• le mois dernier
Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons à l'Assemblée et député de Corse débat avec Patrick Kanner, sénateur et président du groupe socialiste, sur la feuille de route de Michel Barnier, dévoilée lors de sa déclaration de politique générale à l'Assemblée et au Sénat ; et les chantiers de Bruno Retailleau, qui veut faire baisser l'immigration et lutter contre l'islam politique.

Parlement Hebdo est au coeur de l'actualité politique pour vous faire vivre cette année parlementaire inédite.
Chaque vendredi c'est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions en séance ou en commission.
Cette saison, une nouvelle formule : un débat entre un député et un sénateur sur les grands sujets qui rythment la vie du Parlement.

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Transcription
00:00Bonjour à tous, ravi de vous retrouver pour cette nouvelle saison de Parlement Hebdo,
00:13l'émission qui vous fait vivre les temps forts de l'actualité à l'Assemblée et au Sénat.
00:18Avec une nouvelle formule cette saison, un débat entre un député et un sénateur.
00:23Et aujourd'hui, un face-à-face entre deux présidents de groupes.
00:26Laurent Marcangeli, bonjour.
00:27Bonjour.
00:28Vous êtes président du groupe Horizon, indépendant à l'Assemblée Nationale.
00:30Alors Horizon, on le rappelle, c'est le parti d'Edouard Philippe.
00:33Et face à vous, Patrick Cannaire, bonjour.
00:35Bonjour.
00:35Vous êtes président du groupe socialiste, écologiste et républicain au Sénat.
00:39Et on va bien sûr revenir sur le fait politique de la semaine.
00:42Michel Barnier qui a présenté sa feuille de route à l'Assemblée et au Sénat.
00:47Il a annoncé des hausses d'impôts ciblées et temporaires pour certaines grandes entreprises,
00:51mais aussi les plus fortunées.
00:53Le Premier ministre qui promet aussi de dialoguer avec tout le monde sur tous les sujets.
00:59Et puis, Bruno Retailleau a, lui, présenté ses chantiers prioritaires
01:03devant la Commission des lois de l'Assemblée.
01:05Il veut infléchir la politique pénale et assume de vouloir réduire l'immigration illégale et légale.
01:11Il a aussi précisé ses propos polémiques sur l'État de droit.
01:14On en débat avec vous.
01:16Mais d'abord, la déclaration de politique générale du Premier ministre Michel Barnier
01:20avec, vous allez le voir, des réactions différentes dans chacune des deux chambres.
01:24Générique
01:28Aucun applaudissement quand Michel Barnier monte à la tribune de l'Assemblée.
01:32À peine le discours entamé, des députés de la France insoumise
01:34brandissent leur carte d'électeur pour protester contre sa nomination.
01:39Face à l'Assemblée nationale morcelée et agitée,
01:41le Premier ministre joue la carte de la prudence, faute de majorité.
01:45Nous allons faire du dialogue et de la culture du compromis un principe de gouvernement.
01:52Le mot de compromis, ce n'est pas un gros mot.
01:55On ne se compromet pas quand on fait un compromis.
01:58Le ton se veut conciliant et le Premier ministre décoche aussi quelques flèches.
02:02Je serai très attentif à vos propositions d'économies supplémentaires.
02:08Très attentif.
02:09Applaudissements
02:12Pour faire face à un déficit que j'ai trouvé en arrivant.
02:15Applaudissements
02:21Le lendemain, changement de décor et d'ambiance au Sénat
02:23pour son second discours de politique générale,
02:26avec un tonnerre d'applaudissements à son arrivée.
02:30Michel Barnier est ici, en terrain conquis.
02:32Merci pour votre accueil auquel je suis sensible.
02:35Je suis attaché au rôle du Sénat.
02:38Ce n'est pas un hasard d'ailleurs s'il y a, peut-être pour une des premières fois,
02:43autant de sénateurs et de sénatrices dans mon gouvernement.
02:46Une dizaine de sénateurs sont devenus ministres, un record.
02:50Face à eux, le nouveau patron du groupe LR affirme son soutien.
02:52Vous trouverez toujours au sein du Sénat,
02:56parmi les membres du groupe Les Républicains, un aiguillon et un allié.
03:02Comme à l'Assemblée, le Premier ministre met l'accent
03:04sur la situation financière du pays à quelques jours de l'examen du budget.
03:08Et pour ce faire, il promet de s'appuyer sur les travaux du Sénat.
