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(Berlusconi, Mao zedong, Hitler, Mussolini)

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00:00Le 24 juin 2013, le président du Conseil italien Silvio Berlusconi était condamné
00:28en première instance par le tribunal de Milan à 7 ans de prison pour prostitution de mineurs.
00:34On savait que le cavalieré était amateur de jeunes filles, mais là, il avait dépassé
00:40les bornes en conviant à ses soirées Bunga Bunga le nom qu'il donnait à ses parties
00:43fines de « jeunes filles mineures ». Tout président du Conseil qu'il fut, les anticorps
00:50de la démocratie italienne mirent un coup d'arrêt aux agissements de Silvio Berlusconi
00:54et à sa carrière politique. Celui qui l'initia aux soirées Bunga Bunga, c'est son vieil
01:02ami le colonel Kadhafi. Le dictateur libyen, lui, n'avait rien à craindre de la loi.
01:07Il se servit de ses célèbres gardes du corps féminine comme esclaves sexuels pendant
01:12des décennies sans jamais être inquiété. Sûr, comme tous les tyrans, de sa toute-puissance
01:18et de son impunité. Tyrannie et sexualité, deux univers qui ne donnent jamais rien de
01:24bon quand ils se rencontrent.
01:54Quelle relation existe-t-il entre dictature et sexualité ? La sexualité des tyrans
02:14conditionne-t-elle leur pratique du pouvoir ? Et d'abord, existe-t-il une sexualité
02:21des dictateurs ? Pour répondre à ces questions, nous allons vous raconter la vie privée des
02:26quatre plus grands dictateurs du XXe siècle. Benito Mussolini, Adolf Hitler, Joseph Staline
02:33et Mao Tse-tung. Benito Mussolini, chef de l'Italie fasciste
02:46de 1922 à 1945. 23 ans de dictature durant lesquels il combattra aux côtés de l'Allemagne
02:53nazie. Responsable de la mort ou de la déportation de millions de personnes, il conservera pourtant
03:01un ascendant sur les foules jamais démenties et un rapport aux femmes bien particulier.
03:06Alors son rapport aux femmes est commandé par un cynisme total. Didier Musée de Lac,
03:14professeur en histoire contemporaine, auteur du livre Mussolini. Il a surconsommé, il a
03:21consommé à la fois des comtesses, j'utilise le terme de consommer, à des seins, il a consommé
03:28des comtesses, il a consommé des serveuses, il ne s'arrêtait pas sur la beauté physique. Par
03:34conséquent, il a un rapport qui est un rapport, comme il le dit, qui est un rapport instinctif,
03:38primitif aux femmes. Il a besoin d'épancher sa sexualité débordante et quand il ne peut pas le
03:47faire, il est malheureux profondément. Donc il y a cette dimension qui est une dimension fondamentale
03:53de son être, je dirais. Et puis il y a la façon dont il procède sur le plan de cette sexualité.
04:00On ne peut pas dire que ce soit quelqu'un de tendre, d'un grand amoureux, c'est plutôt quelqu'un
04:08qui expédie ses conquêtes. Alors ça, il l'a toujours fait, ça se passe très très vite,
04:13parfois en dix minutes, au maximum en une demi-heure. Et en fait, tous les lieux, à partir
04:22du moment où il se retrouve au pouvoir, sont agencés pour qu'il y ait une sorte de balai
04:28continu qui lui assure la venue de l'agente féminine dans les meilleurs délais et au moment
04:36où il la choisit. Et donc il a consommé, surconsommé, à un point qu'on ignore aujourd'hui,
04:44le nombre de ses conquêtes. Le nombre de maîtresses se compte-t-il chez Mussolini en
04:49centaines ou en milliers ? Peu importe en fait, c'est le mode de fonctionnement du dictateur qui
04:55est important. Chez les dictateurs, tout est un petit peu excessif, tout est en excès. S'ils font
05:00justement des carrières extraordinaires, c'est parce qu'ils ont des talents extraordinaires,
05:03il ne faut pas l'oublier, ce sont des gens souvent supérieurement intelligents, ce sont des gens qui
05:07ont une énergie surprenante. Pascal de Sutter, docteur en psychologie politique, auteur du livre
05:14C'est fou qui nous gouverne. Donc ils vivent les choses toujours d'une manière un peu exponentielle
05:19par rapport au commun des mortels. Donc tout va être dans l'excès, y compris la consommation
05:22sexuelle va être aussi dans l'excès pour certains d'entre eux. Benito Mussolini, c'était quelqu'un
05:26qui avait cette espèce d'énergie virile qui était aussi une énergie sexuelle dans son cas et que
05:32vraiment les deux allaient en parallèle, c'est-à-dire plus il faisait l'amour, plus il avait
05:38des conquêtes, plus il se sentait rassuré dans sa virilité, plus il se sentait fort, plus il
05:42se sentait puissant et plus il pouvait aller à l'assaut du pouvoir et faire ses conquêtes et
05:47avoir même un moment d'un délire de grandeur, vouloir reconstituer l'empire romain.
06:17Sur le plan sexuel c'était la même chose avec une grande consommation de femmes en se prenant
06:26aussi peut-être pour un surhomme qui peut honorer l'état de femme mais en n'allant pas jusqu'au bout
06:30non plus et on pourrait même faire un parallèle entre les conquêtes féminines et les conquêtes
06:34militaires de l'Italie qui était dans les deux cas d'aller, d'être très gourmand mais pas être
06:38tellement gourmet, pas savoir vraiment aller en profondeur dans les choses. Mussolini a parfois
06:45même négligé les affaires de l'état pour passer du temps avec ses maîtresses et plusieurs de ses
06:50femmes ont joué un rôle central dans la construction de la personnalité du dictateur italien.
06:57Je dirais qu'il y a plusieurs femmes qui ont joué un rôle décisif dans son itinéraire,
07:03certainement pas sa femme officielle Rachele Guidi. Rachele Guidi est une femme qui va être la mère
07:11de ses enfants, la mamma dans la tradition italienne et en fait elle ne jouera aucun rôle je dirais
07:20direct dans la gestion de ses affaires politiques ni même dans sa conception du monde. C'est une
07:25romagnole, elle vient de son village près d'Apio, je dirais là-dessus là c'est tout à fait clair.
