• l’année dernière
Au CESE, la troisième Chambre de la République Française, il n'y a pas d'élus politiques mais des représentants de la société civile, qui conseillent le gouvernement et le parlement dans l'élaboration des lois et des politiques publiques.
Ici, des personnes différentes aux intérêts parfois contradictoires cherchent à construire une voix commune. À l'heure où les forces politiques sont contraintes de travailler ensemble, cette troisième Chambre pourrait jouer un rôle important pour rétablir le lien entre les pouvoirs publics et les citoyens.

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Transcription
00:00J'ai découvert le Conseil économique, social et environnemental en 2019.
00:28Je ne connaissais pas cette institution inscrite dans la Ve République.
00:34Le rôle du CESE, c'est de conseiller les pouvoirs publics.
00:37Ils produisent des études sur des sujets qui nous concernent tous
00:41et leurs travaux se nourrissent régulièrement de la parole de citoyens et d'experts.
00:47Ici, pas d'élus politiques, mais des gens de la société civile.
00:52Ici, on n'écrit pas les lois,
00:54on essaie de s'accorder sur ce qu'elles pourraient ou devraient être.
01:16Bonjour.
01:17Bonjour.
01:18Bienvenue.
01:19Merci d'être là.
01:20Je vous fais tirer sur le numéro de table à laquelle vous allez vous asseoir aujourd'hui.
01:23Merci.
01:27C'est le 6.
01:28Merci.
01:43Bonjour à tous.
01:44Je souhaite vraiment un bienvenu chaleureux au sein du Conseil économique, social et environnemental.
01:50Le CESE est composé d'organisations de la société civile.
01:53Donc, vous avez un certain nombre de représentants qui sont là aujourd'hui et vous allez pouvoir les identifier.
01:58Donc, des organisations syndicales, des organisations d'employeurs, des associations,
02:04des organisations représentant, défendant l'environnement, la famille, la jeunesse.
02:11Tous ces corps de la société civile sont représentés ici.
02:14Et vous le savez peut-être, depuis l'année dernière, cette maison se veut aussi la maison de l'accueil de la participation citoyenne.
02:23Nous, ce qu'on appelle parfois les corps intermédiaires, des représentants organisés de la société,
02:28on s'ouvre régulièrement aux citoyens en direct et qu'ils puissent venir avec nous échanger, discuter, porter des points de vue.
02:37Et donc, c'est le cas aujourd'hui.
02:40Les métiers du social, en règle générale, il n'y a pas beaucoup de budget, il y a beaucoup de débrouilles et beaucoup d'idées.
02:47Et tout ce qui est débrouilles et idées, ça ne fait pas partie du temps de travail.
02:51C'est pas reconnu par l'employeur, c'est pas payé.
02:54C'est fait le soir, le matin, entre deux trucs.
02:58En fait, on produit beaucoup de choses entre deux portes.
03:02Et tout ça, en fait, on n'a pas le temps non plus de forcément le formaliser, de le faire reconnaître.
03:08C'est de l'indécis, c'est de l'immatériel.
03:10Il y a forcément des choses que tu vas faire qui ne sont pas notées dans ta fiche de poste.
03:14Il y a prise en charge des usagers au quotidien.
03:17C'est dit d'un point de vue assez global.
03:19Et le quotidien, en fait, ça englobe tout.
03:21Ça englobe faire un petit peu de cuisine, aider le gamin.
03:25Par exemple, quand on connaît son enfant, c'est arranger sa chambre, lui dire de faire comme ci, plutôt comme ça.
03:28De lasser ses chaussures, de les délasser, etc.
03:31Donc, tu peux pas détailler chaque action qui est faite, c'est impossible.
03:35Et du coup, c'est tout ça, tout ce qu'on fait spontanément, sans se poser de questions, qui prend 3 secondes.
03:40Mais 3 secondes plus 3 secondes plus 3 secondes, ça fait partie du... Mais c'est pas concret.
03:45Oui, parce que qu'est-ce que ça apporte ?
03:49De pouvoir échanger sur ses pratiques avec des collègues...
03:56Se sentir moins seule, du coup.
04:00Ça nous permet aussi d'assurer un peu de baille sociale.
04:03Quand on a des infos, on se les échange aussi.
04:08Ça nous permet aussi, peut-être un peu, parfois, de relâcher un peu.
04:11Quand il y a des situations, vous le disiez, parfois de violences,
04:14des situations difficiles, humainement, à gérer, de pouvoir en parler un petit peu.
04:22Tout simplement.
04:27D'avoir des conseils aussi des collègues, d'intervention.
04:31L'échange de bonnes pratiques, aussi.
04:33Nous, ça influe dans notre dynamique d'équipe, parce qu'on est sur des missions différentes.
04:38Et il y a peu de temps où on échange sur le fond.
04:41On est toujours sur des choses, sur les réunions d'équipe.
04:44Il y a lui qui part, il y a lui qui vient, il y a telle info...
04:51Grâce au groupe d'analyse de pratiques, je trouve qu'il y a une belle dynamique qui se met en place entre collègues.
04:57Je vous le propose.
04:58C'est super, groupe d'analyse de pratiques.
05:02Oui, parce que, ne serait-ce que la semaine dernière, je me suis fait agresser,
05:07verbalement, par un usager.
05:10Normalement, je suis quelqu'un qui échange beaucoup avec les usagers.
05:13Durant l'intervention, je ne lui ai pas parlé.
05:16Il y a eu un blocage, et je n'ai pas pu lui parler après.
05:21Souvent, on fait face à cette violence,
05:23et on n'a pas d'espace pour déposer, justement, cette violence-là.
05:29Donc là, c'est le rapport que vous avez...
05:31C'est comment tu débriefes, toi, en tant que professionnelle ?
05:34Oui.
05:35À qui je parle ?
05:36Oui.
05:37À qui je parle, tout ce que je prends, moi, à qui je donne ?
05:39Tout ce que je prends, à qui je donne.
05:40Je me rappelle qu'il y a...
05:42Ça s'appelait la supervision, ça, avant ?
05:44Normalement, oui.
05:45Ça n'existe plus, ça n'existe plus ?
05:48Ça dépend des institutions, et c'est pareil.
