Laurent Obertone, écrivain et auteur de «Guerre» aux éditions Magnus, explique un «ultra-rajeunissement» du narcotrafic à Marseille : «On a des scènes dignes du tiers-monde».
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00:00Je pense que le plus approprié, c'est de parler de tiers-monde parce qu'on a des saignes dignes du tiers-monde
00:06et Marseille est en train de devenir une ville du tiers-monde, un laboratoire du narcotrafic,
00:13des faits absolument épouvantables, on peut commander des tueurs de 14 ans, on peut organiser de tels massacres.
00:21Comme l'a dit le criminologue Xavier Hofer, dans ces fameux quartiers nord de Marseille,
00:26on a un taux d'homicide qui est comparable à celui du Brésil ou du Nicaragua et on a vu cette situation arriver.
00:33Il y a quelques mois encore, M. Darmanin s'est déplacé à Marseille pour nous dire que ça allait beaucoup mieux
00:38grâce aux Jeux Olympiques, mais maintenant que les Jeux sont terminés, les affaires reprennent
00:42et on ne voit vraiment aucun moyen d'endiguer ce phénomène.
00:50Alors je le disais, par rapport à vos livres, Laurent Bertin, vous essayez aussi d'anticiper la suite,
00:55c'est-à-dire quand on a une situation comme celle-là enquistée, quel est le risque, j'allais dire, pour les citoyens,
01:01honnêtes citoyens qui ont l'impression, ce n'est pas qu'une impression, d'avoir une réalité que tout échappe,
01:06au gouvernement, à l'État, quel est le risque ?
01:10Le risque est quotidien, permanent, c'est-à-dire que ces citoyens ont pris sur eux pour s'adapter à ce climat de violence
01:19qui est devenu normal, qui est devenu banal, qui touche les très jeunes dès l'école, auxquels ils sont contraints de s'adapter,
01:25et malheureusement, une des stratégies d'adaptation est de se fondre dans le moule,
01:31de devenir soi-même, de faire partie de ces gangs, parce qu'on imagine qu'on sera mieux protégés si on joue ce jeu,
01:40parce que la loi à Marseille, ce n'est pas l'État, la loi vient de ces gangs qui sont, comme on l'a dit, très organisés et très puissants,
01:49et cette logique ultra communautaire, évidemment, coupe de plus en plus la population du reste du pays,
01:57il y a un sentiment d'abandon qui est épouvantable, quelqu'un qui est honnête, son obsession sera de quitter cet endroit, évidemment,
02:06et donc, ça ne va pas arranger les choses, forcément, mais on ne peut pas leur reprocher de réagir comme ça,
02:12je pense que n'importe qui le ferait, les policiers aujourd'hui sont confrontés à des situations absolument épouvantables,
02:19on est très proche de scénarios de guerre civile, et ce n'est pas les policiers les mieux armés.