"Le déni des proches d’hommes accusés de violences sexuelles n’est ni un phénomène nouveau, ni particulièrement étonnant, mais il se manifeste aujourd’hui de manière flagrante dans des affaires médiatisées. Ce déni, incarné aussi par des femmes – épouses, mères, compagnes – reflète une dynamique complexe.
L’affaire de P. Diddy, accusé de trafic sexuel et d’extorsion, en est un exemple marquant. Sa mère le décrit comme quelqu’un ayant certes commis des erreurs, mais fondamentalement bon. Elle balaie donc d’un revers de la main les accusations soutenues par des témoignages accablants."
Ces lignes proviennent de la chronique de Violaine de Filippis Abate. Cette avocate, que vous pouvez lire dans nos colonnes tous les mercredis, fait le point sur les accusations contre P.Diddy ainsi que sur le traitement médiatique de l'affaire.
L’affaire de P. Diddy, accusé de trafic sexuel et d’extorsion, en est un exemple marquant. Sa mère le décrit comme quelqu’un ayant certes commis des erreurs, mais fondamentalement bon. Elle balaie donc d’un revers de la main les accusations soutenues par des témoignages accablants."
Ces lignes proviennent de la chronique de Violaine de Filippis Abate. Cette avocate, que vous pouvez lire dans nos colonnes tous les mercredis, fait le point sur les accusations contre P.Diddy ainsi que sur le traitement médiatique de l'affaire.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Et aujourd'hui, on est là pour se parler de l'affaire qui secoue le monde de la musique outre-Atlantique,
00:04qui est l'affaire P. Didi.
00:06Donc avant tout, le tchat, je vous propose qu'on regarde tous ensemble
00:10un petit recap de l'affaire faite par nos collègues de France 24,
00:18histoire de se remettre un petit peu à la page,
00:21parce que moi, je vous avoue, il y a tellement de couches à cette affaire que je n'ai pas tout suivi.
00:26Hop !
00:29La star américaine du rap, entre les mains de la police.
00:33Sean Combs, aussi connu sous le nom de P. Didi, ou anciennement Puff Daddy,
00:37a été arrêté lundi soir, heure de New York, par des agents fédéraux à Manhattan,
00:42après une inculpation par le parquet fédéral.
00:44Neuf plaintes ont été déposées contre le rappeur depuis un an,
00:47notamment pour agression sexuelle.
00:49Son avocat dénonce ses poursuites.
00:52Nous sommes déçus de la décision du bureau du procureur des Etats-Unis
00:56de continuer ce que nous estimons être des poursuites injustes à l'encontre de M. Combs.
01:03P. Didi est décrit par plusieurs plaignantes comme un prédateur sexuel violent
01:07qui utiliserait l'alcool et la drogue pour manipuler ses victimes.
01:10Une ancienne actrice X l'accuse de l'avoir forcée à se prostituer dans les années 2000 au cours de soirée.
01:15L'ex-compagne du rappeur Cassie Ventura l'a, elle, accusée de comportement violent.
01:20Une vidéo récemment publiée datant de 2016
01:23montrait P. Didi en train de lui donner des coups de pied dans un hôtel.
01:26Une affaire réglée à l'amiable dans un accord confidentiel.
01:32Ok, bon.
01:34Déjà, ça fait beaucoup.
01:35J'ai plus très envie de répéter cette chanson, malheureusement.
01:37Et c'était il y a trois semaines.
01:39Et il me semble que depuis trois semaines, ça s'est encore...
01:42Enfin, l'affaire a pris encore une autre tournure puisque c'est maintenant, on parle de 120 plaignantes.
01:46Donc, on voit que tout a commencé avec, en fait, la plainte de son ex-compagne,
01:53Cassie Ventura, qui est aussi chanteuse, chanteuse de R'n'B.
01:58Et où, en fait, en 2023, elle a donc porté plainte pour violences et violences aggravées.
02:05Il y a une vidéo qui a beaucoup tourné, qu'on ne va pas vous diffuser aujourd'hui parce qu'elle est assez sensible.
02:10Extrêmement violente, oui.
02:11On le voit en train de frapper.
02:13Je ne sais jamais trop où regarder quand on est en train de...
02:15Tu peux regarder là.
02:16On regarde la caméra.
02:17Bonjour.
02:18Oui, on a choisi de ne pas la diffuser parce qu'effectivement, elle est très violente.
02:22On voit le rappeur en train de la frapper et la traîner, en fait.
02:28Elle est disponible sur Internet.
02:30Donc, si vous voulez la consulter pour vous, allez-y.
02:32Mais on ne préférait pas la diffuser.
02:34Voilà.
02:35Et suite à ça, P Didi a donc publié une vidéo d'excuses qu'on va également vous mettre.
02:41Enfin, celle-ci, il n'y a pas de violences.
02:43On va essayer de la traduire un petit peu.
02:45Et on va voir qu'en fait, c'est assez systémique de comment se défendre des agresseurs, en fait.
03:16Donc là, il dit qu'il est désolé, qu'il était désolé à l'époque et qu'il est désolé maintenant.
03:22Ce qui est quand même assez fort de gâter.
03:24À mesure de ses actes, et qu'il a su la responsabilité.
03:27Je ne sais pas ce que ça veut dire pour lui dans sa tête.
03:30Jamais devant les tribunaux, vraiment.
03:32Voilà.
03:33C'est vraiment...
03:34C'est vraiment...
03:35C'est vraiment...
03:36C'est vraiment...
03:37C'est vraiment...
03:38C'est vraiment...
03:39C'est vraiment...
03:40C'est vraiment...
03:41C'est vraiment...
03:42C'est vraiment...
03:43C'est vraiment...
03:44C'est vraiment...
03:45Oh le pauvre...
03:46Oh le pauvre...
03:47Oh la la, une thérapie !
03:48Oh la la, une thérapie !
03:49Non !
03:52Moi, je trouve ça intéressant aussi quand il parle de cure de désintoxication.
03:55Où, en fait, on voit que l'alcool...
03:58Alors toi, ta vision de juriste.
03:59J'ai l'impression que...
04:01Enfin, pour parler avec des termes juridiques...
04:04Pour parler avec des termes juridiques...
04:05Souvent, c'est considéré comme une...
04:06Enfin, les gens me parlent comme si c'était une circonstance atténuante,
04:10alors que c'est une circonstance aggravante, en fait.
04:12Oui, tout à fait.
04:13Juridiquement c'est une circonstance atténuante.
04:14c'est une circonstance aggravante, tout à fait raison, alors que dans le discours qu'on entend
04:18souvent et qui est celui qui est repris ici, c'est présenté comme une circonstance atténuante.
04:24Alors qu'aux yeux de la loi, en tout cas en droit français, c'est effectivement une circonstance
04:28aggravante, ça veut dire que ça peut aggraver la peine. Et pourtant c'est toujours présenté comme
04:33quelque chose qui aurait vocation à les déresponsabiliser. Il y a beaucoup de personnalités
04:39d'hommes français qui ont évoqué de l'alcool pour se défendre justement d'avoir commis une
04:46agression. Oui, j'étais en boîte de nuit, j'avais trop bu, c'est pas mon comportement normal. Comme
04:53si c'était justement une forme d'exonération, alors que pas du tout. Quand on prend le volant
05:02alcoolisé, il me semble que ça rajoute un petit peu. Oui c'est ça, et d'ailleurs, on en rit
05:09jour, mais évidemment c'est pas du tout drôle, parce que du côté des victimes, en revanche quand
05:13elles ont bu, c'est considéré comme une circonstance aggravante. Il fallait pas le faire. Il fallait pas
05:18boire. D'ailleurs, il y a un policier lors d'un dépôt de plainte assez récent qui me parlait,
05:24je lui ai dit effectivement vous devez être sous l'eau parce qu'on sait qu'il n'y a pas
05:28assez de budget dans la justice, donc ils ont énormément d'enquêtes à traiter. Et il me dit
05:32oui oui c'est vrai qu'on est sous l'eau. D'ailleurs, le week-end dernier, il y a aussi des gens qui sont
05:37venus pour déposer plainte alors que quand même... En gros, il faisait comprendre que ce n'était pas
05:41forcément prioritaire. Et là, il a pris l'exemple texto d'une femme qui était venue alors qu'elle a
05:47fait des mélanges d'alcool avant de venir et qui faisait l'état d'un viol. J'ai attendu qu'il finisse
05:53sa phrase et je lui ai dit mais vous vous rendez bien compte que même si elle avait bu, ça veut
05:57pas dire qu'elle n'a pas été violée et puis ça n'en fait pas une responsable. Il s'est rendu compte
06:01qu'il avait dit une connerie je pense et il m'a dit oui oui tout à fait et puis il est passé à autre
06:04chose. L'alcool, pour les hommes accusés, il le présente comme une forme d'excuse et sur les
06:11victimes, c'est présenté comme une forme de responsabilité. Il y a un double standard complètement.