03:11Je sais d'ailleurs que le Sénat avait proposé l'an passé
03:14des mesures d'économies très substantielles.
03:17Nous avons sans doute là un gisement d'économies accessibles.
03:20Nous allons les examiner ensemble.
03:24Maintenant que Michel Barnier a présenté sa feuille de route et sa méthode,
03:27le travail parlementaire peut reprendre, avec une première épreuve du feu,
03:31le budget présenté en Conseil des ministres le 10 octobre.
03:35Voilà pour ce sujet à Dadrierpin.
03:37Patrick Cannaire, quand vous avez entendu la feuille de route de Michel Barnier,
03:41qu'est-ce que vous avez dit ?
03:42Est-ce que vous appelez à la censure du gouvernement
03:44comme voulont faire vos collègues députés de gauche
03:46ou est-ce que vous vous êtes dit qu'il faut lui donner sa chance quand même ?
03:49Nos collègues députés vont clairement déposer la censure,
03:53une motion de censure et elle ne sera probablement pas votée
03:56puisque nous savons que le Rassemblement national ne la votera pas.
04:00Mais voilà, c'est un premier acte politique qui montre que l'opposition
04:03reste l'opposition et le gouvernement de droite est de droite.
04:05Donc nous retrouvons un climage droite-gauche assez classique dans notre pays.
04:09Je m'en félicite plutôt parce que c'est un élément de clarification
04:13par rapport à ce macronisme soutenu par différentes sensibilités
04:19qui manifestement a toujours mené une politique de droite libérale
04:22dans ce pays depuis 2017.
04:23Laurent Marcangeli, cette majorité autour du Bloc central et des LR
04:28est menacée par une censure.
04:29Est-ce que vous pensez qu'elle va tenir longtemps
04:31quand on voit déjà les voix qui s'expriment ?
04:34On a entendu Gabriel Attal, Gérard Darmanin.
04:36Elle va tenir longtemps ?
04:38Je vais vous dire ce que nous défendons depuis le début
04:39et nous le défendons depuis le second tour de l'élection législative.
04:42Nous avons, dès le soir de ce second tour,
04:45dit qu'il fallait, au regard de la composition de l'Assemblée nationale,
04:49être dans un esprit de responsabilité parce que le pays va mal.
04:51Nous avons parlé tout à l'heure de la situation financière
04:54et nous avions appelé, avec Edouard Philippe,
04:55à un rassemblement qui aille de la droite conservatrice républicaine
04:58à la gauche social-démocrate prête à se saisir des affaires du pays.
05:02Nous n'avons pas été totalement entendus.
05:04Je viens d'écouter M. Canner qui, je pense, peut se revendiquer
05:09de cette famille social-démocrate qui a assumé des responsabilités.
05:12Il a été au gouvernement sous Manuel Valls et Bernard Cazeneuve.
05:16Et moi, je regrette aujourd'hui qu'on ne soit pas en capacité
05:18de pouvoir définir cet arc afin de faire tenir le pays
05:21et lui faire tenir face à ces difficultés qui sont devant nous aujourd'hui.
05:27Avec un réel enjeu financier, le déficit de la France qui se creuse.
05:31Et justement, Patrick Canner, le Premier ministre,
05:32a annoncé des hausses d'impôts.
05:34Alors d'abord, une contribution exceptionnelle sur les plus fortunés
05:37pendant un an ou deux, ça devrait rapporter 2 milliards d'euros.
05:40Et puis également, une taxe supplémentaire sur 300 grandes entreprises.
05:45Est-ce que le social-démocrate que vous êtes dit
05:48« ça va quand même dans le bon sens » ?
05:49Socialiste.
05:51Je suis socialiste, soyons précis.
05:53Voilà, c'est ma formation politique.
05:55Le socialiste que je suis dit « ça va dans le bon sens ».
05:58Mais ça ne va pas assez loin.
05:59C'est nécessaire, mais pas suffisant.
06:01Tout d'abord, parce que ce n'est pas pérenne, premièrement.
06:03Alors que les mesures qui avaient été prises ont donné
06:06une perte financière pour l'État de 58 milliards d'euros par an.
06:10La perte des recettes fiscales, la destruction des recettes fiscales,
06:1358 milliards d'euros par an.
06:15Donc là, on va grignoter quelques milliards ici ou là sur les plus riches.
06:18Mais la première mesure claire, nette, qui a été décidée,
06:22c'est « on n'augmente pas les retraites des plus modestes de nos concitoyens »,
06:26c'est-à-dire les retraités.
