Coluche : l'humoriste et l'activiste dont la France avait besoin - Documentaire 2006

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Ce documentaire de 2006 retrace la vie et l'héritage de Coluche, l'un des humoristes les plus emblématiques de France. À travers des témoignages et des images d'archives, la vidéo explore non seulement son impact dans le monde du spectacle, mais aussi son engagement social et politique, notamment avec la création des Restos du Cœur. Ce film met en lumière l'importance de son œuvre et l'influence durable qu'il a eue sur la société française.

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Transcription
00:00Coluche, FR3, une deuxième.
00:02Ah!
00:03Oui, oui, oui, je vis dans l'ordure
00:07Je bus la sueur et la luxure
00:10Je fume, je brûle, j'ai tous les vis
00:13Et j'ai du poids partout sur les cuisses
00:16Je vous déteste, je vous maudis
00:19Je suis complètement pourri
00:22J'suis la salsa du dément
00:25Salsa du dément
00:28Salsa du dément
00:31Salsa du dément
00:58Salsa du dément
01:01Salsa du dément
01:04Salsa du dément
01:07Salsa du dément
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08:10Salsa du dément
08:13Salsa du dément
08:16Salsa du dément
08:19Merci.
08:22On a fait annuler ce concert.
08:24Je suis Insoumi.
08:30Alors mons enfant de la patrie
08:33Le jour de gloire est arrivé
08:39contre nous de la tyrannie
08:44Les tents d'art sanglant sont levés
08:47Après Gainsbourg, c'est au tour de Michel d'être la cible des parachutistes.
08:53Il veut lui interdire de jouer son sketch de l'ancien combattant.
08:56Ah ben ça rigolez pas hein ! Moi qui vous cause, j'ai été blessé deux fois !
09:01Une fois à l'abdomen, une fois à l'improviste.
09:06Lui il avait eu, comment on dit, le pied arraché par un obus de passage.
09:13Alors on s'était dit, on va y couper la jambe le plus haut possible pour éviter que ça s'infecte aux genoux.
09:19Alors, on y a coupé la jambe, puis comme on avait rien pour l'endormir, on s'est dit on va y crever les yeux que le malheureux va pas s'amuser.
09:26On lui a crevé les yeux, il a dit on te racontera.
09:29Et puis finalement, on a même pas eu besoin d'y raconter, il est mort pendant qu'on lui a cassé l'os.
09:33Avec des cailloux, ben on avait rien hein !
09:36Ah ben dis donc, c'est que la guerre de 14, c'était pour les vacances hein !
09:42Heureusement d'ailleurs, parce qu'il a pas fait beau.
09:48Coluche est toujours partant pour affronter ses détracteurs les plus virulents.
09:52En plus, ses propos sont très cohérents, d'une logique imparable.
09:55Là, c'est le colonel des paras responsable des menaces qu'il a reçues qui en fait les frais.
09:59Colonel, est-ce que vous pouvez répondre ?
10:01De quel droit donc, de vous subir des pressions aux artistes comme Coluche ou comme Gainsbourg ?
10:05Non mais vous avez peur qu'on vous frappe, qu'on vous moleste, qu'on se livre contre vous à des voix de fête ?
10:12Ben, vous savez, ça serait pas la première fois que des parachutistes se mettent en groupe pour casser la gueule à quelqu'un.
10:16Est-ce que ça vous est arrivé ?
10:17A moi personnellement ?
10:18Non.
10:19Ah non, quand même pas.
10:20Et ben alors ?
10:21Parlons du cas Gainsbourg peut-être, qui est peut-être plus représentatif que celui de Coluche.
10:23Oui, on peut parler du cas de Coluche.
10:25Bon, nous estimons que certaines choses doivent être respectées, vous ou pas ?
10:32Ben, oui, non, respecter, non, je vois pas pourquoi, non.
10:36On a l'impression qu'effectivement vous le voyez vraiment.
10:38Non mais moi, c'est mon métier, c'est ça le problème.
10:40C'est ma fonction, moi.
10:41Vous, vous avez une fonction dans l'État, moi j'en ai une autre.
10:43Je suis désolé.
10:44Je reprends alors ce que j'ai à vous dire.
10:46Nous estimons qu'il y a des limites au droit de faire rire ou d'épandre n'importe quoi.
10:50Mais parce que c'est vous qui pensez en termes de droit et qui voulez faire le droit à ma place.
10:54Il y a beaucoup de gens qui pensent comme moi.
10:56Moi, je n'ai rien contre le militaire.
10:58Moi, personnellement, je n'irais jamais emmerder un militaire.
11:00Simplement, ce que je veux dire, c'est que je revendique le droit de me moquer de tout, y compris des gens qui prennent leur vie au sérieux.
11:08Prendre le principe de ce qui est drôle avant de savoir pourquoi on rit pas, vous voyez.
11:17J'étais décollé et puis je suis pas mort.
11:20Je suis pas mort puisque j'étais décollé.
11:23Parce qu'il y a la guerre, on décolle ceux qui reviennent.
11:25Mais ceux qui étaient les plus courageux, c'est ceux qui étaient devant.
11:28Seulement, ils sont morts.
11:30On peut pas être partout.
11:33Écoute, mon gars.
11:34Je voudrais simplement que tu t'excuses quand tu t'es amené sur scène habillé en prelude 14 en une madame militaire que tu n'auras jamais eue.
11:41Et puis en disant les anciens combattants, il y en a marre, c'est des vieux cons.
11:44Ce n'est pas des paroles à dire, ça, mon pote.
11:46J'ai pas dit du mal des anciens combattants.
11:47J'ai dit du mal de la guerre.
11:48Alors, si vous êtes pour la guerre, on peut discuter.
11:51Moi, je suis contre.
11:52Maintenant, si vous aimez les médailles, je m'en doutais que vous aimiez ça.
11:55Je vous en ai acheté parce que c'est en vente dans le commerce.
11:57Et je vous en ai amené une de chaque.
11:59Voilà.
12:01Comme ça, j'espère que vous n'en manquerez plus.
12:04Vous savez, monsieur, ça me fait plaisir de vous les offrir.
12:09Et à la mémoire de mes camarades comiques morts en se faisant chier à essayer de vous faire rire, je vous crache au cul, monsieur.
12:19Je suis un rayou.
12:23Je marche dans la nuit.
12:26Je suis un rayou.
12:30Ha, bide, poil, bide.
12:32Il faut que je me fasse un peu la voix, le matin.
12:35C'est rigolo?
12:36Oui, ça change un peu de l'habitude.
12:38Oui.
12:39Voir toujours des gens tristes, c'est pas marrant, non?
12:41Un grangé fuga.
12:42Là, là, là.
12:47Ça vous fait rigoler?
12:48Ouais, pas trop.
12:49Non, pas tout le temps.
12:50Faut pas qu'il dépasse sa mesure.
12:51Ouais, c'est ça.
12:52C'est dans les chiottes, des fois, avec les dragées.
12:54T'as pas besoin de t'asseoir.
12:56Et t'as tout le chiotte qui est mouché entièrement.