07:30Certaines de ses maîtresses en revanche auront un rôle très important au cours de la vie de
07:36Mussolini et plus particulièrement trois d'entre elles. Angélica Balabanov d'abord,
07:41femme politique d'origine russe, elle lui inculque les bases de la pensée politique
07:45et le transforme en homme du monde entre 1902 et 1914. Puis Margarita Sarfati,
07:52issue de la haute bourgeoisie milanaise, elle finance son ascension politique,
07:56le fait connaître dans le monde entier et complète sa formation intellectuelle entre 1914 et 1932.
08:03Clara Petacci enfin, issue de la haute bourgeoisie romaine, elle va l'accompagner
08:08et grandement l'influencer dans sa conduite des affaires de l'état à partir de 1932,
08:12au point qu'on se met à murmurer dans les allées du pouvoir.
08:15Qui gouverne à ce moment-là l'Italie, Mussolini ou Petacci ?
08:18C'est le problème, alors on a dit au fond que c'était Petacci qui dirigeait,
08:23je crois que non on peut pas aller jusque là, alors il s'est toujours, il a toujours dit,
08:28il le dit d'ailleurs la Petacci, mais les femmes n'ont jamais joué un rôle important dans ma vie,
08:35surtout pas sur le plan politique, elles sont toujours restées à un certain niveau qui était
08:41de leur, précise-t-il, mais elles jouent un rôle, elles jouent un rôle où, et c'est intéressant
08:51le diario, le journal de la Petacci parce qu'on voit en fait qu'il y a un échange sur les grands
08:57dossiers, sur Hitler, sur la question des Français, sur le racisme, sur toutes sortes de choses,
09:04et donc il y a un échange incontestable. On n'est pas simplement dans un rapport où le dictateur
09:11vient honorer sa maîtresse et repart. Non, non, là il y a effectivement une liaison au sens fort du terme.
09:21Et le Duce ne se contente pas de définir sa politique en compagnie de sa principale maîtresse,
09:25il s'affiche aussi ouvertement avec les autres. En tant qu'un personnage, vous voyez, qui est là-dessus,
09:32on peut le définir comme un prédateur, mais un prédateur qui fait savoir, et ça c'est intéressant,
09:40qui fait savoir ses conquêtes. Il faut imaginer aussi que Mussolini, ça on a du mal à comprendre
09:47ça aujourd'hui, on n'imagine pas un chef d'état se promener avec sa voiture de sport, on a le
09:55Alfa-Romeo, il va régulièrement à la mer et on peut dire qu'il se drague. Il se drague, il se montre
10:04effectivement au pilotage de cette voiture, qui fait du bruit, etc. Il fait tout pour être remarqué,
10:13au point qu'évidemment les gens se disent, mais sans doute c'est bien Mussolini, c'est le Duce
10:19qui est là en personne. Et donc il attire les foules et puis il fait son choix. C'est comme ça
10:25qu'il fait la rencontre de la Petacci. Donc c'est un personnage qui aime se montrer, il aime se montrer
10:29aussi à cheval, il aime se montrer faire du ski, il aime apparaître comme un athlète politique et je
10:38crois que c'est très important. Ça nous renvoie précisément à cette question du corps pour les
10:43fascistes, qui est une question essentielle. Le corps de Mussolini est toujours magnifié. Il faut
10:55toujours montrer que Mussolini incarne une jeunesse, des ressources, une énergie qui se confond d'une
11:05certaine façon avec le corps politique de l'Italie. Il y a là quelque chose de fondamental, car toute
11:12la construction musulmane repose sur cette idée que le corps politique, son corps physique, est
11:20source d'énergie pour l'Italie et qu'à partir de là, l'Italie doit puiser dans son énergie.
11:27Mussolini sert de modèle, en fait, pour créer le fameux homme nouveau qui est à la base, au fond,
11:35de ce régime fasciste, qui est un régime totalitaire.
12:05Effectivement, il y a un rapport à la virilité qui est important pour un dictateur. Un dictateur ne peut
12:23devenir un dictateur, ne peut diriger un pays, que s'il montre au peuple un comportement extrêmement
12:29viril, presque caricatural. C'est typique chez Mussolini. Chez Mussolini, c'est flagrant. Chez
12:33Mussolini, c'est flagrant. Cela peut rejoindre un côté un peu sexuel. Cet homme qui dégage des
12:40hormones sexuelles mâles puissantes, la testostérone, qui s'affirme chez le mâle, par de l'agressivité,
12:46le mâle gorille le plus costaud, qui tape le plus fort, qui détruit le plus les gros bambous,
12:51il va être celui qui va attirer les femelles. En général, le dictateur charme les femmes.
12:55Dans ce sens-là, on peut dire qu'il y a une sexualité, c'est que ce sont des grands charmeurs
12:59de foule. Il charme les hommes. Mussolini, par exemple, est un peu l'homme que l'homme italien
13:04aurait voulu être. On a aussi une fascination pour un homme qui représente un peu ce qu'on
13:11aimerait être. On vit à travers lui. Si moi j'étais cet homme de pouvoir, si moi j'avais
13:17ce bel uniforme, si moi j'avais succès auprès des femmes, ce serait quand même extraordinaire.
13:21On a envie d'être comme lui, donc on a envie de s'en rapprocher, de se faire membre du parti
13:24fasciste, de porter une chemise noire, de vraiment vouloir ressembler à notre homme idéalisé,
13:32à ce leader charismatique. Mais ce rapport avec les Italiens construit autour du corps de Mussolini
13:39va finalement se retourner contre lui au fur et à mesure de ses défaites dans la guerre aux côtés
13:44de l'Allemagne. Il finira fusillé, lynché et pendu en place publique avec sa maîtresse Clara
13:51Petacci dans une sorte de catharsis collectif.
