Jean Jouzel

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« Urgence climatique : tous concernés ! Le climat et nous » conférence de Jean Jouzel, paléoclimatologue, co-lauréat du Prix Nobel de la Paix en 2007 avec le GIEC.
Conférence organisée le 3 octobre 2024 dans le cadre du premier « Défi climat » proposé par Quimper Bretagne Occidentale

Docteur en sciences physiques depuis 1974, Jean JOUZEL est une référence dans le domaine de l’écologie. Reconnu pour son rôle au sein du GIEC de l’ONU avec lequel il a reçu le Prix Nobel de la paix en 2007, il publie de nombreux ouvrages en lien avec son sujet de prédilection, notamment pour éviter le chaos climatique et financier en 2017. En tant qu’expert de premier plan, il est souvent invité à prendre la parole lors de conférences, de séminaires et d’événements internationaux sur le climat.

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Transcription
00:00Merci, merci de m'avoir invité, sérieusement, et puis effectivement d'organiser ce défi
00:15climat.
00:16Je crois que l'action est importante, c'est ce que j'essaierai de dire, les collectivités
00:20ont un rôle important chacun d'entre nous, en fait, tout le monde a son rôle à jouer,
00:24le système éducatif, je suis très heureux effectivement de rencontrer les jeunes demain
00:28matin.
00:29C'est tout cela, alors, bien sûr, comment est-ce qu'on essaie de faire adhérer finalement
00:41le plus grand nombre d'une population à des actions qui nous entraînent vers une
00:48véritable transition écologique, parce qu'il n'y a pas que le climat, la biodiversité,
00:52les ressources, voilà, tout est à prendre en compte, c'est vraiment, disons, comment
00:58préparer-t-on les jeunes d'aujourd'hui au monde qu'ils connaîtront demain ? Alors,
01:02moi je le fais, j'aime bien, voilà, une des façons que je le fais, c'est d'abord de redire
01:06les choses par rapport au climat, pourquoi on est là, en fait, bon, je vais surtout
01:10parler de climat, mais je vais aussi parler de solutions, bien sûr, alors, merci Thomas
01:17d'avoir introduit, ah oui, il faut que je me mette, j'ai compris, si je me mets là,
01:21ça sert à rien, ah oui, donc, oui, alors, dans ce qui nous réunit ce soir, je dirais
01:29que ce sont les, le rôle des activités humaines sur notre climat, alors plus généralement
01:35sur notre environnement, mais je vais centrer effectivement sur le climat, donc le titre,
01:40c'est vraiment l'urgence climatique, et en fait, ce dont on va échanger ce soir, ce
01:48n'est pas une nouveauté, disons que le fait que par nos activités, nous modifions
01:54la composition de l'atmosphère, un rôle climatique a été découvert au début du
02:03siècle, mais, disons, pris au sérieux dans les années 70, en fait, d'abord par des modélisateurs
02:08du climat, l'intérêt des modélisateurs, c'est qu'ils peuvent, donc c'était les premiers
02:13modèles climatiques qui sont développés et qui permettent de regarder ce que serait
02:18le climat si on changeait la composition de l'atmosphère, si on changeait l'effet
02:22de serre. L'effet de serre, c'est cette propriété qu'ont certains composés, alors, le premier,
02:28c'est la vapeur d'eau, mais on n'en change pas la quantité dans l'atmosphère, certains
02:31composés de piéger une partie du rayonnement solaire une fois qu'il a été réfléchi
02:36à la surface de la planète, donc c'est le cas du gaz carbonique, du méthane, du protoxyde
02:40d'azote, en fait, c'est le cas pratiquement de toutes les molécules de l'atmosphère
02:47qui ont trois atomes ou plus, donc voilà, l'oxygène, l'azote ne sont pas des gaz
02:53à effet de serre, mais par exemple l'ozone, vous avez trois atomes d'oxygène, est un
02:56gaz à effet de serre. Donc voilà, ça c'est connu, ces propriétés, et dans les années
03:0270, les modélisateurs du climat, effectivement, commencent à regarder ce qui se passerait
03:08si nous doublions les quantités de gaz carbonique dans l'atmosphère. Ce sont les premières
03:12expériences, elles se concrétisent en 1979 par le rapport Charnay, qui dit clairement
03:19que dans ce cas-là, le doublement des quantités de gaz carbonique dans l'atmosphère était
03:24envisagé pour le milieu du 21e siècle, ça reste toujours possible, et bien qu'on irait
03:31vers des réchauffements de 3 degrés en moyenne, voilà, donc je dirais que tout était dit
03:36parce que nous sommes toujours là. Voilà, donc on est en 79, les années 80 sont vraiment
03:43extrêmement agitées de notre côté, là, disons, notre communauté scientifique essaye
03:50finalement d'alerter les décideurs politiques, et c'est vrai qu'on en remet une couche
03:56en 87, parce que jusque-là, on parlait d'effet de serre, mais comme, disons, un phénomène
04:01de laboratoire ou un phénomène qui se passait sur d'autres planètes, mais c'est effectivement
04:07la première fois, donc on est en 87, où on montre qu'il y a un lien dans le passé
04:13entre cette composition de l'atmosphère, l'effet de serre, et les variations climatiques.
04:18Là, on est sur, voilà, plus de 200 000 ans, et la dernière période de la Sierre, donc
04:24on reconstitue les températures, mes collègues grenoblois, c'est ce qu'on fait dans notre
04:28laboratoire, ça clait, mes collègues grenoblois, disons, extraient les petites bulles d'air,
04:34Claude Lorius, Jean-Marc Barnolat, et analysent les quantités de gaz carbonique, puis de
04:38méthane, et on voit que, disons, il y a un lien entre cet effet de serre et les grandes
04:43variations climatiques. Voilà, donc c'est la première fois où on montre effectivement
04:47que l'effet de serre a vraiment joué un rôle sur notre planète. Donc, disons, là,
04:54cette, je dirais, cette décennie 80 se traduit par la création du GIEC en 88, avec un premier
05:01rapport en 90 qui dit cela. Disons, en gros, si on va vers un doublement des quantités
05:06de gaz carbonique, on va vers des réchauffements de 3 degrés, des élevations du niveau de
05:09la mer d'au moins 60 cm jusqu'à 1 mètre, et, disons, le premier rapport du GIEC est
05:19publié en 90. Donc, le rôle du GIEC, ce n'est pas de faire des recommandations, c'est
05:24de faire un état des lieux critique, voilà, sur tout ce qui touche à l'évolution de
05:28notre climat. Voilà, donc, le GIEC ne fait pas de recommandations, c'est très clair,
05:34mais, effectivement, on doit dire les choses, pas simplement sur le fonctionnement du système
05:39climatique, mais aussi sur les conséquences, sur les solutions à mettre en œuvre. C'est
05:42très large, il y a trois groupes de travail. Donc, on a six rapports complets du GIEC.