12:59Faut pas lui dire, mais qu'est-ce qu'il est lourd.
13:01C'est pas qu'il est lourd, mais il dit.
13:04Vous avez pas un mammouth écrase les prix?
13:06Qui fait, dans l'autre sens, mamie écrase les proutes.
13:09Le langage qu'emploie Coluche dans ses sketchs,
13:11c'est le langage populaire de la rue, de tout le monde.
13:14Et de nous, quand on est dans les bistrots et tout le temps.
13:17Ma mère est très choquée par le langage que tient Coluche souvent.
13:21Elle le tient pour un vulgaire personnage.
13:24Moi, je suis pro-Coluche certains jours et anti-Coluche à d'autres moments.
13:28Alors, le Coluche chansonnier, d'accord.
13:30Mais il y a un autre Coluche qui est le Coluche pétomane.
13:33Alors, au fond, est-ce que tu as vraiment envie d'être un chansonnier?
13:37Au contraire, est-ce que ça te plaît, au fond, d'être pétomane?
13:40Oui, beaucoup, oui, oui.
13:42Le vrai Coluche, comme tu le décris, c'est le pétomane.
13:46C'est-à-dire, pour moi, c'est...
13:47Non, c'est pas vrai. C'est dommage parce que tu mens.
13:49Non, non, c'est vrai. Non, non, je n'ai pas de foi.
13:51Je suis persuadé que non.
13:52Ah oui, mais je sais bien, on se fait des idées, oui, oui.
13:54Ah oui, oui, on voudrait, oui. Oui, oui.
13:56Mais tu vois, c'est ça que je reproche aux journalistes, en général.
13:58C'est qu'ils viennent avec une idée, puis qu'ils me posent des questions
14:00jusqu'à temps que j'ai répondu comme ils disent.
14:01Et quand j'ai pas répondu comme ils en disent,
14:03bah, ils vont foutre l'article, quand même.
14:04Tu vois?
14:05Ces journalistes, ils disent toujours qu'on dit que des conneries.
14:07Maintenant, je vais dire les leurs.
14:09Ça va les promener.
14:11Alors, voilà.
14:12Le chancelier allemand a été reçu cordialement par le président de la République.
14:18Bah, nous, on s'en fout.
14:19On lui a pas demandé de venir, mais enfin, il est là, il n'a qu'à s'asseoir.
14:23Le président de la République, qui a descendu de marche pour l'accueillir?
14:28Il se passe des trucs couillants.
14:32On n'est pas au courant de tout.
14:36En signe de détente.
14:37Attention.
14:38De marche pour l'accueillir en signe de détente.
14:43De marche, c'est détente.
14:45Parce que s'il reste sur le perron, il boude un peu, vous voyez?
14:48S'il descend toutes les mâches, champagne, les gonzesses arrivent.
14:53Quel est votre rapport avec les journalistes?
14:56Aucun.
14:57Enfin, vous savez, on s'en sert quand on a besoin dans notre métier.
15:00Dès qu'on a quelque chose à vendre, on fait venir un exemple.
15:03Par exemple, vous.
15:04Oui.
15:05Vous voyez?
15:06Si vous avez venu dans cette émission, c'est parce que je suis l'invité
15:09et que je viens présenter en Suisse ma nouvelle cassette de vidéos.
15:14Alors, on s'est dit, tiens, on va prendre des journalistes.
15:16Ils poseront des questions, vous voyez?
15:22Messieurs, mademoiselles, je voulais d'abord vous demander.
15:25Comment vivez vous?
15:26T'occupe pas, vas-y, demande.
15:28Coluche a été le premier à savoir aussi bien utiliser les médias.
15:31Tout en se moquant d'eux dès que l'occasion se présente.
15:33Et ça se présente quotidiennement.
15:36T'es quel journal, toi?
15:37T'es quel journal?
15:38TF1.
15:40Salut, TF1!
15:43Tu peux nous envoyer un autre, celui-là, il est fini.
15:46Les journalistes qui sont soit coincés par l'appareil télévisuel.
15:49Enfin, c'est pas à vous que j'apprendrai le problème.
15:51Ou par simplement les journaux.
15:53Regardez les journaux.
15:54Regardez les journaux.
15:56Ils sont obligés de mentir.
15:57On parle toujours de l'objectivité de la télévision ou dans la presse.
16:01Il n'y a pas de problème d'objectivité, il y a problème de mensonge.
16:03Regardez.
16:05Vous avez ici le Bigarro et l'horreur, comme dira mon camarade Magda.
16:09Ici présent.
16:10Vous voyez, la couverture n'est pas du tout la même.
16:12Mais par contre, dès que vous ouvrez le journal, vous avez le même après.
16:15Voyez?
16:16Cette page-là et cette page-là, c'est la même.
16:19Et si vous continuez, c'est pareil.
16:20On a deux journaux rigoureusement identiques.
16:23Voyez?
16:24Les gens qui achètent Laurent n'achètent pas forcément le Bigarro.
16:26Mais c'est les deux mêmes.
16:28Alors, j'ai l'impression quand même qu'on est un peu cernés.
16:32Heureusement qu'il y a des gens comme le Canard Enchaîné, comme Charlie Hebdo.
16:35Et comme certains autres comiques.
16:37Parce que je n'ai pas le monopole de la subversion.
16:41Il y a des tas de gens qui s'intéressent à dire la vérité.
16:44Uniquement parce que d'abord, le public la trouve drôle, la vérité.
16:47Pour commencer.
16:48Et que c'est notre fonction de faire rire.
16:50Et puis d'autre part, parce qu'on est les seuls à pouvoir le faire, quoi.
16:55Depuis les années 60, Arakiri est LE journal subversif de l'époque.
16:59Tout le monde veut y participer.
17:01C'est la seule référence anti-connerie.
17:03C'est la liberté d'être à la fois scatologique et de dénoncer les abus du pouvoir.
17:07Rezert, Choron, Cavana, GB, Volinsky, Cabu n'auront jamais peur d'aller trop loin, quitte à se faire interdire.
17:14On a un petit peu surpris tout le monde.
17:17Au cours de notre révolution, on a surpris tout le monde.
17:19On a essayé de nous interdire, ça n'a pas marché.
17:21Finalement, on est là.
17:25En habitué du journal, Coluche participe à un roman photo porno avec l'équipe de Arakiri.
17:30C'est plus étonnant.
17:32D'autres stars du showbiz comme Renaud, Eddy Mitchell, Souchon, Le Luron, Gainsbourg sont là aussi.
17:37Ce sont tous des amis de Michel.
17:40Ils sont tous motivés par la même envie de déconner et n'ont pas ce souci quasi paranoïaque de leur image tel qu'on le conçoit maintenant.
17:48Avant, la pornographie, c'était du cul de la rigolade.
17:51Aujourd'hui, la pornographie passe par la pub et elle est là pour vendre quelque chose.
17:57Alors figurez-vous, il y a beaucoup de publicité à la télévision, surtout pour la lessive.
18:01Vous avez vu, on doit en manger parce qu'ils nous en vendent énormément les lessives.