06:17Il y a quelqu'un qui nous dit alcool, drogue, on a l'impression que c'est au même niveau
06:22qu'un problème psychiatrique. Et encore une fois aussi, la psychiatrie, c'est pas parce qu'il y a
06:29plein de gens qui ont des maladies mentales qui se comportent très bien. Il y a certaines stars
06:37qui utilisent ce prétexte mais bon. Oui c'est vrai qu'en plus ça a tendance à insulter les personnes
06:43qui sont victimes de maladies, qui subissent des maladies et qui pour autant ne se comportent pas
06:48comme des agresseurs. Il y a quelqu'un dans le tchat qui donne l'exemple du feu qu'on grillerait
06:53quand on est ivre. Oui effectivement c'est comme si c'était une circonstance atténuante.
06:57Effectivement avec le corps des femmes c'est encore pire, c'est-à-dire que c'était vraiment
07:01considéré comme j'ai pas fait exprès, j'avais bu comme si on l'avait obligé à boire.
07:08On continue.
07:13On remarquera sa tête et ses mimiques.
07:15Ouais c'est très... j'ai l'impression que cette mise en scène... je suis désolée, il le redit.
07:23Donc il dit qu'il va être meilleur, qu'il demande pas le pardon mais encore une fois il faut suivre
07:35d'actes. Mais c'est vrai que cette façon de se mettre en scène est extrêmement... c'est très
07:50répandu je trouve où on va vraiment voir une personne face caméra, très larmoyant. On l'a vu
07:57notamment, on avait fait un react avec toi à la vidéo de Norman. Oui tout à fait. C'est exactement
08:03le même type de mise en scène. Je regardais par combien de personnes ça avait été visionné cette
08:10vidéo parce que la chaîne a quand même 412 000 abonnés et donc on n'a pas regardé les commentaires
08:14sur cette vidéo mais c'est vrai que ça diffuse un message. Rien que le fait de diffuser cette
08:19vidéo, ça participe d'une culture du viol en fait, ou des violences faites aux femmes de
08:26manière plus large. Et quelqu'un qui nous dit qu'il réagisse comme si c'était la première fois
08:30qu'il buvait ou se droguait, on doit connaître les conséquences et les excès deviennent une excuse.
08:33Oui voilà, les excès deviennent une excuse. Exactement ça Lily. Et Julie Japon, genre il
08:39peut pas s'acheter un bon micro. Oui ça encore une fois je pense qu'il y a aussi une technique
08:42de relation presse derrière, de dire je suis proche de vous en fait. Ces accusations pourraient
08:49nous arriver à tous. Un phénomène d'identification. Regardez, je suis comme vous. D'ailleurs on voit
08:56qu'il est filmé un peu comme si c'était amateur alors je sais pas dans quelles conditions c'est
09:00été filmé mais vu les enjeux, il y a quand même moyen que ça a été réfléchi avant d'être posté
09:04cette vidéo. Oui je pense que généralement, enfin généralement c'est quand même des gens qui sont
09:07très entourés d'une armée de stylistes tout ça, il y a forcément quelqu'un de relations publiques
09:11derrière. Oui surtout sur des sujets aussi graves. Après on peut pas le certifier mais c'est quand
09:15même de la communication de crise. C'est à dire que théoriquement avant de poster cette vidéo,
09:19en tout cas il n'y a rien eu de spontané là dedans. Donc effectivement peut-être que le micro
09:24qui fait micro d'occasion est en réalité pensé pour faire comme s'il venait de se filmer tout
09:29seul et qu'il n'y avait pas un conseiller en communication, son attaché de presse. Si ça se
09:33trouve même ça a tenu et réfléchi. On peut pas faire des suppositions sur ça mais en tout cas
09:39ce qu'on peut affirmer c'est que ça a été repris par quasiment tous les médias américains au moment
09:44où c'est sorti. En fait les excuses font plus de bruit que les révélations finalement et on le
09:52voit aussi en France, dans la musique, dans des affaires comme ça. Oui exactement et je sais pas
09:58si vous avez déjà entendu parler de Suzanne Faludi qui avait écrit un livre, qui est journaliste et
10:03autrice, qui avait écrit un livre dans les années... alors c'est sorti en 91 et ça parlait justement du
10:09mouvement de backlash donc de réaction face aux avancées progressistes des années 70 et 80 et
10:15récemment Suzanne Faludi, vous allez voir le lien je vous assure, elle s'est prononcée sur justement
10:20cette victimisation des hommes, c'est là où je veux en venir, et elle a dit autant dans les années 70-80
10:25ce qu'il s'est passé ensuite c'est qu'on présentait les féministes comme des femmes
10:30qui rendaient les autres femmes malheureuses, autant là le backlash post MeToo, c'est-à-dire la réaction post
10:35MeToo, c'est aussi de présenter les hommes comme malheureux à cause des femmes et des prétendus
10:40excès de MeToo. Et donc là on le voit très bien et on le voit à plein de reprises comme tu l'as dit
10:45dans les médias souvent, ces hommes qui se disent victimes d'une société post-moderne, post tout ce
10:52qu'on veut d'ailleurs, ce mot peut passer partout, néo-féministes, et donc en fait comme si le
10:57féminisme leur avait brisé leur vie et qu'eux en fait c'était pas des monstres, ils étaient juste
11:01victimes des excès de suspicion, des excès. Et d'ailleurs le dernier livre de Caroline Fourest
11:06qui parle de MeToo justement, j'ai plus le titre, j'ai plus le titre non plus, et c'est sur MeToo,
11:13c'est l'overtige MeToo je crois. Elle y traite du prétendu excès des réactions post MeToo et
11:22donc ça y passe aussi. Retrouver l'équilibre, enfin trouver l'équilibre, c'est vraiment cette
11:26ambiance là dans laquelle on est bénie aujourd'hui. L'équilibre après la nouvelle révolution sexuelle.
11:31Comme si finalement les hommes étaient devenus des victimes du fait des progressions qu'on a
11:38eues ces dernières années, enfin des petites progressions. Oh les pauvres. Et puis il y a
11:44vraiment ce truc aussi j'ai l'impression, qui a toujours eu lieu dans les backlash, de dire
11:50les féministes d'avant elles n'étaient pas comme vous. Elles étaient beaucoup plus calmes.
11:53Oui les suffragettes elles n'ont jamais posé des bombes les gars. Et puis à l'époque on leur
11:57donne déjà la même remarque. C'est vraiment cyclique. C'est un peu terrifiant d'ailleurs que
12:01ce soit cyclique parce que quand on regarde certaines féministes des années 1900-1910
12:06qui disaient non mais là c'est bon on est enfin arrivé en virage de société et de redire la
12:10même chose depuis cent ans après. Alors évidemment on avance quand même mais à chaque fois on avance
12:16puis un léger recul. Puis on avance un peu plus puis un léger recul et donc on avance comme ça
12:20à tâtons je dirais. Et on n'est pas à l'abri d'un plus grand recul comme on l'a vu aux Etats-Unis
12:24avec l'IVG et le retour sur le droit constitutionnel d'avortement. Et donc pour continuer sur PDD,
12:33donc après ces accusations de violence conjugale, donc il y a de plus en plus de personnes qui ont
12:39témoigné. Aujourd'hui on arrive au nombre terrifiant de 120 plaignantes. Oui c'est un
12:45peu plus je crois. Oui alors là on n'est que sur les agressions sexuelles et viols. Il y a
12:50120 plaignantes. Il n'y a pas 120 plaignantes qui ont porté plainte pour viol mais en tout cas pour
12:54agression sexuelle ou viol elles sont 120. Ça pose aussi pas mal d'autres délits parce que dedans on
13:02avait vu tout à l'heure il y a des délits de proxénétisme tout ça. Qu'est-ce qui risquerait
13:07en France PDD ? Parce que bon on sait que la justice américaine fonctionne différemment de
13:11la nôtre avec les passages au civil tout ça. Mais il y a plusieurs qualifications qui pourraient
13:16être retenues. Alors bien sûr on n'a pas les éléments du dossier donc ce que je dis c'est
13:19juste des exemples. Ça se trouve il y en aurait d'autres. Ça pourrait être qualifié de proxénétisme.
13:23Ça pourrait être qualifié de proxénétisme sur mineurs ce qui est du coup aggravé. Il y a aussi
13:28la qualification de viol. Il peut y avoir la qualification d'agression sexuelle. Donc il y a
13:35beaucoup de qualifications qui pourraient être retenues. Après aux Etats-Unis je ne suis pas
13:41avocate aux Etats-Unis donc je ne peux pas vous dire les précisions légales précises.
13:47Vous avez compris. Mais oui il y a plusieurs qualifications pénales possibles sur les faits
13:53qui sont relatés là. Et suite à ces accusations on va vous le mettre tout de suite pour ceux qui
14:03parlent anglais. On va essayer de traduire un petit peu le statement donc la déclaration de la
14:09mère de P. Didi, Janice Smalls-Combs, qui utilise des mots comme un lynchage public par exemple voir
14:20un lynchage public sur mon fils avant qu'il n'ait plus l'opportunité de prouver son innocence.
14:25C'est un pain too unbearable, une douleur trop insupportable pour mettre des mots dessus.
