Claude Viel interviewé par Pierrot Dupuy

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Claude Viel interviewé par Pierrot Dupuy

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00:00Claude Vielle bonjour. Bonjour Pierrot. Alors je ne sais pas si votre nom dira quelque chose aux jeunes générations mais pour la mienne vous avez marqué ma génération puisque vous étiez à l'époque le patron de Discorama.
00:15Discorama était un endroit où tous les jeunes de Saint-Denis se retrouvaient pour découvrir les dernières nouveautés.
00:22Et à l'époque vous étiez pour nous quelqu'un d'adorable, de gentil, qui nous conseillait et j'ai eu la surprise de recevoir un coup de fil de vous il y a quelques jours maintenant et où vous me racontiez une histoire assez extraordinaire et assez désolante je dirais.
00:40On va essayer de reprendre ça dans l'ordre mais avant est-ce que vous pouvez nous raconter qui vous étiez, Discorama, ce que c'était et surtout le personnage que vous étiez et on va y venir après mais pour que les gens comprennent que vous étiez quelqu'un qui était très à l'aise financièrement à l'époque.
00:57Je vais essayer d'être le plus concis possible effectivement parce que retracer toute une vie ce n'est pas toujours simple. Je vais essayer de le faire le plus simplement possible.
01:08Oui c'est vrai j'ai eu la chance d'être le patron du créateur et le patron de Discorama pendant quasiment 30 à 35 ans qui a commencé par des magasins de détails bien évidemment et puis on a vu le départ du CD puis après du DVD.
01:27Alors je sais bien qu'aujourd'hui tout ça ça paraît un petit peu dépassé mais il y a 30 ans c'était tout nouveau et puis c'est simple j'ai pris le wagon de la grande distribution quand j'ai vu commencer à avoir poussé les scores, les géants scores et tout ça et puis donc on a pu trouver des accords qui font que au bout d'un certain temps Discorama est devenu l'importateur exclusif de la musique et de la vidéo à La Réunion.
01:56On était distributeurs Walt Disney, Universal, Paramount, Sony voilà et donc effectivement ça a très bien fonctionné je dois le reconnaître j'ai eu cette chance et juste pour donner une petite anecdote chez Walt Disney La Réunion était le premier département français de chiffre d'affaires par tête d'habitant ce qui était tout de même pas mal remarquable.
02:21Ce qui veut dire que La Réunion était vraiment friande de ce genre de produits.
02:26Donc Discorama c'était le tronc disons de mon activité qui me prenait tout mon temps.
02:32J'ai aussi fait différentes petites choses, on ne peut pas appeler ça des danseuses parce que j'ai fait ça avec amour et même si ça a duré peu de temps à chaque fois c'était toujours quelque chose d'important pour moi.
02:45J'avais créé Radio Nostalgie à l'époque dans les années 80, le cinéma grand écran de Saint-Gilles puis j'ai apporté des produits à Stélaudère, des croquettes pour chiens pour faire plaisir à certaines personnes et puis enfin on voyait un petit peu dans tous les domaines.
03:05Ceci dit tout ça n'a été possible que parce que Discorama fonctionnait très bien. C'est vrai que je gagnais très bien ma vie, je dois l'avouer. Discorama était même catalogué comme l'une des 100 plus grosses sociétés réunionnaises en chiffre d'affaires.
03:20On était le premier importateur avion hors alimentaire. On faisait quasiment 4 tonnes semaine de CD et DVD. Donc je ne sais pas si on peut imaginer ce que ça représente.
03:32Donc vous aviez très bien gagné votre vie. Donnez-nous quelques exemples dans la discussion que nous avons pu avoir. Vous parliez d'un château.
03:40Oui c'est bon. Écoutez, mon challenge c'était, je m'étais dit à 50 ans il faut que j'aie réussi ma vie. Bon vous savez quand on est jeune on se met ça en tête et puis c'est vrai qu'à 50 ans j'ai eu la chance de pouvoir m'acheter un petit château à Bordeaux
03:58où j'ai vécu heureux quelques années puisque j'ai respiré un petit peu, j'ai voulu prendre un petit peu l'air de la métropole. Voilà ce qui m'a fait du bien, ce qui m'a permis de voir d'autres horizons.
04:14La région Aquitaine étant une région assez sympa, il faut le reconnaître. Tous mes voisins étaient viticulteurs et c'était assez sympa, je dois le reconnaître. Et puis oui, après ça j'ai eu la chance en rentrant à La Réunion de continuer à développer la société.
04:31Et puis à mes 60 ans je l'ai vendu, je l'ai bien vendu, plusieurs millions d'euros, voilà on va dire ça comme ça. Et puis je pensais que ma vie était faite. Et puis bon je voyais ça assez easy living pour la fin de mes jours.
04:51Et puis en définitive tout a complètement été bouleversé pour deux raisons. – Juste avant, je précise deux choses quand même. Vous étiez marié. – Oui.
05:03– Ça aura son importance pour après. Et vous êtes parti également vivre à Maurice. – Oui tout à fait, tout à fait. Donc dans la perspective justement de… – De redémarrer quelque chose quoi.
05:13– C'était surtout terminer ma vie d'une façon agréable. Bon mes enfants habitaient Maurice, habitaient Maurice certains du moins. Donc je m'étais dit je vais me rapprocher de mes enfants.
05:24C'est une occasion rêvée de profiter un petit peu d'eux parce que quand on est chef d'entreprise malheureusement des fois on n'a pas beaucoup de temps pour eux.
05:34Et donc j'essayais disons de rattraper un petit peu le temps perdu. Et puis il s'est passé un phénomène tout à fait imprévu à savoir que mes salariés, mes ex-salariés
05:45qui étaient pour moi une famille parce que quand on a des gens pendant 30 ans, 35 ans qui vous font confiance, je veux dire c'est une famille, on ne peut pas dire autre chose.