18:04Je ne sais pas si on est...
18:07Alors vous avez, par exemple, vous avez...
18:09Vous avez le nouvel homo, par exemple.
18:11Dis donc, ma chérie, mes colles et mes poignets, ils sont impeccables maintenant.
18:15Tiens, tu l'as remarqué?
18:16Oui.
18:17Regarde, il n'y a plus de trace sur les poignets. Comment tu as fait?
18:20J'ai changé de lessive. Je prends le nouvel homo.
18:22Le nouvel homo?
18:24Qu'est-ce qu'il a de nouveau, ton nouvel homo?
18:26Une formule enrichie.
18:27Regarde ce qu'il sait faire.
18:29Tu vois ce torchon sale.
18:30C'est en vrai, à la télé, je ne le vends pas.
18:32Il y a une bonne femme qui a un torchon avec une tache.
18:36Je ne sais pas comment ils font la tache, déjà.
18:38Peut-être qu'ils se mettent à plusieurs. Il y a des concours.
18:40Ou alors, je ne sais pas, ils ont une grand-mère très âgée.
18:44Ou je ne sais pas, des animaux. Je ne sais pas.
18:47Enfin, vraiment, une tache, vraiment, ça n'arrive pas, quoi.
18:50Vraiment, il faut torcher un éléphant, je ne sais pas.
18:53Eh bien, là où c'est le plus sale, je fais un nœud.
18:57Mais qu'est-ce que tu fais?
18:59Oh, c'est pas possible de laver à travers un nœud.
19:02Pas pour homo.
19:03Tu vas voir.
19:05Je fais un nœud, je mets la machine, je sors la machine.
19:07Je défais le nœud, il n'y a plus la grosse tache.
19:09Et l'autre, elle est sciée.
19:11C'est aussi propre qu'avec l'ancien homo quand on ne faisait pas le nœud.
19:14Bravo, mon chéri.
19:16Coluche a joué dans des pubs à ses débuts.
19:18Comme beaucoup de jeunes acteurs.
19:20Fallait bien bouffer, il n'y avait pas d'honte à ça.
19:22Comme d'habitude, il se moque de la publicité.
19:24Mais il sait utiliser son efficacité.
19:27Ah, ma petite Ivette.
19:30Sinon, ta petite Ivette, elle a pris un sacré coup de vieux.
19:32Un coup de vieux?
19:34Mais non, c'est le scotch qu'a joni.
19:36Quoi, tu ne connais pas encore le scotch magique?
19:38D'ailleurs, il avait annoncé à ses amis, après avoir rencontré son futur agent,
19:42que celui-ci allait le lancer comme une marque de lessive.
19:45Et maintenant, parlez-nous du code postal.
19:47Eh bien, justement, c'est que, par exemple, si vous...
19:50Alors, vous écrivez code postal.
19:52Vous pensez code postal, vous écrivez jour de l'an et Noël.
19:55Alors, vous pensez code postal, c'est un numéro que vous mettez derrière.
19:59Et comme ça, jour de l'an, Noël, code postal.
20:01Vous pensez code postal, jour de l'an, numéro.
20:03Parce que numéro, parce que vous dites numéro jour de l'an, code postal.
20:06D'accord?
20:07D'accord.
20:08Autrement dit, échanger ses voeux, c'est aussi échanger son numéro de code postal.
20:12Ah oui?
20:13Bonjour, bonjour!
20:16Les petits enfants...
20:18La radio, c'est un média parfait pour Michel.
20:20Il va pouvoir balancer quotidiennement.
20:22Écouter Michel tous les jours, c'est retrouver un pote.
20:25Qui dit ce que vous, vous n'oseriez pas dire.
20:27Par exemple, parler de la petite culotte de la princesse Caroline,
20:30quand on travaille à Radio Montecarlo.
20:32Résultat des courses, la porte au bout de cinq jours.
20:35Il réussit quand même à rester trois ans à Europe 1.
20:39Vas-y, le RPR, envoie-moi le RPR.
20:41Il a encore gueulé, le RPR?
20:43Ils n'ont pas le pouvoir.
20:45Ils ne sont pas contents.
20:47Il y en a un qui a écrit, il semble bien que Raymond Barr
20:50ait envie de se payer la tête du RPR à n'importe quel prix.
20:53Évidemment, le président de la République, il ne va pas s'amuser à gouverner avec le RPR.
20:57Puisque maintenant, de toute façon, il est élu.
21:00Il n'a rien à foutre du RPR.
21:02Chirac, il gouvernera quand il sera président de la République.
21:04Mais il faut qu'il apprenne bien.
21:06Il mange bien.
21:07Il faut qu'il fasse bien d'apprendre le même mensonge à tous ses copains.
21:10Parce que c'est ça le plus important.
21:12C'est de dire la même chose.
21:14Bon, ça ne fait rien.
21:15On s'en fout, nous, les menteurs.
21:16On en a connu d'autres.
21:17J'étais frappé.
21:19J'écoutais Europe tous les matins.
21:21Je trouvais que les matinées de Coluche
21:23atteignaient un degré de vulgarité, de grossièreté
21:27qui n'avait jamais été atteint.
21:29Ses trois potes.
21:30Il y en a un, il dit, écoute, voilà.
21:31Moi, j'ai 14 garçons.
21:33J'en fais encore un.
21:34Je fais une équipe de rugby.
21:35Ah ben, l'autre, il dit, tu vois.
21:36Moi, j'ai 17 filles.
21:37J'en fais encore une et je fais un golf.
21:42Quand le deuxième pape est mort, par exemple,
21:44à un mois d'intervalle,
21:46il était bien évident que j'allais sûrement dire une énorme connerie.
21:48Donc, tous les directeurs étaient là,
21:50dans le bocal, c'est-à-dire le truc derrière la vitre
21:52où ils mettent les disques,
21:54à s'angoisser en disant
21:55qu'est-ce qui va nous sortir comme connerie, tu vois.
21:57Alors ça, bon, ça, c'est des bons moments, quoi.
21:59J'ai pas l'impression de le faire pour rien, quoi.
22:01T'as le sentiment que tu vas faire marrer, tu vois.
22:03Tu te dis, à ce moment-là, avec la peur qu'ils ont,
22:05je vais sûrement faire rire.
22:07Bonsoir à tous.
22:08La mort subite du pape Jean-Paul Ier
22:10a provoqué une très vive stupeur dans le monde entier.
22:12Nous avons décidé d'y consacrer toute cette édition.
22:15Parce que, bon, alors, les sportifs, les militaires,
22:18si on veut, on peut encore trouver plus con, hein.
22:21Mais moi, je veux pas me fâcher avec les catholiques, hein.
22:24Ah non ! Ah non !
22:26Eh, vous êtes salauds ! C'est toujours moi qui me fâche, merde !
22:29Bon, un petit peu, pour faire plaisir.
22:32Non, mais après, c'est tout.
22:34Non, vous êtes salauds, les catholiques.
22:36Ils ont eu une mauvaise passe, là.
22:38Deux à coups.
