LE GRAND DÉBAT / Motion de censure : Michel Barnier, l'imperturbable ?
« Le récap » par Valérie Brochard
Un mois après sa nomination au poste de Premier ministre, Michel Barnier doit faire face à sa première motion de censure. Alors que le nouveau locataire de Matignon vient de prononcer sa déclaration de politique générale et de former son gouvernement, le « Nouveau Front Populaire » veut déjà démettre Michel Barnier de ses fonctions. Portée par Olivier Faure, cette motion de censure est débattue dans l'hémicycle le mardi 8 octobre 2024, juste après la session de questions au gouvernement. Marine Le Pen a annoncé qu'elle ne la soutiendrait pas. Sans les voix du Rassemblement National, la motion de censure n'a aucune chance d'obtenir la majorité absolue requise et donc d'aboutir. Michel Barnier, qui est à cette date la personnalité politique préférée des Français, devrait donc rester en poste. Peut-on pour autant estimer qu'il est en sursis ?
Invités :
- Anne-Charlène Bezzina, maîtresse de conférences à l'Université de Rouen et à Sciences Po Paris
- Pascal Perrineau, professeur des universités à Sciences Po Paris, politologue
- Hadrien Brachet, journaliste politique à « Marianne »
- Frédéric Micheau, directeur général adjoint d' « Opinion Way »
LE GRAND ENTRETIEN / Sandrine Josso : le combat d'une députée contre la soumission chimique
Marraine de l'association « M'endors pas », Sandrine Josso a exigé la relance de la mission gouvernementale sur la soumission chimique. Cette-dernière a été avortée en juin 2024 lors de la dissolution de l'Assemblée nationale. Alors que le procès Mazan soulève de nombreuses questions quant au consentement, la députée ne faiblit pas. « Ils colportent une sorte de culture qui est un peu biaisée, cette fameuse culture du viol. On banalise, on minimise et quelque part, aussi on maltraite les victimes dans les salles d'audience », affirme-t-elle auprès de Brut. Sandrine Josso est particulièrement investie sur le sujet car elle a elle-même accusé le sénateur de Loire-Atlantique Joël Guerriau de l'avoir droguée à son insu dans l'optique de la violer. Celui-ci a été mis en examen puis placé sous contrôle judiciaire et s'est mis en retrait de ses fonctions. L'initiative de Sandrine Josso permettra-t-elle une meilleure prise en compte des victimes ?
- Grande invitée : Sandrine Josso, députée « Les Démocrates » de Loire-Atlantique
LA QUESTION QUI FÂCHE / La gauche est-elle trop complaisante avec Jean-Luc Mélenchon ?
- Antoine Oberdorff, journaliste politique à « L'Opinion »
- Nathan Devers, philosophe
- Marco Paumier, journaliste LCP
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font ente
« Le récap » par Valérie Brochard
Un mois après sa nomination au poste de Premier ministre, Michel Barnier doit faire face à sa première motion de censure. Alors que le nouveau locataire de Matignon vient de prononcer sa déclaration de politique générale et de former son gouvernement, le « Nouveau Front Populaire » veut déjà démettre Michel Barnier de ses fonctions. Portée par Olivier Faure, cette motion de censure est débattue dans l'hémicycle le mardi 8 octobre 2024, juste après la session de questions au gouvernement. Marine Le Pen a annoncé qu'elle ne la soutiendrait pas. Sans les voix du Rassemblement National, la motion de censure n'a aucune chance d'obtenir la majorité absolue requise et donc d'aboutir. Michel Barnier, qui est à cette date la personnalité politique préférée des Français, devrait donc rester en poste. Peut-on pour autant estimer qu'il est en sursis ?
Invités :
- Anne-Charlène Bezzina, maîtresse de conférences à l'Université de Rouen et à Sciences Po Paris
- Pascal Perrineau, professeur des universités à Sciences Po Paris, politologue
- Hadrien Brachet, journaliste politique à « Marianne »
- Frédéric Micheau, directeur général adjoint d' « Opinion Way »
LE GRAND ENTRETIEN / Sandrine Josso : le combat d'une députée contre la soumission chimique
Marraine de l'association « M'endors pas », Sandrine Josso a exigé la relance de la mission gouvernementale sur la soumission chimique. Cette-dernière a été avortée en juin 2024 lors de la dissolution de l'Assemblée nationale. Alors que le procès Mazan soulève de nombreuses questions quant au consentement, la députée ne faiblit pas. « Ils colportent une sorte de culture qui est un peu biaisée, cette fameuse culture du viol. On banalise, on minimise et quelque part, aussi on maltraite les victimes dans les salles d'audience », affirme-t-elle auprès de Brut. Sandrine Josso est particulièrement investie sur le sujet car elle a elle-même accusé le sénateur de Loire-Atlantique Joël Guerriau de l'avoir droguée à son insu dans l'optique de la violer. Celui-ci a été mis en examen puis placé sous contrôle judiciaire et s'est mis en retrait de ses fonctions. L'initiative de Sandrine Josso permettra-t-elle une meilleure prise en compte des victimes ?
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- Nathan Devers, philosophe
- Marco Paumier, journaliste LCP
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Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font ente
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NewsTranscription
00:00Générique
00:05Bonsoir et bienvenue, très heureuse de vous retrouver dans ça vous regarde ce soir
00:11la première motion de censure contre l'imperturbable Michel Barnier.
00:16Le Premier ministre a essuyé le procès en illégitimité de la gauche.
00:21Motion rejetée à l'instant, faute de majorité.
00:24Un peu plus tôt dans la journée, il s'est frotté à ses alliés macronistes
00:28dans une ambiance très tendue. On le verra, Barnier, la force fragile.
00:32C'est notre grand décryptage ce soir.
00:35De Mazan au Parlement, notre invitée a suivi pendant des semaines
00:39le procédé de la soumission chimique de Gisèle Pellicot.
00:42Elle-même a été droguée à son insu, elle est députée.
00:46Elle a fait de son histoire un combat collectif.
00:49Interview franc-parlé avec la députée Sandrine Josseau dans la deuxième partie.
00:53Enfin la question qui fâche ce soir, la gauche est-elle trop complaisante
00:57avec Jean-Luc Mélenchon après son appel à brandir le drapeau palestinien
01:01dans les universités aujourd'hui ?
01:04Tirs croisés avec nos chroniqueurs dans cette émission.
01:07A la toute fin de Savour Garde.
01:09Voilà, vous avez le programme, et bien c'est parti.
01:12...
01:23Pas de quoi lui faire hausser le sourcil.
01:26C'est dans un hémicycle clairsemé que Michel Barnier a fait face
01:29à sa première motion de censure, sans doute la première d'une longue série.
01:34Motion de gauche portée par le PS, motion rejetée faute de majorité
01:39au service d'un message dénonçant l'illégitimité
01:42du tout nouveau Premier ministre.
01:45Comment les Français regardent finalement ces jeux de posture
01:48dans cette assemblée si fracturée ?
01:50Et est-ce que le flegmatique Barnier a les moyens de durer ?
01:54Bonsoir, Anne-Charlene Bézina.
01:55Bonsoir, Myriam.
01:56Merci d'être là, maîtresse de conférence à l'université de Rouen
02:00en droit public, bien sûr constitutionnaliste,
02:02ainsi qu'à Sciences Po Paris.
02:04Bonsoir, Pascal Perrineau.
02:05Bonsoir.
02:06Bienvenue, politologue, professeur des universités à Sciences Po Paris.
02:10Bonsoir, Adrien Brachet.
02:12Et bienvenue, journaliste politique à Marianne.
02:15Et bonsoir, Frédéric Michaud.
02:17Ravie de vous accueillir.
02:18Vous êtes le directeur général adjoint d'Opinion Away.
02:22Elle était symbolique, cette première motion.
02:24C'est sûr qu'il faut-il retenir des échanges,
02:26même si, sans surprise, elle a été rejetée.
02:29Le récap de Valérie Brochard, tout de suite.
02:36Générique
02:42Bonsoir, Valérie.
02:43Bonsoir, Myriam.
02:44Alors, les résultats de cette motion rejetée ?
02:47Évidemment.
02:48Et puis, sans grand suspense, évidemment,
02:50Myriam a tout été joué d'avance.
02:52Chacun est resté dans son couloir au millimètre près.
02:55Alors, il y a d'abord eu l'ensemble de la gauche,
02:57réunis sous la bannière du nouveau Front populaire, c'est lui,
03:00qui a déposé cette motion de censure.
03:02Et comme prévu, je vous propose de sortir le bingo,
03:05le bingo de la censure.
03:07On va s'amuser avec le premier secrétaire du Parti socialiste,
03:10venu à la tribune.
03:11Jouez sa partition à la note près.
03:14Vous ne pouvez ignorer la violence de ce détournement démocratique.
03:19Le 7 juillet, c'est le Front populaire qui est arrivé en tête.
03:23Ce gouvernement est placé sous la tutelle de l'extrême droite,
03:27alors que deux tiers des Français sont venus lui faire barrage.
03:31Si nous étions dans un autre pays que la France,
03:33vous seriez le premier à dénoncer un hold-up électoral
03:36et sans doute à décrire un régime illibéral.
03:39Vous êtes donc désormais aux commandes du pays.
03:42A l'issue de cette séance, vous le resterez,
03:45puisque l'extrême droite a décidé d'assumer avec vous
03:49la continuité du macronisme.
03:51Si je résume, Myriam, détournement démocratique, on l'a.
03:55NFP arrivée en tête, on l'a aussi.
03:57Tutelle de l'extrême droite, juste ici.
04:00Hold-up électoral, là-bas.
04:02La continuité du macronisme, bingo.
04:04On a tout gagné.
04:06Le quintet dans l'ordre, facile, me direz-vous.
04:08Tout était écrit d'avance.
04:10Mais pour faire tomber un gouvernement,
04:12si c'est bien là le but, normalement,
04:14il faut une majorité absolue.
04:16Le NFP compte environ 200 élus en gros.
04:18Pour atteindre cette majorité absolue,
04:20il en faut 289.
