Aujourd'hui je vous propose d'explorer les coulisses du financement des films en France. Comment sont-ils financés ? Qui paie quoi et quels sont les mécanismes en place pour soutenir la création cinématographique ?
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Court métrageTranscription
00:00Faire un film, bah ça coûte cher.
00:02Si, si, je vous jure.
00:04Pour des analyses toujours plus pertinentes et pointues,
00:06abonnez-vous.
00:08Bref, je disais donc, faire un film, oui, ça coûte cher.
00:10Faut des comédiens, des décors,
00:12des grosses caméras, des techniciens spécialisés,
00:14des stagiaires pour le café.
00:16Bon, j'avoue, en vrai, t'es pas obligé de les payer.
00:21Est-ce que vous avez une idée, d'ailleurs, du budget moyen
00:23d'un film francophone ?
00:25Et bah, c'est environ 4,7 millions d'euros.
00:27Alors, je sais pas vous, hein,
00:29si j'ai envie de faire un film, mais qu'on me demande, là,
00:31comme ça, de sortir 4 millions,
00:33ben, un peu chaud, quoi.
00:35En plus, c'est la fin du mois,
00:37ça m'arrange pas trop.
00:38Heureusement, il y a des solutions pour assurer
00:40le financement d'un film.
00:41Alors, imaginez, j'ai un projet de film.
00:43Mais je vous préviens, c'est vraiment
00:45le film, the film, the one.
00:47À côté, Titanic, c'est l'étuche.
00:49Il sera au cinéma français, ce que la pizza
00:51est à la gastronomie.
00:53Et vous savez, je déconne jamais quand je parle de pizza.
00:55Bref, expresso critique,
00:57le film est écrit, prêt à être tourné,
00:59mais pour ça, il me faut juste 5 millions d'euros.
01:01Je vous parle un petit peu de mon film pour commencer.
01:03Dans le film, il y a un moment
01:05où il y a des licornes mutantes créées expérimentalement
01:07par Didier Raoult qui boivent un latte macchiato
01:09sur des monocycles tout en lançant des lasers avec les yeux
01:11alors qu'une puille de coussin-péteur s'abat sur
01:13le Valvois-Péret.
01:14Ouais, c'est un peu concept comme film.
01:16Mais, tout ça pour vous dire que c'est un film
01:18grand spectacle, avec des effets spéciaux,
01:20on va pas faire un téléfilm, je veux qu'il passe au cinéma.
01:22Et en IMAX, oui monsieur !
01:24Je vais donc aller voir un distributeur
01:26et ici, je vais donner un mandat.
01:28Le distributeur, son rôle, ça va être de commercialiser le film
01:30dans les salles de ciné.
01:32Mais, ce qui est pratique, c'est qu'il va aussi s'occuper de la promotion,
01:34des affiches, bandes-annonces, teasers et compagnie.
01:36Et, cerise sur le gâteau,
01:38il négocie même avec d'autres distributeurs étrangers
01:40pour diffuser le film à l'international.
01:42En échange du mandat, le distributeur
01:44va pouvoir se rémunérer sur les ventes en salles,
01:46mais il doit aussi apporter un petit peu
01:48au budget du film. En moyenne,
01:50les distributeurs apportent 15% du budget du film
01:52en échange des droits de distribution.
01:54Donc, dans le cas de mon film, ils m'ont reversé
01:56750 000 euros.
01:58Après une longue et grande carrière au cinéma,
02:00notre film va passer à la télévision
02:02et puis, il sera aussi édité en DVD,
02:04Blu-ray 4K, évidemment.
02:06Comme c'est un film à la portée international,
02:08j'ai tout de suite pensé à Netflix, ou alors
02:10Prime Video, Disney+, mais
02:12pour l'instant, la part des films français
02:14préachetés par les services de vidéos à la demande,
02:16elle est assez faible. Ils ont préacheté
02:18seulement 40 films en 2023.
02:20Pour avoir un peu plus de chance, on peut se tourner
02:22sur les chaînes de télévision. France 2,
02:24M6, Arte, TF1 et compagnie,
02:26eux ont financé 123 films l'année dernière.
02:28Mais la chaîne qui investit le plus
02:30dans le cinéma, je pense que vous savez c'est laquelle,
02:32alors on ravale sa fierté
02:34et on va faire un grand sourire à
02:36Monsieur Bolloré, Canal+,
02:38a financé 136 films l'année dernière,
02:40soit plus à eux tout seuls que toutes les chaînes
02:42gratuites. A noter, bien sûr, que plusieurs
02:44diffuseurs peuvent financer un même projet,
02:46mais le soutien ne sera pas le même
02:48s'ils ont l'exclusivité ou pas, bien évidemment.
