est élevé là ?
03:19Tout à fait. Entre juillet et août on a eu une première campagne, on a passé entre 1500 et 1600 appels.
03:27Et on a décroché plus de 215 rendez-vous mammographie.
03:32D'accord, donc c'est encourageant.
03:34Ce qui est pas mal. Si vous ne faites pas de dépistage, dites-nous ce qui vous freine.
03:38Si au contraire vous en faites régulièrement, dites-nous comment ça se passe pour vous.
03:42Ou si vous avez été touché par un cancer du sein et que vous souhaitez en parler ou délivrer un message,
03:47on vous écoute sur France Bleu, Pays de Savoie, comme tous les matins.
03:50Vous nous appelez au 0806 0010 10.
03:53Et c'est Julie Morand, responsable du service prévention à la caisse primaire d'assurance maladie de la Savoie qui est notre invité ce matin.
03:59Quand on regarde les chiffres du dépistage, on s'aperçoit aussi qu'il y a des grosses disparités au sein des départements.
04:06Je prends l'exemple de la Haute-Savoie. On l'a dit, 54% en moyenne de dépistage sur le département.
04:12Mais on est à 44% seulement dans le bassin de vie d'abondance et 59% dans le bassin de vie de faverge.
04:18Est-ce que c'est aussi comme ça en Savoie et comment ça s'explique ?
04:21Alors en Savoie, on a aussi des disparités, effectivement.
04:24On a par exemple le territoire qui couvre les Beauges, où on est à 46% de dépistage.
04:30Et le territoire à contrario du cœur de Savoie, Montmélian, Saint-Pierre-d'Albigny, où là on est à 58%.
04:36Donc grosses disparités territoriales.
04:38Ça s'explique peut-être par l'accès au cabinet de radiologie, aux radiologues,
04:43et par le fait d'être effectivement éloigné du système de soins.
04:49Merci Julie Morand. Vous restez avec nous, on n'en a pas fini.
04:53Mais on va aussi maintenant écouter les auditeurs.
04:56On a des auditrices qui nous appellent pour témoigner. C'est un sujet qui concerne du monde.
05:00Oui, évidemment. Et c'est Nathalie qui est à Villagrand que nous accueillons.
05:04Nathalie, bonjour.
05:08Bonjour Nathalie.
05:09Bonjour.
05:10Alors vous souhaitez témoigner ce matin, Nathalie.
05:13Oui, je souhaitais témoigner parce que, juste pour expliquer que moi ça m'est arrivé, j'avais 35 ans.
05:19Donc il n'y a pas d'âge, finalement, pour avoir ce genre de soucis.
05:24Alors en fait, moi, lors d'un déménagement, j'ai remarqué que je m'étais mise à saigner d'un canot lactoforien d'un sein.
05:31Alors je me suis dit, bon, j'ai pris un carton, je me suis cognée, c'est pas grave, on va attendre un peu.
05:36Puis 3-4 jours après, ça ne passait pas, ça augmentait.
05:39Donc rendez-vous chez le gynéco. Le gynéco a réagi tout de suite.
05:43Échographie, mammographie et deux tâches.
05:46Et à peine 10 jours plus tard, j'étais opérée.
05:50Il m'a fait ce qu'on appelle une pyramidectomie pour aller enlever les deux masses qui étaient là.
05:55Et sur les deux, il y en avait trois.
05:57En l'espace d'une semaine de 10 jours, la troisième était apparue.
06:02Analyse, alors rien, rien, heureusement pour moi.
06:06Mais les résultats sont tombés et le gynéco m'a dit, écoutez, si vous aviez attendu 2-3 mois, ça se serait transformé en cancer du sein.
06:14Donc vous avez bien fait de réagir tout de suite.
06:17Depuis, bien évidemment, je prends ma douche, j'examine, je touche, je palpe et je regarde si tout se passe bien.
06:23C'est des gestes simples qu'il faut apprendre à faire.
06:26Et moi, je voudrais juste dire qu'il faut être à l'écoute de son corps et surtout ne pas hésiter à aller consulter.
06:32Ce n'est pas parce qu'on est jeune qu'il ne peut rien se passer.
06:35J'ai une fille de 30 ans et je l'insiste déjà à pareil, à regarder, à palper et au moindre souci d'aller consulter.
06:43Sans devenir complètement...
06:46Oui, inquiète à chaque fois.
06:48C'est pas juste des kystes, il n'y a rien du tout, mais autant surveiller.
06:51Voilà, effectivement, il faut réagir vite si on veut que ça se passe le mieux possible.
06:58Merci beaucoup Nathalie pour votre témoignage.
07:01Julie Morand, c'est très intéressant aussi ce que nous dit Nathalie, parce qu'on parle du dépistage 50-74 ans,
07:07mais avant, c'est important aussi d'avoir un suivi gynécologique à un minimum.
07:12Effectivement, à partir de 25 ans, on recommande l'autopalpation.
07:16Donc, des gestes à apprendre qui sont assez simples et qui nous permettent de détecter des anomalies
07:22qui peuvent être des grosseurs, mais qui peuvent aussi être la texture de la peau qui se change,
07:27l'écoulement au niveau du mamelon.
07:30Et tout ça, effectivement, on le reconnaît, comme l'a dit Nathalie, en connaissant son corps.
07:35Donc, le plus tôt est le mieux.
07:37L'antenne est à vous, vous nous appelez au 0806 0010 10.
07:40Nadia a composé ce numéro de téléphone en l'accueil.
07:43Nadia, vous êtes à Annecy, bonjour.
07:45Bonjour Nadia.
07:46Oui, bonjour, enchantée.
07:48Je voulais, effectivement, ça a été dit, mais c'est vrai que la détection précoce du sein
07:54et les moins jeunes et les plus jeunes, effectivement, c'est important.
07:58Dans le sens où ça diminue, éventuellement, la durée du traitement et des convalescences.
08:03Et surtout, ça y est aussi, une chance plus grande de survie.
08:07Moi, je voulais intervenir pour faire part à des manifestations en Savoie,
08:12et notamment à Annecy, ce week-end.
08:14Il va y avoir les Boucles du Coeur dimanche 6 octobre, pour une cause caritative.
08:20Donc, une belle course autour du lac d'Annecy.
08:23Il y a également le Comité féminin pour le dépistage du cancer du sein des Savoies,
08:29qui a son lieu sur l'avenue de Genève, à Annecy,
08:36et qui organise tout le mois des manifestations en honneur des femmes
08:42et du dépistage du cancer.
08:45Merci beaucoup, Nadia, de nous avoir appelées.
08:48Effectivement, avec Octobre Rose, c'est accompagné à la fois de moments comme ça,
08:52où on va parler d'épistage, prévention,
08:55et puis de moments aussi un peu plus festifs, pour faire parler de ce dépistage.
09:01Julie Morand, merci, je rappelle que vous êtes responsable du service prévention
09:04à la Caisse primaire d'assurance maladie de la Savoie.
09:06Bonne journée à vous.
09:07Merci beaucoup, bonne journée.
09:08Et cette interview est à réécouter sur francebleu.fr.

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