14:33Personne n'est immunisé contre les... l'erreur est humaine en gros. L'histoire nous a montré
14:42qu'il pouvait y avoir des fausses accusations. Surtout qu'elle dit
14:50many individuals. Comme si c'était présenté systémiquement. Beaucoup de gens ont été
14:57innocentés ensuite ce qui est faux en fait. Ce qui est souvent dit parce qu'on entend souvent
15:01que quand il y a un classement ou une absence de condamnation ça veut dire que la personne
15:04accusée est fondamentalement innocente. Alors ça veut pas vraiment dire ça parce que ça veut dire
15:09que juridiquement souvent c'est parce qu'on n'a pas assez d'éléments pour entendre votre
15:12condamnation. Donc ça veut dire que la justice considère qu'elle n'est pas juridiquement
15:16responsable. En revanche souvent dans les classements sans suite en France il y a des
15:20statistiques qui le démontrent. C'est classé par exemple pour les viols à hauteur de 92%
15:2594% des plaintes pour viol sont classées sans suite. Et la grande majorité c'est pour
15:31infractions insuffisamment caractérisées. Donc ça veut dire qu'on n'a pas réussi à prouver que la
15:36victime mentait, que la victime présumée mentait. On n'a pas réussi à le démontrer ça. On a juste...
15:41La justice fait en fait état d'un aveu. C'est à dire qu'elle dit là je ne sais pas. Donc évidemment
15:46on ne peut pas entrer en voie de condamnation quand il n'y a pas assez de preuves. Mais ça
15:49ne veut pas dire pour autant que la victime mentait puisqu'on n'a pas réussi non plus à
15:52démontrer l'inverse. Et là fondamentalement c'est ce qu'on dit souvent. C'est qu'en fait il faudrait
15:56pousser des enquêtes, avoir des vrais actes d'investigation dans toutes les enquêtes pour
16:00trouver des preuves avant de classer. Et donc donner des moyens à la justice parce qu'en fait
16:05c'est ça aussi. Si on classe sans suite c'est parce qu'on n'a pas les moyens d'investiguer.
16:08Aussi oui. C'est à dire que si à chaque fois qu'on dépose plainte il y avait une saisie des
16:12téléphones des personnes concernées, une audition de l'homme accusé et une enquête de l'entourage,
16:17rien que ça, ça permettrait de trouver des preuves. Et je le vois parce que dans les dossiers où je
16:21suis saisie pour accompagner des femmes ou j'ai aussi des hommes que j'accompagne qui ont été
16:26victimes petites souvent. Et bien quand on est constitué dès le dépôt de plainte, j'ai remarqué
16:32récemment que l'enquête allait plus vite. Parce que quand il y a une avocate ou un avocat du coup
16:36c'est les actes d'investigation. Je pense qu'avec le climat actuel ils ont tendance à les ordonner
16:42alors qu'en fait n'importe quelle victime devrait y avoir droit sans arriver avec un avocat ou une
16:46avocate pour être assistée. D'ailleurs d'où la nécessité d'avoir des avocats et des avocates
16:51gratuits payés par l'état pour les victimes quand on va déposer plainte au commissariat. Pour l'instant
16:56c'est pas le cas en général. Tout à fait. Et là je voulais revenir sur un truc avec toi en tant
17:02qu'avocate où on voit que notamment la mère de Pididi dit que son fils en fait, et ce qui est vrai,
17:08a le droit à un jugement dans un tribunal pour partager ce côté de l'histoire et elle, je cite,
17:16prouver son innocence. On entend beaucoup cette injonction au silence sur les réseaux sociaux
17:22notamment de dire ne vous faites pas le tribunal médiatique, vous bafouez la présomption d'innocence.
17:27Bon là on est sur le droit américain mais en France est-ce qu'on peut revenir sur qu'est-ce
17:31que ça veut dire en fait respecter la présomption d'innocence ? La présomption d'innocence ça
17:36consiste à dire que, c'est un des principes fondamentaux de notre état de droit, ça consiste
17:39à dire qu'il faut des preuves pour condamner quelqu'un et que tant qu'il n'y a pas de preuve
17:43et de décision de justice, on est présumé donc innocent, on ne peut pas être condamné. Et ça
17:47c'est fondamental et constitutionnellement on ne pourrait pas inverser cette présomption. Bien sûr
17:52ça pourrait aussi se retourner contre les militantes et les militants progressistes, sinon ça voudrait
17:56dire que si on était plus présumé innocent sur les choses qu'on nous impute, ça pourrait aussi se
18:01retourner contre nous. Donc fondamentalement ce droit il est vraiment utile et je ne pense pas
18:08que ce soit opportun de revenir dessus. En revanche un des autres grands principes de notre justice
18:15c'est le droit à un procès équitable et c'est ça qui à mon sens aujourd'hui n'est pas respecté
18:19parce qu'on parle souvent de présomption d'innocence et encore une fois oui c'est normal, mais par
18:23contre on oublie de rappeler que normalement on a le droit à un procès équitable aussi et que
18:26c'est un principe qui est aussi important que la présomption d'innocence. Donc quand quelqu'un ou
18:30quelqu'une va déposer plainte, normalement si on respectait ce droit à un procès équitable ça veut
18:36dire que ce serait légitime du coup d'avoir droit à des actes d'enquête. Parce qu'en droit pénal c'est
18:42pas comme le droit civil, c'est à dire que c'est pas à vous même de faire l'enquête en droit pénal.
18:45Le droit civil vous savez c'est par exemple les pensions alimentaires dans le cadre des séparations,
18:51de divorces, ça peut aussi être du droit de la consommation par exemple si vous achetez un truc
18:56et que ça fonctionne pas c'est à vous de rapporter la preuve que ça fonctionne pas dans la plupart des
19:00cas. Et bien en droit pénal c'est pas à vous de faire l'enquête. En droit pénal dans notre état c'est
19:05la police qui fait les enquêtes théoriquement. Donc quand vous venez de dire quelque chose,
19:09votre parole elle est censée être un premier élément d'enquête qui doit déclencher une
19:13suite. Et aujourd'hui elle déclenche pas cette suite. En tout cas elle la déclenche pas assez
19:16vite et pas assez bien. Et c'est ça le problème. Et pas systématiquement. Et là on voit du coup
19:23sur encore le statement, une autre idée fausse autour des plaintes pour VSS qui sont
19:31« These lies from our team are motivated by those seeking a financial gain and not justice ». Donc
19:38en fait on revient à ce cliché des plaignantes qui veulent l'argent des artistes et qui en ont
19:47après l'argent. Bon aux Etats-Unis ça sert différent mais il faut rappeler qu'en France
19:51on perd de l'argent aujourd'hui. Le plus souvent quand on porte plainte on risque de perdre plus
19:57d'argent que d'en gagner. C'est vrai que les procédures sont tellement longues que comme je
20:01disais aujourd'hui il n'y a pas de prise en charge par l'état systématique. Il faut avoir droit à
20:06l'aide juridictionnelle et l'aide juridictionnelle ne se déclenche pas au stade du dépôt de plainte.
20:09Donc déjà là il y a un problème. Et quand bien même on aurait droit à l'assistance via l'aide
20:13juridictionnelle, il ne faut pas dépasser des plafonds. Alors je crois que quand on est victime,
20:16chacune et chacun devrait avoir droit à un avocat ou une avocate gratuitement. Donc c'est sûr que
20:23cette ligne de défense qui consistait à se dire c'est pour gagner de l'argent, vu le taux de
20:28condamnation, non ce n'est pas pour gagner de l'argent. Et quand ce n'est pas cet argument
20:31qui est avancé, il y a toujours cette notion de vengeance. Si ce n'est pas pour gagner de l'argent,
20:34souvent c'est perçu, en tout cas en défense, on dit oui mais c'est pour se venger parce qu'il
20:40l'a quitté et donc du coup elle fait ça pour se venger. Et alors ça, j'ai vu un sondage qui doit
20:45dater d'il y a un an ou deux, qui dit qu'il y a quand même 4 Françaises et Français sur 10 qui
20:49vont dans le sens de dire que quand une femme dépose plainte pour violence, elle le fait sûrement
20:55pour se manger. 40% en 4 sur 10, c'est énorme. Je ne pensais pas que c'était à ce point. Et
21:03justement là on voit donc la mère de Pididi qui dit que son fils n'est pas le monstre que
21:10they have painted him to be. Donc le they j'imagine que c'est les médias, les plaignantes, tout ça.
21:15Donc il n'est pas le monstre qu'ils ont dépeint. Mais c'est quoi un monstre ? Cette notion de
21:20monstre elle revient souvent et en réalité ce n'est pas des monstres qui agressent les hommes
21:25insérés. D'abord c'est quoi un monstre ? Mais dans l'imaginaire, le monstre ça va être l'homme
21:32au coin d'une rue la nuit, pas inséré, qui n'a pas d'amis, pas de travail. Alors qu'en réalité ça
21:38représente en France une agression sur 10 à peu près pour les viols. 9 cas sur 10 des viols c'est
21:43un proche, 1 cas sur 2 c'est carrément le conjoint et l'exconjoint. Donc dire que ce n'est pas un
21:47monstre, au contraire, c'est qu'il n'y a pas besoin d'être un monstre pour agresser ou violer.