05:50Il y a la question budgétaire, les lignes budgétaires.
05:53La question de l'analyse de pratique, aussi.
05:55Ça se fait, mais pas forcément dans toutes les institutions.
05:59La dernière institution dans laquelle j'étais en stage,
06:01les professionnels étaient en train de mettre la pression sur le chef de service
06:04pour qu'il y ait une analyse de pratique.
06:07T'es encore motivé.
06:08Oui, effectivement.
06:09Et la réponse du chef de service, c'est
06:12on ne peut pas rajouter de lignes budgétaires,
06:14il va falloir qu'on trouve un autre moyen.
06:15Donc on va prendre sur les 10% qui nous restent.
06:19Voilà.
06:34J'ai parcouru un long couloir aux nombreuses portes se faisant face.
06:37Chacune identifiée.
06:39FO.
06:40CFDT.
06:41Groupe des entreprises.
06:42Groupe environnement.
06:43Organisation étudiante.
06:45Je m'étonne.
06:47Et tous ces gens se parlent ?
06:51J'ai passé du temps avec eux,
06:53et j'ai eu la réponse à ma naïve question.
06:56Oui, ces gens apparemment clivés parlent ensemble.
06:59Ces gens apparemment clivés écoutent et réfléchissent ensemble.
07:05J'ai eu envie de filmer leur travail.
07:07Filmer la construction d'une parole commune.
07:11Alors j'ai passé un an avec eux.
07:15On dit que cette campagne sera l'objet d'un financement dédié
07:18à l'insert de celui dont bénéficie le ministère de la Défense.
07:21Moi ce que j'entends, c'est que globalement,
07:23tous les ans, on va flécher un budget pour l'accum de ces métiers-là.
07:27Dans ce cas-là, on va faire ça pour tous les métiers alors.
07:29Pourquoi pas ?
07:30Et l'argent, on le trouve où ?
07:31Point d'interrogation.
07:33Peut-être que dans 3 ans, 4 ans, 5 ans,
07:35d'autres secteurs auront besoin qu'on flèche des dépenses
07:39et que ce budget-là, parce que ce secteur-là ira mieux,
07:42on pourra récupérer les budgets pour les flécher ailleurs.
07:46Le CESE préconise en conséquence de supprimer toute limitation de durée.
07:54Me pose un souci.
07:59Il faut modérer.
08:00Je veux bien que le groupe des entreprises nous explique
08:06quelles sont les limitations de temps
08:09qui, pour eux, seraient intéressantes de préserver.
08:12Je ne le sais pas.
08:14Je ne le vois pas.
08:16Je ne l'entends pas de cette oreille.
08:20Non mais c'est une vraie question.
08:22Voyez-vous, dans le travail social,
08:25des temps d'intervention qui doivent être limités dans le temps ?
08:29Peut-être, mais je veux bien les connaître.
08:31Dans ce cas-là, on peut aussi imaginer
08:33que si on n'en met pas de limitation,
08:35demain, un travailleur du social
08:38va passer une semaine avec une personne sur une problématique
08:42et on sait tous autour de la table que ce n'est pas possible.
08:44Donc je ne dis pas, dans ce cas-là,
08:46c'est même cette notion de limitation de durée qui n'est pas bonne,
08:50si je te suis dans ta réflexion.
08:52On met de supprimer toute limitation de durée.
08:55Si on parle de limitation de durée,
08:57c'est que vous, vous avez considéré qu'il en existait.
09:00Il faut les supprimer.
09:03Nous, en tout cas, on trouve que c'est trop excessif.
09:09Mais l'idée, c'est de ne pas avoir un temps illimité.
09:32...
09:56...
10:08En fait, il me semble que sur la question du sens,
10:13ça revient à dire, quand on veut mesurer, évaluer,
10:17vous servez à quoi, travailleurs sociaux ?
10:21Et finalement, derrière, vous servez à quoi ?
10:24Vous changez quoi ?
10:26Et la question principale, c'est de dire,
10:28est-ce que vous faites de ce que j'ai connu dans beaucoup de pays du monde,
10:31ce qu'on appelle des pédagogies curatives ?
10:33C'est-à-dire, on va corriger des gens qui sont considérés comme déviants,
10:36qui ne vont pas bien, sans interroger le système global
10:39qui génère peut-être ça aussi.
10:41Donc c'est toujours un débat un peu politique.
10:43Donc je pense que les travailleurs sociaux,
10:45dans leur souffrance aujourd'hui,
10:47plus qu'hier, c'est dans cette perte de reconnaissance,
10:51de crédibilité, qui fait qu'accompagner des gens,
10:53ce n'est pas les corriger,
10:55ce n'est pas des redresseurs de torts,
10:57c'est les gens qui accompagnent.
10:59Et ça, je ne sais pas comment on fait pour le mesurer.
11:02Donc quand on finance un programme d'aide aux femmes des rues à Abamako,
11:06on nous dit, mais vous faites quoi ?
11:08Ça sert à quoi ?
11:09Combien ça coûte une femme qui devient une femme normale,
11:13à rentrer dans le rang ?
11:14Elle coûte combien ?
11:15Ça produit quoi ?
11:16Et dans le paysage français,
11:18puisque je navigue de l'un à l'autre en permanence,
11:20on est devant ces mêmes difficultés.
11:22C'est-à-dire, qu'est-ce que vous changez par votre travail ?
11:25Et je pense qu'être éducateur aujourd'hui,
11:27c'est être confronté à cette indicible mission,
11:30qui n'est pas, à mon sens, recevable,
11:32parce que les bailleurs veulent avoir un retour sur investissement
11:36qui fait que les problèmes ont disparu,
11:38ou en tout cas qui sont largement sous contrôle.
11:41Je suis dans cette confusion.
11:42Je ne suis pas sûr que ce soit très édifiant comme propos,
11:45ce que je dis là,
11:46mais je compte sur vous pour le rendre édifiant dans la réponse.
11:52Comment est-ce qu'on va faire pour mesurer les effets d'un travail social
11:57dans des domaines où les choses ne peuvent pas se ramener à du monétaire ?
12:00Comment vous mesurez l'intensité du lien social dans un quartier ?