05:47Moi, j'ai effectivement participé au deuxième, troisième, quatrième, cinquième, donc d'abord
05:53comme auteur principal, puis comme membre du bureau, donc vice-président de son groupe
05:58scientifique. C'était passionnant. Voilà, maintenant, après, disons, Valérie Masson-Delmotte
06:03a pris le relais sur ce groupe, Robert Votard, et le septième rapport du GIEC, disons, notre
06:10communauté commence à y travailler. Alors, je vais beaucoup m'appuyer sur ces rapports
06:14du GIEC, disons, en tout cas, pour dire où nous en sommes. Alors, où nous en sommes ? D'abord,
06:20nous sommes certains que le réchauffement climatique, et il est bien là, vous voyez,
06:25donc là, ce sont les, disons, les températures à l'échelle planétaire. Voyez, donc, on
06:32arrive avec 2023 qui est vraiment une année exceptionnelle, mais 2024 également à ce
06:37niveau-là. Disons qu'il y a vraiment un saut de trois ou quatre dixièmes de degré
06:42entre 2023 et les années records précédentes. Donc, le réchauffement, toutes les dernières
06:46années ont été des années plus chaudes que celles des années 2000, par exemple.
06:50Donc, notre conviction, enfin, c'est ce que nous dit le sixième rapport du GIEC, nous
06:54sommes certains que le réchauffement climatique est lié aux activités humaines, très probablement
07:01l'ensemble de ce réchauffement. Bien sûr, il y a des causes naturelles du climat, de
07:05la variabilité naturelle qui a toujours existé, qui existera toujours, mais sur cette période,
07:11elle ne peut expliquer que de l'ordre du dixième de degré. Disons que nous avons vraiment
07:16beaucoup d'arguments, on pourra en rediscuter si vous le souhaitez. Donc, voilà un point
07:22si on regarde l'été dernier. Alors, on a eu le sentiment, j'ai passé mes vacances
07:26en Bretagne, donc tout l'été en Bretagne, on n'a quand même pas eu le sentiment d'un
07:30été exceptionnellement chaud. Et bien pourtant, vous voyez, à l'échelle planétaire, c'est
07:35vraiment extrêmement marqué. Vous voyez, donc, là, ce sont l'été 2024, le dernier,
07:41donc les étés 2023 et 2024, à l'échelle planétaire, ont été vraiment exceptionnels.
07:47Vous voyez, donc, ce sont des sauts, non, 2023 et 2024. Dans ce cas-là, on parle bien
07:54de l'été 2024. Oui, bien sûr. Voilà, donc, et ça nous fait la question qui est posée
08:00actuellement, mais c'est plutôt un jeu parce que ça jouera à quelques centièmes de degré.
08:032024 sera-t-il plus chaude que 2023 à l'échelle planétaire ou pas ? On ne sait pas très
08:09bien, mais ça sera, disons, au coude à coude. Donc, je dis, ce n'est pas une surprise.
08:14Qu'est-ce qu'on a fait collectivement ? On a modifié la composition de l'atmosphère.
08:18Voilà, il y a 50% de plus de gaz carbonique qu'il y a 200 ans. Le méthane a plus que
08:24doublé. Le protoxyde d'azote s'est augmenté de 25%. Et le résultat, c'est, disons, l'effet
08:32de serre augmente. On pièce plus de calories sur le chemin du retour du rayonnement solaire.
08:40En gros, on augmente le chauffage. On a augmenté le chauffage, grosso modo, d'à peu près
08:441% depuis 200 ans. Et c'est ce 1% qui est à l'origine de ce que nous vivons actuellement.
08:50Alors, comment le faisons-nous ? Nous savons très bien. Donc, voilà, l'an dernier, c'est
08:55à peu près 37 milliards de tonnes de gaz carbonique liées aux combustibles fossiles.
08:5960% à peu près. 5 à 6 milliards liés à la déforestation. 2 milliards de tonnes
09:07dues à la fabrication du ciment. On a 45 milliards de tonnes de gaz carbonique. Et
09:11puis, on y ajoute, disons, entre 12 et 15 milliards d'équivalents CO2, méthane, protoxyde
09:18d'azote et autres gaz. Tout ça, c'est bien documenté par pays, par secteur d'activité,
09:23par personne. Voilà, nous en sommes autour de 10 tonnes d'équivalent CO2 en France
09:32par habitant. Par habitant, par secteur d'activité, nous en reparlerons. Voilà, puisqu'il faudra
09:37en France que nous arrivions à 2 tonnes. Donc, c'est un mécanisme très simple. Et voilà.
09:44Donc, ce qui est important, malheureusement, c'est que ce que nous envisageons depuis
09:5050 ans, c'est vraiment ce que nous vivons aujourd'hui. C'est un point important. Donc,
09:56voilà, c'est vrai, par exemple, pour l'élévation du niveau de la mer. Elle est deux fois plus
10:01importante aujourd'hui qu'elle n'était il y a une vingtaine d'années. On est passé
10:05de... Voilà, on est près de 5 millimètres par an sur la période récente, alors que
10:11vous voyez, entre les années 90, c'était plutôt 2. Donc, ça a doublé. Mais ce n'est
10:15pas une surprise. C'est ce qu'on envisageait. Donc, ce n'est pas une surprise. Et c'est
10:22vrai aussi. Le rythme de réchauffement, c'est ce qu'on envisageait, sauf peut-être avec
10:27quelques années exceptionnellement chaudes. On verra. Mais par exemple, eh bien, on parle
10:32aussi de l'intensification des événements extrêmes. Depuis le troisième rapport du
10:36GIEC, depuis les années 90, de façon récurrente, on dit et redit que le réchauffement climatique
10:42va s'accompagner d'une intensification des événements extrêmes. Donc là, j'ai...
10:47Voilà, ce graphique, c'est plus... Ce sont les vagues de chaleur. Voilà. Donc, toutes
10:54les régions qui sont coloriées, ce sont des régions où elles deviennent plus fréquentes
10:58ou plus intenses, plus précoces aussi, plus tardives dans certains cas. Donc, elles s'intensifient
11:04et pratiquement, vous voyez, c'est sur l'ensemble de la planète. Quand vous avez trois étoiles,
11:10c'est le cas de l'Europe de l'Ouest, du pourtour méditerranéen, eh bien, ça veut
11:14dire que de façon quasi certaine, on attribue ces modifications à nos activités. Donc,
11:19voilà. Donc, autour de la Méditerranée, eh bien, disons ce que nous observons et c'est
11:24vraiment ce que nous envisageons depuis une cinquantaine d'années. Voilà. Donc, le point,
11:32c'est que, je le redis ici, vraiment qu'une quarantaine d'années, disons, on a correctement
11:38anticipé l'évolution de notre climat. Ça doit nous, notre communauté au sens large,
11:44ça doit vraiment nous inviter à accorder de la crédibilité à ce que cette même
11:48communauté envisage à l'horizon des prochaines décennies et au-delà. Alors, qu'envisageons-nous,
11:56eh bien, je crois qu'on comprend bien que dans la mesure où le réchauffement climatique
12:02est largement gouverné par l'effet de serre, en tout cas, est influencé par l'effet de
12:07serre, eh bien, on comprend que si on émet beaucoup de gaz à effet de serre, on ira
12:11vers des réchauffements plus importants que si nous sommes collectivement plus sages.
