Un mois de pluie en une journée est attendu ce mercredi 8 octobre des Pays de la Loire aux Ardennes en passant par la région parisienne. L'Hexagone va être balayé par la dépression Kirk et Météo-France appelle à la plus grande vigilance dans 30 départements. D'après Gaël Musquet, spécialiste de la prévention des catastrophes naturelles, cette perturbation est causée par le réchauffement de l'océan Atlantique.
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00:00Regardez la trajectoire de cette dépression Kerk, qui était donc un ouragan auparavant au-dessus de l'Atlantique,
00:06et qui est arrivée en France cette nuit par la côte Atlantique. Marc, où se trouve en ce moment la dépression ?
00:14En fait, cet ouragan est parti du Cap-Vert. Il a circulé à travers l'Atlantique dans des eaux relativement chaudes dans un premier temps.
00:22Il est monté en catégorie 4, donc c'est un ouragan majeur.
00:25Et puis, en rencontrant des eaux plus froides, il a entamé ce qu'on appelle une phase extra-tropicale.
00:30Donc, c'est devenu une simple dépression, mais une dépression quand même assez creuse.
00:33Et surtout, c'est un ex-ouragan qui a eu le temps de se charger en humidité et qui va déverser des pluies que Météo-France considère comme phénoménales,
00:42notamment entre les Pays de la Loire et l'Île-de-France, puisqu'il pourrait tomber entre 60 et 80, voire très localement, 100 litres d'eau mètre carré,
00:49ce qui représente plus d'un mois de pluie en l'espace de 24 heures.
00:52On va revenir sur tout ça, mais Cédric Fech, le reporter de première édition, est dans le département de la Vendée
00:57où l'on ressent déjà les prémisses de l'arrivée de la tempête.
01:02Et ce n'est pas négligeable, Cédric.
01:07Non, parce qu'en fait, vous savez que depuis l'hiver dernier, les terres sont gorgées d'eau.
01:11Et là, je vous montre, ça n'a l'air de rien ce fossé, mais on dirait un petit torrent qui circule dans le fossé.
01:17C'est absolument anormal, ça, en cette saison de l'année.
01:20On est en fin d'été, en réalité, au tout début de l'automne.
01:22Oui, on est en début d'automne et là, on a une situation de mois de janvier-février où on a des précipitations énormes.
01:28On a eu 40 mm la nuit dernière et on attend 50 mm dans la journée.
01:32Donc, c'est catastrophique.
01:34Ça veut dire que vous, depuis l'hiver dernier, vous n'arrivez pas à aller dans les champs depuis octobre-novembre l'an dernier pour aller planter.
01:40Et quand vous plantez, vous plantez trop tard et vous ne pouvez pas récolter, c'est ça ?
01:43Alors, c'est vraiment le sort qui s'acharne.
01:45Depuis le mois d'octobre, presque un an, on a eu 1500 mm.
01:48On a eu un automne très pluvieux qui nous a empêché de pouvoir semer des céréales.
01:51On a fait des cultures de printemps, mais avec un printemps humide qu'on a semé très tardivement.
01:55Et aujourd'hui, on a de la pluie très précocement et qui nous empêche de faire nos récoltes dans des bonnes conditions.
01:59Et donc, vous voyez l'état des champs qui sont gorgés d'eau.
02:02Et en fait, les agriculteurs et un peu tout le monde, les habitants, sont un peu inquiets
02:05parce que le cumul d'eau de la journée est énorme, ce qui va arriver.
02:09Et donc, le pire est peut-être à venir dans les 24 heures d'ici demain matin.
02:14Ce que l'on voit, Gaël Musquet, en fait, c'est l'une des premières conséquences de l'arrivée de cette tempête
02:18parce qu'il y a en fait, en quelque sorte, une double peine.
02:20Il y a déjà eu beaucoup, beaucoup de pluie au début de l'été,
02:23beaucoup, beaucoup de pluie au mois de septembre et au mois d'octobre.
02:25Et les cultures sont directement touchées, impactées.
02:28Exactement, on parle vraiment de calamité.
02:30C'est que là, on a au cœur de l'activité agricole, là, sur près d'un an,
02:33comme le rappelle cet agriculteur, une activité agricole qu'on ne peut pas faire normalement.
02:37On ne peut pas planter, on ne peut pas travailler la terre, on ne peut pas mettre d'intrants.
02:40Les engrais, les pesticides, les produits phytosanitaires pour accompagner les plantes.
02:44Et cette calamité-là, elle entraîne des ravageurs,
02:47donc des animaux et des champignons qui vont en plus impacter ce qui a été planté.
02:52Donc là, c'est une double peine. On passe d'un extrême à l'autre, là.
02:55On passe, il y a deux ans, à une sécheresse et d'un phréatique très basse,
02:59à aujourd'hui, trop d'eau.
03:01Et c'est un peu ce que l'on rappelle régulièrement en matière de prévention liée aux éléments climatiques,
03:05c'est qu'il va falloir malheureusement s'adapter à ces extrêmes.
