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La violence des récents évènements climatiques qui ont frappé la France posent la question de l'assurabilité de certaines communes face aux prochaines intempéries. 

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00:00Et avec nous pour en parler, Stéphanie Durafour, bonjour, vous êtes la porte-parole d'Assurland, Alain Chrétien est également avec nous, le vice-président de l'AMF, qui est par ailleurs maire de Vesoules, bonjour,
00:09et puis Cédric Felsch qu'on va retrouver en direct de Saint-Siègre-en-Montagne, c'est une des communes sinistrées de l'Ardèche, vous êtes aux côtés de madame la maire de Saint-Siègre, Cédric,
00:17qui a elle-même été inondée, qui doit gérer les galères de ses habitants, de sa commune aussi, elle est capable d'évaluer le montant des dégâts déjà ?
00:26Bon, c'est compliqué parce qu'on va en découvrir, justement, on en parlait tout à l'heure, mais en tout cas, ici, jeudi, il se passait quoi, là ?
00:34Là, il y avait un mètre d'eau qui passait sur le pont jusqu'à notre côté, jusqu'à notre voiture.
00:39Et là où on est, il n'y avait plus de route, ça avait été complètement arraché.
00:42Complètement.
00:43Et je suis aussi avec le président de l'association des maires ruraux, alors on va avancer un peu sur le pont qui, lui, n'a pas bougé.
00:50Qui va payer ça ? Ça coûte combien, ça, et qui va payer ?
00:53Alors, ça coûte très cher, déjà, et puis, qui va payer ? C'est forcément la collectivité qui va payer, puisque ce sont ses ouvrages.
00:59C'est-à-dire les impôts, là, des gens d'ici, les impôts de tout le monde, tous les Français, quoi ?
01:03Les impôts de tous les Français, puisque la collectivité n'est pas assurée pour ses routes et ses ponts.
01:07Donc, c'est elle qui va payer, et malheureusement, c'est forcément de l'argent public qui, en partie, revient contre Galle.
01:14Bon, vous n'avez pas eu d'inondations en répétition, vous, mais cela dit, il y a cinq ans, il y a eu un séisme, là, au Thaï, il y a quelques kilomètres d'ici.
01:21Vous avez un peu de recul, du coup, les assurances, elles ont des difficultés à payer ? Cinq ans après, on en est où ?
01:27Je sais que, cinq ans après, tout n'est pas réglé dans ce secteur, là-bas.
01:30Il y a des discussions nécessaires, sûrement, entre les assurés et les assurés, administratifs sur les contrats d'assurance.
01:37En fait, les assureurs, ils disent « Non, ça, je ne paye pas ». Voilà, c'est des négo de ce style-là.
01:41Et alors, ce que me disaient, tout à l'heure, ces deux maires des communes du coin, c'est que ça, ça coûte environ 150 000 €.
01:48Il y a tous les enrochements qui ont été faits. Pour l'instant, ils n'ont rien payé, mais évidemment, à la fin des mois, les entreprises de BTP, elles vont demander de l'argent.
01:55Stéphanie Durafour, pour qu'on comprenne bien, une commune peut ne pas assurer certaines parties de son territoire ?
02:01Oui, les communes n'ont pas d'obligation d'assurance sur l'ensemble des bâtiments, des infrastructures.
02:07Donc, on a des communes qui, effectivement, n'assurent pas certains de leurs bâtiments type écoles, mairies, routes.
02:15Là, une route, en l'occurrence.
02:17Oui, tout à fait. Donc, on se retrouve dans des situations comme on peut le voir, puisqu'on a, effectivement, face à nous, des événements climatiques de plus en plus importants
02:24et qui causent des dégâts de plus en plus majeurs et coûteux.
02:28C'est un pari, en fait, qu'elles font, en se disant « j'espère que ça ne tombera pas dessus, et puis ça coûte tellement cher de m'assurer que je préfère ne pas le faire ». C'est ça, l'idée ?
02:34Alors, on peut le voir comme ça. La vraie problématique sur le sujet des collectivités locales, c'est qu'on est face à un quasi-monopole des assureurs.
02:42Donc, on a deux assureurs essentiellement positionnés sur ce marché. Et donc, qu'est-ce qui se passe ?
