Comment fonctionne la justice suédoise ? - Foot - EDG

  • il y a 11 heures
Présente sur le plateau de «L'Equipe de Greg», Pernilla Dahlrot, avocate aux Barreaux de Paris et de Suède, est revenue sur le fonctionnement de la justice suédoise.

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Transcription
00:00Allez, c'est le moment d'accueillir sur ce plateau Pernilla Dalro qui est avocate aux barreaux de Paris et de Suède.
00:06Bonsoir, Bette. Merci d'être avec nous ce soir dans l'équipe de Gregg.
00:10Alors, votre présence n'est pas liée au football, bien évidemment, mais plus exactement aux à-côtés du football
00:17et notamment à ce qui arrive au capitaine de l'équipe de France, Kylian Mbappé.
00:21On a vu tout à l'heure, on a fait le rappel des faits, on a expliqué.
00:24Moi, ma première question est assez simple. Vous êtes aux deux barreaux, le barreau de Suède et le barreau de Paris.
00:29En quoi les deux justices sont différentes ? Est-ce que vous, vous arrivez à vous y retrouver s'il y a beaucoup de différences ?
00:35Il n'y a pas beaucoup de différences, mais évidemment qu'il y en a.
00:39Maintenant, la question, c'est est-ce que vous parlez du domaine du droit pénal ?
00:43Moi, je ne comprends pas, par exemple, le raisonnablement suspect.
00:46Voilà, puisqu'on nous dit qu'il y a plusieurs grades avant que l'affaire ne s'ingrave.
00:52Ça veut dire quoi, raisonnablement suspect ?
00:54Raisonnablement suspect, ça veut dire que c'est un niveau de suspicion qui n'exige pas beaucoup de preuves.
01:02Ça suffit qu'il y a, comme les médias ont dit, le procureur a confirmé, sans dire qu'il s'agit de Kylian Mbappé, évidemment, mais qu'il y a eu une plainte.
01:12Ça s'est avéré, la plainte, c'est certain.
01:16Sauf erreur de ma part, le procureur a dit qu'il y a eu une plainte, mais elle n'a pas confirmé qu'il s'agit de Kylian Mbappé.
01:24Donc ça, on ne sait pas.
01:27Là, les médias suédois, eux, annoncent le nom de Mbappé, mais absolument pas le procureur.
01:31C'est ça qui est très important à dire également.
01:34Ce degré-là, qu'est-ce que ça engendre auprès de la justice ?
01:41Il y a quand même une enquête qui est menée, ou s'il y avait un grade supérieur, ce serait une enquête encore plus poussée ?
01:46J'avoue que je ne saisis pas.
01:48On sait aujourd'hui qu'il y a eu une plainte.
01:50Le procureur n'a pas confirmé qu'il y a une enquête en cours.
01:53Par contre, les médias suédois rapportent qu'il y a quand même eu une perquisition à l'hôtel, qu'on a saisi des vêtements.
02:02Donc a priori, il y a une enquête en cours, parce que sinon, on n'aurait pas eu ces saisies et cette perquisition.
02:10Pourquoi ce culte du secret de ne pas dire qu'il y a une enquête en cours, alors qu'on voit bien qu'il y a tous les éléments qui permettent de mener une enquête ?
02:18Nous, ça nous paraît un petit peu étrange.
02:20Non, mais parce qu'au niveau de l'enquête en Suède, c'est confidentiel.
02:24Tout est hermétique.
02:26Le procureur ne va pas parler jusqu'au moment où, si c'est le cas, elle va décider de poursuivre.
02:34Si elle décide de ne pas poursuivre, cette affaire sera classée sans suite.
02:40Et on n'aura jamais aucun nom, aucune explication par rapport à ce qu'on est en train de vivre en ce moment ?
02:45Ça restera confidentiel ?
02:47Non, sauf si les personnes impliquées décident de parler eux-mêmes.
02:50Dans ce cas-là, ça pourra bouger.
02:52Alicia, vous avez travaillé dans La Journée également sur la justice suédoise.
02:56Peut-être qu'on peut avoir quelques points pour éclairer encore davantage et poser des questions au maître qui est avec nous ?
03:02Oui, je pense qu'il faut avoir quelque chose en tête pour nous en France.
03:05C'est que depuis 2018, le Parlement suédois a adopté une nouvelle loi sur le consentement.
03:10Est-ce que vous pouvez nous expliquer en quoi cette nouvelle loi consiste ?
03:14Pourquoi le viol n'est pas considéré totalement de la même manière en Suède qu'en France ?
03:19Et par exemple, nous expliquer cette notion de viol par négligence ?
03:23Viol par négligence, effectivement, ça n'existe pas en France.
03:28Ça veut dire… En fait, avant le changement de ces nouveaux articles dans le Code pénal suédois qui parle du viol par négligence,
03:40il fallait, pour que ce soit classé comme un viol, qu'il y ait des violences, de la pression, menaces,
03:51ou que la personne soit dans une situation de dépendance.
03:55Alors qu'aujourd'hui, on parle de consentement, mais on est allé encore plus loin que ça en Suède.
04:00On parle de la participation volontaire à l'acte.
04:04C'est-à-dire que quand on est avec un partenaire, il faut s'assurer que la personne participe volontairement à l'acte.
04:11Donc l'alcoolémie, par exemple, change tout ?
04:14Voilà, change tout. Une personne qui dort, alcoolisée, oui, effectivement, ça change tout.
04:19Voilà, donc pour être encore peut-être plus précis, ce consentement, en fait, il doit s'exprimer par des mots, par des gestes ou d'une autre manière.