06:27Et ça, c'est un « gain » pour l'État,
06:30mais un gain sur la vie des gens de plus de 3 milliards d'euros.
06:33Donc il y a un décalage.
06:36Et les annonces qui sont faites sur la sécurité sociale,
06:38sur les arrêts de travail, montrent bien que les Français
06:42prendront la plus lourde part de l'effort fiscal demandé à certains.
06:47Sur les hausses d'impôts envisagées par le gouvernement Barnier,
06:51par Michel Barnier, vous êtes d'accord avec ça ?
06:53Gérard Darmanin a dit qu'il n'en voulait pas. Et vous ?
06:56Il ne va pas échapper qu'à l'heure où nous parlons,
06:59nous ne sommes pas en possession de la loi de finances.
07:02Elle va être annoncée la semaine prochaine par le ministre du Budget.
07:05Elle arrive. J'ai rencontré Laurent Saint-Martin,
07:07j'ai rencontré Antoine Armand.
07:09Je n'ai pas affaire d'annonce puisque ce n'est pas à moi de le faire.
07:13Mais ce que je peux vous dire aujourd'hui,
07:15c'est que le groupe que je préside sera toujours dans le sens de la responsabilité.
07:21L'endettement du pays, qui a lieu à 6% de son PIB cette année,
07:25ce n'est pas une mince affaire. C'est une affaire de souveraineté.
07:28Aujourd'hui, si on ne fait rien,
07:31les économistes disent que c'est 7% pour l'année 2025.
07:35Donc, il y a urgence d'agir.
07:36Urgence d'agir de manière équilibrée.
07:38Oui, effectivement, moi, en ce qui me concerne,
07:40je ne vois pas d'inconvénient à ce que ceux qui gagnent beaucoup,
07:43dans des cas bien précis, contribuent de manière exceptionnelle.
07:47C'est valable pour les ménages.
07:48C'est valable également pour les entreprises.
07:50Les plus fortunés ?
07:51Les plus fortunés, je pense que c'est une question de justice.
07:54Une question de justice fiscale, une question de justice même politique.
07:57Donc, c'est cela que nous allons soutenir.
08:01Et sur les dépenses également, il va falloir faire des efforts.
08:04Je crois que le Premier ministre a été assez clair.
08:05Deux tiers de l'effort de guerre, si je puis me permettre,
08:07portera sur les dépenses, un tiers sur les recettes.
08:11Donc, Gérald Darmanin a tort de lancer cette polémique
08:13et de refuser de voter le budget en l'État ?
08:14Gérald Darmanin, il est libre, comme il l'a dit sur un autre plateau de télévision.
08:19Il est libre de s'exprimer.
08:20Moi, je suis président d'un groupe à part entière
08:23qui s'appelle Horizons et indépendants.
08:24Je vous donne aujourd'hui la position de ce groupe,
08:27qui est aussi celle d'Edouard Philippe.
08:28Nous sommes dans une volonté de recherche de consensus
08:30et de responsabilité pour que le pays tienne.
08:32Patrick Cannery, il faudra aussi couper dans les dépenses.
08:35Il y a certaines dépenses qui pèsent lourdement sur le budget de l'État.
08:39Comment faire pour les réduire ?
08:40Vous avez des idées ?
08:41Et notamment, celles des collectivités qui sont visées.
08:43On a bien compris que les collectivités allaient contribuer
08:45à hauteur de 5 milliards d'euros, semble-t-il.
08:47Je vous rappelle cette polémique.
08:49C'est la Cour des comptes qui suggère la suppression de 100 000 postes
08:51au sein des collectivités pour économiser 4 milliards d'euros.
08:54J'ai beaucoup de respect pour Pierre Moscovici.
08:56C'est un ami politique, historiquement,
08:58mais ce n'est pas lui qui décide de la politique de la nation.
09:01Il conseille, il conseille.
09:03Une fois cela dit, les collectivités territoriales sont bien gérées dans notre pays.
09:07On les a accusées de porter en fin de compte tous les malheurs du monde,
09:11notamment dans le déficit budgétaire.
09:13On a les chiffres, ils sont clairs.
09:15Sur les 880 milliards de dettes publiques supplémentaires entre 2017 et 2023,
09:20les collectivités représentent 10 milliards d'euros.
09:23Il faut arrêter de se moquer du monde.
09:25Donc je n'accepterai pas, nous n'accepterons pas au Sénat.