04:22Il fallait donc les voix du Rassemblement national,
04:24sauf que là encore, sans aucune surprise,
04:27le RN n'a pas voté la motion de censure.
04:29Il profite même de l'occasion pour tacler le NFP.
04:33Hier, le NFP se désistait en faveur du macronisme.
04:36Aujourd'hui, le NFP veut que nous censurions
04:39un gouvernement teinté de macronisme.
04:41Alors que tant de députés NFP n'ont gagné
04:44ou conservé leur siège que grâce
04:46ou à cause du désistement des macronistes.
04:49Or, vous voulez censurer des paroles.
04:51Nous, sachez-le, nous ne censurons que des actes.
04:55Un peu incohérent, me direz-vous,
04:57pour le parti qui se présente comme le premier opposant
05:00à Emmanuel Macron.
05:01Mais sans les voix du RN,
05:03pas de gouvernement qui tombe.
05:05On savait déjà tout.
05:06On laisse sa chance aux produits.
05:08Avait même lancé la députée du Var et porte-parole
05:10du Rassemblement national lors de la valette.
05:12Alors le produit, justement, qu'est-ce qu'il en pense ?
05:15Michel Barnier a décidé de ne pas faire semblant.
05:17Surjoué l'étonnement, Myriam ?
05:19Très peu pour lui.
05:20Très franchement, c'était pas vraiment une surprise,
05:23cette motion de censure.
05:24Puisque, dans les conversations que nous avons eues,
05:27qui ne sont pas secrètes,
05:29au lendemain même de ma nomination comme Premier ministre,
05:32vous m'aviez informé.
05:35C'est en quelque sorte une motion de censure a priori.
05:39Alors, il ne surjoue pas la surprise,
05:41mais lui aussi, il reste dans son couloir
05:43et tentera dans sa réponse de démontrer au public
05:46l'absurdité de cette scénette parlementaire.
05:48Dans le casting, le Premier ministre a obtenu le rôle
05:51de celui qui met en avant la perte de temps,
05:54la perte d'énergie devant tous les dossiers
05:56qui s'amancèlent sur son bureau.
05:57Et donc, cette question qu'il lancera directement au NFP,
06:00pourquoi s'engager dans une motion
06:02que l'on sait vouée à l'échec ?
06:05Eh bien, Myriam, parce que le match n'est peut-être
06:07pas si perdu d'avance que cela.
06:09Regardez, dans cette comédie dramatique,
06:11le Nouveau Front Populaire essaie de rafler
06:13l'Oscar du meilleur groupe d'opposition.
06:16Il est là, le but caché de la manœuvre.
06:18Le NFP veut montrer à l'opposition,
06:20montrer à l'opinion qu'ils s'opposent,
06:22qu'ils ne lâchent rien.
06:24Deuxième objectif, c'est aussi de prouver
06:27que le gouvernement de Michel Barnier
06:29est à la merci du Rassemblement national.
06:31Olivier Faure l'a répété maintes fois.
06:33Troisième objectif, montrer que malgré tout ce qui les oppose,
06:36les différentes composantes du NFP
06:38sont bel et bien rassemblées derrière cette motion
06:41et parlent d'une seule et même voix.
06:43Mais attention, avec cette stratégie,
06:45la gauche court deux risques.
06:47A force de ne pas tomber, le gouvernement
06:49pourrait bien se renforcer.
06:51Et puis, si un jour il tombe,
06:53ce sera grâce aux voix du RN.
06:55Et là, la gauche pourra s'époumonner,
06:57crier sa victoire.
06:59Celui qui repartira avec la tête du gouvernement
07:01dans sa main, ce sera le Rassemblement national,
07:03qui ne manquera pas de s'en vanter.
07:05Merci, merci beaucoup pour ce papier très complet,
07:08Valérie Brochard, Pascal Perrineau.
07:10C'est vrai qu'il y a un peu de théâtre parlementaire
07:12et il y a très peu de suspense,
07:14mais quand même, c'est symbolique.
07:16C'est la gauche qui dépose cette première motion de censure
07:19et qui explique que le nouveau Premier ministre est illégitime.
07:22On est à peu près trois mois après les élections législatives anticipées.
07:25Elle est attendue par son électorat,
07:27dans ce jeu-là.
07:29Elle est dans son rôle ?
07:31Écoutez, oui, elle est dans son rôle.
07:33Une opposition s'oppose.
07:35Et la motion de censure,
07:37c'est un moyen mis en oeuvre
07:39par toute opposition.
07:41Il y a eu, sous la Ve République,
07:43c'était la 65e motion de censure.
07:46Il y en a une qui a réussi,
07:48il y a plus de 60 ans, en 1962.
07:50Donc, voilà,
07:52il n'y avait pas beaucoup de choses à attendre.
07:55Il a fait mouche
07:57avec cette expression
07:59de motion a priori ?
08:01Oui, bien sûr, c'est une motion a priori,
08:03parce que c'est vrai que, jusqu'à maintenant,
08:05on n'a pas vu beaucoup ce gouvernement
08:07à la manoeuvre
08:09et que, d'autre part,
08:11c'est la délivrée de la tribune de l'Assemblée nationale.
08:14Dès le début, bien avant
08:16que l'on pense à telle ou telle tête
08:18pour occuper Matignon,
08:20les socialistes avaient dit à Michel Barrier,
08:22de toute façon,
08:24on votera toujours contre vous.
08:26Donc, il n'y a strictement
08:28aucune surprise.
08:30Je ne crois pas qu'il va y avoir des effets,
08:32mais vous me le direz mieux que moi,
08:34des effets majeurs
08:36en termes d'opinion.
08:38C'est un théâtre politique
08:40qui se passe largement
08:42en dehors des préoccupations
08:44des électeurs.
08:46Les électeurs, quand vous regardez les enquêtes,
08:48ils sont rassurés
08:50qu'il y ait enfin
08:52un gouvernement.
08:54D'autre part,
08:56l'occupant principal à Matignon,
08:58à savoir Michel Barrier,
09:00est plutôt bien reçu.
09:02Le côté qui fait peut-être
09:04sourire certains
09:06flegmatiques,
09:08comme l'homme de 73 ans.
09:10Vous voyez, ça rassure.
09:12On se dit que c'est un homme qui a du métier.
09:14On l'a vu cet après-midi à La Tribune.
09:16Il a du métier.
09:18Il ne perd pas son calme.
09:20Frédéric Michaud, les Français.
09:22Déjà, l'électorat de gauche,
09:24on aurait pu s'imaginer qu'il y ait
09:26des mouvements d'ampleur dans la rue.
09:28Après tout, c'est vrai,
09:30le NFP est arrivé en tête de ses législatives
09:32et ses électeurs peuvent être déçus
09:34du choix d'Emmanuel Macron.
09:36Ca veut dire quoi ? Ca veut dire que ce procès
09:38en illégitimité, les électeurs
09:40de gauche n'y sont pas sensibles.
09:42Au fond, maintenant, les Français
09:44attendent de voir les premiers résultats,
09:46si ce gouvernement peut tenir ?
09:48C'est vrai que la question
09:50de la légitimité politique de Michel Barnier,
09:52elle a été posée
09:54dès sa nomination,
09:56qui a suscité beaucoup de crispations.
09:58On a même
10:00trois quarts des Français qui n'ont pas compris
10:02la décision de nommer
10:04Michel Barnier, décision présidentielle
10:06de choisir Michel Barnier.
10:08Ca va bien au-delà de la gauche ?
10:10Ca va au-delà de la gauche et il y a une sorte
10:12d'incompréhension parce qu'il y a le sentiment
10:14que c'est un subterfuge
10:16qu'a trouvé Emmanuel Macron pour se maintenir
10:18au pouvoir sous une autre forme.
10:20Je dirais que ça,
10:22c'était très présent dans l'opinion
10:24au moment de la nomination.
10:26Donc, il y a un petit mois.
10:28Ensuite, il y a eu la constitution d'un gouvernement
10:30qui a permis à Michel Barnier
10:32de franchir une première étape.
10:34Beaucoup pensaient que ça allait être impossible
10:36ou très complexe
10:38de former ce gouvernement.
10:40Et puis, il y a eu une deuxième étape avec le discours
10:42de politique générale qui, lui, a été
10:44très bien reçu par l'opinion,
10:46qui a permis au Premier ministre
10:48de faire un bond de popularité
10:50très fort.
10:52Spectaculaire, même,
10:54pour quelqu'un que les Français découvrent ou redécouvrent.
10:56J'ai regardé,
10:58il est même la personnalité préférée, c'est ça ?
11:00Oui.
11:02Et d'imprimer une image
11:04qui, jusqu'alors, était encore
11:06en constitution.
11:08Ce qui est d'ailleurs très surprenant,
11:10étant donné sa longévité
11:12et son expérience.
11:14Cette image, on pourra y revenir,
11:16elle s'articule d'abord
11:18autour de l'expérience.
11:20Expérience au niveau local,
11:22au niveau national,
11:24ministériel, gouvernemental,
11:26et au niveau européen.
11:28C'est quelque chose de très rassurant.
11:30Expérience par contraste avec son prédécesseur.
11:32Avec ses prédécesseurs.
11:34Et il y a quelque chose, dans la période actuelle,
11:36qui est très instable,
11:38qui est très rassurant.
11:40Cette expérience-là,
11:42elle renvoie les Français
11:44à l'avant-macronisme,
11:46donc à un jeu politique
11:50très connu, très classique,
11:52d'une certaine manière,
11:54qui rassure beaucoup l'opinion publique.
11:56Est-ce qu'on est dans un grand classique
11:58de l'histoire parlementaire,
12:00une censure a priori,
12:02qui a même été déposée, annoncée
12:04comme allant être déposée
12:06avant même le discours de politique générale ?
12:08Ce n'est pas une nouveauté, ça ?
12:10Il y a deux points qui me semblent être importants.
12:12La première, c'est qu'en effet,
12:14on est dans quelque chose de très classique.
12:16On l'a dit, au vu des statistiques,
12:18la motion de censure est finalement conçue
12:20dans la Ve République comme un élément
12:22de structuration des groupes,
12:24comme un moment oratoire,
12:26mais pas vraiment comme un moment de suspense
12:28quant au renversement.