13:57Lorsqu'on a fait l'autopsie le lendemain, on s'est aperçu que la tête de Mussolini était
14:03en bouillie. On avait tellement frappé, on avait donné des coups de pied, on avait cherché vraiment
14:09à détruire tout parcel, tout élément de ce corps. En somme, on cherche à aviver ces corps. Pourquoi
14:20on cherche à les aviver ? Précisément parce qu'on a tant aimé Mussolini, on l'a tant adoré qu'il
14:30faut absolument détruire ces corps. Détruire toute la magie qui avait recédé ce corps pendant plus
14:39de vingt ans et qui désormais était un corps qui devait disparaître définitivement.
14:51Le corps du dictateur comme incarnation de sa politique, un autre tyran va aussi mettre cela
14:57en pratique, mais différemment. C'est Adolf Hitler.
15:09Adolf Hitler, le pire des dictateurs du XXe siècle, responsable de la mort de 50 millions
15:15de personnes pendant la Deuxième Guerre mondiale, dont 6 millions de Juifs exterminés dans les
15:19camps. Au pouvoir pendant 12 ans, le plus grand criminel de l'histoire eut sa première amourette,
15:26à 36 ans seulement, avec sa petite nièce, âgée de 17 ans, Geli Raubal. Elle ne s'en remettra
15:33jamais et se suicidera en 1931. Pourtant, leur relation ne fut que platonique. Dans le cas de
15:41Hitler, la sexualité est une sexualité quasiment inexistante. On lui connaît en fait deux aventures
15:51entre guillemets, à savoir Geli Raubal, sa nièce. Avec Geli Raubal, ils font des petites promenades
15:58l'après-midi, même pas le soir. C'est vraiment, nous sommes dans un monde tout à fait particulier.
16:06Et évidemment, ensuite, celle qui va marquer son empreinte à cet égard, en devenant
16:15la compagne de Hitler, c'est Eva Braun. Eva Braun fut la deuxième et dernière compagne
16:22d'Hitler. Elle aussi avait 17 ans quand il la rencontra, et elle aussi se suicidera avec Hitler
16:28quand la guerre sera perdue. Mais les Allemands n'en surent jamais rien, et sa présence fut seulement
16:33tolérée par le dictateur. Si on regarde un petit peu son parcours dans la durée avec Adolf Hitler,
16:40on s'aperçoit qu'elle a eu beaucoup de mal, beaucoup de mal à s'installer à côté de Hitler.
16:46Pendant très longtemps, Hitler l'écarte systématiquement. Tout ce qui est politique
16:55lui est interdit. Elle est considérée comme une sorte de petit oiseau par l'ensemble des nazis
17:04qui assistent à ses rencontres. Elle n'a aucun rôle, elle n'a aucune possibilité de s'exprimer.
17:14Et sur le plan, justement, des activités qu'on pourrait attribuer, je dirais, à une sorte d'avancée
17:24en matière sexuelle, il n'y a pas grand-chose. Après, très peu de choses. Ils se promènent,
17:28des fois ils se tiennent par la main. Je pense que c'est un infirme, sur ce plan-là. Un firme
17:35affectif. Et sur le plan sexuel, il n'y a pas d'identité. Dès sa tendre enfance, on peut dire
17:44qu'il n'est pas porté sur les choses sexuelles, sur les affaires du sexe. Ça, c'est indéniable.
17:52Dimitri Casali, professeur d'histoire, auteur du livre « Sexe et pouvoir ».
17:57Tout jeune, il n'était pas attiré par les femmes. Il a fait plutôt cette espèce de crainte,
18:03moi je pense, qui vient de sa méconnaissance des femmes. Alors, étant dans un milieu d'hommes,
18:12étant engagé très jeune dans l'armée allemande, etc., c'était un homme qui fréquentait uniquement
18:19les hommes, les soldats. C'est un militaire, il était extrêmement courageux, décoré plusieurs
18:24fois de la croix de fer, etc. Mais il avait cette méconnaissance des femmes qui l'ont toujours un
18:30peu effrayé, avec une certaine timidité aussi. Le plus grand dictateur du XXe siècle était
18:37donc pratiquement asexué. A tel point que de nombreuses rumeurs, comme son homosexualité,
18:42ont beaucoup circulé dans les chancelleries pendant toutes ces années au pouvoir.
18:47Il faut savoir qu'il y a aussi eu toutes sortes d'opérations d'intoxication menées par l'OSS,
18:51qui était l'ancêtre de la CIA aux États-Unis, pour faire croire par exemple qu'il aimait bien
18:54se faire uriner dessus, des choses assez dégueulasses pour le dévaloriser, qui n'étaient
18:58pas fondées. On a beaucoup parlé de la sexualité d'Adolf Hitler. Ce qu'on semble savoir aujourd'hui,
19:04c'est que c'était quelqu'un qui finalement n'était pas un homosexuel refoulé, contrairement à ce qu'on
19:09a dit. Il aimait beaucoup les femmes, il s'entourait de très jolies femmes, il aimait beaucoup charmer
19:13les femmes, il aimait valoriser la femme allemande dans des tenues un petit peu sexy. Il aimait
19:20beaucoup la présence féminine, il aimait que les femmes le complimentent, il aimait charmer,
19:23donc c'était vraiment quelqu'un qui clairement aimait les femmes. Mais par contre, visiblement,
19:29avait certains complexes ou difficultés à passer à l'acte. Donc là, typiquement, on a un dictateur
19:34qui avait un profil psychopathique, mais qui ne défoule pas son énergie dans la sexualité.
19:41Adolf Hitler va pourtant réussir à retourner les choses à son avantage et à se servir de
19:46son infirmité sur le plan politique. Il devait absolument taire cette information
19:51confidentielle parce qu'un dirigeant politique qui fait preuve de peu de virilité, d'impuissance,
20:01est incapable de gouverner son peuple. Ça date, ça c'est une tradition monarchique et impériale
20:08qui remonte aux empereurs romains déjà, puisque l'empereur ou le chef d'État se doit d'être
20:14puissant sexuellement pour montrer qu'il est capable de gouverner son peuple.
