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Léa Balage El Mariky, députée Écologiste et Social de Paris

Elle a décroché son premier mandat à l'âge de 9 ans à Bègles. Depuis, la politique n'a jamais vraiment quitté Léa Balage el Mariky. Elle a d'abord mis son militantisme au service de sa famille politique et des siens. Elle est aujourd'hui porte-parole du groupe Écologiste à l'Assemblée.

Pourquoi s'engage-t-on en politique ? Comment tombe-t-on dans le grand chaudron de l'Assemblée ?
Chaque jour, Clément Méric, dans un entretien en tête à tête de 13 minutes, interroge un parlementaire sur les personnalités, les évènements - historiques ou personnels - qui l'ont conduit à choisir la vie publique.
Car on ne naît pas politique, on le devient !

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Transcription
00:00Elle a décroché son premier mandat à l'âge de 9 ans.
00:03Depuis, la politique ne l'a jamais vraiment quitté.
00:06Mon invité est porte-parole du groupe écologiste à l'Assemblée.
00:09Musique intrigante
00:12...
00:24Bonjour, Léa Balagel-Mariqui.
00:26Alors, si je vous dis 23 avril 2013,
00:30c'est une date qui doit évoquer quelque chose chez vous,
00:33à l'Assemblée ?
00:34Oui, tout à fait. C'était le moment des débats
00:37autour de la loi qui permettait aux couples de même sexe
00:40de pouvoir se marier.
00:41C'étaient exactement les explications de vote
00:44juste avant l'adoption de la loi sur le mariage pour tous.
00:47Je vous propose de regarder la prise de parole, ce jour-là,
00:51du député écologiste Noël Mamère.
00:53Je me souviens du 5 juin 2004, à Bègle,
00:58de 4 000 lettres d'insultes,
01:00et de celles de ce médecin qui en a écrit 10
01:04et qui, à la 11e, a dessiné un four crématoire.
01:08S'il vous plaît, allez...
01:09Si nous sommes ici, représentants du peuple,
01:13ce n'est pas pour pleujoter le peuple dans l'ignorance,
01:17ce n'est pas pour s'inventer des boucs émissaires,
01:19mais c'est pour lutter contre la peur de soi
01:22et contre l'ignorance, car quand on a peur de soi,
01:24on a peur des autres et on invente des boucs émissaires.
01:28Noël Mamère évoque ici le premier mariage gay
01:30qu'il avait célébré hors la loi, en quelque sorte,
01:33quand il était maire de Bègle,
01:35bien avant la loi sur le mariage pour tous.
01:37Ce débat parlementaire sur le mariage pour tous,
01:40vous l'avez vécu de l'intérieur, à l'Assemblée.
01:43Quels souvenirs vous en gardez ?
01:44Euh... Plein de souvenirs.
01:46Moi, je venais d'arriver à Paris,
01:49je suis arrivée à Paris en 2012
01:51pour poursuivre mon master
01:53et je travaillais à mi-temps auprès de Noël Mamère.
01:56Vous étiez collaboratrice parlementaire,
01:58c'était votre job étudiant pour payer vos études.
02:01Exactement. On voit une photo de Noël Mamère et moi.
02:04Nous sommes restés complices, amis, partenaires politiques,
02:09et pendant cette période, il y avait énormément de haine,
02:13aussi dans la rue.
02:15On se souvient des manifestations,
02:17de la manif pour tous,
02:20qui, les week-ends,
02:23proféraient des propos homophobes, réellement.
02:26Et puis, on se souvient aussi...
02:28J'habitais le 15e arrondissement à cette époque,
02:31et à notre fenêtre de colocation,
02:33nous avions le drapeau LGBT à notre fenêtre
02:36et nous voyions en face des voisins
02:38qui avaient le drapeau de la manif pour tous.
02:41Vous voyez, on était, chacune et chacun,
02:43campés sur des positions de haine, d'un côté,
02:46et des positions qui permettent, en réalité,
02:48l'égalité de toutes et tous devant la loi.
02:51Ca a été un souvenir particulier.
02:53Moi, j'étais dans le bureau, je le suivais en direct,
02:56et ça a été un souvenir particulier
02:58parce que ça me rappelait aussi mes années à Bègle,
03:01où il y a eu des grands débats, au sein des familles,
03:04au moment où ce mariage avait été célébré par Noël Mamère.