09:27Et là, je crois tout de même convendu
09:29que les collectivités deviennent les boucs émissaires de l'incurie budgétaire de l'État.
09:33Laurent Marcangeli, les collectivités territoriales sont le bouc émissaire de ce gouvernement Barnier ?
09:37Non, je ne le pense pas.
09:38Et je ne pense pas que ce soit l'état d'esprit qui définit la politique générale
09:42décrite par Michel Barnier.
09:43C'est-à-dire, pas besoin d'être sénateur pour vouloir défendre
09:46les intérêts des collectivités territoriales.
09:48Vous savez que le groupe que je préside est composé en grande partie de femmes et d'hommes
09:52qui ont exercé des responsabilités au niveau local.
09:54Mais tout le monde doit faire des efforts, collectivités comme l'État, vous l'avez dit.
09:57Bien sûr, mais encore une fois, vous savez,
10:00la Cour des comptes ne fait jamais de cadeaux.
10:02Elle n'en fait pas à l'État, elle n'en fait pas à l'ensemble de ce qu'elle a à vérifier.
10:07Aujourd'hui, elle donne un conseil.
10:08C'est un conseil qui est un conseil financier comptable, si je puis me permettre l'expression.
10:13On sait tous aujourd'hui que les collectivités territoriales
10:16ne sont pas les principales responsables de la situation financière du pays.
10:19Vous savez, j'ai essayé de soutenir du mieux que je pouvais
10:22durant les deux dernières années le gouvernement d'Elisabeth Borne et de Gabriel Attal.
10:26Il y avait toujours quelque chose qui me hérissait un peu le poil,
10:28c'est quand on disait que les questions de déficit
10:30étaient en grande partie de la responsabilité des collectivités territoriales.
10:34Or, il n'en est pas du tout question.
10:35Vous voyez très bien qu'aujourd'hui, l'effort qui sera demandé,
10:37proportionnellement à l'effort global,
10:39sera bien en dessous de ce qu'on pourrait craindre.
10:43Moi, j'ai une solution pour faire des économies, puisqu'il faut regrouper les services publics.
10:46Voilà, 42 ministres.
10:50Il y a des ministres à la crème brûlée et au fromage blanc.
10:53C'est trop.
10:54Donc, on peut réduire, au niveau de leur périmètre,
10:57je vous assure qu'on peut réduire de 10 ou 15 ministères
11:00et on fera quelques millions d'économies.
11:01Effectivement, on n'est pas sur un gouvernement resserré.
11:04On va parler de la crise en Nouvelle-Calédonie,
11:05qui est l'un des enjeux urgents pour le gouvernement Barnier.
11:09Une crise qui est économique et sociale, sécuritaire, institutionnelle.
11:12Alors, le Premier ministre a indiqué qu'il voulait redonner du temps,
11:15le temps du dialogue avec les acteurs.
11:18Et puis, Patrick Cannaire, le gouvernement devrait s'appuyer sur votre proposition de loi,
11:22celle des sénateurs socialistes,
11:23de reporter les élections provinciales en Nouvelle-Calédonie au 30 novembre 2025.
11:28Mon groupe va sauver le gouvernement sur ce sujet.
11:30Je vous le concède.
11:32C'est assez extraordinaire, mais logiquement, un projet de loi,
11:35donc issu du gouvernement, aurait dû intervenir pour reporter les élections.
11:39Ils n'ont plus le temps.
11:40Ils n'ont plus le temps par rapport à l'échéance qui est celle de décembre prochain.
11:43Et donc, nous avons déposé le 16 septembre une proposition de loi organique
11:48visant à reporter les élections.
11:49Ça a toujours été notre position.
11:51Nous avons toujours dit, donnons du temps au dialogue.
11:54Reprenons l'esprit des accords de Matignon, des accords de Nouméa.
11:58Vous allez dans le mur.
11:59Donc, vous avez sauvé le gouvernement.
12:01Vous lui avez évité d'aller dans le mur.
12:03Ce texte sera évoqué le 23 octobre prochain.
12:06Il devrait être voté par le Sénat.
12:08Nous avions raison trop tôt.
12:10Mais depuis, il y a eu 13 morts, 3 milliards d'euros de dégâts
12:14et une situation cataclysmique en Nouvelle-Calédonie.
12:18Donc, je suis heureux, effectivement, de donner mon secours au gouvernement
12:22parce que la cause est juste.
12:23Il faut renoncer, Laurent Marcangeli, à un congrès du Parlement
12:27sur ce projet de loi qui prévoit le dégel du corps électoral ?