20:25C'est vraiment le maître de la propagande, Hitler, et tout est réfléchi et pensé. Et
20:31effectivement, restant aussi dans un amour platonique, il présente aux Allemandes,
20:36au peuple allemand, cette volonté de rester justement le fureur qui est au-dessus des femmes,
20:47qui est toujours libre, qui n'est pas mariée, puisqu'il recevait, je vous le rappelle,
20:52des milliers de lettres d'admiratrices chaque jour. C'est absolument hallucinant,
20:57le pouvoir de ces dictateurs auprès de l'agente féminine.
21:01Il y a de sa part une séduction qui est parfaitement assumée, mais qui n'est pas
21:09une séduction sexuée. Le Hitler sexué n'existe pas, c'est une non-personne. C'est quelqu'un
21:22qui est parvenu à érotiser l'Allemagne. Et là, il avait un certain talent, incontestable.
21:30L'érotisation, ça passait par sa personne, ça passait aussi par l'esthétique du politique,
21:36qui relayait sa personne, ça passait par l'Enerie Feinstahl. Il faut penser au congrès de Nuremberg de 1934.
21:52Dans le cas du nazisme, nous avons un corps de Hitler qui n'existe pas en tant que tel,
22:07qui est simplement le Führer, le guide absolu, et qui incarne, qui est le porte-parole de la
22:18communauté du peuple, la Volksgemeinschaft. Hitler dira à cet égard que, à un moment donné,
22:26il dit, si mes souvenirs sont bons, dans un de ses discours, il dit, qui suis-je moi, Adolf Hitler,
22:32je ne suis rien, je ne suis que la bouche de l'Allemagne.
22:49C'est donc avant tout par le verbe qu'Hitler conquit les foules, et par là même le pouvoir.
22:54Pourtant, le régime nazi glorifiait le corps. C'était même l'un des fondements de sa politique,
23:01avec la volonté de créer une nouvelle race, la race aryenne. Mais Hitler lui-même était à mille
23:07lieux de cette représentation de l'aryen idéal. Il jouait sur un autre registre.
23:11Tous les gens qui l'ont approché ont dit qu'il dégageait un magnétisme extraordinaire,
23:15et ça n'a pas grand-chose à voir avec l'apparence physique. Ce magnétisme, ce charisme et encore
23:20aujourd'hui, certains personnalités politiques qui crèvent l'écran, certains animateurs de télévision
23:25qui ont un succès comme ça répété, ce n'est pas spécialement des gens qui ont une physique
23:28extraordinaire, mais c'est des gens qui dégagent une forme de charisme, une étincelle. Et c'est très
23:33difficile à nous, occidentaux, de comprendre ça chez Adolf Hitler, parce que les extraits qu'on
23:38voit, qu'on nous présente, c'est toujours dans cette espèce de phase où il commence à crier,
23:42il a l'air complètement fou et exalté, parce que c'est ce qui avait été retenu par la propagande
23:46américaine et européenne pour justement dire voilà c'est un fou. Si on prend le temps, c'est un peu
23:52fatigant, mais prendre un discours d'Adolf Hitler au complet, il parle très longtemps, parfois pendant
23:56deux heures, et bien pendant toute une partie du discours, il est très calme. Il parle les choses
24:00posément, il dit voilà, l'Allemagne a subi de nombreuses humiliations, c'est une situation qui
24:05n'est pas tolérable, nous avons été assez patients avec nos ennemis, et bien maintenant nous n'allons
24:10pas nous laisser faire. Il montait lui-même, il se boostait lui-même, s'excitait lui-même pour à la
24:14fin effectivement crier et hurler.
24:40Il va mettre en place, non pas un échange classique,
25:10mais une médiation qui repose sur l'idée que la communauté va être régie par l'émotion,
25:19par un rapport à l'émotion. On abandonne le terrain de la raison, donc il est évident que vous avez
25:26une sexualité qui passe par ces canaux du charisme, qui accompagne le charisme. Et quand on
25:36interroge cette fois-ci la question de l'érotisme et de la sexualité, c'est pas une sexualité assumée
25:45par Hitler, ni du côté des hommes, ni du côté des femmes, c'est une sexualité qui s'adresse à
25:55l'ensemble du peuple allemand. Sa volonté de séduire, qu'indéniable, le plus grand séducteur, le plus
26:01grand comédien, c'est Hitler. On le voit, la manière dont il répétait ses discours et dont il a
26:08enflammé des foules absolument hallucinantes. Mais tous les témoignages sont là pour dire que c'est
26:12peut-être l'homme politique le plus charismatique qui ait jamais existé. Il ne faut pas avoir peur
26:17de dire les choses telles qu'elles sont. Hitler se concentra donc sur ses talents d'orateur et de
26:22séducteur, mais mit aussi sa sexualité, même inexistante, au service de son pouvoir.
26:32Ce ne fut en revanche pas le cas de son meilleur ennemi, un autre des grands dictateurs du 20e
26:38siècle, Joseph Stalin. Joseph Stalin, au pouvoir en URSS de 1929 à 1953. Un pouvoir absolu pendant
26:5324 ans, à la fin desquels il finit par contrôler la moitié de l'Europe, et des millions de morts
26:58à son actif, entre des purges à répétition pour éliminer ses adversaires intérieurs, et des famines
27:04dramatiques conséquences de ses choix politiques. La vie sexuelle, la vie privée et la vie politique,
27:11chez Stalin, j'ai découvert, je vais utiliser un terme qui est clinique, il était complètement
27:17schizophrène, d'une manière un peu inconsciente, et avec le temps, consciente. Lily Marcoux,
27:25historienne ayant grandi en Roumanie, auteur du livre «Stalin, vie privée». Il a eu des épouses,
27:31il a eu une maîtresse, peut-être encore deux, trois, mais ce n'était pas un coureur de jupons,
27:36il n'était pas obsédé par ça. Ce type ne vivait que dans la politique. Si de temps en temps il y
27:43avait une maîtresse ou une épouse qu'on aimait, ou un enfant qu'on adorait, oui, il avait aussi,
27:49comme je dis, une vie normale, mais comme il n'est pas comme nous, il est un géant de l'histoire,
27:55positif et négatif selon les interprétations, mais c'est un personnage hors du commun évidemment,
28:01alors tout est politique. Il n'était pas un homme qui, la chose, comme on dit, comptait beaucoup.