21:53Ça vient aussi de la culture sexiste dans laquelle on baigne, qui fait que le consentement, le fait
22:00de respecter le corps des femmes, ce n'est toujours pas quelque chose qui est bien expliqué, qui va
22:06de soi malheureusement. Mais justement, sur ce truc des monstres, on le voit à Mazan,
22:17c'est pas du tout des monstres, c'est des hommes qui sont voisins. Et justement là où on voit que
22:25la mère de Pididi, c'est bien ça ta chronique ? Oui, j'ai cité notamment et puis d'autres,
22:33c'est le communiqué de presse qu'on a vu. Oui c'est ça, où en fait tu as réagi dessus,
22:38où notamment tu pointes du doigt le fait qu'au service du backlash, il n'y a pas que les hommes,
22:44il y a aussi les femmes, notamment le livre de Fourest. Et au procès Mazan, on a vu les femmes
22:51défendre leur mari face à des preuves accablantes. C'est vrai que dans les co-accusés, donc aux côtés
22:59de Dominique Pellicot, dans le procès vous savez qu'il y a d'autres accusés, et des proches de ces
23:04accusés-là, notamment leurs conjointes ou parfois de leurs filles, il y en a plusieurs qui se sont
23:10exprimées, vous pouvez retrouver ça sur internet, et elles ont dit en gros que souvent les mots qui
23:15reviennent c'est « il s'est laissé avoir par Dominique Pellicot, il y est allé pour voir,
23:21il pensait que c'était ok et puis en fait évidemment il n'aurait jamais violé ». Et il y a même un
23:26article qui mentionne une des conjointes d'un des accusés qui dit « moi je suis d'accord pour
23:31qu'on punisse les monstres », encore cette notion de monstre, mais pas lui, lui c'est pas un monstre.
23:35Et donc en fait ce blocage que des psychiatres expliquent très bien de dissociation, parce qu'on
23:41peut pas accepter l'inacceptable en fait, c'est trop violent mentalement. Et donc plus ou moins
23:48inconsciemment, ces femmes effectivement participent au phénomène de backlash, donc de retour de
23:53bâton, et s'inscrivent dans un mouvement qui va contre les droits des femmes. Ça je pense que c'est
23:58largement inconscient pour certaines, c'est-à-dire qu'en protégeant leur conjoint elles participent
24:04aussi à ce mouvement réactionnaire. Mais je pense que leur première motivation consciente c'est
24:07d'abord de protéger. Bien sûr, bien sûr, et puis enfin là dans le cas de Pissy où c'est une mère qui
24:11défend son fils, je pense qu'on peut tous et toutes comprendre pourquoi elle le fait. Est-ce qu'elle a
24:17raison et est-ce que les avocats devraient utiliser ces témoignages, ces questions ? Mais est-ce qu'il y a
24:23des limites sur ce que les avocats de la défense d'ailleurs peuvent utiliser dans les procès ?
24:28En tout cas là, ce qu'on a entendu être plaidé notamment dans le procès de Dominique Pellicot,
24:35c'est-à-dire l'idée que, enfin c'est un avocat qui avait dit, on en avait parlé la dernière fois, un avocat
24:40de la défense qui avait dit aux médias il y a viol et viol. Enfin pas sous-entendu, c'est entendu
24:45qu'il y aurait un viol conscientisé par l'agresseur où celui-ci se rendrait compte qu'il était en
24:50train de violer, puis un viol où, oups, il n'a pas fait exprès de violer. C'est horrible de dire ça,
24:54mais c'est ça l'idée. Ça c'est possible dans la mesure où le code pénal distingue aujourd'hui
25:00l'élément matériel, c'est-à-dire qu'est-ce que c'est qu'un viol. Donc aujourd'hui c'est défini
25:05comme étant une pénétration par contrainte, surprise, menace ou violence. Et puis une fois
25:11qu'on a prouvé qu'il y a eu ça, donc cette pénétration par contrainte, menace, surprise ou
25:14violence, on doit prouver l'intention de l'agresseur, c'est-à-dire qu'il savait qu'il était en train de
25:18violer. Et donc en fait ce que plaide cet avocat, c'est de se dire d'accord, il y a eu cette pénétration
25:23manifestement par surprise ou par contrainte, mais il n'y a pas eu d'élément intentionnel, donc la
25:30responsabilité ne peut pas être retenue, l'infraction n'étant pas complètement caractérisée. Et ça,
25:33à mon sens, ça pourrait être réglé si demain on envisageait de dire que dans des cas où les
25:38personnes sont inconscientes, dans les cas où la femme concernée en l'occurrence, ça se voyait
25:44qu'elle était inconsciente, l'intention est présumée rapportée. Donc comme ça, ça pourrait
25:50ne plus être débattu, en tout cas aussi largement que ça. Ce qui rassure encore même, c'est que la
25:58cour de cassation, vous savez peut-être, c'est la juridiction en haut de notre hiérarchie de
26:03juridiction qui uniformise l'interprétation de nos lois. Elle s'est positionnée quand même...
26:08Est-ce que c'est le même niveau que le Conseil d'État mais pour le droit privé ?
26:11Exactement. Elle s'est positionnée en disant que sur une femme inconsciente, l'auteur de la
26:18pénétration par surprise ou par contrainte, elle était présumée savoir qu'elle n'était
26:22pas consentante. Pas en ces termes, mais ça voulait dire ça à l'arrêt. Donc on voit que
26:26quand même, il y a une interprétation qui normalement doit être prise par les juges du
26:31fond. Les juges du fond, c'est les juges qui jugent avant la cour de cassation. Mais ça,
26:36c'est un des exemples de pourquoi on en arrive à entendre ce type de plaidoiries. Maintenant,
26:40dans tous les cas, ça pose la question de savoir si défendre, c'est mentir contre les preuves
26:45matérielles. Je ne pense pas que ce soit une bonne défense en tout cas, parce que je ne suis pas
26:49sûre que ça arrive dans l'intérêt des clients, des avocats de la défense, de plaider des trucs
26:53pareils. C'est vrai que stratégiquement, moi qui n'y connais rien à tout ce qui est la mise en
26:59place d'un procès ou quoi, on aurait plutôt tendance à dire, si je dois défendre quelqu'un
27:03qui est présumé coupable de ça, on va aller chercher peut-être les traumatismes liés à son
27:08enfance, est-ce que lui, il a été victime d'abus ? Qu'est-ce qui l'a amené à se comporter comme
27:13ça ? Parce que là, moi, j'avais quand même l'impression, pour revenir sur le procès Pellicot,
27:19il y avait une volonté de s'attaquer à la victime avant tout. D'ailleurs, c'est ce qu'a dit Iselle
27:25Pellicot, qu'elle avait l'impression que c'était elle qui était accusée quand elle a pris une de
27:29ses prises de parole. Je regardais dans le tchat, il y a marqué, ce sont des monstres ordinaires,
27:33c'est Sabine, c'est vrai que l'expression monstre ordinaire, c'est assez percutant,
27:38je trouve, puisqu'en réalité, dans l'imaginaire collectif, on s'imagine que ce sont des monstres
27:43tout court, alors qu'en fait, ce sont des personnes ordinaires et pourtant qui accomplissent quelque
27:48chose qui abstraitement nous paraît monstrueux, qu'il l'est concrètement, mais qui se reproduit
27:52tellement souvent que ça devient... Ce qui est horrible, c'est qu'aujourd'hui, en étant une
27:57femme, on a plus de chances d'être agressée, harcelée, voire violée que de ne jamais l'être.
28:03Par exemple, c'est une échelle, bien sûr, toutes les femmes ne seront pas violées,
28:09mais par exemple, beaucoup de femmes, quasi la totalité, avaient répondu à un sondage qu'elles
28:14étaient victimes au moins une fois de harcèlement dans les transports parisiens.
28:16Oui, je me souviens de ce sondage, c'était vraiment 100% des femmes qui ont dit avoir
28:21été au moins une fois victimes d'harcèlement dans les transports en commun.
28:25Donc oui, ce caractère ordinaire, en fin de compte, comme si on l'avait intégré,
28:29c'était pas agréable.
28:29J'ai l'impression qu'on l'a toutes aussi vécu. J'espère pour la génération en dessous de moi
28:33que les choses se sont améliorées, mais moi, en fait, les premières fois où je suis allée voir
28:38ma mère en disant « ouais, c'est quelqu'un qui est un gros dégueulasse qui m'a dit ça dans la rue »,
28:42c'était un peu genre, bon, elle n'était pas très énervée aussi, mais c'était,
28:45ben, il va falloir s'habituer, quoi.
28:46Oui, ou quand tu sors en soirée, tu fais attention à ton verre, ou même quand on était étudiante,
28:52des exemples comme ça. Peut-être que vous aussi, vous avez des souvenirs comme ça de vous,
28:58en tant que femme ou de vos amis, si vous êtes un homme, vous connaissez probablement des femmes,
29:03j'espère en tout cas, de voir vos amis en soirée faire attention à leur verre ou leur dire « tu
29:10veux que je te raccompagne ? » et comme si c'était des automatismes, alors qu'en réalité on se
29:15protège finalement, alors qu'on ne devrait pas dans une société qui fonctionnerait de manière égalitaire.