12:15Alors, pour traduire cela en chiffres, disons, notre communauté travaille sur des scénarios.
12:22On fait des hypothèses sur l'évolution de l'effet de serre, donc, disons, les émissions
12:29des différents gaz à effet de serre. Et là, vous voyez, nous avons cinq scénarios.
12:33Donc, ça, c'est du sixième rapport du siècle. Il y a cinq scénarios, deux scénarios émetteurs.
12:38Donc, vous voyez là, deux scénarios sobres qui correspondent peu ou prou aux objectifs
12:46de l'accord de Paris et un scénario intermédiaire. Donc, en fait, disons, le bon sens nous dit
12:53que plus on émettra de gaz à effet de serre, plus on aura un réchauffement important.
12:56C'est vrai, mais ça mérite d'être un peu précisé, c'est-à-dire que si on regarde
13:02les 15-20 prochaines années, eh bien, le réchauffement climatique est joué. C'est-à-dire
13:07que, disons, le réchauffement que nous aurons vers 2040 ne dépend pratiquement pas de la
13:13quantité d'effet de serre que nous allons émettre entre aujourd'hui et 2040. Mais c'est
13:19aujourd'hui que nous décidons, enfin, disons, au cours des 15 prochaines années, je dirais,
13:24que nous décidons largement du climat que connaîtront les jeunes d'aujourd'hui dans
13:29la deuxième partie de ce siècle. C'est ça qui est important, c'est-à-dire qu'il
13:34y aura une nécessité d'adaptation, on pourra en parler, mais il faut effectivement, si
13:39on veut préserver la capacité d'adaptation des jeunes d'aujourd'hui, eh bien, il faut
13:45absolument aussi que nous diminuons nos émissions de gaz à effet de serre. Voilà, disons,
13:50je crois, le message important. Donc, si nous nous prenons garde, voilà, c'est la conclusion
13:57principale du sixième rapport du GIEC. Le changement climatique est une menace pour
14:05notre humanité et la nature qui nous entoure. En gros, la santé planétaire. On peut parler
14:11de biodiversité, d'environnement, bien sûr, d'écosystèmes qui sont largement modifiés.
14:15Voilà, donc, c'est clair que, voilà, c'est redit dans ces conclusions qu'il faut agir
14:23effectivement, rapidement. Alors, nous y reviendrons, mais, oui, c'est pas bien de moi.
14:30Donc, vers quoi allons-nous ? Vers quoi allons-nous ? Donc, d'abord, à l'échelle planétaire,
14:36je ne veux pas être trop long, mais dans les vagues de chaleur. Donc, vous voyez, c'est
14:41des vagues de chaleur qui, avant la, disons, avant le réchauffement climatique se produisait
14:48une fois tous les dix ans. Eh bien, elles se produisent déjà, disons, trois fois tous
14:54les dix ans. Et puis, si on va à plus de degrés, ça serait près de six fois tous
14:57les dix ans. Elles sont plus fréquentes et elles sont aussi plus intenses. C'est-à-dire
15:01que, mais ça, on le perçoit bien, les records de chaleur augmentent plus rapidement que
15:06la température moyenne. C'est vraiment bien documenté. Et ça, je crois que chacun de
15:11nous le perçoit quand il y a ces pics de chaleur. Et, bon, alors, je ne sais pas, je vais vexer
15:18les quimperois, mais j'ai regardé les statistiques l'an dernier de Guy Pabat. Bon, je crois
15:24que c'était à l'été 2022. Je crois que le record a été battu de quatre degrés.
15:31On a atteint 40 degrés alors qu'on n'était jamais au-delà de 36. Donc, voilà, il y
15:37a vraiment des changements importants, des vagues de chaleur qui existent. C'est vrai
15:40aussi pour les sécheresses. Elles vont devenir plus longues, plus fréquentes, plus intenses.
15:45Là aussi, voilà, deux fois plus à un degré 5. Voilà, donc, c'est très bien documenté.
15:52C'est aussi documenté à l'échelle de la France. Eh bien, si vous, disons, quand il
15:58y a conjugaison de périodes de sécheresse et de vagues de chaleur, si un incendie se
16:03déclare qui soit, disons, accidentel, volontaire ou naturel, eh bien, disons, il est beaucoup
16:10plus difficile à éteindre. En plus, il y a un peu de vent. Voilà, et c'est vraiment
16:15une carte que je monte depuis plus de 20 ans. Donc, je disais alors, voilà, donc, d'ici
16:202050, des régions comme l'ouest de la France, la Bretagne ou bien le centre de la France
16:28qui ne sont pas à risque, qui n'étaient pas à risque de feux de forêt, ce sont les...
16:32Donc, les zones rouges, ce sont les zones qui sont à risque de feux de forêt. Eh bien,
16:38des régions comme la Bretagne le deviendront en 2050. Et en fait, c'est un peu plus rapide
16:42que cela puisque, bon, on n'est pas loin ici, les monts d'Arrée, Brossé-Liande, ce sont
16:48des petits feux de forêt, mais c'est déjà quelque chose qu'on n'envisageait pas, disons,
16:52se produire aussi rapidement. Donc, voilà, donc, parler de l'agriculture dans cette région,
17:00c'est vrai qu'il y a, disons, par rapport au changement climatique, il y a, disons,
17:04des régions où la productivité, disons, augmente, plutôt, des cultures. On voit bien,
17:10on peut parler de régions trop froides pour avoir du blé il y a 20 ans et qui maintenant
17:14deviennent productrices de blé. Et effectivement, c'est ce qu'on observe, c'est-à-dire qu'on
17:20regarde là, donc, pour les 4, disons, pour les 4 cultures, blé, riz, maïs et soja
17:26autour de laquelle nous nous construisons à l'échelle planétaire, eh bien, voilà,
17:31les régions qui gagnent sont en bleu, les régions qui perdent en productivité sont
17:35en jaune et marron. Après, il y a de l'intensité, vous voyez, donc, d'ici 2030, le réchauffement
17:40climatique lui-même, tout seul, n'affecterait pas le réchauffement, c'est-à-dire que les
17:43régions qui gagnent et les régions qui perdent sont à peu près du même ordre de grandeur.