12:04Comment vous mesurez l'efficacité de l'aide aux devoirs des élèves d'un collège ?
12:11Il faut qu'on se mette d'accord sur ce qui compte.
12:13Ce à quoi nous accordons de la valeur,
12:15c'est ce qui compte pour nous,
12:17ce à quoi nous tenons.
12:20Sur un territoire donné,
12:21sur une thématique donnée,
12:22dans un champ professionnel,
12:24ça peut faire l'objet d'une délibération collective.
12:26On s'aperçoit dans la pratique que ce qui compte,
12:29au bout d'un moment,
12:30on parvient à se mettre d'accord sur ce qui compte.
12:33Soit parce qu'on va exprimer une parole collective
12:37qui va faire émerger un système de valeurs sur lequel on est d'accord,
12:40soit parce que, sur certains points, on négocie.
12:49Je voudrais revenir sur la réponse que vous avez formulée
12:51sur le néolibéralisme sur la charte de travail.
12:56C'était un peu cash,
12:58mais j'aimerais comprendre plus précisément comment ça s'illustre.
13:02Comment ça s'illustre, c'est qu'en fait,
13:04le travail social, historiquement,
13:07c'est quand même issu de la sécurité sociale,
13:13c'est porté par l'État-providence.
13:15On est dans une logique qui s'inscrit sur des logiques d'égalité
13:20et de solidarité nationale.
13:22On est la représentation de la solidarité nationale, normalement, dans le travail.
13:27C'est un secteur qui était, jusqu'à présent,
13:30préservé volontairement des logiques de marché,
13:33puisque, justement, c'était reconnaître
13:35que les logiques de marché créaient de l'exclusion
13:37et créaient des difficultés
13:39ou, en tout cas, ne permettaient pas non plus à certains,
13:41comme les personnes en situation de handicap, etc., de s'insérer.
13:44Donc, l'idée du travail,
13:46j'utilise ça en raccourci,
13:47Sylvain parlera beaucoup mieux que moi, il est sociologue,
13:49mais c'était justement d'avoir un espace préservé de ces logiques-là,
13:54en reconnaissant que ces logiques-là mettaient à mal aussi une partie des souhaits.
13:59Aujourd'hui, on a des structures comme le groupe SOS, etc., qui arrivent,
14:05et qui, en fait, sont dans une logique
14:07qui est complètement à revers de celle-là,
14:09puisqu'eux, ils se disent, tiens, il y a de l'argent là,
14:12donc, on va pouvoir, en fait, il y a de l'argent
14:14qui reste pour l'instant uniquement entre les contribuables,
14:18qui passe des contribuables aux associations, etc.,
14:21mais qui ne transite pas sur les marchés financiers.
14:24Donc, il faut absolument qu'on récupère ce fric-là.
14:27Du coup, on voit arriver des logiques d'entreprise
14:30dans un secteur qui n'était pas du tout sur des logiques d'entreprise
14:34et qui ne correspond absolument pas aux besoins et au travail qu'on fait.
14:40Donc, ça dénature complètement.
14:43Alors, évidemment, les logiques entrepreneuriales,
14:45elles veulent faire du profit.
14:46Donc, elles sont beaucoup plus sur des logiques
14:48de prestations de services, de rentabilité,
14:51et, en fait, elles ne se préoccupent absolument pas
14:54de nous, ce qu'ils font, de notre pratique,
14:56autour du temps, autour de la relation, autour de l'équipe.
15:00Et donc, c'est une culture qui n'est pas la nôtre,
15:04qui se revendique d'être meilleure que la nôtre,
15:06alors qu'ils ne connaissent rien, personne.
15:08En plus, c'est des gens qui viennent d'un secteur
15:09qui n'ont rien lu, mais qui n'ont rien lu du travail social,
15:12de toute la pensée qui a été développée dans ce secteur.
15:15C'est un mépris.
15:16Et qui, parce qu'ils ont fait des écoles de commerce,
15:18se pensent être capables de nous dire ce qu'on doit faire avec les gens.
15:23C'est aberrant.
15:25Au revoir.
15:26Au revoir.
15:27Au revoir, merci.
15:38Doris m'invite aux archives.
16:03Les textes, les échanges produits par les commissions,
16:07ils sont conservés, et il faut les trier pour les numériser.
16:12À l'issue des mois de travail de chaque commission
16:14résulte un texte, un avis,
16:17qui est voté en assemblée plénaire par l'ensemble des membres du CESE.
16:21Une fois voté, il pourra être publié.
16:41La commission travail et emploi commence la rédaction de leur avis
16:45après avoir recueilli la parole des citoyens et écouté des experts.
16:52À chaque séance se dessine le chemin d'une parole commune,
16:56et je les vois se déplacer un peu à chaque fois
16:59pour arriver à écrire un texte ensemble sur un même sujet.
17:04Il faut qu'on fasse attention à la façon de l'écrire,
17:07et là je pense à certains titres,
17:10pour ne pas dévaloriser encore davantage ces métiers
17:14et notamment les gens qui sont dans cette profession.
17:17Moi, clairement, quand j'ai lu hier la table des matières,
17:20alors j'étais peut-être fatiguée, j'avais passé une mauvaise journée,
17:24mais j'avais envie de me pendre, quoi.
17:26Donc je caricature volontairement,
17:30mais je pense que, tu vois, par exemple,
17:32de la très grande difficulté de recrutement face à des besoins d'accompagnement,
17:35forte augmentation à la dégradation du travail réalisé,
17:37oui, mais on peut peut-être le tourner autrement,
17:39sous forme de questions, j'en sais rien,
17:41pour le rendre moins schlack.
17:44Et puis, dernier point, sur la page 3,
17:47parler de maltraitance, je trouve que c'est peut-être un peu fort,
17:51parce qu'on a le sentiment qu'on fait passer les gens aujourd'hui
17:54qui travaillent dans ces métiers pour des bourreaux.
17:57Est-ce qu'il ne vaudrait mieux pas parler de comportement non adapté,
18:00que ça entraîne des comportements, ou autre chose, j'en sais rien.
18:04Mais je trouve qu'il y a vraiment cette notion,
18:07parce que je vois ce que tu veux dire,
18:09mais je trouve que c'est peut-être un petit peu fort.