29:19Oui, moi, je me souviens aussi de l'incrédulité de mes amis hommes, parce que quand on sortait
29:26avec eux, en fait, il ne nous arrivait pas grand chose en termes de harcèlement de rue. Du coup,
29:30ils ne voyaient pas ce dont on était victime la plupart du temps. Et une fois, on a juste fait le
29:33test, en fait, de dire « allez, vous marchez quelques mètres derrière nous » et en deux
29:37minutes, on s'est fait accoster très vite par des gros lourds, quoi. Et là, ils ont dit « ah ouais,
29:43c'est à ce niveau ». Et en fait, il fallait leur montrer parce qu'ils ne nous croyaient pas aussi.
29:47Et ça, j'ai l'impression aussi un peu que c'est systémique, où on voit, moi, j'ai vu des
29:52journalistes qui se disent « oui, j'ai passé tant de jours dans la peau d'une femme ». Et là,
29:55je fais « oui, alors, il y a un truc pour t'épargner ces efforts, c'est de nous croire, en fait ».
30:00Oui, voilà. Malheureusement, il y a un long chemin de prise de conscience qui passe aussi
30:06par l'éducation et l'école sur ces problématiques. Et aujourd'hui, les séances à l'éducation,
30:11à la vie sentimentale et affective ne sont pas tenues. Je ne sais pas quel âge vous avez dans
30:14le tchat, mais je crois que c'est 2001, en tout cas, c'est le début des années 2000. Du CP à la
30:19terminale, on était censé avoir au moins trois séances sur l'éducation, la vie sentimentale et
30:24affective. Et rarement, ça a été fait. J'ai rarement vu des amis me dire « oui, moi, j'en
30:31ai eu une, deux peut-être, mais même pas une, en fait ». Souvent, ils n'en ont pas eu.
30:35Moi, je m'en souviens d'une où c'était juste « bon, voilà, il y a les préservatifs ».
30:39C'est hyper réapproprié par l'extrême droite et les conservateurs, qui disent qu'en fait,
30:44c'est des cours où on apprendrait soi-disant à se masturber. Non, mais n'importe quoi.
30:48N'importe quoi. Mais c'est vraiment, je lis parfois des commentaires sur le web,
30:52« Expression des années 90 », où il y a des personnes qui disent « non, mais comment on peut
30:57être pour ces cours alors qu'on sait très bien ce qu'ils apprennent aux enfants ? ». Non, non,
31:00c'est pas... C'est fou comme croyance. Le niveau de désinformation.
31:04Ah non, mais c'est terrible. Moi, dans ces trucs, je me souviens d'apprendre à écrire
31:08« trompe de fallop », ça me trompait, mais pas d'apprendre à me masturber.
31:11Donc, ce n'est pas du tout l'objet de ces cours. Non, non, c'est des cours où, en fait,
31:15il y a quelqu'un qui est censé intervenir dans l'établissement pour parler de consentement,
31:18voilà, aussi de préservatifs, de protection, mais aussi de ce que c'est que le consentement,
31:23le respect du corps des autres. Et il y a quelqu'un dans le chat qui dit « j'ai jamais
31:27entendu parler de ça, c'est Sacha. Enfin, j'ai eu un peu de prévention basique en FET ». Bah ouais,
31:32normalement, c'est trois fois par an à partir du CP depuis le début des années 2000. Et ce n'est
31:36pas le cas aujourd'hui. Non. Et je crois que ce n'est toujours pas le cas. Enfin, moi, pour avoir
31:39eu un petit frère qui était au lycée il n'y a pas longtemps, il me semble que ce n'est toujours
31:41pas vraiment le cas. Je ne crois pas. Justement, on a Lovergnat Relou qui nous dit qu'elle a un peu
31:47peur que la commission d'enquête sur la soumission chimique ne donne rien. Le problème, pour les
31:50mecs, c'est le patriarcat et la culture du viol par les drogues. Le patriarcat, sans remise en
31:56question et sans éducation aussi au consentement, ça ne va pas forcément tomber. Oui, j'allais dire,
32:02la commission d'enquête sur la soumission chimique vous répondrait que vous êtes relou,
32:05comme votre pseudo, mais vous avez tout à fait raison. Vous avez bien raison d'être relou. C'est
32:10dire que oui, c'est entièrement ça. C'est qu'est ce que ça va donner. Souvent, on en sort de ces
32:13commissions avec finalement des mesurettes, donc pas des réformes profondes. Alors que vous avez
32:20tout à fait saisi le souci, en tout cas selon moi, c'est qu'il y a un problème avec la culture du
32:25viol et donc, en fait, se poser la question de la soumission chimique. Et en fait, si on remonte,
32:30se poser la question de l'éducation et du consentement dès le début et donc de la culture
32:33du viol. Et moi, j'avoue que mon engagement féministe, il est aussi venu, enfin ma prise
32:39de conscience, en tout cas, elle est venue par Me Too. Et Me Too, ça a commencé avec cette
32:46dénonciation des actes de Weinstein. Donc, c'était ce premier grand. Moi, je savais pas qui c'était à
32:51l'époque, mais c'était genre le grand mania du cinéma qui tombe, en fait. Et là, de ce que j'en
32:57lis, Didi, j'ai un peu l'impression que c'est un peu pareil. Oui, du côté du rap.
33:02Oui, c'est ça. Enfin, de la musique américaine en général, parce que bon, il a lancé des grands
33:07rappeurs. C'est un grand producteur de rap, comme nous disait Raphaël tout à l'heure.
33:10Donc, il y a vraiment ce truc. Et autant, moi, ça me saoulait un petit peu de voir tous ces
33:19mouvements où on disait ah, c'est le Me Too de machin, c'est le Me Too de machin. Et à la fin,
33:23tu fais oui, OK, c'est le Me Too, le Me Too des Pressing, certes. Et en fait, c'est parce que le
33:28patriarcat s'insère dans tous les interstices. Et là, j'ai quand même l'impression que c'est un
33:34peu moins le cas. J'ai pas vu des ah, c'est enfin le Me Too de la musique. Je crois qu'il y en a eu
33:40aussi des hashtags Me Too musique. Oui, oui. Mais effectivement, c'est ça, c'est que c'est dans tous
33:47les milieux. Et à chaque fois, si on repose la même question, c'est alors est-ce que vous pensez
33:51que c'est particulier à ce milieu là, à chaque fois que c'est sectorialisé? Je crois qu'en fait,
33:56c'est un avantage. L'avantage, c'est que ça permet de mettre en lumière des pratiques qui
34:00peuvent être spécifiques dans certains milieux, comme par exemple Me Too médical, où il y a quand
34:04même un mode opératoire. Je pense, par exemple, à ce qu'on appelle la culture carabine, qui est
34:11extrêmement sexiste, etc., et qui est spécifique au milieu médical. Donc, je crois que dans chaque
34:16secteur, il y a des spécificités, mais qu'à chaque fois, c'est utile de rappeler qu'en fait,
34:19c'est tous les secteurs, c'est toutes les catégories, c'est tous les pays. Il n'y a pas
34:24de frontières, contrairement à ce que pense l'extrême droite, qui pense qu'il y aurait...
34:28Justement, moi j'ai une idée, parce qu'à chaque fois qu'il y a des trucs comme ça dans la culture,
34:34on pointe vachement le milieu de la culture, souvent en disant, voilà, à gauche, regarde,
34:39et enfin, les bobos de gauche, ils ont beau donner des leçons, regardez ce qu'ils font,
34:43c'est vraiment utilisé comme prétexte. Oui, c'est vrai que c'est très bien, je ne dis pas du tout,
34:51enfin, je suis absolument pour que cette écoute se libère et tout ça. Alors qu'on a d'ailleurs
34:56toujours dénoncé à gauche, quand il y a des hommes accusés à gauche qui ont fait l'objet de plaintes,
35:01on en a parlé, notamment dans le journal, je pense à Adrien Quatennens, on a parlé de cette affaire-là,
35:08on a parlé d'autres affaires qui touchaient des hommes de gauche. Donc en fait, dire que vous
35:12avez deux poids, deux mesures, c'est faux, puisque en réalité, au contraire, on parle justement de
35:18toutes les agressions, peu importe qui sont les hommes visés, ce qui n'est pas forcément le cas
35:22de l'autre côté. D'ailleurs, je pense même pas qu'on puisse faire deux parallèles, parce que
35:27l'extrême-droite est le seul vrai extrême dans ce pays et l'extrême-droite va toujours parler,
35:32si on branche CNews, ça va être au QTF, un homme qui aurait dû quitter le territoire,
35:39et donc en fait, ça tourne sur ça. Par contre, ça donne du coup une fausse image de ce que sont
35:44les agressions. Évidemment, il faut combattre ces problématiques et ces agressions ou ces crimes
35:48graves, mais il faut aussi combattre les autres. Et souvent, les viols sont perpétrés par un type
35:56de personne. C'est ça, si on regarde les stats, si on veut vraiment lutter contre les viols,
36:01on lutte contre le patriarcat, pas contre les occultés. Ça permet d'imaginer qu'il y aurait
36:10eu cette notion de bon père de famille qui était dans notre code civil, qui a disparu il n'y a pas
36:15si longtemps, qui aurait une exception de l'homme français, qui serait parfait et qui n'aurait
36:21jamais été sexiste. Et puis, on fait fi de toute l'histoire de notre culture aussi, je veux dire le
36:28code Napoléon. On parle quand même de la gauloiserie. Oui, et de manière un peu plus récente, mais
36:34ça reste ancien, Napoléon était tout à fait misogyne, en plus d'être colonialiste. On n'avait
36:39quasiment aucun droit dans le code civil et pourtant, je veux dire, à l'époque, il y avait
36:45moins de phénomènes, je ne sais pas statistiquement d'ailleurs, mais en tout cas, on n'était pas évoqué
36:49les phénomènes d'immigration de masse. Donc, c'est vraiment aussi ancré dans nos traditions et
36:56souvent, le sexisme ordinaire chez nous, on lui donne un autre nom beaucoup plus sympathique dans
37:01la bouche de certaines personnes, c'est la galanterie française. Alors qu'en fait, c'est la base du
37:07sexisme ordinaire. Ça me rappelle, je crois que c'était Catherine Deneuve qui avait co-signé une
37:12tribune sur le droit d'importuner. Et ça a créé en fait ce vieux cinéma français...