12:30La situation qui est celle de la Nouvelle-Calédonie aujourd'hui, elle est dramatique.
12:34Moi, je pense aux habitants et aux habitants de cette partie du territoire national.
12:3913 morts, des milliards d'euros d'outils de production détruits,
12:44des familles qui ont été obligées de s'en aller, de fuir,
12:4840% de chômage, tout va mal.
12:52Et une situation politique bloquée.
12:53Des émeutes de la fin potentielle.
12:55Des émeutes de la fin potentielle.
12:56Et puis un manque d'anticipation du gouvernement.
12:58En tout cas, ce que je vais vous dire,
13:00vous avez eu une période de vacances politiques qui vous a échappé,
13:04je ne pense pas, mais il y a eu une dissolution
13:07et les choses ont mis du temps à se mettre en place.
13:10Moi, j'ai écouté Michel Barnier avec attention.
13:13Vous avez aujourd'hui une volonté de se remettre autour de la table.
13:18Moi, j'ai reçu une délégation transpartisane
13:21pour évoquer notamment la question de la reconstruction
13:23parce que la Nouvelle-Calédonie ne pourra pas seule faire face à cette reconstruction.
13:26Et il y a le dialogue politique.
13:28On ne peut pas voter cette année, je le pense, eu égard à la situation.
13:32C'est bien de reporter les élections.
13:33Il faut se remettre autour de la table.
13:34Vous savez, Edouard Philippe a été un Premier ministre
13:36et s'est beaucoup inspiré de la philosophie qui avait prévalu
13:39et en 1988, en 1998, lorsqu'il était au Responsabilité.
13:47Alors, on va passer à l'autre temps fort de la semaine.
13:49Au Parlement, Bruno Retailleau auditionné à l'Assemblée.
13:52Le ministre de l'Intérieur a détaillé sa feuille de route sur la sécurité, l'immigration.
13:57Il a aussi donné quelques explications sur ses propos dans la presse
14:01sur l'État de droit qui avait déclenché une polémique.
14:04Elsa Mondingaba.
14:09Explications très attendues pour un ministre de l'Intérieur
14:12dont les dernières déclarations ont suscité la polémique sur l'État de droit
14:17qu'il a qualifié de pas intangible ni sacré.
14:20Bruno Retailleau est sommé de s'expliquer.
14:23À aucun moment, j'ai voulu abolir l'État de droit.
14:26À aucun moment.
14:28J'ai simplement dit qu'il fallait déplacer le curseur dans l'État de droit
14:34comme vous l'avez fait, comme nous l'avons fait au moment du terrorisme
14:39et au moment du Covid.
14:42Quand les règles de droit ne protègent pas la société,
14:44on change les règles de droit.
14:46Le locataire de la place Beauvau est également interrogé
14:49sur sa vision de l'immigration.
14:52Quand je dis l'immigration n'est pas une chance telle qu'elle est aujourd'hui,
14:54en dehors de tout contrôle, quand on a plus d'un demi-million,
14:58bien évidemment, mais posez la question aux Français.
15:01Ils vous répondent tous de la même façon.
15:04Moi, j'ai jamais prononcé une immigration zéro.
15:07Jamais.
15:08Jamais.
15:09Mais l'immigration qui a échappé à tout contrôle aujourd'hui
15:13n'est pas une chance, bien entendu.
15:15Et je l'assume, mais complètement.
15:17Le ministre de l'Intérieur a confirmé qu'il entendait prolonger
15:21jusqu'à 210 jours la durée de la rétention administrative
15:25des étrangers en situation irrégulière.
15:28Il veut enfin commander un rapport à la DGSI,
15:31la Direction Générale de la Sécurité Intérieure,
15:34sur l'islam politique.
15:37Laurent Marcangeli, quand le ministre de l'Intérieur dit
15:39qu'il veut faire bouger le curseur de l'État de droit,
15:42comme on l'a fait, dit-il, pendant le Covid ou face au terrorisme,
15:45c'est-à-dire renoncer à certaines libertés individuelles,
15:49est-ce qu'il va trop loin ?
15:50Est-ce qu'il n'y a pas un malaise chez vous
15:51qui fait partie de ce bloc central
15:53quand vous entendez ce genre de propos ?
15:55Écoutez, je veux affronter les problèmes sans faux fuyants,
15:59mais néanmoins, les mots ont un sens.
16:01L'État de droit, j'y suis attaché.