03:08Mais là, la tempête, elle va passer sur une zone où on cultive beaucoup de maïs et de tournesol.
03:12Le maïs d'ensilage, c'est en ce moment la récolte.
03:15Qu'est-ce qui va se passer pour les agriculteurs qui n'ont pas eu le temps de faire le maïs depuis deux semaines ?
03:19Là, on a plusieurs types de pertes.
03:21On a des pertes qui vont être liées au fait de ne pas pouvoir faire rentrer les engins parce qu'ils vont s'emborber.
03:25On va avoir des pertes qui vont être liées au fait que cette eau, elle va entraîner des moisissures
03:30et donc la récolte risque d'être perdue totalement ou partiellement.
03:34Et derrière, c'est des capitaux.
03:36C'est de l'argent dont ces agriculteurs ont besoin derrière
03:39et qui n'ont pas réussi forcément à lever du fruit de leur labeur, du fruit de leur semis.
03:45Derrière, c'est des capitaux qu'ils n'auront pas pour pouvoir demain travailler leur terre et travailler leur champ.
03:51Et ce, avant même le passage de la tempête.
03:54Il y a un élément très important que tu évoquais, Marc, il y a quelques instants,
03:57c'est la chaleur de la mer, de l'océan en l'occurrence.
04:00Parce que c'est là qu'il acquiert sa puissance, en fait, l'ouragan et donc la tempête.
04:07C'est là où, en effet, il puise toute son énergie.
04:09Donc toute cette eau, à un moment donné, toute cette vapeur d'eau.
04:11Il fait le plein en eau.
04:12Il fait le plein en eau et cette eau, à un moment donné, elle doit retomber.
04:15En fait, 60, 80, 100 litres d'eau mètre carré, si on était dans un épisode Sevnol ou en Méditerranée,
04:19on se dirait, bon, c'est plutôt habituel à cette période de l'année.
04:23Là, on parle quand même d'une rivière atmosphérique qui arrive de l'Atlantique.
04:27Mais 60, 80, 100 litres d'eau mètre carré sur les Pays de la Loire, ça n'est clairement pas habituel.
04:31Lorsque ça s'est produit en octobre 2021 à Nantes, où on avait basculé en vigilance rouge,
04:35on parlait d'une durée de retour d'événement.
04:37C'est-à-dire, tous les temps d'année, l'événement peut se produire.
04:41Tous les 50 à 100 ans.
04:42C'était en 2001 et en 2011, en 2021, pardon.
04:45Et donc, quatre ans plus tard, ça se reproduit.
04:48Et donc, 100 litres d'eau mètre carré, en effet, ça mérite une vigilance rouge.
04:52On est déjà à 40 et le plus d'eau est à venir.
04:54Pour qui la vigilance rouge ?
04:56Pour qui la vigilance rouge ?
04:58Potentielle, parce qu'on n'y est pas encore.
04:59Potentielle.
05:00Ça peut être la Loire-Atlantique, la Vendée, le Maine-et-Loire, les deux Sèvres.
05:06Parce que là, on prévoit, en effet, tous les modèles convergent.
05:09Je regarde tous mes collègues de Météo France.
05:11Tous les modèles convergent vers des pluies qui s'annoncent, en effet, exceptionnelles.
05:13Mais il y a un seuil de déclenchement de l'alerte rouge.
05:15Oui, il y a un seuil de déclenchement.
05:17Par exemple, à Paris, c'est 80 litres d'eau mètre carré en 24 heures.
05:20Certains modèles voient, en effet, ce seuil atteint, voire dépassé.
05:24Donc, en fait, tout est possible.
05:25En fait, tout va dépendre de la trajectoire exacte de la dépression.
05:29Parce que les pluies qui l'accompagnent s'annoncent localement très soutenues.
05:33Question à un téléspectateur de première édition avec Antoine Fernandez à la rédaction.
05:38Oui, une question de Sylvain.
05:40Sylvain qui habite Porny, qui est donc la Loire-Atlantique.
05:42Et donc, il est directement concerné par ces vigilances.
05:44Il a déjà entendu Marc parler d'une éventuelle vigilance rouge.
05:48Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ?
05:49Qu'est-ce que ça implique ? Il nous demande.
05:51Concrètement, ça veut dire que les pluies s'annoncent très soutenues, exceptionnelles.
05:56Alors, dans les conseils de Météo France, c'est rester chez vous.
06:00N'allez pas chercher vos enfants à l'école.
06:02Évitez de vous déplacer.
06:03Si ils y sont, il va falloir aller les chercher.
06:05C'est un problème.
06:06Si j'ai un conseil à vous donner entre les Pays de la Loire et l'Île-de-France aujourd'hui,
06:09c'est de partir du travail avant la fin de journée.
06:13Mais en tout cas, ces pluies aussi, on l'a vu là, les sols sont complètement saturés en eau.
06:19En gros, il faut rentrer avant 15h, c'est ça ?