17:47Mais à mesure que le réchauffement climatique, pardon, oui, c'est pas bien, à mesure que
17:51le réchauffement climatique se met en place, eh bien, vous voyez, les régions qui perdent
18:00en productivité prennent nettement le pas sur les régions qui gagnent. Donc, c'est
18:05vraiment là, en particulier à cause des sécheresses, à cause des températures trop
18:08élevées, au-delà de 30 degrés, il n'y a plus rien ou, disons, beaucoup de cultures
18:12qui ne, disons, se développent pas de façon optimale. Donc, les pluies torrentielles,
18:18là aussi, c'était prévu, disons, et on le voit maintenant, ça peut être l'été,
18:24l'hiver dernier dans le Pas-de-Calais, là aussi, des augmentations en fréquence et
18:28en intensité, les deux. Donc, l'élévation du niveau de la mer, je sais qu'ici, certains
18:36sont intéressés, c'est dû à la fois à la dilatation de l'océan, l'océan se réchauffe,
18:41il se dilate, et puis à la contribution des glaces, les glaciers continentaux, mais depuis
18:47une vingtaine d'années, le Groenland et l'Antarctique contribuent de façon relativement importante
18:53à l'élévation du niveau de la mer. Et donc, si on regarde à l'échéance de la fin
18:58du siècle, je ne souhaite pas un catastrophisme, mais on n'échappera probablement pas à 50
19:04ou 60 centimètres de plus. Certains craignent qu'il y ait aussi une instabilité de l'Antarctique
19:09de l'Ouest et il y a des projections qui vont beaucoup plus loin. Mais ce qui m'inquiète,
19:13c'est surtout que, disons, au cours des prochaines décennies, on décide du niveau de la mer
19:18du siècle prochain et des siècles suivants, largement. Donc, voilà, et vous voyez, ce
19:24sont des échelles de temps assez longues, évidemment, mais si on peut aller entre
19:29un et trois mètres, si on parle d'un scénario émetteur jusqu'à trois mètres, d'un scénario
19:34sobre jusqu'à trois mètres, de quelques mètres avec un scénario émetteur, mais
19:39dans le plus long terme, c'est au cours des 300 prochaines années, vous voyez, en
19:422300, 200 prochaines années, et puis à très long terme, si le réchauffement continuait,
19:47eh bien, ce serait évidemment, voilà, donc quelques mètres. Alors, voilà, donc, non,
19:53il n'y a pas de Malouin ici. Donc, je ne vais pas trop montrer Saint-Malo, mais, bon,
19:57on va plutôt aller du côté de Fuenant. Donc, l'île Tully, vous voyez, ça, ce sont les zones,
20:03les zones exposées. Donc, j'ai fait un séminaire à Fuenant, à Denaise, il s'en souvient. Voilà,
20:11donc les zones exposées à des submersions temporaires, mais c'est bien là le problème.
20:15Voilà, si le niveau de la mer augmentait d'un mètre dans ce cas-là. Donc, c'est quand même
20:22des régions relativement importantes. Voilà, donc, bon, allez, il faut quand même sourire dans
20:28la vie. Voilà, donc, si tout fondait les calottes glaciaires, alors l'Antarctique,
20:35c'est, l'Antarctique de l'Ouest, c'est 5 à 6 mètres, le Groenland 7 mètres, et puis l'Antarctique
20:42de l'Est, c'est 50 ou 60 mètres. On n'arriverait pas près de 70 mètres. Et donc, voilà, le tourisme
20:48se ferait autour de ma ville natale, Jansé, où je serai demain soir. Donc, non, mais ça n'arrivera
20:54jamais, ne vous inquiétez pas. Mais je veux dire, il y a une certaine fragilité du Groenland,
21:00de l'Antarctique de l'Ouest. L'Antarctique de l'Est est assez solide quand même, même si ça contribue
21:05un peu déjà à l'élévation du niveau de la mer. Voilà, donc, chez nous, chez nous en France,
21:11eh bien, c'est toujours 2022 qui est l'année record. Alors, on verra pour, ce sera probablement
21:16pas 2024, là aussi avec un saut par rapport au record précédent de 4 dixièmes de degré.
21:21Donc, où va-t-on en France ? Donc, je m'appuie beaucoup, on en a discuté sur les... Là, c'est un
21:28graphique qui vient du Haut conseil pour le climat. Donc, il y a aussi le Haut conseil breton,
21:31il y a aussi, voilà, je n'ai, disons, le rapport du RAC, la semaine dernière ou il y a quelques
21:37semaines sur les conséquences du réchauffement climatique à l'échelle régionale. Donc,
21:42voilà, ce qu'on envisage à l'échelle planétaire se décline effectivement dans notre pays par des
21:52vagues de chaleur plus fréquentes, plus longues, plus intenses, des sécheresses agricoles,
21:58c'est-à-dire des périodes sans précipitation, des sécheresses météorologiques. Non,
22:01la sécheresse agricole, c'est aussi avec le sol, mais les sécheresses météorologiques,
22:05c'est que, disons, les périodes sans précipitation deviennent de plus en plus longues. Alors,
22:09ça n'a pas été le cas cette année, mais c'est vraiment le cas en moyenne, je vous assure.
22:13Donc, il y a des pluies plus intenses. Alors, ce qu'on ne sait pas dire, parce que, bon, j'étais
22:19aussi à faire une conférence récemment, je ne sais plus où, à Brest, enfin bon, non, alors,
22:24oui, c'était à... non, c'était à Vannes. Donc, c'était à Vannes et on a beaucoup parlé de la
22:32tempête Siaran, enfin, il y a un an maintenant, c'est ça, et donc elle a été très destructrice. Et
22:39là, on n'a pas de diagnostic vraiment clair sur ce type de tempête hivernale qu'on connaît en
22:44Bretagne, qui sont quand même assez dévastatrices. Voilà, mais là, il n'y a pas pour le moment de...
22:49Ça ne veut pas dire que ça ne bougera pas, mais disons, on n'a pas suffisamment d'évidence,
22:55de travaux par rapport à ça. Bon, aussi, alors, voilà, évidemment, il y en a peut-être ici qui
23:00commence à s'y intéresser, la vigne, donc voilà, les zones d'extension. Donc, c'est un travail de
23:06mes collègues Rennais, ça, du chardonnay et du pinot noir deviendraient, voilà, on pourrait faire
23:12de la vigne en Bretagne, donc voilà. Mais le vrai problème, c'est que, donc, alors, au point de vue
23:18précipitation, ce qui est important, aussi important que les températures, vous le savez,
23:23eh bien, en gros, dans la partie nord de la France, on s'attend à plus de précipitation l'hiver et
23:29plutôt moins l'été. Mais on ne s'attend pas à de grandes variations des quantités de précipitation
23:35à l'échelle annuelle. Disons, on peut partir de l'hypothèse qu'en moyenne annuelle, les précipitations
23:41ne vont pas beaucoup varier. Alors, elles varient déjà beaucoup d'une année sur l'autre, ça continuera,
23:45mais il ne va pas y avoir de variations importantes à l'échelle saisonnière, oui, mais pas à l'échelle
23:52annuelle. Mais donc, ce que certains ont du mal à comprendre, c'est que même si on a la même
23:57quantité de précipitation, eh bien, qui tombe, eh bien, il y a l'évaporation qui augmente et une des
24:07façons de traduire cette évaporation, c'est de regarder ce que deviendrait le débit des fleuves
24:13et des rivières. Donc, et y compris en Bretagne, eh bien, le débit des fleuves et des rivières
24:20diminuerait de 30-40% en 2050, y compris la Seine, y compris dans le nord de la France. Donc, c'est
24:27très important. J'étais avec Antoine Payon hier soir, donc le président du secrétariat général à la
24:33planification écologique, et il a cité un chiffre qui m'a marqué. Alors, il faudrait que je vérifie.