02:46Eh bien, aujourd'hui, on n'a pas de concurrence. Donc, on a des tarifs qui sont très importants. Et aujourd'hui, les collectivités n'ont pas tellement de choix pour choisir leur assureur.
02:54Ça, c'est votre sujet, Alain Chrétien. Bonjour. Vice-président de l'Association des maires de France et maire de Vesoules.
02:59Il se trouve que vous êtes aussi le co-auteur d'un rapport sur l'assurabilité des biens des collectivités locales que vous avez rendus il y a tout juste un mois, là.
03:07Combien de communes n'ont plus d'assurance aujourd'hui en France, Alain Chrétien ?
03:12Alors, des communes qui n'ont plus d'assurance, on n'en a pas tant que ça. Mais on a à peu près 2 000 communes qui ont des problèmes d'assurance,
03:19qui ont une explosion des franchises, une explosion des primes ou qui, effectivement, rechignent à assurer une école ou une crèche.
03:27Et c'est souvent des communes importantes avec des équipements publics, des crèches, des écoles, des gymnases.
03:32Et donc, ce qu'on ne veut pas, c'est une France à deux vitesses, avec une France qui peut encore s'assurer et une France qui ne pourrait plus s'assurer,
03:39à la fois chez les particuliers comme chez les communes. Donc, on a fait des propositions avec Jean-Yves Dagès, l'ancien patron de Groupama,
03:47pour faire revenir les assureurs devant les collectivités, pour justement remettre un petit peu de concurrence, faire un peu baisser les prix
03:54et puis surtout retrouver les assureurs qui acceptent d'assurer les différents équipements publics.
03:59Je note par ailleurs que, généralement, on n'assure pas les ponts ni les ouvrages d'art, parce que là, ce serait beaucoup trop important.
04:05Et il existe le fonds Barnier, le fameux fonds Barnier qui revient un petit peu dans les discussions aujourd'hui.
04:10Et c'est de l'argent public censé justement financer les dommages qui sont causés aux collectivités.
04:15Et pour illustrer ce que vous dites, notre reporter à Saint-Sergent-Montagne nous disait à l'instant, l'un chrétien, que les routes n'étaient pas assurées non plus,
04:20n'étaient jamais assurées. Ça veut dire qu'il se passe quoi, l'un chrétien, lorsqu'il y a des dégâts, quand un pont est détruit, quand il y a une route qui est détruite,
04:26c'est une perte sèche pour la collectivité. C'est elle qui paye.
04:29C'est les fonds publics, c'est la collectivité qui doit payer. Et là, le soutien de l'État via des différentes subventions, le soutien des départements, des régions, bref.
04:37Toutes les collectivités se mettent ensemble pour aider la commune, parce que la commune seule, elle n'a pas les finances pour rembourser une commune de 200 habitants.
04:45Elle ne peut pas financer 150 000 euros pour refaire un pont. Donc c'est là que la solidarité nationale intervient, par le biais de fonds publics et aussi par le fonds Barnier.
04:54Vous dites, dans le rapport que vous avez rendu le mois dernier, avoir constaté à quel point les rapports se sont tendus ces dernières années entre les collectivités et les assureurs,
05:03avec par exemple des résiliations super brutales ou unilatérales de la part de l'assureur.
05:10Oui, il y a beaucoup de colère, d'incompréhension. David Lysnard, le président de l'AMF, a souhaité vraiment qu'on s'empare de ce sujet et qu'on puisse avoir un contact,
05:20un dialogue direct avec France Assureur, j'allais dire un rapport de force. Parce qu'effectivement, nous ne sommes pas des clients comme les autres.
05:27Nous assurons des écoles, nous assurons des crèches, nous assurons le service public en général.
05:32La responsabilité d'un maire est énorme quand une crèche brûle et qu'elle n'est pas assurée, par exemple.
05:38Donc la non-assurance, c'est quelque chose qu'il faut absolument éviter. Il faut que chaque équipement soit assuré, parce que quand il y a un gros pépin,
05:45comme on le voit maintenant, parfois les finances de la collectivité peuvent vraiment être mises en péril.
05:50Alors je vais me tourner justement vers Cédric Fech qui est donc à Saint-Cirgue-en-Montagne.