05:55Et donc ils m'ont appelé au secours parce que l'acheteur de ma société malheureusement n'a pas fait ce qu'il fallait loin de là et à tel point que la société était en train de couler.
06:09Et j'ai fait ce qu'il ne fallait pas faire bien évidemment. A plus de 60 ans j'ai racheté si j'ose dire les parts de la société que j'avais vendu pour revenir aux affaires
06:21et pour relancer la société qui avait disons un trou relativement énorme. Donc j'ai réinvesti beaucoup d'argent dedans. Bon ça a permis de bien redémarrer,
06:33ça a bien fonctionné pendant quelques années parce que moi mon but c'était toujours en pensant à mes salariés que ça dure le plus longtemps possible pour qu'ils puissent avoir disons
06:43eux aussi une retraite confortable et donc j'ai essayé de faire le plus longtemps possible. Et puis le domaine dans lequel j'étais a été extrêmement impacté par rapport à internet
06:55qui nous a fait de gros bobos. Et la dématérialisation c'est effectivement quelque chose qui existe et que tout le monde vit aujourd'hui de toute façon.
07:05Quand on parle aujourd'hui de CD et DVD on ressemble un petit peu à des dinosaures. Oui c'est vrai. Donc ça nous a fait bobos à tel point que la chute a été
07:19beaucoup plus rapide que prévu. Les majeures compagnies me disaient Claude vous ne faites pas de soucis ça va être sur 7, 8 ans patati patata. Ça s'est passé en 2 ans définitive.
07:30J'ai perdu quasiment 75% de mon chiffre d'affaires en deux ans. Je ne sais pas si vous imaginez quand on a 30 salariés c'est tout de même pas facile. Donc j'ai essayé de tenir le plus
07:41longtemps possible. Bon j'ai. Je ne regrette rien. J'ai fait ce que je devais faire en tant que patron comme le commandant du navire qui coule avec le navire. Je l'ai fait.
07:54J'ai assumé mes responsabilités. Si c'était à refaire je referais exactement la même chose. Et je me disais c'est pas dramatique. J'ai perdu beaucoup d'argent mais j'ai ma maison.
08:07Vous aviez une très belle maison à la montagne. Voilà tout à fait. Tout à fait. C'est vrai j'ai eu la chance d'avoir une belle case comme on dit. Et donc j'avais ça en tête. Je m'étais dit bon bah cette maison va me garantir une retraite malgré tout encore aisée.
08:24Et puis donc à la demande de mon beau frère. Voilà parlons clairement. Donc mon beau frère qui était le compagnon de ma belle sœur. La sœur de ma femme. Et donc je le savais depuis des années était intéressé par ma maison.
08:41Et donc il m'a dit j'aimerais bien. Ok pas de problème. Vous savez je suis quelqu'un de confiance. La vieille génération on tape dans la main. Et puis c'est bon. Et puis donc il me dit bah écoute il n'y a pas de problème.
08:54Il n'y a pas de problème. Mais bon là pour le moment j'ai à voir des rentrées importantes. Donc moi je dis il n'y a pas de problème. Il dit écoute on va trouver un petit peu de crédit. Et puis c'est pas un problème.
09:07Donc j'ai confiance. Bon c'est quelqu'un qui avait un gros patrimoine. Je parle au passé. Vous allez comprendre pourquoi. Qui avait un gros patrimoine. Donc je n'avais aucun souci financier.
09:18Et donc le jour de la signature chez le notaire. Il s'est passé un phénomène. Il devait arriver avec l'argent ? Il devait arriver avec le chèque de garantie. Moi je sortais de l'avion.
09:31J'arrive chez le notaire. J'habitais Maurice. Donc j'étais venu spécialement pour la signature. Je déboule chez le notaire. Et qui tout de suite nous dit bon venez on va signer. Je demande à mon beau-frère.
09:44Dis moi tu as le chèque ? J'ai oublié. Bon alors là vous savez en une demi seconde il faut que les choses se passent dans votre tête. Et je me dis bon ça fait 25 ans que je le connais.
10:02Que j'ai quelqu'un de confiance. Que j'apprécie. Avec qui vous partagez beaucoup de choses. Avec qui je partageais beaucoup de choses. On se voyait beaucoup. On parlait beaucoup ensemble. Donc pour moi il n'y avait aucun souci.
10:13Et le notaire qui insiste il dit alors vous venez signer ? Oui. Bon ben du coup j'étais venu pour ça. J'ai dit bon ok. Vous ne venez rester que très peu de temps sur l'île. Voilà. Sachant que je reprenais l'avion l'après-midi même.
10:27Et donc je dis bon ben ok on va signer. Donc j'ai signé comme quoi donc j'avais reçu le paiement hors la vue du notaire. Parce que ça ne pouvait se faire que de cette façon là. Et mon beau-frère me dit ben écoute je te donnerai le chèque cet après-midi. Je dis pas de problème c'est bon.
10:46Et puis l'après-midi bon ben malheureusement il était occupé. Il était avec des clients. Et puis il me dit là je ne peux pas. J'ai dit écoute moi je reprends l'avion là. Donc écoute tu me donneras ça à la prochaine occasion. Moi j'avais vraiment aucun souci dans ma tête. Je dormais bien. Il n'y avait aucun problème.
11:08Et puis au fil des mois bon je lui dis écoute il ne faudrait pas m'oublier. Non non non tu sais là j'ai des rentrées. Et puis quand j'ai commencé à avoir des soucis par rapport au fait que mon patrimoine était en grande partie parti avec Discorama si j'ose dire. Je lui dis écoute là maintenant il faudrait. Il me dit ok.