18:12À des moments donnés, il faudra aussi qu'on se dise
18:15qu'édulcorer du vocabulaire et des sentiments et des pratiques,
18:21ça participe à banaliser aussi des choses,
18:25et à ne pas dire et à ne pas voir,
18:28et donc à ne pas lutter contre ces choses-là.
18:32Pour être dans un boulot qui ne fait pas partie des métiers de la cohésion sociale,
18:36mais qui participe à de la cohésion sociale,
18:38tous les lundis et les vendredis, je peux vous assurer que mes collègues
18:41et moi-même, à des moments donnés, si je ne fais pas gaffe,
18:44je fais de la maltraitance avec les clients de la poste,
18:47notamment ceux les plus fragiles,
18:49parce que je n'ai pas les moyens de faire autrement.
18:53Et ça, c'est terrible, parce que même les collègues s'en rendent compte.
18:56Ils font de la maltraitance, ils en sont conscients.
18:59Donc à un moment donné, si on ne met pas les mots là-dessus,
19:01on n'arrivera pas à décortiquer ce qui fonde ce résultat et ces effets-là.
19:06Comment on s'occupe des personnes en situation fragile,
19:10comment une société s'en occupe, c'est une question hautement politique.
19:14Après, l'économique, les moyens de financement,
19:17font qu'on règle cette question politique.
19:20Et on se donne les moyens de la régler.
19:22Et c'est ça qu'il faut.
19:25Pour moi, on part de là.
19:29C'est la révélation de ce qui développe la gouvernance par les nombres.
19:32De tout vouloir quantifier, de tout vouloir savoir,
19:35de tout vouloir contrôler, qui étouffe,
19:40qui tue l'initiative, qui tue la créativité,
19:45qui fait perdre la tête.
19:49Mais à tous les métiers, c'est le rapport au travail.
19:54Ce qui est très intéressant, c'est que ça surgisse avec cet avis-là.
19:59Mais c'est une réinterrogation aussi, pour le syndicalisme,
20:04d'être en harmonie avec ceux qui savent et ceux qui font.
20:11Et ceux qui font, c'est ceux qui savent.
20:13Et ceux qui savent, c'est quand même ceux qui font.
20:24C'est le travailleur qui sait.
20:26Et peut-être que les organisations syndicales
20:29ont perdu la réalité de ce qui est.
20:32Elles-mêmes déconnectées et dans les mêmes travers
20:35que ceux qu'elles disent combattre.
20:37Mais ont intégré dans leur mode de fonctionnement
20:40des modes qui leur empêchent de comprendre
20:44et d'entendre cette réalité-là.
20:46Ce pourquoi on parle de choc du réel.
20:49Parce que c'est un retour à la réalité pour tout le monde.
20:52Et c'est le sens de tout ce qui est développé,
20:55tout ce qu'on a travaillé les uns et les autres autour du travail,
20:58c'est la question de la fierté.
21:00Et c'est le choc entre cette fierté du bien-travaillé,
21:03cette recherche de bien-faire,
21:05et le choc qu'on nous impose de mal-faire,
21:08qui fait souffrance.
21:11Et qui va jusqu'à...
21:14Toutes les études qui ont été menées sur les suicides,
21:18c'est les plus engagés.
21:21C'est pas...
21:23Sois médiocre et tais-toi et tu seras bien considéré.
21:26Quand tu es dans la médiocrité et que tu l'assumes,
21:29parce qu'on te demande d'assumer d'être médiocre,
21:32j'ai presque envie de dire que t'as la belle vie.
21:35C'est quand tu es engagé que tu souffres.
21:38Et ces métiers-là sont des métiers d'engagement.
21:41Et donc l'empêchement de bien travailler est la source du mal-être.
21:46Mais nous, on peut pas avoir une parole...
21:49Quand on a dit ça, il faut qu'on ait une parole de dépassement.
21:53Et des préconisations de...
21:56Sinon, on est aussi dans le...
21:59On va cultiver le repli, on va cultiver la désespérance.
22:03Mais le but, c'est pas de... Voilà.
22:26...
22:44175 conseillers sont répartis en 19 groupes
22:47et nommés par leur organisation.
22:50Ils élisent le président pour 5 ans.
22:53Thierry Baudet, l'actuel président du CESE,
22:56réunit les représentants de chaque groupe en bureau,
22:59deux fois par mois.
23:01Je considère que le CESE,
23:04dans le contexte qui s'ouvre,
23:07doit marcher sur deux jambes.
23:10Deux jambes.
23:12Naturellement,
23:15les corps intermédiaires,
23:18les 82 organisations représentées au CESE,
23:21les 19 groupes, nos travaux,
23:24et la participation citoyenne.
23:27Bien sûr qu'associer les citoyens
23:30et marcher sur les deux jambes,
23:33l'enjeu des corps intermédiaires, je partage.
23:36Mais moi, c'est plus quelle redevabilité
23:39du résultat, des expressions
23:42de ces participations citoyennes.
23:45Combien de fois le CESE a-t-il été saisi
23:48pour que derrière, l'exécutif s'assoie
23:51sur les avis du CESE,
23:54ou s'en sert pour caler les meubles ?
23:57C'est une réalité.
24:00C'est trop facile de dire que le CESE,
24:03qui s'est quand même réformé,
24:06ne répond pas à ce qu'on attend de lui,
24:09alors que l'exécutif en tête...
24:12Je passe sur le fait que l'exécutif saisi le CESE
24:15pour ne rien faire des avis appris
24:18qui ont été rendus.
24:21Après, ça a été évoqué.
24:24La première réponse qui est apportée,
24:27qu'une connotation politique dans mes propos,
24:30notamment sur la réforme des retraites,
24:33c'est de dire que je n'écarte pas un référendum.
24:36Soyons sérieux.
24:39Une somme d'individualité n'a jamais fait du collectif.
24:42Et trop souvent, sans refaire le débat,
24:45l'appel aux citoyens, la participation citoyenne,
24:48il n'y a pas plus participation citoyenne qu'un référendum,
24:51a été trop souvent utilisée,
24:54trop souvent vécue, notamment dans l'entreprise,
24:57comme étant un moyen de contourner la démocratie participative
25:00et les représentants des personnels.