22:40Là !
22:41Jean VI, là !
22:43Suivant.
22:44Là !
22:45Suivant.
22:46Ben, ça va, là.
22:48En direct sur Europe,
22:49Coluche tourne en dérision la mort du pape.
22:51Déjà, ça jette un froid.
22:53Il poursuit en évoquant un peu trop
22:55ce que Bokassa aurait offert à Giscard.
22:57Quelque temps après, il incite à aller casser du flic
22:59dans une manifestation.
23:01Sanction, plus de quotidienne, mais une émission hebdomadaire.
23:04Le but de Michel, c'est de pousser le bouchon trop loin.
23:07Si ça casse, ça veut dire qu'il a visé juste.
23:09Toute censure officielle est finalement une victoire pour lui.
23:12La seule chose qui m'amuse, c'est que j'ai semé la merde
23:14et que c'est tout ce qui m'intéresse, moi.
23:16C'est que...
23:18Ce qui est marrant, c'est de partir de sa pauvre banlieue
23:21avec pas le certif et de se retrouver à Europe n°1
23:24en train d'organiser une manif contre un organisme d'Etat.
23:27Il y a que ça qui m'amuse.
23:29Mais moi, la vérité de ce que je crois là-dessus,
23:31c'est que si, avec des sketchs ou avec du théâtre ou avec du cinéma,
23:34on pouvait changer les mœurs, je pense que Molière l'aurait fait.
23:37Or, j'ai constaté que...
23:39Il a commencé.
23:41Mais depuis La Fontaine, on a fait marche arrière.
23:43Depuis ces gens-là, on a... Bien sûr que si.
23:45Si tu prends n'importe quelle fable de La Fontaine
23:47et qu'à la place du Corbeau et du Renard, justement,
23:49tu mets Rocard et Chirac,
23:52je te garantis qu'on peut pas passer ça à la télé.
23:55Alors, par exemple, la télévision.
23:57Vous avez les mecs qui s'amènent à 8h le soir
23:59avec des tronches de premiers de la classe.
24:02Vous voyez ? Genre Brushing, machin.
24:04Bonjour, moi, c'est Brushing. Oui, moi aussi, oui.
24:07Moi, c'est Jiquel. Bon.
24:09Mais ils s'amènent là
24:11avec des tronches de premiers de la classe
24:13qu'on se demande où ils les ont trouvés.
24:15Parce que ceux qui avaient dans nos classes à nous
24:17que ce qu'on leur a mis dans la gueule à la récré,
24:19ils sont pas arrivés là.
24:21Alors, ils s'amènent tous avec le sourire au beau fixe, donc,
24:23à part le coquartrice.
24:26Jiquel, il fait le coquartrice.
24:29Monsieur, tout est grave.
24:31Quand il y a un avion qui s'écrase dans le monde,
24:33c'est sur ses pompes, vous voyez ?
24:38Bonsoir.
24:40La France a peur.
24:42Je crois qu'on peut le dire aussi nettement.
24:45Un chien a mordu une vieille dame.
24:47Rendez compte que la vie de ces pauvres bêtes
24:49est obligée de manger des vieux.
24:55Eh bien, notre ch'milbic,
24:57qui vaut donc 400 francs, ne sert pas à un sportif,
24:59ne s'utilise pas dans la cuisine,
25:01veut être soulevé par une femme.
25:03Alors, le premier candidat que nous allons interroger
25:05sera le numéro 18.
25:07Pierre Lavinas.
25:09Votre question, vous regardez là.
25:11Est-ce que le ch'milbic
25:13sert aussi à manger ?
25:15Maintenant, on va bientôt passer à table.
25:17Est-ce que ça sert aux cimentiers ?
25:19Aux cimentiers ?
25:21Non, monsieur. Non, monsieur.
25:23Concurrent suivant.
25:25Les papille-bougeots !
25:27Eh !
25:29Eh !
25:31Est-ce que le ch'milimili...
25:33Le ch'milimili...
25:35Tenez, Simone.
25:37Nous n'avons pas trop beaucoup de temps.
25:39Il y a d'autres candidats. Alors, s'il vous plaît.
25:41Oui, oui, oui. Candidat suivant.
25:43Alors, je te posais, est-ce que le misblic...
25:45Le ch'milblic se trouve sur...
25:47Le long d'un fleuve.
25:49Eh bien, le ch'milblic peut se trouver
25:51au bord d'un fleuve. A quoi pense-t-elle ?
25:53Euh... C'est pour... C'est une...
25:55Une bite.
25:57Non ! A quoi pensiez-vous ?
25:59A la même chose que vous, dégoûtants !
26:01De l'intelligence !
26:03Si la télé était privée, je ferais de la télé.
26:05Mais tant qu'elle sera nationale, j'en ferais pas.
26:07Pourquoi ? Parce que c'est de la merde.
26:09Je veux pas travailler dans la merde.
26:11Pas à ce point-là, quoi.
26:13Je vais directement chez Zazette,
26:15parce que comme j'ai paumé les clés du camion...
26:17On lui dira ! On lui dira !
26:19En octobre 1985,
26:21la nouvelle chaîne privée Canal+,
26:23convainc Coluche de présenter une émission quotidienne.
26:25Dans Coluche Info,
26:27Michel s'en prend, une fois de plus,
26:29à ses meilleurs ennemis.
26:31Dans l'excellent Le Monde,
26:33et d'ailleurs dans tous les journaux à part les siens,
26:35c'était le problème d'Air 100, voyez-vous ?
26:37Air 100 vient d'acheter son 31e journal,
26:39c'est ça ? Tu me dis si je dis des conneries ?
26:41Évidemment, c'est interdit.
26:43Mais lui, il s'en fout, il est du RPR.
26:45On a demandé à Le Pen ce qu'il en pensait.
26:47Il a dit, moi, je suis commerçant.
26:49Y a des gens qui disent,
26:51la télé, j'ai regardé hier jusqu'à 11h du soir,
26:53c'était pas bien. En fait, y a un bouton à leur télé.
26:55Quand c'est pas bien, ils ont qu'à tourner le bouton
26:57et pas emmerder le monde. Je vois pas pourquoi
26:59ils écrivent à la télé pour dire que c'était pas bien,
27:01puisqu'ils avaient le bouton à tourner.
27:03La première fois que Coluche passe à la télé, en 1974,
27:05c'est au moment de l'élection de Giscard.
27:07Le PAF de l'époque se résume à 3 chaînes,
27:09porte costume cravate
27:11et a le petit doigt sur la couture du pantalon.
27:13Ce soir-là, des millions de gens
27:15découvrent un petit gros à lunettes
27:17qui parle comme le type du bistrot du coin.
27:19C'est l'histoire d'un mec.
27:21On n'avait jamais vu ça à l'époque.
27:23Vous la connaissez, non ?
27:27Non, parce que...
27:29Si vous voulez...
27:31Parce que...
27:33Non !
27:35Si vous voulez, parce que...
27:37Si vous voulez, parce que...
27:39Là, c'est l'histoire d'un mec, mais...