16:03C'est une notion liée au principe de démocratie libérale
16:06auquel je suis particulièrement attaché.
16:08L'État du droit, en revanche,
16:10je suis là pour parfois le remettre en cause,
16:12l'améliorer, l'amender.
16:13C'est le rôle d'un parlementaire.
16:15Donc les mots ont un sens.
16:17Je ne suis pas favorable à la remise en cause
16:20de l'État de droit à titre personnel.
16:22Patrick Caner, est-ce qu'il faut assouplir cet État de droit
16:25face à certains problèmes ?
16:26Non, l'État de droit est un concept.
16:29L'État de droit, il est directement issu
16:32de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.
16:36C'est intangible, c'est sacré, c'est sacré.
16:40Pour répondre à M. Retailleau qui a fait une provocation,
16:44volontaire, pas volontaire, mais peu importe,
16:46là vous avez assisté à un grand rétro-pédalage de sa part.
16:50Il parle moins dans les médias, je crois que c'est bien.
16:53Il faut que les particules retombent,
16:55qu'il fasse son travail, qu'il nous fasse des propositions.
16:57Le Parlement est souverain,
16:59surtout qu'aujourd'hui, l'exécutif a besoin du Parlement.
17:02Il n'y a plus de majorité à l'Assemblée nationale.
17:04Les commissions mixtes paritaires feront leur travail.
17:06Donc je demande à M. Retailleau de reprendre son sang-froid,
17:09tout simplement.
17:11Je dirais, dans l'excitation de la nomination à l'intérieur
17:14qu'il voulait tant depuis tant d'années,
17:15il s'est laissé un peu déborder par ses propres propos.
17:18Voilà, les choses vont se calmer.
17:19En tout cas, comptez sur nous pour le calmer.
17:21Et Laurent Fabius qui, d'ailleurs, sur votre plateau,
17:23l'a dit très récemment en disant
17:25on ne touche pas l'État de droit, l'État du droit.
17:27Comme l'a dit mon collègue,
17:29c'est bien sûr que nous faisons bouger l'État du droit.
17:31Alors Bruno Retailleau considère aussi
17:33que l'immigration n'est pas une chance pour la France.
17:36Comment vous accueillez ces propos au vitriol ?
17:38Je m'aperçois qu'accessoirement,
17:41il a dit qu'il ne pouvait pas envisager l'immigration zéro.
17:45C'est intéressant parce que c'est la position
17:47que je défends à titre personnel.
17:52L'immigration, c'est aussi une chance pour la France.
17:55On l'a vu dans notre histoire.
17:57Je crois que les propos...
17:59Les propos, il faut faire attention à ce qu'on dit sur ce sujet-là.
18:01Mais c'est la provocation ou c'est il le pense ?
18:02Je n'ai pas à faire le commentateur des propos du ministre.
18:05Moi, je suis un acteur politique.
18:07Je vais vous dire ce que je pense.
18:08Je pense qu'il ne faut pas, aujourd'hui,
18:10nier le fait qu'il y a un problème migratoire dans notre pays.
18:13Il y a un problème d'accueil.
18:16Il y a un problème d'intégration qui se pose.
18:18Il faut peut-être donner davantage de moyens
18:20pour mieux choisir notre immigration.
18:22Ça, je suis totalement d'accord à avoir le débat,
18:24sereinement, de manière posée.
18:26Mais il ne faut pas, aujourd'hui, je pense,
18:28avoir ce type de punchline qui, à mon avis,
18:31fait de la peine aux gens.
18:32En tout cas, moi, j'ai autour de moi des gens
18:34qui sont issus de l'immigration qui peuvent être parfois peinés
18:36et totalement intégrés par les propos de cette nature.
18:39C'est quand même problématique parce que vous n'avez pas
18:40la même vision de l'immigration que le ministre de l'Intérieur
18:42du gouvernement que votre camp soutient.
18:44Nous avons quelques lignes de partage.
18:47Je vous rappelle que lors du débat sur la loi Asile et Immigration
18:50qui a eu lieu en décembre dernier, j'ai pris mes responsabilités.
18:52J'étais responsable de texte, bien que président de groupe,
18:55en commission des lois à l'Assemblée nationale.
18:57Je n'étais pas d'accord avec M. Retailleau sur l'AME,
18:59mais j'étais d'accord sur l'aide médicale d'État.
19:02J'étais, en revanche, d'accord sur le rétablissement
19:04du délit de séjour irrégulier.