24:38Donc, il y aurait un déficit... Alors, actuellement, on utilise 30 millions de mètres
24:44cubes d'eau pour la France, c'est ça, je crois, par an, et on aura un déficit de 50 millions.
24:52Donc, voilà. Donc, c'est, disons, l'ordre du déficit en termes de disponibilité en eau, c'est de
24:59l'ordre de grandeur de ce qu'on utilise actuellement. Vous voyez ? Donc, c'est très important. Et donc,
25:05le problème de l'eau est loin d'être négligé. Alors, ça va dépendre des régions, de la façon...
25:09Voilà, par exemple, c'est assez... Enfin, on en parle beaucoup en Ille-et-Vilaine parce qu'il n'y a
25:14pas de nappes, alors ça dépend aussi des régions, mais vous voyez que c'est quelque chose de très
25:17sérieux. Alors, donc, voilà. Après vous avoir fait sur ces conséquences, on comprend que ne rien
25:24faire n'est pas une solution. Donc, ça, je crois que... En fait, nos décideurs politiques l'ont
25:29compris assez rapidement. Donc, si on revient... Vous voyez, on est en 90, ce premier rapport du
25:34GIEC nous dit des choses. Alors, nous... Voilà. Et ce rapport du GIEC se traduit, alors, dans la
25:44convention climat est signée à Rio en 92, deux ans après. Donc, il y a aussi la convention sur la
25:50biodiversité, la convention sur la désertification, mais ces conventions se mettent en place et,
25:58effectivement, donc... Voilà. Par exemple, les aspects biodiversité et climat sont très liés.
26:05Disons que le réchauffement climatique est déjà la troisième cause de perte de biodiversité et,
26:10en cas d'augmentation importante, s'on ne maîtrise pas le réchauffement climatique, ça pourrait
26:15devenir la première cause parce que beaucoup d'espèces faune-flore auraient une capacité
26:20de déplacement inférieure à la vitesse de déplacement des zones climatiques. On comprend
26:24bien la difficulté de la nature de s'adapter dans ce cas-là. Voilà. Donc, les politiques prennent ça au
26:30sérieux. Ces conventions se mettent en place. C'est une convention de bon sens. Donc, à Rio,
26:38au départ, on dit qu'il faut prendre des mesures pour éviter des conséquences dangereuses du
26:44réchauffement climatique. Il faut que le réchauffement climatique... L'effet de serre
26:50arrête d'augmenter de façon à éviter des conséquences dangereuses du réchauffement
26:53climatique. On qualifie, mais il n'y a pas d'objectif chiffré. Ça, c'est la convention
26:58climat. Mais, dès au départ, on sait que, et on le sait en 90, en 92, on émet plus de gaz
27:10carbonique que l'océan et la végétation, dans ce cas-là, d'en absorber. Il y a à peu près un peu
27:18plus de la moitié du gaz carbonique qu'on émet chaque année qui est absorbé. Et puis, disons,
27:24eh bien, c'est plutôt... Il reste 45%. Donc, on sait qu'il faut diminuer les émissions. Et
27:33d'ailleurs, on est pas mal parti au protocole de Kyoto, puisque dans le protocole... Alors,
27:39il y a 3. Donc, cette convention climat se réunit. Alors, il y a ces réunions annuelles très visibles
27:46chaque année qu'on appelle les COP. On en est à la 29e. Donc, ça sera à Bakou, cette année. Moi,
27:53je suis à la toutes les dernières. Je n'irai pas cette année parce que, bon, disons que place
27:58aux jeunes. Mais, voilà. Donc, ces COP se mettent en place. Il y a 3, disons, 3 COP plus importantes.
28:05C'est celle où il y a eu des accords. Donc, Kyoto en 97. Et là, disons, on envisage effectivement...
28:12Les Nations unies invitent les pays développés à diminuer leurs émissions de 5 à 7 % sur la
28:20période 2008-2012 par rapport à 90. Ça, c'est le protocole de Kyoto. Ça marche pas bien, c'est
28:27clair, puisque les émissions ont continué à augmenter. Alors, j'ai dû mettre le chiffre.
28:31Elles étaient de 27 milliards de tonnes quand j'ai commencé à travailler il y a une cinquantaine
28:34d'années, ou un peu plus maintenant, 55 ans. Et elles sont de 60 maintenant. Donc, on sait,
28:40on a toujours su qu'il fallait qu'elles diminuent. Elles n'ont pas arrêté d'augmenter. C'est la
28:44réalité. Et donc, en fait, ça échoue en particulier pour des raisons politiques. Le fait
28:49que les États-Unis sont... Disons, c'est George Bush en 2000 qui est élu. Les États-Unis s'en
28:54désintéressent. Ils n'intègrent pas le protocole de Kyoto. Et voilà, on arrive à Copenhague en 2009.
29:01Et là aussi, c'était l'idée d'avoir quelque chose d'ambitieux pour la période 2013-2020. Et donc,
29:08cette ambition n'a pas du tout été au rendez-vous. Certains nous disent que c'était la crise
29:12économique. Voilà, mais quand même des subprimes. Mais bon, il aurait quand même mieux fallu prendre
29:18les choses au sérieux à ce moment-là. Et puis arrive Paris, donc 2015, en fait, avec deux
29:27changements fondamentaux. Alors d'abord, il y a quand même pas mal de travaux qui se sont faits.
29:34Et bien, on sait mieux dire ce que seraient des conséquences dangereuses du réchauffement
29:45climatique sur notre planète, soit vis-à-vis des populations, soit vis-à-vis de la nature qui
29:51nous entoure. Grosso modo, eh bien, on dit qu'au-delà de 2 degrés, ça commence à être très
29:58difficile à s'adapter. Et c'est un peu ce qui est repris dans l'accord de Paris. Mais les pays les
30:05plus vulnérables, eh bien, eux, disent mais nous, on commence déjà à souffrir, soit des pays,
30:14des petites îles, des pays côtiers, mais aussi des régions comme l'Afrique qui sont déjà très
30:19chaudes et pour lesquelles 1 degré de plus, ça compte. Eh bien, on aimerait bien savoir ce qui
30:23se passerait si on limitait le réchauffement climatique à 1 degré, 1 degré et demi, si on
30:27était capable d'y revenir parce qu'on dépassera les 2 degrés de façon quasi certaine. Et donc,
30:35c'est le rapport 1.5. Donc, ma collègue Valérie Masson-Delmotte a joué un rôle important. Que
30:40nous dit-il ? En gros, c'est qu'un dixième de degré, ça compte. Pour les jeunes d'aujourd'hui,
30:44ce serait plus facile de s'adapter à 1 degré, 5 à 2 degrés. Et vraiment, si on s'en soigne,
30:50eh bien, ce deviendra très difficile. Alors, ça, c'est le premier changement fondamental. On passe
30:56d'un objectif qualitatif, il n'y a pas d'objectif chiffré, à un objectif chiffré. Et alors,
31:05on comprend bien que, disons, si on veut limiter le réchauffement climatique, qui se stabilise,
31:14qui ne dépasse pas une certaine valeur ou qui y revienne, il faut que l'effet de serre arrête
31:18d'augmenter. C'est une condition nécessaire, évidemment. On va parler de neutralité carbone.