28:07Parce que le pouvoir, si on considère le libido freudien, il l'a mis, son libido, il l'a mis dans
28:14le pouvoir. Comme certains écrivains qui ne couchent plus depuis Belle-Hurette, ils mettent
28:19dans leur livre. Pour lui, ce qui comptait beaucoup dans le choix des épouses et de la maîtresse,
28:29c'est qu'il devait avoir confiance, il sentait le besoin, lui qui était un méfiant, qui se méfiait
28:34même des membres du bureau politique. Une femme avec laquelle il était dans le lit, il lui faisait
28:39confiance et ça comptait énormément de pouvoir avoir confiance dans cette femme. Paranoïaque,
28:46toujours sur le qui-vive, ayant sans cesse besoin de se rassurer, Staline eut donc seulement deux
28:51femmes, avec lesquelles il eut trois enfants et deux maîtresses connues. Sur sa vie sexuelle au
28:58plan strictement génital, on ne sait rien. On ne sait pas s'il avait des habitudes, des goûts
29:03particuliers, inhabituels au lit, ça on ne sait pas. Paul Fuchs, psychanalyste, auteur du livre
29:08« Staline, pervers narcissique ». On peut imaginer qu'il était plutôt du genre macho-géorgien
29:16précoce, si vous voyez ce que je veux dire. Donc Staline a eu peu de relations alors qu'il aurait
29:22pu en avoir beaucoup plus. Parce que de se taper des tas de femmes, ça ne lui donnait pas la
29:29possibilité de dominer le pays et de dominer le continent. Et lui, ce qui le faisait bander,
29:37c'était dominer. D'une manière ou d'une autre. Et si possible, à grande échelle.
29:44D'accord, mais on est bien dans une notion de jouissance quand même.
29:47Sa jouissance, c'était de dominer. Il quittait ses femmes, il s'absentait,
29:54sans jamais prévenir évidemment. Il revenait quand ça l'arrangeait. Mais pourquoi s'absentait-il ? Pas
29:59pour aller au bistrot avec les copains, pour aller faire ses mauvais coups de dictateur au
30:06politburo. C'est ça qui était sa motivation principale, sa jouissance. C'est ça qui lui
30:13procurait du plaisir. Staline délaissa tellement ses femmes que la deuxième et la principale,
30:18Nadezhda Alleluyeva, épousée en 1919, se suicida en 1932. Cela fut caché au peuple,
30:26on parla d'appendicite. Et Staline ne comprit jamais l'acte de sa femme.
30:32Les deux femmes de Staline, la première meurt de maladie, la deuxième se suicide.
30:37Et visiblement... Donc il est veuve de foi. Il est veuve de foi et il en est très affecté,
30:42d'après ce qu'on sait. Très affecté. C'était une femme très compétente qui a travaillé pour
30:50Lénine, a travaillé pour lui. Elle s'est inscrite à la fac, elle travaillait en même temps,
30:56il écrivait dans des revues. Il a énormément aimé cette femme. Jusqu'à la fin de ses jours,
31:03sa photo était dans sa chambre. Et il n'a jamais compris pourquoi. Et comme c'était avec l'âge,
31:12vers la fin, parano, il a toujours pensé à un complot. Il n'y a pas eu de complot.
31:18Elle s'est suicidée, c'est tout.
31:23Najewda se rebellait. Elle croyait à cette histoire de communisme, à l'idéal bolchevique.
31:30Ce n'était pas des vingt mots pour elle. Donc elle ne pouvait qu'être bouleversée parce qu'elle
31:35avait appris au sujet de la famine en Ukraine. Elle était bouleversée de voir tous les compagnons
31:43de Lénine éliminés les uns après les autres. On sait qu'elle est allée assister au funérail,
31:49je ne sais plus ce qu'elle a fait, d'un trotskiste notoire qui s'était suicidé. On a trouvé chez elle,
31:56après sa mort, un texte dit de la plateforme de Rioutine, qui était un opposant à Staline.
32:04Donc ça ne pouvait que la plonger dans la détresse, d'assister à cette horreur qui se déployait devant elle,
32:16alors que tout le monde était soit dans l'adulation, soit dans la terreur.
32:25Quand Nadia est morte, quand Nadia s'est suicidée, Staline a dit aussi « maintenant je ne crois plus
32:30en l'humanité » ou quelque chose comme ça. « J'ai perdu toute l'humanité ».
32:32Ah non, mais il a été anéanti. Anéanti. Ça a été pour lui l'horreur.
32:40Est-ce qu'il n'en est pas devenu plus cruel par la suite ?
32:43Je ne sais pas si c'est ça qui a aidé, parce que je vous dis, ça fait partie de sa vie privée.
32:47Lui, c'était cruel que lorsqu'il s'agissait de sa politique. Ça, c'est pas politique.
32:54Ce qui est intéressant, c'est que la plupart des psychopathes sont extrêmement durs avec les autres
32:59et extrêmement sensibles pour eux-mêmes. Je ne sais plus quel auteur disait « tuer n'apprend pas à mourir ».
33:05Et donc, on imagine parfois que les psychopathes sont dénués de sentiments.
33:10C'est inexact. Les psychopathes sont dénués d'empathie, ce qui n'est pas la même chose.
33:15C'est-à-dire que la souffrance des autres ne les touche pas.
33:17Donc, la souffrance que sa femme a pu vivre parce qu'elle s'est suicidée, c'est peut-être parce que lui avait
33:22des comportements qui n'étaient pas tout à fait appropriés.
33:25Donc, la souffrance de l'autre ne les touche pas. Mais par contre, quand eux souffrent, là, c'est la souffrance la plus terrible.
33:31Et tout le monde devrait les plaindre, tout le monde devrait pleurer avec eux.
