Transition écologique en Afrique : le moins pollueur mais le plus affecté

  • il y a 7 heures

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Transcription
00:00Pour aller plus loin, on retrouve le docteur Dorsuma Al-Hamdou,
00:03chef de division du département climat et croissance verte
00:07à la Banque africaine de développement,
00:08pour évoquer la transition écologique en Afrique
00:11et ses implications pour le développement durable sur le continent.
00:14Merci docteur Dorsuma d'être avec nous et de nous rejoindre sur France 24.
00:21C'est un plaisir.
00:22Alors on le sait, l'Afrique a une faible contribution au COD mondial,
00:28mais ressent les impacts du changement climatique de manière disproportionnée.
00:37Peut-être pourriez-vous nous dire, pour commencer,
00:39quelles sont rapidement les principales sources de pollution du continent africain ?
00:46Merci, je pense que vous avez bien posé le contexte.
00:49L'Afrique fait justement face à une triple problématique.
00:53Tout d'abord, c'est le continent le moins émetteur de gaz à effet de serre,
00:56comme vous l'avez dit, le continent est celui qui émet le moins en matière d'émissions.
01:04Mais paradoxalement, c'est le continent le plus vulnérable,
01:07neuf des dix pays les plus vulnérables au monde se trouvent en Afrique.
01:10Et l'autre paradoxe, c'est que le continent qui a le moins accès à la finance climat,
01:16c'est justement le continent africain.
01:18Maintenant, pour ce qui concerne votre question,
01:21les sources des émissions de gaz à effet de serre en Afrique sont multiples,
01:25mais la source principale est plutôt liée à la déforestation et aux mauvaises pratiques agricoles,
01:33qui représentent environ 65% des émissions de gaz à effet de serre en Afrique.
01:38Mais à l'échelle globale, comme vous l'avez dit, l'Afrique ne représente rien du tout.
01:43Le continent ne contribue qu'à une échelle très marginale aux émissions mondiales de gaz à effet de serre.
01:48Et après la déforestation, viennent d'autres sources, notamment la gestion des déchets,
01:56également la question du transport, la mobilité est également l'une des sources des émissions de gaz à effet de serre.
02:03Alors parlons du transport justement et de l'écomobilité.
02:06Vous avez vu la décision qui a surpris tout le monde de l'Éthiopie.
02:11Comment vous analysez justement cette décision, quasiment unique d'ailleurs sur le continent africain,
02:17d'interdire totalement les voitures à essence ?
02:20Oui, mais la décision n'est pas seulement unique au continent africain,
02:22je crois qu'elle est unique à l'échelle mondiale.
02:25Qu'un pays puisse prendre une telle décision, elle est très sanitaire à mon avis,
02:31parce que cela envoie un signal fort à la communauté internationale
02:35sur la nécessité de prendre des actions fortes pour réduire de façon drastique les émissions de gaz à effet de serre.
02:42Mais force est de constater également que cette décision pose un certain nombre de problèmes,
02:48notamment, et cela a été soulevé dans le reportage,
02:52la question de la disponibilité des bornes de recharge,
02:56parce qu'une telle mesure devrait être accompagnée d'importantes mesures d'accompagnement,
03:02ce qui à mon avis ne s'est pas encore présenté,
03:05et surtout l'une des mesures d'accompagnement, c'est de disposer des bornes de recharge
03:10pour que les utilisateurs de ces véhicules puissent facilement s'approvisionner au niveau des bornes les plus disponibles.
03:19Mais comme vous l'avez montré dans le reportage, ça c'est une problématique qui n'est pas encore réglée.
03:24Mais de façon générale, la mobilité urbaine est une source importante,
03:28non seulement d'émissions de gaz à effet de serre,
03:31mais également d'émissions de particules fines et d'autres gaz
03:36qui ont d'importants impacts sur la santé humaine et sur l'environnement naturel.
03:40Donc cette décision est salutaire,
03:43elle a beaucoup de bénéfices, des avantages à l'échelle plutôt locale,
03:48mais au niveau global, à son niveau en termes de contribution,
03:53de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale,
03:56cela reste une mesure très marginale à notre avis.
04:00Rapidement, très rapidement, docteur Dorsoma,
04:03justement, juste sur la modernisation du parc automobile,
04:07qu'est-ce que justement les pays africains pourraient faire collectivement
04:11avant d'interdire globalement de façon drastique comme ça les voitures à essence ?
04:15Qu'est-ce qu'ils pourraient faire pour améliorer l'écomobilité sur le continent africain ?
04:20Alors, moi je pense que vous avez là touché du doigt le véritable problème en Afrique
04:24en matière de mobilité urbaine surtout.
04:26C'est la question du parc automobile qui est très vieillissant
04:30et un parc automobile qui, justement, dépend des importations importantes
04:35venant d'Europe, d'Asie et d'Amérique.
04:38Et ce sont souvent des véhicules qui sont peut-être interdits
04:42à cause de leur empreinte carbone dans ces pays
04:47qui sont importés dans les pays africains.
04:49Et donc ce parc automobile vieillissant fournit une source d'émissions importantes de gaz,
04:56pas seulement de gaz à effet de serre mais d'autres gaz qui ont un impact direct
04:59sur la santé des populations.
05:02Donc je pense que l'interdiction de ces véhicules est une mesure importante
05:09mais elle n'est pas la seule et unique.
05:11Je crois qu'il y a d'autres mesures qui doivent être prises.
05:14Merci.
05:15Merci beaucoup Dr Dorsuma Alkhamdou.
05:18Merci pour vos éclairages sur la transition écologique en Afrique.
05:22Merci beaucoup.

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