Mathieu Bock-Côté : «Pour le Hamas, il s'agit d'une guerre d'anéantissement menée contre Israël. Il s'agit d'en finir avec l'existence d'une souveraineté juive en ce coin du monde, [...] quelques décennies plus tard, le point culminant de la Shoah.»
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00:00Je note d'abord l'utilisation, vous l'avez évoquée, du terme «illumination»,
00:04qui est un vocabulaire aseptisé propre à la guerre d'aujourd'hui.
00:07C'est-à-dire, le terme «illumination», je pense que le terme c'est la mise à mort,
00:11que tous célèbrent, mais je pense que ce vocabulaire d'aseptisation
00:15ne permet pas de bien décrire les événements.
00:17Ensuite, il faut bien comprendre que pour le Hamas,
00:20c'est ce qui manque souvent aux esprits occidentaux,
00:22qui ont perdu l'esprit de ce que veut dire une guerre d'anéantissement.
00:25Pour le Hamas, il s'agit d'une guerre d'anéantissement menée contre Israël
00:29avec l'idée non pas de remporter une guerre contre Israël,
00:32dont les Palestiniens seraient vainqueurs,
00:35il s'agit d'en finir avec l'existence d'une souveraineté juive en ce coin du monde.
00:40À la rigueur, pourrait survivre des Juifs dans une position d'infériorité,
00:44dans une position de dominé, dans une position de vaincu,
00:47dans une position aplatie, mais l'existence d'un État juif
00:51est contestée fondamentalement, donc l'idée c'est de mener une guerre
00:54dont le point d'aboutissement ce n'est pas une je ne sais quelle paix négociée,
00:58c'est certainement pas les deux États auxquels nous rêvons de l'autre côté de l'Occident,
01:01mais c'est tout simplement l'élimination, l'anéantissement, la destruction,
01:05le point culminant, on pourrait dire, quelques décennies plus tard,
01:08le point culminant de la Shoah.
01:10Ayant cela à l'esprit, on comprend très bien les Israéliens
01:14de se réjouir aujourd'hui de la mort d'un homme
01:16qui était dans cette logique d'élimination contre eux,
01:18qui était dans cette logique d'anéantissement,
01:20qui était dans cette logique d'effacement complet.
01:22N'oublions pas, cela dit, que pour bien faire la guerre et pour bien la comprendre,
01:25c'est-à-dire que ce que Sinoir avait fait le Paris,
01:27de comprendre les Israéliens de l'intérieur pour mieux les combattre,
01:31n'oublions pas de quelle manière il est perçu lui-même dans son camp
01:35pour être capable de mener une guerre qui soit éclairée,
01:38une guerre qui ne soit pas simplement une espèce de déchaînement insensé de violence.
01:42Il faut savoir que, je le disais hier dans le cadre de l'émission,
01:45la victoire des uns, la défaite des autres, les héros des uns sont les monstres des autres,
01:48et on doit garder cela à l'esprit dans cette idée que si de notre côté,
01:51on espère quelque chose comme à terme, à moyen terme, une solution des deux États,
01:55je ne sais pas si elle est encore possible à court terme,
01:57à moyen terme, on l'espère tous,
01:59il faut savoir que cet homme était probablement le plus mauvais allié de son propre peuple,
02:03mais il va falloir faire émerger, tôt ou tard, un leadership palestinien
02:08qui ne soit pas dans cette logique d'anéantissement des Israéliens.