Entretien avec Leonardo Van Dijl, le réalisateur de "Julie keeps quiet"

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Avec "Julie keeps quiet", Leonardo Van Dijl signe un premier long métrage puissant sur les violences sexuelles et l’emprise dans le milieu du tennis. Nous l'avons rencontré lors du festival de film de Gand.
Entretien réalisé par Gaelle Moury et Sarah Saadi-Garcia.

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Transcription
00:00Comme enfant, j'avais plein d'intérêts.
00:03J'aimais écrire, dessiner, jouer au piano, donc un peu de tout.
00:08Et dans une manière, tu vois, tout ça tu peux projeter dans un film.
00:12J'avais pas vraiment un loisir dans lequel j'étais tellement doué.
00:17Mais j'avais affinité avec toutes les petites choses.
00:20Et pour ça, j'adore en fait faire des films.
00:23Tu vois, j'avais envie de faire le cinéma.
00:27C'était quand même pas quelque chose qui était donné.
00:29Donc il y avait quand même des obstacles que je devais guérir.
00:33Donc moi-même, aller dans des insécurités,
00:37mais aussi en situation financière même.
00:40J'ai fait une court-métrage, Stéphanie,
00:42qui était sélectionnée pour la compétition officielle de Cannes.
00:48Et je pense que seulement à ce moment-là,
00:50j'ai donné moi-même la permission d'écrire un long-métrage.
00:54Avant, c'était quelque chose que je...
00:57C'est pas assez doué.
00:58Genre, c'est pas pour toi.
01:00Il faut gagner de l'argent, il faut...
01:02J'étais toujours, tu vois, sans boulot,
01:05ou entre deux boulots, ou est-ce que je dois travailler dans une barre ?
01:08Tu vois, c'était...
01:10Et voilà, avec Stéphanie, j'ai dit, tu sais quoi ?
01:13Tu vois, c'est... On verra dans le futur.
01:17J'aime bien le monde du sport parce que c'est aussi une métaphore pour la société.
01:21C'est aussi très... C'est un truc très, comme on dit, accessible.
01:25Tu vois, on le connaît, en fait.
01:27Et j'aime bien ce truc où, pour parler de grandes choses,
01:31on parle de petites choses.
01:33J'aime bien ces petites compétitions où,
01:36on peut parler de tout, on peut parler de tout.
01:39Et c'est aussi un truc qui est très accessible,
01:42tu vois, on le connaît, en fait.
01:44C'est une petite compétition où tu vois juste l'ambiance du village.
01:50Il y avait aussi quelque chose avec un entraîneur, ou quelque chose comme ça ?
01:56S'il y en a une qui doit y arriver dans le club, c'est toi.
01:59Oui, c'est moi.
02:00Nique-je.
02:01J'étais en train de marcher sur la croisette
02:03et il y avait un homme qui vient à moi.
02:05Il dit, désolé de te déranger, mais j'ai vu, il y a trois jours, ton film
02:09et j'étais bouleversé.
02:10Et je veux te remercier parce qu'après le film,
02:13j'ai pris mon téléphone et j'ai appelé ma fille.
02:16Et il dit, ton film m'a donné cette confiance.
02:20Pour moi, c'était très émouvant parce que finalement,
02:23tu fais un film de silence et ça pousse les gens à parler.
02:27Et je pense que ça, c'est un peu le but du film.
02:31Tu vois que, justement, par sacrifier le silence de Julie,
02:36il y a aussi la permission de parler de silence
02:39et de commencer un dialogue.
02:42La libération des paroles de Julie,
02:43ce n'est pas seulement l'histoire d'une jeune fille de 15 ans.
02:47On a tout de silence dans nous.
02:49Et parfois, ça prend du temps de se libérer de ça.
02:53Et je trouvais ça très intéressant de permettre au public
02:57de s'identifier avec cette fille de 15 ans
02:59parce que, d'une manière, parfois, nous sommes plus douces
03:02avec la jeunesse qu'avec nous-mêmes.
03:05C'était toujours important pour moi que Julie,
03:09elle n'est pas seulement une chose, elle est tout.
03:12Même que tu vois qu'elle s'éteint, en fait,
03:14il y a des autres moments qu'elle se parle.
03:16Elle est très, très, très, tu vois, elle est bavarde,
03:21elle fait du bruit parce que parfois,
03:23tu vois, elle peut être quelqu'un qui est très, très, très bien à parler.
03:25C'est juste qu'il y a une chose de quoi elle n'aime pas parler.
03:29Et c'était pour moi aussi cette libération des paroles,
03:32mais aussi un peu, disons,
03:35la libération des clichés de c'est quoi d'être une victime.
03:39Parce que, finalement, même qu'on peut être victime de quelque chose,
03:43nous ne sommes pas seulement une victime.
03:46Il y a aussi d'autres identités qui sont dans nous.
03:49Et j'espère que Julie peut aussi être peut-être
03:53une influence pour un autre réalisateur
03:56qui veut raconter une histoire de son propre silence.

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