11:32Pour que les auditeurs comprennent bien. Vous aviez dans le même temps une maison à l'île Maurice. Une très belle maison pour laquelle vous aviez fait un emprunt.
11:41Alors j'avais une très belle maison à l'île Maurice effectivement que j'avais payé comptant. Mais j'ai fait un emprunt parce que j'ai acheté également un beau penthouse sur la mer. Je faisais ça toujours en pensant à mes enfants ainsi de suite. Et puis là j'avais fait un gros emprunt bancaire.
11:59Mais je me disais cet emprunt va être payé par ma rentrée de ma maison de la montagne. Donc pour moi tout collait. C'était sans problème. Et puis donc au bout d'un certain temps bon j'avais pris un délai très court pour le prêt parce que mon argent devait rentrer.
12:17Et la banque à Maurice commence à me mettre le couteau sous la gorge en disant monsieur Vielle bon. Bon ils m'ont fait confiance mais ils m'ont dit maintenant il faudrait. Et puis ils se sont rattrapés parce qu'ils m'ont matraqué avec des intérêts.
12:32Ça c'est la banque. Il faut accepter les règles du jeu. Donc je ne les critique pas. Et j'ai mis la pression sur mon beau frère qui me dit bon écoute ok cette fois-ci je vais mettre en application je vais vendre.
12:47Je précise aussi parce que toujours dans l'intérêt des auditeurs que tout ce qu'il faisait sa famille était au courant.
12:54Ah oui oui oui parce que justement bon pendant j'avais bien dit on s'était rencontré. Je lui avais dit écoute il faudrait que nos enfants soient au courant parce qu'on a tout de même fait une chose un petit peu spéciale.
13:04Moi je l'ai fait par rapport à toute la confiance que j'ai en toi. Mais on ne sait jamais ce qui peut m'arriver ou ce qui peut t'arriver. Et puis il faut que nos enfants soient au courant.
13:12Moi j'avais fait un courrier. Je lui avais fait un courrier. Et je lui avais dit passe le à tes enfants et moi je le passe à mes enfants. Et puis en plus tu les mets au courant.
13:22Donc tout le monde était au courant. C'était un véritable secret de polychinelle que cette maison donc n'était toujours pas payée à son véritable ancien propriétaire.
13:32Donc tout le monde le savait. Et donc au moment où il me dit je vais commencer. Ok je vais faire ce qu'il faut. Il tombe malade. Et il tombe malade gravement.
13:44Et il est obligé de partir se faire soigner pendant six mois en Allemagne. Je peux le dire c'est pas un secret. Et puis rapidement il décède.
13:56Et là c'est un espèce de vide sidéral qui se produit d'un seul coup parce que je réalise que il n'y avait que de la confiance de mon côté et de l'autre côté il n'y avait rien.
14:15Alors on va me dire oui mais quand on a confiance c'est comme je crois que ça existe au niveau légal c'est à dire que c'est l'impossibilité morale de faire un écrit c'est comme tu ne vas pas demander un papier à ta femme.
14:25Enfin je ne sais pas où c'est prévu au niveau de la loi. Donc moi c'est sûr que ce que j'ai fait c'est ça tient exclusivement à sa personnalité à la personne que c'était et en qui j'avais confiance.
14:37Donc du coup je me retrouve sans plus rien et je vais donc aux obsèques de mon beau-frère à Lyon et je vois les enfants de ses héritiers que j'ai vu grandir tous comme ça pendant 25 ans que j'avais même invité à mon mariage à Bordeaux.
14:59Donc de la famille quoi je ne peux pas dire autre chose il faisait partie de la famille. Et puis l'aîné me dit bon bah écoute j'en parlais à mes frères et sœurs et puis je te tiens au courant.
15:09Ils étaient combien ?
15:10Ils sont 4. 4 plus il y a également une fille, une première fille qui a priori n'avait pas été reconnue.
15:23Moi je ne suis pas rentré dans le... Au moins les 4 enfants qui portent son nom donc eux étaient au courant. Et donc l'aîné me dit bon bah écoute Claude je vais en parler à mes frères et sœurs et puis je te tiens au courant.
15:41Je dis ok pas de problème et puis il me dit de toute façon je dois venir... Il habite à Lyon et je dois venir à la Réunion là parce que j'ai des affaires à régler.
15:49Je dis oui j'imagine et voilà. Et puis au bout d'un mois pas de nouvelles, deux mois pas de nouvelles donc je lui renvoie un petit mot lui disant sois gentil dis-moi un petit peu qu'est-ce qui se passe parce qu'il faut tout de même maintenant que ça avance.
16:03Et c'est là qu'il me dit, il m'écrit même, c'était un mail laconique du genre j'en ai parlé à mes frères et sœurs on ne peut rien faire pour toi. Point.
16:19Là je dois avouer que je suis resté pendant deux minutes bouche bée devant mon mail parce que je me dis je ne comprends pas trop là. Et puis j'ai essayé de les rejoindre après que ce soit téléphoniquement ou même par mail et je n'ai jamais eu de réponse.
16:37Alors ça il faut le savoir ça se passait en 2018. Alors j'ai commencé à prendre à prendre contact avec un avocat. Bon je ne vais pas comme il risque d'y avoir des actions judiciaires. Voilà je ne vais pas en parler bien évidemment au niveau du fond parce que ça c'est ça regarde les avocats.
17:02Mais ce qu'il faut savoir c'est que c'était un petit peu comme si la loi se dérobait sous mes pieds à chaque fois. Puisque bon on ne peut pas attaquer un mort en justice ça n'existe pas. Donc il ne faut pas parler d'abus de confiance puisque une personne décédée c'est fini.