31:23Je crois qu'on comprend facilement que plus on est ambitieux en termes d'agenda, plus on est
31:32ambitieux dans le niveau de stabilisation, plus il faut que cette neutralité carbone soit atteinte
31:43rapidement. Si on regarde l'accord de Paris, eh bien, l'accord de Paris en 2015 met l'accent sur
31:52un réchauffement climatique limité à 2 degrés. Et on parle d'une neutralité carbone dans la
32:01deuxième partie du 21e siècle. Et en fait, le rapport 1.5 2018 ne tombe pas dans l'oreille de
32:09sourds et les discuteurs politiques en tiennent compte. Enfin, ils en tiennent compte dans les
32:13textes. Donc, en disant de façon claire que, disons, à Glasgow en 2021, eh bien, cette idée
32:21de, disons, cet objectif 1 degré 5 est finalement avalisé. Et bien, de façon naturelle, lui
32:28correspond à une, disons, bien sûr, une exigence plus importante en termes de, disons, d'effet de
32:34serre. Et pour avoir des chances de limiter 1.5, il faudra vraiment atteindre neutralité carbone en
32:412005. Alors, ce qui est encourageant, c'est que, eh bien, trois ans après, il y a plus d'une centaine
32:52de pays qui, d'une façon ou d'une autre, dans des textes, dans des lois, ont inscrit cet objectif
32:591.5 dans leur... ont inscrit cette limite 1.5 dans leurs objectifs. Dans notre pays, c'est inscrit
33:09dans la loi. L'Europe également, les États-Unis, même la Chine. Vous voyez, ils ont dit qu'ils
33:14seraient neutres en 2060. Voilà. Donc, si on regarde les textes, on peut s'estimer assez satisfait.
33:22Donc, si chacun tenait les engagements qu'ils ont inscrits, qui s'appuient effectivement sur
33:30le diagnostic du GIEC, on aurait effectivement des chances, peut-être, de limiter à 2.2. Alors,
33:36je ne veux pas dire qu'ils ne tiendront pas. Justement, il faut qu'ils les tiennent. Parce
33:39que où en sommes-nous actuellement ? À Paris, effectivement, il y a aussi un deuxième changement.
33:44C'est qu'à Kyoto et à Copenhague, les Nations Unies essayent de fixer des objectifs pour les
33:52pays développés, de réduction. Ça ne marche pas. Donc, les Nations Unies prennent l'approche inverse.
33:59C'est-à-dire, plutôt que d'essayer de fixer des objectifs, eh bien, ils vont demander...
34:05Voilà. L'idée, c'est de demander à tous les pays ce sur quoi ils pourraient s'engager en
34:14termes de lutte, enfin, de diminution des émissions, mais aussi d'adaptation au réchauffement
34:18climatique. Ce sont les engagements de l'accord de Paris. Alors, on comprend bien. Donc, alors,
34:23d'un côté, c'est intéressant parce que ces engagements ne sont pas du tout discutés. Ils
34:29sont mis sur la table et ils sont acceptés. Et c'est ça qui fait la force de l'accord de Paris.
34:34C'est son universalité. C'est-à-dire, pratiquement tous les grands pays ont ratifié l'accord de Paris.
34:40Alors, il y a toujours... Les Etats-Unis ont toujours... Disons, bien sûr, la période Trump,
34:45il y a eu... Disons, les Etats-Unis ont quitté l'accord de Paris. On verra ce qui se passera.
34:50On peut espérer, en tout cas, du point de vue du climat, ce serait beaucoup mieux d'avoir Kamala
34:54Harris se voir faite politique. C'est très clair. Voilà. Mais donc, disons... Mais autrement,
35:00les grands pays se sont inscrits dans cette dynamique. Voilà. Mais le revers de la médaille,
35:06c'est qu'il n'y a aucune raison que ces engagements... Donc, l'universalité de l'accord de Paris fait sa
35:12force. L'accord de Paris, c'est sur la période 2020-2030. Le revers de la médaille, c'est qu'il
35:17n'y a aucune raison que les engagements soient à la hauteur des objectifs. Ils sont faits de
35:21façon indépendante. Et c'est le cas. C'est-à-dire, les engagements actuels nous mettent, de façon
35:26délibérée, vers un réchauffement de 3 degrés. J'y reviens. C'est pour ça que je l'ai cité au
35:30début du rapport Charnay, dans la deuxième partie du XXIe siècle. C'est trop. C'est très clair. C'est
35:37deux fois trop par rapport à ce qu'il faudrait. J'aime bien dire que... On ne peut pas dire que
35:42rien n'a été fait. Puisque, disons, il y a une vingtaine d'années, je parlais souvent du scénario
35:47business asusuel. En gros, si on ne fait rien, si on ne fait pas attention, on pourrait aller vers
35:52un réchauffement de 4-5 degrés à l'échelle planétaire. Donc, on a fait un peu quelque
35:57chose. C'est moins mal, mais c'est largement insuffisant. A horizon 2030, à l'échelle
36:06planétaire, près de deux fois trop d'émissions, ce qu'il faudrait. Donc, 45% trop. Donc, les
36:14objectifs sont clairs. J'y adhère complètement. Mais, disons qu'il faut faire mieux que ce que
36:21nous faisons actuellement si nous faisons, disons, ne pas aller vers 3 degrés. Et encore,
36:25ça pourrait être un peu plus. Alors, comment faisons-nous ? Comment devrions-nous faire ? Que
36:29devrions-nous faire ? Bon, je pense qu'il faut réfléchir. Il faut d'abord regarder comment nous
36:34contribuons chacun d'entre nous aux émissions de gaz à effet de serre. Vous voyez donc, voilà,
36:41transport, résidentiel tertiaire, agriculture, alimentation. En fait, se loger, se nourrir,
36:47se déplacer, c'est déjà, c'est notre vie de tous les jours. C'est en gros 60% des émissions
36:53en France. Donc, voilà, c'est très bien documenté. Ça, ça vient de sources, bien sûr, officielles.