27:43Vous la connaissez, non ?
27:47On entre dans les années Giscard
27:49et Coluche va nous aider à les traverser.
27:51Pour Michel, qui tire sur la moindre
27:53connerie qui bouge, il y a vraiment de quoi faire.
27:55Là, c'est du gros gibier.
27:57Donc, il y va au gros calibre.
27:59Son humour est ravageur. Coluche n'a peur de rien.
28:01Et on se régale d'avance à l'idée
28:03de connaître sa prochaine cible.
28:07C'est Coluche.
28:09Il s'appelle Coluche.
28:11Où est-ce que vous étiez, Coluche ?
28:13Avant, là ?
28:15Je faisais dans le théâtre, dans le café-théâtre,
28:17on appelle. C'est les plus petits théâtres.
28:19Je vais au café de la gare, c'est rue du Temps.
28:21Avec qui vous étiez ?
28:23Tout ça, Romain Bouteille, tous ces gens-là
28:25qui ont fait ça depuis longtemps.
28:27Vous avez fait du cinéma, déjà ?
28:29Pas beaucoup, non ? Vous allez en faire, maintenant ?
28:31Je sais pas.
28:33Je sais si vous allez en faire.
28:35C'est parce que vous êtes très clair.
28:37Oui, c'est bien.
28:39Très précis.
28:41Puis c'est un peu la continuité dans le changement.
28:43C'est la continuité dans le changement.
28:45Brialy a-t-il eu
28:47une prémonition, ce jour-là ?
28:55Merci.
28:57Je suis venu vous dire, personnellement,
28:59pour l'accord d'un an qui ne s'arrête pas,
29:01que je suis officiellement candidat
29:03à la présidence de la République.
29:05Merci beaucoup.
29:07Merci beaucoup.
29:09Voici ma devise.
29:11Quand je suis arrivé, la France était coupée en deux.
29:13Maintenant, elle va être pliée en quatre.
29:17Défilé des candidats à la présidentielle.
29:19On prend les mêmes et on recommence.
29:29J'appelle les feignants, les crasseux, les drogués,
29:31les alcooliques, les pédés, les femmes, les parasites,
29:33les jeunes, les vieux, les artistes,
29:35les taulards, les gouines, les apprentis, les noirs,
29:37les piétons, les arabes, les français, les chevelus,
29:39les fous, les travestis, les anciens communistes,
29:41les abstentionnistes convaincus,
29:43tous ceux qui ne comptent pas pour les hommes politiques,
29:45à voter pour moi.
29:47Tous ensemble pour leur foutre au cul avec Coluche,
29:49le seul candidat qui n'a pas de raison de mentir.
29:51À la fin des années 70,
29:53le temps n'est pas au bout fixe.
29:55Crise du pétrole, chômage, greffe, manif.
29:57Bref, il n'y a pas de quoi rigoler.
29:59Coluche va réussir à nous prouver le contraire.
30:21On est dans la merde en France.
30:23On est dans la merde.
30:25Moi, personnellement, ça va, j'ai gagné du pognon
30:27et je le dis tout le temps et j'en ai rien à foutre,
30:29je vais me tirer.
30:31Mais pour ceux qui sont obligés de rester, c'est vraiment le bordel.
30:33C'est vraiment pas bien.
30:35Il y a une pyramide sociale où il y a un mec qui est en haut,
30:37tout seul,
30:39vous me direz qu'il y a du vent en ce moment là-haut.
30:41Parce qu'il y a beaucoup de mecs qui veulent sa place.
30:43Et plus on descend, plus on est nombreux.
30:45Et quand on arrive en bas, on est vraiment dans la merde.
30:47Alors moi, ce que je voudrais, c'est qu'on remue la merde
30:49parce que c'est donc vraiment une histoire de merde, ma candidature.
30:51Je voudrais qu'on remue la merde
30:53et que l'odeur monte jusqu'au nez des mecs qui dirigent
30:55et qu'au lieu d'être tourné vers l'extérieur du pays,
30:57ils se tournent un peu vers l'intérieur et qu'ils disent
30:59qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qui se passe ?
31:01Qu'est-ce qu'ils ont ceux-là ? Ah merde, on leur prend tout leur pognon.
31:03Ah oui, il faudrait leur en laisser un peu.
31:05L'angoisse
31:07m'étreint le cœur.
31:09D'un côté,
31:11dans le ciel,
31:13les ailes noires
31:15des oiseaux
31:17qui portent
31:19les mauvaises augures.
31:21Et de l'autre,
31:23la société
31:25de l'espoir.
31:39Fidèles à leur amitié, Rakiri est le premier
31:41à soutenir la candidature de Coluche.
31:43Imaginez-vous que Coluche soit élu.
31:45Nous, demain, nous devenons
31:47l'organe officiel de la République française.
31:49J'espère qu'il va tenir
31:51ses engagements de faire des timbres
31:53avec sur les timbres
31:55dessinés des bites et des culs
31:57et qu'on soit obligé de lécher comme ça.
31:59J'attends ça, moi. Entre autres.
32:01Je dessine Coluche en train de faire le con,
32:03comme d'habitude, mais je n'ai pas signé.
32:05Je ne ferai pas pour lui, moi.
32:07Ça y est, ils m'ont déjà mis sur la couverture.
32:09L'obsession Coluche.
32:11Myrtage neuf.
32:13Voilà.
32:23Il a certainement quelque chose à faire.
32:25Effectivement, il peut très bien faire quelque chose.
32:27Ça change un peu.
32:29C'est tous des guignols. Faut pas se leurrer.
32:31Ce qui est sérieux, c'est que Coluche,
32:33aujourd'hui, avec la gauche jusqu'à maintenant, ça n'a pas été très sérieux.
32:35Évidemment, il nous fera autant rire
32:37que les charlots qu'on a eu jusqu'à maintenant.
32:39Mais enfin, je ne sais pas s'il sera
32:41bien capable de diriger
32:43tout un pays.
32:45Si vous voulez, je fais de la politique
32:47uniquement parce que les concurrences déloyales
32:49des hommes politiques nous font rire.
32:51Alors moi, j'arrêterai de faire de la politique
32:53dès qu'ils arrêteront de nous faire rire.
32:55Moi, je plaisante aussi, mais je trouve
32:57qu'il ne faut pas dégrader.
32:59Il y a certaines valeurs qu'il ne faut pas dégrader.
33:01C'est ce que je voulais vous faire dire.
33:03Je veux dire, chacun à sa place.
33:05On plaisante sur des hommes d'État.
33:07On plaisante sur nos représentants.
33:09C'est nous qui les avons élus.
33:11Alors après, bon,
33:13laissons-leur faire leur travail, quel qu'il soit.
33:15Oh là là, mais attends,
33:17je n'ai pas mes gants de caoutchouc.
33:19Normalement, les hommes politiques, ils font des gants.
33:21Je n'ai pas besoin de publicité, je n'ai pas besoin d'argent.
33:23J'en ai beaucoup. Je n'ai pas besoin de travail.
33:25Je n'en veux plus, je m'en vais en vacances.