03:07On va voir dans un instant que vos chemins se sont croisés
03:10bien plus tôt, mais c'est un homme politique
03:13qui a compté pour vous, qui compte encore.
03:15Vous avez gardé des principes, une façon de faire de la politique.
03:19En ayant travaillé pour lui, de...
03:21Je crois que j'ai gardé un certain nombre de principes, peut-être.
03:26Ils ne me viennent pas tous de Noël Mamère,
03:28mais en tout cas, oui, je crois que le fait de parler
03:31à l'intelligence, plutôt que toujours de vouloir parler
03:37aux tripes, aux bas instants,
03:41je crois que ça me vient de lui,
03:43et c'est quelque chose que je compte tenir dans mon mandat.
03:46Votre premier mandat électoral remonte à 1999.
03:50Vous aviez 9 ans à l'époque.
03:52Vous avez été élue conseillère municipale
03:54au Conseil des Jeunes de la ville de Bègle,
03:56dont Noël Mamère était mère.
03:58On voit ici la photo du conseil
04:00et vous, au milieu de tous les autres enfants.
04:04Qu'est-ce qui vous a amenée à vous présenter à cette élection ?
04:08Alors, en 99,
04:10mes parents achètent leur maison à Bègle,
04:14et donc, moi, je me retrouve dans cette nouvelle école.
04:17Je ne connais pas grand monde,
04:19et puis, il y a l'annonce de cette élection
04:22d'un conseil municipal des Jeunes.
04:24Je reviens à la maison et je dis que ça m'intéresse
04:26de pouvoir me présenter, porter mes idées.
04:29Je le formulais pas comme ça, mais ça m'intéresse.
04:32Je disais à mon père que je ne connais personne
04:34et il m'a dit que c'est l'occasion, en faisant campagne,
04:37de te faire connaître et de rencontrer des gens.
04:40Vous vous êtes lancée en politique.
04:42Oui, c'est ça, exactement.
04:44Et c'est là que vous avez pris goût à la politique ?
04:47Je ne sais pas si c'était la politique telle qu'on l'entend,
04:50mais en tout cas, j'ai pris goût à l'idée de rencontrer des gens,
04:54de faire campagne, de porter des idées.
04:58Et puis, voilà, j'étais très fière d'appartenir
05:01à ce conseil municipal des Jeunes
05:03et je suis très fière qu'on puisse montrer aussi
05:06que les jeunes, quand ils ont moins de 18 ans,
05:08ils ont plein de droits et je crois qu'ils doivent aussi
05:11pouvoir s'exprimer.
05:13Dans votre parcours de militante et de femme politique,
05:16votre histoire familiale s'est invitée en 2016,
05:19au moment du débat sur la loi sur la déchéance de nationalité
05:24pour les binationaux terroristes.
05:27C'est à ce moment-là que vous avez décidé
05:29de porter en plus du nom de votre père le nom de votre mère.
05:33Tout à fait.
05:34Ce débat-là vous a blessée, personnellement ?
05:36Je crois qu'il a blessé un bon nombre de citoyennes et de citoyens
05:40qui proviennent de deux origines
05:42et quand on stigmatise l'une, en réalité,
05:44on blesse l'identité que nous constituons toutes et tous.
05:48Mais ça devient une partie très importante de la population
05:52et quand on voit le ministre de l'Intérieur,
05:54Bruno Retailleau, qui fustige encore les personnes
05:59qui seraient issues de secondes générations d'immigration
06:02en expliquant qu'ils ne pourraient pas s'intégrer,
06:04il faut arrêter avec ces stigmas qui se sont portés
06:07à l'encontre des jeunes qui sont issus de l'immigration
06:11et c'est le cas, il va falloir s'habituer
06:13à notre présence en politique et ailleurs.
06:16Aujourd'hui, être députée en ayant une mère née au Maroc,
06:19ça a une signification forte, particulière, pour vous ?
06:22Il y a plein de significations.