33:34Et ça ne les empêche pas, eux, de sentir vraiment une souffrance profonde de ce qu'ils vivent à ce moment-là.
33:40D'ailleurs, il a dit « mais comment as-tu pu me faire ça ? »
33:42Voilà.
33:42À moi.
33:42À moi. Donc, elle s'est suicidée, il ne s'est pas posé la question « pourquoi c'était le suicidé ? Est-ce qu'elle était malheureuse ?
33:47Est-ce que moi, je lui ai fait quelque chose qui aurait pu l'amener à ce comportement ? »
33:52Ça, il ne s'est évidemment posé aucune question, parce que ce que lui fait subir aux autres, ça n'a aucune espèce d'importance.
33:56Mais « moi, comment est-ce qu'on peut me faire ça ? À moi, comment est-ce que moi, on peut me faire souffrir ?
34:01Comment est-ce que moi, on peut me mettre dans une situation ambivalente ? »
34:04Mais Staline, c'était vraiment... Il est un exemple presque clinique du psychopathe absolu.
34:11Et en bon psychopathe, Staline va aussi utiliser la sexualité à d'autres fins.
34:16Tout dictateur absolu est amené à utiliser le sexe comme instrument politique.
34:23Il arrivait à séduire les femmes de ses ministres, de ses généraux, des cadres du parti,
34:29pour mieux ensuite les manipuler, c'est-à-dire qu'il avait tiré certaines informations, qu'il détournait, bien sûr.
34:36Souvent, ce n'était pas si grave que ça, mais ça suffisait à les faire soit arrêter, les faire envoyer en Sibérie, ou alors, il les faisait exécuter.
34:43C'est le sexe comme arme politique, c'est-à-dire qu'il s'en sert pour manipuler, pour contrôler.
34:49C'est une arme de contrôle de ses proches, de la nomenclatura, des cadres du parti,
34:55et il le fait pratiquement avec tous les personnages importants.
35:02Et dans la propagande du régime, la sexualité était-elle présente ?
35:07Je ne crois pas parce que l'égalité des sexes était prônée,
35:11l'émancipation de la femme était valorisée, même si elle ne l'était pas dans les faits réels.
35:17Mais au niveau du discours, ça se disait, et non, ce n'était pas une sorte de Mussolini.
35:27La propagande autour de la personne de Staline se plaçait en effet sur un autre niveau,
35:32celui du petit-père des peuples, un papa rassurant pour chaque citoyen russe.
35:37Il y avait une croyance qui s'est répandue dans une large partie du peuple dans la bonté de Staline.
35:45Et puis, regardez-le, son visage, son visage bonhomme, ses expressions paisibles.
35:54Staline prenant une petite fille dans ses bras, recevant des fleurs de la part d'enfants venus en délégation.
36:00Mais comment un homme pareil peut-il être mauvais ? Il ne peut être que bon.
36:05Mais finalement, il a acquis presque une image de Dieu vivant ?
36:07Mais pas presque, tout à fait. Il suffit de voir le film fait dans les années 50,
36:12La prise de Berlin, où on voit Staline en bel uniforme blanc qui descend d'un avion blanc.
36:19Et on dirait le Dieu qui descend d'un nuage pour aller vers son peuple.
36:25Il a été déifié, absolument.
36:35Même si un acteur tenait le rôle de Staline, les faits étaient saisissants.
36:44L'historienne Lily Marcoux était adolescente pendant les dernières années de pouvoir du dictateur.
36:49Quand on voit Staline descendre, moi, je me souviens, j'étais dans la salle, je pleurais comme il m'allait.
36:54C'était tellement émouvant, tellement fort. Mais Staline, d'abord, c'est ça, il se met en scène.
37:02Parce qu'il a toujours pensé, comme Lénine, que le cinéma, c'est le meilleur moyen de la propagande.
37:09Vous, petite fille, vous étiez amoureuse de Staline ?
37:13Oui. Oui. Je regrette beaucoup que je n'ai pas ce texte. Je payerais cher.
37:20J'avais 16 ans quand j'écris une lettre à Staline. C'était après la chute de Berlin. Une longue lettre.
37:28Quand mon père l'a trouvée, il a eu le choc de sa vie. Parce que c'était une lettre d'amour.
37:35Mais j'avais 16 ans. Il était plus mon père. C'était mon père.
37:41Quand il est mort, mon père, après, j'ai senti exactement la même douleur que lorsque Staline est mort.
37:48Encore maintenant. C'était une douleur insupportable.
37:54La même. La même douleur quand votre vrai père est mort et quand Staline est mort.
37:59Vous mettez ça sur le même niveau.
38:01Même niveau. Peut-être plus pour Staline.
38:07Comme Lily Markou, des dizaines de millions de soviétiques se sentiront réellement orphelins à la mort de Staline.
38:14Et des dizaines de milliers d'entre eux se rendront aux grandioses funérailles du dictateur.
38:25Le chinois Mao Tse-tung régna plus d'un quart de siècle sur un quart de l'humanité.
38:30Il fut responsable de la mort de dizaines de millions de personnes entre famine et déportation d'opposants politiques.
38:37Mao fut un grand amateur de femmes.
38:39Il eut quatre épouses, plusieurs concubines qui l'accompagnèrent de nombreuses années,
38:44des centaines de maîtresses passagères.
38:46Et il ne les traita pas mieux que Mussolini.
38:49En général, Mao traitait les femmes comme des objets, comme il traitait toutes les autres personnes dans sa vie.
38:55Andrew Nathan, professeur de sciences politiques, préfacier du livre « La vie privée du président Mao ».
39:01Pour lui, la faim justifiait les moyens et il ne respectait pas la subjectivité des gens, l'indépendance des gens.
39:09Il profitait juste des moyens.
39:12Il a donc utilisé les femmes et ceci est le centre de sa sexualité.
39:18Ça veut dire qu'il commençait à s'intéresser à une femme, qu'ensuite il s'en servait et puis il s'en débarrassait.
39:26C'est-à-dire qu'il a utilisé les femmes pour s'intéresser à une autre femme.