33:27Je n'ai besoin de rien. La seule chose que je veux,
33:29c'est qu'on m'a donné une voix.
33:31Je veux non seulement parler, mais crier.
33:33Voilà, c'est simple.
33:35Je veux ouvrir ma gueule pour les autres.
33:37Ce qui a débuté comme une grosse farce
33:39devient très vite une réalité.
33:41Coluche obtient jusqu'à 16% d'attention de vote.
33:43Et l'on se prend à rêver un peu.
33:45Juste l'idée des débats qu'il pourrait y avoir
33:47entre les hommes politiques et lui,
33:49c'est quelque chose de très jouissif.
33:51On met quand même les pieds dans un truc
33:53qu'on ne connaît pas.
33:55Comme il n'y a jamais eu autant de morts
33:57parmi les ministres
33:59que depuis
34:01l'églistière,
34:03il ne faut quand même pas...
34:05Je me dis que peut-être
34:07qu'ils ne vont pas être contents, les hommes politiques,
34:09de droite ou de gauche,
34:11qu'on joue avec leurs jouets.
34:13Est-ce que j'ai subi des menaces
34:15des partis politiques ? Oui,
34:17de tous les partis politiques.
34:19Sous une forme particulière, c'est que chacun m'a dit
34:21de chez nous, vous ne risquez rien,
34:23mais méfiez-vous des autres, ils sont dangereux.
34:25Coluche est maintenant perçu comme une menace
34:27par le pouvoir en place.
34:29Censure générale des médias.
34:31Plus personne ne peut le recevoir.
34:33A l'époque, aucune radio ou télé privée.
34:35Que se serait-il passé si ça avait été le cas ?
34:37Radio 7, station de Radio France
34:39et le Colareau show sur Antenne 2
34:41sont les seuls à lui proposer une audience.
34:43Mais la direction de Radio 7
34:45déprogramme l'émission.
34:47Le responsable Patrick Maillard démissionne en signe de protestation.
34:49De son côté,
34:51quelques heures avant la diffusion,
34:53la direction d'Antenne 2 interdit à Stéphane Colareau
34:55et à Jean Roucas de passer ce sketch.
34:57On en fait flûte, alors croque, ça ressemble à quoi ?
34:59Alors, des ministres ?
35:01De toute façon, on s'habille comme on veut, fait chier, non ?
35:03Alors, écoutez, messieurs,
35:05le gouvernement est dissous.
35:07Et dissous, c'est pas cher !
35:09Allez !
35:11Il est des nôtres !
35:13Il est du gouvernement comme les autres !
35:15Bonsoir, les mecs.
35:17Salut, les gonzesses.
35:19Salut, les viocs.
35:21Et coucou, les mômes.
35:23Sans blague, merde !
35:25C'est l'ancien président
35:27qui s'entraîne pour les prochaines élections.
35:29Il a le droit de faire ça ?
35:31Je croyais qu'il allait me faire dire la télé, celui-là.
35:33Seuls les médias étrangers lui donnent la parole.
35:35Le phénomène Coluche devient international.
35:37L'aventure continue.
35:39Michel se marre.
35:51Euh, problème, alors, on a...
35:53Censure, comment on dit ?
35:55Censure.
35:57Par qui ?
36:01Salut, tout le monde.
36:03J'ai encore dans les sondages
36:05soit 5, soit 7,5, soit 9, soit 11%,
36:07selon les sondages,
36:09puisqu'évidemment, ils sont tous différents.
36:11Alors je me dis, est-ce que c'est normal, par exemple,
36:13que Brice Lalonde, Michel Debré, Marie-France Garot
36:15ou Michel Crépeau, qui font respectivement
36:171, 2, 3 et 4%,
36:19aient accès aux émissions
36:21sur les radios et les télévisions
36:23et que moi, j'y ai pas droit ?
36:25Si je mange devant vous pour la dernière fois,
36:27à partir de ce repas,
36:29j'entame une grève de la faim,
36:31mais je pourrai vivre sur les réserves,
36:35qui se terminera
36:37lorsque j'aurai pris
36:39des dates pour faire
36:41deux émissions, une à la radio, une à la télé,
36:43qui concernent la politique,
36:45à savoir le club de la presse d'Europe 1,
36:47qu'on m'a gentiment refusé il y a quelques temps,
36:49que je voudrais donc forcer à faire,
36:51et le carte sur table d'Antenne 2
36:53de M. El Kabach, qui n'est pas du tout
36:55chef de la censure, comme on pourrait le croire.
36:59La censure n'ayant pas été levée,
37:01Coluche décide de tout arrêter.
37:03Bonne idée médiatique, il fait une grève de la faim,
37:05à sa manière. Le temps d'annoncer et d'avoir un petit creux.
37:07Et ensuite de s'exhiber dans une salopette
37:09trois fois trouvée pour lui,
37:11pour bien prouver la réalité de son engagement.
37:15Tous mes amis sont partis,
37:19mon coeur a déménagé,
37:23mes vacances c'est toujours Paris,
37:27mes projets c'est continuer,
37:31mes amours c'est inventer,
37:35si maman si, si maman si,
37:39maman si tu voyais ma vie,
37:43je pleure comme je ris, si maman si,
37:47mais mon avenir reste gris.
37:53Et mon coeur aussi.
37:57Et mon coeur aussi.
38:01Coluche part se réfugier aux Antilles.
38:03Un rêve de monde.
38:05Les îles, la mer, un bateau,
38:07qui s'appellera le King Créole,
38:09et une grande baraque pour recevoir ses amis.
38:11Adéa, il se détend.
38:13Même s'il est debout au lever du soleil,
38:15il se délasse les pieds, comme il dit.
38:17Il bricole, il s'abrique des chaussures,
38:19sans hobby. Il a prévu de faire construire
38:21pour chacun de ses potes.
38:23Si maman si, si maman si.
38:25Coluche est un chef de bande.
38:27Il vit quasiment au milieu de ses copains.
38:29Il s'arrange pour les faire bosser
38:31avec lui, à la radio, au cinéma,
38:33ou dans ses spectacles.
38:35Mais il vaut mieux être bon.
38:37Il ne se porte pas à la peu près,
38:39ni la contradiction d'ailleurs.
38:41Doux parfois les engueulades,
38:43mais il n'est pas rancunier.
38:45Et mon coeur aussi.
38:47J'évite de les fatiguer au maximum.
38:51Tu vois ?
38:53Ça les fatigue.
38:55J'ai juste la dernière question.
38:57Je voulais savoir ce que c'était que ce truc-là dans ta main.
38:59C'est un peu de...
39:01Si tu veux, c'est comme l'équivalent
39:03des herbes de Provence, tu vois, par exemple.
39:05À quoi ça servirait qu'ils aient des carcasses du Cro,
39:07par exemple, si on les fumait pas ?
39:09Et bien là, c'est un petit peu la même chose.
39:11Si tu veux, c'est le même esprit.
39:13C'est un petit peu d'un coin de terre,
39:15de mes îles, tu comprends,
39:17que je garde toujours avec moi pour me rappeler
39:19que là-bas, il y a du soleil.