25:03Et ça, ce n'est pas une réponse.
25:12Jean-Pierre ?
25:30Jean-Pierre, je te confirme que je viens à la caméra 1.
25:33Merci.
25:43Deuxième, c'est quoi ?
25:46C'est la troisième assemblée citoyenne.
25:49Et avec l'Assemblée nationale et le Sénat,
25:52c'est la troisième assemblée citoyenne.
25:55Parce qu'il y a une nécessité d'accès de sonarisation,
25:58nous sommes dans le public,
26:01et nous préparons la séance première de cet après-midi.
26:04C'est bon, le public ?
26:07Parce que là, nous, on n'entend pas.
26:12C'est bon.
26:42...
26:45...
26:48...
26:51...
26:54...
26:57...
27:00...
27:03...
27:06Ces métiers du lien social nous concernent tous,
27:09même nos proches, en ce qu'ils incluent
27:12et relient les plus défavorisés à la société.
27:15Leurs missions sont au cœur d'une démocratie sociale comme la France.
27:18Et pourtant,
27:21les assistants familiaux,
27:24les accompagnants d'élèves en situation de handicap,
27:27les animatrices et animateurs socio-éducatifs,
27:30les éducateurs spécialisés, pour ne citer que cela,
27:33connaissent une crise de sens,
27:36et nous sommes endossés en raison d'une déshumanisation croissante
27:39de la relation aux personnes accompagnées.
27:42Il n'est plus que temps de prendre connaissance de cet avis.
27:45La parole est à présent à Évane Jeanne-Rose,
27:48qui animera une table ronde avant de nous présenter l'avis.
27:51...
27:54...
27:57...
28:00Chers collègues,
28:03Je veux donner la parole à des professionnels
28:06qui disent ne plus pouvoir réaliser le travail que la nation leur demande.
28:09Il s'agit d'abord de résoudre la dette que nous avons tous
28:12à l'égard des plus vulnérables.
28:15Selon le Credoc, 2 Français sur 3 vivent au moins une source de vulnérabilité au quotidien.
28:18Notre République sociale,
28:21telle qu'elle est définie au sein de notre Constitution,
28:24se doit d'y répondre par l'action.
28:27Ces professionnels assurent un filet de relations humaines,
28:30un tout instant de la vie.
28:33Ils sont souvent la dernière présence de la République
28:36quand les services publics reculent, disparaissent ou se dématérialisent.
28:39Ces professionnels de l'action sociale et éducative
28:42ne sont pas seulement des métiers du prendre-soin éducaire,
28:45comme on l'entend trop souvent.
28:48Ils sont d'abord des professionnels du développement social et citoyen.
28:51C'est là leur deuxième mission, et elle est éducative.
28:54Mais c'est une mission qui va plus loin en cherchant
28:57à la rendre plus inclusive, en contribuant à transformer ce qui doit l'être
29:00pour que chacun y ait sa place
29:03et soit réellement l'égal de l'autre.
29:06Merci.
29:27...
29:30...
29:33...
29:36...
29:39...
29:42...
29:45...
29:48...
29:51Le vote est clos.
29:55122 votants,
29:58122 pour.
30:01...
30:04...
30:07...
30:10...
30:13...
30:16...
30:19...
30:22...
30:25...
30:28...
30:31...
30:34...
30:37...
30:40...
30:43...
30:46...
30:49...
30:52...
30:55...
30:58...
31:01...
31:04...
31:07...
31:10...
31:13...
31:16Quand on lit les médias, on a toujours l'impression qu'on a un camp des très pours et des très
31:21camps qui sont opposés. Mais dans la réalité, ce n'est pas du tout le cas. La majorité
31:25des Français ne savent pas, s'interrogent, se posent des questions. Et donc, en fait,
31:29je pense qu'un élément très important à retenir au niveau politique, c'est la nécessité
31:35d'améliorer l'information des Français sur la question du cannabis.
31:41On manque en France d'une approche globale. Et donc, en fait, l'approche française a
31:47tendance à être centrée sur l'individu, donc l'individu consommateur de cannabis
31:53qui va être arrêté par la police s'il a du cannabis sur lui. Et donc, ce qu'on va
31:58lui proposer maintenant avec la question de l'amende forfaitaire, c'est qu'il va se retrouver
32:02face à un policier qui va décider de ce qui doit être fait pour cette personne. Au Portugal,
32:09par exemple, quand les personnes sont arrêtées en possession de cannabis, elles passent devant
32:13une commission qui s'appelle la commission de dissuasion de la toxicomanie. Et donc,
32:17elles vont voir un médecin, un assistant social, un juge. Et donc, la première porte d'entrée,
32:26c'est la police. Mais ensuite, il va y avoir tout un tas de professionnels qui vont être
32:32amenés à être en contact avec cette personne. Donc, je pense que ce qui manque en France
32:37aujourd'hui, c'est vraiment cette approche pluridisciplinaire de premier contact.
32:59Lundi dernier, j'ai reçu deux coups de fil. Le premier, d'un ami, un pitulteur,
33:04peu importe, en Normandie, qui m'appelle parce qu'un ami à lui avait passé le week-end
33:11chez lui et avait fumé le samedi soir chez eux. Enfin bref, la réalité est de la situation
33:18de beaucoup de monde en France. Et donc, cette personne, boulanger de métier, qui commence
33:23à bosser à 2-3 heures du matin tous les jours, le lundi après-midi, a fait l'objet
33:29d'un contrôle et donc s'est retrouvé positif. Immobilisation du véhicule, perte
33:35de son permis, impossibilité d'aller travailler tous les matins. Pour lui, là, dans une situation
33:40extrêmement compliquée où il ne peut plus travailler, il n'y a pas de solution, personne
33:43ne peut l'emmener, il n'y a aucun transport en commun qui existe. Comment il fait ? Voilà.
33:46Enfin, je voulais ramener un peu de concret là-dedans pour se rendre compte de la réalité
33:50de la situation et des drames que ça génère tous les jours, tous les jours, tous les
33:53jours. Voilà. C'était juste pour recontextualiser dessus.