12:30Pour moi, cette motion de censure
12:32arrive soit trop tôt, soit trop tard.
12:34Elle arrive trop tard dans le sens
12:36où cette opposition du NFP,
12:38on a passé tout l'été à l'entendre
12:40avec un procès en illégitimité
12:42qui s'est soldé par une destitution,
12:44par des manifestations au mois d'août
12:46et au début du mois de septembre.
12:48On a déjà entendu ce procès-là.
12:50Juste pour comprendre,
12:52est-ce qu'il aurait pu constitutionnellement
12:54être déposé avant même le discours de politique générale
12:56et défendu avant même qu'il n'ait proposé quoi que ce soit ?
12:58Au fond, quand je dis trop tard,
13:00c'est plus par rapport au discours,
13:02mais constitutionnellement, oui,
13:04on aurait pu tout à fait solliciter
13:06une session extraordinaire sur cet ordre de jour,
13:08bien qu'Emmanuel Macron
13:10aurait peut-être signé avec difficulté sa convocation.
13:12Mais en tout cas, ça aurait été constitutionnellement possible.
13:14C'est plus en termes de discours,
13:16d'opposition que je pense que cet argument
13:18est un petit peu défraîchi.
13:20Je ne pense pas qu'il arriverait trop tôt
13:22par rapport à la structuration,
13:24justement, comme on l'a dit, sous la Ve République,
13:26mais même auparavant, en IVe, IIIe République,
13:28les motions de censure servaient à se compter,
13:30en quelque sorte.
13:32Et là, on voit qu'il y a encore une unité de façade
13:34du groupe de gauche.
13:36Mais dans quelques mois,
13:38quand on aura vécu un budget,
13:40quand sera-t-il du groupe Lyot
13:42qui se prétend être justement du sérieux budgétaire ?
13:44Est-ce qu'on sera encore dans cette structuration à gauche ?
13:46Est-ce qu'au contraire, il y aura des premières désunions ?
13:48On aura à sonder, finalement,
13:50les premières étapes de ce gouvernement
13:52et ses premiers pas.
13:54Elle arrive trop tôt parce qu'elle ne sert pas vraiment
13:56à savoir qui fait partie
13:58de l'opposition ou de la majorité,
14:00parce qu'on n'a pas encore joué le jeu.
14:02On est sur la ligne de départ.
14:04Adrien Brachet, vous avez suivi tout ce discours.
14:06D'abord, vous avez même regardé dans le détail les votes.
14:08Le NFP a fait le plein.
14:10Il n'y a pas une voix de gauche qui manque
14:12pour voter cette censure, sauf peut-être une.
14:14Oui, un député de Nouvelle-Calédonie
14:16qui avait annoncé,
14:18suite au discours de politique générale
14:20de Michel Barnier,
14:22qu'il ne serait pas
14:24parmi les signataires
14:26de cette motion de censure,
14:28étant donné les quelques gages...
14:30C'est Mathieu Chibahou.
14:32Voilà, exactement, étant donné les quelques gages
14:34qu'a donné Michel Barnier
14:36au cours de son discours de politique générale.
14:38Mais ça reste anecdotique.
14:40Et ce petit groupe de Lyott,
14:42dont on ne sait pas s'il est au centre-droite,
14:44ou à la gauche des macronistes,
14:46ou à sa droite, parfois, on s'y perd.
14:48Comment a-t-il voté ?
14:50A priori, il y a eu...
14:52Pas en majorité du groupe,
14:54mais il y a dû avoir quelques voix.
14:56D'ailleurs, cela avait été annoncé par le groupe
14:58au moment de son discours d'explication.
15:00Il y a dû avoir quelques voix du groupe Lyott
15:02pour la censure.
15:04Sachant que ce n'est pas très surprenant,
15:06puisque le groupe Lyott est un groupe,
15:08comme son nom l'indique,
15:10qui est basé sur la liberté de vote
15:12et qui est très hétérogène.
15:14C'est un groupe qui nous a habitués
15:16à avoir des postures un peu différentes
15:18d'un député à l'autre.
15:20Vous, qui avez suivi les discours,
15:22avant de parler de la perception des Français,
15:24qu'en retenez-vous ?
15:26Je rejoins tout ce qui a été dit.
15:28On était dans une séance de psychologie collective
15:30de chacun des groupes,
15:32après un été chaotique.
15:34Chaque groupe avait besoin
15:36de rappeler sa posture.
15:38Tout était très attendu.
15:40La gauche, d'un côté, avait besoin,
15:42arithmétiquement, de montrer qu'au fond,
15:44ce gouvernement ne tenait que grâce
15:46au RN et qu'elle était, entre guillemets,
15:48le premier opposant.
15:50Le RN avait besoin de montrer
15:52qu'au fond, ils ne le censuraient pas tout de suite,
15:54mais qu'ils étaient les arbitres
15:56de ce gouvernement.
15:58Il y avait, dans leur expression,
16:00une forme d'arrogance, en disant
16:02à Michel Barnier,
16:04qu'il suffisait qu'on dise quelque chose
16:06pour que vous vous exécutiez.
16:08Le bloc central, qui est très fragilisé,
16:10le bloc macroniste, notamment,
16:12qui essayait de montrer
16:14que malgré notre défaite,
16:16la coalition, entre guillemets,
16:18que nous avons constituée avec les Républicains,
16:20c'est au fond...
16:22La continuité de ce qu'on avait fait avant.
16:24C'est surtout le groupe le plus grand,
16:26l'espace le plus gros
16:28qui puisse se constituer au sein de cette Assemblée.
16:30Ils restent quand même très fragiles, eux aussi.
16:32Chacun était dans ses postures.
16:34On était dans du théâtre.
16:36C'est l'idée fragile de Michel Barnier.
16:38Qu'en pensent-ils, les Français ?
16:40Reportage dans le 13e arrondissement de Paris.
16:42Hélène Bonduelle avec Marion Devauchelle.
16:44Je vous fais réagir juste après.
16:52Un mois tout juste que le Premier ministre
16:54Michel Barnier a pris ses fonctions,
16:56et un style qui imprime déjà pour certains.
17:02Je peux dire quelques mots, là ?
17:06Écoutez, il a beaucoup d'humour.
17:08Beaucoup d'humour.
17:10Qu'il a employé à bon escient.
17:12C'est un homme pondéré.
17:14C'est un homme qui écoute.
17:16Je pense qu'il fera pour le mieux.
17:18Dans la limite de ses moyens.
17:20À condition aussi qu'il soit un peu plus soutenu
17:22peut-être par son propre camp.
17:24Quoi, le pauvre ?
17:26Il a été envoyé au casse-pipe.
17:30Il n'a pas la tâche facile.
17:32Voilà.
17:34C'est fait exprès, je pense.
17:36Pourquoi ?
17:38Comme ça, on va dire que c'est de sa faute.
17:42Comme ça, les gens vont re-voter pour Macron.
17:44Mais tant sur sa politique
17:46que sur les questions de société,
17:48le Premier ministre ne convainc pas.
17:50Nous conduirons à demander
17:52une participation au redressement collectif
17:54aux grandes et aux très grandes entreprises
17:56qui réalisent des profits importants.
17:58On n'y croit pas.
18:00Parce qu'il y aura toujours
18:02des augmentations ailleurs, camouflées.
18:04Il arrive avec une réputation
18:06qui ne me plaît pas forcément
18:08sur certains sujets.
18:10Par exemple, l'homosexualité,
18:12le mariage pour tous,
18:14des sujets de société qui sont
18:16des sujets importants.
18:18Ce qui m'intéresse, c'est ce qu'il fait.
18:20Il commence à montrer qu'effectivement,
18:22c'est un gouvernement de droite
18:24avec le soutien de l'extrême droite.
18:28Frédéric Michaud, est-ce qu'il peut
18:30s'appuyer sur l'opinion pour essayer
18:32de convaincre les députés ?
18:34Est-ce que le soutien dont on commence
18:36à parler des Français,
18:38on va voir ce qui va se passer sur le budget,
18:40ça peut dégringoler une cote de popularité,
18:42peut être un bon levier
18:44dans cette assemblée si divisée ?
18:46Je dirais même que non seulement
18:48il peut, mais il doit
18:50s'appuyer sur l'opinion publique.
18:52C'est plus
18:54qu'une bouée de survie
18:56pour lui.
18:58C'est vraiment quelque chose qui peut lui permettre
19:00d'abord de se maintenir en pouvoir,
19:02mais aussi de tenter d'appliquer
19:04son programme. Quand on a l'appui
19:06de l'opinion publique,
19:08on a quand même une force
19:10qui permet d'accomplir
19:12beaucoup de choses. Dans l'image de Michel Barnier,
19:14on parlait tout à l'heure de son expérience,
19:16il y a cette dimension de compétence
19:18qui est très forte,
19:20le côté habile négociateur,
19:22évidemment tiré de son expérience
19:24lors du Brexit.
19:26Il y a également l'idée que c'est un homme
19:28qui fait preuve d'une ouverture d'esprit,
19:30absence de sectarisme,
19:32volonté de dialoguer
19:34avec tous les groupes.
19:36Et puis, troisièmement,
19:38et ça ressort beaucoup dans toutes nos enquêtes,
19:40l'opinion publique,
19:42lui, c'est gré
19:44de diriger
19:46le gouvernement dans une
19:48situation qui est
19:50inextricable, avec des défis
19:52colossaux,
19:54et lui,
19:56s'attelle à la tâche, tente de réformer
19:58le pays pour trouver une voie,
20:00une issue
20:02à ces problèmes
20:04qui sont considérables.
20:06Il le répète, il n'a pas
20:08d'ambition présidentielle. On peut le croire là-dessus ?
20:10Il dit, moi,
20:12j'ai rien à perdre.
20:14Au fond, je suis là pour servir
20:16l'intérêt général.