02:50En moyenne, les diffuseurs apportent
02:5230% du budget d'un film, donc,
02:54dans notre exemple, Canal+, nous donne
02:561,5 million. J'attire votre attention sur un petit
02:58détail. Vous avez vu, le distributeur,
03:00celui qui s'occupe du cinéma,
03:02apporte deux fois moins d'argent que le diffuseur,
03:04celui qui s'occupe de la diffusion, télévision
03:06et VOD. Ça pour vous dire que c'est
03:08pas du tout les audiences ciné qui permettent
03:10de rentabiliser essentiellement un film.
03:12Elles sont surtout importantes parce qu'elles permettent
03:14de prendre la température sur le succès
03:16tout confondu du film. Dans la plupart des cas,
03:18un film, s'il a bien marché au ciné,
03:20il va continuer sa bonne lancée, à l'international
03:22peut-être, mais surtout à la télévision
03:24et en VOD. On avance, on avance, c'est une
03:26évidence, mais il nous manque encore plus
03:28de la moitié de notre budget.
03:30Est-ce que ce serait pas à vous
03:32maintenant de mettre un peu la main à la poche ?
03:34Il est possible de collecter de l'argent de particuliers
03:36qui souhaitent investir dans le cinéma
03:38et ça en contrepartie de droits sur les
03:40futures recettes. Alors pour ça, c'est facile,
03:42vous pouvez m'envoyer un chèque à mon adresse,
03:44c'est le 48 Rue des Navets
03:46Non, vous imaginez bien, ça se fait pas comme ça.
03:48C'est au travers de sociétés, qu'on appelle
03:50des sociétés pour le financement de l'industrie
03:52cinématographique et audiovisuelle,
03:54qu'on abrège en SOFICA. Si vous espérez
03:56devenir riche, je dois vous prévenir,
03:58les taux de rendement sont vraiment pas incroyables.
04:00On est sur du 1 à 2%,
04:02avec en plus risque de perte en capital,
04:04donc vous devez vous demander,
04:06mais qui serait assez fou pour investir dans le cinéma français ?
04:08Tout ça pour pouvoir dire
04:10à son voisin de siège au cinéma, devant
04:12« Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu » volume 36
04:14Eh pssst, tu vois ce film ?
04:16Bah c'est un peu grâce à moi.
04:18Non, vu que c'est un secteur à risque,
04:20les particuliers qui investissent peuvent bénéficier
04:22d'une réduction d'impôt qui va jusqu'à
04:2448% des sommes versées,
04:26et donc c'est généralement cet aspect qui aide à
04:28motiver les investisseurs. En moyenne,
04:30les SOFICA ont participé à hauteur de 4%
04:32du financement des films français,
04:34donc ici, ça fait 200 000 euros de plus.
04:36Ouais, c'est pas mal,
04:38mais par rapport à ce que m'a donné Bolloré,
04:40c'est quand même pas foufou.
04:42Bande de radins. Je vous l'ai pas encore dit,
04:44mais le film, il sera un peu
04:46autobiographique, et un moment marquant
04:48de ma vie, c'est quand j'ai bravé
04:50la tempête pour faire
04:52un p'tit chousse à droite, un p'tit chousse à gauche,
04:54chasse la neige, et obtenir ainsi
04:56vaillamment ma deuxième étoile.
04:58Ouais, désolé, j'ai pas trouvé plus palpitant.
05:00Ça pour vous dire qu'il y aura des scènes de montagne,
05:02donc on pourrait demander un p'tit coup de pouce
05:04à la région ouverte Rhône-Alpes. Puis,
05:06vu que j'ai fait des cours bêtes à Bolloré,
05:08je peux bien en faire à Laurent Wauquiez,
05:10mais j'en suis plus à sa près. En moyenne,
05:12les aides régionales représentent 4% du budget
05:14d'un film, donc là, ça nous fait
05:16200 000 euros de plus. Il y a un autre organisme
05:18qui soutient la création de visuels,
05:20vous le connaissez, c'est bien sûr le CNC.
05:22Alors, il y a deux types d'aides. Il y a les aides qui sont
05:24sélectives. Ce sont des aides qui sont attribuées sur
05:26dossier, par un jury. Et puis,
05:28il y a aussi des aides qui sont automatiques,
05:30que chaque film réalisé en France et disposant
05:32d'un agrément de production peut solliciter.