39:21C'est le parfum de tes îles que t'emmènes ?
39:23Voilà, c'est un peu le parfum, si tu veux.
39:25Numéro 5 chez Jamaïque.
39:27C'est un produit français.
39:29La drogue, c'est pas compliqué.
39:31Tout le monde fait chier avec ça.
39:33Alors qu'en fait, pour l'instant, c'est rien.
39:35Il n'y a pas de problème.
39:37Il y a 100 morts, je crois, l'année dernière par la drogue
39:39et il y a 50 000 morts par l'alcool.
39:41Alors tu vois, c'est pas demain
39:43Voilà, les pique-niques,
39:45vous vous enfermez dans des pioles avec du high kick
39:47et vous écoutez des chansons tristes.
39:49Voilà, tristes, vous êtes tristes.
39:53À 40 ans,
39:55vous serrez des loques humaines.
39:59Eh bien, quand on voit la tristesse des pique-niques,
40:01on comprend pourquoi c'est interdit,
40:03le high kick.
40:05Un syndic et un opinard,
40:07ça devrait être obligatoire.
40:09J'ai goûté exactement à tout ce qui existe.
40:13Sauf erreur ou omission,
40:15ça peut arriver, évidemment.
40:17J'ai été alcoolique à peu près 15 ans.
40:21C'est vrai que c'est plus facile d'en prendre
40:23que de s'arrêter.
40:25Dans tous les cas.
40:27Mais je pense que le pire de tout,
40:29c'est quand même l'alcool.
40:31En tout cas, c'est mal.
40:33Moi, je trouve ça pas bien.
40:35Alors pourquoi vous êtes-vous drogué et comment...
40:37Je crois que c'est parce que, de toute manière,
40:39je suis une nature excessive
40:41et que si je fais un truc, je le fais trop.
40:45Alors, j'ai mis le nez dedans
40:47et puis après, j'ai mis la tête.
40:49J'en ai eu plein les oreilles.
40:51Voilà.
40:53Moi, j'ai arrêté de boire un jour,
40:55j'ai failli me noyer dans un caniveau.
40:57Je me suis dit que c'était peut-être le moment de s'arrêter.
40:59J'ai arrêté la drogue
41:01à un moment où j'allais y jouer
41:03ma vie et ma carrière.
41:05Et que j'ai pas eu envie de ça.
41:07Qu'est-ce que t'as fait ?
41:09J'ai été faire un petit tour.
41:11Moi, c'est plus cher. Outrage à un fusil, ça paye.
41:13À l'armée, il vaut mieux laisser tomber sa dignité que son fusil.
41:15C'est Claude Béry qui produit et parfois met en scène
41:17presque tous les films que Michel tourne.
41:19Coluche ne parle jamais
41:21de façon sérieuse de son métier.
41:23Ça n'empêche pas de le faire bien,
41:25respecter le travail des autres et d'aider ses partenaires.
41:27Chéri, tu vas pas t'évanouir ?
41:29Calme-toi, ne fais pas l'enfant.
41:31Il serait temps aussi que le bougnou le comprenne
41:33dans le crâne ! Et vous aussi !
41:35Qu'est-ce que vous attendez de moi ?
41:37Moi, ça n'a rien à voir. C'est pour le cahier journal.
41:39Le cahier journal, c'est pas difficile.
41:41Embrassez-moi d'abord.
41:45Sur la bouche ?
41:47Je vous plais pas, c'est ça ?
41:49Non. Enfin, je veux dire, si. Non, c'est pas ça, la question.
41:51Elle est où, la question ? Embrassez-moi.
41:53Ben...
41:55Mais pourquoi moi ?
41:57Parce que j'en ai envie.
41:59Ça, c'est la porte ouverte, après.
42:01Embrassez-moi, après, je vous explique comment faire votre cahier journal.
42:03Oui, mais...
42:05J'en peux plus d'entendre tout un tas dans ma tête !
42:11Je veux bien un peu d'air.
42:13C'est lui que je viens de balancer.
42:15De Michel ? Il est bien, mais il est chiant aussi.
42:17Il est les deux, alors disons que ça se complète, quoi.
42:19Parce que vous, vous avez...
42:21Vous travaillez depuis longtemps ensemble, tous les deux ?
42:23Par à-coups.
42:25On se connaît depuis longtemps.
42:27Puis on s'aime bien, je crois, aussi.
42:29On est copains, quoi.
42:31Comme cochons.
42:37Et puis, il y aura Ciao Pantin.
42:39Le type qui a fait rire la France entière
42:41est un grand acteur tragique.
42:43C'est devenu un syndrome dans le milieu.
42:45Dès qu'un comique change de genre, on lui prédit l'effet Ciao Pantin.
42:47Avec César à la clé, évidemment.
42:53Qu'est-ce que t'as contre les femmes, alors ?
42:55Tu vois, des fois, moi, je monte avec une pute,
42:57et pourquoi j'en tomberais pas dans...
42:59Tu veux être macro ?
43:01Non, mais c'est pas ce que je voulais dire, mais...
43:03On sait jamais pourquoi j'en suis arrivé là, à ces filles-là.
43:05Et bien, pourquoi je tomberais pas sur une fille
43:07qui aurait envie que je la sorte de là ?
43:11Et pourquoi tu rencontrerais pas directement
43:13une fille qui est pas pute ?
43:17T'as pas baisé qu'avec des putes dans ta vie ?
43:19Non, non.
43:21Souvent.
43:23Et toi, avec qui tu baises ?
43:25Tout seul.
43:27Moi, j'appelle pas ça un métier.
43:29J'appelle ça une escroquerie, quoi.
43:31Quand on est vedette de cinéma, vous arrivez,
43:33et puis on vous dit, ben voilà, vous allez dire ça,
43:35et puis le fait que c'est vous qui le dites,
43:37ça vaut beaucoup d'argent, et il y a que ça à faire comme travail.
43:39Alors comme je sais le faire,
43:41c'est super, quoi. C'est bien.
43:43Donc c'est plus facile, ça, que d'être dirigé par Coluche lui-même.
43:45Non, ce qui est plus facile,
43:47c'est le cinéma, parce que le cinéma,
43:49on fait un film par an, en gros,
43:51ça prend trois mois de l'année,
43:53et on a une chance pour le meilleur acteur.
43:55Le gagnant est Coluche pour Chaupentin.
44:05Je suis très ému.
44:07Je remercie Claude Berry,
44:09comme tout le monde.
44:13À tous les ministres,
44:15la pauvre.
44:17C'est rien du tout, c'est la télé.
44:19Ça se casse la gueule.
44:21Faites attention aux ministres, c'est ce qu'il y a de plus important ici.
44:25Et comme il y en a deux, allez bien des deux côtés, ne faites pas les comptes.
44:29Par exemple, le ministre de la culture, donc un truc pas compliqué non plus à entretenir,
44:35et le ministre du temps perdu à un fric fou, qui nous a fait le bonheur.