17:22Je veux dire on ne peut strictement rien faire au niveau justice donc avec une personne décédée. Donc je me suis retourné à les héritiers en disant bon tout de même. Donc j'ai essayé de connaître le nom de notaire qui était chargé de la succession et bien sûr ils ont fait blocage.
17:44Personne ne m'a jamais répondu donc c'était très compliqué pour moi parce que j'étais à Maurice à l'époque et donc j'ai essayé d'avoir des infos.
17:52Vous aviez en même temps la pression des banques.
17:54Ah j'avais une pression terrible et je vais aller à tel point que j'étais obligé de brader mon patrimoine mauricien. Mais quand je dis brader c'est brader c'est à dire que quand on a le coteau sous la gorge parce que autrement c'est saisi.
18:16Et là bas ça ne traîne pas. Et puis après ça on ne sait plus. Une fois que c'est saisi c'est fini. On n'avait plus aucun pouvoir pour quoi que ce soit. Donc j'ai préféré essayer de brader moi personnellement les choses.
18:32Et puis bon ben oui j'ai été obligé de brader. Je ne sais pas si je peux donner des chiffres mais bon. Non ce n'est pas la peine. Ce n'est pas la peine mais il faut dire que j'ai bradé mon patrimoine grosso modo à 35-40% de sa valeur par rapport à mon prix d'achat.
18:50Et ce qui m'a tout de même permis de rembourser mon gros prêt. Et puis c'est tout. Donc je me suis retrouvé sans plus rien.
19:00Vous aviez une expression qui moi m'avait marqué. Je suis passé de l'ISF à l'SDF.
19:06Oui c'est exactement ça. C'est l'image. Oui c'est vrai que j'ai payé l'ISF pendant un bon nombre d'années. Et puis je me suis retrouvé véritablement je ne vais pas dire du jour au lendemain mais très rapidement sans argent.
19:25Et quand je dis sans argent c'est à dire qu'une fois qu'on a tout payé et qu'il vous reste quasiment plus rien. A l'époque bon moi j'avais une retraite. Ma retraite était je le dis de 400 euros mensuels. 4 retraites cumulées. 4 retraites cumulées de 400 euros mensuels.
19:43Donc pour moi c'était pas un problème à l'époque puisque bon je savais qu'avec mon capital je pouvais assumer. Mais quand vous vous retrouvez juste avec ça comme retraite pour vivre ça devient compliqué.
19:56D'autant plus qu'à Maurice quand vous ne pouvez plus disons assumer les rentrées. Justifier les revenus. Puisque j'avais un permis de résidence retraité donc assujetti certains revenus et que je ne les avais plus et que surtout que je ne pouvais plus justifier.
20:14Et bien on m'a demandé gentiment de rentrer chez moi. Donc je suis rentré il y a deux ans. Voilà il y a deux ans. Je me vois à l'aéroport de Plaisance. J'avais une valise, une valise, la cage de mon chat pour tout bagage.
20:37Je n'avais plus rien. Plus rien. J'étais totalement ruiné. Ruiné et c'est vrai l'expression quand je dis. Et je me posais même la question où allais-je dormir véritablement. Je me suis posé la question parce que vous imaginez bien que quand on est en grande descente financière les amis on les perd les uns après les autres.
21:05C'est vrai que j'en ai eu beaucoup à une certaine époque. Et puis au fur et à mesure ça s'est dissous d'une façon. Bon il faut accepter c'est la vie. Moi je n'en veux à personne. Vous savez je crois que chacun agit comme il l'entend. C'est le problème de tout un chacun.
21:24Mais c'est vrai que je me suis retrouvé sans plus grand monde. Heureusement j'avais deux, trois véritables amis qui m'ont aidé quand je suis rentré. Ça m'a permis de trouver un petit logement. Ma belle-fille parce que mon fils lui est à La Réunion et ma belle-fille s'est porté caution pour moi.
21:47Ça m'a permis de vivoter quelques temps. Mais je me posais toujours la question en me disant comment tout ça va se finir. Parce qu'on n'a jamais renoncé à essayer de récupérer votre maison en fait.
22:03Alors j'ai eu des hauts et des bas. Il y a des périodes où j'étais gonflé à bloc. Et puis j'ai des périodes où j'étais complètement... J'étais face à un mur au niveau... Puisque quand j'ai vu un avocat dans les années 2018, la loi était telle que quand on avait reconnu d'avoir payé...
22:28Hors la vie du notaire.
22:30Hors la vie du notaire c'était fini. On ne pouvait rien faire. Donc c'était plié. Et puis la loi a changé quelques années plus tard. Puisque je présume que c'était pour lutter contre le blanchiment d'argent. Je ne vois pas d'autres raisons.
22:43Et la loi a changé de telle façon que même ayant reconnu avoir été payé, j'étais en droit de demander le justificatif du paiement. Le chèque ou le virement. Mais le problème, et ça je ne vais pas entrer dans les détails parce que c'est en discussion actuellement, il y a des problèmes de prescription qui existent.
23:05J'en dirai pas plus.
23:07Avec votre avocat vous êtes en train d'essayer de voir si on ne peut pas le contourner. Mais revenons à votre maison. Et revenons à vos relations maintenant avec votre belle famille. Parce qu'il y a les enfants mais il y a aussi votre belle-sœur.
23:19Ma belle-sœur que j'ai toujours aidée, que j'ai toujours bien considérée. Je lui ai fait cadeau de l'héritage de ma femme tout de même. Je n'étais pas obligé.
23:31Mais on ne parle pas de la maison là. On parle de l'héritage d'autre femme.
23:35Quand mon épouse malheureusement est décédée, ce qui n'était pas quelque chose de réellement prévu pour moi. J'ai hérité de ses biens puisqu'on avait une truc au dernier survivant.