05:55Alain Chrétien a demandé, Cédric, à ce que les baisses de dotations pour les départements, parce qu'on est dans ce contexte-là, soient suspendues dans les départements touchés par les innovations.
06:05Ça peut aider les élus locaux sur le terrain ?
06:10Je n'ai pas compris, qu'on baisse les dotations des...
06:12Du budget 2025.
06:14Qu'on suspende la baisse des dotations.
06:18Ah ! Qu'on suspende la baisse... Ah oui ! Il y a une question en plateau là.
06:24Est-ce que si on suspend la baisse des dotations aux départements, ça vous paraît une bonne mesure d'urgence à prendre ?
06:31Je ne sais pas quelle mesure d'urgence il faut prendre, mais il ne faut pas baisser les dotations aux départements.
06:35On a besoin de nos départements, ils ont besoin de leurs dotations. Ils auront des travaux très très lourds à faire.
06:39On a des routes départementales qui sont coupées ici sur la montagne Ardèche.
06:43Donc il faut qu'eux gardent leurs dotations.
06:45Mais il faut que la dotation de solidarité nationale arrive sur nos petites communes rurales qui sont très très touchées en Ardèche.
06:51Et il faut absolument que ça arrive très très vite pour payer toutes ces factures.
06:54Ce qu'ils attendent là par exemple, c'est très rapidement, c'est mercredi, conseil des ministres.
06:58Et ils attendent évidemment que ce soit placé en catastrophe naturelle.
07:02Ce qui permettra de débloquer des fonds et d'accélérer aussi les indemnisations des particuliers, qui eux sont assurés.
07:08Stéphanie Durafour, vous dites aussi qu'il va falloir travailler un peu plus la culture du risque dans les collectivités locales.
07:15Parce qu'il y a des mairies, il y a des communes qui sont surexposées au risque climatique et qui n'ont pas pris la mesure de ce risque aujourd'hui.
07:23Oui effectivement, aujourd'hui on ne peut plus faire l'impasse sur cette culture du risque.
07:26On le voit bien, pour éviter justement d'avoir face à nous des coûts qui sont exorbitants et qui vont être de plus en plus importants,
07:33il va falloir aller plus sur le terrain de la prévention et faire en sorte que les communes, mais comme les habitations des particuliers,
07:40soient plus adaptées à ce dérèglement climatique.
07:43Stéphanie Durafour, les collectivités ont un problème d'assurance.
07:46On a entendu aussi beaucoup de professionnels, qui étaient des restaurants, qui étaient sur les quais,
07:50qui disaient qu'ils n'allaient même pas déclarer les dégâts à leurs assureurs parce qu'ils savaient que sinon ils allaient se faire radier.
07:54Ça veut dire que le problème s'élargit en fait.
07:56Alors aujourd'hui effectivement, cette thématique du risque climatique, elle va toucher aussi bien les collectivités que les entreprises et les particuliers,
08:03avec une inflation des coûts pour chacune de ces parties.
08:07Et notamment pour les entreprises, on peut se retrouver dans des situations comme on a connu au temps du Covid,
08:11c'est-à-dire des commerces qui doivent fermer parce qu'on ne peut pas accéder à leurs magasins.
08:15Non pas qu'ils aient eux-mêmes subi des dommages, mais le magasin ne peut pas être ouvert.
08:19Et là c'est de la perte d'exploitation, ce qu'on appelle sans dommage.
08:22Et ils n'ont pas d'indemnisation qui sont possibles, perte de chiffre d'affaires, pas indemnisé.
08:26Je pose la question à 1 000 euros, est-ce qu'il faut s'attendre à une augmentation des assurances, des primes d'assurance dans les mois qui viennent ?
08:34On va bientôt passer à la nouvelle année.
08:36Alors malheureusement, ce n'est pas une bonne nouvelle pour le pouvoir d'achat,
08:38mais on constate déjà dès cette année une augmentation de 7% sur l'ensemble du territoire des tarifs d'assurance habitation.
08:44Et au 1er janvier 2025, pour tout le monde, nous aurons également une augmentation qui a été décidée par l'État.
08:50C'est cette prime catastrophe naturelle qui va passer en moyenne de 20 euros par an à 40 euros par an.

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