44:41A tous les ministres, si vous pouviez lancer la grappe à la censure et au cinéma porno,
44:50qui, si vous voulez, de son côté, quoique pas considéré comme culturel,
44:55fait largement avancer les mœurs, et puis aussi si ça pouvait s'arranger
45:00pour que des jeunes qui n'ont pas de combine puissent faire du cinéma quand même.
45:03Je combine quand même un peu le cinéma.
45:06Bon, et bien c'est très beau. Merci. Salut.
45:11Tous les mecs qui essayent de faire un film aujourd'hui et qui ne me prennent pas moi ont tort.
45:15Que ça soit pour faire un enfant, une fille ou un vieillard,
45:18il vaut mieux me déguiser moi que prendre un acteur.
45:32Vous avez déjà tourné ?
45:34Non, non, non, non, non, non. J'ai rencontré des producteurs,
45:40mais ils m'ont fait des promesses, mais jamais de rôle, vraiment de rôle.
46:10On va se marier avec Thierry. Ce sera mon mari Thierry.
46:16Et on compte avoir des enfants, et si c'est une fille, on l'appellera Yves.
46:20Le mariage, c'est une institution très importante, donc il ne faut pas se moquer.
46:23Voilà ce que je pense.
46:26J'ai plus le droit de s'aimer entre hommes, alors merde.
46:28L'homosexualité est-elle une tare, un fléau social, une maladie, un particularisme ?
46:34Il y a deux sortes d'homosexuels. Il y a d'abord ceux qui sont malades,
46:37puis ceux qui font ça pour de l'argent, alors c'est déjà deux choses différentes.
46:40C'est pas normal, c'est un risque, quoi.
46:42Je trouve que c'est... Je sais pas, j'ai pas du tout en tout cas, franchement pas du tout.
46:47Comme les fous, quoi.
46:49Comme les fous, non, c'est vrai fou, c'est pas comme les fous, c'est vrai fou.
46:52Parait-il que dans ma maison, il y en a ?
46:55Chacun a son cul, c'est son cul à lui.
46:57Il se démerde s'il veut se lassoir sur des chardons,
47:01ou s'il veut qu'un mec lui rentre à mon chabalet dedans, moi je m'en fous, c'est pas le mien.
47:06Ils se démerdent. J'ai rien contre ces mecs-là, je veux dire.
47:09Certains vont dire que vous poussez le cac un peu trop loin la coluche.
47:12Ah oui ? Ça me va pas bien, en fait. C'est ça, vous aimez pas. Ça vous plaît pas.
47:17Non, c'est pas ça.
47:18La poitrine, c'est la poitrine. Non ? On voit pas mes couilles.
47:29Michel adore se déguiser en Zorro, en barboteuse XXL, en starlette de festival.
47:33Et là, rêve de midinette, il peut enfin porter une robe de mariée.
47:37C'est pas point de vue image du monde, mais c'est une bonne occasion de rigoler.
47:57Eh bien écoutez, j'ai eu des relations avec des homosexuels, oui.
48:02Je me suis trouvé devant l'occasion, j'ai dit tiens.
48:08Qu'est-ce qu'il me veut celui-là ?
48:10Il me regarde pas dans les yeux, c'est bizarre.
48:14Et puis bon, ben voilà, j'en suis revenu.
48:17Et finalement, je suis pas doué pour ça.
48:22Et je suis revenu aux filles et je ne m'en plains pas.
48:27J'ai traîné dans tous les bars où l'on buvait de tout.
48:32Toujours avec une fille de bon goût.
48:35C'est sûr.
48:37J'ai chanté l'amour, la haine et des chants.
48:40Michel voulait faire rockeur, Eddy voulait être acteur.
48:43L'un s'arrange pour chanter du rock et l'autre jouera dans plusieurs films.
48:47On ne deviendra jamais des superstars.
48:52Ma voix est sans issue, sans même un espoir.
48:57On ne deviendra jamais des superstars.
49:02Je resterai l'obscur qui vit dans le noir.
49:07Moi j'ai réussi ma vie à partir du moment où j'ai pas de culture, j'ai pas de diplôme.
49:12Je suis sorti de rien et puis j'ai fait une pièce de théâtre qui a fait rire.
49:15J'ai essayé d'être vedette parce que plus on est né dans la misère,
49:18plus on a envie d'être riche.
49:24Mon père était mort quand j'avais 3 ans, que j'ai une soeur plus grande que moi.
49:27Je suis retrouvé pupille de la nation, des conneries.
49:30Et ma mère a eu un mal de chien à nous élever.
49:34Mais si vous prenez les vedettes de music hall d'aujourd'hui,
49:37vous allez voir qu'il n'y a pas un fils de famille.
49:39Ils sont tous sortis du ruisseau.
49:41Parce qu'il faut avoir cette volonté-là pour être vedette dans ce métier.
49:45Mais j'ai pas de problème de durée, de demain, de rien.
49:48Je vous le dis, j'ai réussi ma vie maintenant. C'est fini.
49:51Peut-être qu'un jour j'en démarrerai une autre et j'en serai content.
49:55...
50:14Les politiciens, on a confiance ou on n'a pas confiance, ça dépend.
50:18Mais en tout cas, on sait quelque chose, c'est qu'il y a officiellement
50:22600 000 personnes qui ont pas à bouffer en France tous les jours.
50:25Et les mecs vous disent ça comme un chiffre.
50:27Et quand on leur demande qu'est-ce qu'ils vont faire pour ça,
50:30ils disent, je sais pas. Alors nous, on sait et on le fait.
50:33...
50:35Si lui-même n'a jamais souffert de la faim,
50:37dans son enfance, il a eu des copains qui n'avaient rien à bouffer.
50:40L'un de ses meilleurs potes venait d'une famille nombreuse
50:43où avoir le ventre creux n'était pas qu'une formule.
50:45Une image marquera suffisamment Michel pour qu'il en parle bien des années plus tard.
50:49Celle de 8 enfants autour d'un rang suspendu au plafond
50:52et sautant chacun à leur tour pour imprégner leurs 2 tranches de pain du goût du poisson.
50:57C'est de là sans doute que lui vient son besoin de partager.
51:00La nourriture d'abord, la chaleur, l'amitié aussi.
51:04...
51:21Et vous voulez peut-être quand même laisser quelque chose ?
51:23On se souvienne de votre passage.
51:25Ha, ha, ha !
51:27Non, je crois pas qu'on se souviendra, non, non.
51:30Non, tous ceux qui se souviendront,
51:32c'est les mecs qui m'ont vu puis qui m'aimaient.
51:34Mais une fois qu'ils seront morts, ça sera fini, hein.
51:36Il y aura de moins en moins de cons qui auront connu Napoléon, ça, c'est...
51:40C'est pas moi qui l'invente, hein.
51:423, 2...
51:43Mais tout le monde se souvient de Napoléon, hein, banane.
51:46...
51:51Dans le noir
51:55Pour ne plus voir
51:59Pour ne plus voir le soir
52:06Se lever la désespoir s'étend
52:10Et je veux rester dans le noir
52:15Ha, ha, ha !
52:17...

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