37:18Qui refuse de voir le lien, en fait, entre le terreau, le sexisme ordinaire et puis la problématique
37:24d'agression. Alors, si on apprenait déjà qu'en fait, une femme n'est pas plus fragile et que si
37:29nous, on tient la porte à un homme, il n'a pas à se sentir dévirilisé, déjà, ça remettrait un peu les
37:34pendules à l'heure sur le fait que nous, on n'est pas des petites choses fragiles. Et donc, la suite
37:38de ça, c'est que si on était vraiment ces petites choses fragiles, alors il faut nous protéger. Et du
37:43coup, la contrepartie de la protection, eh bien, ça peut être la violence. C'est ce qu'on appelle
37:47le continuum des violences, en fait. C'est un environnement propice aux violences qui va plus
37:54ou moins évoluer vers le pire. Oui, ça ne veut pas dire que du paternalisme est égal à un viol,
38:02mais ça veut dire que ça prépare un terreau fertile aussi. Oui, c'est ça. T'as dû entendre la
38:09phrase, vous avez dû l'entendre. Non, mais tous les hommes ne sont pas des violeurs. Il faut arrêter
38:12de dire n'importe quoi. En fait, personne n'a dit que tous les hommes étaient des violeurs. Par contre,
38:16quand on dit tous les hommes, ça veut dire tous les hommes sont sexistes de la même manière que
38:21toutes les femmes sont sexistes. On a toutes et tous été élevées dans la même société. Je veux dire,
38:26moi, je n'ai pas grandi dans un bocal. Je ne sais pas qui a le cran, en tout cas l'ego, de dire
38:32qu'il est en dehors du sexisme ordinaire. Moi, je ne me sens pas sexiste, quoi que ce soit. Ce que tu
38:41disais, c'est que toi, ça fait un red flag quand un mec dit non, mais moi, je ne suis pas super déconstruit.
38:46Je ne vois pas le problème. Je vois le problème, mais ça, je ne l'ai jamais eu. C'est ça, cette
38:53phrase me paraît très bizarre parce qu'on a toutes et tous eu des comportements, et sûrement
38:57qu'on en a encore. Oui, comme ça peut s'appliquer à d'autres oppressions sur le racisme, on vit dans une société
39:04qui a des bi-racistes de partout. Forcément qu'on en a chopé quelques-uns. Et ça, j'ai l'impression
39:11qu'à droite, les conservateurs disent beaucoup oui, mais on ne va pas s'auto-flageller. Moi,
39:15personnellement, je ne m'auto-flagelle pas. J'ai l'impression de prendre un peu conscience.
39:20La remise en question, ce n'est pas s'auto-flageller, c'est juste essayer de réfléchir sur soi.
39:25Alors attends, on a I am somewhere else qui nous dit Lord on date, j'ai tenu la porte du taxi à
39:29mon date, et il a trouvé ça bizarre, il a fait la gueule toute la soirée, il a râlé en disant que
39:34le chauffeur de taxi l'a vu comme un fragile. Je suis désolée pour I am somewhere else.
39:40Ça me fait penser à plein d'anecdotes. Merci pour celle-ci, c'est hyper intéressant parce que ça montre
39:45à quel point les clichés sont hyper ancrés. Oui, je me rappelle, quand j'étais étudiante,
39:49je n'avais pas une thune et pourtant, j'essayais toujours de payer au restaurant ma partie ou bien
39:54d'inviter de temps en temps. Et il y a des mecs qui étaient choqués par ça, qui disaient qu'en
39:59gros, j'étais castratrice parce que j'avais invité au restaurant. Et encore, je trouve que
40:04ce n'était pas tout le temps. Déjà, je n'aurais pas pu, mais tu vois, des mecs que j'avais pu voir
40:08quelques fois. C'est plutôt sympa quand même. C'est une conversion de valeur. Castratrice,
40:14ça revient souvent sur les féministes. Oui, c'est vachement utilisé. D'ailleurs,
40:20moi, ce truc aussi du Caroline Forest, le vertige Me Too, ça renvoie vraiment à ce côté. Non,
40:28peut-être c'est encore pire parce que ça renvoie au fait que les féministes seraient inconscientes
40:32de ce qu'elles font. Là, avec ce titre, moi, je trouve qu'on passe du côté. Oui, c'était mieux
40:39avant. Avant, elles savaient pourquoi elles se battaient, mais en fait, on les caricaturait
40:43comme un peu des sorcières. Mais là, c'est encore pire. J'ai l'impression que c'est en mode non,
40:48mais elles vont trop loin. Vous êtes gouvernée par vos émotions, mesdames. Alors qu'historiquement,
40:54c'est faux parce que Gisèle Halimi le disait déjà. Par exemple, elle avait eu cette phrase,
40:59alors ce n'est peut-être pas au mot exact, mais elle avait dit quelque chose sur la galanterie
41:03qu'elle avait écrit, notamment dans son livre La cause des femmes, où elle dit « soyons galants,
41:08mais soyons-le tous les deux ». Donc, elle avait déjà ce discours-là. Elle l'avait aussi sur le
41:13monde famille, où elle disait « mais je ne comprends pas pourquoi toutes mes amies ont perdu le nom
41:17avec lequel elles sont nées et pourquoi ça dérange autant de garder le sien ». Et quand, faites le
41:22test autour de vous, si vous avez des amis qui se marient, demandez-leur en souriant, parce que
41:28sinon vous allez passer pour un ou une méchante, pourquoi est-ce que tous les deux ne prennent pas
41:32le nom de tous les deux ? Puisque la famille, ça peut être envisagé comme une unité familiale,
41:36qu'elle soit une famille hétérosexuelle ou homosexuelle, il y a deux personnes qui se marient,
41:41pourquoi est-ce que souvent, dans le cadre hétérosexuel, pourquoi c'est la femme qui
41:45prend le nom du mari et pas l'inverse ? Et généralement, alors j'ai testé avec mes amis,
41:50et généralement ils disent « non mais bon, ça n'a rien à voir, ça c'est une tradition,
41:55c'est comme ça ». Oui, non, mais c'est une tradition qui en dit long, et ça, j'étais
41:58là-dedans, ils le disaient déjà. Donc, il n'y a rien de néo-féministe là-dedans,
42:02c'est ce que tu viens de dire en fait, c'est des arguments quand même qui sont utilisés.
42:06« Ah, avant c'était pas ça ». Ben si, en fait, malheureusement, on ne fait que répéter.
42:09C'est d'où l'importance de l'histoire et d'avoir des historiens qui se basent sur des sources et
42:15non pas sur des ressentis pour en parler, parce que franchement, moi j'ai appris des trucs en
42:21allant à Londres et en faisant des tours sur les traces des suffragettes, j'étais vénère. Ce n'est
42:26pas du tout ce qu'on nous dit « oh regardez, elle, elle se battait vraiment avec dignité ».
42:31Moi, je trouve qu'elle se battait avec dignité. Mais dans leur bouche, ça veut dire « dignité,
42:36elle ne criait pas ». Enfin, une idée de ce que ce serait. Perso, j'en joue, je dis « ben oui,
42:42je suis vénère, je suis une femme ». Ah oui, vous voulez dire que vous faites des blagues,
42:49vous faites des blagues, vous retournez l'argument. Vous retournez le stigmate.
42:55Oui, ça, après, c'est une technique. Je pense que dans l'individualité, ça peut passer. Après,
43:02nous, c'est vrai que ça va être un peu plus… Comment ? On va toujours essayer de casser ce
43:08truc-là aussi. Oui, c'est vrai qu'avec l'humour, ça peut marcher.
