Didier Fontenille, directeur de recherches à l'Institut de recherche pour le développement

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00:00L'invité qui fait l'actu, à 7h43, Didier Fontenay de l'Institut de Recherche pour le Développement à Montpellier, Anne.
00:09Oui, parce que cette semaine au Corum, à partir de ce matin, il y a un congrès international avec des chercheurs du monde entier sur les maladies vectorielles.
00:17C'est votre spécialité ça Didier Fontenay, bonjour.
00:20Bonjour.
00:21Une maladie vectorielle, c'est, on va faire simple, une maladie transmise par un moustique, par une tique, par une punaise ?
00:29C'est exactement ça, c'est une maladie dont l'agent infectieux est transmis la plupart du temps par un insecte ou par une tique, mais ça peut être aux humains, aux animaux ou aux plantes.
00:38Et alors pourquoi ce congrès a lieu à Montpellier ?
00:41Alors Montpellier c'est un petit peu, si je peux me permettre, le centre du monde de ces thématiques-là.
00:48Il y a une grosse communauté de chercheurs à l'université, dans les instituts de recherche comme l'IRD, le CIRAD, le CNRS, etc.
00:56Et par ailleurs, en région, des partenaires comme du ministère de la Santé, du ministère de l'Agriculture sont très impliqués également.
01:03Et comment ça se fait qu'il y ait cette communauté-là de chercheurs à Montpellier ?
01:07Parce qu'on parle pour les maladies les plus connues de dengue, de chikungunya, de paludisme, des maladies qui ne sont pas au départ des maladies montpellièrement.
01:15Effectivement, la plupart de ces maladies à transmission vectorielle sont tropicales.
01:19Mais l'histoire de la France, en particulier la France tropicale et coloniale, a fait qu'il y avait une communauté de chercheurs et de compétences en France pour travailler sur ces maladies dans les territoires ultramarins.
01:32Les laboratoires se sont regroupés à Montpellier, en particulier l'IRD, le CIRAD, le CNRS, et l'université a suivi.
01:39Ce qui fait que maintenant c'est une des plus grosses communautés européennes sur les vecteurs qui est dans la région.
01:43Et c'est donc ici qu'on étudie tout ça. Ces maladies quand même, vous disiez zone tropicale, on commence à les trouver chez nous.
01:51La dengue notamment, ça fait plusieurs années de suite qu'à Montpellier il y a des cas de ce qu'on appelle dengue autochtone, c'est-à-dire des gens qui développent la maladie mais qui ne sont pas partis en voyage.
02:02Oui, c'est exactement ça, pour différentes raisons.
02:04La première c'est la mondialisation et donc les échanges internationaux font qu'un certain nombre d'agents infectieux, des virus en particulier, dont la dengue, arrivent sur le territoire.
02:13Par ailleurs, des vecteurs se sont installés sur le territoire, tout le monde connaît le moustique-tigre bien sûr à Montpellier,
02:19qui fait qu'en raison de changements environnementaux et climatiques, ces maladies peuvent être transmises maintenant localement.
02:27On a effectivement des cas de dengue, mais on a eu des cas de West Nile, qui est un virus également d'oiseaux mais qui peut être transmis aux humains, Zika, Chikungunya et une longue liste.
02:37Et également chez les animaux, la fièvre cataralovine qui est un très gros problème dans la région pour les éleveurs, dont on parle beaucoup en ce moment,
02:44et c'est un virus qui est transmis par un petit moucheron qu'on appelle culicoïde.
02:47Et alors, vous parliez du moustique-tigre notamment, on le connaît bien en effet.
02:51Qu'est-ce qu'on doit faire finalement face à ces maladies vectorielles ?
02:55Est-ce qu'on se dit qu'il va falloir vivre avec, de toute manière, ou est-ce qu'on se dit qu'il va falloir éradiquer tous les moustiques-tigres de la surface de l'air eau ?
03:04Alors, éradiquer le moustique-tigre, c'est juste impossible.
03:07Ce n'est peut-être pas souhaitable parce qu'on va utiliser des méthodes qui vont être agressives pour l'environnement.