23:49Et puis j'estimais que comme à l'époque j'étais encore devant la nouvelle fère, je me trouvais tout à fait logique. J'ai fait cadeau de l'héritage de ma femme à ma belle-sœur.
24:04Donc je l'ai toujours aidée, je l'ai toujours bien considérée. Et puis d'un seul coup, depuis le décès de mon beau-frère, alors là je n'ai pas compris exactement qu'est-ce qui s'est passé.
24:16Parce qu'elle sait pertinemment que cette maison ne m'a jamais été payée puisque c'était elle qui gérait les finances de mon beau-frère.
24:23C'est elle qui détenait les carnets de chèques et qui faisait toute la comptabilité de mon beau-frère, personnelle et commerciale, les deux. Donc elle savait pertinemment la réalité.
24:35Et donc elle savait très bien ce qui s'était passé. Et puis d'un seul coup, elle est devenue non seulement contre moi, mais elle s'est arrangée pour organiser une espèce d'omerta avec l'aide des héritiers contre moi.
24:58Donc c'était le silence total. Et elle encourageait surtout les héritiers à ne pas me payer. Surtout parce que pour eux c'était la belle vie parce qu'elle habite là-haut dans ma maison tout de même.
25:11Et je sais que certains, peut-être certains enfants y habitent aussi.
25:15Donc la maison, combien de mètres carrés de terrain, de gens face au sol pour qu'on ait une idée ?
25:22C'est une maison qui est à même pas dix minutes de Saint-Denis-y-Centre.
25:30A la montagne ?
25:32A la montagne. C'est une maison...
25:35En plein centre de la montagne, on va dire.
25:37Oui, tout début. Le début de la montagne, on va appeler ça comme ça. Et donc qui fait plus de 200 mètres carrés et qui avait tout de même un superbe jardin de 5000 mètres carrés.
25:47Oui, donc c'est énorme.
25:50Et dans lequel j'ai investi beaucoup d'argent et beaucoup d'amour. J'ai quasiment planté tout ce terrain. Je l'ai remodelé complètement. J'ai mis une piscine. Enfin j'ai fait ce que je devais faire parce que c'était...
26:05Tu avais les moyens à l'époque.
26:07Oui, j'avais les moyens. Et puis moi, mon but a toujours été de faire plaisir aux gens qui vivaient avec moi, à ma femme, à mes enfants, à ma maman parce que j'avais fait venir ma maman avec moi de métropole.
26:18Donc mon seul but, et ça a toujours été un peu ma motivation au niveau de l'argent, c'était de faire plaisir. J'aimais bien faire plaisir aux gens.
26:29Ça me paraissait la principale utilisation de l'argent. C'était faire plaisir aux gens que j'aimais. Ça, plus les copains où j'ai prêté beaucoup d'argent, on ne m'a jamais rendu, j'en ai donné beaucoup.
26:44Mais bon, c'est la vie comme ça. Et c'est bien, l'argent c'est fait pour circuler. Et puis c'est divin. A la limite, je n'ai jamais vraiment compté puisque j'avais vraiment pas mal de biens.
26:57Donc ça me paraissait tout à fait logique d'en faire profiter tous les gens qui étaient autour de moi. Et puis donc, d'un seul coup, Bloch, ma belle sœur, les héritiers...
27:09On m'avait dit que c'était de la haine.
27:11Carrément, carrément. C'est un sentiment que j'ai du mal à comprendre, vu le passé, puisque je n'ai jamais rien, non seulement rien fait contre elle, mais j'ai toujours eu de bons rapports avec elle.
27:25Je l'ai toujours respectée, je l'ai toujours aidée, elle aussi d'ailleurs, sans parler de l'héritage. Mais alors cette volte-face, c'est comme si au départ de mon beau-frère, elle avait changé complètement de personnalité.
27:39Elle était devenue quelqu'un d'autre. Elle était... Je ne vais pas encore juger, mais c'est ce que j'ai compris, puisque pas mal de personnes m'en ont parlé.
27:51Elle est devenue colérique, méchante, haineuse. Enfin, je ne vais pas employer d'autres qualificatifs, je pense que ça suffit.
28:01Et puis ce maintenant en permanence dans le mensonge. Entretenir toujours cette espèce d'envie de dominer les gens.
28:16Alors, ça me fait penser à autre chose dont vous m'avez parlé, et c'est le dernier volet qui peut-être est encore intéressant, mais parler de secte. C'est quoi cette histoire de secte ?
28:28Alors ce mot, c'est toujours un mot qui fait peur, effectivement, parce qu'il ne faut pas l'employer à tort.
28:37La dernière fois qu'on en a parlé, c'était une secte qui était de quelqu'un, un bijoutier qui était au centre-ville de Saint-Denis.
28:43Oui, il y a eu, on s'entend, ça a fait la une des journaux pendant plusieurs semaines, c'est vrai.
28:58Et vous m'avez dit qu'on retrouvait les mêmes personnes.
29:03Oui et non. C'était compliqué, parce que moi je voyais ça d'un œil très extérieur.
29:13Moi je n'ai jamais été dans ce genre de truc, parce que j'ai toujours cherché à avoir mon libre-arbitre et ma propre personnalité.
29:22Mais j'étais très intéressé par, disons, la connaissance spirituelle de mon beau-frère.
29:27Et j'ai toujours été un fan de tout ce qui est littérature, que ce soit spirituelle ou autre, indienne. J'ai toujours été...
29:42Parce que votre femme, on va le dire, était malbarèse.
29:44Tout à fait, tout à fait, effectivement. Je ne sais pas si c'est par atavisme ou pas, mais le fait est, c'est que depuis très longtemps,
29:51mais même beaucoup plus jeune, j'étais toujours en quête spirituelle et j'avais trouvé dans les récits spirituels indiens,
30:01pas mal de réponses à mes questions, que ce soit dans le Mahabharata ou dans son cœur, la Bhagavad Gita,
30:08qui sont des enseignements, pas indiens, puisque ce sont des enseignements universels.