04:27Mais il doit être très explicite, finalement.
04:30Moi, je tiens juste à dire aussi et à rappeler qu'il faut décorréler ce qu'on est en train d'expliquer avec vous ce soir
04:37et évidemment d'éventuelles accusations ou d'autres enquêtes.
04:40En aucun cas, on ne se substitue à la justice.
04:43La presse suédoise a sorti des noms.
04:46Nous, on s'intéresse à cette histoire qui concerne le capitaine de l'équipe de France, Kylian Mbappé, totalement présumé innocent, évidemment.
04:53Le nom n'a pas été relié par la justice suédoise à l'enquête.
04:58Donc pour nous, ça, c'est très important aussi de le reclarifier.
05:01Mais comme on est un petit peu béauciens de la justice en règle générale et encore plus de la justice suédoise,
05:05ça nous semble important d'aller un petit peu plus loin dans le décryptage et tenter de comprendre.
05:09Loïc, vous suivez le Paris Saint-Germain, évidemment de près également cette affaire.
05:14Est-ce que vous avez une question à poser à Pernille Hidalgo qui est avec nous ce soir ?
05:18Le truc que je ne comprends pas, c'est pourquoi il ne donne pas de nom la procureure,
05:24mais pourquoi elle ne dément pas quelque chose qui pourrait être faux ?
05:28Est-ce que le fait qu'elle ne démente pas veut dire que forcément Kylian Mbappé est impliqué ?
05:32Ça ne veut absolument rien dire. Elle ne dit rien.
05:35Et elle ne dira rien sauf si il y aura une mise en examen.
05:39Si jamais il n'est pas impliqué, pourquoi il ne dit rien ?
05:42La suspicion va rester malgré tout.
05:45Oui, mais elle, elle n'a jamais dit que c'est lui.
05:48C'est la presse suédoise.
05:51C'est la presse puisque ce que je parle sous votre contrôle.
05:55À partir du moment où la justice suédoise ne prononce pas le nom de Mbappé,
05:59elle n'a pas à s'excuser de l'avoir éventuellement mise en pâture, puisque ce n'est pas le cas.
06:03Elle ne va pas défendre la presse.
06:06Ce n'est pas son rôle.
06:07Elle, elle fait son travail. C'est hermétique. C'est confidentiel.
06:10C'est comme ça.
06:11Donc elle ne va pas parler.
06:12C'est confidentiel. Le fameux secret de l'instruction, on peut dire ça.
06:15Oui, c'est ça. Tout à fait, oui.
06:17Le truc, c'est que si les infos, les journaux suédois, notamment le journal le plus lu en Suède,
06:21je n'avais pas les chiffres avant de découvrir que c'était le premier journal suédois,
06:25donnent des noms, ou en tout cas relient le nom de Kylian Mbappé à ce qui s'est passé.
06:29Eux, ils ont eu les infos des sources. Ils n'ont pas inventé possiblement ce genre de choses.
06:34Mais la justice ne bougera pas pour dire au journal, taisez-vous.
06:37On ne sait pas d'où viennent ces informations, effectivement.
06:40On ne sait pas si c'est la présumée victime ou s'il y a eu une fuite auprès de la police.
06:45Ça a été arrivé auparavant.
06:47Donc on ne sait pas. Mais ce n'est pas le problème du procureur de s'occuper de ça.
06:52Avant de vous donner la parole à tous, si vous avez des questions,
06:54moi, je voudrais qu'on revienne vraiment sur ce « raisonnablement suspect »,
06:57parce que c'est vraiment quelque chose qui a provoqué votre venue ce soir.
07:01« Raisonnablement suspect », moi, j'avoue que je ne comprends pas.
07:06Soit il y a eu quelque chose de grave qui a été fait, soit ça n'a pas été fait.
07:10Comment on peut mettre différents grades ?
07:12C'est quoi par rapport à « raisonnablement suspect » ou « totalement suspect » ?
07:15C'est une différence de niveau d'éléments qu'il y a dans le dossier, de preuves.
07:20Les preuves. Ce sont des preuves.
07:22Donc aujourd'hui, pour qu'on soit « raisonnablement suspect », il suffit avec une plainte.
07:27Selon les médias suédoises, la victime présumée est allée consulter des médecins après.
07:34Est-ce qu'on a trouvé quelque chose, des traces ?
07:37Est-ce qu'il y a des témoins qui l'auraient vue sortir d'une chambre en pleurs ?
07:43On ne sait pas du tout aujourd'hui.
07:45Mais ça, ça peut suffire pour qu'on ouvre une enquête.
07:51Et après, c'est quoi, l'enquête ? Il y a des gardes à vue comme chez nous ?
07:55J'ai lu qu'en garde à vue, on n'avait pas de nom avant même un certain niveau de temps en emprisonnement.
08:04Ce genre de choses, c'est de détention provisoire.
08:07On ne va pas le mettre en garde à vue à ce stade.
08:11Maintenant, si c'est lui, je vais souvenir encore une fois.
08:14Quel que soit la personne.
08:17Donc non pas à ce stade. Maintenant, « raisonnablement suspect ».
08:21L'enquête va suivre son cours et on va voir les éléments.
08:25On va entendre des témoins.
08:28Il y aura peut-être des tests ADN.
08:31Et en fonction de ce qu'on va trouver, en fonction des preuves,
08:35on peut peut-être passer à un stade supérieur ou un niveau supérieur.
08:39Ou pas.
08:41Et la police, le procureur vont se dire que ça ne vaut pas la peine de poursuivre.
08:45Donc on va classer sans suite.
08:46Aujourd'hui, on ne sait rien de ce qu'il y a dans les dossiers.
08:49C'est très important de le dire et de le redire.

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