20:18Si le jeunisme ambiant perdure,
20:20son avenir
20:22présidentiel est tout de même
20:24extrêmement étroit. Si, en revanche,
20:26à l'occasion de cette
20:28crise, on s'aperçoit
20:30que le calme des vieilles troupes
20:32est utile,
20:34que le retour
20:36à une certaine politique d'avant
20:40trouve toute sa place,
20:42à ce moment-là,
20:44Michel Barnier
20:46sera dans un désert,
20:48parce que la droite classique,
20:50aujourd'hui, c'est un désert.
20:52Même ceux qui voudraient porter
20:54les intérêts présidentiels de la droite classique
20:56y sont crédités de 4 à 5 %
20:58d'attention de vote. Il faudra bien
21:00que cette droite classique trouve
21:02quelqu'un qui est capable de redépasser
21:04la barre des 10 % qui
21:06semble à un horizon extrêmement lointain
21:08pour cette force politique.
21:10Donc, l'appétit
21:12peut venir en mangeant.
21:14Je crois qu'il y a,
21:16dans les enquêtes,
21:18des attitudes qui bougent
21:20beaucoup par rapport à la politique.
21:22Les Français sont rentrés un petit peu,
21:24un moment, dans les deux droites et deux gauches,
21:26une politique nouvelle,
21:28etc., et maintenant, ils en reviennent.
21:30Ils en reviennent et ils reviennent
21:32à des fondamentaux.
21:34On parle de cette force tranquille.
21:36Lui-même avait cité ce week-end
21:38dans la tribune dimanche ce grand slogan
21:40qu'on connaît bien de François Mitterrand.
21:42Il n'empêche qu'il peut se montrer assez cassant.
21:44En témoigne ce qui nous parvient
21:46de la réunion du groupe
21:48Ensemble pour la République.
21:50Elle s'est tenue ce matin.
21:52C'était la première fois, Stéphanie Despierres,
21:54que Michel Barnier rendait visite à ses alliés
21:56macronistes. Racontez-nous les coulisses.
21:58Que s'est-il passé ?
22:00C'était une réunion, initialement,
22:02pour dissiper les malentendus
22:04qui s'est terminée par un nouveau malentendu,
22:06décidément. Les relations entre
22:08Michel Barnier et le groupe Ensemble pour la République
22:10ne sont pas simples.
22:12Il avait pourtant bien commencé ce matin
22:14avec une sorte de mea culpa du Premier ministre.
22:16Je souhaite une fluidité
22:18et une proximité avec vous,
22:20lançait-il aux députés macronistes.
22:22Gabriel Attal, en réponse, lui explique
22:24que nous souhaitons la réussite du pays
22:26et donc votre réussite.
22:28Ensuite, ça a déraillé.
22:30Les députés ont posé une vingtaine de questions,
22:32notamment sur le budget.
22:34C'est Léonore Carroix, députée des Français de l'étranger,
22:36qui remercie le Premier ministre
22:38de venir enfin devant
22:40le groupe Ensemble.
22:42Enfin, c'est le mot qui est de trop
22:44pour Michel Barnier, qui s'énerve
22:46et réplique de façon trop véhémente
22:48selon de nombreux participants
22:50qui ont été surpris par le ton
22:52du Premier ministre. Il insiste
22:54et il vise aussi un autre député
22:56à qui il reproche de n'avoir fait que des critiques.
22:58Il prend aussi pour cible l'ancien ministre
23:00de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
23:02Michel Barnier lance « il m'est arrivé d'être
23:04minoritaire, mais moins que Gérald Darmanin ».
23:06C'est un peu la stupéfaction
23:08dans la salle. Les députés
23:10Ensemble pour la République ne comprennent pas
23:12pourquoi le Premier ministre est aussi
23:14cassant. Ils expliquent qu'ils ont l'impression qu'en fait
23:16il n'entend pas la critique. Alors,
23:18un peu plus tard, Matignon a essayé de
23:20dédramatiser en disant qu'il s'agissait
23:22d'un échange franc et direct
23:24dans le style du Premier ministre.
23:26Mais ça n'aide pas à mettre de l'huile
23:28dans les rouages, nous confie à la sortie
23:30un député spécialiste des finances publiques
23:32alors que, vous le savez, le groupe
23:34Ensemble pour la République attend de pied ferme
23:36les détails du budget qui sera
23:38proposé par Michel Barnier jeudi.
23:40Merci beaucoup pour toutes ces infos
23:42coulisses, Stéphanie Despierre, depuis la salle
23:44des Quatre Colonnes, Adrien Brachet.
23:46Mais c'est déjà le pugilat,
23:48qu'est-ce qui se passe ? Ce sont des alliés
23:50vraiment ? La faute à qui ?
23:52C'est un faux gentil en fait, Michel Barnier ?
23:54En fait, le courant n'avait pas passé
23:56dès la passation de pouvoir
23:58entre Gabriel Attal et Michel Barnier.
24:00Gabriel Attal s'était lancé dans une très longue
24:02tirade et Michel Barnier avait
24:04fini par dire, mais est-ce que je peux parler ? Est-ce que je peux intervenir ?
24:06Donc, dès le départ, entre les deux,
24:08s'il vous plaît, il y a deux styles, deux générations
24:10de façons de faire de la politique
24:12qui s'affrontent et je pense
24:14qu'il y a une forme d'exaspération
24:16chez Michel Barnier devant tous ses
24:18ambitieux pour 2027, que ce soit
24:20Gabriel Attal, que ce soit Gérald Darmanin,
24:22que ce soit d'ailleurs Marine Le Pen de son côté aussi,
24:24qui essaye en permanence
24:26de se remettre devant de la scène
24:28et c'est ce qui peut expliquer son côté un peu sec.
24:30Et en rigolant, il y avait un macroniste
24:32qui me disait, il y a quelque temps,
24:34que quand il voyait arriver Attal,
24:36Barnier avait l'impression que c'était son stagiaire de 3e
24:38qui venait lui faire la leçon. Donc, il y a un petit peu ça.
24:40On ne peut pas exclure l'idée
24:42qui est une petite forme de mépris,
24:44mais encore une fois,
24:46il peut se permettre ça à quelques moments,
24:48Barnier, mais attention,
24:50il ne peut pas non plus pousser trop loin
24:52l'incendie, parce que
24:54à la fin, il a besoin
24:56du soutien, que ce soit
24:58des macronistes, que ce soit du Modem,
25:00que ce soit d'Horizon, qui se tient un peu plus tranquille
25:02pour l'instant. Donc, d'une certaine
25:04manière, il faut aussi que Michel Barnier
25:06fasse attention dans son attitude
25:08et dans ses réponses un peu acides
25:10à ne pas trop
25:12crisper ceux qui sont ses partenaires
25:14étant donné que, déjà,
25:16le socle sur lequel il s'appuie est relativement faible.
25:18D'accord avec l'analyse, Anne-Charlène Mézias.
25:20Barnier a plus besoin d'un Attal
25:22ou d'un Darmanin que l'inverse.
25:24J'ai surtout le sentiment, en effet, que ça n'est pas neuf.
25:26Il n'y a qu'à lire le communiqué
25:28de presse qui suit la nomination
25:30de Michel Barnier du groupe, justement,
25:32EPR, qui dit qu'on attendra
25:34de voir, et peut-être qu'on
25:36ne le censurera pas, qui est mais inédit
25:38sous la Ve République si ça, c'est un message de soutien
25:40et si le groupe
25:42centriste se perçoit comme étant dans la majorité
25:44de ce Premier ministre, on n'a jamais fait accueil
25:46plus glacial à son
25:48chef. Donc, je ne crois
25:50pas vraiment, d'ailleurs, que ce soit
25:52le Premier ministre qui était
25:54appelé des vœux de ce groupe-là.
25:56Il y a une forme de cohabitation qui se passe
25:58quand même entre
26:00ces groupes-là. Et un autre point,
26:02entre-temps, si les relations avaient pu être
26:04chaleureuses ou, en tout cas, de bonne guerre pendant
26:06le discours de passation, entre-temps, il y a eu le budget.
26:08C'est-à-dire que là, il est question
26:10pour Michel Barnier de récupérer l'équilibre
26:12des finances publiques en 5 semaines
26:14avec des éléments d'austérité
26:16qui vont forcément déplaire à l'opinion
26:18à l'encontre d'un gouvernement qui a préparé
26:20un budget qui est celui
26:22qui l'amène à prendre ses décisions.
26:24Il y a du ressentiment à trouver
26:26de baisse de dépenses. Il y a du mauvais jeu
26:28aussi de la part de cette ancienne
26:30majorité. Donc, quelque part,
26:32les frictions sont dues aussi au réalisme
26:34de l'automne budgétaire qui, souvent,
26:36fait sauter les vernis.
26:37Sur la méthode, Barnier, parce qu'il n'arrête pas
26:39de leur dire, et l'épreuve du feu, la première chose,
26:41c'est le budget. Faites-moi des propositions.
26:43Je dépends de vous,
26:45d'une certaine façon. Est-ce que c'est bien
26:47joué ? D'ailleurs, on y reviendra. Il leur laisse
26:49aussi plus de latitude dans l'initiative
26:51parlementaire, qui est d'ordinaire,
26:53c'est l'article 48 de la Constitution
26:55qui est réservé au gouvernement.
26:57L'ordre du jour, davantage, des propositions
26:59de loi. Donc, qui tient qui ?
27:01Qui est le plus habile dans ce
27:03chemin de crête ?
27:05Je crois que le Premier ministre a bien compris
27:07que le centre de gravité politique
27:09s'est déplacé de l'Elysée
27:11à Matignon et
27:13de Matignon à l'Assemblée nationale.
27:15Maintenant, donc,
27:17l'essentiel, c'est le jeu
27:19politique entre
27:21Matignon et
27:23l'Assemblée nationale. Et il l'a
27:25dit, d'ailleurs, à plusieurs reprises, il n'avance pas
27:27masqué là-dessus, il a dit
27:29en effet qu'il fallait
27:31transformer cette Assemblée nationale
27:33en véritable interlocuteur et
27:35interlocuteur constant. On le verra
27:37éventuellement dans la discussion
27:39du projet de loi de finances sur
27:41les amendements qui seront
27:43retenus par
27:45le gouvernement et
27:47venant, oui,
27:49de la majorité, mais aussi,
27:51pourquoi pas, de l'opposition.