43:11Mais avec l'humour, c'est… Ah oui, franchement, il y a des gens qui ne veulent pas écouter aussi.
43:15Ah oui, c'est sûr, parce que se remettre en question…
43:17Moi, je pense que c'est très important de faire de la pédagogie aussi sur ces sujets-là. Et c'est
43:21vrai qu'on ne peut pas demander aux gens d'en faire tout le temps.
43:24C'est ça, parce que vous avez d'autres exemples de sexisme ordinaire, justement,
43:29qui font qu'on en arrive ensuite à entretenir un climat où parfois,
43:34ou même souvent, ça arrive à des agressions, ce qu'on voit là dans l'affaire de viol avec P Didi.
43:40N'hésitez pas à les mettre dans le chat. Je ne sais pas si vous avez d'autres exemples. Moi,
43:43je pensais au nom de famille. On a parlé du restaurant. Il y a quoi d'autre ? Le nom des
43:47enfants. Je me pose pas mal la question sur ça. Je vois plein d'amis aussi. Ce que tu disais,
43:53où en fait, les réponses sont très… C'est la tradition, c'est comme ça. C'est tellement
43:58ancré. Mais il y a plein d'autres choses qui étaient ancrées et qu'on a fait voler en éclats.
44:03C'est ça. Souvent, on dit que les féministes de gauche, comme si on pouvait être de droite,
44:07elles répondent la bonne parole et la bien-pensance, etc. Mais en fait, personne n'a dit qu'on n'avait
44:13pas eu nous-mêmes ce genre de questionnement. Je me souviens, il y a quelques années encore,
44:17je ne m'étais pas du tout penchée sur… Je ne sais pas, je ne m'étais pas dit « Ah ok,
44:21prendre le nom du mari, effectivement, c'est sexy. » Non, parce que moi aussi, je trouvais
44:26que c'était une tradition. Puis au fur et à mesure, en réfléchissant, je me suis dit « Non,
44:29quand même, c'est vrai que c'est bizarre. » Puis avec les lectures, on se remet en question et on
44:32voit le lien. Mais personne ne prétend avoir vu ce lien direct dans ce moment-là, alors qu'on a
44:37toutes et tous regardé des trucs où si t'es un garçon, il ne faut pas pleurer, tu dois sauver
44:41la princesse. Si t'es la princesse, tu dois attendre dans une tour que quelqu'un vienne te sauver.
44:45Des fois, ils ont même des problèmes à prendre la charge de l'enfant, car en cas d'urgence,
44:49on ne peut pas croire que ce sont des mamans d'enfants blancs.
44:51Je crois qu'il y avait un commentaire juste en haut, c'est pour ça que c'est la suite.
44:54Oui, ok, on ne prend pas le nom du mari, mais aujourd'hui, quand il y a des enfants à l'école…
44:58Ah ouais, d'accord, dans le cas de couple mixte, ouais.
45:02André Breton, fondateur du surréalisme, a déclaré sur la fin de sa vie « Quand j'entends le mot
45:07surréaliste, je sors mon pistolet. Cette anecdote nous enseigne que l'on peut avoir pensé à un
45:11mouvement culturel ou sociétal et vivre assez longtemps pour l'avoir récupéré par des
45:14cuistes. Le féminisme n'a hélas pas échappé. Aujourd'hui, certains l'utilisent comme un CV sans
45:19en appliquer la base. » Oui, il y a beaucoup de personnes qui
45:22l'utilisent comme du marketing, même les entreprises. Puis, ça a été dit plus haut,
45:26j'ai vu passer dans le tchat, on n'a pas eu le temps de rebondir dessus, dans les redflags.
45:30Oui, voilà, si je le vois, Masterbuck qui dit « Je suis déconstruit, tu sais, redflag, je suis
45:34sexy, je suis pas… » Alors, j'imagine que « je suis pas sexiste, tu sais, redflag… »
45:38Les deux, c'est les deux bouts du spectre. Ah oui, les deux bouts du spectre.
45:42Oui, en fait, tout le monde se dit volontiers pour l'égalité, mais quand il faut faire des
45:47choses, bizarrement, il n'y a plus personne. C'est pour ça qu'on voit le 8 mars, parfois,
45:53où il y a eu cet odieux rebranding de « Journée internationale de lutte pour les droits des femmes
45:58» où certains magasins sortent du « Journée de la femme ».
46:00Oui, alors que c'est « Journée des droits des femmes ». Mais ça, pareil, si on ne s'intéresse
46:05pas forcément à la question, on peut ne pas le savoir. Donc, souvent, on dit oui,
46:09c'est descendant, les élites, il y a un rejet des élites. Je pense que c'est vrai parce que les
46:15élites, ce qu'on appelle entre guillemets les élites, donc ceux qui détiennent une forme de
46:20pouvoir, il y a un manque de confiance dans les institutions et donc dans les élites qui les
46:25représentent. Il y a une défiance vis-à-vis de la justice et donc, du coup, ça crée de la
46:29désinformation. Et ça crée aussi toutes ces phrases qui consistent à dire non, mais c'est
46:36pas… Vous prêchez la bonne parole, mais en réalité, on n'a pas besoin de vous pour… On n'a pas
46:43besoin de ça pour savoir parce que vous êtes tous des cons, grosso modo. Et la forme de défiance
46:48vis-à-vis des élus, de la politique, etc. crée qu'il y a aussi… Je trouve que ça a débordé,
46:54que maintenant, il y a une défiance vis-à-vis des savoirs. Et que donc, quand on prétend être
46:59spécialiste d'une question, ça devient automatiquement repris comme étant descendant
47:04hautain, surtout quand on est une femme hautaine, prétentieuse. Et que du coup, il faut arrêter de
47:11prendre les gens pour des cons en leur expliquant des choses. Mais en fait, chacun et chacune sa
47:14spécialité. Moi, quand je parle de droit, c'est parce que je suis une spécialiste du droit. Mais
47:18si une femme médecin vient m'expliquer quelque chose sur la médecine, je vais l'écouter aussi
47:22avant d'avoir un avis. On ne peut pas lui dire « Hum, je ne pense pas ». Non, je suis coach en médecine,
47:25attendez. Donc moi, je respecte les savoirs de chacune et chacun. Je regrette qu'aujourd'hui,
47:29avant d'avoir un avis, beaucoup de personnes nous coupent en disant qu'on est la bienfranchance de
47:34gauche, etc. C'est exactement ce que nous dit Sacha. Vous êtes le camp trop proclamé du bien. On
47:39dit juste que le sexisme, c'est mal. Oui, voilà. Mais le camp du bien, les naïfs. Et puis cette
47:46défiance de la science, plus largement, on la voit aussi dans tout ce qui est l'émergence de théories
47:52du complot de plus en plus fortes. Aujourd'hui, on a eu quand même des spécialistes qui venaient
47:59parler de leurs projets, leurs recherches. Et ça a cet effet sur les plateaux de les confronter à
48:03des gens qui ne connaissent rien, mais qui ont un avis. Et oui, en préparant l'émission, tu m'as
48:08expliqué que ce qu'étaient les... J'ai oublié le terme. Les adénochrones. Voilà. Parce qu'on disait qu'autour de
48:14P. Didi, se développait toute une potentielle stratégie complotiste. Et donc, tu m'expliquais
48:20que le complotisme, aujourd'hui, portait aussi sur l'adéno... Ouais, en fait, c'est tout ce qui est
48:25autour du présumé trafic d'enfants des élites. Et en fait, ce qui se passe avec P. Didi, il y a plein de théories autour qui...
48:37Il y aura peut-être certainement d'autres suspects dans cette affaire, mais aujourd'hui, on va jusqu'à
48:43suspecter, en fait, tout son entourage d'avoir fait partie d'un système pédocriminel. Comme si
48:50la pédocriminalité ne pouvait advenir que dans ces grands cercles, dans le cercle des élites. Alors
48:56qu'on sait aujourd'hui que la pédocriminalité consterne un enfant sur dix. Ça fait trois en
49:01classe de terminale. C'est incroyable. Donc, c'est pas que dans des cercles complotistes. Exactement.
49:06Là, je vois... Ça me rappelle QAnon. C'est à peu près... Donc voilà, c'était... Bon, ça, c'est
49:15totalement faux. Ne croyez pas du tout ce qu'il y a sur cette vidéo. Mais voilà, on va mettre des
49:20gens dans ce truc parce que les élites sont soupçonnées, enfin, sont présumées corrompues,
49:25tout ça. Et ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de scandale sexuel dans les élites, loin de là.
49:31Enfin, de scandale sexuelle ou de crime sexuel dans les élites. Oui, de corruption. C'est ça. Mais il y en a comme partout ailleurs, en fait.
49:37C'est beaucoup plus systémique, en fait. C'est partout. Le complotisme a tendance à renvoyer dans le
49:45camp de l'exceptionnel les agressions et les viols. Alors qu'en réalité, ce n'est pas juste des sphères
49:53spécifiques, mais c'est partout. Oui, ça particularise. Oui, voilà. C'est comme si ça ne faisait pas...