34:00Le périmètre, à mon sens, du CESE, c'est de dire qu'il faut que les pouvoirs publics
34:07incitent à un débat public. On ne peut pas passer à côté du débat public pour la
34:11mise en place de la régulation du cannabis. Donc, il faut associer les citoyens, etc.
34:17Aller dans le détail de « ça doit passer par une participation citoyenne, par un référendum,
34:22machin », ce n'est pas notre sujet. Je pense que ce n'est pas notre sujet. Notre
34:26sujet, c'est d'inciter au débat public pour la mise en place de la régulation du
34:29cannabis. Puisqu'on part quand même tous du constat qu'il va falloir changer quand
34:34même les choses. Donc, on n'est pas sur une libéralisation des Pays-Bas, mais bien
34:39sur une légalisation et une dépénalisation. Les termes sont assez clairs. Mais pour la
34:43mise en place de la légalisation, il faut passer par un débat public. Si nous, on ne
34:48fait que les préconisations de dire « on légalise » et qu'on laisse les pouvoirs
34:52publics faire une loi sur la légalisation sans avoir un débat public avec les citoyens
34:58et les usagers, on va encore faire une loi qui ne va pas être une bonne loi, qui va
35:02se tromper. D'ailleurs, on a des exemples d'autres pays qui l'ont fait et qui se
35:06sont trompés. Donc, je pense que la partie 2, c'est inciter le débat public. Nous,
35:11notre préco, à mon sens, c'est ça. J'attire votre attention sur le fait que moi, je ne
35:15suis pas opposé à ce qu'on dépénalise. Au contraire, je suis favorable. Donc, ce n'est
35:19pas le problème. Je pense qu'aujourd'hui, proposer une dépénalisation avant même
35:24que le débat ait lieu, les gens vont nous dire « mais qu'est-ce qu'on va poser
35:29comme question si on organise une convention citoyenne ? » On va leur dire quoi ? Faut-il
35:33ou pas dépénaliser ou légaliser ? C'est la question qu'on va poser. Et si oui, comment
35:38réguler ? Si on a déjà dépénalisé avant même qu'on ouvre la convention citoyenne,
35:45vous voyez ? Qu'on est en ligne de Mirsa et que ça fasse partie des préconisations
35:51de dépénaliser. Oui, mais pas forcément dans les mesures d'urgence avant l'année.
35:55J'ai du mal, je ne comprends pas que je n'arrive pas à me faire comprendre là-dessus.
35:59Ce n'est pas que tu n'arrives pas à te faire comprendre Michel, c'est qu'en fait,
36:02c'est qu'on n'est pas d'accord. Alors, ce n'est pas grave. Il faut trouver un terrain
36:05d'entente. J'ai dit tout à l'heure que ce n'était pas contradictoire pour moi.
36:09Je ne vais pas le refaire. Alors, on pourrait, par exemple, les familles proposent ne plus
36:15sanctionner pénalement. Peut-être que c'est un chemin qu'on peut trouver collectivement
36:18parce que dépénaliser dans nos têtes, peut-être que ça veut dire ça. Ne plus sanctionner
36:21pénalement. Déjudiciariser, je suis d'accord avec ce que disait Josiane depuis le début,
36:25on ne peut pas l'écrire parce que la justice des mineurs, etc. On pourrait déjuridictionaliser,
36:31si on faisait vraiment du juridique. Mais je plaisante, mais peut-être que c'est...
36:35Voilà, je plaisante. Donc ça, c'est sur le fond. Moi, je suis pour qu'on laisse ça,
36:40mais je comprends qu'il y a des accords. Il faut les lever pour voir s'ils sont profonds
36:43ou pas sur... C'est toujours cette histoire d'urgence ou pas en fait, Michel. L'urgence,
36:46on est d'accord.
36:47On est tous d'accord.
36:49Non, on n'est pas tous d'accord avec Michel. Michel, il dit qu'on ne peut pas changer la
36:52loi dont pas dépénaliser avant le grand débat national. Et moi, je ne suis pas d'accord
36:57avec lui. Ce n'est pas grave. On n'est pas d'accord.
37:00Il ne faut pas oublier qu'on a aussi nos groupes et que je ne trahirai personne en disant que
37:05les débats dans les groupes sont des vrais débats et que si on n'a pas un minimum de
37:09temps pour pouvoir se mettre d'accord, ça va être très compliqué pour nous qui sommes
37:13ici pour s'exprimer au nom de nos groupes, surtout ceux qui sont tout seuls.
37:16Ça nécessite, si l'on veut le faire bien, de décaler. Moi, je ne vois pas comment, mais
37:23je ne le souhaite pas. Donc, je ne travaille pas contre les uns les autres. Je suis vraiment
37:29essayée d'être constructive, mais je me demande si là, on n'est pas au pied du mur.
37:43Ils finissent les votes des amendements, si tout se passe bien. Et pourquoi ils ont
37:52demandé un mois et demi après ? Il faut qu'ils re-votent le texte. Je pense qu'ils ont quand
38:01même des craintes ou des doutes sur leur capacité. C'est très, très lent là. Je pense que ça se
38:07passe bien. Personne ne s'engueule. L'examen des amendements est très, très lent. Entre le
38:11fond du sujet, entre l'histoire de la demande d'une convention citoyenne là-dessus, etc. Il y a
38:16beaucoup de sujets qui prêtent à discussion. Beaucoup, beaucoup. Sérieux, ça avance. D'ailleurs,
38:24on a gardé le rendez-vous, la présentation de l'avis que tu avais cette mercredi avec les
38:27rapporteurs et Jean-François Naton, pour que tu commences à te mettre le truc en tête,
38:32qui est bien. Honnêtement, je trouve qu'il y a eu un boulot remarquable de faire entre la
38:36première et la deuxième lecture. C'est équilibré, ça attaque par les bons. C'est étayé, c'est vraiment
38:44bien. Qu'eux-mêmes reconnaissent tous. Notamment Michel, il serait intéressant qu'il t'en parle,
38:50parce que Michel était quand même... Tous les héroïnomanes, ceux qui ont commencé avec du
38:55cannabis, c'est ce qu'ils disaient au début. Maintenant, lui, il est plutôt pour la légalisation.
39:00Face aux faits, avec le travail de délibération, il a beaucoup à évoluer. Il le dit lui-même.
