Guerre au Liban : «On se sent abandonnés», confie une étudiante qui vit à Beyrouth

20Minutes

Nivine Ezzerine, étudiante de 21 ans, vit dans le sud de Beyrouth. Elle vient d'accueillir ses parents qui ont fuit les bombardements dans le sud du pays, comme près de 1 million de déplacés.   Lire l'article sur notre site : https://www.20minutes.fr/4113350-20241003-peuple-libanais-sent-abandonne-nivine-raconte-quotidien-beyrouth  20 Minutes, avec vous https://www.20minutes.fr Retrouvez nous sur nos réseaux :  Facebook: https://www.facebook.com/20minutes  Twitter: https://twitter.com/20Minutes  Instagram: https://www.instagram.com/20minutesfrance/  Tiktok : https://www.tiktok.com/@20minutesfrance?lang=fr Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCD25QI36ly-8hWm9OPOz7aw Linkedin: https://www.linkedin.com/company/20-minutes

Transcript

00:00J'ai cru franchement que j'allais mourir.

00:02Vraiment, j'ai tremblé pour la première fois de ma vie.

00:04Je me suis mise à pleurer, j'ai cru que j'allais mourir parce que

00:06le bruit était tellement fort que j'ai cru qu'ils s'étaient mis à tirer

00:08et à bombarder surtout Beyrouth.

00:14Bonjour, je m'appelle Nivine Ezzedine.

00:16Je vis à Beyrouth mais je suis originaire du Sud.

00:19Israël a commencé le lundi 23 septembre

00:22à bombarder intensivement le sud du Liban.

00:26Je me suis réveillée le matin et j'ai reçu un appel de mes parents

00:29qui m'ont dit que ça y est, ils allaient quitter le sud

00:32parce qu'on dirait que la guerre commençait

00:35car ils se sont réveillés à 6h du matin avec des bombardements

00:38et ont dû faire les affaires très rapidement pour venir.

00:41Ils ont emporté avec eux qu'une valise avec des habits

00:43parce qu'on s'est dit qu'on ne peut pas prendre beaucoup de choses avec nous.

00:46Donc on a emporté ça avec nous, bien sûr nos économies.

00:50Mon père a dû fermer son travail, il est pharmacien.

00:53Il a dû fermer sa pharmacie.

00:54Moi j'étais à Beyrouth, heureusement j'ai un appartement ici.

00:58Donc ils ont pu venir se réfugier ici.

01:01Malheureusement aussi, ils ont été bloqués dans les embouteillages

01:04pendant plus de 17h, alors que de base,

01:07le trajet entre Sourd et Beyrouth prend qu'une seule heure

01:10parce que justement, tout le monde était en train de fuir la ville.

01:13Actuellement, la ville de Tire est quasiment vide.

01:16Il y a eu plus de 1 million de déplacés.

01:20Vraiment beaucoup de gens sont partis et ont quitté le sud.

01:24Il y a beaucoup de gens qui dorment dans la rue déjà.

01:26Il y a beaucoup de gens qui n'ont pas de maison,

01:27qui n'ont pas les moyens de dormir.

01:29Et surtout, il y en a qui ont dû quitter très rapidement.

01:32Donc ils n'ont peut-être pas pu prendre avec eux leurs économies

01:35ou leurs habits ou quoi que ce soit.

01:36Donc ils sont à la rue.

01:37Il y a aussi énormément de foyers qui sont surpeuplés,

01:40c'est-à-dire des maisons qui sont faites pour 5 personnes

01:43où ils se retrouvent à 10.

01:45J'en connais beaucoup.

01:46J'ai d'ailleurs une amie où ils sont 6 dans une maison très petite.

01:49On ressent ça partout.

01:50D'ailleurs, Beyrouth est surpeuplée actuellement.

01:52On voit les parkings qui sont complètement remplis.

01:55Vraiment, tout est rempli.

01:56Et pourtant, pas un chat dans les rues, justement.

01:58Tout le monde s'enferme à la maison.

02:00Je vis par ailleurs en face de la Croix-Rouge.

02:03Donc je vois tous les jours les ambulances partir.

02:06Alors que d'habitude, avant la guerre, c'était très calme.

02:09C'était à peu près une ambulance par jour qui sortait.

02:12Cette nuit, on a été très bombardés intensivement sur la banlieue sud.

02:17Donc ça nous empêche de dormir.

02:21Cependant, les tirs d'hier étaient des tirs de joie

02:24car l'Iran a frappé l'Israël.

02:28Mais on entend très souvent des bombardements.

02:30On entend vraiment tout et on voit tout.

02:33Ça se voit que tout le monde est dans la peur.

02:35Tout le monde est dans l'ignorance.

02:37C'est-à-dire l'ignorance de ne pas savoir combien de temps va durer cette guerre.

02:41À quel moment, comment est-ce qu'on va faire pour fuir ?

02:44Parce qu'il y a beaucoup de personnes qui n'ont malheureusement

02:46aucune seule nationalité qui est la nationalité libanaise.

02:49Et c'est très compliqué pour eux de pouvoir fuir du pays avec ce passeport

02:53parce que beaucoup de gens nous refusent le visa.

02:55Moi, je ressens vraiment cette peine partout autour de moi.

02:58Je sens que vraiment, les Libanais, vous savez, d'habitude, on a la joie de vivre.

03:03On a une très grande joie de vivre malgré le fait qu'on est une population à souffrance.

03:08On souffre tout le temps.

03:09On a appris à souffrir.

03:10On a toujours vécu des choses très compliquées.

03:12Mais là, vraiment, j'ai l'impression que les gens ont perdu espoir

03:16parce qu'on se sent abandonnés.

03:18On n'a pas l'impression que le monde est vraiment là pour nous.

03:21On n'a pas l'impression que les gens nous écoutent.

03:22On sent qu'il y a une très petite partie du monde qui se rend compte de ce qui se passe.

03:27Franchement, je vous dis la vérité, cette guerre est en train de former une haine en moi,

03:31une haine parce que je trouve qu'il y a trop d'injustice.

03:34Il y a trop d'injustice, même par rapport aux Palestiniens, pas que par rapport à nous.

03:38C'est d'ailleurs depuis que la guerre en Palestine a commencé que je ressens une haine.

03:42Pendant que les gens en Europe ou en Amérique ou partout ailleurs sont en train de vivre leurs rêves,

03:48de penser à eux ce qu'ils ont envie de faire, quelles études ils ont envie de faire,

03:51quel travail ils veulent faire et penser juste à leur avenir.

03:54Nous, on est en train de survivre en fait, on n'est pas en train de vivre.

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