39:30Il a utilisé les femmes pour s'intéresser à une autre femme.
39:34Il a utilisé les femmes pour s'intéresser à une autre femme.
39:38C'est-à-dire qu'ensuite il s'en servait et puis il s'en débarrassait.
39:42Parfois, il se servait d'une femme pour une longue période.
39:46Il semblait continuellement intéressé par la même femme et parfois il s'en servait juste pour une courte période.
39:54Parfois, il se servait des femmes à des fins politiques, comme il fit à un moment de sa vie avec Jiang Qin, sa femme.
40:03Je dirais donc que le mot-clé de sa vie sexuelle était « se servir des gens ».
40:10Cela vaut en premier lieu pour les épouses de Mao, avec lesquelles il eut pourtant dix enfants.
40:16La première, il la délaissa. La deuxième également.
40:19Elle fut capturée pendant la Longue Marche et exécutée par ses ennemis du Kuomintang.
40:24Il répudia la troisième qui finit à l'hôpital psychiatrique.
40:27Et la quatrième, Yang Qing, eut un rôle bien particulier à ses côtés pendant 38 ans.
40:33Jiang Qin a eu beaucoup de pouvoir.
40:36Quand la révolution culturelle a commencé, c'était supposé être une révolution à propos de la culture.
40:43Et Jiang Qin était en situation d'autorité dans le domaine de la culture.
40:48Son pouvoir et le pouvoir des gens qui lui étaient liés s'est développé et est devenu beaucoup plus que culturel.
40:56Il est devenu de plus en plus politique et ils étaient en mesure de désigner des personnes comme suspectes,
41:02comme des ennemis et de persécuter beaucoup de gens.
41:06Ils ont notamment fait cela dans le domaine du théâtre et de la littérature et d'autres secteurs de la culture.
41:13Elle avait le pouvoir de faire tout cela, même si elle n'avait plus vraiment de relations personnelles avec Mao.
41:21Mao la voyait vraiment rarement, mais elle autorisait Jiang Qin à agir ainsi car elle lui était utile.
41:29C'est pour ça que ce n'était pas la peine pour lui de divorcer.
41:34Il n'en avait pas besoin et elle a exécuté beaucoup de basses besognes dont il ne voulait pas assumer la responsabilité lui-même.
41:43Elle a fait beaucoup de mauvaises choses, ça, il n'y a pas de doute.
41:47Mais comme elle l'a dit à son procès, j'étais le chien de Mao et si Mao me disait de mordre, je mordais.
41:55Et il y a beaucoup de bonnes raisons à cette explication parce que Mao se servait d'elle, comme de tout le monde.
42:01Elle l'utilisait pour attaquer ses ennemis, créer des perturbations et ainsi garder une atmosphère qui était propice pour conserver son pouvoir.
42:12Notez que parfois les femmes de dictateurs psychopathes sont un peu psychopathes.
42:17Ce n'est pas qu'ils se ressemblent, ça semble.
42:19Et donc ce sont parfois des femmes qui ne vont pas empêcher les massacres, mais au contraire parfois les pousser ou les favoriser.
42:24Ce qui était le cas de Jiang Qin, sa femme même s'il ne couchait plus avec elle.
42:29C'était une femme dragon un peu comme ça, qui avait un énorme pouvoir et qui va influencer son mari dans un sens plutôt négatif et pas dans un sens d'apaisement.
42:40Il y a eu quelques cas dans l'histoire où la femme a réussi à apaiser son partenaire.
42:45Mais il y a eu des cas où c'était l'inverse, où elle le pousse au crime, elle le pousse à aller davantage plus loin encore dans les massacres, dans les exécutions.
42:57Pendant que Jiang Qin s'occupait des purges dans le parti, Mao, lui, multipliait les concubines.
43:03Et on a parlé de milliers de femmes dans son harem, c'est vrai ?
43:08Je ne pense pas que des milliers de filles dans un harem soient une bonne manière de voir les choses.
43:15Il avait des filles en série plutôt, pas un groupe de mille filles dans lequel il piocherait comme dans des harems classiques.
43:25Les chefs participaient par exemple à des soirées dansantes.
43:29Et l'armée de libération populaire avait des troupes de divertissement comme d'autres armées ont des troupes musicales ou des troupes d'amusement.
43:38Ils avaient des troupes de jeunes filles artistes qui étaient musiciennes qui pouvaient chanter et danser.
43:45Et il invitait ces comédiennes de l'armée de libération populaire à venir danser aux fêtes avec les hauts dirigeants.
43:52Mao dansait avec ces jeunes filles et s'il se sentait attiré par l'une d'elles, il disait à son garde-corps personnel, Wang Dongqing, celle-ci est vraiment attirante.
44:05Et Wang Dongqing faisait ce qu'il fallait pour que cette personne lui soit présentée,
44:10des fois deux en même temps.
44:14Mais ce n'était pas vraiment un harem, c'était plutôt un vaste va-et-vient.
44:21Un autre endroit où il pouvait choisir des filles de la même manière, c'était dans son train privé.
44:27Son train privé avait des hôtesses comme nous avons des hôtesses sur les compagnies aériennes.
44:33Et s'il était attiré par quelqu'un, il indiquait qu'il était intéressé par telle fille et cette fille lui était présentée.
44:40En général pour un court moment, mais parfois ça pouvait aussi durer plus longtemps.
44:46Plus Mao vieillissait et plus les filles auxquelles il s'intéressait étaient jeunes.
44:52Pour Mao, c'était vraiment cette volonté de se régénérer à travers la chair fraîche de ces jeunes compagnies aériennes.
45:00Il prenait de plus en plus de jeunes puisqu'à la fin de sa vie, on parle de jeunes vierges de 15 ans.
45:08C'est-à-dire de très très très jeunes filles et il y a cette volonté certaine.
45:16Il faut dire aussi que dans la tradition chinoise, faire l'amour le plus longtemps possible avec une jeune fille,
45:22puisée dans l'énergie de sa féminité, dans sa lubrification,
45:27c'est quelque chose qui permet à un homme de vivre très vieux.