19:06J'étais d'accord sur le fait qu'on expulse un étranger délinquant
19:11de notre pays. J'étais d'accord sur un certain nombre de sujets.
19:13Pas tous, mais sur certains.
19:15Justement, Patrick Cannaire, Bruno Retailleau est prêt
19:17à conditionner l'aide au développement pour certains pays
19:21quand leurs dirigeants acceptent leur ressentissement criminel
19:24expulsé de France. Est-ce qu'il faut passer par là
19:26une politique du chantage ?
19:28Conditionner cette aide si les dirigeants des pays en question
19:32acceptent leurs ressortissants qui ont commis des crimes ?
19:35Permettez-moi d'abord de revenir sur la notion de chance.
19:39Je ne sais pas si je suis une chance pour la France,
19:42mais je suis un fils d'immigré, comme beaucoup, comme beaucoup.
19:46Et je sais ce que je dois à la République,
19:49et donc je ne veux pas être insulté, même par le ministre de l'Intérieur.
19:53Et je ne veux pas que des enfants qui viennent de l'immigration,
19:55qui essayent de s'intégrer correctement,
19:58même s'il y a parfois des cas qui nous heurtent profondément,
20:02je ne veux pas que ces futurs Français se sentent rejetés par la République.
20:08Je vais faire la parenthèse, je reviens sur votre question.
20:12L'AFD, donc le bras armé de l'Agence française du développement,
20:17va perdre, je crois, 700-800 millions d'euros dans le budget 2025.
20:22C'est difficile de faire du chantage quand on se fait hara-kiri soi-même
20:26au niveau du budget.
20:28L'AFD peut être un formidable outil de relation internationale.
20:32C'est la puissance extérieure de la France sur un plan du développement.
20:37Donc, jouer sur le chantage en pensant que,
20:40parce qu'on va enlever quelques millions d'euros
20:43à des populations extrêmement pauvres au travers de leur gouvernement,
20:47on va régler le problème des OQTF,
20:49les obligations de quitter le territoire français,
20:51je crois qu'on se met, permettez-moi l'expression, le doigt dans l'œil,
20:53c'est dommage.
20:54Encore une fois, on est là dans des propos jetés comme ça, à l'envie,
20:58sans savoir réellement leur impact réel.
21:00Laurent Marcangeli, cette méthode de conditionner les aides au développement
21:04au laissé-passer consulaire, c'est la bonne méthode
21:07ou c'est juste du symbole politique et pas vraiment efficace ?
21:09J'avais proposé un amendement en ce sens,
21:11un amendement lors de la discussion sur la loi Asie et l'immigration,
21:15un amendement qui a été déposé au Sénat par le président Hervé Marseille,
21:19si mes surveillances sont exactes, que j'avais repris mot pour mot.
21:23Nous n'avons pas eu de séance publique, hélas,
21:25par rapport à tout ce qui s'est passé sur ce sujet.
21:27Je crois que ça fait partie des outils.
21:29Effectivement, il y a celui-ci.
21:31Il y a aussi un outil diplomatique avec une certaine forme de pression
21:35qu'il faut mettre sur certains pays qui, aujourd'hui,
21:38refusent de reprendre un certain nombre de leurs concitoyens
21:42qui sont expulsés de France.
21:43C'est le débat qu'il faut avoir aujourd'hui, à mon avis.
21:45Très vite sur cette question.
21:47On ne s'est pas expulsé en 90 jours.
21:48Est-ce qu'il faut aller jusqu'à 120 jours de détention
21:51pour les étrangers qui sont en cras ?
21:53C'est aussi la question de l'accueil de ces étrangers.
21:56210 jours.
21:57210 jours.
21:59Les cras, ces centres de rétention administrative
22:03qui sont finalement des prisons qui ne disent pas leur mot,
22:06et de plus en plus.
22:07Depuis, d'ailleurs, M. Gérald Darmanin,
22:08puisque moi, j'ai un cras dans mon département,
22:11qui est le cras de l'Equin.
22:14Avant, on y accueillait des familles en attente de retour
22:16vers les territoires d'origine.
22:18Là, maintenant, ce ne sont que des délinquants qui sont là
22:21et qui ne sont pas surveillés par des professionnels,
22:22mais par des policiers qui n'ont pas la compétence pour le faire.
22:25C'est devenu un chaos indestructible.
22:27Ça ne sert à rien d'allonger la durée de rétention à 210 jours ?
22:30On peut imaginer de rallonger,
22:33mais à condition que l'accueil soit digne,
22:35et ce n'est pas le cas aujourd'hui.