06:25Mon mandat, c'est le mandat d'une députée jeune,
06:29je viens d'être maman, d'expliquer qu'on peut faire de la politique
06:33tout en ayant une vie familiale,
06:35je viens d'un territoire, le 18e arrondissement,
06:38je crois que ça compte aussi quand il y a des jeunes
06:41qui peuvent accéder à des responsabilités,
06:43à des responsabilités visibles, forcément,
06:46ça a été une fierté familiale, du côté Ballage
06:49et du côté El-Mariki.
06:50Si on reste dans ce lien entre votre militantisme
06:53et votre famille, il y a quelques années,
06:55vous avez mis en quelque sorte vos capacités de mobilisation
06:58au service de votre mère en lançant une pétition
07:01à la suite de son licenciement.
07:03Oui, tout à fait.
07:04C'était une entreprise qui l'avait embauchée,
07:07ça faisait longtemps qu'elle connaissait
07:09une période de chômage, et qui l'avait embauchée
07:12pour faire du téléconseil, la vente par téléphone,
07:15et on lui avait demandé de changer de prénom,
07:17de s'appeler Claire, à ce moment-là,
07:19alors que son prénom, c'est Bouchra.
07:21Ca a été une violence symbolique importante,
07:24comme si, quand on s'appelle Bouchra,
07:26on n'est pas capable de vendre des produits,
07:28d'être audibles ou de convaincre.
07:30On a fait une pétition, je dis on parce qu'il y avait
07:33ma coloc de l'époque qui était aussi de mèche dans cette affaire,
07:37on a fait une pétition, et l'entreprise,
07:39par reconnaissance, s'est tord, mais a changé ses pratiques,
07:42et si elle l'a fait, c'est aussi au bénéfice
07:45de toutes celles et ceux qui y travaillent désormais.
07:48Ca a servi à quelque chose.
07:49Cette pétition a récolté 50 000 signatures.
07:52Ca vous vient d'où, cette capacité à mobiliser les gens ?
07:56Je crois que quand on apporte des idées
07:59qui sont justes, qui entrent en résonance
08:01avec les aspirations, les colères, les espoirs,
08:04eh bien, d'avoir un discours très clair,
08:06de dire, voilà, ma mère a connu
08:08une situation de discrimination,
08:10il faut la réparer, il faut la dénoncer
08:12et la réparer, c'est assez simple,
08:14et donc on a réussi, mais on est allé chercher des réseaux,
08:17des personnes qui pouvaient aussi, voilà,
08:20rendre visible cette pétition,
08:22et à l'époque, j'ai pu compter sur le soutien
08:24de nombreux écologistes qui ont participé
08:27à faire augmenter la visibilité de cette pétition.
08:29Vous avez adhéré à Europe Écologie à l'âge de 22 ans,
08:32vous avez gravi les échelons de votre parti assez vite,
08:35vous êtes devenue membre du bureau exécutif en 2019,
08:38secrétaire générale adjointe ensuite,
08:40et pendant quelques mois,
08:42vous êtes même retrouvée à la tête de votre parti
08:45quand Julien Bayou s'est mis en retrait.
08:47Chef de parti, ça vous a plu ?
08:49Euh...
08:50Alors, c'était une période particulière.
08:52Un peu compliquée.
08:53Oui, compliquée,
08:55parce que moi, j'étais vraiment dans l'optique
08:57de passer la main, après, à Marine Tondelier,
09:00qui se présentait pour être notre secrétaire nationale.
09:03Il s'agissait d'organiser les choses
09:05pour que notre démocratie interne vive bien.
09:08Je suis ravie que Marine Tondelier soit notre secrétaire nationale
09:11et je ne lui en vis pas le poste.
09:13J'évoquais vos capacités de mobilisation,
09:15il y a aussi vos capacités d'organisation.
09:18En 2023, on vous a confié l'organisation
09:20des journées d'été des écologistes.
09:22C'est vous qui avez eu l'idée d'inviter le rappeur Médine,
09:25qui a été accusé d'antisémitisme à la suite d'un tweet
09:28qu'il a publié peu avant les journées d'été.
09:31Si c'était à refaire, vous le referiez ?
09:34Écoutez, moi, j'ai eu des discussions très franches
09:37avec Médine au moment où il a fait son tweet,
09:42il a reconnu ensuite cette...
09:44Alors, c'était pas une maladresse,
09:46des propos inadaptés, la blessure que cela pouvait engendrer.