30:14Quand on parle de bonté, de sagesse, de compassion, il n'y a pas de nation, il n'y a pas de nationalité, c'est un sentiment universel.
30:22Et j'avais trouvé donc pas mal de réponses et c'est principalement ce qui m'intéressait chez mon beau-frère,
30:28qui était un puits de connaissances à ce niveau-là.
30:31Pour revenir à la secte, moi, j'en ai entendu parler, mais je vais être très franc. Je ne voulais pas rentrer là-dedans,
30:40ni c'était pas mon carré, comme dirait l'autre. Mais là, plus récemment, j'ai été interpellé parce que j'ai entendu des choses
30:50et lorsque je fais mes actions à la montagne, parce que je vais faire mes sittings pour montrer que j'existe toujours et que...
30:56– Et vous avez une pancarte pour nous installer devant chez vous.
30:58– Voilà, et je continuerai à défendre, à me battre pour la vérité et pour la justice.
31:07Tous les voisins qui étaient heureux de me voir, en étant étonnés de me dire, mais qu'est-ce qui se passe ?
31:15On ne comprend pas. Je leur ai expliqué un petit peu les tenants et les aboutissants et eux m'ont dit,
31:22écoutez, c'est bizarre parce qu'on ne sait pas ce qui se passe dans cette maison.
31:26Les gens ont toujours l'air de se cacher quand ils sortent, c'est bizarre, un truc qu'on ne comprend pas trop.
31:33Et puis, bon, je dis, ok, ça ne m'étonne pas trop. J'ai entendu d'autres sons de cloche où ma belle-sœur faisait régner la terreur
31:47et elle s'était prise un petit peu pour, alors je ne sais pas si je dois employer le mot ou pas,
31:53parce que c'est toujours risqué, mais en tant que responsable d'une petite secte, alors je ne sais pas comment on peut appeler ça, mais où...
32:04– Mais en groupe de personnes sur lesquelles elle avait une certaine influence.
32:06– Voilà, c'est ça, où pour faire passer...
32:09– Où elle dispense son savoir.
32:11– Voilà, pour faire dispenser son savoir, alors savoir entre guillemets, je précise bien, je ne sais pas de quoi il s'agit.
32:19Elle l'impose aux gens, j'ai entendu, oui, alors les gens doivent faire le jardin ou le ménage ou la cuisine, autre que tout,
32:29ou éventuellement, on même entend parler d'argent, de support. Maintenant, je le répète...
32:35– Le voyage à Maurice aussi.
32:37– Le voyage à Maurice, oui, c'est vrai, il faut le dire aussi, mon beau-frère s'est fait construire une...
32:49je ne peux pas, si on peut appeler ça une très belle maison, mais c'est plus qu'une très belle maison à Maurice.
32:55C'est une maison qui fait 1500 m².
33:00– C'est un château.
33:01– C'est un palais.
33:02– Vous m'avez dit que les voisins à Maurice pensaient que c'était un hôtel.
33:05– Oui, tout à fait, les voisins, quand j'y allais il y a longtemps,
33:10enfin quand j'y allais quand c'était encore en construction, les voisins me disaient
33:14mais c'est quoi ça, c'est un hôtel, c'est une clinique qui se construit ?
33:17Je dis non, je ne crois pas, je ne crois pas.
33:20Et bon, donc ma belle-sœur mène une grande vie actuellement, elle fait...
33:32– Pourquoi est-ce que je vous ai parlé de secte ?
33:35Parce que dans la discussion que nous avons eue, et vous m'avez touché,
33:39vous aviez évoqué le nom d'un avocat qu'on ne va pas citer,
33:42mais qui lui était avéré qu'il faisait partie de la première secte dont on parlait tout à l'heure.
33:47Et que cet avocat, qui était votre voisin, quand vous avez discuté avec lui,
33:51alors il n'y a pas que lui, ils étaient deux, un ancien magistrat également,
33:54quand vous avez discuté avec eux, qu'est-ce qu'ils vous ont dit exactement ?
34:00– Ben écoutez, c'est malheureux, mais ce sont là aussi des gens
34:05que j'ai connus pendant des années, des dizaines d'années.
34:09Il faut savoir que toutes ces relations, c'est 30 ans, donc ce n'est pas rien tout de même.
34:16Et puis d'un seul coup, là encore, je ne sais pas,
34:20est-ce que c'est sous la pression de ma belle-sœur ?
34:23Peut-être, parce qu'elle a... c'est vraiment quelqu'un...
34:27je ne vais pas employer le terme,
34:29mais l'idée de la montre religieuse me paraît assez justifiée, c'est terrible.
34:35Elle a un ascendant très fort sur les gens,
34:41et je pense que ces personnes dont vous parlez,
34:46effectivement, eux aussi, d'un seul coup, m'ont tourné le dos.
34:51Et alors qu'ils savaient très bien la vérité aussi,
34:54parce que, je répète, toute cette histoire de maison, c'est un véritable secret de polychinelle.
34:58Tout le monde sait que ça n'a jamais été payé.
35:02Mais il y a cette conspiration du silence,
35:08principalement générée et maintenue, bien sûr, par ma belle-sœur,
35:13qui impose ça quasiment aux héritiers et qui impose ça aussi à mes ex-amis.
35:19En définitive, tous ces gens-là se sont, je vais dire, retournés contre moi,
35:24puisqu'ils auraient eu l'occasion de dire la vérité,
35:27puisqu'ils étaient pleinement au courant.
35:29Et puis, en définitive, non.
35:31Mais qu'est-ce qu'ils vous ont dit concrètement ?