22:36Donc, si on doit rallonger, ça se discute,
22:39mais encore faut-il que les conditions d'accueil
22:41le permettent dans de bonnes conditions.
22:43Laurent Marcantelli, sur cette mesure,
22:45vous êtes favorable à aller jusqu'à 210 jours de rétention maximale ?
22:47Moi, sur les personnes qui sont condamnées
22:50pour des délits ou des crimes,
22:54alors des crimes, elles restent en prison la plupart du temps,
22:56mais sur des délits, je ne vois pas d'inconvénience
22:57qu'il y ait une différenciation.
22:58C'est-à-dire que l'expérience montre que,
23:00passés 90 jours, il n'y a aucune expulsion qui est effective.
23:04Donc, c'est ce que je dis depuis tout à l'heure.
23:05Le problème, il est davantage sur l'aide publique au développement
23:08et également sur les liens diplomatiques avec les pays
23:11vers lesquels ces délinquants doivent être renvoyés.
23:13C'est raisonnable.
23:16Nous sommes très raisonnables chez Horizon.
23:17Mais chez les socialistes aussi, voilà.
23:20On va parler d'un dernier sujet.
23:22Après le viol et le meurtre de Philippine,
23:24on a beaucoup parlé par un homme
23:26qui avait déjà été condamné pour viol.
23:28Les sénateurs socialistes, Patrick Cannaire,
23:30souhaitent une mission d'information
23:32sur la récidive des criminels sexuels.
23:34Est-ce que votre demande a été entendue ?
23:37Mission d'information aux commissions d'enquête.
23:40Je pense qu'il faut vraiment affronter cette question de face.
23:45Ce n'est pas possible de voir une législation française
23:48qui soit inadaptée finalement à ces drames terribles
23:50que nous avons connus et que nous connaîtrons encore.
23:54La question des violences sexuelles doit être traitée de manière spécifique.
23:57Il faut qu'on y travaille, il faut qu'on y réfléchisse
23:58et qu'on fasse évoluer l'état du droit, naturellement.
24:02Et nous avons demandé cette commission d'enquête ou mission d'information.
24:06Je peux vous annoncer,
24:08et avec l'autorisation de ma collègue Laurence Rossignol,
24:10qui a porté cette demande,
24:13la délégation des droits des femmes devrait,
24:16je suis quand même prudent, mais devrait s'en saisir
24:18et proposer ce travail de fond par le Sénat.
24:20Pour commencer à travailler quand ?
24:23Dès que possible.
24:24Il faut que la délégation en décide
24:26et que la conférence des présidents du Sénat le confirme.
24:29Laurent Marcangeli, est-ce que le meurtre de Philippine
24:31doit donner lieu là aussi à l'Assemblée, à une commission d'enquête ?
24:34Est-ce que la représentation nationale doit se saisir de cette affaire ?
24:40Et également faire la lumière sur les problèmes d'expulsion
24:43que le meurtre de Philippine a mis en place ?
24:45Il y a deux sujets.
24:45Vous avez le sujet pénal en lui-même, simple,
24:49à savoir une récidive alors que cet homme vient de sortir.
24:52Donc le passage en prison n'a servi à rien.
24:55La preuve en est.
24:56Et l'autre, il y a le sujet également lié au fait qu'il n'avait pas
25:01à être sur le territoire national,
25:02qui a mis une très grande gravité également,
25:03je pense aujourd'hui, à la famille de cette jeune femme.
25:07C'est affreux ce qui se passe.
25:09Et moi, je pense que l'Assemblée nationale va devoir faire du travail législatif,
25:15notamment le travail de contrôle du gouvernement.
25:17Il y a de fortes probabilités pour qu'il n'y ait pas beaucoup de textes à débattre,
25:20puisque le fait de ne pas avoir de majorité
25:23rend les choses plus compliquées pour le gouvernement.
25:25Le travail sur la récidive, sur le problème de la récidive.
25:27Moi, je prône un travail législatif concret, sérieux,
25:31des députés, dans des commissions d'enquête,
25:33dans des missions d'information.
25:34C'est aussi ça le travail d'un parlementaire,
25:36contrôler les politiques publiques et contrôler l'action du gouvernement.
25:39– Merci à vous deux d'avoir débattu sur ce plateau de Parlement hebdo.
25:42C'est la fin de cette émission, on se retrouve la semaine prochaine.
25:45Ciao, ciao.
25:46– Sous-titrage FR –

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