03:12Donc oui, il va falloir vivre avec, mais en bonne intelligence, c'est-à-dire en ayant le moins de moustiques possibles.
03:17Pour ça, on a des stratégies qui sont mises en place par la recherche qui visent à utiliser moins d'insecticides et plus d'autres méthodes alternatives,
03:25comme des pièges, une technique qu'on appelle technique de l'insecte stérile, et également une mobilisation citoyenne.
03:31Comment la recherche a-t-elle évolué sur ces maladies ces dernières années, et vers quoi elle s'oriente aujourd'hui ?
03:37Alors, elle a beaucoup évolué, et en particulier pour essayer de s'affranchir des insecticides,
03:42pour lutter contre les insectes vecteurs de maladies, que ce soit dans l'agriculture ou en santé humaine.
03:48Donc, on a mieux compris les mécanismes de transmission, les mécanismes épidémiologiques de transmission,
03:54on sait mieux comment vivent et où vivent les insectes vecteurs, et puis on essaye, en s'appuyant sur la connaissance de la biologie de ces vecteurs,
04:02de trouver des pièges, par exemple, ou d'autres méthodes dont je vous ai parlé, technique de l'insecte stérile,
04:08ou d'autres méthodes qui s'affranchiraient des pesticides.
04:11Et ça, c'est des méthodes qui sont développées, inventées, imaginées, ici à Montpellier ?
04:16Alors, pas uniquement à Montpellier, mais également à Montpellier, et l'intérêt de ce congrès, c'est précisément de croiser les sources,
04:22de croiser les compétences, croiser les expériences. Il y aura à peu près 40 pays représentés cette semaine à Montpellier,
04:28350 chercheurs, dont certains ont des expériences de terrain, dans des zones tropicales ou d'autres zones européennes ou nord-américaines,
04:35et donc on va profiter, essayer de tirer l'essentiel de ces échanges, pour également développer ces stratégies dans la région montpellierienne et en Occitanie.
04:45Ces maladies, si on n'éradique pas le moustique-tigre, par exemple, ou les autres insectes, est-ce que ces maladies, en revanche,
04:52on va pouvoir à terme les faire disparaître, au moins certaines d'entre elles ?
04:56Alors, certaines d'entre elles vont disparaître, probablement, ou être contrôlées, parce qu'il y aura des vaccins qui vont arriver,
05:02par exemple contre la dengue, on verra si on peut les utiliser facilement en région.
05:06On a des médicaments antiviraux ou antiparasitaires qui vont arriver sur le marché dans les années à venir, mais ça ne suffira pas.
05:13Et donc, oui, il va falloir vivre avec ces insectes, essayer de les éloigner des humains ou des animaux ou des plantes le plus possible,
05:21mais il ne faut pas se faire d'illusions. Les émergences de maladies ont toujours existé,
05:26elles s'accélèrent en raison de la mondialisation et des changements climatiques, donc nous aurons toujours de nouvelles maladies qui apparaîtront.
05:31Et là, c'est ce dont vous allez discuter un peu au Congrès, c'est que ces maladies-là, vous l'avez déjà un peu expliqué,
05:37c'est une question de santé publique, c'est une question de santé animale, c'est une question d'environnement aussi.
05:43Aujourd'hui, on prend tout ça en compte, et plus seulement le côté être humain.
05:48Oui, exactement. C'est ce qu'on appelle la stratégie One Health, une seule santé.
05:52C'est-à-dire qu'il est absolument impossible de contrôler une maladie si on ne prend pas en compte l'ensemble des composantes de la maladie, y compris environnementale.
05:59Et donc les chercheurs qui vont venir à Montpellier vont beaucoup travailler sur cette stratégie,
06:04une seule santé, pour essayer de voir comment on peut faire baisser le poids de ces maladies, au moins vivre avec.
06:11Et vous travaillez, vous Didier Fontenay, donc à nous rendre la vie un peu moins pénible face à toutes ces maladies.
06:17Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin, vous êtes directeur de recherche à l'IRD, l'Institut de Recherche pour le Développement,
06:22et vous participez donc à ce Congrès international aujourd'hui à Montpellier. Merci beaucoup !

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