27:53Avec déjà des lignes rouges qu'on voit
27:55de plus en plus fleurir dans chacun.
27:57Un mot sur la méthode, quand même, pour nos
27:59téléspectateurs de LCP. L'article
28:0148 va permettre
28:03d'être relu et qu'est-ce que ça peut
28:05changer dans la vie parlementaire ?
28:07Ce n'est pas complètement une relecture, c'est en réalité une lecture de souplesse.
28:09C'est-à-dire que l'article 48, nouvelle
28:11mouture depuis 2008,
28:13ménage deux semaines pour le gouvernement,
28:15deux semaines pour les Assemblées.
28:17Et Michel Barnier, depuis son discours de politique générale,
28:19a dit qu'il accepterait
28:21de rogner sur ces deux semaines pour
28:23permettre à l'initiative parlementaire
28:25d'aller un petit peu plus loin. C'est tout à fait
28:27permis par la lecture de la Constitution.
28:29En réalité, c'est des priorités possibles
28:31mais pas obligatoires.
28:33Moi, je crois que c'est malin, en effet, en termes de
28:35méthode et que c'est peut-être un petit peu le discours
28:37qui arrive trop tard parce que la majorité
28:39relative depuis 2022 aurait appelé
28:41ce type d'initiative, c'est-à-dire que
28:43quand on est dans un moment aussi fracturé,
28:45il faut lui laisser de la place. C'est intéressant
28:47de voir comment, justement,
28:49les différents groupes un peu fracturés de cette Assemblée
28:51Nouvelle Quatrième République
28:53vont arriver à se saisir autant
28:55des finances publiques que du reste.
28:57Tout ça ne peut avancer qu'à condition que le RN
28:59l'accepte. C'est vraiment
29:01la spécificité.
29:03Elle est fiée la gauche, mais si on
29:05prend la configuration de ce soir, si la motion
29:07est rejetée, c'est parce que le RN ne l'a
29:09pas votée, Frédéric Michaud.
29:11L'assurance-vie de Michel Barnier,
29:13c'est Marine Le Pen. Est-ce qu'on peut le dire
29:15comme ça ? Et ça peut expliquer l'extrême courtoisie
29:17de ces dernières semaines ?
29:19Oui, et d'ailleurs pas uniquement en direction
29:21du RN. C'est sa volonté
29:23de dialoguer
29:25avec tout le monde, peut-être un dialogue ferme
29:27avec une forme d'autorité
29:29à huis clos
29:31et dans les tribunes médiatiques.
29:33Mais effectivement,
29:35le RN détient la clé
29:37de la survie
29:39de ce gouvernement.
29:41Les Français, comment dire,
29:43pas forcément cette position d'arbitre, mais le fait
29:45que ça y est, on parle avec Marine Le Pen,
29:47on écoute ses électeurs, on tient compte
29:49de ses propositions, ils l'attendent ?
29:51On le voit dans les enquêtes ?
29:53C'est plutôt bien perçu, cette absence de sectarisme
29:55et cette volonté de parler à tout le monde.
29:57D'abord parce que c'est la reconnaissance
29:59du suffrage universel.
30:01Il y a des députés,
30:03il faut parler avec le premier groupe
30:05de l'opposition.
30:07Et puis ensuite,
30:09parce qu'à nouveau, ça correspond
30:11à son tempérament, à son style.
30:13Mais cette idée d'une épée
30:15de Damoclès, elle va vraiment être
30:17centrale dans les...
30:19L'épée de Damoclès que tient, évidemment,
30:21le groupe Rassemblement national,
30:23elle va être centrale dans les mois
30:25qui viennent. Moi, je ne suis pas
30:27persuadé, peut-être à l'encontre
30:29de ce qu'on entend beaucoup
30:31et de ce que peuvent dire plusieurs
30:33observateurs, que le RN
30:35se risque
30:37à voter
30:39une censure, pas une censure
30:41symbolique, comme celle qu'on a vue
30:43tout à l'heure, mais une censure avec un vrai
30:45rendement politique, c'est-à-dire
30:47aller jusqu'à prendre un risque
30:49et même exprimer
30:51la volonté de renverser le gouvernement.
30:53Pascal Perrenaud disait tout à l'heure
30:55qu'il n'y a eu qu'une seule motion de censure
30:57sous la Ve République en 1962.
30:59En d'autres termes, c'est un acte
31:01lourd et l'opinion publique ne voit pas
31:03tout ce petit théâtre dont on parlait tout à l'heure.
31:05En revanche, si le gouvernement tombe,
31:07ce qui n'est pas arrivé
31:09depuis plusieurs
31:11décennies, je pense que là,
31:13il pourrait y avoir un effet de sidération
31:15qui se retournerait contre
31:17les auteurs de cette instabilité
31:19gouvernementale.
31:21C'est une arme qui pourrait se retourner en boumbranque.
31:23Vous aurez le mot de la fin, Pascal Perrenaud.
31:25C'est vrai qu'il y a un député
31:27du RN qui a dit,
31:29et c'est Adrien Brachet qui me faisait remarquer tout à l'heure
31:31à la tribune,
31:33c'est nous, grâce à Marine Le Pen
31:35et un petit coup de fil à Michel Barnier,
31:37notamment sur l'indexation des pensions
31:39qui sera reportée des retraites.
31:41En tweet, même, je crois.
31:43Au fond, c'est nous qui gouvernons.
31:45Attention à l'arrogance.
31:47Oui, attention à l'arrogance.
31:49Là, ils bombent beaucoup le torse.
31:51C'est pas le RN qui gouverne,
31:53contrairement à une facilité
31:55d'interprétation qui peut se développer.
31:57Le RN tient une clé,
31:59une clé extrêmement importante.
32:01On a entendu beaucoup,
32:03aujourd'hui, le NFP dire
32:05que la majorité de M. Barnier
32:07dépendait du RN,
32:09mais si
32:11le NFP veut
32:13qu'une motion censure réussisse,
32:15c'est lui qui dépendra du RN.
32:17On sera tous d'accord là-dessus.
32:19Voilà ce qu'on pouvait dire ce soir sur cette première motion.
32:21C'est symbolique de ce nouveau gouvernement
32:23dans cette nouvelle législature.
32:25Merci à vous d'avoir participé
32:27à ce débat.
32:29Et bonsoir, Sandrine Jossot.
32:31Merci d'être mon invitée.
32:33On va parler dans un instant
32:35sur votre combat,
32:37la lutte contre la soumission chimique
32:39dont vous avez été victime.
32:41Aujourd'hui, vous pilotez
32:43une mission gouvernementale,
32:45députée dans le sillage du procès Mazan.
32:47La suite, c'est dans l'invitation
32:49de Maïté Frémont.
32:51Interview juste après.
32:53La parole est à madame
32:55Sandrine Jossot pour le groupe
32:57Démocrate.
32:59Si on vous invite,
33:01c'est parce que cet après-midi,
33:03votre appel pour les victimes
33:05de soumission chimique a été entendu.
33:07Il faut que la honte
33:09change de camp.
33:11Elle le pourra si et seulement si
33:13on comprend enfin
33:15la douleur des victimes
33:17et si on aide.
33:19Le Premier ministre a décidé
33:21de vous nommer à nouveau parlementaire
33:23comme violence faite aux femmes.
33:25Le retour de votre mission
33:27est ovationné par tous les parlementaires.
33:29Sandrine Jossot,
33:31vous êtes députée de Loire-Atlantique
33:33et un soir de novembre dernier,
33:35un sénateur vous drogue
33:37à votre insu.
33:39Une mission gouvernementale vous est alors
33:41confiée pour améliorer la loi
33:43sur ce que vous appelez
33:45un angle mort des violences sexuelles.
33:47C'est en même temps
33:49un empoisonnement
33:51et un crime prémédité.
33:53C'est quand même
33:55je pense
33:57une des formes de violences sexuelles
33:59les plus
34:01je ne sais pas comment vous dire
34:03mais les plus
34:05pernicieuses en vrai.
34:07En quelques jours,
34:09vous recevez des centaines de témoignages.
34:11Elle dit
34:13je n'ai plus que ma robe et mes chaussures,
34:15mes autres affaires sont trempées,
34:17je m'enfuis, ma culotte et mes collants à la main.
34:19C'est un moment aussi angoissant de ma vie.
34:21C'est plein de détails.
34:23Moi,
34:25c'est comme si j'avais levé un voile.
34:27Je me dis
34:29il y a tout ça.
34:31Un voile levé, mais un coup d'arénette
34:33avec la dissolution
34:35de l'Assemblée nationale.
34:37Entre temps, Sandrine Jossot,
34:39vous devenez la marraine de l'association
34:41Mandorpa, fondée
34:43par Caroline Darion,
34:45fille de Gisèle Pellicot.
34:49...
34:55Je suis sûre que ce procès,
34:57ça va faire avancer les choses.
34:59Vous vous rendez compte de tout ce dont on parle ?
35:01Aujourd'hui, Sandrine Jossot,
35:03vous avez six mois pour écrire votre rapport,
35:05mais vos recommandations,
35:07vous les avez déjà
35:09clairement à l'esprit.
35:11Bienvenue sur ce plateau,
35:13Sandrine Jossot. On va parler de vos recommandations
35:15dans un instant,
35:17mais d'abord, ça va faire bientôt un an
35:19que vous avez porté plainte
35:21contre le sénateur Joël Garriot.
35:23Un an s'est déroulé
35:25cette nuit du 14 novembre.
35:27Elle ne s'effracera jamais, cette soirée.
35:29Elle vous poursuit encore, aujourd'hui ?
35:31Oui, elle me poursuit encore,
35:33comme toutes les victimes qui vivent ce genre d'épreuves.
35:35Je suis
35:37toujours en stress post-traumatique.
35:39Je pensais que ça allait passer
35:41au fur et à mesure du temps, mais il faut
35:43des semaines, et même maintenant,
35:45j'ai compris qu'il faut minimum deux ans
35:47pour vraiment
35:49retrouver
35:51toutes ces capacités.
35:53C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
35:55j'ai effectivement
35:57des symptômes d'hypervigilance
35:59qui sont toujours là.