39:07Donc ça, c'est quand même intéressant. Mais le trajet qu'ont fait les membres de la commission,
39:13on n'est pas sûr que les membres de leur groupe l'aient fait. C'est intéressant, c'est que c'est
39:17la même mécanique que les consciences citoyennes. Les gens, tu les mets dans le
39:19pas et ils avancent. Mais les gens que tu es censé représenter, comment ils arrivent à s'embarquer,
39:25à avoir ce rapport de confiance qui fait que si moi j'ai fait cette évolution-là...
39:29Là, dans les groupes, il y en a plein qui n'ont pas suivi ce processus-là.
39:34Donc ils vont rester campés sur leur position initiale. Donc il faut juste qu'on mesure ça.
39:55Un des points importants, à mon sens, et qui peut d'ailleurs provoquer des réactions diverses et
40:23variées, c'est que le mot consensus n'est pas un mot qui a bonne presse dans le langage commun.
40:27On l'a sorti souvent des trois lettres pour dire consensus. Donc ce qui pourrait donner
40:34l'apparence d'une forme de vigueur au dissensus, à contrario. Et moi, j'aurais envie d'utiliser un
40:42mot qui a encore plus mauvaise presse. C'est le compromis. Parce que je trouve que, et tu le
40:50décrivais toi-même en disant que la fureur était à nos portes, on est trop dans une culture,
40:55dans la société française, une culture de l'affrontement. Pas assez dans une culture du
40:58compromis. Le compromis n'est pas négatif, c'est qu'on confronte des avis et on essaye,
41:02dans le papier qui nous était proposé, on parlait de plus petit commun déliminateur. Moi,
41:06j'aurais aimé lire plutôt, des vieux souvenirs mathématiques, le plus grand commun multiple,
41:12plutôt que le plus petit commun déliminateur. C'est-à-dire qu'il faut que la façon avec laquelle
41:19on va arriver à une position qui sera plus ou moins commune, nous permette d'aller plus loin
41:22plutôt que de réduire les positions des uns des autres. Une fois que j'ai dit ça, cette recherche
41:28du compromis dans le sens noble du terme, il me semble que pour qu'elle soit mise en valeur,
41:33il faudrait que dans la façon dont nos avis, nos résolutions, etc. sont rédigées et présentées,
41:37on puisse trouver le moyen, sans faire un truc très long parce que sinon ça serait encore plus
41:42illisible, mais de montrer le cheminement. C'est-à-dire qu'il y a eu des différences,
41:47on ne les a pas gommées, il y a eu des apports divers et variés, on ne les a pas édulcorés,
41:53on ne les a pas affadés, mais on a réussi à trouver une position commune qui est celle de
41:59ce que nous représentons ici, qui est la société civile organisée. Moi, je préfère que le CESE
42:04soit dans son rôle, non pas de dire voilà ce que la société civile organisée pense,
42:07parce que la société civile organisée n'est pas quelque chose d'autonome et qui a un avis,
42:12je préfère que le CESE soit là pour éclairer les décideurs publics et le débat public,
42:17sur les points sur lesquels des différents organismes présentant d'intérêt ou autre ont
42:22des points de convergence, et la société est prête à aller plus loin sur ce sujet-là,
42:26à faire ça, et les points sur lesquels il n'y a pas de convergence pour l'instant,
42:31et pourquoi il n'y en a pas. Et c'est ça qui aide le décideur public et c'est pas autre chose.
42:34Le sentiment que moi je peux avoir sur mon premier mandat, c'est que la recherche systématique de
42:40consensus fait que nos documents qui peuvent sortir de nos avis sont très lisses, peu d'aspérités,
42:49peu de points saillants, qui peut éventuellement faire qu'un jour, les avis qu'on aimait n'aient
42:54plus vraiment d'intérêt vers l'extérieur, et ne pas oublier à qui on s'adresse et qui on
42:59représente. Qu'il y ait du dissensus, ça me paraît normal, et tout à l'heure j'entendais un collègue
43:03qui disait on est ici au CESE justement pour faire consensus, mais attention que le consensus à un
43:08moment donné ne devienne pas l'élément qui va faire perdre la crédibilité au CESE.
43:13Tout récemment, l'avis sur la démocratie et les jeunes, donc il y avait un dissensus sur le droit de vote à 16 ans,
43:19qui était quand même repris dans une préco, et qu'est-ce que je vois en regardant un reportage
43:24sur la guerre en Ukraine ? Pouf, un bandeau sur, je sais plus, LCI, ou je sais pas quoi, le CESE favorable
43:30au vote à 16 ans. Et donc en fait, ce dont s'emparent les médias, c'est de ce qui est un petit peu,
43:35j'allais dire, inhabituel, ou qui est quand même, voilà, c'était un scoop d'annoncer ça,
43:43c'est rare que les avis du CESE aient une préco extraite au journal de 20 heures, enfin bon,
43:49et pouf, précisément, c'est une préco qui a fait l'objet d'un dissensus.
43:54Et nous savions tous, attends, Manuel, pour avoir participé à la commission démocratie,
43:59nous savions tous que 16 ans, c'était ce qui fera le buzz, en fait. Donc si tu veux faire le buzz,
44:07tu choisis ce qui va faire le buzz. Sur Cannabis, je sais pas comment on va, en décembre,
44:16mais moi je sais déjà que si tu veux faire le buzz sur Cannabis, je te fais des préconisations
44:20pour faire le buzz. Donc si tu veux... Mais le CESE, c'est pas ça. On n'est pas là pour faire de la com
44:27et du buzz. On est là pour éclairer les pouvoirs publics. On n'est pas là au service de...
44:34Et on n'est pas là aussi au service de nos organisations. Nous représentons nos organisations,
44:39mais on n'est pas au service de servir nos organisations. On est au service de produire du commun
44:47à partir des différences. C'est ça, notre but.
44:50Comme toi, je trouve que l'intérêt du CESE... Parce que sinon, c'est ici comme dehors.
45:00Et donc on voit pas très bien l'intérêt. Voilà. C'est-à-dire que si on se frite avec la CGT
45:06sur tous les débats parce que...
45:10Il y en a d'autres, oh ! Il y en a d'autres, là !