05:34Son montant va dépendre de l'ancrage français
05:36du film. S'il est tourné en langue française,
05:38c'est cool. S'il est tourné en France, c'est cool.
05:40Si les contrats de travail relèvent bien du droit français,
05:42c'est cool, et ainsi de suite. Pour notre film,
05:44dans l'absolu, on n'est pas trop mal, mais il faut
05:46peut-être que je revoie mon intro, parce que
05:48j'avais imaginé George Clooney. Donc déjà, il n'est pas
05:50français, ça ne démarre pas super. Et alors,
05:52il va au petit coin, et pour s'occuper,
05:54il prend son téléphone et regarde une vidéo d'Expresso Critique.
05:56Et là, il dit, hmm,
05:58what air ? Et du coup,
06:00si je remplace par Toilette, je me dis que ça va
06:02marcher nettement moins bien. Bref,
06:04le soutien du CNC, ça correspond
06:06à 9% du budget de production des films.
06:08Donc ici, c'est 450 000 euros
06:10de plus. Je vous spoil un petit peu la fin
06:12du film. Alors que les licornes mutantes
06:14vont dominer le Valois-Péret, je reçois
06:16de l'aide inespérée de Tintin,
06:18interprétée par François Damiens.
06:20Ce qui me permet donc de faire du film
06:22une coproduction franco-belge.
06:24Les partenariats internationaux permettent souvent
06:26de faire baisser la note, et représentent
06:28en moyenne 8% des budgets des films.
06:30On récolte donc encore 400 000 euros.
06:32Bon, ça y est, je crois qu'on a toqué à
06:34toutes les portes possibles. Et je sais pas
06:36vous, mais ça m'a donné soif à tout ça.
06:38Oh, ça !
06:40Oh, oh, oh, oh, c'est rien.
06:42C'est juste un petit partenariat pour le film.
06:44On estime qu'en France, 5% du budget
06:46des films est couvert par des placements de produits.
06:48Sucre, chocolat, vive le chocolat !
06:50Donc, en échange de subtils placements
06:52de produits tels que vous venez de voir, eh ben Coca
06:54nous a offert 250 000 euros.
06:56Bon, maintenant, faisons un point. On a réussi à récolter
06:5875% du budget. Il nous manque
07:00donc encore 1,25 million d'euros.
07:02Bon, bah, je crois que cette fois, c'est pour ma pomme.
07:04Allez, j'avance la somme.
07:06En vendant un rein et un enfant, ça devrait le faire.
07:08On n'a rien sans rien. Dans les projets de financement
07:10des films, il y a toujours une part de risque
07:12qui est prise par le producteur qui va
07:14avancer une partie des frais.
07:16Et comme pour les Sofica, vu que c'est
07:18des choses qui sont considérées comme risquées,
07:20il existe un crédit d'impôt pour
07:22un peu limiter la casse. Donc,
07:24pour être parfaitement transparent, on va dissocier
07:26les deux. Le crédit d'impôt représente en moyenne
07:2811% du budget d'un film.
07:30Donc, même s'ils avancent plus d'argent que ça,
07:32en réalité, les producteurs investissent
07:34en moyenne 14% du budget.
07:36Bon, bah, pratique, hein ? Ça fait plus que
07:38700 000 euros à trouver. Donc,
07:40si vous voulez me donner un coup de main,
07:42ça représente, grosso modo, la monétisation
07:44de 250 millions de vues sur
07:46YouTube. Voilà, je dis ça comme ça.
07:48Et c'est bon, ça y est, notre budget est
07:50complet et le tournage va pouvoir commencer.
07:52En tout cas, j'espère que vous avez appris des choses grâce à
07:54cette vidéo. Quand j'ai commencé à bosser dessus,
07:56ça parlait chiffres, financement, c'était pas
07:58le sujet le plus sexy à aborder.
08:00Donc, j'ai essayé de rendre ça le plus vivant
08:02possible et j'espère de tout cœur que la vidéo
08:04vous a plu. Si ça vous intéresse, on pourra creuser
08:06un peu plus ce sujet, détailler notamment
08:08les aides, parce qu'il y a pas mal d'idées reçues
08:10ou alors voir de l'autre côté, comment ça
08:12se passe pour les recettes. D'ici là,
08:14allez au cinéma et mangez des pizzas !