36:01C'est ce qu'il y a de plus gênant.
36:03On est comme
36:05quelque part un peu handicapés
36:07par rapport à ce qu'on a vécu.
36:09Il faut vivre avec.
36:11On n'oublie jamais, je pense.
36:13J'avais l'impression
36:15que mon coeur sortait de mon corps.
36:17C'est ce que vous avez expliqué
36:19après les faits. Vous étiez tétanisée,
36:21chancelante. Comment
36:23vous avez fait pour réussir
36:25à vous enfuir ? Comment vous avez pris
36:27ce taxi pour quitter les lieux
36:29qui vous ont emmené, d'ailleurs, cette nuit
36:31à l'Assemblée nationale ?
36:33D'où vous est venue
36:35cette force-là ?
36:37Cette force, elle est venue,
36:39je pense, à l'intérieur de moi,
36:41d'un animal totem qui est la panthère.
36:43J'ai senti que j'étais
36:45en danger. Je me suis dit
36:47qu'il faut que cet animal en toi
36:49t'aide. Je pensais
36:51à cette panthère noire.
36:53J'ai réussi à
36:55finalement rassembler
36:57les dernières forces qui me restaient
36:59pour m'échapper de ce guet-apens.
37:01Portez plainte, ça allait de soi
37:03pour vous. Je sais qu'au petit matin,
37:05vous avez appelé Yael Brune-Pivet,
37:07la présidente de l'Assemblée.
37:09Le Samy vous a emporté à l'hôpital.
37:11On a découvert un taux d'ecstasie
37:13très élevé dans votre sang.
37:15La plainte, c'est quelque chose de facile à faire ?
37:17C'est difficile,
37:19je pense, pour tout le monde.
37:21Néanmoins, ce que je peux vous dire,
37:23c'est que ce que j'ai ressenti le matin,
37:25c'était bien sûr un épuisement
37:27parce que je n'avais pas dormi de la nuit,
37:29j'étais encore sous les effets de la drogue
37:31et j'étais surtout très en colère
37:33parce que Joël Guerriot,
37:35je le connaissais depuis
37:37plus de dix ans.
37:39Dix ans.
37:41C'était un ami en politique
37:43que je voyais lors
37:45d'inaugurations sur mon territoire
37:47ou à Paris
37:49pour des travaux en lien.
37:51Vous avez cette image de cette poudre blanche
37:53qui tombe dans ce verre de champagne
37:55gravé encore en tête.
37:57Vous dites que la soumission chimique
37:59est la plus pernicieuse
38:01des violences sexuelles.
38:03On vous entendait dans le sujet de Maëté Frémont. Pourquoi ?
38:05Pour plusieurs raisons.
38:07D'une part,
38:09on comprend que
38:11notre agresseur, c'est quelqu'un qu'on connaît.
38:13On a un lien avec
38:15cet agresseur. C'est aussi une des raisons
38:17pour lesquelles les victimes
38:19ont du mal à porter plainte.
38:21Il y a une emprise presque affective
38:23parce que quand c'est un ami,
38:25quand c'est quelqu'un de notre famille,
38:27c'est très compliqué.
38:29C'est aussi une déflagration de parler
38:31parce que je me suis rendue compte
38:33au fur et à mesure du temps,
38:35en écoutant les témoignages des victimes,
38:37que finalement, dans notre pays,
38:39porter plainte,
38:41ça s'apparente
38:43encore
38:45à presque quelque chose
38:47de l'ordre de...
38:49Comme un acte révolutionnaire
38:51parce que derrière, il y a énormément
38:53de conséquences.
38:55Vous avez été confrontée à Joël Guerriot
38:57quasiment le lendemain des faits.
38:59Le lendemain des faits.
39:01Ça a été
39:03très difficile dans le sens où
39:05c'était très récent.
39:07Néanmoins,
39:09je me devais
39:11de le faire parce que
39:13je voulais être aussi en cohérence
39:15par rapport au fait
39:17que je suis une femme politique
39:19et il fallait que je porte
39:21pour les victimes
39:23un message.
39:25J'ai trouvé
39:27la force en moi de le faire,
39:29mais pour les autres.
39:31Ce qui est assez fascinant dans votre histoire,
39:33c'est d'abord que vous décidez
39:35de faire de cette épreuve,
39:37de cette violence que vous avez subie,
39:39une sorte de cas d'étude.
39:41Vous allez lister tout ce qui a dysfonctionné
39:43pour vous. Vous allez recevoir
39:45beaucoup de témoignages.
39:47C'est très répandu, la soumission chimique.
39:49C'est pas que dans les boîtes de nuit.
39:51Vous allez découvrir Gisèle Pellicot
39:53qui va vous voir à la télévision
39:55et vous allez suivre
39:57une bonne partie du procédé
39:59de Mazan et ça devient
40:01le combat de votre vie, en fait,
40:03aujourd'hui, cette lutte
40:05contre la soumission chimique.
40:07C'est surtout un engagement
40:09pour toutes les victimes qui sont
40:11dans l'ombre aujourd'hui
40:13et tout ce qu'elles disent,
40:15toutes les douleurs.
40:17Gisèle Pellicot
40:19dit qu'il faut que la honte
40:21change de camp. Moi, je comprends
40:23également que la honte
40:25pourra changer de camp si et seulement
40:27si on comprend les douleurs
40:29de toutes ces victimes ainsi que
40:31celles qui sont dans l'ombre.
40:33Pour les comprendre,
40:35ces victimes, celles qui n'osent pas
40:37briser le silence, qu'est-ce qu'il faut faire ?
40:39Qu'est-ce qu'il faut faire avant
40:41pour prévenir la soumission
40:43chimique dans le corps médical,
40:45et après, au niveau de la justice
40:47et de la police ? Quelles sont
40:49vos recommandations, Sandrine Josseau ?
40:51La première chose,
40:53c'est déjà recenser les victimes.
40:55Comme vous l'avez dit,
40:57les victimes ne portent pas
40:59toutes plaintes.
41:01On a un chiffre noir.
41:03Justement, par rapport à ça,
41:05ce qui m'intéresse avec la sénatrice
41:07qui m'accompagne pour cette mission,
41:09c'est qu'on travaille pour un recensement
41:11de toutes les victimes, qu'elles portent
41:13plainte ou pas, partout en France.
41:15Il y a des inégalités territoriales.
41:17Moi, ça m'est arrivé à Paris.
41:19Il y avait un hôpital
41:21qui est spécialisé
41:23en toxicologie.
41:25Si ça vous arrive, par exemple,
41:27dans un endroit reculé, vous n'avez pas
41:29cet hôpital qui pourra
41:31être en capacité d'analyser
41:33votre sang.
41:35Il faut former le corps médical
41:37et puis aussi, il faut former
41:39dans les commissariats
41:41toutes les personnes qui accueillent
41:43les victimes et leur expliquer
41:45quels sont les modus operandi
41:47des prédateurs et ce que
41:49ressentent les victimes quand elles
41:51sont droguées à leur insu.
41:53Vous parlez d'un kit qu'on pourrait avoir
41:55avant même d'arriver à l'hôpital ?
41:57Ce qui serait vraiment bien,
41:59et j'y travaille déjà en collaboration
42:01avec l'association Mandorpa,
42:03c'est un kit de détection,
42:05un kit du lendemain.
42:07Partout en France, vous avez des pharmacies
42:09qui sont ouvertes tous les jours.
42:11Il y a toujours une pharmacie de garde.
42:13Là, vous pourriez aller dans une pharmacie
42:15à distance, pouvoir
42:17faire une téléconsultation.
42:19Le médecin écoute vos symptômes,
42:21vous donne donc une ordonnance
42:23pour que vous puissiez avoir ce kit.
42:25Dans ce kit, il pourrait y avoir
42:27le numéro
42:29à contacter pour aller rapidement
42:31se faire prélever du sang,
42:33les bons gestes à avoir,
42:35et puis
42:37tout ce qui est utile
42:39pour détecter
42:41et puis aussi pour être accompagné
42:43tant sur le plan psychologique,
42:45par exemple, avec des relais associatifs,
42:47et aussi sur le plan judiciaire
42:49si la victime
42:51veut porter plainte.
42:53En ce qui concerne la justice,
42:55dont on sait qu'elle prend son temps,
42:57la difficulté, évidemment,
42:59dans le cas des soumissions chimiques,
43:01c'est la question de la preuve.
43:03Il faut porter plainte très vite ?
43:05C'est un contre-la-montre.
43:07L'accessibilité à la preuve
43:09est difficile.
43:11Je pense qu'avec ce kit, on facilitera
43:13les choses. Néanmoins,
43:15il faut aussi que toute la société
43:17fasse bloc. Si la société comprend
43:19mieux ce phénomène,
43:21si on arrive enfin
43:23à faire en sorte que ce soit
43:25terminé l'âge d'or pour les agresseurs,
43:27eh bien, on aura beaucoup avancé.
43:29Et c'est aussi important
43:31aujourd'hui d'être en capacité
43:33de le faire dans un pays
43:35où on a un procès historique,
43:37qui est ce procès qui a lieu
43:39actuellement à Avignon,
43:41qui se doit d'être exemplaire
43:43parce que le monde entier nous regarde.
43:45Dernière question.
43:47Votre agresseur présumé, Joël Guerriaud,
43:49s'est mis en retrait du Sénat,
43:51mais a refusé de démissionner,
43:53alors que Gérard Larcher,
43:55le président de la Haute Assemblée,
43:57lui demandait. Comment vous l'avez vécu ?
43:59Comme beaucoup de Français
44:01qui m'ont questionné à ce sujet,
44:03les Français ne comprennent pas.
44:05En fait, ils voient un sénateur
44:07qui est toujours sénateur,
44:09qui est rémunéré en étant sénateur,
44:11mais qui ne peut plus travailler
44:13parce qu'au Sénat, on lui a prié
44:15de ne pas venir,
44:17et sur le territoire,
44:19il ne peut pas non plus participer
44:21aux travaux en lien avec le territoire.
44:23Finalement, il est en vacances,
44:25et moi, je suis dans une situation
44:27où j'ai été droguée à mon insu
44:29par ce sénateur,
44:31et moi, de mon côté, je travaille.