09:50Je crois qu'en réalité, quand on a des porte-voix
09:53qui nous disent que sur un sujet, ils se sont trompés,
09:56qu'ils ont fait le chemin et qu'ils nous explicitent ce chemin,
09:59on gagne beaucoup à les écouter.
10:02Ca a été un moment qui a suscité énormément de polémiques
10:06et je comprends aisément pourquoi cette invitation
10:09avait surpris un bon nombre de personnes,
10:12mais quand on l'a écoutée,
10:14voilà, d'une certaine manière, s'excuser aussi,
10:17c'est important de pouvoir le faire publiquement.
10:19On lui a donné l'occasion et il m'a donné l'occasion
10:22aux personnes qui se sont senties blessées,
10:25notamment notre groupe de travail sur la lutte contre l'antisémitisme,
10:29de lui expliquer en quoi ses propos étaient problématiques.
10:32Vous aviez raté de peu votre élection en 2022.
10:35En 2024, vous avez pris votre revanche sur votre adversaire,
10:38l'ancien ministre Stanislas Guérini.
10:40Qu'est-ce qui a fait la différence, cette fois, selon vous ?
10:43Plusieurs éléments.
10:45Tout d'abord, un travail de terrain.
10:47Ca faisait deux ans qu'on continuait
10:49à être sur le terrain de la 3e circonscription.
10:52Je dis on parce que ça a été un travail collectif
10:54des militantes et des militants de 2022
10:56qui ont poursuivi l'aventure en 2024.
10:59Ca, c'est le premier élément.
11:01Le deuxième élément, bien sûr, c'est le contexte politique
11:04où je crois qu'il y a eu un ras-le-bol
11:06de la pratique du pouvoir par Emmanuel Macron.
11:09Je l'ai vu, je l'ai entendu dans la rue,
11:11des gens me dirent
11:14j'ai pas voté pour vous en 2022, mais là, en 2024,
11:16c'est sûr, allez-y, vous avez notre confiance,
11:19on en a marre de celles et ceux qui piétinent
11:21les institutions, nos pratiques républicaines.
11:24On va passer à notre quiz.
11:26Le principe, c'est que je vais vous proposer des phrases
11:29et vous allez devoir les compléter.
11:32Alors, on commence avec...
11:37Sport. Très, très sport.
11:39Vous avez vécu.
11:40Ouais, c'est ça, j'étais en congé maternité et...
11:45Moi, toutes les trois heures, j'allais rentrer à la maison
11:48pour allaiter mon fils, tirer mon lait, etc.
11:52Je crois que, enfin, voilà, c'est sport,
11:55mais ça donne un... Je dirais pas que ça donne un sens,
11:58parce que ça fait un peu pédant de dire ça,
12:01mais quand on rentre à la maison, on se dit
12:03je sais pourquoi je le fais.
12:05Le plus dur, quand on est porte-parole...
12:07Euh...
12:09C'est de pas se tromper, parce qu'on est interrogés
12:12sur l'ensemble des sujets qui intéressent le groupe.
12:15Ca demande du boulot.
12:16Ouais, ça demande du boulot et d'être sûre de rendre fière
12:20les gens qui nous ont donné leur confiance.
12:23Donc, non, non, c'est... Faut pas se tromper.
12:26Enfin, pour terminer, to be or not to be ?
12:29La suite.
12:30Eh ben...
12:31C'est drôle, vous avez mis to be free.
12:34To be free, pardon.
12:35Rires
12:37Je suis qui fait partie de mes groupes,
12:39mais j'avais une préférence pour alliage.
12:41Pour toutes celles et ceux qui...
12:43Dans une interview, je disais que vous étiez fan des to be free.
12:46J'aime beaucoup les to be free.
12:48Ca, c'était une de leurs chansons, to be free or not to be.
12:52C'est vrai, c'est vrai.
12:53J'aime beaucoup, mais j'avais une petite...
12:55C'était plus alliage, votre...
12:57J'aimais bien alliage, mais parce qu'ils étaient plus, peut-être.
13:01Je crois que je les ai trouvées plus jolies, à l'époque.
13:04Ca doit être ça.
13:06Merci, Léa Balazs et Marie Kyd, d'être venus.
13:09Merci à vous.

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