37:00C'est très bien documenté. Alors, il y a beaucoup de gens qui ont réfléchi à ce qu'il faudrait
37:06faire. Moi, je me suis impliqué à l'époque dans le Grenelle de l'environnement. Voilà,
37:09j'étais en charge avec Nicolas Stern de ce volet climat-énergie avec le transport, le bâtiment,
37:16l'urbanisme, l'énergie. Quand on reprend ces propositions du Grenelle d'environnement,
37:20elles étaient extrêmement intéressantes et ambitieuses. Mais ce que j'ai vécu de l'intérieur
37:25aussi, qui m'a vraiment enthousiasmé, c'est la Convention citoyenne pour le climat. Donc,
37:30je ne sais pas s'il y a des gens ici qui ont participé, en tout cas suivi. Donc,
37:34c'est 150 citoyens. Donc, moi, j'étais dans le comité de gouvernance, qui ont fait des
37:38propositions extrêmement ambitieuses et intéressantes. Donc, voilà, donc, des propositions. Alors,
37:44ces propositions sont tout à fait faciles à consulter. Elles sont très bien documentées,
37:49très bien argumentées. Et il suffit d'aller sur le site de la Convention citoyenne pour
37:54le climat pour voir quelles étaient ces propositions. Alors, c'est, voilà, donc,
38:00je ne vais pas être trop long, je préfère avoir du temps pour répondre aux questions. Mais des
38:06choses assez classiques, la rénovation des bâtiments, la consommation d'énergie, voilà,
38:10tout ce dont on discutait dans la mise en œuvre de ce PCRET, j'en suis sûr. L'artificiation des
38:16sols, alors la loisanne, c'est pas si simple, donc on peut en discuter. Mais c'est quand même
38:20quelque chose qu'il serait utile de vraiment mettre en œuvre. Voilà, se déplacer, la voiture
38:27individuelle, le transport routier, donc la réglementation des véhicules. Voilà, agir de
38:33nouveau avec les entreprises, les administrations, le transport aérien, bien sûr. Voilà, il y a
38:40des propositions assez ambitieuses de la part du... Donc, je ne vais pas décliner plus,
38:47mais il y avait des propositions ambitieuses de la part des citoyens. Simplement, il y a
38:52qu'à peu près 20% de ces propositions qui ont été prises réellement en compte, sérieusement. Et
38:57encore, on est assez gentil. Je pense, par exemple, qu'une des propositions des citoyens était de
39:03taxer les véhicules lourds. Alors, ils proposaient les surtaxés au-delà d'une tonne 2. Parce qu'un
39:10vrai problème, ce sont vraiment les véhicules lourds, c'est très clair. Donc, voilà, les taxés
39:15au-delà d'un tonne 2, c'est effectivement dans la loi, mais avec une limite au-delà d'une tonne 8.
39:19Donc, avec les citoyens, 25% des véhicules auraient été surtaxés. Actuellement, il n'y en a que 2%
39:24qui sont surtaxés. On voit bien que, disons, ça ne joue absolument pas... Toujours beaucoup de SUV,
39:31au contraire, qui sont vendus. C'est même ce qui augmente le plus rapidement, je crois. Donc,
39:36voilà. Donc, il y a des mesures qui ont été reprises. Par exemple, dans la rénovation des
39:42bâtiments, rendre obligatoire, effectivement, une rénovation au moment du changement de
39:47propriétaire. On sait les difficultés, mais on n'arrivera pas à rénover l'ancien s'il n'y a pas
39:52des mesures, disons, ambitieuses de ce type. C'est très clair. Je crains qu'on n'y arrive pas.
39:56Voilà. Alors, un point dont les citoyens n'ont pas discuté, parce que c'était juste à la
40:01sortie du mouvement des gilets jaunes. Et donc, c'était un peu parler de taxes carbone et d'énergie.
40:08Donc, ils ne l'ont pas fait. Et donc, voilà. Donc, disons, il y a eu beaucoup de... Il y a eu un rapport
40:15du réseau de transport d'électricité. Voilà. Donc, qui est assez intéressant. Et donc, les 2 points
40:24importants, c'est vraiment que dans ce rapport, eh bien, la France n'atteindra pas la neutralité
40:31carbone sans un développement significatif des énergies renouvelables. J'insiste, c'est vraiment
40:36très important. Alors, le 2e, le point 5, c'est en gros, ça sera un peu plus facile si on faisait,
40:41ou un peu moins difficile si on faisait un peu de nouveau nucléaire. Donc, c'est ce vers quoi
40:46notre pays s'oriente, visiblement. Malheureusement, actuellement, il y a une petite musique. On va
40:51faire du nucléaire. Donc, on oublie le renouvelable. C'est surtout pas ce qu'il faut faire. Il y a
40:55absolument besoin de développer le renouvelable à marche forcée. Voilà. Donc, je me souviens
41:02d'une discussion avec Jean-Yves Le Drian. Donc, voilà, je... J'ai dit, quand même, la Bretagne en produit,
41:09disons, 10% de l'électricité qu'on utilise. Il m'a dit non, 11. Voilà. Donc, je m'en souviens très
41:18bien. Je sais pas combien on est aujourd'hui. Alors, vous savez ? Oui ? Non ? Qui est-ce qui sait ?
41:22Peut-être un peu plus, quand même. 25, c'est vrai ? Ouais, ouais. Non, mais c'est important. Non,
41:29mais voilà, c'était avant. C'était une dizaine d'années. Donc, voilà. Donc, le renouvelable,
41:32c'est important. Effectivement, je suis bien d'accord avec le parc éolien en mer. On peut
41:36faire beaucoup, beaucoup, beaucoup. Et il faut le faire. Voilà. Donc, alors, en France, alors,
41:42on sait ce qu'il faut faire. Bon, voilà, j'étais avec le secrétariat. Disons, il y a cette planification
41:50écologique avec un secrétariat général qui va continuer à... Enfin, Antoine Pellion m'a confirmé
41:55hier qu'il était maintenu. Donc, voilà ce secrétariat. On verra si... Mais on sait ce
42:00qu'il faut faire. Donc, il y a effectivement des COP régionales, il y a des lignes régionales. On sait
42:05ce qu'il faudrait faire. Donc, voilà, on rediscutera. Donc, Denez m'a demandé... Ouais, mais je rappelle
42:13quand même. Donc, les chiffres, il faut pratiquement diviser par 6 nos émissions en France pour arriver
42:18à neutralité carbone. Et on est gentil parce que, en gros, quand même, dans une dizaine d'années, parce
42:25qu'on a un puits de végétation, un puits, disons, territoire, il est deux fois moins important. On est
42:32passé de 60 millions de tonnes à 30 millions de tonnes. Donc, c'est quand même... On a beaucoup
42:37de mal à boucler, même avec ces efforts de développement. Il faut absolument qu'effectivement,
42:42les écosystèmes, les forêts souffrent beaucoup actuellement, donc à cause des sécheresses, à
42:48cause des feux, aussi à cause des maladies qui, disons, ont tendance, avec le réchauffement
42:52climatique, à, disons, aller sur des territoires de plus en plus importants. Voilà. Donc, c'est...