44:33Il y a une forme d'injustice qui perdure.
44:35Merci beaucoup.
44:37Merci, Sandrine Jossot.
44:39Soyez la bienvenue ici, sur ce plateau,
44:41avec cette mission gouvernementale.
44:43Qui va continuer à travailler
44:45quand vous remettrez votre rapport final ?
44:47Merci à vous.
44:49C'est la question qui fâche pour terminer avec nos chroniques.
45:01Et un tir croisé, ce soir,
45:03avec Antoine Auberdorf.
45:05On l'a vu plusieurs fois sur ce plateau.
45:07On n'est pas mécontent de l'avoir.
45:09Bienvenue à vous.
45:11Vous êtes journaliste à l'Opinion.
45:13Vous êtes un des meilleurs connaisseurs
45:15de la gauche et de tous ses attermoiements.
45:17On est très heureux de retrouver Nathan Demeyre.
45:19Ça me fait plaisir.
45:21Philosophe et écrivain,
45:23et pas moins heureuse d'avoir Marco Pommier
45:25parmi nous, ce soir,
45:27de la rédaction d'LCP.
45:29J'espère que vous êtes prêts, messieurs.
45:31Voici la question qui fâche.
45:33Dans la question qui fâche aujourd'hui,
45:35il est question de drapeaux.
45:37Moi, je recommande qu'à partir du 8,
45:39on mette des drapeaux palestiniens
45:41partout où on peut.
45:43LFI emporte étendard de la cause palestinienne,
45:45bravant l'interdit du ministre
45:47de l'Enseignement supérieur
45:49d'organiser des manifestations
45:51de soutien dans les universités.
45:53Je demande à la jeunesse étudiante
45:55de ne pas accepter
45:57cet interdit.
45:59Une énième provocation
46:01qui met de nouveau à mal
46:03l'unité de la gauche.
46:05Nous n'appellerons pas, nous,
46:07à déployer des drapeaux palestiniens
46:09dans les universités.
46:11Nous n'opposons pas les morts aux morts.
46:13Nous devons être des gens
46:15qui fabriquent de la paix
46:17plutôt qu'être des gens
46:19qui alimentent le conflit.
46:21LFI, un allié gênant,
46:23mais dont Olivier Faure
46:25ne veut toujours pas se passer.
46:27Aujourd'hui, à l'Assemblée,
46:29l'assemblée est en ordre groupé.
46:31Le 7 juillet, c'est le Front populaire
46:33qui est arrivé en tête.
46:35Mais en coulisses, la bataille
46:37de l'émancipation est lancée.
46:39Au PS, les réformistes,
46:41appelant à s'affranchir de LFI,
46:43ont donné l'assaut ces derniers jours.
46:45Nous sommes une équipe
46:47qui sait dire aussi non
46:49à Jean-Luc Mélenchon.
46:51Il faut savoir ce qu'on veut,
46:53ce qu'on est, ce qu'on pense,
46:55ce qu'on propose.
46:57Je pense que sur la ligne
46:59qu'il représente, il aura
47:01en face de lui l'expression
47:03d'une autre ligne. Il faut une nouvelle figure
47:05pour diriger le PS.
47:07Ce soir, la question qui fâche
47:09est la suivante.
47:11La gauche doit-elle cesser d'être complaisante
47:13avec Jean-Luc Mélenchon ?
47:15Une question qui fâche signée de l'excellent Thibaut Hénocq.
47:17Réponse, Antoine Bonamberdoff.
47:19Je dirais que
47:21la question est moins de savoir
47:23si la gauche doit cesser d'être complaisante
47:25avec Jean-Luc Mélenchon que de savoir
47:27comment peut-elle se rendre non-dépendante
47:29à Jean-Luc Mélenchon et la France insoumise.
47:31Elle l'est encore aujourd'hui complètement ?
47:33Elle l'est encore très largement.
47:35Au moins à deux égards.
47:37D'abord, sur le plan électoral.
47:39La mystique de l'union,
47:41sitôt la dissolution tombée,
47:43n'est pas venue pour rien.
47:45C'est précisément parce qu'il y a eu la peur
47:47des socialistes mais aussi des écologistes
47:49d'être tout bonnement emportés par la vague du RN
47:51s'ils ne faisaient pas bloc avec les Insoumis.
47:53Qu'importe s'il fallait
47:55accepter les humiliations de la France insoumise.
47:57Donc ils ont fait ça pour des sièges et uniquement
47:59pour des raisons électorales.
48:01Mais ce qui est intéressant aussi, c'est qu'il y a aussi
48:03un aspect quasi psychologique, peut-on dire.
48:05Ou du moins qui est de l'ordre de la bataille culturelle.
48:07Jean-Luc Mélenchon,
48:09et c'est pour ça que je suis un peu revenu
48:11de la diabolisation à tout prix de Jean-Luc Mélenchon,
48:13il fixe son cap, il dit toujours il va.
48:15Il joue carte sur table.
48:17Sur la question palestinienne, il a cessé
48:19de durcir son discours, de pousser les feux.
48:21De la même manière, sur plein d'autres aspects.
48:23Et en cela, c'est intéressant ce que dit Raphaël Glucksmann.
48:25Quand il dit, au fond, c'est à nous de redéfinir
48:27notre identité. La France insoumise
48:29a fait son travail. Nous, nous ne l'avons
48:31peut-être pas fait et c'est pour ça que
48:33nous nous trouvons en position de supplétif
48:35permanent.
48:36Arrêter d'être en contre, mais savoir qui
48:38on est. Donc peut-être qu'on assiste
48:40à un début de rupture ou pas.
48:42On posera la question, en tout cas au PS.
48:44Nathan Devers, les massacres du 7 octobre
48:46dont on a évidemment commémoré
48:48les victimes, leur mémoire
48:50et la guerre à Gaza aussi.
48:52On crée une fracture très, très profonde
48:54au sein de la gauche. Pour vous,
48:56cette fracture, elle est indépassable ?
48:58Indépassable, je ne sais pas, mais pour l'instant,
49:00indépassée. Ce que je reproche
49:02à Jean-Luc Mélenchon, concrètement,
49:04ce n'est pas le contenu de ses positions.
49:06Ce n'est pas sa critique, aussi vigoureuse
49:08soit-elle, de la politique
49:10israélienne et de la guerre, qui est
49:12actuellement des guerres, qui sont menées par Israël.
49:14C'est quoi, alors ?
49:15Ce n'est même pas son soutien radical
49:17à la cause palestinienne.
49:18Il est allé abrandir les drapeaux palestiniens
49:20dans les universités.
49:21Ce n'est même pas ça. Ce n'est même pas le côté des obéissances civiles
49:23qui a toujours fait partie de l'histoire de la gauche.
49:25Ce que je reproche à Jean-Luc Mélenchon, ça a un nom,
49:27c'est la tartufferie.
49:29Parce qu'il fait croire, ici, que
49:31Jean-Luc Mélenchon se soucie des droits
49:33humains visant, aujourd'hui, les palestiniens
49:35de Gaza. J'aimerais faire
49:37remarquer que, pour les gens qui se battent
49:39du côté des droits de l'homme et du côté des droits
49:41de l'homme au Moyen-Orient, eh bien,
49:43ils ont entendu, ces dernières années,
49:45ces dernières décennies, le silence,
49:47le silence assourdissant de Jean-Luc Mélenchon.
49:49J'aimerais vous rappeler que, pendant
49:51la guerre en Syrie, quand Poutine et Bachar
49:53el-Assad massacraient
49:55des centaines de milliers
49:57de civils syriens, Jean-Luc Mélenchon
49:59déclarait texto que
50:01Poutine faisait le travail en Syrie,
50:03que les guerres, c'était toujours des guerres, et que si des civils mouraient,
50:05on parlait de massacre, on ne parlait pas de victimes
50:07collatérales, c'était des victimes collatérales.
50:09Il employait ce mot. Il y a, objectivement,
50:11un deux poids et deux mesures
50:13sur la question. On pourrait aussi
50:15parler de Taïwan. Jean-Luc Mélenchon a écrit une note de blog.
50:17Donc, il a des indignations
50:19à géométrie variable pour vous,
50:21c'est très clair. Il est, en matière de politique
50:23internationale, extrêmement
50:25complaisant vis-à-vis des tyrans du monde
50:27entier, et comme par hasard,
50:29il feint de soutenir
50:31les droits humains, ce qui n'est absolument pas son sujet,
50:33il faut voir la phrase zéologique qu'il réactive dans
50:35ses discours depuis un an, s'agissant
50:37de Gaza. Ce que je reproche à Jean-Luc Mélenchon
50:39en un mot, c'est de ne pas défendre les Palestiniens,
50:41de faire semblant de les défendre, mais de ne pas les défendre.
50:43Il appréciera,
50:45c'est intéressant. Il n'y a personne
50:47de LFI ou approche de Jean-Luc
50:49Mélenchon, ni même Jean-Luc Mélenchon lui-même, pour vous
50:51répondre. Qu'est-ce qui se passe
50:53au PS ? Parce que vous avez vu la belle exclusivité
50:55de LCP, qui a lancé sa nouvelle
50:57émission politique hier avec François Hollande.
50:59Très clairement, Marco Pommier
51:01veut tourner la page Olivier Faure,
51:03François Hollande. Comment ça
51:05réagit à l'Assemblée ? Déjà, il y a
51:07Olivier Faure qui a réagi, pas plus tard qu'en fin de journée,
51:09aujourd'hui, dans la salle des Quatre Colonnes,
51:11où il a dit « François Hollande divise
51:13là où je rassemble », donc déjà, ça installe
51:15le paysage tout de suite.
51:17Et puis, aujourd'hui, ce matin, qu'est-ce qui s'est passé ?
51:19Il y avait des députés socialistes qui étaient plutôt
51:21en colère contre la déclaration de
51:23François Hollande. Il pestait un peu dans les couloirs
51:25de l'Assemblée, dans les boucles internes aussi.