06:21Ce qui va se passer, ce sont des crues qui s'annoncent très importantes sur cet axe entre les Pays de la Loire et l'Île-de-France.
06:26Est-ce qu'on a une chronologie précise de la progression de la tempête Kerk ?
06:31Elle arrive de toute évidence, on l'a vu avec Cédric sur la Vendée.
06:35Quand sera-t-elle dans le Maine-et-Loire ?
06:37Quand abordera-t-elle l'Île-de-France ?
06:39On sait que le cœur de la dépression actuellement est au large du Portugal et de l'Espagne.
06:43Du coup, elle prend une trajectoire Vendée-Charente-Maritime.
06:47Mais en soi, ce n'est pas le cœur de la dépression qui est intéressant dans ce qui va se passer.
06:51C'est le bandeau nuageux qui l'accompagne et qui est fortement pluvieux.
06:55Les pluies, si on les voit actuellement sur les radars de précipitation,
06:58on voit que les pluies sont déjà très soutenues depuis ce matin dans le centre-ouest,
07:01sur les Pays de la Loire, sur la Bretagne.
07:05Tout ceci se dirige vers l'Île-de-France.
07:07Ces pluies vont se maintenir sur ce même axe toute la journée.
07:10Ce qui explique que les cumuls s'annoncent très importants dans l'espace de 24 heures.
07:13Mais Gaël Musquet, vous qui êtes habitué à ces situations, vous diriez que la vigilance rouge,
07:17il faut la déclencher là, ce matin, pour que les gens sachent qu'il ne faut pas aller au travail à vélo,
07:21par exemple, dans ces zones ?
07:22C'est une décision qui est très difficile, qui est prise par les préfets et les services météorologiques.
07:26C'est toujours très difficile à la fois de travailler sur l'aspect économique,
07:31parce que c'est un impact sur l'activité économique,
07:35et en même temps de ne pas alerter parce qu'on risque d'avoir évidemment des morts, des blessés,
07:40des personnes qui se font emporter à cause de kéravine.
07:43C'est une décision qui est toujours très difficile et qu'on reproche régulièrement, d'ailleurs, aux préfets.
07:47Vous nous avez alertés trop tôt, vous nous avez alertés trop tard.
07:50Et c'est justement là où le citoyen, en termes de prévention, a son rôle à jouer.
07:55Vous connaissez vos territoires, vous devez connaître les documents,
07:59les 10 crimes, les documents d'information commune des risques majeurs,
08:01vos plans familiaux de mise en sûreté, lisez-les, regardez comment vos communes, par le passé,
08:06ont été impactées par ce type d'aléas, et adoptez un comportement qui soit adapté.
08:12Si la route est inondée, vous ne traversez ni à pied, ni en véhicule.
08:16Il suffit de quelques centimètres pour que votre véhicule soit emporté sur un visage rapide.
08:20Ce qui est difficile à comprendre dans ce type d'événement,
08:23c'est parce que ça n'a rien à voir avec ce qui s'est passé, par exemple, à Marseille hier ou à Cannes,
08:27où il tombe 50-60 litres d'eau mètre carré en l'espace d'une heure.
08:30Et là, vous avez des inondations éclaires, du ruissellement,
08:33et les poubelles sont emportées, les voitures sont emportées.
08:35Là, c'est un événement qui va durer 24 heures.
08:37Pendant 24 heures, vous allez avoir des pluies continues, soutenues sur un même axe.
08:41En fait, les conséquences ne sont pas immédiates, elles ne sont pas extrêmement rapides.
08:48Par contre, sur la durée, c'est là où, clairement, ça va poser problème.
08:52Il va y avoir du vent aussi ?
08:53Le vent, oui. C'est déjà le cas sur les crêtes pyrénéennes.
08:56On relève des rafales à plus de 150 km par heure.
08:58Après, ce n'est pas le vent qui nous inquiète le plus.
09:01Même si les sols sont saturés, les arbres sont encore en feuille.
09:05Du coup, avec des rafales à 70-80 km dans les terres,
09:08ça suffit très facilement à faire plier un arbre et à provoquer des pluies.
09:11Gaël Milton, Hélène, Kirk, tout ça en quelques jours.
09:15En quelques jours et au mois d'octobre.
09:17L'ascension cyclonique sur l'océan Atlantique se termine au mois de novembre.
09:21Hier, c'était absolument inédit qu'on ait trois phénomènes cycloniques majeurs sur l'Atlantique.
09:28Mais c'est la conséquence aussi d'un océan qui est très chaud.
09:31Ces phénomènes sont naturels.
09:34Ils ont pour objectif de refroidir l'océan
09:37et de ramener de la chaleur vers les zones qui sont plus au nord.
09:41Ce que fait Kirk en ce moment, c'est nous ramener un peu de douceur.
09:45Malheureusement, ça a un impact sur nos territoires.
09:51Tout l'enjeu aujourd'hui, c'est qu'à l'échelle du citoyen,
09:55à l'échelle de chaque personne, de chaque famille,
09:58on adopte un comportement adapté.