45:31On pensait même qu'un homme qui parvenait à ne pas éjaculer et faire l'amour régulièrement avec des jeunes femmes
45:36qui pourraient donner beaucoup de leur essence féminine, ferait qu'un homme pourrait rester immortel.
45:41Donc vu que c'était dans la croyance chinoise traditionnelle, c'était pour lui une façon de croire à une forme d'immortalité
45:47ou en tout cas d'essayer de vivre le plus vieux possible.
45:50Mao vécut vieux en effet. Il mourut à 83 ans et plus son pouvoir fut installé,
45:56plus le recrutement de ses concubines devint sophistiqué.
45:59Alors c'est la tradition du dynastie impériale qui remonte jusqu'à 2000 ans avant Jésus-Christ déjà.
46:06Il y avait cette espèce de harem chinois d'organisations administratives très bien hiérarchisées
46:14où des fonctionnaires parcouraient l'Empire entier pour trouver des concubines pour l'Empereur justement.
46:23Les plus jolies femmes devaient appartenir au dynastie impériale.
46:27C'est intéressant pour le dirigeant communiste qu'était Mao, il n'a pas du tout réformé ses traditions.
46:35C'est au contraire inscrit dans cette lignée où il était particulièrement à l'aise
46:43puisqu'on l'a surnommé l'Empereur aux 3000 vierges.
46:47Mao Tse-tung avait 3000 vierges.
46:51De toute façon, personne en Chine n'était au courant des frasques de Mao,
46:55sauf les dirigeants du premier cercle qui n'y voyaient pas problème.
47:00La plupart des hauts dirigeants avaient une vie sexuelle très libre.
47:05Ils se mariaient, divorçaient, se remariaient, redivorçaient.
47:10Ils avaient des maîtresses et au niveau des hauts dirigeants, c'était vu comme moderne, comme socialiste,
47:17parce que souvenez-vous par exemple d'Engels dans son livre « L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'État ».
47:25Engels a écrit que le socialisme devait se débarrasser de cette institution bourgeoise qu'est le mariage monogame,
47:33qu'il y a une femme et un homme au nom de la propriété,
47:37et que les gens devaient tomber amoureux parce qu'ils étaient amoureux, c'est tout.
47:42Il appelait cet amour l'amour sexuel, signifiant le vrai amour libre.
47:47Et les socialistes ont interprété cette idée en Europe, en Russie, en Chine,
47:52comme l'idée que cet amour libre était moderne et anti-bourgeois.
47:58Donc les dirigeants ont pensé que c'était correct de faire cela, que c'était révolutionnaire.
48:04Mais ils n'ont pas répandu ces idées dans la population parce que la population avait un esprit très traditionnel
48:11et ne pensait pas de cette manière.
48:16Et puis les dirigeants voulaient que la population ait une vie puritaine,
48:20ne pas porter de vêtements sexys, tout le monde portait les mêmes vêtements,
48:24hommes et femmes, des coupes de cheveux asexuées, pas de maquillage,
48:28toutes ces choses qualifiées de bourgeoises.
48:32Donc l'idéologie sexuelle du Parti communiste chinois était accartelée entre ces deux idées contradictoires.
48:39Il y avait un double langage, il y avait ce qu'il appliquait pour lui, qui était vraiment très libertin, on va dire,
48:44et ce qu'il imposait à son peuple qui était vraiment très puritain,
48:47c'est-à-dire que la Chine n'a pas toujours été une société puritaine,
48:50la Chine avait tout un art de l'amour très sophistiqué,
48:54et sous Mao, au contraire, c'était le puritanisme absolu,
48:57vraiment les rapports sexuels très réglementés, dans un cadre très précis, avec une répression assez forte.
49:04Durant la période du grand bond en avant, où Mao voulut développer la Chine à marche forcée,
49:10les choses se resserrèrent encore un peu plus en matière sexuelle.
49:14Dans le petit livre rouge, il est écrit qu'il vaut mieux tuer un moustique que faire l'amour.
49:19C'est une illustration de cela ?
49:23C'est une illustration de ce qui s'est passé en particulier pendant la période du grand bond en avant.
49:30Mao avait cette politique qu'on peut appeler une politique productiviste.
49:35Les gens devaient mettre toute leur énergie dans les tâches de production,
49:39et il ne voulait pas que les gens aient une vie privée,
49:43il ne voulait pas non plus que les gens aient une communication privée,
49:47qu'ils parlent à quelqu'un d'autre de quoi que ce soit.
49:51Il ne voulait pas qu'ils aient de relations privées.
49:55Même une relation entre un mari et une femme, même une relation entre parents et enfants devait être transparente,
50:03était supposée être transparente pour le régime.
50:07Les dictatures veulent toujours pénétrer la sphère privée,
50:11pénétrer les familles et s'assurer que rien de secret ne s'y passe.
50:16Et ceci n'est pas bon pour la vie sexuelle qui doit être privée.
50:22Cette citation de tuer les moustiques est donc une illustration de l'idée
50:28que les gens devaient passer leur temps à augmenter les rendements
50:31et que la sexualité était une perte de temps.
50:36Il faut dire que la Chine, contrairement aux dictatures italiennes, allemandes ou russes,
50:41n'avait pas besoin d'encourager la natalité.
50:44Elle était déjà, et de loin, le plus grand pays du monde.
50:47Selon Mao, et contrairement à lui, le peuple pouvait donc se passer de sexualité.
50:57De Staline à Mao, de Mussolini à Hitler,
51:00la sexualité des plus grands dictateurs du XXe siècle ne fut donc pas uniforme,
51:04mais toujours empreinte d'abus et de perversion.
51:07Une pratique dictatoriale du pouvoir ne semble donc pas créer une sexualité débridée,
51:12mais elle renforce indéniablement les travers et en repousse les limites.
51:17Consommation, exploitation, manipulation, intimidation, détournement de mineurs, incitation au suicide,
51:25les dictateurs se comportent avec leurs femmes exactement comme avec leur peuple,
51:29en tirant aux impitoyables.
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