35:34Ils se sont défilés.
35:36Ce sont des gens que, lorsque j'ai cherché à les contacter,
35:39en leur disant, écoutez, la seule chose que je vous demande, c'est de dire la vérité, c'est tout.
35:43Rien de plus, rien de moins.
35:45Je n'ai jamais eu de réponse.
35:47Vous avez dit qu'il fallait que vous renonciez, que vous acceptiez le fait que...
35:51Oui, c'est ça. Oui, c'est ça.
35:54Tout au début, on m'avait dit, grosso modo, que c'était presque normal,
36:00que, allez, je vais le dire entre guillemets là aussi,
36:04que je donne ma maison.
36:06C'était presque normal.
36:08Là, je dois avouer que...
36:10Cet homme qui est un avocat est quelqu'un qui est connu,
36:13et qui avait, pour moi, je connaissais personnellement,
36:15quelqu'un qui avait du caractère.
36:17Oui, on est bien d'accord.
36:19Et c'est pour ça que tout ça, ça paraît un petit peu délirant.
36:23Et qu'il était membre de la première secte.
36:25C'est pour ça que j'ai fait le...
36:27À l'époque, c'est ce qui était dit.
36:30Mais je le répète, moi,
36:33j'étais plus spectateur qu'autre chose,
36:39et effectivement, ce sont des choses qui ont été dites en son temps.
36:44Tout à fait.
36:46Avec un magistrat aussi.
36:48Absolument.
36:50Et aujourd'hui, c'est sûr que eux aussi sont tombés complètement dans le silence.
37:00Rien, rien.
37:02J'ai essayé de les contacter, tous.
37:04Je n'ai jamais eu aucune réponse.
37:07Quelle est votre situation aujourd'hui, Claude Vielle ?
37:09Ma situation, Pierrot, elle est...
37:15Vous avez quel âge ?
37:17Je vais sur mes 76 ans.
37:21Je ne pensais pas terminer ma vie comme ça, effectivement.
37:24On m'aurait dit ça il y a 15 ans,
37:27j'aurais ri, j'aurais ri, j'aurais ri, effectivement.
37:31Et aujourd'hui, j'ai eu la chance, et je remercie le ciel tous les jours,
37:39tout de même, d'avoir un petit logement social à l'éperon,
37:45et je vis d'être social.
37:49Voilà.
37:50Je n'ai pas honte de le dire.
37:52Alors, toute ma vie, c'est drôle,
37:54j'ai payé des sommes assez faramineuses d'impôts,
37:59de Sécu, d'Ursaft, de taxes de sides, de taxes de ça,
38:04mais des sommes que...
38:05C'est des millions, des millions et des millions.
38:07Et puis aujourd'hui, je ne sais pas si c'est un jus...
38:10Bon, ce n'est pas des millions que je reçois, je vous le dis tout de suite.
38:13C'est loin de là.
38:16Ça fait rire, ça fait rire.
38:19J'ai vu d'ailleurs que le minimum vieillesse va être augmenté de 19 euros l'année prochaine.
38:2419 euros.
38:26C'est tout de même merveilleux.
38:28Donc, on est dans des mondes différents, c'est sûr.
38:31Mais ce n'est pas grave.
38:33Donc, je suis dans le détachement,
38:36et c'est vrai que par rapport à tout ce que j'avais,
38:41mes notions de spiritualité,
38:45en vieillissant, on doit aller vers le détachement,
38:48que ce soit le détachement en matière,
38:50le détachement familial,
38:53le détachement amical,
38:56ce qui ne veut pas dire qu'on ne doit pas aimer ses enfants.
39:00Ce n'est pas ça.
39:01Mais on doit savoir que le jour où on part,
39:04effectivement, on part sans rien.
39:08Il n'y a pas de bagage.
39:12Donc, c'est un petit peu le sentiment que j'ai actuellement dans mon petit appart.
39:17Je dis en plaisantant, c'est ce que je disais l'autre jour à mon fils,
39:21j'ai l'impression d'être déjà dans la salle d'embarquement
39:24pour le vol final.
39:26Alors, je ne sais pas quand il va avoir lieu.
39:30Je ne peux même pas dire que j'ai enregistré mes bagages,
39:33parce que je n'ai plus de bagages.
39:35Donc, c'est bien.
39:38Et maintenant, il n'y a rien qui presse.
39:40Tendons-nous bien.
39:41Mais je me sens déjà dans la salle d'embarquement.
39:44Et puis, le vol, il sera programmé quand il le sera.
39:49Et j'attends ça avec sérénité.
39:51Mais c'est sûr que quand on a des millions, on gère ces millions.
39:56Et puis, quand on a des euros, des dizaines d'euros, on gère ces dizaines d'euros.
40:01C'est le même job, mais avec trois, quatre zéros en moins.
40:05Et puis, on y arrive.
40:07Et puis, en définitive, en vieillissant, on va vers la sagesse,
40:13vers nos besoins se réduisent énormément.
40:16C'est clair.
40:18Et puis, je ne dis pas que je deviens un philosophe.
40:22Mais ça n'empêche que, si je me bats encore aujourd'hui,
40:26ce n'est pas pour moi.
40:28C'est exclusivement pour mes enfants.
40:31Parce qu'eux n'ont pas à être victimes, je ne vais pas dire, de mes erreurs.
40:37Parce que l'excès de confiance que j'ai eu, je ne peux pas le qualifier d'erreur.
40:44Puisque, à la limite, si c'était à refaire, dans la même situation,
40:49peut-être que je referais la même chose.
40:51Mais c'est sûr que le résultat n'est pas celui auquel je pensais.
40:55N'empêche qu'aujourd'hui, si je me bats, je le répète,
40:58c'est pour mes enfants, qui sont spoliés.