49:59En fait, le fait de monter aussi en épingle ces histoires-là, de parler de théorie autour de
50:05P Didi, tout ça, c'est vraiment dire que... Moi, je trouve que ça événementialise le truc.
50:10Je pense que c'est très utile qu'on ait la parole des victimes, mais tout autour, c'est vrai qu'on voit émerger, je trouve,
50:17un espèce de sensationnalisme un peu malsain. Et justement, parce qu'il manque la parole d'experts.
50:22Oui, comme si c'était des faits divers. Oui, il manque la parole d'experts. La dernière fois, j'ai allumé
50:29CNews pour me rappeler pourquoi je ne regardais pas. Et en fait, autour de la table, il n'y avait que des
50:34hommes, quasi. Il y avait une femme. Et ça racontait n'importe quoi sur les droits des femmes. Et vous
50:39vous rappelez sûrement aussi du bandeau qui avait circulé il y a quelques mois, où ils avaient affiché
50:42l'avortement est la première cause de décès dans le monde. Et après, ils avaient mis une excuse en disant
50:47que c'était une fausse information, qu'ils n'auraient pas dû faire ça, etc. Mais ça avait déjà été diffusé.
50:51Donc en fait, le problème, c'est que les thèses complotistes et la désinformation ont maintenant
50:56des journaux, des médias qui leur permettent de diffuser... Et sans contre... Oui, sans
51:05contradicteur. Pardon, c'était le mot que je cherchais. À part accepter et débattre là-bas.
51:11Oui, mais justement, c'est très mauvais pour les poursuites civiles. Ça crée des faits divers que
51:16la défense peut utiliser à son avantage. En même temps, le pape est contre l'IVG. Alors attendez,
51:22parce que... Deux conversations, les amis. Vous avez remarqué qu'on essayait de tenir un fil
51:28cohérent du début jusqu'à un certain moment. Puis après, c'est vrai qu'on a pris les échanges.
51:33On trouvait ça sympa aussi de pouvoir interagir et qu'on puisse discuter ensemble. Donc la fin
51:39de l'émission, c'est toujours un peu plus... Un peu moins... Un peu moins fluide, mais c'est pas
51:44grave. Ça ne veut pas dire que la discussion n'est pas intéressante. Non, mais c'est parce que j'avais
51:47lu la dernière fois qu'il y avait certains commentaires qui disaient, oui, ça part dans
51:50tous les sens. Mais en fait, en Twitch, à la fin, c'est aussi pour parler ensemble. C'est ce qu'il
51:55faut. Enfin, moi, je pense que justement, on parlait de ces espaces où il n'y a pas de
52:00contradicteurs en l'occurrence, mais on veut faire parler des gens. Est-ce que Pascal Pro
52:05voudrait venir nous contredire ? Je ne sais pas. Est-ce que tu as vu le studio ? Je ne suis pas
52:08sûre que Pascal Pro, ils veulent venir là, mais je ne suis pas sûre qu'on veuille de lui.
52:12Dans le nouveau studio, oui, je ne suis pas sûre qu'on veuille de lui. Pardon, j'ai failli m'étouffer.
52:17Les rumeurs sensationnelles sont très mauvaises pour les poursuites civiles dans le système
52:21américain. Oui, voilà. Merci, Chakit. Exactement. C'est un Twitch en non mixité, c'est OK. Ouais,
52:27alors on n'est pas tout le temps... Il y a aussi de la non mixité dans l'autre sens sur notre
52:33plateau, malheureusement. On essaie d'équilibrer, comme vous pouvez le voir. Ah oui, non, la dernière
52:37fois, on était... Non, non, la dernière fois, j'étais avec Théo. Non, celle-là, pour le coup,
52:41c'est le hasard en général. Oui, oui, oui, bien sûr. Mais bon, ça peut aussi... Non, je ne parle
52:45pas aux hommes quand il y a quoi. J'allais vraiment féministe. Non, mais ça, c'est terrible. Aussi,
52:51ça me fait penser vraiment à ce truc de... Ah, vous êtes féministes, donc vous n'aimez pas les
52:55hommes. Vraiment, c'est la première pensée qui vous vient, c'est de vous sentir attaquée. Mais
53:00quelle fragilité. Encore une fois, c'est une des caricatures qui circule grâce aux réseaux
53:04réactionnaires, ce que l'ONG Equipop a appelé les anti-droits, qui sont un mélange entre des
53:10milliardaires très fortunés qui vont financer certains médias, des médias et des parties
53:15politiques et leur relais maintenant sur les réseaux. Et tout ça forme un espèce de magma
53:20qui diffuse de la désinformation et effectivement des caricatures. Probablement qu'il y a certaines
53:27femmes militantes qui peuvent être misandres, je ne dis pas l'inverse, mais en tout cas,
53:31c'est oublié que la plupart des féministes portent un projet humaniste et que, évidemment,
53:35le projet de société, c'est de vivre ensemble et pas de créer une société matriarcale.
53:39Ce que je m'abuse, je n'ai pas l'impression que la misandrie ait tué qui que ce soit alors
53:44qu'il y a eu des attentats masculinistes et anti-féministes, notamment à Polytechnique à
53:51Montréal, où ça a été enfin reconnu il y a quelques années comme le premier féminicide de masse.
53:57C'est vrai que le féminisme est en soi une révolution principalement non-violente,
54:06même à travers les époques, même s'il y a eu effectivement certains cas de violence.
54:12Il y a globalement, et c'est à la marge, puisqu'on reste un mouvement pacifiste.
54:18Bien sûr. Et tous les féminicides, bah oui, évidemment.
54:22Il fallait parler de Polytechnique, disait Tchouky.
54:25Bah oui. L'attentat a été perpétré par Marc Lépine et que le gouvernement québécois a
54:31enfin retenu comme une tuerie motifs terroristes, en fait. C'est un peu comme « t'es pas raciste,
54:40donc tu es anti-France ». Oui, c'est une réaction épidermique que va avoir la droite pour essayer
54:46aussi de décredibiliser, parce que c'est tellement large. Qu'est-ce qu'on peut répondre à cette
54:51accusation ? On pourrait en fait faire un catalogue des clichés. Je ne sais pas si vous en avez
54:55d'autres, mais il y a aussi « t'es anti-occident », « tu te détestes », « tu t'auto-flagelles »,
55:00« parce qu'on dit que la culture française est sexiste aussi, alors on est anti-occident »,
55:05« on n'aime pas les hommes blancs, on veut tous les tuer ». C'est lunaire. Mais le pire,
55:10c'est qu'il y a des personnes qui croient ça. Ça fonctionne, puisqu'il y a vraiment des personnes
55:14qui croient qu'être féministe aujourd'hui, ça veut dire être anti-hommes blancs. Peut-être que
55:23ces personnes ne se sont pas renseignées, mais est-ce qu'on peut vraiment leur jeter la pierre ?
55:26Parce que t'as pas forcément l'énergie, le temps de consacrer à les tricoter de la désinformation.
55:33Bien sûr. Et puis, ça doit prendre de l'énergie et du coup, ça perd ton propos aussi. Moi,
55:38je pense qu'il y a une stratégie aussi dans les médias réactionnaires et par les réactionnaires
55:44invités, c'est de faire perdre les moyens à la personne pour pas qu'elle puisse dérouler son fil
55:49et imposer les thèmes, que ce soit toi qui lui impose ces thèmes. C'est-à-dire que c'est vraiment
55:56des gens qui vont pas nous laisser venir dérouler notre argumentaire, mais qui vont être sur la
56:02défensive et sur essayer de nous acculer. On parlait tout à l'heure justement de ce que
56:07tu viens de mentionner, c'est-à-dire de la possibilité ou pas de débattre sur ces news.
56:12Et j'ai vu une très bonne intervention de Fatima Benomar qui était passée à l'Humanité. Je ne sais
56:18pas si vous avez eu l'occasion de voir la capsule qu'on avait faite sur le nouveau Front populaire.
56:24Elle était intervenue dans une petite capsule caméra café qu'on avait faite ensemble. Et donc,
56:30Fatima Benomar qui est militante, elle a débattu, je crois que c'était sur Europe 1 avec Pascal
56:34Pro, et je trouve qu'elle lui a extrêmement bien répondu, notamment sur la problématique du
56:39continuum du sexisme, mais effectivement en arrivant à garder ce calme-là. Et ça, ça peut
56:44être compliqué parce que c'est sûr que la figure qu'on veut donner des militants, militantes de
56:50gauche et aussi des féministes, c'est que, mais je voulais dire plus largement de tous les militants
56:54et militantes de gauche, c'est que, sans être spécifiquement sur la lutte féministe, sur toutes
57:00les luttes de gauche, c'est de dire qu'on est hystérique, qu'on est fou. Et donc en fait, garder
57:05son calme et ne pas rentrer dans ce jeu-là, c'est déjà une perte d'énergie qui du coup est incroyable.
57:12Parce qu'on devrait se concentrer sur les arguments et débattre et pas sur garder son calme face à
57:16quelqu'un qui potentiellement veut que vous partiez en vrille. Oui, parce que c'est ça. Moi,
57:21je trouve que ça ressort du piège en fait.