"Je suis un 10/10 " : La chronique de Rosa Bursztein
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AmusantTranscription
00:00Il est temps déjà de conclure cette première partie avec celle qui prétend être une spécialiste.
00:04Rosa Burstein, on est curieux, quel 10 êtes-vous donc ?
00:08Mais Mathieu, c'est une question facile, je suis évidemment un 10 sur 10, une bombe !
00:13Et cette confiance est assez rare chez les 10, or je fais réellement partie de la famille,
00:20je suis discalculique, ce qui n'a rien à voir avec les discalcoliques, ça c'est Manon Mariani.
00:27Non, moi j'ai un problème avec les chiffres, je compte encore sur mes doigts, et je n'en
00:30ai pas honte, à vrai dire, c'est même l'une de mes plus grandes joies, savoir que je pourrais
00:34toujours compter sur mes doigts, pour me donner du plaisir, et savoir combien font 8 plus
00:394, 9, 10, 11, 12, enfin bref, je ne sais pas compter, mais je n'ai jamais souffert d'être
00:42toujours la dernière de la classe en maths, parce que j'étais la première en français.
00:46Et c'est être moyen qui est boring, après on finit sa vie à faire des petits micro-trottoirs
00:50comme Quentin Lully.
00:51Triste.
00:52Je ne m'y traiterai plus d'ici.
00:54Moi j'étais la chouchoute des profs dans les matières littéraires, et en science,
00:58la pestouille insolente pour pas dire la grosse connasse, qui se sert des chiffres de sa calculette
01:03pour écrire Elbaise, et qui interrompt le cours de chimie d'un monsieur, puisqu'on
01:08ne sait pas si l'univers est fini ou infini, on peut peut-être dire que le cours d'aujourd'hui
01:12est fini, lui, non ? Je me retrouvais avec des devoirs supplémentaires que je ne comprenais
01:17absolument pas, mes parents faisaient venir des étudiants pour me donner des cours particuliers
01:21de ma chimie, et moi je laissais traîner des cartes magiques sur mon bureau.
01:25Ils étaient là « Oh, tu joues à magique ? » Et hop, ils m'en parlaient pendant une
01:30heure, et juste avant la fin, je disais « Oh, on n'a pas fait le devoir, tu me le fais ? ».
01:33J'ai jamais su lire l'heure sur une montre à cadran, la bonne nouvelle, c'est plus
01:38le 19ème siècle.
01:39J'aurais peut-être été l'idiote du village à l'époque, aujourd'hui, sur une montre
01:42connectée, j'ai l'heure en chiffres avec mon rythme cardiaque et le pic de glucose
01:47suite au repas de Yom Kippour dans ma belle famille juive algérienne, ou quand il n'y
01:50en a plus, il y en a encore ! Eux, ils ne comptent pas, ils donnent le sucre, l'huile
01:54et le diabète de type 2.
01:56Moi, j'ai jamais su cuisiner, mais parce que mon cerveau bloque sur les grammes, les
02:00milligrammes, les centilitres, la durée, en fait, comme Pierre Palmade, j'ai un problème
02:05avec les doses.
02:06Je paie tout par carte, j'ai plus de liquide parce que je ne sais pas rendre la monnaie.
02:11Quand j'étais vendeuse à la vingtaine, mes erreurs de caisse étaient monumentales.
02:15Mais je ne me faisais pas virer parce que j'avais la tchatch avec les clients et que souvent
02:18je leur rendais moins que ce que je leur devais, donc ça équilibrait, mais ça n'arrangeait
02:22pas les préjugés sur mon peuple.
02:24Aujourd'hui, je paie une avocate fiscaliste pour faire ma déclaration d'impôt comme
02:30si j'étais riche, alors que je suis juste teubée.
02:32Je ne sais pas combien je la paye, elle m'a dit un pourcentage, 40% de la cote-part des
02:37bénéfices hors-taxe modulés par la circonvolution terrestre actuelle, mais après elle a dit
02:40« t'inquiètes », donc ça va, je lui fais confiance ! Enfin voilà, j'ai ce handicap
02:45léger depuis toujours que j'ai su contourner.
02:48Pourquoi j'ai choisi mon mec ? Parce qu'il est beau, adorable, drôle, intelligent ? Non,
02:52surtout il a le permis.
02:53Moi, évidemment, impossible, j'avais autant envie de mourir devant les exercices du code
02:58que quand on m'invite à une soirée jeu de société chez Mathieu Noël.
03:01Oui, tout le monde en a eu pour son grade aujourd'hui ! J'adore quand mon mec conduit,
03:06parce que c'est le seul moment où il me domine vraiment.
03:08Même s'il a encore la petite Twingo de sa maman, je suis là, à sa droite, bien vulnérable,
03:12bien soumise, je lui dis « Hum, tu le tiens bien fermement ce volant ! »
03:15Et lui est dyslexique, donc il me répond sans accorder « ça te rappelle hier quand
03:19je t'ai prise, mon amoureux féminin ? » De mauvaise foi, il me répond que le genre
03:25est une construction sociale.
03:26Lui a esquivé ses 10 par la socio.
03:29Il me semble que grâce à l'amour, nos deux 10 s'annulent, après je suis nulle en max,
03:33donc je suis pas sûre.