42:59Mais l'objectif est quand même très ambitieux. Non, il est ambitieux. Donc, c'est vraiment
43:05diminuer nos émissions de 5% par an. Alors, on l'a fait l'an dernier. Cette année, on verra. Mais je
43:12crains que les mesures qui sont actuellement dans les tuyaux ne soient pas suffisantes pour que
43:15nous atteignions cet objectif. Moi, je suis très en phase avec l'objectif. Les 55% à horizon 2030
43:22par rapport à 2020. Mais vous voyez, c'est quelque chose qui doit rentrer dans la vie de tous les
43:27jours. Et on doit continuer après 2030. C'est pas... On ne doit pas s'arrêter. Voilà. Donc, un petit
43:35mot sur l'agriculture, parce qu'on est quand même dans des pays agricoles qui contribuent
43:39effectivement aux émissions de gaz à effet de serre. En France, c'est de l'ordre de 13%. Donc, voilà,
43:44surtout du méthane, du protoxyde d'azote. Tout cela, là aussi, c'est bien documenté. Bon, pas être
43:51trop long, mais il y a vraiment... Je suis simplement appuyé sur, disons, sur les conclusions de ce
43:58secrétariat, sur la planification écologique. Voilà. Donc, disons, il y a un effort à faire
44:05dans les émissions, en particulier la fertilisation azotée. C'est très important. Moi, je n'ai pas
44:10souligné. Si je fais l'échelle planétaire, 82% des émissions de N2O viennent de l'agriculture et,
44:17en particulier, des engrais. C'est très important. Voilà. Une baisse d'émissions dans le secteur de
44:22l'élevage. Améliorer le stockage du carbone. Il y a aussi des, disons, je le redirais, des
44:27opportunités pour le monde agricole par rapport à ces modifications. Ensuite, voilà, pour être plus
44:35durable. Donc, disons, aussi bien dans l'élevage, dans les cultures des légumineuses, l'agriculture
44:42biologique. Mais tout ça, ça souffre actuellement. La souveraineté alimentaire, on en parle, mais on
44:47ne l'atteint pas vraiment dans certains cas. Et puis, bien sûr, sur le système alimentaire. Je
44:53rappelle toujours que le gaspillage alimentaire, c'est 25 à 30% des émissions liées à l'agriculture.
45:01Alors, je n'aime pas dire l'agriculture, c'est l'agriculture alimentation. Moi, je suis membre de
45:05l'académie de l'agriculture et de l'alimentation. Donc, c'est important de... Parce que c'est,
45:11disons, c'est vraiment l'agriculture alimentation qui contribue. Mais voilà, le gaspillage alimentaire
45:16est quelque chose d'important auquel on doit être attentif. Voilà, donc, pour l'agriculture. Donc,
45:24on redit que les relations entre, disons, agriculture, changement climatique, il y a des
45:30émissions, mais il y a aussi, voilà, tous ces problèmes d'eau, d'extrême climatique. Ça peut
45:36être un outil de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Et puis, c'est aussi un secteur,
45:42disons, propice au développement des énergies renouvelables. C'est très clair. Disons,
45:48je redis très souvent que le développement des énergies renouvelables peut vraiment,
45:53disons, pour moi, c'est une question de dynamiser l'économie des territoires. Voilà, donc, voilà,
46:02donc, je terminerai là-dessus parce qu'il faut faire... Il y a beaucoup à faire. Ce que je veux
46:05dire, c'est pas infaisable. Il faut prendre le taureau par les cornes. Voilà, dans mon ville
46:11natale, à Genzé, voilà, les poulets de Genzé, eh bien, ils se sont, voilà, ils se sont équipés de
46:1670 traqueurs. Voilà. L'intérêt, c'est qu'ils ont fait cet investissement, disons, ils ont pensé
46:23cet investissement avant que, disons, à un moment où l'électricité n'était pas chère et
46:27elles ont commencé à produire, c'était l'an dernier, à un moment où le prix de l'électricité avait
46:32été multiplié par 3. Comme quoi, quelquefois, il faut aller de l'avant, même si ça peut sembler
46:36difficile. Voilà, donc, non, je voudrais terminer sur... Non pas... Alors, il y a beaucoup de jeunes ici.
46:42Je pense qu'il faut vraiment dire que cette transition, je pense, cette neutralité carbone,
46:48il faut l'atteindre. On ne peut pas accepter que le climat se réchauffe indéfiniment. Il faut
46:54vraiment l'atteindre, que c'est techniquement possible, que c'est... Ça peut être... Eh bien, moi, je suis
47:01favorable à la recherche, à l'innovation. Donc, ça peut être extrêmement intéressant dans la mesure
47:05où cette innovation est vraiment au service de, disons, de la neutralité carbone, s'inscrit de
47:12façon claire dans un objectif de neutralité carbone. C'est vraiment aussi... Je crois qu'on
47:17peut construire un dynamisme économique, j'en suis persuadé, même autour de la transition dans
47:21les territoires. C'est là où ça se passe. Le renouvelable est un exemple, mais il y en a
47:25d'autres. Et puis, quand même, une fois cette transition, si on y arrive, pour se passer de
47:31combustible fossile, c'est aussi beaucoup de pollution en moins, que ce soit pollution urbaine,
47:34pollution industrielle, pollution sonore. Donc, je crois vraiment qu'un monde, avec des panneaux
47:41solaires, avec du renouvelable, est un monde où la qualité de vie sera au rendez-vous par rapport
47:48à celui que nous connaissons. Voilà. Donc, j'étais à Paris ce matin. Effectivement, je suis intervenu
47:54discuter avec la mer. Disons, voilà, on lui tape sur les doigts parce que, limite, le périph' à
48:0050 km heure, ça se passe pas si mal, d'ailleurs, parce que ça roule à 30 km heure de journée.
48:05Mais c'est quand même 500 000 habitants. On oublie qu'en face, il y a 500 000 habitants qui
48:10sont régulièrement à des seuils de pollution très importants autour du périphérique. Voilà. Donc,
48:14c'est cela notre avenir. Je veux dire, il ne faut surtout pas baisser les bras. Moi, je vous encourage.
48:19Il y a aussi plein de possibilités, voilà, d'innovation, de recherche. Moi, j'ai adoré la
48:26recherche. Voilà. Donc, je voudrais ne pas être... Il ne faut pas être naïf. Ça sera difficile,
48:30déjà, de rester autour de 2 degrés. Il faut agir tout de suite. Mais le message, c'est aujourd'hui
48:35qu'il faut agir. C'est important. Et je le redis sur deux choses, puisqu'on est ici dans le cadre
48:41d'un PCAET. Les collectivités ont un rôle important. Merci de le jouer. Bon, chacun des
48:46individus a un rôle important. Voilà. Bon, l'atelier 2 tonnes est au cœur. Ce n'est pas
48:53facile. Moi, j'ai fait mon bilan carbone. Ce n'est pas du tout, du tout facile de passer de 10 tonnes
48:59à 2 tonnes par habitant. Mais c'est ce qu'il faudrait faire en France. Alors, évidemment,
49:03quand on aura une énergie complètement décarbonée... Je rappelle qu'actuellement,
49:07la France, son énergie, c'est entre 60 et 70 % de pétrole et de gaz. Donc,
49:14elle est loin d'être décarbonée. L'électricité l'est, mais pas l'énergie. On parle bien d'énergie
49:19décarbonée. Voilà. On y arrivera mieux. Mais voilà. Donc, mon message, il est d'aller de l'avant,
49:25de regarder ce qu'on peut faire et surtout pas de baisser les bras parce qu'un dixième de degré,
49:29ça compte. Voilà. Merci beaucoup.

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