45:14Parce qu'on est... Parce qu'on n'est pas d'accord sur certains trucs. Si ici, on refait les débats
45:22d'ailleurs de la même façon et la conclusion est la même, à quoi ça sert ? C'est l'intérêt de ça.
45:31La qualité des débats qu'on a dans cette société civile, c'est y compris qu'on débat avec des gens,
45:36chacun de nous, qu'on ne voit jamais dehors. Voilà, c'est aussi ça, l'intérêt.
45:41Et donc on ne connaît pas la pensée. Moi, les agriculteurs, je sais pas. Je connais rien.
45:48Et donc, voilà, ça joue quand même, ça, aussi, cette mosaïque.
45:55J'aime la phrase de Jean-François. On est là pour construire du commun à partir de nos différences.
46:11Je me demande quelle place il y a pour cette parole aujourd'hui. Comment donner les moyens
46:19d'écouter, de regarder, de réfléchir, pour construire ensemble des pensées collectives ?
46:25Il faut voir ce que ça signifie. Là, il parle de grande... La formule, j'ai besoin d'un grand débat permanent.
46:51Mais en disant quand même que, dès la réélection, il lancerait ce process, quoi.
47:00Donc avec les chantiers comme école, santé, réforme institutionnelle.
47:08Surtout si Macron ramène la question de la réforme institutionnelle sur le tapis, oui, ça va fleurir.
47:18Et puis, c'est un grand débat, c'est bien gentil de parler aux gens, quoi. Il faut aussi parler aux gens organisés.
47:24Parce que sinon, il refera la même erreur qu'au début du...
47:28Je veux dire, avoir 4 millions de contributions individuelles sur un site, c'est jamais 4 millions de contributions individuelles, quoi.
47:34Ils peuvent pas évacuer comme ça les corps intermédiaires. Ils font comme si ça n'existe plus.
47:43En effet, ils l'évacuent pas s'ils considèrent que leur place, c'est la démocratie sociale.
47:50C'est-à-dire, je sais pas si c'est ce que lui défend, mais c'est un acte qui dit qu'on l'évacue pas,
47:53puisque vous voyez bien que les négociations dans le monde du travail, etc., ils sont là.
47:56Les partenaires du corps intermédiaire, ils sont pas zappés. Ils ont leur scène à eux.
48:03Quelques mois après, le président de la République annonce le lancement du Conseil national de la refondation.
48:10Une instance dont l'émission ressemble à s'y méprendre, à celle du CESE.
48:15Recording in progress.
48:17Le 7 juin 2022, le sujet s'impose en bureau.
48:21Bonjour à toutes et tous.
48:27Je dirais comment le président de la République arrive à se débarrasser de l'état de droit.
48:32Et c'est ça qui nous gêne le plus. On a un état de droit avec plusieurs assemblées.
48:38On peut les faire travailler mieux, on peut les faire travailler ensemble d'une façon différente,
48:44mais on doit pas réinventer quelque chose qui viendrait au-dessus des autres
48:51quand on est dans un pays démocratique où les élections se passent et où on a la chance de vivre.
48:59Et c'est ça, je pense, que nous devons exiger de sa part pour ne pas être en dehors
49:06de ce potentiel Conseil de la refondation qui sera peut-être appelé tout à fait différemment
49:12ou qui n'existera peut-être pas après les prochaines élections législatives.
49:16Moi, il me semble que l'annonce du président de la République ne doit pas être utilisée
49:20surtout pour contourner le Parlement ou le CESE. Donc il va falloir quand même qu'on soit vigilant.
49:26Par exemple, pour ce qui concerne le dialogue social, il doit rester à la main des organisations syndicales.
49:32Ça me semble impératif.
49:35Pour le reste, moi, je partage complètement le communiqué qui a été fait.
49:38C'est-à-dire que si le président de la République cherche un lieu qui associe la société civile organisée
49:43et les citoyens tirés au sort, ce lieu, il existe. C'est le CESE.
49:47Donc il va falloir qu'on reste bien vigilant, justement, sur les conséquences de ce Conseil national de la refondation
49:57en fonction de son évolution, de ses conséquences potentielles sur le CESE.
50:01Est-ce qu'on continue cette discussion et comment on intervient auprès du gouvernement, lui-même, pour en savoir un peu plus ?
50:08Je ne sais pas si Thierry, tu as eu des contacts.
50:10Est-ce qu'on va discuter un peu plus avec le gouvernement sur ce qu'ils ont derrière la tête et ce qu'ils veulent faire ?
50:15Comment on discute avec les forces politiques ? Et du coup, comment on discute, nous, à l'interne du CESE ?
50:19Voilà. Bon, ça, c'est une question de stratégie pour défendre non pas le CESE en tant que tel,
50:25mais cette idée qu'il y a une chambre de la société civile et que, sans passer, la contourner, la doubler,
50:31ce serait à la fois stupide et nous faire perdre beaucoup de temps. Voilà.
50:36Merci. Sébastien ?
50:38Derrière cette annonce, on peut l'interpréter de plusieurs façons, soit une volonté de réformer la Constitution,
50:44soit une volonté de réformer ou de créer un dialogue citoyen.
50:47Mais moi, je suis quand même assez persuadé que, dans la tête du président de la République,
50:51il veut le faire, mais pas en s'appuyant sur le CESE.
50:54Et que sa volonté, c'est de le faire, comme l'a dit Kenza, avec une organisation à sa main,
50:58et qu'il ne considère pas que le CESE est à sa main et que, peut-être qu'on pourra revenir à ce qu'il le fasse avec le CESE,
51:04mais que sa volonté première, ce n'est sûrement pas celle-là.
51:21C'est ce qu'il y a de plus fort, c'est ce qu'il y a de plus fort, c'est ce qu'il y a de plus fort.
51:51C'est ce qu'il y a de plus fort, c'est ce qu'il y a de plus fort.
52:21C'est l'embryo, 95 c'est moi.
52:35Et 97 c'est moi.
52:37Voilà, parfait.
52:51Merci.
53:03Merci.
53:05Merci.
53:07Et 108, s'il vous plaît.
53:09Merci.
53:11Merci beaucoup.
53:13Et 17.
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