• il y a 2 mois
Une secousse qui doit réveiller les syndicats traditionnels. Sont-ils encore les bons porte-paroles du monde du travail aujourd'hui ?

Category

🗞
News
Transcription
00:00Martial You, un syndicat des gilets jaunes, a donc été autorisé par la justice. Il va pouvoir se
00:05présenter aux prochaines élections dans les entreprises de moins de 11 salariés qui auront lieu le mois prochain.
00:11Ils ont une chance d'exister alors ?
00:13Non, ce sera très symbolique au niveau de l'élection en tant que tel. Les gilets jaunes, ils ne sont pas encore a priori
00:19suffisamment nombreux. On parle d'une centaine pour ce syndicat d'après la direction générale du travail. Mais ça doit pousser
00:26les syndicats traditionnels à se poser les vraies questions sur eux-mêmes. Avec le syndicat des gilets jaunes, on assiste à une
00:34ubérisation du syndicalisme. Alors qu'est-ce que vous voulez dire par là ? Alors tout le monde pouvait devenir taxi avec Uber, tout le monde
00:39peut se révolter avec les gilets jaunes. Pas besoin de syndicats.
00:42Fini les accords de Grenelle, la grande comédie adélarde et sociale. Les gilets jaunes vivent de l'argent de leurs militants, pas des subventions publiques.
00:50Il n'y a pas de leader
00:51identifié. Ils communiquent sur Facebook. Ils veulent bloquer le pays pour discuter ensuite.
00:56C'est un bras de fer en direct entre eux et l'Elysée. La fin des intermédiaires. C'est ça
01:01l'ubérisation. Et les syndicats seraient dépassés ? Comme la plupart des élites en fait. Comme nous, les journalistes. On n'a pas vu venir
01:08évidemment le mouvement des gilets jaunes en 2018. Personne en réalité. Et le monde du travail
01:13change très vite. L'ouvrier de 2024, il est en col blanc. L'ouvrier de 2024, il travaille dans le tertiaire et pas à la chaîne. L'ouvrier
01:21de 2024, il est obligé de perdre du temps dans les transports et de prendre sa voiture, qui pollue en plus, pour aller travailler.
01:27L'ouvrier de 2024, il gagne 2000 euros par mois, il paie des impôts et il s'en sort pas. L'ouvrier de 2024, il est en colère
01:34comme les gilets jaunes. Mais ce qui sous-tend ce que vous êtes en train de dire, c'est que les syndicats traditionnels ne sont plus
01:39capables de mobiliser. Ah si, mais ils représentent quand même, et notamment pour les gilets jaunes, l'élite.
01:44Et c'est vrai pour beaucoup de français. Ils sont dans les usines. Or, l'industrie et le BTP, c'est 20% des emplois en France
01:52aujourd'hui. Les syndicats, ils sont structurés pour les grands ensembles. Or, tout ça s'est effrité ces dernières années. Les bastions
01:58syndicaux sont tombés. On a fermé les grandes usines. On a privatisé des grandes entreprises publiques comme EDF, GDF, La Poste, France Télécom,
02:06qui fournissait des bataillons entiers de syndiqués. On a réduit les services publics dans les petites villes. Les syndicats
02:12ont perdu leur fief. Les citoyens ont perdu l'Etat. Et ceux qui captent ce sentiment d'abandon,
02:18parce qu'ils le vivent au quotidien, ce sont précisément, sans doute, les gilets jaunes.
02:21Et donc maintenant, quel est le principal défi des syndicats traditionnels ?
02:24C'est énorme. C'est inventer du collectif dans un monde fragmenté, beaucoup plus solitaire.
02:29L'an dernier, la France a créé un peu plus d'un million d'entreprises, dont 70% étaient des
02:34auto-entreprises, sans salariés. Le télétravail a aussi éloigné le salarié de son entreprise. L'appartenance à une marque s'évapore.
02:42Ça réduit aussi le pouvoir de mobilisation des syndicats traditionnels en interne, bien sûr. Le syndicat des gilets jaunes,
02:47il doit donc pousser les vieilles centrales à se poser cette question existentielle.
02:52De qui suis-je désormais ? La voie. Les gilets jaunes peuvent réveiller les syndicats historiques. Après tout, les taxis traditionnels se sont nettement
03:00améliorés depuis l'arrivée des VTC.
03:02Merci beaucoup, Martialiou.

Recommandations