51:27Et puis, également, en réunion de groupe,
51:29où il y a eu quand même des micro-tensions,
51:31alors sans faire référence directe
51:33à cette déclaration, mais des
51:35micro-tensions quand même. En fait, beaucoup de socialistes
51:37se disent « Là, très clairement,
51:39François Hollande, s'il fait cette déclaration,
51:41ce n'est pas un hasard. Ce n'est pas un hasard
51:43parce qu'il le fait la veille où Olivier Faure doit prendre
51:45la parole dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale
51:47pour la motion censure.
51:49Il fait du sabotage de motion censure.
51:51Exactement, de Michel Barnier. Ce n'est pas un hasard
51:53et surtout, pour eux, François Hollande,
51:55il est en train de se placer pour la suite, pour être
51:57un peu le chef de la bande, on va dire,
51:59des réformistes, prend le leadership de cette bande
52:01des réformistes, et on a cité, on a vu les figures
52:03tout à l'heure dans le reportage, Raphaël Glucksmann,
52:05Carole Delgaye. Mais alors là, les gens qui nous regardent,
52:07ils se disent « Ok, il y a de la posture à tous les étages.
52:09Tout le monde veut se créer une identité politique.
52:11Il y a 2027 qui est très,
52:13très présent dans cette nouvelle
52:15Assemblée où, finalement, tout le monde parie
52:17sur le peu de temps
52:19de survie de Michel Barnier.
52:21Où sont les idées ? Où sont les lignes,
52:23Antoine Oberdorf ? Est-ce qu'un Raphaël Glucksmann,
52:25qui clairement veut sortir
52:27de l'emprise Mélenchon,
52:29à gauche, a des chances de convaincre ? »
52:31Ce qui est sûr, c'est qu'il a
52:33fait le diagnostic d'un état de sclérose
52:35idéologique qui gangrène le
52:37Parti Socialiste depuis un moment.
52:39J'ai eu une phrase lors de mes échanges à La Réole
52:41avec Raphaël Glucksmann ce week-end qui m'a marqué.
52:43Il me dit à un moment donné « Les négociations
52:45du Nouveau Front Populaire, au fond, c'est assez simple.
52:47Manuel Bompard, lieutenant
52:49de Jean-Luc Mélenchon, vient dans la négociation,
52:51pose un programme à 200 millions
52:53d'euros. Les socialistes,
52:55par réflexe de culture de gouvernement, vous disent
52:57100 millions et puis au final, grosso modo, on atterrit à 150.
52:59Mais ça dit quelque chose
53:01du fait que ce sont les insoumis
53:03qui, systématiquement, dictent
53:05le tempo. Des personnalités comme
53:07Raphaël Glucksmann sont restées bloquées
53:09à la déclaration de 20h02
53:11de Jean-Luc Mélenchon. – Est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi ?
53:13Est-ce que c'est une question de force arithmétique ?
53:15Ou est-ce que c'est la puissance des idées,
53:17leur radicalité ? Qu'est-ce qui fait qu'à chaque fois,
53:19les insoumis dictent leur tempo ?
53:21– C'est qu'il y a un moment donné, ils ont fait
53:23quand même le pari d'un travail idéologique très profond.
53:25Le programme de l'avenir en commun existe,
53:27qu'ils ont un institut de formation qui s'appelle
53:29la Boétie, que tout le monde n'a peut-être
53:31pas pris au sérieux, mais qui existe,
53:33et qui fait, comme ça, phosphorer
53:35des idées, et surtout,
53:37ils les injectent dans le débat public. Il faut voir,
53:39par exemple, sur la question du conflit israélo-palestinien,
53:41le Parti socialiste
53:43a systématiquement été
53:45en réaction sous la menace
53:47de Jean-Luc Mélenchon. Quand il a commencé
53:49à parler de génocide,
53:51on mettait en accusation, systématiquement,
53:53le Parti socialiste. De la même manière, sur le concept
53:55d'islamophobie, c'est bien Jean-Luc Mélenchon
53:57qui, depuis 2019, mène
53:59cette bataille culturelle-là. Il l'a gagné,
54:01parce que cette expression est complètement installée
54:03dans l'opinion.
54:05Peut-être qu'il est venu le temps de reprendre
54:07le chemin de la bataille culturelle. D'accord avec ça,
54:09Jean-Luc Mélenchon, les Insoumis, travaillent plus
54:11que toutes les autres forces à gauche,
54:13et cette radicalité qu'ils portent,
54:15ça n'est pas uniquement du gadget,
54:17il y a un fond idéologique
54:19profond derrière. Je suis tout à fait d'accord
54:21avec ça. Je dirais presque
54:23que la France insoumise est le seul mouvement qui travaille.
54:25Sur l'ensemble de l'échiquier politique.
54:27De gauche, en tout cas.
54:29C'est le seul mouvement qui prend au sérieux l'écriture
54:31d'un programme. Il faut voir la manière dont ils ont écrit
54:33l'avenir en commun, depuis pas seulement
54:35la dernière élection présidentielle, mais même la précédente,
54:37en réunissant des intellectuels
54:39de tous bords, en faisant un travail
54:41de fond, en ayant sur chaque sujet,
54:43même des sujets, entre guillemets, secondaires,
54:45la question de l'eau, la question de l'intérêt,
54:47la question de la mer, la question de l'espace, en ayant sur
54:49chaque sujet des idées, on peut les partager
54:51ou ne pas les partager, mais qui sont novatrices,
54:53et en étant, par ailleurs, les seuls
54:55à soulever une question décisive, qui est la question
54:57constitutionnelle. Ca veut dire, en posant clairement
54:59la question d'un éventuel changement
55:01de régime... La 6e République, la révocation
55:03des élus. Ca veut dire que les autres
55:05ne travaillent pas ? Ca veut dire quoi ? Ca veut dire
55:07qu'au Parti Socialiste,
55:09si on ne fait que
55:11regarder le meilleur ennemi,
55:13on restera le supplétif ?
55:15Ca veut dire que le diagnostic, quand même, qu'a posé
55:17Jean-Luc Mélenchon, lorsqu'il est parti
55:19en 2008 du Parti Socialiste, pour
55:21fonder un mouvement qui est devenu la France soumise,
55:23qui est devenu un mouvement charismatique, disons les choses,
55:25un mouvement centré sur sa personne,
55:27mais le diagnostic qu'il avait fait de dire
55:29au Parti Socialiste, des caciques,
55:31des apparatchiks perdent un temps infini,
55:33en réalité, à se regarder le nombril pour savoir
55:35qui triomphera au prochain Congrès
55:37et ce que nous vivons à l'heure actuelle, en réalité,
55:39avec la déclaration de François Hollande sur
55:41votre plateau, il n'avait pas tout à fait tort.
55:43C'est une perte de temps considérable, c'est très énergivorent
55:45que de penser à qui sera le prochain
55:47premier secrétaire du Parti Socialiste, savoir
55:49qui est dans les couloirs, qui va assassiner
55:51ou planter un poignard dans le dos
55:53du premier secrétaire en place.
55:55Et l'incarnation viendra après.
55:57Marco Pommier, c'est vrai que
55:59est-ce que, selon vous,
56:01le Parti Socialiste et même les écologistes
56:03ont compris ça et se sont mis
56:05au travail véritablement
56:07ou, de toute façon, tout le monde se tient
56:09et personne ne peut gagner
56:11sans unité et ça finira toujours
56:13par être la ligne
56:15à suivre ?
56:17C'est sûr que les socialistes
56:19et les écologistes travaillent à l'Assemblée nationale.
56:21Il y a un programme, c'est vrai,
56:23la France Insoumise travaille énormément sur le programme,
56:25vous l'avez dit, mais ils travaillent aussi, on le voit,
56:27à travers des propositions de loi.
56:29Pas de mauvais procès, alors ?
56:31Effectivement, mais après, il est vrai aussi
56:33qu'il y a un enjeu
56:35au niveau des égaux, ça c'est sûr,
56:37dans les différents groupes
56:39et notamment chez les socialistes,
56:41où ça va se jouer dans les prochains mois.
56:43Et après, l'idée, en fait,
56:45et Antoine Auberdoff le disait,
56:47chez les socialistes, ce n'est pas est-ce qu'on a envie
56:49de LFI ou pas, est-ce qu'on veut Jean-Luc Mélenchon
56:51ou pas, c'est comment faire en sorte
56:53que le Parti socialiste puisse avoir
56:55en place de leader dans l'alliance des gauches.
56:57Il nous reste moins d'une minute, vous avez
56:5910 secondes chacun.
57:01Est-ce que la gauche se passera de Jean-Luc Mélenchon ?
57:03Oui ou non ?
57:05En 10 secondes, la gauche ne se passera pas
57:07de la question
57:09que pose Jean-Luc Mélenchon, qui est le fait
57:11que la gauche du Parti socialiste,
57:13quand elle arrive au pouvoir, mène toujours
57:15sur la question économique et sur la question sociale
57:17une politique qui est indissociable
57:19de la droite. Et Jean-Luc Mélenchon est le seul
57:21à avoir posé cette question et je pense que c'est
57:23la raison profonde de son succès.
57:25Donc il faut qu'il se trouve une identité propre.
57:27Le dilemme qui est posé à la gauche, c'est de savoir
57:29si aujourd'hui, compte tenu
57:31de la photographie électorale et sondagière
57:33que nous avons, Jean-Luc Mélenchon,
57:35quand bien même il l'accédérait au second tour,
57:37n'est pas un passeport vers le pouvoir
57:39pour Marine Le Pen. Et ça, c'est une donnée électorale
57:41qui est absolument nouvelle et qui nous fait dire
57:43que la diabolisation que subit Jean-Luc Mélenchon
57:45ou en tout cas qui le concerne
57:47depuis 7 octobre dernier est d'une
57:49toute autre nature que ce que nous avons connu par le passé.
57:51Merci, ça mériterait
57:53une nouvelle question qui fasse. Je reviendrai,
57:55je l'espère. Merci à tous les trois.
57:57On est un peu en retard, mille excuses.
57:59A demain, même lieu, même heure.
58:01Soirée documentaire tout de suite. Jean-Pierre Gratien.
58:11Sous-titrage Société Radio-Canada