41:02C'est le mot. Ils sont spoliés.
41:04Parce que cette maison de la montagne, dans laquelle j'ai mis beaucoup d'amour,
41:14je trouve que ça va répondre peut-être à ma prochaine pancarte,
41:25mon chèque ou ma maison.
41:27Je veux dire, c'est l'un ou l'autre.
41:29Mais qu'au moins, il se passe quelque chose.
41:31Alors maintenant, est-ce que parmi les gens de là-haut, qui sont dans ma maison,
41:38est-ce qu'il y en a un qui va avoir un jour un éclair de conscience ?
41:44Parce que quand on met délibérément quelqu'un dans la misère,
41:47je veux dire, c'est tout de même pas évident.
41:49Vous croyez au karma ?
41:51Moi, le karma, c'est une chose...
41:53Comme je dis, le karma, c'est une chose où il n'y a ni prescription, ni péremption.
42:00C'est quelque chose qui suit,
42:04que ce soit dans cette vie, dans la vie suivante, dans les vies suivantes.
42:08Le karma est quelque chose d'inexorable.
42:10Et ça, c'est la seule chose en laquelle je crois véritablement.
42:16Moi, je ne souhaite de mal à personne.
42:18Franchement, dans la vie, on peut faire des choses bien.
42:22On a tous fait, vous savez, quand on fait son bilan,
42:25on a tous fait des choses bien, des choses moins bien, des choses pas bien,
42:28on a commis des erreurs, on a fait des bêtises.
42:31Bon, c'est le lot de l'homme.
42:34L'être humain est comme ça.
42:36Mais quand on fait la globalité, tout de même,
42:38il faut savoir si ça va plus vers le haut, vers le bien, ou vers le mal.
42:43Mais quand là, délibérément, on sait qu'on va vers le mal,
42:48quand on envoie quelqu'un dans la misère,
42:53qu'on connaît la vérité, qu'on profite de son argent,
42:56qui normalement devrait être pour lui,
42:59et que pendant ce temps-là, les autres font bonbons,
43:03je sais qu'ils font des réceptions,
43:05ils font trucs, ça voyage, ça truc, ça ci, ça ça.
43:08Qu'est-ce que je peux penser ?
43:11Je me dis que je l'ai plein.
43:14Je l'ai plein parce que je ne sais pas s'ils se rendent compte
43:17de la situation dans laquelle ils se mettent.
43:20Je l'ai plein, je l'ai plein, voilà, je ne peux pas dire autre chose.
43:24Je trouve ça triste parce que, oui, choses que je n'ai pas dites,
43:28mais que bon, pour terminer, je pense que j'ai tout essayé
43:33pour leur faire comprendre que j'étais prêt
43:36à trouver toujours une solution.
43:39Je leur ai dit même, payez-moi, donnez-moi 1000 euros par mois,
43:44ça durera 50 ans, mais ce n'est pas grave,
43:47je continuerai avec mes enfants, juste au moins que j'ai de quoi vivre,
43:50je veux dire correctement, que je puisse finir ma vie sans...
43:58J'étais prêt à toute possibilité pour bien leur montrer
44:02que je n'étais pas quelqu'un qui allait leur mettre le couteau sous la gorge,
44:07alors que, je répète, 16 millions d'euros, tout de même,
44:11ce n'est pas...
44:14Ce n'est tout de même pas mal.
44:16Je veux dire, ils ne sont pas à plaindre.
44:19J'ai fait vraiment toujours un pas en avant, politique de la main tendue,
44:24en disant, trouvons une solution.
44:26Il n'y a pas de solution irrémédiable et insoluble.
44:30Je n'ai jamais eu aucune réponse à quoi que ce soit.
44:37C'est comme ça, c'est triste.
44:42C'est triste pour eux, d'abord, parce que je ne sais pas s'ils réalisent,
44:47je le répète vraiment, ce que tout ça va impliquer pour eux à terme.
44:52C'est comme ça, maintenant, chacun croit en ce qu'il veut.
44:55Ça, c'est la liberté de l'homme.
44:58Mais je suis triste, pas pour moi,
45:02puisque j'ai accepté ma situation, c'est clair,
45:10et je pense qu'il y a toujours plus malheureux que soi.
45:13Et quand j'ai l'occasion, des fois, je croise des SDF,
45:16je leur paye un petit café, parce qu'ils sont sûrement plus malheureux que moi.
45:20Donc je pense qu'il faut toujours voir...
45:25Il faut toujours aussi voir le bas.
45:28Donc j'accepte ma situation.
45:36Je suis malheureux pour mes enfants, et c'est pour eux que je me bats.
45:39C'est ce que je leur ai dit, mes deux enfants.
45:42Je me bats pour vous, et je continuerai de me battre,
45:45je continuerai à faire mes sittings là-haut, devant la maison.
45:48Je continuerai, donc on va organiser bientôt avec des amis un pique-nique là-haut,
45:53devant le portail, juste pour leur montrer qu'on existe,
45:57que la vérité, elle, elle n'a pas de péremption,
46:00il n'y a pas de prescription, plutôt, il n'y a pas de prescription pour la vérité.
46:06Il n'y a pas de prescription pour la vérité,
46:08et je continuerai à me battre jusqu'au bout.
46:11Jusqu'au bout, tant que le bon Dieu me donnera la santé,
46:14je continuerai à me battre, parce que je suis un fanatique de vérité et de justice,
46:22j'ai toujours essayé de faire de ces deux principes un chemin de vie,
46:29et je continuerai, voilà.
46:32Très bien, merci en tous les cas.
46:34Pierrot, c'est moi qui vous remercie de m'avoir permis d'évoquer tout ça.
46:40Et bon courage.
46:41Merci Pierrot.

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